Minutes infanticides de pardon un peu acide [PV Erell]

Le retour de Pré au Lard. Epuisée. Vidée. Abîmée. Révoltée. Elle n'était plus tout à fait elle, ni tout à fait une autre. L'énergie lui manquait après de tels évènements.
Son heure était venue depuis longtemps, mais les circonstances avaient fait prolonger la veillée. Il était grand temps maintenant pour Kurun de rejoindre le frais de ses draps et les bras des fées de son sommeil.

Le noir du dortoir ne trompa pas Kurun. Son lit n'hébergeait pas le vide qu'il aurait dû. Elle savait qu'elle n'avait plus la force de se battre, mais, dans un ultime effort, elle sortit sa baguette, la pointant de son bras encore endolori.
Le drap tremblait, dans un rythme saccadé. Quelle créature pouvait bien se tenir là ?

- Lumos.

Chuchota la jeune femme, tirant de son bras libre le drap en mouvement.
Surprise. Incompréhension. Stupéfaxion. Peine.
Erell se tenait là, recroquevillée, en pleurs, dans le lit de sa camarade figée. Si fragile en cet instant. Les yeux rougis par des heures de larmes et deux bras qui se tendent... Kurun baissa son arme, et, dans un élan maternel, s'assit sur le bord du lit pour serrer dans ses bras celle qu'elle considérait comme une petite soeur à protéger. Désarrois incompréhensible. Sanglots de peine innocente...
L'horloge tourne, le coeur de la douce semblait se suicider, se noyant dans un écrin salé. Un murmure sans sens, une sonorité de mots sans définition.

- Calme toi ma Belle... Chut.... Tout va bien, je suis là. Calme toi...

Elle resserra un peu plus son étreinte, lovant au creux de ses bras le jeune fille souffrante. Et quelle souffrance ? Il faudrait à Kurun encore un peu de patience et de lutte contre le sommeil pour comprendre.
Elle posa ses lèvres sur la tempe de la petite, faisant redoublé de violence les sanglots. Les larmes lui montèrent également. Touchée tout simplement par la souffrance sans nom de la jeune fille.

Kurun contint les tremblements de la Belle, l'aidant par la même à retrouver une respiration moins vive. Ses yeux pleuraient maintenant en silence une cause qui se ferai exliquer.
Tenant toujours Erell dans ses bras, elle enleva sa cape pour en couvrir la jeune fille en sueur. Et, sans mots dire, elle la redressa et la guida vers la salle commune, descendant quelques marches. De sa baguette, elle rapprocha le lourd fauteuil de la cheminée et y assis son amie toujours bouleversée.

- Raconte moi Erell, que s'est-il passé ? ... Qu'est-ce qui te met dans un tel état ?

Sa voix était douce, mais, malgré tous ses efforts, elle ne pouvait cacher son inquiétude et sa fatigue.
Elle attrapa alors sur un géridon une tasse de chocolat fumante provenant tout droit des cuisines et la tendit à la jeune fille. Ses joues toujours trempées de larmes brillaient devant le feu de la cheminée qui venait de reprendre.
Ses forces l'avaient quitté quelques heures auparavant, et par miracle, elle tenait debout. Ou plutôt assise, à côté de sa protégée.

Elle avait fini par atterrir dans sa salle commune, en larmes. Il n’y avait plus personne, tous étaient sortis pour une des rares ballades en dehors du château, en ville. Erell s’était réfugiée dans les dortoirs, mais pas dans son lit. Non, des draps trop froids, un oreiller trop plat, un lit trop sombre, qui semblait prêt à l’engloutir. La jeune fille s’était glissé dans celui de Kurun, la jeune femme qui avait presque prît toute la place de sa sœur dans son cœur. Et elle y avait pleuré, longtemps, tellement longtemps que la nuit s’était levée, que les filles étaient venues à la rencontre de Morphée, que le dortoir était animé de leur respiration. Mais toujours aucune trace de la Gryffond. Erell voulait tellement qu’elle arrive, comme elle espérait qu’elle ne viendrait pas. Pour pleurer encore, pour ne plus avoir de larmes, pour être vidée de tout. Pour ne pas avoir à se justifier. La porte grince. Alors Erell sait. Elle sent.

