Le petit chaperon rouge

Il faisait nuit et les réverbères de Londres éclairaient à grand peine l'étroite mais longue ruelle que Maïa traversait pour rejoindre elle ne savait quoi.
Cela faisait deux jours qu'elle avait rencontré Maître Na et retrouvé Mina... deux jours qu'elle se faisait subir la pire des tortures mentales pour avoir commis un meurtre... deux jours qu'elle souffrait comme personne n'avait jamais souffert tant la culpabilité pesait sur ses épaules.

Maïa, à bien des égard, n'était encore qu'une enfant... Une enfant qui aurait aimé être choyée et réconfortée... Une enfant qu'on voulait forcer à grandir trop vite... une enfant qui s'était retrouvée à devoir choisir entre sa liberté et la mort d'un homme... et qui avait choisi de rester libre...

Le réverbère au dessous duquel elle passait à présent semblait donné des signes de faiblesses. Son ampoule ne cessait de clignoter, assombrissant encore l'allée.
Celui d'après n'était qu'à plusieurs mètres... et entre les deux, le noir régnait en maître.

Maïa avançait, une capuche rouge rabattue sur son visage, une cape, rouge également, tombant sur ses épaules.

L'endroit était vraiment glauque... Si cette ruelle-ci semblait déserte, la précédente contenait plusieurs junkies en mal de sensations... et d'autres personnes encore moins recommandables, qui avaient regardé Maïa d'une telle façon qu'elle avait serré plus fermement encore la baguette qu'elle n'avait plus pris la peine de ranger depuis un long moment.

Comme pour se donner du courage, la jeune fille commença à fredonner une comptine, souvenir de son court passage dans l'univers enfantin de son esprit.

Promenons nous dans les bois,
pendant que le loup n'y est pas

Sa voix ralentissait au fur et à mesure qu'elle pénétrait dans la partie noire de la ruelle, celle qu'aucun réverbère n'éclairait.

Si... le... loup... y... était...

Il lui sembla percevoir un râle pas bien loin...

Il... nous...mang... e... rait

Cette fois, elle était certaine d'avoir entendu une respiration saccadée toute proche d'elle...

Londres, Londres, Londres...ville sombre et lumineuse, lumineusement sombre. Aussi pleine de noirceur qu'un corbeau. Il volette il erre l'humain éphémère. Il s'amuse un instant a torturer un chat de gouttière avant de le tuer d'un éclair de lumière. Décadence, compagnie du fou, du rat tueur de son prédateur. Enfin il se perche, en haut d'un monticule déchets humainenement mécanique, accroupi les deux mais sur le sol entre ses jambes, il contemple la beauté de la laideur.

Entre ses ruelles le noir combat la lumière, et il récupère quelques mètres de terrain. Mais qui vient troubler ce si charmant spectacle, un bruit de pas, une chanson évocatrice.
Chanson qui réveille un délice chez le corbeau, soit il sera le loup ce soir qu'importe, corbeau, rat ou loup, tous des prédateurs fourbes et détestables.
Il se lèche les babines d'avance, gouter la saveur d'une jeune fille ne serait pas de refus...
Déjà il apparait au fou, l'innocent chaperon couleur sang.

Il bondit devant elle coupant sa retour vers sa mère-grand...se relève étirant ses membres endormies par la Lune narquoise et passe ses mains derrière sa tête baissant le visage pour regarder l'enfant par dessous.
Après une observation de quelques secondes, son sourire se mit à briller, carnassier.

Que fait une si jolie et appétissante enfant, seule ici, à l'heure ou la lune est plus que provocante de moqueries?

Il lui tourne autour, que vas-t-il lui faire? parler et épargner? ou s'amuser et tuer?
Qui sait? Un fou est un fou et donc imprévisible, c'est ça qui est amusant dans le vaste théatre de la vie mourrante. Tous des guignols, des chaperons et des loups. Les uns mangent les autres, c'est si commun et si délicieux comme pensée.

Elle n'avait pas rêvé...

Tapis dans l'ombre, il était bien là, le vilain méchant loup dont parlait la chanson de circonstance qu'elle s'était mise à fredonner quelques instants plus tôt. Il attendait, humant l'air, à l'affût de la chaire fraîche d'une jeune fille pas encore adulte, mais plus tout à fait enfant...

Et maintenant qu'il avait bondit auprès de sa proie, Maïa pouvait en détailler tous les traits physiques...

