Par mon blason devient ma main -(PV Erell)-

-C'est ainsi ? Toujours nous nous battrons ?

C'est comme un éclair, un ultime flash.
Mais au lieu de vous alourdir, de vous sentir mouvant dans la terre glaise, vous décollez dans les airs à travers le temps et l'espace. Et à toute vitesse entre les étoiles, rien n'a plus d'importance. Je suis mort il y a peu, et, je le sais, je le sens, je ne reviendrai pas. Cela veut-il dire pour autant que la fin de mon histoire est venue ? Au loin de là. Car quelque part, je subsiste, emprunt de l'envie d'exister, déchiré par la verve de la vengeance. Je n'aspire qu'à une chose, le détruire, comme il m'a détruit. Mais je ne peux plus agir moi même. Désormais, ce n'est plus mon combat. A tous, c'est le leur. Mais qui connaîtra assez le mal pour l'avoir regardé dans les yeux, sans se laisser envoûter par ses charmes ? Qui dans une extrême robustesse lui aura tourné le dos au péril de sa vie ? J'ignore ce qui m'attend plus au delà de ces contrées lointaines que j'ai déjà visité. Je suis bercé de lumière, dans un monde sans consistance, dans lequel des château planent sur des nuages blancs, ou la neige n'est jamais froide et le soleil juste assez chaud. On me murmure des choses sans cesse mais on ne me parle pas. Ici je suis un amant, un parent, un ancien, un mort. Un ange qui à cause de ses ailes ne doit plus retourner sur terre. Pourtant, hier, quand j'ai passé les portes des cieux, une mission, une ultime mission m'a été confiée.

-Tourne toi ...

Murmurais-je à la jeune femme.
Je voulais voir son visage, car c'était elle. La seule. J'avais de mon vivant fait bien des bêtises, mais sous le regard hébété de tous, j'avais fomenté mon plan. Préparé la suite, car je savais qu'il y en aurait une. Chaque objet que j'avais touché, chaque chose que j'avais déplacé de façon aussi anodine que sans importance. Cette fin de journée, ce couché de soleil sur la tour des Gryffondor, tout se dévoilait enfin. Elle pouvait entendre mon murmure, sentir la chaleur de mon souffle sur sa nuque. Mais lorsqu'elle se tournait, je n'étais pas derrière elle.

-Ici ...

Je murmurais encore.
Elle devait s'orienter au son de ma voix. L'âtre de la cheminée grondante d'un feu dévastateur ? Ou les nombreux tableaux de la salle commune ? Seulement un miroir, recouvert d'un drap de velours rouge. Je l'avais placé là, il y a longtemps de ça. Mais va-t-elle se retourner, va-t-elle enfin me trouver ? Allons nous discuter. Je suis anxieux. Mais j'ai une mission à accomplir. C'est elle ... Qui devra porter une responsabilité. C'est elle, qui je l'ai décidé, devra délivrer un message à ma promise. C'est elle, qui sans le savoir avant, va jouer un rôle décisif. James va revenir, il touche au but, je le sens. Et je ne peux rien faire pour l'en empêcher. Mais Erell ... Elle le peut. Elle doit s'opposer à lui, empêcher le chaos de revenir. Mais elle peut aussi refuser. Prenant le risque de semer alors désolation et meurtre sur l'école déjà mal en point. Entends moi Erell, vient jusqu'à moi, je suis ici ...

-S'il te plait ...

Je m'en veux de ne paraître que pour parler conspiration.
Ce monde est encore bien noir, quelqu'un doit y enfoncer l'aiguille de la lumière. Surprendre l'ombre et ses sbires pour longtemps. Crier mon nom oublié dans la nuit pour ramener le jour. James n'était pas seul, chacun de ses alliés, des gens qu'il a touché, tous sont coupables, tous m'ont tué. Comment pouvait-on en pardonner certains ? Mais la justice doit être exemplaire. Je veux les mener sur la paix, sans que le sang ne soit versé. Pourtant, il risque de falloir y venir. Car certains résisteront. Les autres, malgré eux, devront être enfermés pour ne pas prolonger leurs méfaits. Mais le comprendra-t-elle ? Le sens de la justice n'est il pas son abord, la chose qu'elle comprend le mieux ? Je sais qu'elle peut m'aider. Mais le voudra-t-elle ? Je l'implore encore, la guide jusqu'à moi ...

-Erell !

Je ne suis qu'un sentiment qui lui octroie le coeur.
Une sensation de mal être intense pourtant dirigée par une paix sans borne. Mon pouvoir de lumière surpasse désormais tous les leurs, j'éclair la salle par delà le miroir, elle sent de la chaleur en ma direction. J'aspire à voir sa main saisir le drap, le tirer d'un coup sec, pouvoir plonger mon regard dans le sien pour lui faire partager la sincérité de mon coeur. Je veux les sauver, je dois y arriver ... Mais les sourds prennent des risques inconsidérés. Je ne pense pas qu'elle soit sourde. D'ailleurs, la voilà, je sens qu'elle approche. J'ignore comment ni pourquoi, mais je suis "connecté" à elle, comme à chaque membres de ma maison. Je ne fais qu'un, en chacun d'eux. Je fus leur guide, de mon vivant, je continuerai à l'être. Une étoile qui brille dans le ciel, un dernier espoir vers lequel ils pourront lever les yeux. Quant à James le maudit, je le hanterai toute sa vie. Jusqu'à la fin des temps nous serons deux, pour l'éternité, face à eux. Certains nous suivront, d'autres non. Ô Erell, cesse de me faire attendre ... Je suis là, j'ai un important message à te délivrer. S'il te plait, ouvre moi la porte. Laisse la ouverte un instant, saisis toi de mes mots et si tu le veux, accomplis ta mission.

-Je suis heureux de te voir.

Était-ce son cœur qui s’emballait ainsi ? Était-ce le vent qui hurlait à ses oreilles, qui tambourinait ainsi sur ses tympans ? Ou était-ce son sang qui s’amusait à circuler plus vite que d’habitude ? Les battements de son cœur, irréguliers, rapides, douloureux dans sa poitrine résonnaient à ses oreilles comme le son d’un glas résonne aux oreilles des endeuillés.

Elle se tenait droite, ne bougeait pas d’un pouce quand les rafales de vent se brisaient sur son corps, son regard ne cillait pas, il restait fixé sur la forêt. Debout sur les marches, la cape et les cheveux s’agitant derrière elle, la respiration plus ou moins erratique, elle ne cessait d’inspecter le paysage. Les nuages noirs qui s’avançaient rapidement cachaient presque le soleil qui ne tarderait sûrement pas à entamer sa descente pour la nuit. Elle ne rentra pas lorsqu’une fine bruine se mit à tomber sur le parc. Elle ne souhaitait pas rentrer. Il lui manquait un élément, quelque chose, un infime détail, insaisissable, qui rendait la compréhension de toute cette histoire impossible.