Le drap se relève, et le visage de sa sauveuse apparait. Elle semble si fatiguée, elle a mal. Erell veut arrêter de pleurer, arrêter de regretter et d’avoir mal, mais elle ne peut pas, elle le sait déjà. Dans un mouvement maladroit, elle tend ses bras vers Kurun, elle cherche sa protection. Son pardon. Elle s’en veut tellement. Elles restent longtemps comme cela, Erell lovée contre la poitrine de sa comparse, le cœur meurtri et le visage ravagé par les larmes. Elle n’arrive pas à se contrôler. Elle ne sait plus, elle n’a plus envie. Elle souhaite juste qu’on la juge, qu’on la condamne et que cela se termine, qu’elle arrête de pleurer et que Kurun cesse d’être si maternelle, elle ne sait pas. Erell ne peut s’empêcher de se sentir coupable encore plus. Comment a-t-elle pu lui faire cela ? A elle ?

Sans vraiment trop comprendre comment, la jeune bretonne se retrouve dans la salle commune, devant la cheminée, une tasse de chocolat chaud entre les mains. Elle frissonne, mais il ne fait pas froid, non, elle frissonne parce qu’elle doit parler maintenant, elle doit raconter. Elle doit admettre qu’elle a fait une erreur, qu’elle est coupable de son malheur et que personne ne peut rien pour elle. Ils vont se détourner d’elle, et cela sera entièrement sa faute.

- Je suis … je suis tellement désolée … Je … Je regrette, vraiment, je suis désolée …

Et les sanglots reprennent, plus forts, plus durs, plus douloureux. Elle a mal aux yeux d’avoir tant pleurer, mal à la gorge d’hoqueter tout le temps, mais elle pense que cette douleur, c’est la sienne, depuis le début, et qu’elle la mérite.

- J’ai … J’ai tellement mal agis, c’est si mal … Comment j’ai pu faire ça ?

Elle se dégoute elle-même. Elle ne veut plus se voir, plus s’entendre, juste disparaitre. La tasse se fracasse au sol, lorsque dans un mouvement violent, elle se retourne pour se cacher à Kurun. Posant sa tête sur le dossier du canapé, elle hoquette. Elle est fatiguée. Pourquoi les larmes ne cessent-elles pas de coulées ?

Parce qu’il faut que tu comprennes, Erell.

Et elle pleura si fort...
Kurun eu mal lorsqu'elle détourna son regard, cachant son visage dans le dossier du fauteuil. Elle s'approcha alors de l'enfant et l'entoura dans ses bras.

- Mais qu'as-tu fait de si mal ma belle ? Chhhhhut. Je te l'ai dit, je suis là pour toi...

Elle chantonna doucement dans le breton de son enfance, enrobant le petite de sa tendresse.

- Pa'z omp aet en hent edo tarzh an deiz O c'houlaouiñ drant penn menezioù Breizh
Hag e kanemp holl hag e kanemp hir D'hon huñvreoù kaer a oa deut da wir

Pa oa deut kreisteiz e oamp faezh ha skuizh
Rak an hent oa serzh hag an heol oa kriz
Hag e kanemp start hag e kanemp gwell
D'hon huñvreoù kaer a oa aet da bell

Pa oamp deut en-dro e oa yen an noz
Hag ar bed e kañv 'dan ar stered kozh
Hag e kanemp c'hoazh 'kriez an avel foll
D'hon huñvreoù kaer a oa freuzet holl

Pa'z aimp c'hoazh en hent e vo fall pe vrav
Petra vern avat, kanañ raimp atav
Kanañ raimp dalc'hmat, kanañ raimp bepred
D'hon huñvreoù kaer a zo trec'h d'ar bed

Elle était effrayée et tremblante, mais, que cachait-elle de si douloureux ? Qu'est-ce qui lui faisait si peur ? Quel risque ? Kurun était prête à tout pour la protéger, aussi, elle garda ses mains autour de la jeune fille mais décolla sont visage, la forçant à la regarder à travers ses larmes.