Son méchant loup n'était autre qu'un homme dont le regard reflétait la folie autant que celui de Maïa reflétait l'incertitude...
Il n'était pas du tout repoussant, à bien y regarder, malgré son air un peu fou et son allure dangereuse.

Mais Maïa avait appris, depuis qu'elle errait sans savoir où aller, qu'elle devait se méfier des hommes seuls dans les ruelles londoniennes... Ils ne désiraient que bien rarement une simple conversation lorsqu'il croisaient le chemin d'une jolie jeune fille !

Pourtant, alors qu'elle aurait pu prendre ses jambes à son cou et courir à toute vitesse dans le sens opposé, fuyant le loup et son regard affamé, Maïa restait comme hypnotisée par l'homme aux crocs acérés.

Ce n'était pas la peur qui la paralysait, mais un tout autre sentiment... Un sentiment que l'enfant qu'elle était encore à bien des égards aurait eu grand mal à désigner !

Une nouvelle comptine, parlant de bois, de chiffres et de fruits mûris, lui revint à l'esprit... Et c'est avec un sourire d'une innocence toute relative qu' elle répondit :

Je m'apprêtais à cueillir des cerises... Et vous ?

Hum des cerises? mes avis que le rouge doit vous allez a ravir....

Etincelantes canines d'un prédateur fêlé, qui sait ce qu'il peut faire le grand mechantt affamé?
Elle a l'air si délicieuse l'innocent petit chaperon, goutera-t-il a sa saveur ou la dévorera-t-il sans apprécier son fumet?
Il tourne il tourne le mauvais serviteur mais peut-etre est-ce sans mauvaises intentions qui peut savoir, qui peut lire l'esprit d'un fou...
Enfin il se remet en face d'elle sortant lentement une cigarette de sa poche, tueuse d'hommes et de nuits, il la pince dans son bec de malheur pour l'allumer d'un coup de baguette ordonnateur.
La fumée monte blanche et nauséabonde, le petit chaperon est sensé etre plus malin que le loup mais cette fois le loup n'est pas un avide mais un fou.

"La cerise est amère au sommet du cerisier." Il faut donc aller très haut pour ne pas être amer.... pourtant pourtant pourtant....belle enfant amertume dans ton regard...sentiment si derisoire....la folie n'est-elle pas plus belle que l'amertume? grace a elle la liberté, la mort
ou le plaisir cette gente dame te laisse choisir...

Il sourit le corbeau qui est loup pour ce conte tout aussi apporteur de malheur et pourtant paroles de vérité est son arme favorite pour dévorer ses proies préférées mais ne sautons pas le repas alors que l'on n'a pas gouté a l'entrée...

Toujours hypnotisée par le charme sauvage du loup, Maïa ne bougea pas et le laissa tourner autour d'elle comme s'il s'appliquait à réaliser une danse rituel...

La peur était tenace, mais l'autre sentiment qu'elle avait commencé à se découvrir auparavant, mêlé à la curiosité coupable d'une enfant qui n'auarit pas encore goutté à un fruit défendu et en aurait plus envie que jamais, l'était encore plus...

Et son envie malsaine de s'abandonner à ce loup qui la convoite la fit rester là, à le regarder allumer la mort fumante de sa baguette...

Ce ne fut qu'alors que Maïa réalisa que ce loup n'était autre qu'un sorcier, tout comme elle...

La peur s'amplifia, mais le reste tout autant avec elle...

L'amertume est mon manteau, à présent. La folie n'est qu'illusion. Pourtant je suis certaine qu'il peut-être séduisant de s'y laisser couler, bercé par l'oubli de ce qui nous rend amer.

Avez-vous succomber à la folie ? Ou êtes-vous cette folie à laquelle vous voudriez me voir succomber ?

Maïa prenait les devant, posant à son tour des questions... Si le loup devait la dévorer, elle voulait savoir d'abord en quel honneur il le ferait...

La liberté existe pas, nous sommes tous prisonniers de nous-même... Il me reste donc la mort ou le plaisir... Ou peut-être ces deux là sont-ils liés ?

hum la folie la folie....On ne succombe pas a la folie, c'est elle qui nous fait succomber....nuance....

"Folie n'est pas déraison, mais foudroyante lucidité."

Es-tu lucide petit chaperon sanguinolent?

