Entretien de Lunavi Diamantine

Ce n'était que le second entretien que Yeltaz devait faire passer et il se sentait encore plus angoissé qu'il ne l'avait été lors du premier. Il savait à présent pourquoi Eilane lui avait demandé de sortir de l'ombre dans laquelle il aimait pourtant tellement se lover et de devenir un personnage public des Mystères.
Il le savait depuis qu'un jour d'octobre grisonnant elle lui avait avouer vouloir bientôt quitter son poste de directrice et le lui léguer...

Par la suite, les choses n'avaient pas tellement changé... A la vue de la réticence de son collègue, Eilane avait reporté sa décision et Yeltaz lui en avait été plus que reconnaissant. Mais il savait que cette idée trottait toujours dans la tête de sa patronne, germant en elle telle une graine dont la plante qui en est issue ne cesse de pousser, inlassablement...

Il sortit de son bureau seulement une vingtaine de minutes avant l'heure de l'entretien et se dirigea vers la salle réservée à cet effet. Il se sentait endolori d'avoir une fois de plus dormi sur son lieu de travail, mais c'était une habitude dont il ne pouvait se départir.

Il s'assit sur l'une des deux chaises installées autour de la petite table et attendit que la femme à qui il devait faire passer l'entretien arrive, déplorant qu'il s'agisse encore d'une personne appartenant à la gente féminine, et donc face à qui il ne pourrait que se sentir mal à l'aise.

Lunavi avait reçu un hibou lui stipulant qu’elle était attendue deux jours plus tard au ministère de la magie pour passer son tout premier entretien d’embauche. C’est donc stressée mais confiante qu’elle se prépara.

Elle revêtit son plus beau tailleur, acheté avec les maigres économies que ses grands-parents lui avaient laissé à leurs décès. Bien sûr, celui-ci n’était plus tout neuf mais il lui allait encore comme un gant. De couleur bleu nuit, il était sobre mais n’en était pas moins élégant. Bien sûr, la demoiselle aurait aimé porter un vêtement neuf pour ce jour au combien important mais il ne fallait pas compter sur ses parents pour le lui payer.

Elle pria pour que la météo de Londres soit clémente et que le soleil y brille aussi fort qu’à Dublin. En effet, elle avait passée une bonne partie de la matinée à essayer de dompter ses cheveux et était arrivée à un résultat plus ou moins convenable. Il ne fallait pas que la pluie vienne saccager toutes ces heures de travail.

Elle sortit de la maison, inspira une grosse bouffée d’air et transplana.

CRAC.

Elle arriva à l’entrée de l’Atrium du ministère. Et sentit une énorme vague d’angoisse déferler sur elle. Ressaisis-toi ma petite, c’est pas le moment de flancher. Oui mais voilà, Lunavi était impressionnée par ce va et vient constant. Des avions en papier volaient partout, des sorciers couraient dans tous les sens, les ascenseurs s’ouvraient et se fermaient pour mieux se rouvrir quelques secondes plus tard. Mais c’est une fourmilière géante !

Prenant son courage à deux mains (une troisième n’aurait cependant pas été de refus), la jeune fille mis un pied devant l’autre et traversa le couloir. Peu de monde se retourna sur son passage, il était vrai que Lunavi ne suscitait que rarement l’intérêt des inconnus. Tête baissée, ses yeux bleus rivés sur ses chaussures, elle passait totalement inaperçue dans ce lieu bondé. Il faut vraiment que j’apprenne à supporter la foule.

Elle tendit sa baguette toute neuve au jeune homme charger du contrôle qui la lui rendit avec un charmant sourire. Oh, y a quand même des employés mignons par ici. Tournant les talons, se sentant venir le rouge aux joues, elle se dirigea ensuite vers les ascenseurs et monta dans celui qui lui faisait face. A l’intérieur, se trouvaient deux femmes d’un certain âge et un jeune homme. Tiens, sa tête me dit quelque chose. Perdue dans ses pensées, elle ne pensa pas à appuyer tout de suite sur le bouton du département des mystères. Ce n’est que lorsque l’ascenseur se retrouva au point de départ qu’elle sortie de sa rêverie. Ca commence bien. Et elle appuya sur le bouton du dernier étage.

Les portes s’ouvrirent sur un couloir sombre et Lunavi s’y engouffra. Un frisson lui parcouru l’échine. La température était nettement plus fraîche comparée à celle de l’Atrium. Bon, et je vais où maintenant ?