- J'ai besoin que tu me dises ce qui s'est passé. Erell. Sans toi je ne peux pas savoir. Qu'est-il arrivé ? J'ai besoin que tu me le dises...

Elle saurai. La fatigue avait acceptée d'attendre, laissant à la jeune femme tout son esprit. Détermination. Voilà ce qui l'animait.

Non Kurun, tu ne peux pas sauver le monde. Mais cette petite perle là, tu peux au moins la protéger non ?

- Allez ma belle, reprends toi. C'est fini maintenant, on est toutes les deux. Raconte moi...

Elle est là. Erell aimerait tellement qu’elle reste, mais ce n’est qu’un instant trop court dont elle doit profiter. Parce que quand elle va ouvrir la bouche, et raconter, elle sait pertinemment que les bras autours d’elle vont se figer, et puis l’abandonner. La jeune fille écoute. Intensément. Elle n’a jamais entendu ce chant, mais il lui semble si familier … Et elle ne fait que pleurer. Est-il possible qu’il y ai tellement d’eau dans un corps ? Visiblement oui.

Juste quatre mots. Rien de plus. Quatre petits mots et ça serait fini. Elle ferme les yeux et inspire. Une larme roule sur sa joue, semblable à toutes les autres en apparence, différente en sens. Elle est soulagée finalement. Même si elle a peur, terriblement peur, que son angoisse lui broie le ventre et qu’elle forme une boule dans sa gorge, Erell est soulagée. Enfin, ça sera fini.

- Je vous ai trahi.

Rien de plus, juste ces mots là. La bretonne avait lâché ça d’une voix blanche, étrangement plate. Comme si sa prise de conscience lui avait permit d’être plus clair, d’être plus apathique. Elle leva les yeux vers Kurun, lentement. La jeune fille entendait déjà le bruit de ses pas dans l’escalier, la porte du dortoir qui s’ouvre et se referme avec violence, mais il n’en ai rien. Kurun est toujours là, elle n’a pas bougé.

- Pardonnes moi. Je regrette. Mais ça ne change rien, n’est-ce pas ?

Un pauvre sourire amer se dessine sur ses lèvres, et Erell détourne les yeux vers la cheminée. Elle évite d’affronter en face la réaction de Kurun, elle en a peur. Demain, plus rien ne sera pareil. Tous ces amis, tous ceux qu’elle aime se seront détournés d’elle. Cette pensée lui fait mal, elle explose dans son crâne. Son cœur tambourine dans sa poitrine, il lui donne l’impression d’éclater un chaque battement. Elle a froid, mais un filet de sueur coule le long de son dos, créant un sillon glacé. Le crépitement du feu remplit le silence qui s’est installé.

- Il m’a fait voir la liberté. Cette liberté que j’ai tant désirée… Je l’ai sentis, alors j’ai pensé que c’était bien. J’ai choisi le mauvais camp. J’ai choisi l’inverse du votre. Voilà. Tu sais. Maintenant, tu peux t’en aller, mais je t’en pris, fais le pendant que je ne regarde pas. Comme ça je n’aurais pas le souvenir de te voir partir. Juste de t’entendre t’en aller.

Elle a le cœur aux bords des lèvres, il est déjà sortit de sa poitrine, il est coincé dans sa gorge. Les yeux clos, elle sent les larmes qui recommencent leur manège, elles mouillent ses joues rougies, elles brûlent ses yeux fatigués. La jeune fille se force à garder les paupières closes pour ne pas la voir s’en aller.