Le regard sombrement clair du predateur amusé, qu'allait-il faire qu'allait-il faire? sa folie elle même l'ignorait.
Il tira une bouffée de ce nuageux questionnement la crachant dans les airs aussi nonchalement qu'un corbeau étant ses ailes lugubres pour recouvrir le monde de son voile de malheur. Il fait quelques pas puis tourne sur lui-même, dansant comme la mort, virevoltant comme la folie. Ennemi de l'ennemi.

La mort ou le plaisir? le plaisir ou la mort... le plaisir et la mort....
Le plaisir de la mort, n'est ce pas la même chose après tout, tout ça reste une affaire de saveurs.....

La clope au bec il lève les bras vers le ciel accusant la lune de sa medisance, puis les ramena derrière sa nuque avant de se tourner vers la fillette qui semblait bien loin de l'innocence...
Quel gout avait-elle? celui de la culpabilité? de l'amertume? de la peur? ou dela fascination?
Il se mit a sourire baissant le regard vers le caniveau repaire des être vils comme lui. Il se rapprocha lentement, ses yeux de loup toujours rivés au sol, pret encore plus pret, jusqu'ou le laissera-t-elle entrer dans son espace vitale lui le predateur, le carnassier alléché. Il relève les yeux, la fixe...
Puis approche le visage tout pret tout pret avant d'aller murmurer a son oreille, dans le feu de sa chevelure.

Ta saveur est-elle parfumée, sanguinolente enfant?

Elle l'avait laissé avancer, se rapprocher dangereusement d'elle... Et maintenant qu'il était tout prêt, lui murmurant à l'oreille, elle frémissait au contact de son souffle chaud contre son épaule.

Contrairement à celui du conte, le petit chaperon rouge qu'elle était n'avait ni panier, ni mère-grand qu'elle aurait pu rejoindre et encore moins de bûcheron pour la protéger...

Elle était seule... et la solitude pesait sur son choix...

Elle aurait pu fuir depuis longtemps ce loup aux dents acérées.
Mais non, elle restait, le laissant pénétrer son espace comme ses crocs pourraient, tout aussi facilement, pénétrer sa chaire, alors que sa bouche s'approchait déjà de sa gorge.

Lucide ? Je crois l'être encore... Mais la lucidité est mise à rude épreuve devant le charme désarment de la mort.

Elle ignorait tout de lui... La peur transpirait de sa personne, et, pourtant, elle ne désirait rien d'autre, en cet instant, que d'être dévorée par ce loup...

Le plaisir de la mort ? Vous croyez qu'on éprouve du plaisir à mourir ? Ou qu'on ressent du plaisir à tuer ?

Maïa n'en avait pas ressenti quand Hugo Vynx avait dégringolé de la tour d'astronomie... En tout cas, elle voulait désespérément s'en persuader.

Qu'y a-t-il de si jouissif dans la mort pour associer ces deux mots avec tant de certitude ?

Le regard bleu pâle de Maïa capta les yeux clairs du loup dont elle ne savait rien du tout. Mais c'était le genre de rencontre qui n'appelait pas à une présentation en bonne et due forme, de toute manière...

"Ta saveur est-elle parfumée, sanguinolente enfant?"

La naïveté de Maïa l'avait en partie quittée avec le début de cette rencontre.
Dire qu'elle savait en âme et conscience ce qu'elle proposait au loup en lui répondant de la sorte aurait peut-être été présomptueux, mais elle en avait au moins une petite idée...

Personne encore n'a eu la possibilité de le déterminer...
Le meilleur moyen de savoir, c'est encore celui de goûter ?

Il s'écarte a nouveau reprenant son rituel du cercle de sa folie, tournant toujours et encore, enfermant sa proie immuablement dans la sphère de son esprit dérangé.

Il fit raisonner son grincement, commentaire sur ce qui avait été dit plus significatif que les mots.
Quelle innocence, tant d'ignorance sur la mort et la folie était presque émouvant, il en aurait presqu'été attendrit si il avait su ce que ce mot signifiait.

Il avait presqu'envi de lui montrer... lui montrer la jouissance que procure une mort dont vous êtes volontairement la cause. Mais il était trop tot et il voulait encore renifler cette douce odeur de peur qui parfumait l'air de la rue nauseabonde.

Le plaisir de la mort est une evidence pour ceux qui ne se voilent pas la face... la delivrance d'une existence de marionnette et d'un bonheur factice...Les chaines tombent et la lacheté qui nous liait les poignets disparait... seule reste la mort et sa beauté, la vie et sa stupidité....

