Le Silence entre ses Mains

Neuf heures.

La brume recouvrait Londres en cette fraîche matinée de Décembre. Les boutiques ouvraient une par une, et seule la City était animée depuis plusieurs heures déjà. Les kiosques à journaux recevaient les premiers tirages; les nouvelles étaient loins d'être bonne. Le pays s'enfonçait dans une lente agonie que le monde magique continuait d'ignorer. Qu'importe le destin des hommes, qu'importe les faiblesses du monde, la communauté s'était toujours désinteressée des moldus, et cela n'était pas prêt de changer.

Le temps d'attraper un café au Starbuck et d'acheter le Guardian du jour; il se retrouvait déjà en retard. Il voulait à tout prix éviter de le faire attendre, mais il avait tendance à oublier qu'il allait se payer ses services, et non pas l'inverse. Alors pourquoi se préoccuper. Nerveusement il calla un chapeau melon sur sa tignasse brune, peignée et attachée avec soin comme à son habitude. On ne devait pas le reconnaître. Surtout en ce moment, avec tous ces journalistes de la Gazette qui rôdent toujours là où on s'y attend le moins.

Aurai-je au moins l'honneur de voir à qui je confie une pareille mission.

Il restait perplexe. Ce genre de méthode ne lui ressemblait pas du tout, mais il en avait longtemps discuté avec Candice, et ils avaient convenu tous deux que c'était le seul moyen pour le Département d'agir efficacement. Alors il ne lui avait pas fallu plus que quelques obscurs rencontres pour prendre contact avec le jeune homme.

D'un geste vif et d'une main nerveuse, il releva son col et plongea son menton, comme s'il cherchait à se cacher le mieux possible.
Enfin il aperçut la petite plaque qui indiquait la Blackhorn Street. Sans plus de ménagement, il quitta la Devons Road pour s'y engouffrer. Un banc sur sa droite, une vieille boutique d'épice au fond, un arbre mort juste en face, rien de tout cela ne lui convenait pour se réfugier. Alors lentement il s'approcha du petit muret qui bordait la route, et s'y adossa.

Ne vous faites pas attendre mon ami...

Invité

Londres en ces lieux entretenait un silence qui n’avait pas lieu d’être. Le bruit des passants, les voitures qui ronronnent, les boutiques qui ouvrent. Tout paraissait éloignés, et lointains. Même le souffle du vent provoquait davantage de remous dans ces rues que le réveil matinal du quartier marchand. L’endroit isolé et enveloppé par les brumes empêchait également de voir l’agitation réelle qui régnait pourtant vers Devons Road à quelques mètres de là.

La brume était somme toute assez banale. Grisâtre et malléable, on y voyait néanmoins des nappées plus foncées s’y déplacer, et se condenser lentement aux côtés du ministre. Un jeune homme aux allures de gentilhomme qui semblait cacher son identité et qui, aux dires d’Ethel, s’y prenait comme un pied…
Seul, il n’allait néanmoins pas le rester bien longtemps. Une silhouette, à même pas un mètre en face de lui, commençait déjà à se dessiner à même le brouillard. Non pas caché par celle-ci, mais bien issu d’elle, la forme n’avait pas de réelle consistance, si ce n’est ces yeux qui paraissaient blanc et profond. Rien de bien effrayant pourtant !!! Le regard hagard donnerait davantage l’idée d’un gag que celle d’une rencontre obscur, avec une personne issu de ce milieu…

Les traits d’Ethel Greatspirit se renforçaient donc sous les yeux d’Edward, et quiconque connaîtrait les quelques légendes qui courent sur lui devrait être apte à faire le lien avec cet esprit qui lui fait maintenant face.

Numenor.

Le bout de son index porté à la lèvre, Ethel scrutait, comme un gamin, la réaction d’Edward face à son encontre. La surprise et la suspicion se lisait clairement sur le visage du jeune ministre, aussi Ethel considéra qu’une légère présentation quand à sa nature ne serait pas de trop…

Je sais que tu es le ministre chargé du département de l’éducation. Edward Numenor.
J’ai entendu dire que tu refusais un déclin prématuré du monde magique, et…
Que pour cela, tu t’intéresses à mes services.

Je crois en ton sens de la justice et tes motivations, et si tu n’en parles à personne avant la fin de l’enquête, je t’aiderai et te donnerai régulièrement les informations que je récolterais sur cette affaire.