Ses yeux scrutèrent les murs jusqu’à tomber sur un panneau qui indiquait le couloir de droite. Salle des entretiens, et bien allons-y ! Et elle longea le mur droit à la recherche de la fameuse salle. On ne pouvait cependant pas la ratée. Et lorsqu’elle se trouva face à face avec la porte d’entrée, Lunavi soupira un bon coup, se redressa et frappa deux fois.

Les coups frappés à la porte annoncèrent l'arrivée de la jeune femme à qui Yeltaz devait faire passer l'entretien. Il se sentit soudain totalement gauche, comme un petit enfant qui n'aurait rien à faire dans une si grande pièce. Ses mains devinrent moites, son coeur se mit à battre trop vite et il dut se forcer à respirer normalement pour ne pas risquer une crise de nerf.

Eilane savait tout ça, savait à quel point il supportait mal la foule, la présence des femmes, et tout le reste... Comment, dans ces conditions, espérait-elle le voir un jour devenir directeur de ce département ?
Il n'était pas fait pour un tel travail... Il ne savait même pas réellement pourquoi il était fait, à vrai dire !

Entrez.

Sa voix efféminée, en accord parfait avec son physique androgyne, sembla ricocher sur tous les murs, résonnant dans sa tête et amplifiant son malaise.

Quand il vit la jeune femme s'avancer, il tenta de se redonner une constance, au moins apparente, pour le besoin de l'entretien et du département.

Mademoiselle Diamantine ?

Il se leva pour venir à la rencontre de la future employée, lui tendant une main bienveillante qu'il espérait la voir serrer.

Je m'appelle Yeltaz Altaïr LeBihan. Je suis le directeur adjoint du département des Mystères.

Incapable de garder trop longtemps ses yeux rivés sur la jeune femme, il retourna rapidement s'asseoir et laissa son regard vaquer sur ses feuilles de papier vierges.

Je dois avoir l'air stupide. C'est moi le supérieur hiérarchique et je ne suis capable que de soumission !

Luttant contre lui-même, il releva les yeux, esquissa un sourire maladroit et ajouta tout en désignant le siège en face de lui pour que Lunavi s'y installe.

Je vous écoute.

Lorsque la personne qui devait lui faire passer son entretien l’invita à entrer, Lunavi poussa la porte et pénétra dans une pièce parfaitement éclairée malgré le fait qu’elle se trouvait dans les sous-sols du Ministère. Cependant, elle était très peu meublée, comprenant une table et deux chaises. Sur la table se trouvait poser des feuilles de parchemin vierge. Certainement pour prendre des notes.

La demoiselle porta alors son attention sur l’homme qui allait tenir d’ici quelques minutes son avenir dans ses mains lorsque ce dernier prononça son nom d’une voix légère, presque dans un murmure. Elle acquiesça d’un mouvement de tête et le détailla un peu plus lorsqu’il s’avança vers elle. Sa peau claire, ses cheveux blonds tirant presque sur le blanc et la couleur sombre de ses yeux lui indiquèrent tout de suite qu’elle se tenait face à un homme-vélane. C’était la première fois qu’elle avait le plaisir d’en rencontrer.

Il se présenta alors, lui indiquant qu’il se nommait Yeltaz Altaïr LeBihan et lui tendit la main. Lunavi fit de même et la lui serra amicalement.

Enchantée !

Elle avait toujours le regard fixé sur lui, l’étudiant dans les moindres détails. Elle fût surprise de le voir détourné ses yeux aussi rapidement et de rejoindre son siège d’un pas rapide. Est-ce que je l’impressionnerais à ce point ? C’était une première pour la jeune femme. De mémoire de Lunavi, elle n’avait jamais eu cet effet là sur un homme. C’était déconcertant mais flatteur en même temps.

Elle le vit ensuite sourire timidement lorsqu’il l’invita à prendre place sur la chaise en face de lui. Elle lui rendit son sourire et s’installa aussi confortablement que l’on puisse l’être lorsque l’on passe un entretien d’embauche. C’est-à-dire, le strict minimum étant donné que les muscles sont tendus par le stress.

Je vous écoute.