Il se remet a rire mais son grincement se transforme légèrement en grondement moqueur et insolent. Il s'arrete de tourner et ses deux prunelles clairement sombres se posent sur la petite abeille.

Il reste un instant silencieux, se passant la langue sur les lèvres.

Il se rapproche d'un pas puis d'un autre, lentement, de la même manière qu'il avait procédé quelques minutes avant, tout pret d'elle enfin il reouvre sa bouche de predateur.

Gouter, tu n'as pas peur que mon appétit ne l'emporte et que je te dévore?

Il rapprocha ses lèvres de celles de Maïa et, tout en les effleurant au passage des siennes, il alla lentement déposer un léger baiser dans le cou de la jeune femme. Il laissa ensuite échapper un mot.

Délicieux...

Si vous y croyez, vous devriez déjà être mort vous-même. Pourquoi vivre, quand on est persuadé que la délivrance vient seulement au moment de mourir ? Sauf si on aime souffrir, il y a aucune raison !

Et voila que notre petit chaperon rouge se mettait à argumenter avec son loup de prédateur... Mais la prédation était-elle réellement celle qu'un enfant aurait pu croire en lisant ce conte de fée ?
Le loup dévorant le chaperon n'avait-il pas d'autre signification que celle d'un animal assouvissant sa faim ?
Maïa, dont les parents l'avaient élevée aussi bien dans la culture moldue que dans la culture sorcière, connaissait mieux le conte que la plupart des sorciers, biberonnés durant toute leur enfance aux histoires magiques et non moldues...
Mais ce fut seulement au moment où son loup se rapprocha, après qu'elle eut fait cette proposition pour le moins indécente de goûter à sa saveur, qu'elle réalisa qu'elle n'avait jamais rien comprit aux contes jusqu'à présent...

Peur ? J'ai plus peur depuis longtemps, répondit-elle en soutenant le regard du prédateur. Vous l'avez dit, la mort est une délivrance... Si vous me dévorez, alors je serai délivrée et j'arrêterai de me sentir coupable de mon propre meurtre... Pourquoi je devrais avoir peur dans ce cas ?

Frissonnante, elle le laissa approcher encore, effleurer ses lèvres des siennes, juste assez longuement pour qu'elle laisse échapper un soupir de frustration lorsque son baiser ne se déposa pas sur sa bouche, mais seulement dans son cou...

"Délicieux"

Enivrée par la sensation qu'avait eu sur elle ce rapide contact, à la fois terrifiant et excitant, Maïa n'osait plus bouger, ne sachant ce qui allait advenir ensuite.
Allait-il la tuer ? Ou lui réservait-il un tout autre sort ?
Y aurait-il un quelconque sauveur qui viendrait à son secours, maintenant qu'elle s'était laissée succombée aux charmes d'un grand méchant loup ?

Puis... dans le noir de la ruelle, ses esprits lui revenant tout doucement, une autre question lui vint à l'esprit :
Cet homme, qui semblait être tout sauf "bon", pouvait-il faire partie des leurs ? Tout cela pouvait-il être une simple ruse destinée à l'amadouer et à l'enchaîner aux pouvoirs de celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom ?

Toujours presque accolée à lui, elle murmura, d'une voix plus tremblante à présent qu'elle ne l'avait encore jamais été jusqu'à maintenant... tremblante pour beaucoup de raisons qui n'avait même rien à voir avec la peur qu'elle ressentait...

Je voudrais seulement savoir une chose, avant que ce qui doit arriver arrive, quoi que ce soit ce qui doive arriver : est-ce que vous êtes l'un des leurs ?

Encore une fois le rire du fou retentit, moqueur de la vie à l'ecoute de l'envie.
Il ne bougea pourtant pas de l'épaule savoureuse sur laquelle ses serres avaient décidées de se percher ce soir. Lentement s'amusant à la faire frissonner par son souffle sur sa peau il se rapprocha encore une fois de son oreille qu'il effleura elle aussi de ses lèvres.

la folie est trop lache pour mourir et elle n'est pas là pour souffrir mais pour faire souffrir même si le corbeau que je suis aime en un sens la douleur de la lacheté.