Pourquoi vous ? Comment ? A quelle fin ?

Elle resta longtemps comme cela, le vent jouant avec ses cheveux qui n’auraient plus cette forme lisse qu’elle aimait leur donner, ces derniers temps. Mais qu’importe. Son regard fouilla le ciel, le parc, et la forêt, mais rien ne lui vint. Pas de réponses, pas d’indices. Juste le vide. La sensation que quelque chose d’important vous échappe, alors qu’elle est primordiale.

La pluie commença alors à mouiller en abondance son visage, ses vêtements, les dalles de l’escalier. L’odeur de l’herbe fraichement tondue puis humidifiée lui arriva aux narines. Erell aimait cette odeur. Ce parfum tout simple, tellement naturel, lui rappelait sa Bretagne, son enfance, ses joies, ses éclats de rires, ses courses effrénées dans le parc qui borde la maison.

Levant son visage vers le ciel, fermant les yeux, Erell offrit au ciel ses traits, son corps tout entier. Déjà, ses vêtements collaient à sa peau et ses cheveux à son visage. Ecartant les bras, elle tournoya un instant sur elle-même, avant de s’arrêter brusquement. Pourquoi faisait-elle cela ?

Pourquoi tu te poses ce genre de questions aussi ? Fille stupide…

La jeune fille jeta un dernier coup d’œil à la forêt, embrassa du regard le ciel sombre, puis tourna les talons en direction de son dortoir. Elle était trempée de la tête aux pieds, ses cheveux gouttaient sur son passage, ruisselants également dans son dos, créant des sillons glacée sur sa peau déjà froide. Les élèves la regardaient avec insistance, la désignant parfois du doigts, impolis qu’ils étaient. Mais après tout, elle devait ressembler à un épouvantail, les cheveux désordonnés et mouillés, les vêtements trempés et collants, le peu de maquillage qu’elle mettait, c’est-à-dire un peu de khôl, avait très probablement coulé. Grimaçant en imaginant à quoi pouvait elle bien ressembler, Erell pressa le pas. Arrivant en trombe dans sa salle commune, elle s’arrêta net près de fauteuils. La salle était vide, personne n’était assis devant la cheminé, personne n’étudiait à la table, personne non plus ne jouait aux échecs. C’était désert.

Mais où sont-ils ? Il n’y a pourtant rien de prévu…

Grimpant quatre à quatre les marches de l’escalier en pierre, elle ouvrit la porte du dortoir sans grande délicatesse. Là aussi, aucune trace d’une quelconque activité humaine. Ou animale. Soupirant, Erell ouvrit sa valise, sortant de cette dernière un jean, un t-shirt et un gilet. Malgré la saison supposée estivale, le temps était maussade, l’air frai et parfois même froid. Après un rapide passage sous la douche, Erell se coiffa d’un chignon bas, négligé en quelque sorte. Puis elle regagna la salle commune à nouveau. Rien n’avait changé, pourtant. Sauf peut-être le temps. Les nuages s’étaient dirigés vers le Nord, laissant le soleil baigner les alentours de ses dernières lueurs rougeoyantes.

Et puis cela commença. Cette drôle de sensation au fond d’elle. Et la voix. Maintes fois entendue, maintes fois repoussée, même si celle-ci semblait différente. Cette fois là encore, Erell chercha d’abord à faire semblant qu’elle n’existait pas. Il n’y avait rien dans la salle, elle était la seule ici présente, il ne pouvait y avoir de voix. Secouant la tête, Erell sentit quelque chose dans sa nuque. Comme un souffle. Se pourrait-il que quelqu’un soit entré sans qu’elle sans rende compte ? Se retournant vivement, elle découvrit le vide. Pourtant elle avait sentit une respiration dans son dos.

Il n’y a rien, Erell. Tu le sais. Il n’y a pas de voix, pas de souffle, tu es seule dans cette pièce. Tu te fais des films, c’est dans ta tête tout ça. Tu sais, tu es folle… Tout ça, tout ce que tu imagines, ce que tu crois entendre, c’est ton cerveau détraqué qui te le fait croire. Regarde autour de toi ! C’est désert, vide ! Nada !

Et cette voix qui l’appelait, c’était pire que de la torture. Elle cherchait à se persuader qu’elle délirait, mais cette voix, elle semblait vrai, chaleureuse, et non manipulatrice. Secouant la tête, Erell s’assit sur le canapé, les yeux rivés sur le feu.

- Je t’en supplies, qui que tu sois, tais toi …

Cependant, curieusement, elle tendit l'oreille et écouta. Se concentra pour ôter tout les bruits parasites. La porte qui claque à cause du courant d’air, les oiseaux qui piaillent au dehors, le feu qui crépite et les bûches qui craquent. Plus rien n’avait d’importance. Seul le mal être qu’elle éprouvait lui faisait quelque chose, et puis la voix. Elle n’était pas dans sa tête, finalement. Non, elle était réelle, là, dans cette pièce. Personne de visible ne parlait, mais l’invisible, l’immatériel ? Se pouvait-il que quelque chose d’invisible lui parle ?

Parles, parles encore !

Et il parla encore. Un garçon, c’était un garçon qui lui parlait. Erell pouvait donc dire définitivement et avec une absolue certitude que ce n’était pas le fruit de son cerveau détraqué. Se levant et essayent de se guider aux paroles de l’inconnu, la jeune fille tourna un moment sur elle-même, perdue. Où aller ? Vers la sortie, vers l’escalier qui mène aux dortoirs ? Expirant longuement, pour calmer son cœur, et rétablir sa respiration, Erell s’arrêta en face du miroir.

Et si … Si tu étais caché sous le drap pour me faire peur … Tu vas être démasqué, le jeu est fini. Game over mon garçon.

Et d’un mouvement du poignet, elle ôta le drap. Ce qu’elle ressentit alors ne peut-être décrit. Un mélange de stupeur, de joie mais surtout de peur. Sous ce flux d’émotions, elle lâcha le tissu et sa bouche s’entrouvrit. La Gryffondor ferma les yeux et secoua la tête, pour chasser cette vue impossible. Il était mort. Définitivement, il ne pouvait pas revenir. Jimy Raven avait quitté ce monde, il n’était pas en face d’elle, c’était tout bonnement impossible à concevoir. Et pourtant, il lui adressa la parole, la faisant blêmir plus encore.

- Non … Non, c’est impossible, vous êtes mort. Vous ne pouvez pas être là, partez. Allez vous-en, vous êtes décédé ! Vous êtes conscient de ça au moins ? Vous ne devriez pas être ici, on a déclaré vôtre mort, il y a un garçon accusé de cela … Non … Non. C’est juste un rêve, vous ne pouvez pas être ici.