Il m’écoute. Très bien. Mais que veut-il entendre ? En effet, le stress ayant pris le dessus, sans compter que c’était une première pour elle, la jeune femme ne savait pas comment débuter cette conversation. Comment faire bonne impression? Comment ne pas passer pour une cruche ? Toutes ces questions se bousculaient dans sa tête. Elle ramena ses cheveux sur son épaule gauche, signe d’un grand malaise chez la demoiselle et opta pour la franchise et la sincérité. Elle allait commencer par parler d’elle, se présenter plus amplement et aviserait par la suite.

Et bien, je me nomme Lunavi Diamantine, mais vous le savez déjà. J’ai 22 ans et je suis originaire d’un petit village dans la province de Dublin. Mes parents sont tous les deux irlandais et j’ai un frère et une sœur plus jeune que moi. J’ai fait mes études à Poudlard au sein de la maison Gryffondor. J’étais une bonne élève, j’ai pris avec moi mon bulletin d’ASPICS si vous voulez y jeter un coup d’œil. Mes matières préférées étaient la défense contre les forces du mal et les sortilèges. Je ne vous cacherais pas que je n’ai jamais aimé les cours trop théorique dans le genre de l’histoire de la magie. Je préfère de loin la pratique.

Elle s’humecta les lèvres, reprit son souffle et continua sur sa lancée.

Je suis une femme active qui ne supporte pas d’être enfermée. Il faut que je bouge pour me sentir bien. En ce qui concerne mon caractère, je le qualifierai de fort. Disons que je sais généralement ce que je veux et que je met tout en œuvre pour l’obtenir. Je ne me laisse pas marcher sur les pieds même si je respecte la hiérarchie. Je ne suis pas non plus obnubilé par mon apparence même si comme toute femme j’aime être coquette. Revenir emplie de poussière et les cheveux en batailles ne me dérange pas. C’est pourquoi le poste de langue-de-plomb de terrain m’a semblé être fait pour moi.

Elle termina sa phrase par un charmant sourire, du moins elle espérait faire cette effet, les muscles de son visage ne voulaient toujours pas se détendre et elle ne savait pas quelle image pouvait bien se refléter dans les yeux du jeune homme.

Elle sera ses mains et reposa les yeux sur Mr. LeBihan espérant avoir fait bonne impression.

Mimant Eilane, qui lui avait un jour permis de suivre l'un des entretiens qu'elle faisait parfois passer pour apprendre la marche à suivre, Yeltaz notait sur un large parchemin les divers renseignements que lui apportaient Lunavi.

Glissant sur les informations d'ordre trop personnel, considérant qu'elles ne le regardaient pas, il s'intéressa surtout à tout ce qui concernait les études de la jeune femme, mais tiqua surtout quand elle lui annonça son âge. Elle était jeune pour entrer au département des Mystères, même pour devenir langue-de-plomb de terrain.

Mais on est en manque d'effectifs. Et s'il s'avère qu'elle a le profile pour mener ce genre de travail à bien, je pense qu'on pourra faire une exception à la règle des 22 ans et plus !

Il prit les résultats d'examens que Lunavi lui présentait et les parcourut, sans trop savoir quel genre de réaction il devait afficher à leur vision, lui-même n'ayant jamais suivi aucun cours et n'ayant jamais passé aucun examen !

Malgré tout, malgré le fait que Lunavi semblait sure d'elle et correspondre à ce dont les Mystères avaient besoin, il se devait de lui préciser certaines choses :

Je suis obligé de vous informer qu'en principe, nous n'embauchons pas les sorciers de moins de 22 ans... Mais je suis près à oublier cette règle si vous savez me prouver que vous êtes vraiment motivée pour cet emploi et qu'il vous convient réellement.

Il lui sembla étrange de parler ainsi, avec une assurance qui ne lui ressemblait pas et un léger sourire s'afficha sur son visage, preuve de sa fierté à réussir à mettre de côté son caractère introverti.

Qu'est-ce qui vous fait penser que...

Cette assurance nouvelle, finalement, semblait moins forte qu'il ne l'avait espéré, et déjà il commençait à la perdre tandis qu'il interrogeait la jeune fille, les yeux rivés sur elle, réalisant qu'il se sentait bien insignifiant en comparaison à elle.

...que vous pourrez vraiment faire l'affaire, malgré votre trop jeune âge ?

Il se doutait qu'elle risquait de répéter ce qu'elle avait déjà dit, mais n'avait rien trouvé d'autre à demander.