Il mit un léger coup de langue sur l'oreille du chaperon et s'écarta légèrement pour lui faire face gardant tout de même une proximit plus que séductrice. Hum loup que vas-tu faire a présent que ta proie est a ta merci?
Il hésite? non les fous n'ont pas de doutes juste des envies.
Il rapproche ses lèvres vers celles vermeilles de la naiveté et s'arrete a quelques millimètres, sans les toucher, sentant la frustration monter au creux de l'estomac de la belle enfant. Jouer encore et toujours, quel délice!

Se sentir coupable d'un meurtre, quelle bêtise...inutile est le sentiment de culpabilité car il nous empeche de savourer le fumet de la mort...

Il s'arrete pour entendre la question, la dernière prononcée de la naiveté, elle demandait, franche.
Il se remit a rire, comment résister a tant d'innocence, gouter et regouter serait son plaisir de ce soir, mais que repondra-t-il...Son rire se termina en sourire sadique et séducteur, le sourire d'un fou sur le visage de la folie. La crainte de sa proie venait d'être dite; il savait a présent ce qu'elle fuyait par son errance nocturne.

Tu as peur que je te livre? tu as peur que je te mène a lui?

Il se rapprocha a nouveau et murmura presque de manière imperceptible:

Je n'est pas l'habitude de laisser une si délicieuse proie a d'autres...quels qu'ils soient...

Enfin il s'écarta completement et lache la blonde qui s'est consumée seule entre ses doigts puis levant ses prunelles mesquines vers la belle rousse il retira sa chemise noire révélant multitudes de tatouages preuves de sa folie mais surtout un sur le bras qui montrait l'évidence.
Il lui montrait une réponse mais que signifiait-elle vraiment? En cet instant pas grand chose pour lui, son appétit des sens lui faisait oublier parfois, souvent, qui tenait les fils de la marionette qu'il était.

Un nouveau frisson traversa son échine, tandis qu'il était si près d'elle que son souffle caressait sa peau. Maïa murmura alors, en réponse à ses propres chuchotement, comme si tout cela allait cesser instantanément dès que des paroles à voix hautes se seraient fait entendre.

Et si la folie portait aussi mon visage ? Peut-être que je suis tout aussi lâche qu'elle, moi aussi...

Lâche... Oh oui elle l'avait été... Plus que n'importe qui d'autre...
Elle avait laissé mourir Jiri, par lâcheté...
Elle n'avait pas vengé ses parents, par lâcheté...
Elle avait laissé partir sa mère, par lâcheté...
Elle avait arrêté de vivre, arrêté d'aimé, par lâcheté...
Il fallait que cela cesse... Elle devait grandir, devenir adulte, assumer ses actes... Et le premier d'entre eux : son meurtre...

Et alors que les lèvres du loup se rapprochaient des siennes, la faisant frémir d'impatience, Maïa comprit une chose qui jusqu'à présent lui était restée inconnue : la mort était douce et séduisante... douloureusement attirante...

"Se sentir coupable d'un meurtre, quelle bêtise...inutile est le sentiment de culpabilité car il nous empêche de savourer le fumet de la mort..."

Les lèvres du vil loup ne s'étaient pas encore échappées et Maïa absorba en partie son souffle nicotiné en répondant, les yeux fermé, comme pour profiter de ce baiser qui ne se décidait pas à arriver.

Et le fumet de la mort est si suave qu'il serait dommage de pas y succomber ?

A cet instant précis, c'était ce qu'elle pensait. A cet instant précis elle ne s'en voulait plus... Il avait raison, son loup de malheur... La mort était dangereusement délicieuse, et la donner également...
Elle se souvint avec une honte qu'elle essaya de dissimuler, tout au fond d'elle-même, le léger plaisir qu'elle avait ressentit alors que le professeur Vynx tombait de la tour... Elle avait tué... Et cela ne lui avait pas autant déplu que ce qu'elle avait, jusque là, bien voulu admettre...

Mais alors qu'elle se préparait toujours à cette funeste étreinte avec la mort, le loup s'arrêta, émit un rire à la fois sinistre et séducteur, murmura quelques mots à son oreille, puis s'éloigna enfin un peu d'elle et ôta son T-shirt sous ses yeux avides...

Elle était là : la preuve inébranlable de son appartenance à ce groupe qu'elle craignait tant...

Est-ce que c'est Lui qui vous a envoyé ? Est-ce que vous savez pourquoi Il me veut ?

