Bureau de la directrice - Eilane Snake

Eilane releva la tête du dossier sur lequel elle annotait les dernières trouvailles et découvertes faites dans son département. Elle n'était pas mécontente de sortir un peu de sa tâche qu'elle accomplissait depuis des heures et des heures. Pourtant, ce fut avec une expression intriguée et légèrement inquiète qu'elle quitta sa chaise et se dirigea vers la porte.

Qui peut bien me rendre visite à cette heure-ci ? Je n'attends pourtant personne...

Elle arriva à la hauteur de la porte, en agrippa la poignée et ouvrit.
Il n'y avait personne... du moins, personne d'humain !
Interloquée, Eilane faillit refermer la porte quand elle réalisa qu'une énorme chouette volait au dessus d'elle.

Alors ça...

Elle ne pensait pas la connaître, pourtant l'animal possédait quelque chose d'étonnement familier. Eilane fouilla quelques instants dans ses souvenirs, cherchant où elle aurait déjà pu la voir... et l'image d'une minuscule boule de plume lui revint à l'esprit... Il n'y avait pas grand chose de similaire entre les deux oiseaux, mais tout de même...

Ca alors... ça ne peut quand-même pas être elle !

Fronçant les sourcils, la semi-Vélane décida d'en avoir le coeur net, et, se trouvant passablement ridicule, elle lança :

Perle ? C'est toi ? La chouette de Julian Effeday ?

Elle réalisa après coup que ses jambes tremblaient et que les battements de son coeur s'étaient accélérés... Elle n'avait plus eu de nouvelles de la part du jeune homme depuis longtemps... et repenser à lui, aussi soudainement, imaginant que la bestiole dans son bureau pouvait lui appartenir et être porteuse d'une message de sa part, fit monter l'angoisse d'Eilane à son paroxysme.

Non, je suis Jules César et je viens récupérer ma couronne de lauriers.

Le regard d’ambre de Perle sembla se froncer à l’écoute de la question –idiote- de Miss Snake.
Certes, elle avait changé, mais pas au point de ne pas la reconnaître.
Non ?

Perle fut prit d’un doute –si le doute pouvait exister dans l’esprit d’un oiseau. Etait-elle aussi transformée ? L’avait-on… arrangée, au point d’être méconnaissable ?
Ce n’était pas si mal, après tout. Tous ces Grands Ducs, qui se fouta*ent de son bec, quand elle n’était qu’une petite chouette, ils vont en fait une tête ! Ah ah ! Perle, le retour ! Ca va saigner !

Mais bon, tout de même. Au point de ne pas la reconnaître, c’était quand même assez effrayant.

Répondant à la jeune femme par un « Wouhou » (hululement, nda) affirmatif, elle s’engouffra dans la pièce –c’est que faire du sur-place, c’est crevant !- et se posa sur le bureau, en essayant de ne pas lâcher de fiente sur un papier.

Oups, raté, niark niark.

Elle détacha elle-même le message accroché à sa patte, comme elle avait toujours eu coutume de faire. Le papier était plus épais, plus soyeux, et surtout plus gros que lorsqu’elle était « jeune » -il était alors inutile de lui donner un message de plus de 500 grammes.
Posant le message sur le meuble, celui-ci se déroula de lui-même, comme saisit d’un enchantement.
Le mot était signé d’un « J » bleu.

Citation :: Cher Eilane,

Voilà fort longtemps que je n’ai donné de mes nouvelles à qui ce soit. J’ignore si vous le saviez, mais voilà près d’un mois que j’ai… quitté le monde des sorciers. Je ne vous donnerais pas de détails sur les raisons par courrier, je sais que votre temps est précieux. Sachez juste ceci : vous savez que les voyages forment la sagesse et la connaissance. Et j’ai beaucoup voyagé.
Notre seule et unique rencontre m’a laissé dans la plus grande curiosité à votre égard. Nous étions alors pris par le travail, et j’aurais aimé parler un peu plus de vous, de vos projets.
J’aimerais donc vous revoir. Le temps m’a permit de réfléchir, et je pense que ce que nous pourrons apprendre l’un sur l’autre sera enrichissant. A tous égards.

Rejoignez-moi, demain, à 19 heures, Auberge du Revenant, Allée des Embrumes. Vous ne pourrez pas vous trompez de porte.

Bien à vous,

J.

Eilane s'empêcha de pousser un soupir agacé en voyant l'animal se soulager au passage sur certaines de ses notes, alors qu'il volait jusqu'à son bureau.

Volatile de malheur va !

Une fois le message défait de la patte de la chouette et déroulé sur le plan de travail, Eilane entreprit de le lire. Chaque mot amplifiait son malaise, chaque ligne réveillant en elle des sensations enfouies.
L'attitude du jeune homme la rendait perplexe. Après avoir passé des semaines et des semaines à ne plus donner aucune nouvelle, voila qu'il l'invitait à le rencontrer à nouveau, et dans un endroit neutre, ni Poudlard, ni le ministère ?
Eilane ne savait pas vraiment si elle devait accepter ou pas. Ce qu'elle avait perçu en lui lors de leurs dernières rencontres la troublait et l'inquiétait.
Mais elle savait aussi qu'elle devait percer certains secrets, non pas pour elle-même, mais pour celui qu'elle servait et aimait envers et contre tout.
Julian avait le profil exact du détenteur du grimoire de Serdaigle, Eilane ne pouvait refuser de voir cette vérité en face, comme elle ne pouvait refuser d'admettre la ressemblance de caractère qui figurait entre Julian et l'adolescent qu'avait été il y a de très longues années Tom Jedusor !

Par Morgane, je suis certaine de faire une immense bêtise en acceptant de me rendre à cette rencontre, pourtant je n'ai pas d'autre choix que d'y aller, n'est-ce pas... Quel paradoxe !

"Tu as appris de tes erreurs depuis la dernière fois. Tu sauras te montrer plus prudente."

Ca ne sera pas franchement très difficile Tom !

"Dans ce cas tout se passera bien. J'ai confiance en tout, Eily."

Eilane hocha la tête, ne pouvant réprimer une grimace de perplexité.
Elle prit alors sa plume et une feuille de parchemin, et elle répondit, choisissant soigneusement chacun de ses mots, faisant preuve toutefois de quelques réserves...

Citation :: Mr Effeday,

j'avoue que je n'attendais plus de vos nouvelles tant elles ont tardées à me parvenir. Mais je suis heureuse à présent de vous lire, tout comme j'apprécierai de vous revoir.
Je viendrais donc, comme vous le demandez, et avec un certain plaisir, à ce rendez-vous que vous me proposez...

Amicalement,

ES

Par contre, mon cher Julian, vous pourrez attendre, cette fois, avant d'assouvir votre curiosité à mon égard !

Voila qui était une bien belle résolution. Encore fallait-il s'y tenir à présent !

Eilane traversa le couloir du département des Mystère en titubant, ouvrit la porte de son bureau et la referma derrière elle. Sa baguette toujours à la main, elle la verrouilla d'un :

Collaporta.