Son nom retentit faiblement tel un soufle échapé et deraisonné. Son origine...imperceptible regard perdu dans cette brume. Plus de doute, il était là, à ses côtés, et faisait son entrée dans les limites de son possible.

Les ragots disaient vrai! J'en suis presque déçu, je m'attendais à mieux, ou à autre chose au moins. Mais restons droit et juste. Il n'est pas la peine de se mettre plus en danger qu'on ne l'est déjà.

Etonnante vision...Ainsi vous vous avancez devant moi, sans gêne ni bienséance aucune. J'avoue être dérangé par tant de familiarité...

Mais qu'attendre de plus de la part d'un esprit errant?

Deux prunelles marquaient le visage du jeune homme, et seuls quelques bruits alentours retenaient encore Edward d'une chute quasi inévitable dans ce regard déconcertant. S'en défaire, le seul moyen pour lui de ne pas laisser la magie du spectre le frapper.

Ses intentions n'ont sûrement rien d'hostile, mais il a une certaine animalité dans les gestes que la verve contredit.

Etes-vous ce qu'on appelle couramment un génie des mots? Ou sont-ce juste mes sens qui m'abandonnent et me donnent l'inexacte impression que beaucoup de sagesse se renferme en vous?...

...Je n'attends pas plus de réponse que je ne vous en ai donné.

En tout cas, je suis bien Edward Numénor. Humble sorcier qui trace sa route au service des siens et de ceux qui se rallient à sa noble cause...Je n'estime pas être aussi juste que vous aimez à le dire, mais j'ai au moins le mérite de ne pas trahir ceux qui ne me trahissent pas en retour... L'homme est un être de parole, et en ce sens il ne peut que jurer...

...En osant vous rencontrer je me mets autant en danger que vous. Ma venue est fondée, quant à savoir si elle est bien-fondée, c'est autre chose, mais pour ma part, si j'en viens à quémander vos services, c'est qu'alors vous pouvez être assuré que jamais, Ohh grand jamais, votre nom ne sera ébruité ou rien même que prononcé.

Je suis un homme de foi.

Il n'était plus qu'à quelques centimètres du spectre et son agitation semblait avoir aussi bien gagné son esprit que son corps. Il avait ôté son chapeau pour mieux se présenter, et mieux assurer à son interlocuteur de toute son honnêteté.

Comment vous appelle-t-on?

Invité

Citer ses qualités lui faisait autant d’effet que d’entendre ses défauts, autant dire pas grand-chose. Mais il écoutait et c’est l’essentiel, car selon lui, toute chose est bonne à entendre…

Un homme de sagesse ?!

…………………

Pourquoi pas. C’est ce que pensent les gens qui me recherchent tout du moins.
Les ragots en ont décidé ainsi, et une vérité est bonne à entendre à chaque rumeur.
Mais je me fis rarement aux mots…

Je ne peux nier qu’ils me sont d’une grande aide…
…mais ce ne sont que des mots !!! Seul les actes comptent…

Certes, Ethel parlait bien. On pourrait facilement s’imaginer en fermant les yeux, faire face à un sage homme, ayant bien vécu et accompagnant son discours de l’aisance de ses deux bras. Mais la description qui s’en faisait était tout autre, c’est probablement le terme de statue qui le caractériserait le mieux. Une statue de mauvais goût…

Enfin, je ne me permettrai pas néanmoins de douter de ta bonne foi, du moins pas pour l’instant. Si je pensais le contraire pour une simple insuffisance de preuve, alors ça n’en finirait plus. En conséquence, te justifier maintenant de ton honnêteté ne t’apporterait rien, je me fais ma propre opinion des gens que je rencontre… Les seuls qui ont des choses à me dire sont ceux que je suspecte, car il ne tient qu’à eux de ne plus l’être.

