Entretien de Charles Dexter Brown

Sans doute aurait-elle pu demander à Yeltaz de s'en charger. Sans doute cela lui aurait permis de se reposer. Mais Eilane savait aussi que cela lui aurait donné la possibilité de se morfondre encore plus qu'elle ne le faisait en temps normal... et elle ne le souhaitait pas !
Si elle voulait "garder la tête hors de l'eau" et éviter de sombrer dans une dépression, elle devait s'occuper, autant que possible !

Elle était donc venue au département ce matin là en sachant qu'elle devrait faire passer un entretien l'après midi... L'optique ne la rassurait toutefois qu'à moitié... Il y avait une différence entre travailler dans le silence ou la solitude, et rencontrer du monde, discuter, faire semblant que tout allait bien...

A 15h30, Eilane sortit de son bureau pour aller dans la salle d'entretien sur laquelle elle avait magiquement fait afficher le nom du futur employé.
A l'intérieur, quelques coups de baguettes par ci par là lui permirent de ranger et d'organiser les lieux pour qu'ils soient le plus accueillant possible...

A 15h55, il n'y avait plus rien d'autre à faire qu'à attendre... Eilane, assise sur une chaise, les bras croisée sur la table, patienta jusqu'à ce que le futur employé arrive...

Ainsi Charles D . Brown se retrouva à 16 heures sonnantes devant la porte discrète du bureau de la directrice . Il frappa doucement et entra en claudiquant sur sa jambe de bois, son chapeau miteux sous le bras .

La pièce dans laquelle M . Brown se tenait représentait un bureau quadrangulaire aux briques cirées noires, de lourds rideaux sables et sinoples masquaient de sombres fenêtres .
Sur d'antiques meubles, une collection d'objets étranges et singuliers brillait et ondulait, des objets courbes et souples, des structures complexes dans des matériaux parfois indéfinissables .
Il vit même un objet carré, ou du moins proche du carré, dont les angles lui parurent incalculables, entre l'obtu ou l'aigu .

Charles s'avança jusqu'à un siège de velours, face à un large bureau où s'alignaient entre autres plumes, encres et parchemins .
-Madame, vous me voyez ravi de faire votre connaissance . Je me présente, Charles Dexter Brown .

En dévisageant rapidement son interlocutrice, il découvrit une femme ravissante et sérieuse, agréablement vêtue . Elle lui parut fatiguée, ce à quoi il répondit par un sourire timide.
-J'espère ne pas vous déplaire, étant sorti d'un coma il y a peu, je suis un peu mal à l'aise et dépassé par les évènements. J'ai néanmoins conservé tout mon savoir et bien qu'ancien, j'espère qu'il saura vous séduire.

Eilane avait rencontré bon nombre de gens peu fréquentables. Ne faisait-elle pas parti d'un groupuscule qui en regorgeait, après tout ? L'apparence du dénommé Brown ne lui parut ainsi pas plus étrange que cela...C'est ce qui arrive lorsqu'on côtoie un peu trop souvent les nécromanciens et autres monstres humains...
Malgré tout, la prestance de la semi-Vélane détonnait face au claudiquant personnage qui s'assit en face d'elle.

Enchantée, Mr Brown. Je suis Miss Snake, la directrice de ce département.

Eilane essaya de répondre au sourire de son interlocuteur, mais tout ce qu'elle réussit à lui offrir ressemblait plus à une grimace qu'à autre chose. Ses blessures physiques ne lui faisaient pourtant plus mal, mais son cœur pleurait toujours de douleur et l'empêchait de sourire... Parfois, elle se demandait combien de temps cela durerait encore... Mais plus elle y pensait, et plus son regard se ternissait, bientôt embué par des larmes qu'elle se refusait obstinément à verser.
Secouant la tête pour évincer toute ces pensées funestes, Eilane reprit de son mieux le cours de l'entretien.

Ainsi donc vous avez été plongé dans le coma..., remarqua-t-elle pensivement.

Les sourcils de la semi Vélane se froncèrent sur son regard ambré.

Il semblerait que nous soyons deux, dans ce cas.

Pardonnez-moi, cela ne me regarde probablement pas, se reprit-elle avec une mine d'excuse. Quoiqu'il en soit, soyez certain qu'un savoir, même ancien, vaut mieux que pas de savoir du tout !
Bien, voyons un peu tout cela... Je vous écoute ?

C'était une façon abrupte de lancer l'entretien, mais Eilane aimait voir la réaction des gens face à une demande aussi vaste... C'était souvent très instructif !