Elle avança encore de quelques pas, jusqu'à la cheminée, et s'effondra par terre en sanglotant, les contractions, au lieu de faiblir, s'intensifiant encore sous les secousses de ses pleurs.
Se forçant à nouveau à faire les exercices de respirations, elle réussit à se calmer légèrement. Juste assez pour se sentir capable de réfléchir à ce qu'elle devait faire...

Prévenir Noxis.

D'une main affaiblie, elle prit un peu de poudre de cheminette et la lança dans le feu qui brûlait toujours, entretenu par quelque Elfe de maison employé au ministère, ou peut-être par Malah, l'Elfe qu'Eilane partageait avec Voldemort.

Bureau de Noxis Clymox.

Les flammes devinrent vertes et Eilane entre-aperçut au travers d'elle l'image du bureau de celle qu'elle considérait à présent comme une amie.
Essoufflée, épuisée, terrorisée, les joues humide, les cheveux trempés, elle passa la tête à travers les larmes, priant seulement pour que Noxis soit dans son bureau.

Voilà qui fera certainement plaisir à Eryan … Maman nous rejoindra là bas, les probabilités pour qu’elle soit suivie sont pour ainsi dire nulles. Je crois qu’il sera vraiment heureux de la revoir, moi aussi d’ailleurs !

Un sourire de plaisir anticipé aux lèvres, Noxis reprend le parchemin qu’elle a reçu le jour même d’un petit hôtel du fin fond du Mexique et appose sa signature au bas du document, réservant par là même un séjour où elle pourra se ressourcer avec son frère, sa mère et, si tout va bien, avec Evan. Elle s’approche de la fenêtre où l’attend une énorme chouette vraisemblablement habituée aux longs courriers et lui confie la lettre. Elle la regarde prendre son envol et reste debout, songeuse, un long moment. Le bruit caractéristique d’une visite par le réseau de cheminée la fait sursauter et elle se retourne d’une traite, pour découvrir le visage affolé d’Eilane.

Oh Seigneur ! Que s’est-il passé ?

Si un instant la crainte d’une catastrophe ou d’un piège tendu lui traverse l’esprit, elle ne subsiste guère : ces joues humides, ce souffle court... Elle a suivi suffisamment sa mère à l’hôpital pour deviner ce qu’il est en train de se passer.

Le travail a commencé n’est-ce pas ?

Elle relève le nez, cherchant autour d’elle une inspiration quelconque : il lui faut un moyen pour prévenir Cerise. Son regard se pose sur le tableau représentant un guerrier des temps anciens, tout de fourrure vêtu, une hache d’arme au poing.

Я нуждаюсь в твоей помощи ! Скажи он, что Noxis это призовет, kакая закрывает вновь мое бюро … возвращать Cerise Owlspell, дортуар Serdaigle или книга. Какая закрывает вновь мое бюро! (**)

D’un mouvement de baguette, elle débloque la porte et fait apparaître au dessus de la cheminée les lettres dansantes de trois mots.

Eilane. Ministère. Vite.

Déjà le visage de la Vélane ne s’encadre plus dans l’âtre et Noxis s’y précipite. Comme elle s’y attendait, le temps va leur manquer. Elle s’agenouille près de la femme et prend sa tête sur ses genoux, caressant doucement ses cheveux et lui murmurant des paroles dans sa langue natale, une petite comptine que l’on chante aux enfants pour les calmer les soirs d’orage. Elle déchire le bas de sa robe et forme une compresse qu’elle trempe dans la vasque d’eau que sa magie lui a procurée et dont elle se sert pour rafraîchir les tempes où bat le sang de la future mère.

Valdrek, ramène-moi Cerise !

(**)J'ai besoin de ton aide. Ramène Cerise Owlspell, dortoir de Serdaigle ou la bibliothèque. Dis lui que Noxis l’appelle. Qu’elle referme mon bureau.

Citation :: 10 mars 2007

Ma chérie,

Comme j'aurais aimé que les choses soient différentes, que tu grandisses au sein d'une famille aimante composée par moi-même et ton père, dans un foyer chaleureux où rien, jamais, ne pourrait t'atteindre. Au lieu de cela, me voila obligée de t'abandonner à d'autres mains qui t'apporteront l'amour et le réconfort que je n'ai pas la possibilité de t'offrir.

...

Eilane ne connaissait rien à la langue qu'utilisait Noxis, mais ses paroles, ses chants, la rassuraient sans qu'elle en cherche la signification. Elle n'était pas seule et rien que cela suffisait à la calmer doucement.
Malgré tout, elle ne se sentait pas prête à abandonner l'enfant quelle avait porté pendant de si longs mois, à la laisser partir à présent !

C'est trop tôt... Je ne devrais accoucher que dans 2 ou 3 semaines !

Eilane savait bien que l'enfant n'en pâtirait pas et que beaucoup d'accouchements se passaient légèrement avant le terme. mais accepter la réalité était revenait également à accepter de laisser partir sa fille et elle ne pouvait s'y résoudre !
Alors qu'une nouvelle contraction la faisait grimacer et qu'elle s'efforçait de souffler en rythme avec elle, de nouvelles larmes coulèrent sur ses joues. Bizarrement, elle avait besoin de parler. De se confesser peut-être ?

Ania a été retrouvée...par un mangemort. Il m'a prévenue et je n'ai pas eu d'autre choix que d'aller avec lui...

Elle sanglotait à présent.

Je l'ai tuée, Noxis... Je l'ai tuée... Je l'ai tuée...

Une nouvelle contraction...Puis une autre... Puis une autre... Elles se rapprochaient de plus en plus...

Les mots ont l’effet escompté et Eilane a l’air de se calmer un petit peu. Mais les grimaces sur son visage confirment que la douleur est bien présente et que ce ne devrait pas être très long avant qu’un nouvel acte ne se joue. Elle se met à parler mais ses mots n’atteignent pas immédiatement la conscience de Noxis, toute concentrée sur la respiration de la Vélane.

Ania ? Qui est Ania ? Serait-ce celle qu’Edward avait proposé de protéger ?

Ses sourcils se froncent alors qu’elle imagine déjà la réaction que l’idéaliste Directeur aura face à cette nouvelle. Mais le temps n’est pas à l’alarmisme, il y a beaucoup plus urgent. Et même si Noxis voit en ces paroles une volonté de se confesser, d’exorciser, elles ne peuvent pas se permettre de placer la moindre énergie à autre chose que ce qui les a rassemblées dans ce bureau.

Ainsi la mort appelle la vie …

Chut. Nous en parlerons après. Pour l’instant, c’est à l’enfant que vous devez penser. Si vous ne vous calmez pas, vous n’arriverez jamais à respirer correctement et à lui apporter l’oxygène dont il a besoin pour naître et vivre. Mes propos vous paraissent probablement dénués de toute douceur mais il est essentiel que vous m’écoutiez.

Elle regarde à nouveau autour d’elle, cherchant une source d’inspiration pour leur venir en aide. La pièce, bien que décorée avec goût et des plus confortables n’en reste pas moins un bureau. Comment parvenir à s’y sentir parfaitement bien pour mettre un enfant au monde ? Non, décidément, sans magie elle ne pourra rien faire. Noxis laisse une de ses mains caresser la racine de la lourde chevelure à présent humide et tend sa baguette devant elle.