Tu te souviens, Maman, quand tu me disais « Tu verras nous marcherons près de toi, quelque soit les caprices du destin ». Tu m’as menti. Vous ne marchez plus à mes côtés, mais sur un chemin parallèle. Est-ce ma faute ? Ai-je pris un chemin différent de vous tous ? Est-ce cela l’action pour laquelle je serais jugée, Maman ? Dis-moi …
Que je comprenne. Le destin a fait de moi un objet, mais crois moi, Maman, je ne me suis pas laissée faire. Sinon je ne serais pas là, n’est-ce pas ?

Vérité bruyante.

Elle se faisait violence pour dévoiler ce qui la torturait. Et Kurun, quand à elle, était là, suspendue, à l'écoute des larmes à venir, car, elle le savait, une fois l'effort fait, la cascade reprendrait son cours, comme le temps sur l'horloge.

Et elle y parvint, redonnant à son corps le contrôle complet. Emotion submergeant chaque instant. Trahison.

- Ne dis pas de bêtises ma Belle, je ne partirai pas, je reste avec toi. Quoi qu'il arrive. Je serai là. Toujours.

Et elle resserra son étreinte sur la jeune fille, reposant le cadre rassurant dont elle semblait avoir besoin. De la jeune femme fatiguée, elle était devenue la contenante, rassurante pour celle là. Aussi, elle se redressa, enrobant toujours la petite de ses bras, durcissant sa voix, ne laissant plus de choix, elle devint celle qui décide, qui commande, l'espace d'un instant. Le temps de rassurer la jeune fille. Une position haute, un regard franc, la voix posée, douce mais ferme.

- Maintenant, j'ai besoin de plus de détails, dit moi qui, où et ce qu'il s'est passé. J'ai besoin de tout savoir... Tu sais que tu n'as pas à avoir peur de moi. Il faut que je sache...

Cependant, quelque chose se décomposa à l'intérieur de Kurun. Une certitude se brisa, éclata en milles morceaux, comme le miroir même de sa propre existence, mensonge soufflé si profond en elle même. Non, la confiance était là, intacte. L'estime de cette enfant également. En revanche, l'illusion d'avoir mis en sécurité ceux qui le devait n'existait plus... Nul moyen de changer ce qui s'était passé, désastre tout maîtrisé, ou en tout cas, aux conséquences habilement cachées.

La jeune fille n'osait plus la regarder quelques instants auparavant, semblait surprise dans cet instant. Et maintenant, la Gryffondor savait qu'elle avait bien agi.
Elle avait joué son rôle d'aînée et le jouerai jusqu'au bout. Elle voulu sourire, mais elle préférait attendre. Savoir. Et pouvoir s'occuper ensuite de la petite tremblante. C'était presque beau de voir la fragilité avec laquelle elle se tenait là, déployant pourtant tant de force pour résister à la vague de culpabilité qui l'emprisonnait là, la broyant sous des rouleaux d'idées, d'images, mais, quelles images ?

Elle ne permettrait pas qu'il arrive quoi que ce soit à cette personne là. Trop douce, trop pure, trop innocente encore. Presque une petite soeur... une petite soeur...

Et, attendant le récit de l'enfant, elle se souvint d'une histoire. L'histoire d'une petite hermine qui avait salie son pelage. Elle avait fuit pour ne pas décevoir. Et personne ne la revue jamais. C'est une jeune louve qui la recueillie, et, berçant l'hermine, elle l'aida à redevenir blanche et belle, brillante comme la lune.

Qui jouait quel rôle dans cet instant ? Une petite soeur...

- Tu sais Erell, je ne permettrai pas que l'on te fasse du mal. Et je jure, ici, ce soir, devant les flammes destructrices et chaleureuses, devant l'eau salée et enveloppante de tes larmes, devant le souffle de nos silences et de nos voix, et devant la Lune toute puissante que je te protègerai. Ainsi soit-il.