Se prenant la tête entre les mains, Erell commença à reculer, puis à se détourner complètement du miroir et de ce qu’elle y voyait. Son préfet n’était pas en face d’elle, il ne lui adressait pas la parole, il était juste … Un macchabée. Ses pieds fonctionnaient tout seuls, lui faisant faire les cents pas en se massant les tempes. Revenant devant le fantôme, elle se campa là, poings sur les hanches.

- Non, mais, qu’est-ce que vous faites ici ? On vous a donné la chance de partir pour un monde meilleur, pourquoi vous êtes encore ici ? Ce monde est pourri jusqu’à la moelle, il n’y a plus d’espoir, plus de réel espoir ! Vous êtes mort et les gens ont perdus espoir ! Vous ne laissez rien à l’Armée de Dumbledore ! Ils sont seuls, ils ont perdus leur leader ! Nous avons perdu notre préfet, une légende, un modèle, et pour certains un ami… Si déjà vous nous quitté comme cela, partez définitivement, qu’on puisse se reconstruire sans vous. Il parait que l’au-delà, c’est beau, c’est blanc, tout est beau, alors allez-y, rejoignez la lumière !

Non pas qu’elle ne soit pas contente de le voir, mais cela lui semblait incongru. Son corps avait cesser de fonctionner, mais il était toujours là, dans le monde des vivants, à lui parler … Si elle ne comprenait pas comment se faisait-il que Jimy Raven soit encore ici, la question du pourquoi n’était pas plus claire non plus dans sa tête. Même si elle lui en voulait, elle ne pouvait se résoudre à lui reprocher trop amèrement le fait de les avoir quittés. Il n’y pouvait sûrement rien. Son corps l’avait lâché, surement à son insu. Et puis il était là. C’était tout de même bon de sa part de revenir dans un monde noir alors qu’il pouvait vivre d’ores et déjà vivre dans un monde de lumière. Puis, en soupirant tristement, elle ôta ses mains de ses hanches et lui adressa un sourire.

- Je suis heureuse de vous voir moi aussi. Pourquoi êtes vous ici ? Puis-je vous aider ?

Vous nous avez manqué, Jimy Raven … Préfet, leader. Légende vivante.

Elle était amusante.
Jimy aima bien la voir déambuler, se tordre l'esprit dans tous les sens pour se convaincre qu'il n'était pas là. Sa singularité lui avait toujours fait honneur. La jeune femme semblait sortir de la douche, un peu humide sur les bords. Jimy tourna les yeux vers les fenêtres, se rendant compte que la météo n'était pas parfaite. Mais qui se préoccupait du temps par des heures si sombres ? Le jeune Raven plongea son regard directement dans celui de la jeune femme, sondant son esprit. Il n'avait pas voulu lui faire peur, bien au contraire. Et lorsqu'elle se força à sourire, le jeune Gryffondor se sentit empli de bienveillance. Son visage était bien plus beau ainsi. Il était criminel de lui retirer cet air si parfait qui trônait à présent sur elle. Elle avait été blessée par les événements, c'était une évidence.

-Tu es si belle quand tu souries, pourquoi avoir l'air si sombre aussi souvent ? Les gens de ma maison se doivent d'avoir la force de ne jamais baisser les yeux. Nous sommes des Gryffondors, les plus forts, les plus robustes. Nous avons vécus, nous nous sommes étalés mais toujours relevés. Tu connais la chanson ...

Susurra Jimy avec une lueur nouvelle dans le regard.
Il pensa à la lumière, à ce monde merveilleux duquel elle pensait qu'il ne lui parlait pas. La vérité, c'est qu'il s'y trouvait, précisément à cet instant. De l'autre côté du miroir, Erell put entrevoir les rayons puissants d'un soleil sans défaut, inonder le lit de nuage sur lequel reposait Jimy d'une lumière pure, plus pure que tout ce qu'il eut jadis connu. Qu'elle même ne pouvait encore connaître. Lui souriant à son tour, Raven se consola néanmoins. Il ne devait pas culpabiliser d'être ici, de les avoir laissé derrière lui. Car c'était faux, il était là, leur préfet, leur guide, jamais il ne les abandonnerait. Elle voulait des réponses ? C'est précisément ce qu'il allait lui offrir, lui révélant s'il le fallait comment braver toutes les serrures la menant jusqu'à lui. Car la vérité qu'il allait souffler ternirait bien l'état parfait de son séjour, comme l'air de la salle commune. Derrière Erell, le feu crépitant s'éteignit aussitôt, d'un seul souffle ... Jimy était mort. Le préfet, mais avant tout le fils du feu. Peu à peu, son élément était en train de disparaître, tout comme lui. Et si le feu puissant de la cheminée s'était éteint, cela signifiait que le processus était bien plus avancé qu'il ne l'aurait cru. Le préfet de Gryffondor sembla alors paniqué, inquiet à l'excès, pris de torpeur. Il engagea un discours formulé plus rapidement, concis, et clair.

-Si tu ne fais rien, Erell, peu à peu, les flammes du monde entier vont se dissoudre, s'éteindre. Et avec elles, bien des vies vont disparaître. Je resterai mort, à jamais. Tel que tu me vois en tout cas. Mais je peux renaître ! Quelque part, le feu de mon coeur brûle encore. Je peux renaître, vous pouvez me faire revenir à vous. Tu sais ... Je ne suis pas un être humain. Seulement une clé vers un plan qui se sépare du vôtre. Vous pouvez me donner une nouvelle chance, offrir à mon corps un nouveau souffle de vie, mais il faut faire vite ! James ... Il se bat lui aussi pour revenir, il est plus puissant que jamais et il vous écrasera si je ne suis pas de retour avant lui !

Puis Jimy baissa les yeux.

-Sans parler de ses fidèles à la dévotion sans bornes. Corwin, Caleb, Nowlee ... Tous le suivront, ils sont forts, prêts à tout. C'est eux qui m'ont vaincu, à mon insu. Ils ont poussés James à me sacrifier, au péril de sa propre vie. Dieu seul sait de quoi ils sont capables. Erell, mesure tu la peine que j'ai éprouvé de voir de là haut mon assassin rôder dans les mêmes lieux que l'amour de ma vie et ... de ma ... Descendance ... S'il te plait Erell, il faut que tu parles à Djaniah pour moi. Et quand ce sera fait, il faut que tu remplisses une mission, de la plus haute importance ! Je n'y arriverai pas sans toi. Je suis de l'autre côté ... Tu pourras toujours me demander conseil auprès de ce miroir, je te le promet. Mais ne viens à moi que pour les choses importantes, je ne peux apparaître pour autre chose.

Puis il comprit qu'il était temps de tout dévoiler.
Car il supposa qu'elle ne pourrait plus attendre. Mais tout ce bruit d'un coup, le jeune homme craignait aussi de la voir tourner de l'oeil trop vite. Il inspira profondément, se concentrant sur son regard à nouveau pour la capter, la tenir à lui aussi longtemps qu'il lui parlerait, avec force. Elle ne se sentait pas faible, paradoxalement à l'aise, bien au contraire. Jimy n'allait pas mâcher ses mots, il allait déployer le sort de façon claire et déterminée, sans faillir à mi chemin. Et il ne dirait les choses qu'une seule bonne fois.