Oasicis !

Elle se concentre et par l’effort de sa volonté, fait retentir un léger bruit qui va crescendo : le roulis des vagues envahit petit à petit la pièce, accompagné d’une forte odeur d’iode et d’une brise parfumée. Le plafond du bureau a pris la teinte des ciels d’été qu’elle connaît si bien, là bas en Ukraine et le sol est à présent recouvert de galets. Il ne reste plus qu’à imaginer les murs s’ouvrant vers la mer infinie et le bureau a totalement disparu. Noxis ferme les yeux et essaye de faire remonter à son esprit le souvenir du jour où elle et Eilane ont fait face à la Mer Noire, la sensation de plaisir qui se lisait sur le visage de la Vélane alors qu’elle avançait dans l’eau agitée qui épousait son corps.

Voyez Eilane. Souvenez-vous. Vous ne faisiez qu’une avec elle et vous étiez sereine.

Cerise était à la bibliothèque lorsqu'un des tableaux pas loin d'elle attira son attention par le brouhaha qu'il faisait, en effet deux sorcières qui prenaient le thé venaient d'être interrompues dans leur grande discussion par un guerrier rude qui se tourna vers l'élève.
Cerise fut surprise qu'il s'adresse à elle et tourna la tête pour voir si ce n'était pas à de quelconques voisins auxquels il s'adressait.
Puis enfin elle comprit ce que signifiait tout ce vacarme, une phrase se détacha dans le bruit énervé des protestations aigues des deux femmes dérangées:

Une urgence dans le bureau du professeur Clymox, mademoiselle Owlspell doit s'y rendre immédiatement...

Sans réfléchir réellement, mue par son sixième sens aiguisé, la jeune fille quitta sa chaise et courra vers la sortie de la bibliothèque, elle pointa rapidement sa baguette derrière elle et au moment oû elle sortit les livres se rangeaient d'eux-même dans les étagères.
Les couloirs défilèrent sous les pas de la dryade, un sentiment d'urgence s'était allumé dans son esprit, elle ignorait comment mais elle savait qu'il fallait qu'elle se presse et enfin elle arriva devant le bureau, elle s'arreta une seconde avant d'entrer, reprenant son souffle.
Elle ne frappa pas et pénétra directement dans la pièce, elle referma la porte derrière elle et leva les yeux sur les lettres dansantes au dessus de la cheminée, elle se retourna alors vers la porte et murmura en pointant sa baguette:

Collaporta.

Un bruit de serrure se fit entendre mais Cerise était déjà près de la cheminée et avant de pénétrer dans l'atre prit une grande inspiration.

Enfin ses pieds se retrouve dans le bureau d'Eilane, enfin bureau qui s'est momentanément transformé en plage carressée d'une légère brise iodé par les bons soins de Noxis.
La dryade vient rapidement s'agenouillé près d'Eilane et lui passe la main sur le front, elle transforme légèrement son aura pour installer une ambiance paisible. Puis elle ramène ses mains sur le ventre de la vélane et fronce les sourcils.

Le travail est déjà bien entamé....

Elle pointe sa baguette sur le ventre de la très bientot maman et murmure quelques mots:

Elesta coéla selia trabeno calcius.

Voila sa douleur devrait être largement calmée, maintenant il faut procéder par étape calmement.

Noxis a déjà eu de très bonnes initiatives, de l'eau dans un pot et des linges propres, Cerise fait apparaitre une petite couverture douce pour accueillir la future petite fille.
Elle se poste ensuite vers les jambes d'Eilane et lui murmure des paroles apaisantes autant adressées au bébé qu'a la mère, les contractions se font plus rapprochées.

Citation :: ...

Ne me déteste pas, je t'en pris. Je t'ai aimée dès que j'ai su que tu grandissais en mon sein et je t'aimerais jusqu'à la fin de mes jours, même si, je le crains, nos chemins ne se croiseront sans doute plus maintenant que tu es sur le point de quitter la protection maternelle que je t'offre encore pour quelques instants. Tu es ce qui m'est arrivé de plus précieux et rien ne pourra jamais modifier ce que je ressens à ce moment où je t'écris cette lettre, alors que le travail de l'accouchement a déjà commencé et que je te sens prête à quitter mon ventre.

...

Quand Noxis parla, Eilane grimaça à nouveau, moins à cause de ses contractions que parce qu'elle croyait important de parler de ce qui venait de se passer et de l'horreur que cela faisait remonter en elle.

Mais...

Elle ne finit pas sa phrase. La sous directrice de Poudlard avait utilisé un sort, ramenant avec celui-ci l'air iodé de la mer et le bruit des vagues s'écrasant sur les rochers. Eilane savait aussi qu'elle avait raison lorsqu'elle lui disait que si elle ne se calmait pas, elle mettait en danger l'enfant... Elle se mettait en danger elle-même également !
L'air salé battant son visage...
Eilane ferma les yeux et essaya de se remémorer une vision presque parfait des côtes Ouessantines.
L'océan déchaîné qui s'écrasait contre les falaises...
Devant elle apparut le far du Creach, puis plus loin, la pointe de Pern. Elle était presque capable de voir les lumières de Lampaul au loin sur sa gauche.
La corne de brume qui résonnait pour prévenir les navires du risque de naufrage...
Une nouvelle contraction...
Eilane gémit, mais la douleur se fit moins puissante. Son regard, vague un instant plus tôt, redevint net et l'ambiance Ouessantine fit place à la chaleur de son bureau.
Elle se sentait mieux, presque rassérénée... Elle aurait quasiment pu jurer que le croissant de lune bleu des prêtresse apparaissait sur son front tant elle se sentait en harmonie avec l'air marin qui continuait à flâner dans la pièce.
Bien entendu, sur son front ne se trouvait rien d'autre que de la sueur, mais cette impression vivace avait suffit à la calmer en partie...
Le calme fut enfin complet lorsque Cerise arriva à son tour et utilisa sa magie.
Une nouvelle contraction frappa... Mais Eilane, à présent, ne la sentait plus que dans le lointain, comme si elle était insensible aux douleurs infligées à son corps.
Plus les contractions se rapprochaient, et plus Eilane sentait le peu d'énergie qui lui restait encore s'évanouir... Pourtant, elle allait bientôt devoir pousser pour permettre à sa fille de sortir de son ventre... Mais elle s'en sentait à peine la force !

A son plus grand soulagement, Cerise arrive enfin. Noxis admire la façon dont elle est maîtresse d'elle-même : d'accord, elle a un don certain pour la médicomagie et pour calmer la détresse de ceux qui l'entourent. Mais a-t-elle déjà assisté à une naissance ? Son calme olympien est prodigieux et son effet instantané sur Eilane qui rejoignait peu à peu un état d'esprit serein grâce au sortilège d'illusion.

A la vue de la dryade et de son assurance, Noxis se sent presque gauche. Il ne lui reste plus qu'à attendre le moment où elle devra jouer son propre rôle. Maintenant, c'est à la mère et à la sage femme de jouer le leur. Elle décide de rester où elle est, la tête d'Eilane toujours sur ses genoux, épongeant à l'aide des lambeaux de tissus de sa robe le front couvert de sueur.