Le ministre avait fais les derniers pas qui les séparés, et il lui demandait maintenant de s’identifier. Que pouvait il faire du nom d’un fantôme errant ? Selon Ethel s’était une perte de temps. Il était déjà rare que l’on ne le voie une fois. L’interpeller sans le qualifier aurait aussi bien put faire l’affaire…

Mon nom ?! Le plus communément. Ethel Lawspirit.
S’en ai un parmi tant d’autre, et je ne suis probablement pas le seul à m’être déclaré ainsi. Mais c’est ainsi que vous pourrez me pseunommer…

Allons à l’essentiel…

Maintenant que les présentations sont faites, si vous me disiez…
Pour résoudre quel cas ma venue en est elle venu à être nécessaire ?
Ethel commençait déjà à se ronger l’ongle de son pouce, les yeux frémissant d’excitation et un rictus presque perceptible aux coins des lèvres… Il attendait cette enquête depuis tellement longtemps. Une enfin digne d’intérêt. Du moins, il l’espérait…

Croit-il que je suis de ceux qui ne se fient qu'aux dires de la masse?

Allons donc petit fantôme, tu sembles bien présomptueux. Si tu n'étais pas intouchable, je te trancherais volontier la gorge pour oser défier mon entendement. Mais pour l'heure, j'ai un service à te demander.

Une mission de la plus haute importance...

Ses mots se perdent. Entre deux souffles il les place, alors même qu'ils ne parlent pas encore de faits. Les deux hommes se cantonnent aux mots, et la rhétorique se charge de les défier.

Je ne cherche pas à justifier telle ou telle qualité dont un homme de lettre devrait faire preuve, ni même à légitimer à tes yeux, l'honnêteté qui m'anime.

Parcque si j'ai affaire à toi c'est qu'il y a bien une part de perfidie en moi.

Edward se relève, quittant un instant son muret pour tourner le dos à son interlocuteur. Perdu dans ses pensées, il espère bien que le fantôme soit Legilimens et qu'il puisse distinguer quelques uns de ses mots, comme un échos que la rue se charge de transmettre.

Ne te fatigues pas, tu ne me cerneras pas. Car si tu tentes de comprendre ce que je suis, alors tu t'exposes au risque d'affronter un autre que moi, qui pourtant use du même nom et des mêmes traits.

Il se retourne alors, regagnant l'étroit muret qui lui servait de refuge. Et n'hésitant pas au passage à scruter le spectre qui plane à ses côtés, il le met au défi de demeurer impétueux. Grâce au ciel l'ombre ne renchérit pas, et mieux encore, elle plie à se présenter.

Ethel Lawspirit...Ce nom sonne à mes oreilles comme l'aphorisme pourrait le faire...Laisse-moi me rappeler...Tu es le fruit d'un mythe, une comptine que l'on chante, une fable que l'on raconte, ou bien même le fantasme d'un fou...

Suis-je ce fou?

Il arrive à s'aggacer lui même. Tant de viles paroles pour si peu de choses. Ethel semble d'ailleurs du même avis, puisque nerveusement il se met à se mutiler les doigts tout en implorant le bon Dieu de lui livrer enfin sa mission.

Vous me semblez si pressé que je m'en voudrais de vous faire attendre d'avantage Monsieur Lawspirit.
Voyez-vous je suis un homme d'Etat. J'aime à servir notre communauté et à faire toujours de mon mieux pour l'aider en retour. Mais ma position ne me permet guère de faire mener des investigations sérieuses...et mon département en souffre.

Une force tranquille, et des gestes toujours plus en accords avec les mots, Edward mène la danse comme il entendait bien le faire.

Invité

En 800 ans, la communauté n’a pas été capable de résoudre un réel problème auquel il est dut faire face. Que tu y arrives seul aurait été le comble de l’ironie. Mais les hommes d’Etats sont ainsi, ils sont vaniteux et cachent leur arrogance pour se montrer plus digne de confiance. Il aura quand même fallu 800 ans pour que l’un d’eux se décide à se bouger, et à faire confiance aux capacités d’un autre…

Des actes ! C’est bien la seule raison qui m’a poussé à me déplacer… Et à me montrer…
Mais ce que tu m’apprends ne m’apporte rien de nouveau, jeune ministre. Je suis déjà arrivé à cette conclusion, avant même notre rencontre…

Pour quelle autre raison m’aurais tu fais venir autrement ?! Me sous estimerais tu ?
A moins que tu ne cherches qu'à te jouer de moi ?