-L'ombre s'étend en mon absence. Bientôt, vous ne verrez plus que la lueur de la lune pâle si vous ne faites rien. Un réseau maléfique se développe dans les profondeurs de Poudlard. Tu le sais, tu les a rencontré une fois.

Et à ces paroles, des flashs, de puissantes images vinrent frapper Erell au visage. Elle pouvait voir James se débattant à discourir, la passion de Caleb, suivant son mentor sans broncher. La façon dont ils avaient presque réussis ensemble à la faire faillir. Et plus encore. Elle put voir dans sa tête les images de chacun des recrutements, de l'étendue de leur ressource. Jimy ne lui épargna rien.

-Tu comprends à quel point le sort en est jeté. Si vous ne réagissez pas, vous allez devoir le servir vous aussi, ou mourir. Poudlard ne saurait tomber aux griffes du démon, pas plus que l'armée de nôtre directeur. Erell, Djaniah Lebrec, la préfète des Serdaigle est guidée par Dumbledore sur mes pas. Mais elle ne trouvera rien là où il l'envoie. Va jusqu'à elle, rends toi à l'infirmerie aussi vite que tu le pourras. Une fois là bas, tu trouveras mon aimée et sans une seule crainte, tu lui retranscriras mes mots, tu lui diras qu'elle doit ignorer les frontières, gravir les escaliers sans peur et gagner les terres de mon commencement. Que là bas, elle sentira le souffle léger de mon essence et que par son coeur, elle devra suivre ma trace, sans ciller. Que lorsqu'enfin elle sera face à ma mort, aucune larme ne sera de trop pour me ramener. Elle devra partir avec celle qui n'ignore rien des plans et son mentor, également protecteur, l'homme qui de toutes les terres, n'en connaît aucune mieux que la mienne. Si tu lui dis tout ceci, assures toi qu'elle s'en aille dans les plus brefs délais. Si elle le fait, alors tu auras peut être un espoir de sauver les nôtres ...

Jimy fixa Erell, toujours de ce même regard.

-Ne tombes pas encore, restes avec moi. Respires bien. Car il y a encore une chose qu'il te faudra faire. Quand tu en auras fini avec Djaniah, rends toi à l'AD, réunit la en mon nom. Quand tous seront là, adresses toi à eux, implore Jinx Rowel de t'aider à ce qu'ils t'écoutent. Dis leur que le premier round est proche. Que s'ils ne s'interposent pas, l'espoir va mourir à jamais. Dis leur pour moi que la lumière naît de l'ombre la plus tenace et qu'ils ne doivent pas avoir peur. Car quand tout semblera perdu, j'apparaîtrais pour vous sauver. Réunies les miens pour moi, soyez dans l'aile Nord de Poudlard, celle qui de toutes est la plus sombre et attendez le signal ... Dans une semaine précisément, pas une minute de plus, à partir de maintenant.

Le préfet sentait pourtant qu'il en disait trop, sans en dire non plus assez.
Fixant Erell, toujours la fixant, il craignait de la voir alors tomber en arrière. Il craignait, mais peut être que rien ne se produirait. Il savait seulement la force des mots qu'il venait de lâcher, telle une bombe sur une montagne d'ignorance. La neutralité, une chose qui allait se perdre à Poudlard, car il faudrait choisir un camp pour survivre. Il était temps pour elle d'adopter le sien. Jimy avança, apposant timidement une main sur la vitre du miroir. Il déplaça alors vaguement son regard sur ses doigts. Il l'invitait à poser la sienne dessus.

-Par mon blason Erell Bowen, je t'en conjure, deviens ma main.

Désormais elle avait le choix.
Poser sa main sur la sienne, s'enquérir de sa force et accepter sa mission. Ou renoncer ... Et fuir pour ne pas mourir. Mais elle était de Gryffondor, la maison de ceux qui jamais ne dorment, dont la foi et le courage sont d'or. Elle ne pouvait le déshonorer. Les trahir tous ...

- Pourquoi avoir l’air si sombre aussi souvent ? Pourquoi ne dîtes vous pas que j’ai une mine sombre tout le temps, ce qui est bien plus vrai ? Je connais la chanson, jeune Monsieur Raven, je la connais très bien. Si vous allez à Gryffondor, vous rejoindrez les courageux, les plus hardis et les plus forts…

Elle le regardait, sans ciller. Le fait qu’il soit mort et qu’il soit avec elle ne la dérangeait pas plus que cela, finalement. La lumière qui le baignait était pure, plaisante à observer, bien qu’un peu trop vive pour être fixée avec intensité. Le son du feu résonnait dans la salle, mais l’instant d’après, il n’y eu plus la mélodie des bûches qui craquent, et du feu qui les consume. Erell tourna la tête vivement, et contempla l’âtre vide. Le feu s’était éteint d’un seul coup. Revenant au mort, la jeune fille constata, non sans surprise, qu’il était inquiet. Voir très inquiet. A cause d’un feu éteint ? Non, pas à cause d’un feu éteint. Erell ne comprenait pas tout, ou plutôt, elle ne voulait pas comprendre. Pourquoi était-ce à elle qu’il disait tout cela ? L’avait-il dit à quelqu’un d’autre, de son vivant peut-être ? Elle n’était pas une amie, pas quelqu’un de proche à ce garçon … Alors pourquoi elle ? Pourquoi lui mettre ce fardeau entre les mains ?

- Si ils redonnent à votre corps un souffle de vie, qu’est-ce qu’il adviendra de vous ? Vous ne ressusciterez pas, n’est-ce pas ? Jamais … Jamais plus …

Le mot qui frappa Erell de plein fouet fut celui de descendance. Jimy Raven avait engendré la vie ? Quand ? Aucune fille de cette école n’avait eu un beau ventre rond ces neuf derniers mois, et de toute façon, garder une grossesse cachée dans cette école relevait tout simplement du défi, impossible à réaliser. Secouant la tête, la bretonne se concentra à nouveau sur lui. Plongeant son regard dans le sien, elle écouta sans un mot ce qu’il lui disait, sans réaction aucune. Sauf peut-être ce léger tremblement à l’évocation de sa rencontre avec l’Armée des Ténèbres. Une légère grimace se peignit sur son visage, et les images lui revinrent par vague, l’engloutissant totalement.

Flash Back

Elle marche dans la bibliothèque, intriguée. Qui est là, avec elle, dans cette pièce ? La réserve…

Le double. Caleb. La discussion. Sa trahison. Ses regrets.