Cerise, je suis à votre disposition. Pour ma part, je ne sais absolument pas ce que je dois faire : dites-moi ce qui vous rendra service et je le ferai.

Quelque part au fond de son esprit, elle garde les traces de ce que la Vélane lui a annoncé. Mais le moment est vraiment mal venu d'aborder le sujet. Eilane doit garder ses forces pour autre chose.

Lorsque Noxis parla Cerise releva les yeux et eu un petit sourire d'excuse, elle gardait son calme en effet mais même si son niveau de médicomagie était étonnant pour son age, elle n'avait tout de même presqu'aucune expérience pratique:

Ce que vous devez faire? continuez de la soulager... je n'ai moi-même jamais fait ce genre de choses, h'espère que tout ira bien....oui tout ira bien.

Elle respira à fond et tendit les mains pour saisir la tête de la petite fille ui avait enfin décidé de montrer le bout de son nez.

Il arrive, respirez à fond calmement Eilane, tout va bien se passer, elle est en de bonnes dispositions tout ira bien.

Cerise saisit la petite frimousse et aida la maman à mettre au monde sa fille, elle concentra sa magie pour soulagez et calmer la douleur qui aurait dû se faire plus forte et donna l'ordre si inutile:

Poussez!

La tête du bébé apparue en entier et un cri retentit, apparament la petite fille était pressée de se faire entendre. Cerise tira et le corps du bébé apparut en entier, d'un coup de baguette elle coupa le cordon et le stérilisa faisant apparaitre un petit linge propre sur le nombril de l'enfant, elle l'enveloppa ensuite dans la couverture et enfin réunit la mère et le nourrisson, posant la jolie Cassandra dans les bras d'Eilane.
Cerise sourit:

Je vous avais dit que ce serait une petite fille.

Citation :: Tu es issue d'un amour puissant, plus doux et improbable que jamais tu ne pourras l'imaginer. Ton père et moi nous aimions à la folie. Mais le destin a voulu que nous soyons séparés comme à présent ce même destin s'acharne à t'éloigner bientôt de moi. Si j'avais le choix, je te garderais au creux de mes bras, je braverais la mort et la destinée pour t'élever, mais je n'en ai pas le droit : je ne peux consciemment te mettre en danger comme tu le serais si tu restais à mes côtés.

Eilane suivit les instructions de Cerise à la lettre. Son front n'était plus que sueur, son esprit se trouvait embrumé par la fatigue. La petite Cassandra émit un cri et la jeune mère, dont le visage quelques instants plus tôt était crispé par l'effort et la douleur, laissa sa tête retomber sur les genoux de Noxis et des larmes à nouveau mouiller ses yeux.
Cerise déposa le nourrisson dans les bras de la semi-Vélane.
Elle ne pesait presque rien, elle était si petite... mais tellement belle aussi : des cheveux blonds comme les blés venaient déjà auréoler son visage arrondi, ses yeux encore fermés semblaient renfermer tant de malice et de secrets, ses toutes petites mains ressemblaient à celle des poupées de porcelaine.
Eilane la contempla longtemps. Elle se sentait capable d'oublier le monde qui gravitait autour d'elle en l'admirant. Elle se sentait capable d'arrêter de penser aux malheurs et aux enjeux qui se tramaient au dehors, aux dangers qu'elle allait devoir affronter, à presque tout, tant qu'elle resterait là, à imprimer dans son esprit une image vivace de la petite fille qu'elle tenait contre son sein, leurs deux coeurs palpitant à l'unisson...
Elle aurait voulu ne plus faire que ça, toute sa vie...

Bonjour Cassandra... Mon petit ange...

C'était vrai, la petite fille, avec son auréole de cheveux blonds et son visage si serein ressemblait à un ange !

Il y a longtemps que Noxis ne s'était plus sentie aussi inutile. Son heure va venir, c'est certain, il lui faut prendre son mal en patience. La main toujours sur le front d'Eilane, lui murmurant de temps à autre quelques mots de russe, son regard se promène dans la pièce qu'elle n'a jamais vue auparavant. On y retrouve la touche féminine et terriblement sensuelle de la Vélane mais également tout un tas d'objet rappelant le département qu'elle dirige et même un peu son passé. Comme ce que Noxis reconnaît indubitablement comme une insigne de préfet : elle même a toujours gardé la sienne dans son bureau, à Poudlard.

Et enfin, l'objet qu'elle recherchait sans le savoir se profile dans son champs de vision : un retourneur de temps !

Bien, je ne devrai pas lui demander, ni encore fouiller tout le département des mystères pour en trouver un !

Une fois de plus, elle essaye de chasser ces pensées inopportunes. Elle est face à une legilimens, même si cette dernière est toute absorbée dans l'appel de la vie. Et même si c'est la mission de Noxis de lui enlever le nourrisson, il serait cruel de faire éclater si tôt la petite bulle de bonheur qui vient de s'épanouir alors que la minuscule tête blonde repose enfin sur le sein maternel ...

Aura-t-elle la force de me la confier ?

Cerise sourit devant le spectacle si attendrissant, une petite Cassandra venait de bouleverser le monde si fragile d'Eilane. Une petite blonde était née, cheveux clairs comme ceux des parents. Elle était belle et embellissait les yeux de la mère mais tout ça allait bientot être brisé irrémédiablement.
Son travail était terminé ou presque à présent et Cerise attendait le moment fatidique d'un oeil inquiet pourtant toujours maitresse d'elle-meme elle laissait toujours son aura apaisante planer dans la pièce faisant prolongé l'instant le plue longtemps possible.

Elle se devait de rester car lorsque Noxis aurait emporté l'enfant elle devrait s'occuper d'une mère affaiblit par un accouchement et désespérée par l'abandon.

La jeune fille se racla un peu la gorge, chaque minute passée ici les mettait toutes les trois en danger, elles ne pouvaient pas risquer leurs vies a toutes les quatre c'était dur mais c'était ainsi.

Citation :: J'espère qu'un jour tu comprendras et que, malgré la rancoeur qui, j'en suis sure, animera pendant un temps ton âme, tu finiras par me pardonner.

Jamais je ne t'oublierai, ma Cassandra,

ma petite Cassie,

Ta mère.

Eilane continuait de contempler Cassandra comme s'il s'agissait de la septième merveille du monde. Elle n'avait jamais rien vu d'aussi beau et son regard semblait incapable de se river sur quelque chose d'autre. Puis elle le remarqua tandis que la petite fille se mettait à bouger, comme si elle cherchait à se rapprocher encore plus de sa mère, libérant ainsi ses bras de la couverture dans laquelle elle avait été emmaillotée...

Ce n'était presque rien sur ce si petit bras, pourtant, Eilane se demanda comment elle n'avait pu le voir immédiatement... Au niveau de l'avant bras gauche se trouvait une bien étrange marque...

Ca ressemblait étrangement à un... tatouage...

Eilane sentit une angoisse monter en elle... Une étrange marque sur le bras de sa fille, et à l'endroit même où se trouvait la marque des Ténèbres chez la plupart des mangemorts... Qu'est-ce que cela signifiait ?