La patience du fantôme était à bout. Edward avait beau avoir senti son empressement, la raison de sa venue ne s’était pas plus éclairé. Mais pour qui se prenait ce Numenor ? Pensait il qu’avec l’éternité devant lui, un mort n’avait plus que du temps à perdre ? Crétin de Politicien…

Et si tu laissais tomber ton masque maintenant. Ce n’est pas à moi que tes belles paroles t’attireront les bonnes grâces. Que penses tu qu’un mort puisse t’offrir ?! Il est peut être un peu tôt, non, pour commencer à créer ta place dans le domaine de la non vie…

Sois honnête Numenor, que crois tu ? Que je sonde toutes les personnes que je côtoie ?
Que caches tu pour te sentir obliger de soigner autant les mots que tu emploies ?
Ne serais tu qu’un faible d’esprit ?

Qu’attends tu exactement ?! Que le monde s’effondre pendant que nous parlions…
A ce que je sache, tu ne m’as pas fais venir pour te réconforter dans tes rêves d’enfant… Alors un peu d’entrain, ce n’est pas le ministère ici !!! Je n’ai pas arrangé notre rencontre en cette heure de la journée, si c’est pour attendre que la brume se dissipe sous les rayons de midi.

Ethel s’était assis. Enfin, si on peut dire…
Il avait les genoux pliés, et planait à quelques mètres du sol afin de toujours garder le contact visuel au même niveau. Que ses paroles aient été sèches et lourdes de sens, n’avait changé en rien son air négligé. Le regard était à peine plus provocateur…

Vaniteux et arrogants...Ainsi donc ta vision des hommes de loi ne se réduit qu'à deux pauvres mots qui n'ont guère de sens lorsque ce sont tes lèvres qui les prononcent.

Je ne pense pas avoir jamais dit que j'avais toute confiance en vous Ethel. Mais au moins j'ose vous rencontrer. Vous semblez considérer cela comme un progrès d'ailleurs, mais n'est-ce pas plutôt une regression pour notre communauté. Rendez-vous compte! Je ne peux même plus compter sur le gouvernement pour enquêter sur un éminent sorcier, dont les occupations sont à éclaircir au plus vite.

Il le regarde toujours droit dans les yeux, et ne lui donne guère le droit de placer un mot.
Mais Ethel finit par le prendre lui même ce droit, et c'est avec beaucoup de lassitude et d'agacement dans la voix, qu'il vocifère contre Edward quelques vaines paroles.

Pauvre garçon. Tu ne comprendras donc jamais que l'immortel appétit du beau a toujours trouvé satisfaction. Si tu te souciais d'avantage de tes souvenirs, tu verrais quelle profonde harmonie régit tous les membres de l'histoire, et que, même dans les siècles qui nous paraissent les plus monstreux et plus fous, l'homme finit toujours par ressembler à ce qu'on voudrait qu'il soit.

Voilà pourquoi je resterais celui que je t'ai présenté. Et cela finira par te convenir car la dualité de mon verbe n'attend pas pour soumettre.

Il ne répond toujours pas aux injures du fantôme, et préfere bien plus attendre la suite de son discours. Ethel ne tarde d'ailleurs pas à lui dévoiler le reste, en livrant son ressenti, et toute la philosphie dont un être de son éspèce est capable.

Face à sa dernière homélie, Edward comprend que le mieux à faire est de feindre la compréhension et le ralliement, sans toutefois en arriver aux regrets.

Tes paroles ne sont pas si niaises que je le pensais, et je n'ai pas non plus toute la matinée devant moi à vrai dire...

...Toutefois, je ne comprends pas pourquoi tu acceptes de servir des hommes de mon éspèce, si nous t'insupportons à ce point. Tu sembles tellement ardent et impétueux que je peine à t'imaginer dans ce rôle hasardeux de limier.

Mais qu'importe? Tu te fiches éperdument de mon jugement, moi qui suis encore en vie...et toi qui est à demi-mort...n'est-ce pas étrange?
Que t'est-il arrivé pour que tu meures si jeune? La question ne m'avait pas interpellé jusque là, mais à présent que je te vois tel que tu l'as été et que tu l'es encore, cela m'inquiète.

Edward se rapproche alors du corps en lévitation. Du moins c'est ce qu'il croit faire, car il est difficile de distinguer par ce temps brumeux les contours d'Ethel.

Noxis Clymox...C'est elle ton enquête.

Invité

Ethel ne releva tout d’abord pas la remarque sur le fait qu’il se faisait engager par des gens qu’il n’appréciait pas, interpellé par la raison de sa venue…

Noxis Clymox…
Ca me dit quelque chose.