Fin du Flash Back

Alors qu’elle avait à peine eu le temps de revenir d’entre ses souvenirs que déjà, d’autres la replongeaient dans les tréfonds de sa mémoire. Dans sa tête, elle voyait, impuissante ce qu’elle avait fait. Sa venue au rendez-vous, puis son choix de faire demi-tour. Sa cavalcade jusqu’au dortoir où elle y avait versé maintes larmes dans un lit qui n’était pas le sien.

Flash Back

Elle pleura longtemps. Nul ne sait combien de temps, mais ses pleurs se mêlaient aux plaintes rauques qui s’échappaient de sa gorge en feu. Ses yeux rouges, sa vue brouillée, ses joues salies par les larmes et le khôl, son corps transformé en poupée de chiffon … Un hurlement resta coincé dans sa gorge, se muant peu un peu en sanglot. Lorsque ce dernier éclata, il envahit la pièce et y résonna pendant des longs instants. Se recroquevillant en position fœtus, elle posa ses mains sur ses oreilles, pour atténuer le bruits de ses propres pleurs, puis continua à sangloter, un drap remonté jusqu’à sa tête pour la recouvrir.

Erell .. Qu’as-tu fais ?

Fin du Flash Back

La gorge nouée, les yeux bordés de larmes, Erell replongea ses prunelles humides dans celles de Jimy. Elle était prête à affronter son passé, à assumer ses actes. Il n’avait pas été tendre avec elle, rajoutant une couche d’images là où ce n’était pas nécessaire. Mais tant qu’à l’achever, qu’il le fasse tout de suite, qu’elle n’ai plus l’occasion de se morfondre sur ses choix et ses actions. Inspirant profondément, Erell serra les poings et but les paroles de Jimy. S’il fallait qu’elle les retienne là tout de suite, sans autre choix que de les savoir dans la minute et sans pouvoir demander de répéter, autant être prête.

Jimy … Ce que tu me demandes … Non … Je ne peux pas …

Le cœur serré, elle s’efforça de faire ce qu’il lui demandait. Respirer. A ce stade de la conversation, respirer semblait aussi facile à Erell que de gravir une montagne. Autant dire que c’était compliqué. Comment devait-elle faire déjà ? Actionner ses poumons. Fermant les yeux, la jeune Bowen inspira un grand coup, l’air rentrant avec violence dans ses poumons. Elle se retint de ne pas se mettre à tousser, mais elle avait l’impression qu’elle n’avait pas fait cette action depuis des décennies.

Elle regarda un instant sa main posé sur la vitre. Chancelant en arrière, Erell finit pas s’agripper au dossier du canapé et se pencha en avant pour reprendre son souffle. Tout s’emmêlait dans son cerveau, créant des nœuds, tout s’embrouillait, se mélangeait. Plus rien n’avait de sens.

Si, Erell. Tu peux. Si tu ne le fais pas pour toi, fais le pour sa mémoire, pour qu’il ne soit jamais oublié. Non … Je … C’est… Raaaaaaaaaaaah !

Fermant les yeux, plaquant ses mains sur ses oreilles, elle se laissa glisser le long du dos du canapé, avant de poser sa tête sur ses genoux. Elle eu l’impression fugace qu’une porte s’ouvrait à elle, mais ce n’était pas le cas. Personne ne l’avait gardée entrouverte, les battants s’étaient refermés. Avec violence. Elle pourrait pousser sur eux comme elle pourrait, ils ne s’ouvriraient pas. Elle expira longuement, avant de lancer un regard au jeune homme. Regard différent. Se levant, elle se dirigea vers lui, lentement, avec calme. Plus de conflit intérieur. Passant le bout de ses doigts meurtris sur le miroir, elle jugea la pièce du regard. Chaude, chaleureuse, à l’image des Gryffondor.

Sa respiration s’apaisa, et ses prunelles brunes se plantèrent dans celles, bleues saphirs, de son interlocuteur. Une certitude absolue guida son esprit jusqu’à la réponse qu’elle offrit à Jimy Raven. Elle n’avait pas peur, bien au contraire, elle était sereine, apaisée. Sûre d’elle.

Une réponse qui n’offrait aucune alternative.

Une unique réponse.

- Et si je refuse ?

-Si tu refuses ?

Un instant de silence.
Jimy la regarda par en dessous, levant des yeux expressifs à l'excès vers elle. Voulait-elle être torturée plus encore par les images de ce qui l'attendrait si elle refusait ? Si c'était là ce qu'elle voulait, il pouvait le faire. Désormais, il était un esprit, une étoile, sa vision du monde était bien plus vaste que la sienne. Jimy se garda de répondre immédiatement, laissant les secondes défiler, fixant Erell bien attentivement, grinçant des dents, la lèvre inférieure pour le moins tremblante. Ah elle voulait savoir ... Erell voulait mesurer les risques d'un refus ? C'est vraiment ce qu'elle voulait ? Si tel était son désir.

-Tu meurs.

Il dit simplement ces deux mots.
Uniques, mais clairs. Pouvait-elle l'ignorer ? Serait-elle passablement insensible jusqu'à risquer sa propre mort ? Où se pensait-elle indigne au point de la mériter ? Mais il ne s'était pas trompé. Il s'adressait à elle, comme à une consoeur. Le choixpeau hésite parfois, mais il fait toujours le bon choix. C'est une Gryffondor. Elle a un devoir envers sa maison et envers son école. Elle a fuis une fois, c'est parce qu'elle goûta à l'amertume d'un abandon brutal et grotesque qu'il savait qu'elle ne voudrait pas revivre une telle expérience. A moins qu'elle ait aimé ça ? Mais plus encore. Jimy se souvenait de James s'adressant à elle, comme si il y avait été. Il voyait encore cette flamme spéciale qu'elle renfermait. Et sa main. Jimy gardait la paume collée au miroir. Elle devait la poser sur la sienne, il le fallait ! Et il se le répétait dans sa tête, priait pour qu'elle le fasse ... Mais Jimy eut à ce moment le sentiment que ses derniers arguments ne seraient pas suffisants, aussi il engendra de nouvelle paroles, semant un nouveau trouble à l'esprit de la jeune femme qui se montrait tout à coup bien trop sereine à son goût vis à vis de la gravité de la situation.

-James va lever une armée, il reviendra. Ô oui. Il tuera d'abord ma fille, puis tous ceux que moi et mon aimée avons connu. Et quand elle sera au bord du précipice, il l'y poussera. Mais d'abord, il se vengera des traîtres. Il te retrouvera, comme tous les autres. Et sous son pouvoir écrasant contre lequel je suis le seul à rivaliser en cette école, il t'arrachera le coeur d'une main pour te le faire avaler. Et tout ne sera que cris et désolation. Puis il rencontrera Voldemort à nouveau. Il ne l'affrontera pas, il s'alliera avec lui plutôt que de mourir une fois encore. Et à ce moment là, plus rien ne pourra l'arrêter. Avec La mangemorte la plus meurtrière de tous les temps à ses côtés, ils viendront à l'école, ils tueront les professeurs et tout se terminera en un rien de temps. Oh vous essaierez de lutter, mais si tu prends le luxe de refuser, Erell, il vaut mieux pour toi que tu sois loin quand ça arrivera.