Mais avant qu'elle ait eu le temps de se poser davantage de questions, la petite Cassandra avait entre-ouvert les yeux et le regard de la mère et de la fille s'étaient croisés pour être incapable ensuite de se séparer.
Alors que la plupart des bébés possèdent des yeux bleus foncés lors de leur naissance, ceux de Cassie étaient verts, bien plus sombres que ceux d'Eilane, mais d'un vert intense... Deux minuscules émeraudes qui semblaient conserver tant de mystères qu'Eilane jamais n'aurais l'occasion de percer...

Tout doucement, alors que les mains de la petite Cassandra se posaient sur sa poitrine et que sa bouche, dans un simple réflexe, cherchait déjà le sein de sa mère, Eilane sentit qu'elle approchait du moment où elle devrait lui dire adieu... à tout jamais...

Ne m'oublies pas, ma jolie Cassie... Ne m'oublies jamais, je t'en supplie ! lui murmura-t-elle, essayant de retenir ses larmes et d'empêcher sa voix de trembler, tout en caressant les cheveux blonds de son enfant.

Puis elle leva des yeux embués vers Noxis, sachant ce qui allait se passer ensuite. Elle ne pouvait se résoudre à imaginer que ce moment si particulier, qui avait été quelques instants plus tôt le plus beau de sa vie, allait également devenir le plus terrible. Mais il le fallait... Elle avait promis à Ethan de protéger leur fille et elle se l'était promis à elle-même... Si Cassie restait auprès d'elle, elle était presque irrémédiablement condamnée...

Elle n'avait pas d'autre choix !

Le monde à l’envers, c’est moi qui fait office de monstre … Inutile de faire à nouveau le tour de la question, c’est en l’enlevant à sa mère que je fais preuve d’humanité. Tant pour l’enfant que pour notre communauté d’ailleurs. Si j’ai eu le choix un jour, je ne l’ai absolument plus maintenant, il est trop tard. Je sais cependant qu’il est bon et sage.

Les yeux embués de larmes qui se lèvent vers elles lui font mal mais elle ne flanchit pas. Ses mains se tendent vers le petit être qui répète le mouvement séculaire de tant d’autres nourissons avant lui en recherchant chaleur, réconfort et nourriture. La gorge de Noxis est nouée et seul un maigre sourire d’encouragement parvient à se dessiner sur ses lèvres, seule forme de communication qu’elle arrive à avoir pour Eilane. Délicatement, elle sépare la petite fille de sa mère et l’urgence du besoin de douceur prend le pas sur la difficulté qu’elle a de « voler » l’enfant.

Bonjour toi ! дорогая гостья жизнь. я есть Noxis(*).

Noxis referme autour de Cassie une couverture, l’emmaillotant pour qu’elle n’ait pas froid. Les regards sont soudés, l’enfant est silencieux, comme réalisant le sérieux de la situation. Elle cligne deux ou trois fois des yeux avant de mettre son pouce dans sa bouche et de s’endormir paisiblement dans les bras de Noxis, acceptant totalement le destin qui est le sien. Il leur faut partir avant qu’Eilane ne change d’avis.

Rapidement, elle s’assure que le retourneur de temps est bien dans sa poche, ainsi que la lettre qu’elle devra remettre à Cassie, et elle repart par le chemin emprunté pour venir. Elle partira de son bureau.

(*) Bienvenue à la vie. Je suis Noxis.

Un cri s'échappa de la bouche d'Eilane quand l'enfant lui fut enlevée par Noxis. Elle savait que c'était la seule chose à faire, mais c'était trop tôt, trop brusque, trop... trop tout... et pour dire vrai, quel que soit le moment auquel cette séparation serait advenue, elle aurait toujours été aussi déchirante, aussi inopportune !
Impuissante, la mère regarda sa fille emportée dans les bras d'une femme dont finalement elle ne savait pas tant de chose que ça, mais à qui pourtant elle avait confié son bien le plus précieux.

Vas ma petite Cassie. Que tes ancêtres te protègent... pour toujours.

Les flammes rendues vertes par la poudre de cheminette se refermèrent sur Noxis et le bébé qui disparut... à jamais...
Eilane ramena les jambes contre sa poitrine, cherchant la chaleur qui émanait de l'enfant qu'elle avait porté. Ses mains se serrèrent autour de ses genoux comme si elle voulait encore tenir quelque chose dans ses bras. Et elle se mit à pleurer, discrètement, humblement.

Les heures s'étaient écoulées depuis la déchirante séparation. Cerise avait fini par quitter les lieux, puis Eilane elle-même avait décidé de partir, après avoir reprit des forces et un peu de courage. La plaie béante qu'elle ressentait malgré elle dans le ventre et le coeur ne semblait pas vouloir se refermer toute seule, aussi Eilane choisit-elle de signifier au ministre qu'elle prenait quelques jours de congés et qu'elle rentrait dès maintenant au manoir.

Jamais elle ne se félicita autant de n'avoir utilisé aucun de ses jours de congé dont elle avait pourtant droit en tant qu'employée au ministère ! Cela allait lui permettre, peut-être pas d'oublier, mais au moins de longuement se reposer !

Elle avait également stipulé à ses langues-de-plomb, par une note interministérielle, qu'ils ne pourraient pas la contacter, sauf en cas d'extrême urgence... cas où ils devraient lui faire parvenir au plus vite une missive jusqu'à son domicile (c'était de toute façon le seul moyen pour eux d'y accéder puisque le manoir d'Eilane devait être l'endroit le mieux protégé après le repaire des mangemorts lui-même...)

Ainsi donc, la Vélane rejoignait sa tour d'ivoire, forteresse de cristal érigée par Voldemort en personne et dans laquelle elle était fermement décidée à s'enfermer pendant plusieurs jours, envers et contre tout !

Boom !