Le silence se déchaine. Le vacarme d’une tempête qui se prépare envahi le crâne de la jeune fille. Son cerveau bouillonne, son esprit encore plus. Kurun a dit qu’elle serait toujours là. Erell peut donc cesser d’avoir peur. Mais elle n’y arrive pas. Une part d’elle continue d’être emplie de crainte. Lassée, la bretonne se laisse aller. Elle ferme les yeux et sa tête bascule en arrière. Que faire ? Elle a promit. Même si il ne sait pas, elle lui a fait une promesse. Ne jamais rien dire, à personne. Mais Kurun lui demande… Alors ne dire qu’une partie de la vérité ?

- A la bibliothèque. J’étais seule. Non. Je n’étais pas seule. Il y a eu ce mot qui a résonné dans le silence. J’ai voulu savoir d’où il venait. C’était la réserve. Il y avait quelqu’un. Que toi et moi on connait. Toi plus que moi. Mais tu ne me croirais pas, et je n’y crois pas encore. L’identité de cette personne …

Secouant la tête, Erell choisi de ne rien dire. A quoi bon, d’ailleurs ? Elle n’était sûre de rien. Et elle ne prendrait pas le risque de dire quelque chose d’aussi important alors qu’elle n’avait aucune certitude. Aurait-il un jumeau ? Mauvais ? Non, ça se saurait si Jimy Raven avait un jumeau mauvais.

- Non, je ne peux pas te le dire. De toute manière, j’ai promis. Et puis, je ne sais pas comment, il m’a convaincu… C’était si réel, tellement bien. Je ne peux pas t’expliquer pourquoi, moi-même je ne sais pas, mais j’y ai vu l’occasion de me libérer. Puis il est parti, et je me suis retrouvée seule. Alors j’ai retrouvé l’ombre et sa sécurité. Trop tard. Bien trop tard. J’avais dis oui. Cet après midi, ils avaient quelque chose de prévu, mais je suis partie avant, je ne sais pas de quoi il en retourne.

La jeune fille ne dit rien de plus. Bien sur, elle n’avait pas tout dit, mais comment lui expliquer ? Comment lui faire comprendre ? La laisser dans l’ignorance, peut-être était-ce mieux.

Elle ne parla pas de Caleb, même si elle le détestait. Il était trop jeune, selon elle. Bien que complètement rongé par le Mal, elle le trouvait trop jeune pour être placé devant ses choix, sans autre alternative que d’avouer ce qu’il avait fait. En se taisant, elle avait l’impression de lui laisser une chance, une solution de repli, même si il ne le méritait pas. Mais ne pas parler de lui ne changeait rien à l’histoire, il n’avait en aucun cas joué un rôle dans sa décision.

Erell n’avait pas ouvert les yeux pendant son récit, laissant à son esprit le droit de lui montrer cette scène qui avait tout changé. Les larmes s’étaient taries, sa respiration apaisée. Les images défilent encore, comme enregistrées sur une bobine de film, et plus elles passent, moins la jeune Gryffondor comprend. Une larme se faufile entre ses paupières clauses. C’est la dernière.

Posant ses doigts fins sur ceux de Kurun, Erell lève ses prunelles vers celle qu’elle considère comme sa sœur et la regarde. A travers ses propres émotions, elle ne sent pas dans le cœur de son amie le seul sentiment qu’elle sait enfin reconnaitre. Elle ne sent pas de reproche.

- Je suis désolée.

- Pas d'excuses à donner. Je veux juste des explications. Plus d'explications... Tu ne m'a pas tout dit n'est-ce pas ? ... Qui et quoi ? J'ai besoin de savoir, de quoi/qui te protéger.

Dans un silence entendu, elle posa un baiser sur le front de la jeune fille auprès d'elle. Pauvre galante, baignée de larmes qui n'étaient surement pas méritées. Et si l'hermine de cet instant avait été salie par un autre, la louve l'aurai-t-elle accueillie ? Kurun savait que oui, observant encore une fois à quel point elle tenait à Erell.

- Qui et quoi ?

La respiration de la douce s'était ralentie puis brusquement accélérée lorsque Kurun avait insisté. Etait-ce donc si grave ? Qui avait osé salir jeunesse beauté et innocence dans tant de mal et de souffrance ?