Pour une femme, elle a été promue rapidement au sein de Poudlard. Un seul évènement louche, post à sa carrière.
Elle a été arrêtée en juin 1996 si je me souviens bien, dans ce meurtre de masse
« L’incendie criminel de St Petersbourg »…

C’était étrange. Ethel ne retenait que ce qui l’intéressait, et tant que ça l’intéressait. Sa mémoire de huit cent ans devait à peine se résumer à cent vingt, cent trente années. Qu’il se souvienne d’un nom aussi futile que Noxis Clymox était incohérent…
Sa logique voulait qu’il rejoigne cette réminiscence à quelque chose dont il ait été plus concerné…

C’est ça.
J’ai travaillé sur cette affaire.
Donc c’est de elle qu’il s’agit. Mais j’avais conclu à une perte de contrôle de son pouvoir.
J’ai suffisamment enquêté dessus pour passer en dessous des 1% d’incertitude...
Un cas de légitime défense, le vrai coupable s’était enfui, mais l’embrasement ne m’avait pas permis d’aller plus loin…
Rien de suspect dans les mois qui ont suivis également.

Et ce serait donc elle le fruit corrompu dont est victime son département ?

Non.
J’en doute.
Noxis était bien trop moral pour que ce soit le cas.
Elle chercherait plutôt à résoudre ce problème.

Ethel raisonnait. C’est donc avec le silence pour compagnon qu’il laisse Edward seul à son sort. Certes, celui-ci pourrait continuer son discours, Ethel écoute. Mais il ne s’arrêtera pas tant que toutes les conclusions ne lui paraîtront pas établies…
Au pire, le jeune homme en prolongera la durée.

Elle est naïve.
Il ne serait pas étonnant qu’elle est fais une erreur.
Trop d’altruisme… Une faiblesse, alors ?
Est-ce sur cette faiblesse que tu veux que j’enquête, jeune ministre ?

Bien, je le ferais.

L’orbite de ses yeux qui s’étaient alors arrêtés jusque là, reprit son mouvement.
Dirigés vers Edward, ils attendaient sa réaction. Etrange quand on sait que celui-ci avait dû faire de même pendant deux bonnes minutes…

Avez-vous d’autre information à rajouter ?
La raison qui vous a poussé à douter d’elle ?

La moindre information, même la plus vide de sens, peut m’aider lors de cette enquête...

Finalement, Ethel ne répondra pas à la première remarque du jeune ministre. Elle fait déjà partie intégrante de ses années oubliées…

Romps ce silence petit fantôme!...Je n'aime guère être abandonné à mon propre sort, et encore moins lire cette réaction dénuée de sens sur ton visage blafard. Ce nom ne te dit-il vraiment rien? Pas un souvenir...pas un élément qui permettrait de discréditer ce que je crains...

Ethel semble toujours être ailleurs, ses yeux sont perdus dans le vide, et son corps flotte sans cesse dans les airs, sans se soucier un seul instant du trouble urbain.

J'aimerais quand même savoir si vous acceptez d'enquêter sur elle...Pour le moment vous n'avez rien dit.

De toute façon si tu n'es pas d'accord, je serai forcé de trouver le moyen de te faire garder le silence...Mieux vaut éviter d'en arriver aux mains, non?
Et puis je devrai arrêter là, car je ne suis même pas sûr de pouvoir te toucher.

Edward claque des doigts devant les orbites du spectre...Il va même jusqu'à le pointer de sa baguette pour qu'il réaparaisse sur le champ. Finalement ses yeux reprennent leur agitation folle.

Permettez-moi de vous le dire Ethel, votre manière de réflechir est un peu particulière...

"Avez-vous d’autre information à rajouter ?
La raison qui vous a poussé à douter d’elle ?"

Pourquoi devrais-je me justifier? Je n'ai aucun compte à te rendre...Par contre maintenant que tu es sous le secret, tu en as, des comptes à me rendre.

Si cela peut vous permettre d'avancer plus vite dans l'enquête...alors je vais passer à table.
Je tiens déjà à préciser que ma décision n'a pas été facile à prendre. Madame Clymox est une personne que je respecte énormément, et avec laquelle je suis appelé à coopérer encore longtemps...vous savez sans doute pourquoi je dis cela, mais je ne vous en toucherai pas un mot.