Silence.
Doux et incorruptible silence, rompu certes, mais pas inexistant, toujours. Ellana venait d’apparaître, poussiéreuse, imprégnée de la bonne odeur de Folie, indéniable et attirante Folie, provocante, forte à en crever. Le département des mystères, quel endroit fabuleux, ici, tout était possible. Ellana venait de faire exploser la serrure, certes, il y avait éfraction. Mais, car il y avait un mais, cela n’était il pas pour la juste cause ? Certains ne la qualifieraient pas de juste, mais de triste, horrible, ou même contraire. Rectifions donc par profit personnel et service à son maître, car Mort comme Folie avaient eu jusqu’à lors besoin d’un catalyseur commun pour s’unir dans la traitrise ultime de cette soirée. Lord Voldemort avait demandé à Ellana de démasquer le double jeu de Eilane Snake, et, Ellana allait démasquer le double jeu de Eilane Snake. C’était terminé, aussi simple que ça, tombée de rideaux, fin de l’histoire.
Marchant sur les petits grava laissé par une partie de la porte, la tueuse avance dans ce bureau où règne une drôle d’odeur, l’odeur de l’amertume de la tristesse. Ellana ferme les yeux et la savoure. Une de ses mains frôle un mur, des cris de bébé retentissent. La sorcière sursaute, se laisse tomber par terre, en entend encore, s’écarte, tape contre une table, se relève, renverse un porte manteau, avance encore, tombe de nez à nez avec la fatalité. Voici un colis qui lui tombe sous le nez. Ellana l’observe attentivement, que cela peut il bien être ?
Une petite enveloppe est là aussi ? Eilane Snake n’est pas là, elle est en vacances, pourquoi ne pas lui prendre son courrier ? Vilaine petite tueuse curieuse. Ellana déchire tout ce qui gêne avec les dents, voilà qu’elle se reprend à fouiller dans les restes de la semi vélane.
Quelle belle enveloppe, voilà qu’Ellana se sent trembler, elle entend des voix, elle voit des choses, et d’autre. Elle sent Noxis Clymox qui a écrit cette lettre, une mission accomplie ? Mais laquelle ? Ellana saisit la suite du message, tue le hibou et y met feu dans la petite cheminée. La cheminée, Ellana aurait pas du y toucher. A nouveau elle est propulsée en arrière, elle voit Cerise Owlspell arriver par celle-ci, mais qui donc est cette jeune femme étonnante ? Pourquoi est elle venu là elle aussi ? La tueuse se recule, elle a mal à la tête, elle sent que ses battements de cœur ont augmentés, ses membres la lâchent peu à peu, elle transpire, elle est essoufflée, ses yeux la fond souffrir, de partout en elle, elle se sent tomber, bientôt, la douleur est plus qu’intense, elle saigne du nez. Ellana se relève et attrape le retourneur de temps envoyé par Noxis pour le replacer. Le serrant en main, elle le sent petit à petit se briser au creux de celle-ci. Elle se sent partir, elle se met à hurler, un petit cri bref, des larmes coules sur ses joues, pas les siennes, celle d’Eilane Snake, elle était là quand, quand, …La douleur est intense, si intense, Ellana souffre, mais elle a déjà ressentit ça.
Des voix encore des voix, Noxis, Cerise, des voix douces et censée être agréables mais qui dévore les neurones d’Ellana qui va de moins en moins bien. C’est le trou noir, le voyage commence. Ellana voit tout désormais.

Debout dans la pièce, elle voit les événements qui défilent, la journée repasse en boucle, tout reste flou, sauf quelques objets, visages personnes, des fois seulement, juste ce qui est censé attirer son attention. Ca continu, Ella voit encore autre chose, Eilane, oui c’est elle, mais elle a déjà vu cette scène, elle vient de la ressentir, elle la connaissait cette sensation, qu’était-ce donc, ces cris de bébés ? Un courant se fait, Ellana se sent électrisée, Eilane Snake a eu un enfant dans cette pièce. Mais ce n’est pas fini, Noxis Clymox embarque l’enfant, l’emmène avec elle, où ça ? Où ? Vite, il ne reste plus longtemps pour le savoir, la sorcière tourne lentement de l’œil, lentement, plus vite ! Dans le passé, ces mots raisonne dans sa tête, Ellana les entends clairement, une lettre, Cassie Doe, son nounours, tout redevient peu à peu normal, Ellana tombe assise, le décor arrête d’accélérer autour d’elle tout redevient net. Le bureau reprend sa forme normale, il fait nuit. Ellana s’évanouit, le petit sablier dans sa main ensanglantée, le corps complètement fumant, comme si elle avait marché au milieu d’un cratère de volcan. Le souffle coupé, elle reprend sa respiration elle somnole, son corps récupère. Une voix dans sa tête.

Tu n’es pas prudente Ellana,
Je t’ai déjà dit de faire plus attention, tu le sais. L’heure n’est toujours pas arrivée pour toi, et, plus que jamais, il te faut tenir, tu as enfin résolu l’énigme.

Itzamna …

Ellana ?

Ce dernier mot raisonne dans sa tête, la sorcière se relève d’un seul coup, comme ci quelqu’un venait de lui tapoter l’épaule, mais pourtant, personne n’était là ? Comment cela était il possible ? Comment ? Elle regarde autour d’elle, la sorcière aurait juré que Itzamna se trouvait à côté d’elle, là, juste à son chevet, mais elle n’était pas au lit, étalée sur le sol du bureau en Bazard, elle avance tant bien que mal, rampe jusqu’au premier meuble pour se relever en s’appuyant dessus. Une fois debout, Ellana a reprit ses esprit, elle court vers le repaire, la porte claque, le commencement d’un nouveau chapitre vient d’être entamé.

Citation :: Chère Eilane Snake,

Je prépare sous peu quelques petites choses dont je vous ferais part bien assez tôt. J’aimerais par conséquent avoir le privilège de vous rencontrer. Votre département est un des plus importants à mes yeux, et je trouve dommage qu’alors que nous travaillons dans les mêmes locaux, nous ne nous soyons jamais rencontrées. Je vous demande donc un rendez vous pour parler quelque peu autour d’un café que je vous offrirais bien évidemment.

Dans l’attente d’une réponse que j’espère positive,
Bien à vous,

Miranda Jeanne Slent.

Après une splendide conférence de presse, Miranda devait à présent se rendre au département des mystères pour y rencontrer Eilane Snake. En effet ce département serait un point particulièrement tactique pour la campagne de Miranda, mais elle n’avait pas vraiment cela en tête, ce n’était pas une calculatrice qui s’alliait avec les gens juste par intérêt. En réalité c’était Rémi qui lui avait conseillé de rencontrer Eilane, pour écouter ce qu’elle avait à dire et discuter un peu avec elle, et Miranda n’en doutait pas le moins du monde ce serait très très instructif ! Pénétrant dans le bureau avec beaucoup de mal, elle aperçut au loin la porte de la directrice du département. Un sourire sur les lèvres, elle retira gants lunette et veston pour les confier à Rémi qui l’accompagnait.

**TOC TOC**

Patientant un court instant, la sorcière attendit le bref mais traditionnel « entrez » pour passer la porte. En ouvrant celle-ci, elle put apercevoir avec surprise un endroit plutôt raffiné, si Miranda n’avait pas savait pas encore tout à fait que Eilane était une semi vélane, elle aurait pu le deviner rien qu’à la façon dont tout était disposé et de l’odeur agréable qui régnait dans la bureau. Avançant vers la directrice elle lui tendit la main pour serrer la sienne.

Miranda Slent, enchantée.
Nous aurions du passer un peu plus tard et je suis véritablement confuse de m’être avancée, mais Rémi était si impatient de cette rencontre que j’aurais eu du mal à lui résister plus longtemps. En tout cas, à présent je comprends mieux pourquoi il était pressé. Vous semblez être une femme de goût Miss Snake.

Miranda laissa échapper de sa bouche un petit rire gracieux et joyeux qui pouvait transmettre toute la joie qu’elle éprouvait à rencontrer enfin un directeur de département au sein du ministère. Elle y travaillait elle aussi depuis si longtemps, et pourtant, ses différentes missions en tant qu’Auror lui ont véritablement demandé tellement de travail que la dame n’avait pas encore trouvé le temps de rencontrer tout le monde.