Puis Jimy se renfrogna.
Elle avait besoin d'être réveillée ? Parfait.

-Ne vois-tu donc rien ? La guerre totale est à nos portes, Poudlard ne sera pas épargnée. L'école gronde, elle aussi. Tu n'entends pas les cris des hordes du mal, le tremblement des dalles du château, les hurlements des premiers morts ? Ma disparition ne t'a donc pas suffit ? Il faut que tu en vois d'autres périr pour être rassasiée ?

Mais il ne la blâmait pas.
Il ne la grondait pas non plus. Erell était assez grande pour mener sa propre mesure sur les choses. Trop de questions, trop de mal. Aurait-il du lui donner un ordre ? L'envoûter du regard pour la forcer à accomplir son destin ? S'il l'avait fait, il n'aurait pas été différent de James. Mais peut être était-elle comme lui, si elle hésitait seulement à l'aider. Des vies humaines, il savait que c'était pour ça qu'elle avait refusé l'ADT, pour sauver des vies. Alors pourquoi faire mine d'hésiter maintenant ? Pourquoi ? Jimy tourna le dos un instant, décollant sa main de la vitre. Il regarda au loin. Puis, fermant les yeux un moment, il tendit les deux bras sur les côtés, sentant le vent balayer agréablement sa chevelure noire. L'air continua sa progression, traversant les vitres du miroir, abondant Erell de la tête aux pieds de sa senteur parfaite. L'air du paradis, mais aussi d'un calme trop assourdissant avant une tempête évidente.

-On ne rejoint pas un monde meilleur quand on meurt Erell. C'est une illusion.

Dit-il en regardant autour de lui.
Se rapprochant, il apposa à nouveau plus brutalement sa main sur la vitre, fixant la jeune femme avec insistance, envie, presque possessivité. Il voulait sentir sa main contre la sienne, lui offrir une chance de réussir. Bon sang !

-S'il te plait. Poses ta main sur la mienne. Le temps presse Erell !

Jimy sembla de plus en plus inquiet.
Quelque chose venait de perturber sa paix intérieur. Il fermait les yeux par moment, comme absorbé ailleurs par son esprit. Il pouvait le sentir, devenir plus fort, retrouver la vie, revenir sur terre. Celui dont on ne prononcerait plus le nom, non pas par la crainte qu'il inspirera, mais par sa renommée par delà les frontières. Un nom que nulle n'aurait plus besoin de dire. Celui dont tout le monde parlait. Parlerait un jour.

-Erell ... Maintenant.

- Je sais, Jimy. Je sais que je vais mourir. Mais n’est-ce donc pas notre sort à tous ? Partir un jour, sans retour ? Je n’ai pas toujours fait les bons choix, ils ont causés ma descente aux Enfers, et si il veut me tuer pour traîtrise, que j’ai accompli ce que tu me demandes, ou non, cela ne changera rien. Je le sais. Et toi aussi.

Elle n’était pas plus que ça en colère, ou déçue. Elle n’avait pas peur. Elle ne ressentait rien en ce moment. Elle avait voulu voir la foi qu’il avait en elle, s‘il croyait en sa rédemption. Pas vraiment visiblement. Pourquoi pensait-il qu’elle ne le ferait pas ? Parce qu’elle les avait trahis. Tous. Elle était coupable de trahison, et même lui, dans sa grande bonté, ne pouvait être sur que jamais elle ne recommencerait.

Elle voulait le faire taire, lui hurler qu’elle le ferait, que jamais elle ne renoncerait, que même si cela devait l’enfoncer un peu plus, elle accomplirait ce qu’il lui demandait. Baissant la tête, elle contempla ses pieds un instant. Oui, si il le fallait, elle supplierait Jinx. Oui, s’il fallait, elle leur avouerait. Les membres de l’Armée de Dumbledore sauraient. Oui, s’il le fallait, elle les laisserait se moquer, la blâmer, et même la haïr si c’était ça qu’ils voulaient.

J’ai fais bien des erreurs par le passé, certaines m’ont values des peines, des chagrins. D’autres m’ont données la force d’avancer. Mon erreur ici, c’est d’avoir cru, que toi, plus qu’aucun autre, saurais que j’envisageais juste une possibilité. Que jamais je ne la prendrais.

- Rassasiée ? Comment tu peux … C’est immonde de dire ça. Dégueulasse. Je n’ai jamais souhaité la mort de personne. Et pourtant, j’en ai vu des morts, j’ai un mort sur la conscience. Et tu crois que ça me plait ? Que ça me fait plaisir ? Ou que ça ne me fait rien ? Pour qui tu …

Idiot !

Le vouvoiement n’avait plus ça place. Il l’avait blessée. Il l’avait blessée profondément en parlant comme cela. Elle pinça les lèvres, serra les mâchoires et plissa les yeux. La jeune fille le regarda, la gorge serrée par la colère. Elle aurait voulu lui dire, lui expliquer, qu’il cesse de proférer de telles choses, mais rien ne passa la barrière celée de ses lèvres. Elle ferma les yeux, pour calmer ses tremblements. Il ne comprenait pas. Elle savait, elle avait vu. Il n’y avait pas d’explications à donner, puisqu’elle était parfaitement consciente de tout ça.

L’air qui lui chatouilla le visage était particulier. Il ne venait pas d’ici. Il venait d’ailleurs, du monde dans lequel Jimy Raven évoluait à présent. Lentement, elle rouvrit les yeux, pour inspecter la salle d’un regard fuyant. Elle ne voulait pas qu’il puisse voir ce qui se tramait dans sa tête, ce qui se reflétait dans ses prunelles. De la peur. Oui, elle avait peur. Non pas pour elle, elle n’avait aucune crainte vis-à-vis de la mort. Mais elle avait peur pour les autres. Qu’adviendrait-il d’eux ? Si malgré ses efforts, ils venaient à être vaincus ? Que se passerait-il à ce moment là ? Jimy avait-il envisager cette option ? Surement pas, il devait croire en leur réussite. Il devait espérer ne jamais les voir le rejoindre, ne jamais les voir mourir. Mais c’était la guerre, et à la guerre, les gens mourraient. C’ était ainsi, et cela ne souffrait d’aucune contradiction possible.

- Laisses moi cette illusion. Je veux croire cela. Toi tu le sais, moi je peux imaginer ce que bon me semble, je peux imaginer qu’ils vivent dans un monde meilleur maintenant.