Colère, misère, inspiration et compréhension. Réconforter et ne pas se retourner vers un ennemi invisible...

- Quand je ne serai pas là, c'est Anrev qui te surveillera et m'avertira au moindre souci. Je serai là dans les minutes qui suivent. Mais je t'en prie, tu sais que tu peux me faire confiance, je veux savoir qui et quoi... Que s'est-il passé et à cause de qui ?

La jeune femme senti la pression monter un peu plus en elle, colère incontrôlée et pourtant si habilement maîtrisée. Après tout, on venait de faire du mal à sa protégée, à sa perle, elle avait le droit d'être emplie de haine. Quelqu'un torturait Erell par un biai savamment imaginé. Il fallait qu'elle sache.

Et pourtant, elle culpabilisait dans le même temps d'insister tant et de faire revivre mentalement à Erell ce traumatisme qu'elle semblait avoir subi.

Les Hommes sont des monstres. Humains ou moldus, la race humaine n'a aucun respect pour la pureté des âmes. Maintenant elle en était persuadée, et, à s'écouter, elle était comme les autres...

Un long gémissement semblable au hurlement d’un loup souffrant déchire l’air. Le temps semble se figer, tout comme sa respiration, puis, d’un seul coup, les sanglots reprennent, inlassablement. Les lèvres contre son front sont douces, maternelles, rassurantes, et tellement blessantes aussi. Comment lui dire ? A elle surtout ? D’une façon ou d’une autre, Kurun finirait pas l’apprendre, mais pas ce soir … Ce soir semble être un mauvais soir, pas celui qu’on prête aux explications et aux confidences douloureuses.

Elle ne sait que lui dire. Elle-même doute de ce qu’elle se raconte, de ce qu’elle voit défiler en boucles dans sa tête depuis des heures maintenant. Et si tout cela n’était qu’un horrible cauchemar ? Dans quelques instants, elle allait se réveiller, en sueur, dans son lit, au beau milieu de la nuit, le visage baigné par des larmes de bonheur. Rien de tout ceci n’aurait alors existé. Mais les secondes s’écoulent, et le rêve ne se brise pas. Alors, pour être sûre, elle se mord la langue. Une douleur aiguë monte jusqu’à son cerveau, et le goût caractéristique du sang envahit sa bouche. Elle s’est mordu trop fort. Elle a mal. Elle est éveillée. Elle a trahi. Elle vit. Elle se blotti un peu plus dans ses bras, enfouissant son visage dans le coup de son aînée, et un filet de sang coule de ses lèvres, glissant sur la peau pâle de son amie.

- Si … Je te dois des excuses, je vous en dois à tous … A tous ceux de cette maison, à tous ceux qui ont un jour placer une once de confiance en moi … Je ne devrais pas être là … Tu ne devrais pas être avec moi … Je ne le mérite pas.

Elle avale sa salive ensanglantée avec difficulté et se redresse, plongeant son regard vide dans celui, si flamboyant de Kurun. Il faut lui parler tout de suite. Avant que sa volonté ne soit ébranlée par une autre vague de remords.

- Raven … Jimy Raven

Ses pupilles fuient après qu’elle lâche cette information. Mais il lui semble important de préciser.

- Je doute pourtant de ce que je dis. On m’avait dit de lui le plus grand bien. On le dit chaleureux, attentionné. Je n’ai vu qu’un garçon froid, glacial même. Mais tellement … Doué. J’ai peur. Vraiment.

Elle passe le bout de sa langue meurtrie sous ses dents et attend. Attend l’effet de la bombe qu’elle vient de lancer dans le silence ambiant d’une salle commune qui n’est plus vraiment la sienne. Peut-être n’est-elle pas Gryffondor ? Peut-être au fond a-t-elle toujours continuer d’être serpent...

Et voilà le son d'un aveu douloureux.
Le monde avait changé, basculé dans un irréel surprenant.