Alors c’est de ce lieu que dépendent toutes nos avancées magiques …

Mais en fait Miranda s’était plus que renseignée sur l’endroit, Ella y travaillant depuis quelques mois, elle n’aurait pu se permettre d’ignorer là où travailler sa fille, se privant de fait d’y glisser aussi un petit œil. Juste histoire de.

Me voilà presque trop attentionnée …

Un peu avant midi, Eilane avait reçu un message pour le moins original de quelqu'un qu'elle n'avait jamais rencontré, mais avec qui elle partageait, elle le savait, un "ami" commun.

Sachant que cette personne était une femme d'affaire aguerri, la semi-Vélane avait rangé son bureau avec soin, nettoyé la moindre étagère, classé le moindre dossier.
C'était la seule chose qui calmait ses nerfs, ces derniers temps.

La dernière fois où elle avait croisé le chemin de Rémi Holson, Eilane ressemblait à une loque, incapable de faire autre chose que de pleurer sur son sort.
Depuis, Voldemort avait découvert la vérité sur Cassandra et avait mis sa tête à prix... Mais rien, encore, ne confirmait que la fillette avait été tuée... et Eilane continuait d'espérer...

Elle n'avait pas remis les pieds dans son bureau où la petite Cassandra était venue au monde depuis ce jour là, lorsqu'elle revint travailler après le court emprisonnement que lui avait fait subir Voldemort.
Une drôle d'impression d'irréalité s'était emparée d'elle quand elle en avait ouvert la porte et elle n'avait pu la faire disparaître depuis...

Toc Toc Toc

Il était encore tôt et Eilane se demanda si la personne se trouvant derrière la porte était déjà celle qu'elle attendait.

Entrez !

Une femme d'un certain page pénétra dans le bureau, accompagnée de Rémi Holson à qui Eilane adressa un sourire amical bien plus sincère et rasséréné que ceux qu'elle avait pu lui offrir durant leur dernière entrevue.

Elle serra ensuite chaleureusement la main que sa visiteuse lui tendait.

Enchantée madame Slent. J'ai souvent entendu parler de vous...

Ses yeux ambrés croisèrent le regard de Rémi et elle sourit à nouveau avant de se reporter sur son hôte.

Je suis Eilane Snake, comme vous semblez, bien entendu, déjà le savoir. Et si vous le voulez bien, j'aimerai que vous m'appeliez Eilane.

Désignant les fauteuils qu'elle avait pris soin de faire apparaître auparavant dans le bureau, elle s'installa et attendit que ses invités en fassent autant.

Désirez-vous boire quelque chose ?

Sur une petite table étaient entreposées tasses, théière, sucre et lait... Malah avait fait un travail excellent !

Ce ne fut qu'une fois les boisons servies qu'Eilane répondit à Miranda.

En effet, c'est ici que se font toutes les recherches concernant l'avenir et les mystères de notre communauté... Mais vous vous doutez bien que je ne peux guère en parler... Comme je me doute bien que vous n'êtes pas venue ici seulement pour vous renseigner à propos de mon département...
A vrai dire, ce serait mentir que de prétendre que je n'ai aucune idée de la raison de votre venue...

Faisant tourner sa cuillère dans une tasse de thé à la cannelle pourtant non sucré, Eilane attendit que Miranda lui apporte enfin la véritable explication de sa venue auprès d'elle.

Miranda lorsqu’elle prit contact avec la main de la Vélane afficha sur ses lèvres un grand sourire. Elle ne s’était pas trompée, cette sorcière était bien croisée avec la plus belle des créatures de ce monde, ce qui expliquait son regard charmeur auquel Miranda était insensible, dans la mesure où elle était une femme. Offrant à Eilane toute la chaleur qu’elle pouvait lui donner, elle accepta volontiers de boire quelque chose avec elle, ce serait bien plus pratique pour parler. Alors qu’elle hochait la tête vers Rémi, celui-ci s’avança pour saisir les tasses et les servir. La conversation allait donc bel et bien commencer. Mais cependant Miranda n’aimait guère trop la façon dont Eilane cherchait à lui faire avouer qu’elle avait quelques intentions males venues en entrant dans les lieux. C’était le moment de montrer que la vieille dame n’était pas là pour gagner une voix, mais pour accomplir son rôle, et bien mettre en avant son souci de bien comprendre et de faire connaissance avec les différents membres du ministère et leurs départements.

Sachez Eilane que si je suis ici, c’est avant tout parce que j’ai conscience de l’importance de votre département pour le monde magique, et j’ai aussi foi en votre travail et vos compétences. Je me suis permis de vous visiter, et vous le savez sûrement déjà, à l’occasion de ma campagne, bien qu’en réalité je tien à retirer des esprits cette image prédatrice de la candidate en mal de voix prête à tout pour en grappiller. Je ne pense pas à moi en me présentant à vous, je pense au monde sorcier et à ses citoyens. Aussi, je ne vais pas m’étaler sur ce que je souhaite et débattre pendant des heures de mon moi comme ont déjà commencé à la faire nombre de candidats. Pour une raison, c’est que ce ne sera pas moi la gloire de notre pays, ce ne sera pas moi qui serait à la tête de tous les progrès que nous accompliront, mais vous, vous et nos chers concitoyens. Je vous demande donc, Eilane, ce que vous attendez de votre gouvernement, et à partir de là, je me ferais une joie de vous présenter mon programme.

Se reculant dans le fond de sa chaise, la sorcière servit à présent quelque chose à Rémi qui s’installa à leur côté. Avec raffinement elle commença à boire son thé sans trop faire attention à la chaleur qui s’en dégageait encore. La sorcière se mit alors à sourire, se tournant vers Rémi encore un instant qui lui sembla lui faire un petit signe de la tête comme quoi il trouvait ses propos fort bien. En confiance la sorcière reprit lentement mais cette fois sur un tout autre sujet. Histoire de laisser à Eilane le temps de réfléchir.

Je ne sais où vous avez entendu parler de moi, en réalité je suis célèbre dans le monde moldu mais mon nom ne scintille pas autant chez les sorciers, et puis je n’ai pas vraiment le soucis du sourire colgate et du show biz. Je ne suis pas non plus une de ces sorcières qui n’hésite pas à étaler son énorme CV pour impressionner la presse et étaler un maximum sa GRANDE et MAGNIFIQUE culture. Je suis de l’ancienne école voyez vous, de celle où seul le travail est un bon moyen de s’attirer la gloire, mais aussi l’histoire, l’amour, la famille et la persévérance.

Reportant son attention vers son petit sac à main en peau de crocodile africain, la sorcière fouilla dedans un instant pour en sortir une photo dont elle était fière. Il s’agissait là d’Atanys Silver, la chose qui avait à ses yeux, aux yeux d’une grand-mère, le plus d’importance au monde.

C’est ma petite fille ! Je l’ai toujours sur moi, elle me redonne espoir, vous savez la famille …Rien n’est plus important Eilane.