Erell avala sa salive difficulté. Un jour, Hector lui avait dit que les morts trouvaient un endroit pour se reposer. Elle avait essayé de le croire, et elle avait finit par y parvenir. Ce qu’elle avait mit des semaines à croire, et ce qui avait apaiser un peu sa culpabilité venait de voler en éclats. Son frère ne se reposait pas. Elle ne pouvait même pas être là pour le réconforter, l’aider, l’épauler, le guider ou le rassurer, comme elle l’avait fait pendant sept ans.

La jeune fille observa encore quelques secondes la main sur la vitre. Ses doigts bougeaient déjà, pour réagir assez vite quand il donnerait le signal. Elle n’avait jamais douté qu’elle poserait sa main sur la sienne. Sereine avait été son état d’esprit, déjà, elle était amère. Lorsqu’enfin, il lui demanda, elle posa sa main, froide, si froide, sur la sienne. Le fixant dans les yeux, Erell essaya de saisir son regard, capté son attention.

- J’irais voir mademoiselle Lebrec, Jimy. J’irais lui parler. Je réunirais l’Armée de Dumbledore aussi. Je leur parlerait oui. Je leur dirais de guetter un signal. Dans une semaine donc. Très bien. Je ferais attention que tout se passe relativement bien. Sois en sur. Même si tu crois que j’aurais été capable de refuser.

Un pâle sourire amer se dessina sur ses traits, et ses yeux dérivèrent vers leurs mains, l’une contre l’autre. Lâchant un soupire, elle secoua la tête en imaginant le travail et la persévérance qu’il lui faudrait pour faire ce qu’il lui demandait. Réunir l’AD alors qu’elle ne savait même pas qui en faisait partit. Et parler à la préfète de Serdaigle. Un rire nerveux s’échappa de ses lèvres.

- Il a autre chose dont tu veux me parler ? Autre chose à faire ? Laisses tu quelque chose derrière toi qui aurait besoin de soins, d‘occupation ? Un animal ? Voudrais-tu autre chose ? Je le ferrais, je te le jure. N’ai crainte. J’ai peut-être été une traîtresse, mais je tiens toujours mes promesses. Quelles qu’elle soient.

La bretonne repensa alors à Corwin. Elle lui avait promit de l’aide, d’être là et de l’être toujours. Elle avait choisi son camp. Mais elle continuerait à être là. Pour lui, pour Jimy. Pour eux tous.

-Ce que tu peux faire ?

Et tout bascula ...
Tout s'évapora, tout se décupla. Leurs sens, leurs espoirs, leurs forces. Jimy s'insuffla en Erell comme l'essence d'un pouvoir sans nom et il la traversa, la traversa avec force et vigueur, par leur lien, il établit le pouvoir de leur accord, la célérité de leur union était précoce, mais intensément forte. En elle des images défilèrent, des visions des plans de James, de ses lubies, son passage actuel au Japon, au moment même où ils étaient en train de parler, la naissance de Cassiopée, étoile du jour et du soir, puissante constellation trinitaire qui se forme par elle. Plus rien ne semblait lui échapper, elle était partout et nulle part à la fois. Nous ne devons pas faillir au premier obstacle, certains sont surmontables. Ceux qui ne le sont pas se supportent, se vivent et se dépassent malgré tout. L'homme bon se distingue par sa faculté à contourner sans détruire, tandis que le mauvais fait tout exploser, au risque de condamner bien des vies dans la manoeuvre. Et tout ça pour quoi ? Gagner du temps ? Jimy avait-il vraiment douté d'elle ? Aurait-elle posé sa main sur la sienne s'il ne l'avait pas fait ? Lui aurait-elle prouvé quoi que ce soit s'il l'avait prise pour acquise ? Elle était la phase ultime d'un plan trop bien ficelé. Un plan qu'elle avait elle même choisi de faire marcher. Tant mieux. A présent Erell se sentit chauffer, avec force, de la tête aux pieds elle brûlait, prise d'une fièvre sans nom et pourtant loin d'être désagréable. Il l'avait décidé.

-Alors je fais de toi mon Champion.

Chevalière, princesse guerrière, honneur à celle qui se battra.
James a fera un choix lui aussi, il décidera de qui l'affrontera elle. Chacun auront les armes, la force de leur représentant. Elle devra faire face à la main du mal, et dans son désarroi, son manque de confiance, ou son trop plein d'estime, elle deviendra la main du bien. Deux serviteurs, placés face à face sur le front, l'un de blanc, l'autre de noir, l'un de lumière et le dernier d'ombre. Erell eut l'image très nette d'un lieu dans sa tête, un tiroir secret, bien dissimulé dans les murs de la salle sur demande. Une pierre mouvante. Elle vit la baguette blanche de Jimy, finie par une tête de licorne, elle la vit très clairement, s'emboîtant dans une serrure qui se dévoila lorsque le maître de l'arme tapota trois fois le sigle de Gryffondor taillé dans le mur. Et le tiroir se dévoila. Son contenu également. Erell savait à présent.

-Vous serez face à eux. Lui aussi aura choisi un champion. Erell, tu seras la seule désormais à avoir le pouvoir de le combattre. Mon pouvoir est tien. Il ne t'abandonnera pas si tu crois en lui, autant que je crois en toi. Mais il te faut retenir une chose. C'est que si tu l'utilises à l'excès, si tu fais de lui ce que James est, il t'abandonnera. Et te laissera plier face à eux. Et si tu faiblis, ils te tueront.

Jimy détacha sa main.
Bien sûr, maintenant qu'il était mort, Erell ne pourrait pas utiliser le feu comme il l'avait fait jadis. Mais elle avait à son service un élément mourant, à nouveau dans l'espérance de revenir à son maître qui venait de lui souffler un ordre. La jeune femme était la seule, sur terre comme dans le ciel, à pouvoir encore embraser quoi que ce soit, par la force de son choix. Charme visuel, langage des animaux, Fourchelangue ... Elle était lui. Elle pouvait faire et parler comme lui. La preuve de son élection. Car il lui faudrait convaincre les autres qu'il l'avait choisie, elle.

-Je t'ai donné le pouvoir d'accomplir ton destin. Montre à Djaniah ce que tu trouveras dans la cachette que je t'ai indiquée, alors elle ne pourra douter de ta parole et elle te feras confiance. Erell, ce pouvoir, je te l'ai donné pour que tu la protège. Ne laisse personne la toucher, ne laisse personne toucher ma fille. Quand tu seras face aux hordes de l'ADT, n'oublies pas que tu peux épargner toutes leurs vies en combattant. Une seule autre face à toi. Un duel singulier, le vainqueur remporte la manche. Ils ne respecteront pas leur parole, mais pendant que tu te battras, autant que tu le pourras, tu donneras le temps aux autres de fuir ...