Ses questions cassaient sans doute le charme de leur ténébreuse attirance, mais Maïa avait plus que jamais besoin de réponses... Et s'il le fallait, elle finirait par aller les chercher à la source, même si cela risquait fort d'être la dernière chose qu'elle ferait !

Encore un grincement résonnant sous la pale lueur de la nasillarde avant de répondre par un léger silence, la fixant d'en dessous de ses yeux si seduisament fous. Il se rapprocha, moins pres cette fois, il ne fallait pas la faire fuir apres ce qu'il lui avait montré, ce joli petit chaperon si appétissant.
Voila qu'elle lui demandait des réponses, a lui, le mauvais serviteur, quel joli espoir elle avait.
Il se pencha en avant faisant semblant d'observer la jolie comme si il la voyait pour la première fois en cet instant, il sourit montrant ses dents blanches de loup:

Ainsi le maitre te veut? intéressant a savoir, très intéressant meme....

Il fit une pause et tournoya autour de Maïa dans une dans de folie et de seduction puis il s'arreta a nouveau devant elle.

Eh bien si il te veut il viendra te chercher de lui-même car je n'ai jamais entendu parler d'un chaperon qu'il faudrait ramener.
"La philosophie ne consiste-t-elle pas, après tout, à faire semblant d'ignorer ce que l'on sait et de savoir ce que l'on ignore ?"

Le corbeau fit rire a nouveau sa folie avant de soudainement pointer sa baguette sur Maïa, le regard reflétant une étincelle plus grande que celle qui y était déjà. Qu'allait-il faire cet etre malsain? la livrer? ce serait surement ce qu'un serviteur du lord empressé aurait fait...mais n'était-ce pas cela qui faisait la différence, le loup assoiffé n'était pas pressé et encore moins bon serviteur. Mais pour prolonger son jeu il fallait lui faire croire a elle.

Quoique...peut-etre serais-je récompensé si il te cherche... hum quel dilemne pour un esprit si stupidement fou....

Il s'avança encore et brusquement saisit le petit chaperon par le cou et posa vivement ses lèvres sur les siennes, il s'écarta ensuite passant sa langue sur sa bouche comme pour savourer plus longtemps ce baiser volé. Il sourit enfin et se tourna, montrant son dos nu. Il rangea sa baguette et sans un autre regard a la fillette il jeta.

Peut-etre qu'une enfant ne devrait pas trainer ici, c'est tellement plein de prédateur pres a tout....

Il se mit a rire d'un rire completement dément et disparu dans un CRAC sonore.

Pendant un moment, elle y avait cru, elle avait vraiment imaginé que son loup de malheur allait la mener jusqu'aux portes du mal... et elle l'avait même désiré...
Secrètement, Maïa avait réalisé que jamais elle ne pourrait vivre heureuse, vivre pleinement, tant qu'elle ne saurait pas pourquoi elle devait obstinément fuir, toujours...
C'était devenu limpide, comme lorsqu'on regarde à travers l'eau translucide qui stagne au fond d'un verre...
Soit elle décidait de continuer de se voiler la face et de rester cette enfant dont l'insécurité était devenu un mal de vivre si important que ça en devenait étouffant, soit elle allait à la source, grandissant au passage, pour mieux se comprendre et s'accepter en comprenant et en acceptant son propre destin...
Et elle avait choisi...
Et avant même qu'elle n'ait pu faire part au loup de ce choix dangereux, il s'était évaporé, écran de fumé de ses désirs et de ses fantasmes...

"Peut-être qu'une enfant ne devrait pas traîner ici, c'est tellement plein de prédateur près a tout...."

Peut-être, avait murmuré Maïa d'une voix plus grave que celle qu'elle se connaissait...

Et alors même que ses jambes semblaient reprendre le contrôle, un bruit de papier froissé crissa sous ses chaussures.
Elle s'accroupit et ramassa ce qui ressemblait à un journal : "le chicaneur", sans doute... difficile à dire, en fait, puisque l'endroit où le nom aurait du figuré avait été déchiré.
Mais l'article, lui, était bien entier : le corps d'un professeur avait été retrouvé à Poudlard et l'enquête avait conclu... au suicide.

Les yeux bleus trop claires de Maïa regardèrent à droite, puis à gauche, et elle reprit la parole, pour seules spectatrices de son monologues les ombres dansantes sur les murs.

Mais je vois plus aucune enfant ici...

Et elle disparut.

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