Rémi observait Miranda, toujours, pour être sur qu’elle ne faisait aucun faux pas. En entrant dans le bureau il avait rendu à Eilane le sourire qu’elle lui avait adressé, il était même plutôt soulagé de voir qu’elle allait mieux. Avançant vers le bureau il servit d’abord le thé aux deux femmes et vint s’installer ensuite pour recevoir le sien. C’est alors que le dialogue politique s’enchaîna et chaque fois que Miranda prenait la parole, Rémi tombait lentement d’admiration, perdu dans ses pensées et dans le rêve de paix que lui inspirait Miranda. Il se tourna vers Eilane et lui fit un petit clin d’œil peu innocent avant de prendre la parole.

Vous savez Eilane, Miranda est une femme admirable, elle n’est pas intéressée par le pouvoir et sa préoccupation n’est pas d’arracher des voix de gré ou de force, elle est bien là pour nous, et pour nous aider donc à sortir de son enlisement le gouvernement, cela tous ensemble. Être le visage à la tête de chacun de nous n’est pas ce pour quoi elle se présente. Miranda vous avez déjà toute mon admiration, et j’espère Eilane à travers ce qu’elle vous dira qu’elle saura faire passer le message que nous nous sommes elle est moi, en tant que son directeur de campagne, engagé à transmettre. Bien entendu elle aura des obligations, et bien entendu elle devra parfois prendre des décisions seule, mais soyez sur qu’elle pensera à vous en les prenant, avant de penser à elle.

Rémi était souriant, il savait que Miranda n’apprécierait pas l’éloge qu’il faisait d’elle sur le moment, mais le sorcier était tellement emballé par sa candidate qu’il voulait faire passer au monde l’espoir que Miranda représentait à ses yeux. Elle avait des failles, peut être, mais après tout dans une campagne, le but n’était il pas de mettre en avant son favoris ? Ce que faisait tout bonnement Rémi, et il n’avait pas l’impression, en parlant de Miranda, de donner une image trop vindicative d’elle-même.

Je suis heureux de voir que vous vous portez comme un charme Eilane, j’ai eu peur la dernière fois que nous nous sommes vu. Sachez que je partagerais votre peine quoi qu’il arrive, mon amie. Miranda, Eilane est une amie de longue date, mais je crois que vous vous en souvenez. Cela remonte d’il y a maintenant quelques années, alors que Mr Slent était encore à vos côtés …A l’époque où vous n’étiez pas veuve donc. La perte de Monsieur Slent a attristé bien du monde. Mais je m’égare, pardonnez moi de vous couper de la sorte, je suis si bavard quand on me donne matière à discuter.

Rémi plongea alors ses lèvres dans sa tasse de Thé, sans ajouter mot.

Et voila, arrivait enfin le sujet auquel Eilane s'était attendue : les élections... Mais ce à quoi elle ne s'attendait pas, par contre, étaient la réaction et les propos de Miranda... Un nouveau sourire, franc et sincère, se dessina sur ses lèvres. Elle ne connaissait la candidate que depuis quelques minutes, nul doute pourtant qu'elle pourrait rapidement l'apprécier si cette dernière s'en tenait à ce qu'elle disait désirer !

Beaucoup d'informations arrivèrent alors, sans qu'Eilane n'ait réellement eu le temps de les assimiler avant de formuler sa réponse : les questions de Miranda, les paroles de Rémi et surtout... surtout... la photo...
La petite fille de Miranda Slent...
Eilane la connaissait !
Atanys... La fille d'Ellana...
Les yeux rivés sur cette photo, incapable de penser à autre chose, Eilane murmura :

Alors vous êtes la mère d'Ellana Silver...

Enfin, elle releva les yeux, son regard glissant sur Rémi avant de revenir à Miranda.
C'était à cause d'elle... C'était à cause d'Ellana que Rémi l'avait laissée, alors que celle qui avait quelques jours auparavant dénoncée Eilane à Voldemort était tout juste en train de naître...
La semi-Vélane sentit sa gorge se nouer un instant, mais une seconde plus tard, elle avait déjà repris le dessus sur ses émotions et elle espéra que personne n'avait remarqué son trouble et sa rancoeur momentanés.

Pardonnez-moi si je vous ait offensé, Mrs Slent. Trop nombreux sont les politiciens qui cherchent uniquement des voies en visitant les méandres du ministère dont ils auront peut-être un jour la charge. Veuillez ainsi m'excuser si j'ai cru, un instant, que vous étiez de ce même acabit... Et je dois admettre que je suis heureuse de constater mon erreur !

Si je vous ai avouer avoir déjà entendu parler de vous, ce n'est en effet pas par la presse moldue, continua-t-elle en riant à cette idée, mais seulement, comme l'a si bien souligné Mr Holson, parce que Rémi et moi sommes de vieux amis !

Vous désirez savoir ce que j'attends de ces élections et de notre futur dirigeant ?
C'est une vaste question, Mrs Slent, à laquelle il me serait impossible de répondre en quelques instants.
Tout ce que je peux vous dire, sans avoir pris le temps d'y réfléchir auparavant, c'est que je souhaite voir cette guerre qui fait rage dans notre monde cesser, pour le bien-être de nos enfants.

Incapable de regarder en face ni Miranda ni Rémi en prononçant le mot "enfant", Eilane baissa les yeux, comme si elle trouvait soudain le sol absolument passionnant.

Elle continua d'une voix éteinte, sachant qu'à présent, son secret n'avait malheureusement plus aucune raison d'être gardé.. du moins en partie...

J'aimerai que vous conserviez ce que je vais vous dire à présent pour vous et pour vous seule, Mrs Slent. Et je suis certaine que je peux avoir confiance en vous...

Je suis mère, moi aussi...

Les yeux toujours rivés sur le sol, Eilane se demanda comment allait réagir Rémi à cette nouvelle...

...même si ma fille nous a quitté bien trop tôt.

C'était un étrange mensonge que celui-ci, mais au moint avait-elle trouvé le moyen d'en parler, même si c'était sans dire réellement toute la vérité... et parler de Cassandra, elle en avait plus besoin que jamais...

Et j'aurais voulu d'un monde meilleur pour elle si elle n'était pas partie... Malheureusement, vu comment vont les choses pour le moment, j'ai peur que cette guerre finisse dans un bain de sang, quelque soit le camp gagnant...

Le noeud dans la gorge d'Eilane se resserra un peu plus. Si elle voulait d'un monde meilleur pour Cassie elle ne pouvait pour autant accepter d'y sacrifier l'homme qu'elle aimait...

J'aimerai que la ou le futur nouveau ministre de la magie n'oublie pas que même les mangemorts sont des êtres humains, qu'ils ont des parents et peut-être même pour certains des femmes, des maris et des enfants...
Je sais que ce qu'ils font est impardonnable, mais certains actes de l'autre camp pourraient l'être tout autant...

Enfin elle releva le regard et se tourna vers Rémi... Elle savait qu'il comprendrait en partie pourquoi elle disait cela et espérait seulement qu'il n'avait pas révélé à Miranda plus qu'il ne le fallait à son sujet.

Mon ami, continua-t-elle justement à son attention, j'étais dans un état déplorable lors de notre dernière rencontre, mais votre soutien m'a aidé, et je vous en suis reconnaissante... Peut-être, un jour, pourrais-je vous apporter, sans avoir à me trahir moi-même, toute la lumière sur les raisons qui m'avaient mises dans un tel état.

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