Assis dans un siège grinçant, face à une créature sublimant tout souvenir de grâce connu, Mr. Brown ressentait une gêne profonde en sentant ces yeux inconnus le dévisager furtivement.
Et se redressant autant que le permettait ses vertèbres grinçantes, Charles entama :
Et bien pour répondre brièvement à votre question, sachez que je partage votre opinion.
Enfin bref, passons. Je vais faire un bref tour de ma carrière professionnelle de sorte à ce que vous sachiez plus long sur ma personne.

Il se racla la gorge, et respirant un grand coup :
J'ai fait mes premiers sorts à Poudlard, la prestigieuse école de notre chère Albion. J'aurais aimé devenir Auror comme feu mon père mais mes résultats en sortilèges et défense furent passables.
En revanche j'excelle en histoire de la magie, numérologie, runes, cryptologie et j'en passe.

Il s'arrêta un instant, attendant que son interlocutrice ai tout assimilé puis reprit :
En 1911 je suis devenu bibliothécaire dans une grande bibliothèque moldu qui fut détruite pendant les Guerres Moldus, elles ont d'ailleurs emporté l'une de mes jambes et trois de mes doigts.
J'ai ensuite travaillé dans une bibliothèque Londonienne spécialisée dans les vieux grimoires, les manuscrits, les vieux parchemins et la restaurations de livres enchantés et ensorcelés...j'y est perdu un ami d'ailleurs.
Puis je suis tombé dans le coma en 1919 pour me réveiller il y a peu.

Charles sortit de la poche de son large manteau quelques vieux diplômes obsolètes et deux contrats de travail froissés, qu'il tendit à Mme Snake :
J'ai reçu quelques formations intéressantes comme en histoire de l'art français, un doctorat sur "Les timbres slaves de 1900 à 1910".
Et je me flatte par ailleurs d'avoir conçu un sort permettant d'enfilé correctement une prothèse pour unijambiste, si ce ne sont deux ou trois défauts...

Je ne suis peut-être pas jeune, pas beau et pas sportif mais j'ai foi en ce que j'entreprends et suis motivé par l'idée de travailler dans votre département.

Sur ces derniers mots, le corps asséché et en lambeaux de Mr. Brown se tassa dans son fauteuil, soucieux de la suite des évènements et de l'issue de son premier entretien depuis 96 ans.

HJ/ Désolée pour le retard /HJ

Eilane écoutait d'une oreille les explications de l'homme qui se trouvait devant elle. Tout était si confus dans son esprit qu'elle avait du mal à rester focalisée sur quelque chose, son esprit, tout en suivant plus ou moins le fil de la conversation, se mettait alors à penser à tout autre chose...

Après avoir voulu à tout prix donner son emploi à Yeltaz, elle avait finalement préféré revenir sur son offre, prétextant un soudain besoin d'argent (ce que l'homme-Vélane ne risquait pas de croire, mais peu importait. Yeltaz était trop bien élevé pour poser des questions à une dame !).
C'était bien entendu surtout un gros besoin de s'occuper qui l'avait assaillie. Mais l'occupation en elle-même n'était pas toujours suffisante pour éviter à son esprit de vagabonder comme il lui prenait l'envie à l'instant même.

Machinalement, les doigts d'Eilane se posèrent sur le pendentif qui se trouvait toujours attaché à son cou. Le regard ambré de la semi Vélane s'assombrit lorsqu'elle le touché froid de l'objet lui rappela que ce qu'il avait pendant si longtemps renfermé s'en était à présent allé.

Finalement, ce dur retour à la réalité lui fit réaliser que quelque chose risquait de poser un problème dans les résultats de son interlocuteur. Reprenant l'entretien en main, elle affirma donc :

Passable en sortilèges et défenses, dites-vous ? J'ai peur que cela puisse poser un problème si vous souhaitez, comme vous m'en aviez fait part dans votre lettre, devenir langue-de-plomb de terrain... Certes les risques sont moindres que lorsqu'on est auror, mais l'aventure fait partie des recherches. Et il est toujours possible de tomber sur un minotaure ou tout autre monstre gardant l'artefact que l'on doit récupérer. Dans ce cas précis, je dois dire qu'un bon sort de défense n'est jamais de trop !

Par Morgane, 1911 ?

Eilane écarquilla les yeux. Il est vrai que l'homme faisait peur à voir et avait l'air vraiment en mauvais état, mais elle ne l'avait pas pensé si vieux pour autant.

Je suis sans doute mal placée pour me faire ce genre de remarque. Après tout, le sang de Vélane qui coule dans mes veines ne me fait-il pas paraitre bien plus jeune que je ne le suis moi-même en réalité !?