Son jeune âge…Oui, elle n’avait que 22 ans mais il fallait bien débuter dans la vie active un jour. Et elle ne pouvait plus rester sans rien faire. L’autonomie et la liberté lui manquaient. Elle devait décrocher cet emploi coûte que coûte. Elle reposa ses yeux sur son interlocuteur et essaya de déchiffrer cette soudaine assurance. Etait-ce bon signe ? Si elle ne l’intimidait plus, peut-être parviendrait-elle à le convaincre qu’elle était l’élément qui manquait dans l’équipe. Elle n’avait pas l’âge requis pour cette tâche ardue mais elle avait un fort caractère et les épreuves passées l’avaient grandie. Elle devait jouer le tout pour le tout.

Le regard toujours rivé sur Yeltaz, elle le vit se liquéfier un peu plus lorsqu’il lui demanda ce qui pourrait peser dans la balance face à son âge. Soit il a juste entendu que j’ai 22 ans, soit il perd vraiment tous ses moyens.

Faisant bonne figure, Lunavi lui sourit.

Sans vouloir passer pour quelqu’un d’imbu de sa personne, je dirais que mon caractère et ma motivation pourraient vous prouver ce dont je suis capable. Bien sûr, je n’ai aucune expérience, mais il y a un début à tout. Cependant, je pense que la meilleure façon de vous montrer ce que je vaux serait encore de me faire passer un test sur le terrain.

Oui, pour elle, la meilleure façon de prouver ce qu’elle valait était d’être mise à l’épreuve. Elle savait que ce genre de test faisait monter en elle l’adrénaline. De plus, cela la rendait combative. Elle aimait être sous pression, elle se plaisait à réussir seule par ses propres moyens.

Elle se détendis, croisa les jambes et posa ses mains sur ses genoux.

Seriez-vous d’accord de me mettre à l’épreuve ? Au pire, je rate le test. Au mieux, je le réussi et je vous prouve que je suis un bon élément.

Elle planta ses yeux dans ceux du jeune homme et attendis.

Elle était culottée, et ça ne faisait qu'amplifier cette impression de soumission que Yeltaz éprouvait toujours à l'égard des femmes. Il avait soudain la sensation d'être de nouveau ce garçon Vélane au milieu de sa communauté matriarcale. Cet être qui se sentait tellement petit dès qu'une femme l'approchait...
Rien n'avait changé finalement pour lui, et le fait d'avoir fuit la communauté, de s'être installé dans le monde des sorciers n'y faisait pas grand chose, rien ne changerait jamais !

"Seriez-vous d’accord de me mettre à l’épreuve ?"

C'était lui qui était sensé faire passer l'entretien, et voila qu'elle se mettait à lui poser des questions, à lui proposer ses idées comme si c'était elle qui tenait les rênes de la situation !

Qu'est-ce que Lana ferait ? Permettrait-elle une telle chose ? Et si j'accepte alors que je ne devrais pas ? Si jamais cette "épreuve" tourne mal et que Lana m'en fait le reproche ensuite ?

Indécis, il ne savait quoi répondre, quoi choisir. Mais la jeune femme attendait qu'il accepte ou non et il ne pouvait décemment la faire patienter plus longtemps... Une solution lui vint alors à l'esprit.

Cette idée me semble la meilleure en effet. Il doit justement y avoir une réunion des langues-de-plomb de terrain dans deux jours, pour mettre en place leur prochaine mission. Je pense que vous pourrez y assister et participer à cette mission... Si vous semblez correspondre à ce que le département recherche, votre contrat définitif vous sera ensuite remis...

Sinon, les oubliators devront lui effacer le souvenir de cette mission...

Ce qu'il ne précisa pas, c'était qu'Eilane présiderait la réunion et pourrait ainsi décider définitivement si elle acceptait cette idée de période d'essai... Dans le cas contraire, il ne serait sans doute pas inquiété, puisqu'elle aurait eu ainsi le temps d'empêcher le pire d'arriver !

Les papiers pour la période d'essai vous serons remis au début de la réunion... Si vous acceptez de vous y rendre.

Et voila, il faisait passer l'un de ses premiers entretiens d'embauche, et - fait étrange - il n'avait ni engagé ni refusé la personne...