Toujours est-il que si j'en suis arrivé là, c'est parcque je ne connais quasiment rien d'elle, alors même qu'elle joue un rôle très important sur deux tableaux qui me concernent autant qu'elle: Poudlard et ...

Edward s'arrête un instant, se demandant s'il est utile ou non de parler à Ethel de l'Ordre...

...et donc je vous charge de m'apprendre tout d'elle. Je veux savoir si cette femme est aussi droite et juste que ce que tous les éminents sorciers prétendent. Je veux savoir si elle est à même de prendre un jour les rênes de l'école...N'hésitez pas à vous intéresser à sa famille. Je crois savoir qu'elle a un petit frère qui est à Poudlard. Attendez que je me souvienne...Eryan...Oui je crois que c'est ça...Eryan Clymox. Il a beau être studieux, son passé est encore plus trouble que celui de sa soeur.

Il s'arrête de nouveau, et prend le temps d'examiner la longue file de voitures qui avançent au ralenti non loin de l'endroit où ils se trouvent. Puis l'une d'entre elles klaxonne, et rammène Edward par la même occasion sur Terre.
Il fixe Ethel dans le fond des yeux, et parachève ce qu'il avait commencé.

J'ai oublié de préciser un détail qui a toute son importance. Ne vous avisez pas de toucher à un seul de ses cheveux...Car alors vous en payeriez le prix... Soyez-en certain!

Invité

J’ai l’habitude de réfléchir comme ça.
Si je réfléchissais comme tout le monde, mes capacités de déduction seraient réduites de moitié !

Une justification donnait comme elle le lui venait, et dont il n’attendait aucun commentaire.
Ethel n’aimait pas prendre part à des conversations dont l’intérêt n’était que peu certain. Il voulait avancer dans l’enquête, c’est tout ce qui l’intéressait, et tout ce qui l’amusait…

Son raisonnement fut donc repris assez abruptement…

Ca n’a pas de sens…
Si tu doutes de sa bonne foi au point de la faire suivre… Par moi ?!
Alors, tes beaux sentiments n’ont pas lieu d’être.

Mais ce n’est pas ça…
Si tu agis ainsi, c’est bien que l’origine du problème n’est pas là…
Tu ne doutes pas de ces idéologies, mais de sa capacité à faire les bons choix.
Je ne dois pas me tromper sur ce point là…

Mais, tu ne m’as rien dis à ce sujet. Tu ne veux pas me le dire ?

Vous coopérez avec elle, et pour longtemps d’après ce que vous dites…
Vous la respectez ?!
Non.
Vous tenez à sa vie…
… c’est plus que du respect…

Vous êtes sûrement proche l’un de l’autre.
En ce cas, vous a-t-elle fait confidence, vous a-t-elle dis quelque chose qui vous a inquiété ?
Non. Pour que vous la faite suivre, je dirais même qu’elle vous a affolé.

Une chose qui se serait passé à Poudlard ?
Non. Il n’y a rien de mystérieux en son sein, c’est juste une école.
Ou alors, c’est que les choses ont bien changé depuis mes études dans cette académie.
Tu m’as parlé de deux tableaux qui vous concernent à tout les deux.
Quel est l’autre ? L’as tu volontairement oublié ?

Vous m’avez parlé de deux domaines dans lesquelles vous travailliez Noxis et vous…
Mais vous semblez avoir négligé l’un des deux ? Lequel est il ?
Pas de manières, ni de pincettes, c'est la manière de faire d'Ethel...

Voilà qui devrait clarifier un peu les choses…
S’il ment, ou s’il voile son information alors je sens que je m’approcherais du nœud du problème.

Il m’a parlé d’Eryan aussi ?! Serait il au courant d’une chose si peu révélatrice…
C’est possible.
Peu probable... mais possible.
Elle en a parlé à un ami, pourquoi pas à un membre de la famille…
Son petit frère qui plus est.

Mais je ne sais rien de lui ?!
A l’époque, elle était fille unique, et déjà âgée…
Son frère a un passé trouble, est ce que ça en expliquerait la raison ?

Et à quel poste de poudlard a-t-il donc été assigné, ce soi disant petit frère ?!
Aucun lien entre les questions, Ethel passe du coq à l’âne. Du moins en apparence, puisque la réflexion s’est faite dans son esprit.
C’est toujours plus réconfortant que de le voir sans réaction.

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