Eilane s'était toujours passionnée pour la littérature et d'entendre son futur employé parler de bibliothèque raviva son intérêt.

Quels genres d'ouvrages se trouvaient dans les bibliothèques où vous avez travaillé ? Avez-vous eu l'occasion de vous pencher sur la littérature anglaise ?
Pardonnez-moi, cette question n'a probablement pas vraiment sa place dans un entretien pour travailler dans ce département, mais l'art m'a toujours fascinée, voyez-vous...

Eilane écouta le reste du récit sans faire d'autre commentaire, ses sourcils se fronçant parfois, son regard se perdant à d'autres moments dans une mélancolie mystérieuse qui n'avait aucun lien avec ce qui se passait présentement dans la salle. Quand, enfin, elle reprit la parole, Charles avait, quant à lui, terminé.

La jeunesse est une notion à laquelle la plupart des gens portent trop d'importance. Si vous voulez mon avis, ce n'est pas parce qu'un employé est plus jeune qu'il sera forcément meilleur... plus fougueux, plus impétueux, oui, sans doute... Mais pas plus productif !

Soyez sans crainte, ni l'âge ni la beauté ne feront jamais partie de mes critères de recrutement !

Bien, tout cela me semble très intéressant. Je continue toutefois de me demander si vous ne devriez pas plutôt vous orienter vers un emploi de langue-de-plomb chercheur ? Qu'est-ce qui vous fait croire que vous serez plus à votre aise sur le terrain ?

Charles écoutait alors attentivement Miss Snake, adulant sa beauté tout en craignant son statut. Il se maudissait un peu d'avoir aborder ses piètres compétences en sorts de défense.

Évidemment ses sorts de protection comme d'attaque étaient bradés, mais jusque là il n'avait jamais eu à s'en servir, pendant la guerre Charles avait user d'armes de moldus, ces objets petits mais lourds crachant des balles de fer.

Si je puis me permettre, j'ai pour habitude de garder un révolver sur moi, certes c'est un vieux modèle rouillé et souvent enraillé qui se contente de tirer...près de la cible. Mais je vous assure que quand ces bestioles font mouche on ne s'en relève pas bien vite.
Or donc j'ai aussi pris la peine de m'améliorer dans certains sortilèges comme Stupéfix ou...euh...enfin à lui seul il est fort suffisant.
Et puis si je tombe sur un monstre je pourrais toujours faire le mort, j'ai un don inné en la matière.

Par ailleurs si vous estimez que je serais plus apte à un métier derrière un bureau, soit, vous êtes la directrice. Maintenant dites vous bien que, s'il m'arrivait quelque chose au cours de l'exercice de mes fonctions, cela ne pourrait en rien aggraver mon cas.
Et puis si je venais à décéder, on ne pourrait rien vous reprocher en retrouvant un cadavre vieux de 80 ans.

Par ailleurs si je pouvais faire quoique ce soit pour vous convaincre de mes intentions et de mes compétences, je serais tout à vous.

De toute façon je ne vois pas qui pourrait me regretter, mon seul descendant à 68 ans et ne me connait sûrement que comme un mythe.

Charles redoutait un peu de devoir finir dans une cave, lui qui avait passé près de 80 ans à dormir dans une pièce condamnée. Ce n'était pas de l'obscurité qu'il avait peur, mais de ce qu'elle cache.

Et puis, ce qui me rend à l'aise sur le terrain, c'est que même dans les donjons les plus sombres c'est de moi que les morts ont peur. Enfin c'est ce que l'on ressens face à mon miroir.

Eilane hocha la tête. Elle n'avait pas pris une seule fois la parole tandis que Brown parlait, réfléchissant à la meilleure marche à suivre.
Quand enfin son vis-à-vis se tue, elle prit une grande respiration, parcourut ses notes des yeux, puis leva son regard vers Charles Brown et le contempla un instant.

C'est vrai qu'il n'est pas de la première fraicheur.

La semi-Vélane évinça la légère grimace qui faillit tordre ses lèvres. Comme cela a déjà été dit, elle n'avait pas peur du genre d'apparence que véhiculait son futur employé. Après tout, elle avait croisé bien pire parmi les rangs du Seigneur des Ténèbres. Mais elle était tout de même une femme de goût, et - à ce titre - elle n'aurait pas rechigné sur un peu plus de grâce.