Quelque part, son corps avait déjà rencontré ce Jimy là, froid, mauvais... pas Jimy, son autre lui, mais, même en cherchant au plus profond de sa mémoire elle ne parvenait pas à se souvenir, où, quand, dans quelles circonstances. Son corps par contre avait frémit, à mi-chemin entre la peur et l'excitation charnelle... mais sa mémoire... son esprit...

Et elle resta là contempler la muette enfant, murée dans un silence enivrant pour ceux qui y croient. Fascinante et si mystérieuse confession que celle qui hantait l'esprit de Kurun en cet instant, petite Mère, berçant l'enfant aux larmes... hantant les méandres de l'inconscient si certain.

Erell s'était endormie maintenant. Elle la souleva alors, dans ses bras, n'usant d'aucune magie, si ce n'est celle du coeur, pour transporter à sa place la petite princesse assoupie.
Soulevant la couette épaisse et lourde, oubliant son bras douloureux, elle déposa la belle sur son matelas, la recouvrant de douceur.

- Qu'importe, Erell Bowen, où nous nous trouvons, tu auras toujours une place dans mon coeur et j'aurai toujours un oeil sur toi... Quoi qu'il arrive.

La lumière s'éteignit, ne laissant que la lune filtrer au travers des rideaux usés.
Et elle resta là, à côté de sa protégée, s'endormant auprès d'elle, s'assurant de son sommeil et de sa sécurité.
La nuit avançait. Nul n'approcherait plus l'enfant, pas même le fantôme résonnant dans tous les recoins de son corps endoloris.

Et dans ses rêves les plus profonds, les plus inapprochables et les plus inavouables, l’enfant continu de pleurer. La fatigue a gagnée, Morphée l’a acceptée. Mais pour combien de temps ? Quelques heures, tout au plus. Ensuite il faudra affronter la réalité, une réalité douloureuse et difficile. Une réalité inchangeable, ineffaçable. Une réalité qui la renverrait à ses actes passés et à ses choix.

La présence de cette grande sœur de cœur la rassure, mais cela n’épargne pas à la jeune fille fragile un sommeil agité, ponctué de cauchemars plus saisissants et effrayants les uns que les autres, avec toujours cette même fin. Sa mort par la main de ce Jimy Raven, si froid, sous les regards cruels de Caleb et Corwin.

C’est dans son lit qu’elle se réveille, juste avant le petit jour. Elle n’a plus sommeil, ou encore beaucoup trop, mais Erell se lève, silencieuse, douce pour ne pas réveiller la jeune femme qui a dormi à ses côtés et qui a veillé sa nuit. Une mèche de cheveux barre son visage et lui donne un air poupin, ou celui d’une princesse endormie. D’un geste calculé au millimètre, la jeune Gryffond la replace derrière l’oreille de sa camarade, effleurant délicatement sa joue au passage.

Pourrais-je un jour seulement te remercier, fille de Brocéliande ? Ma sœur de cœur …

Se changeant rapidement, sans un bruit, elle se glisse ensuite par la porte restée entrouverte et se fondit dans l’obscurité de la salle commune. Le soleil ne se lèvera pas avant quelques heures, et elle a besoin … Besoin de solitude. Elle ne dira pas à Kurun pourquoi elle est sortie, pourquoi elle s’est glissé presque au milieu de la nuit dans le château désert. Non, elle ne dira rien. Parce qu’il n’y a rien à dire. C’est un besoin, c’est vital. Si la jeune fille l’a bercée, sans vraiment la juger, elle ne sent pas moins coupable.

Démarche souple, rapide. Respiration régulière mais entrecoupée de sanglots. Encore des sanglots, toujours. Le balcon avec une imprenable vue sur le parc encore endormi l’accueille. Elle n’en bougera pas. Pas avant un moment …

-( Pour la suite, se référer à ce Rp )-

Fin du Rp

» Il faut qu'on parle [PV Erell]
» Par mon blason devient ma main -(PV Erell)-