Lui demandait-il de se sacrifier ? Le voulait-il seulement ?
Jimy regarda Erell avec affection. Dans son regard, elle put voir un bref changement. Les yeux de son préfet devinrent orangés, ses pupilles en fentes lui donnèrent un air réptilien et dans un grand cri sourd, il ouvrit une gueule bordée de crocs gigantesques pour rugir en force. La salle commune se mit vaguement à trembler sous un gros boom qui semblait venir d'au dessus. Derrière les fenêtre, une ombre passa et la lumière se dissipa. Seul ne brilla plus au dehors que le regard luisant de flamme de l'oeil du reptile.

-Quand tu penseras que le moment est venu de te replier si nécessaire, tu appelleras Sharko. Il te sauvera. Tu es désormais la seule à pouvoir le monter. Comme moi avant toi, tu es son maître désormais, jusqu'à ce que peut être, une nouvelle germe de moi même éclose dans un cercle d'amour aussi puissant que celui qui me vit naître la première fois ... Et si il naît, restitues lui ses biens pour moi. Ce qui fut mien sera sien.

Et il commença à s'évaporer, reposant une fois la main contre la sienne.

-Bonne chance Erell ...

Murmura-t-il une ultime fois avant de disparaître totalement.
Le miroir se remit à refléter la salle, sans autre mouvement que ceux d'Erell qui se voyait désormais dans la vitre ...

Une série d’images défila en elle. Pas devant ses yeux, pas dans sa tête. En elle. C’était dur à expliquer, improbable à comprendre pour quelqu’un qui n’avait jamais connu cela. La jeune fille voyait tout. James, Cassiopée, le Japon. Le Japon ? Fronçant les sourcils, Erell se concentra plus encore, pour comprendre ce qui se passait. Comment se faisait-il qu’elle puisse percevoir et observer tout ça ? Cela ressemblait plus à des mirages qu’autre chose.

Lorsque que la chaleur s’insuffla en elle, Erell ferma les yeux et soupira de contentement. C’était tout sauf désagréable. Se sentir chauffer, comme cela, c’était magique. Et reposant. Elle ne se rendait pas compte, pas encore, que ce n’était pas juste une douce chaleur, mais bien de la fièvre. La température de son corps avait augmentée subitement, mais la bretonne ne le remarquait même pas, ce n’était pas comme des symptômes de maladie, ça ne cachait rien de grave. Ça lui semblait naturel.

- Quoi ? Ton Champion ? Mais, ça veut dire quoi ?

Le choc lui avait fait rouvrir les yeux brutalement, la ramenant durement à la réalité. Ce n’était pas le moment de profiter de la douce chaleur qui irradiait dans son corps tout entier. Malgré ses prunelles rivées sur Jimy, Erell vit. Et elle comprit, sans qu’il ai besoin de lui préciser. C’est pourtant ce qu’il fit. Acquiesçant, la jeune fille l’écouta avec attention, l’absolue certitude que quelque chose se jouait maintenant gravée au fond d’elle.

Elle le regarda ôter sa main, une lueur d’angoisse naissante dans son esprit et ses yeux. Voulait-il dire qu’elle devrait peut-être combattre jusqu’à ce que mort s’ensuive ? Faudrait-il qu’elle abatte son adversaire ? Ou qu’elle meurt, elle ? Sa respiration s’accéléra, le sang afflua plus vite, battant à ses oreilles comme plus tôt dans la soirée.

Jimy … Expliques moi … Je ne sais rien, je ne peux apprendre aussi vite … Je t’en pris Jimy …

Puis vint le moment où il parla de Djaniah et sa fille. Erell ne s’en était toujours pas remise. Jimy Raven avait une fille, dans cette école. Pas un nourrisson. Une étoile. Une fille magnifique. La jeune fille hocha la tête, et d’une voix rendue tendue par l’émotion, elle lui fit une promesse. Encore une. Plus importante que toutes les autres à ses yeux.

- Personne ne touchera à ta fille. Personne. Et personne ne touchera Djaniah, Jimy. Je t’en fais le serment.

Mais si elle venait à mourir pendant le duel qui l’opposerait au Champion ? Qui prendrait soin d’elles ? Faisant la moue, Erell décida d’en parler à quelqu’un. Quelqu’un de confiance, sur qui elle pouvait compter. Deux noms se frayèrent un passage jusqu’à son cerveau. Jinx Rowel et Kurun Aven. Peut-être toucherait-elle un mot à ses deux acolytes pour leur demander ce service. Surveiller et protéger quoi qu’il leur en coûte Djaniah Lebrec et Cassiopée, si elle-même venait à ne plus en être capable.

Sa main toujours posée contre le miroir, la jeune fille l’observait simplement. Avait-il souffert ? Avait-il sentit quelque chose, ou sa mort avait-elle été rapide ? Méritait-il de mourir ? A quelle fin ? Avait-il choisi de se rendre à l’endroit de sa mort, ou était-il tombé dans un piège ? Tant de questions qui restaient sans réponse …

Le changement qui s’opéra dans ses yeux ne passa pas inaperçu, et Erell inspecta la salle pour déceler quelque chose de nouveau. Elle n’eu pas à chercher longtemps. Lorsque le dragon se plaça devant la fenêtre, la lumière baissa de manière très nette. Se retournant très, très lentement, la bretonne finit par voir la pupille de l’animal mythologique, seule partie de son corps visible par la vitre.

Un dragon … Je suis le maître d’un dragon … Grand dieu … C’est juste … Irréel ?

Expirant bruyamment pour faire redescendre la pression qui commençait à s’accumuler, Erell acquiesça une nouvelle fois en direction du mort. Elle rendrait au nouveau Jimy ce qui appartenait à l’ancien. Si elle était son Champion, jamais elle ne garderait ce qui avait fait de Jimy une légende. Un dragon, un élémentaire …

- Ce qui fut tien deviendra sien, j’y veillerais.

Si je suis encore en état de lui rendre tout ce que tu m’a donné, Jimy, cela reviendra au nouveau toi qui naitra.

Puis il reposa sa main sur la sienne et lui souhaita bonne chance. La panique la submergea alors. Elle n’avait pas fini, il fallait qu’elle lui parle encore ! Il ne pouvait partir maintenant.

- Jimy ! Attends, je n’ai pas fini ! Où vais-je trouver ta baguette ! Jimy !

Mais il n’y avait plus rien dans le miroir. Seulement son reflet. Serrant les poings, la bretonne ferma les yeux.

- Jiiiiiiiiiiiiimy !

Le hurlement de rage résonna longtemps dans la salle commune. Erell s’en voulait. Elle n’avait pas réussit à le retenir, à lui demander conseil. Qu’allait-elle faire maintenant ?

La réponse à cette question s’imposa à elle, naturellement.

Elle allait faire ce qu’il lui avait dit, et au plus vite.

Fin du RP

» Par Notre sang devient l'Arme de mon crime -(PV Elizabeth - Nowlee)-
» Il faut qu'on parle [PV Erell]
» Minutes infanticides de pardon un peu acide [PV Erell]