Soit, finit-elle par s'exclamer. Puisque vous dîtes vous sentir capable d'assumer un tel emploi (même si je doute qu'une arme moldue puisse être utile en quoique ce soit face au genre de créatures magiques auxquelles vous risquerez d'être confronté), je vais vous donner une chance... une seule. Attention à ne pas la gaspiller.

Eilane se pencha un peu en avant, ainsi plus proche que jamais de son interlocuteur. Si un quelconque dégoût face à l'apparence de Brown avait fait surface dans son profond intérieur, elle ne laissa strictement rien paraitre extérieurement.

Mes derniers langues-de-plomb de terrain avaient une mission... Malheureusement, ils n'ont pas pu la remplir pour... hum... certaines raisons qui font également qu'ils ne sont plus là non plus aujourd'hui afin de re-tenter l'aventure...

La semi-Vélane marqua un temps de silence, laissant planer le doute sur ce qui était arrivé à ses employé, un air énigmatique sur le visage.

Il existe un journal - magique, cela va sans dire - que je brûle d'impatience de récupérer pour le compte de ce département. Et c'est vous qui allez me le ramener !
Le journal en question appartenait à un puissant mage, Sohan Eros, qui possédait une maîtrise des charmes telle que tout le monde en rêverait.

Ce qui est inscrit dans ce journal ne vous regarde pas... pour le moment du moins.
Tout ce que vous avez besoin de savoir, c'est qu'il se trouverait en Pologne, et que plusieurs créatures le garderaient... Malheureusement, nous ne pouvez qu'utiliser le conditionnel. Rien, dans les textes que nous avons retrouvé concernant l'objet de votre recherche ne nous confirme avec certitude comment récupérer ce manuscrit...

Vous aurez à votre disposition tous les articles et écrits liés à ce journal. Mais vous ne pourrez les emmener chez vous. Vous devez comprendre que le serment du secret est quelque chose de très profondément ancré dans les mœurs de ce département.

A ce sujet, vous devrez, avant de partir accomplir votre quête, signer un premier document vous engageant à ne révéler à personne les activités qui vous sont assignées ici...
Ce ne sera qu'un premier pas... Vous signerez le contrat une fois votre tâche remplie...

Eilane sourit enfin, perdant ce petit quelque chose de mystérieux qui faisait briller ses yeux ambrés jusqu'à présent.

Je sais que tout cela peut paraitre sévère. Mais j'ai eu l'occasion de voir que la tâche des langues-de-plomb de terrain était souvent sous-estimée par ceux qui souhaitaient postuler à cet emploi... Et les résultats en furent souvent désastreux.
Je préfère que nous sachions au plus vite si ce métier peut vous convenir et si vous pouvez me convenir en tant qu'employé !

Des questions ?

HJ/ Absolument navrée pour le retard !!!!
Concernant la quête, j'aimerai que tu la joues en RP. Imagine ce que tu veux comme aventure, tant que ça reste cohérent et logique. Si tu as des questions, tu peux me MP, et si tu as besoin de joueurs pour jouer le RP de quête avec toi, ou pour interpréter des PNJ particuliers pour cette quête, tu peux poster une demande ici : Scénarios en cours et PNJ
Bonne chance Smile

/HJ

Mademoiselle, sachez que j'ai toujours aimé la chasse aux manuscrits.

Vous me voyez navré de ne pouvoir en savoir plus sur ce livre, je vous promet évidemment de ne jamais en lire de lignes.
Concernant mes compétences d'enquêteurs, je laisse rarement échapper d'indices, aussi vivants soient-ils.

Charles Dexter Brown se levant, il salua Miss Snake et sortit du bureau en boitant. Un livre, cette première enquête intéressa vivement M. Brown, lui qui avait vécu parmi eux. Alors un livre impie, caché et protégé, quoi de plus attirant pour un ancien bibliothécaire.

HJ Pour le RP, je vais le faire solo. Je devrais m'en sortir tout seul, du moins avec un peu de courage. Ah, et aussi à propos du contrat du secret à signer...où dois-je me rendre ? HJ

HJ/ Tu n'auras qu'à dire dans ton RP qu'Eilane te l'a fait signé lors d'une seconde rencontre où elle t'aura aussi permis de voir les documents sur le journal Wink

Je considère cet entretien fini et je verrouille le sujet. Si tu as des questions ou des demandes, n'hésites pas à m'envoyer un MP Smile

Je te laisse jouer le RP de la quête comme tu l'entends. Ensuite, tu n'auras qu'à poster un message dans mon bureau pour que l'on joue une nouvelle rencontre entre Eilane et Charles où elle te fera signer ton "vrai" contrat de langue-de-plomb Razz

/HJ

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