Les yeux azurs de la demoiselle étaient toujours fixés sur Yeltaz lorsque celui-ci lui annonça qu’une réunion des langues-de-plombs de terrain se tiendrait dans deux jours. Il n’était pas contre l’idée de lui faire passer un test et Lunavi reprit directement confiance en elle. Elle se détendit et poussa un soupir de soulagement. La première épreuve avait été réussie mais il ne fallait pas crier victoire trop vite. Cependant, elle ne pût s’empêcher d’être optimiste. Fait rare chez cette jeune fille qui arrivait toujours à imaginer le pire dans toute situation. Ce n’était pas dû à un manque de confiance en soi, mais plutôt à un grand manque de reconnaissance pour tout ce qu’elle entreprenait.

L’homme-vélane poursuivit en lui signifiant qu’elle recevrait ses papiers d’essai lors de cette réunion si elle désirait y assister. Bien sûr qu’elle y serait présente. Elle n’avait pas passé cet entretien pour échouer si près du but. Elle gratifia Yeltaz d’un grand sourire.

C’est avec un grand plaisir que j’assisterai à cette réunion. Je vous remercie pour cette opportunité. Et j’espère vous satisfaire.

Oui, elle l’espérait. Elle avait besoin de cet emploi mais ce n’était pas son unique motivation. Elle savait que ce genre de poste lui plairait. D’aussi loin qu’elle s’en souvienne, le mystère et tout ce qui l’entoure l’avait toujours attirée. Et là, elle était à deux doigts de devenir une langue-de-plomb de terrain. Autant dire qu’elle ferait tout ce qui est en son pouvoir pour y arriver.

Où et à quelle heure dois-je me présenter ?

Elle serait prête. Elle le savait. Elle réussirait. Du moins, elle l’espérait.

Elle acceptait !

Soudain Yeltaz ressentit une agréable vague de réconfort. Il lui fallut alors admettre qu'il avait réellement craint qu'elle ne refuse son offre, qu'elle choisisse d'abandonner son postulat, ou, au contraire qu'elle s'entête à réclamer quelque chose de mieux, de plus concret, immédiatement.

Mais les choses semblaient moins échapper à l'homme-vélane qu'il n'en avait eu peur ! Et, sans lui redonner la très légère prestance qu'il avait réussi à acquérir durant quelques minutes en début d'entretien, cela réussit au moins à faire apparaître sur son visage efféminé un léger sourire de victoire.

Je suis ravi de voir que nous arrivons à une solution, avoua-t-il de sa voix fluette, presque chuchotante. Je dois vous confesser que je n'ai fait passer que peu d'entretien depuis que je suis ici. J'espère donc ne pas avoir paru trop manquer d'expérience aujourd'hui ! Je reste parfois tellement cloîtré dans nos salles d'expériences que j'en oublie presque l'existence du monde qui nous entoure !

Il s'en voulu immédiatement d'avoir dit cela. Montrer ses faiblesses étaient le genre de choses à ne jamais faire quand on avait le poste qu'il occupait et quand on risquait de se voir un jour promus à celui qu'Eilane lui réservait !

Parfois, je ferais mieux de me taire !

Il se leva et s'avança vers Lunavi, le sourire toujours figé sur son visage. Il lui tendit une main avenante, qu'il s'attendait à la voire serrer, comme pour sceller cet accord, faute de sceller un véritable contrat.

Pour le moment.

La réunion aura lieu à 9 heures, dans la salle de réunion. Elle se trouve dans le couloir. Il y a une pancarte sur la porte, vous la trouverez facilement !
J'espère sincèrement que tout se passera bien pour vous.

Elle vit Yeltaz se détendre et sourit face à cela. Elle n’avait jamais rencontré un homme si tendu et si discret. Comment est-ce possible ?

Il semblait soulagé, comme si elle venait de lui enlever un énorme poids qui se trouvait sur ses épaules et son impression se confirma lorsqu’il lui avoua ne pas être à l’aise avec les entretiens d’embauche. Lunavi senti monter en elle une énorme bouffée de compassion. Pas de la pitié, juste un grand élan de sympathie envers cet homme si timide.

Ne vous excusez pas, il y a un début à tout. Et je trouve que vous vous en êtes sorti à merveilles.

En même temps, c’était son premier face à face pour un recrutement, elle ne savait pas non plus de quelle manière il fallait s’y prendre.

Il s’approcha d’elle et lui tendit sa main. La demoiselle s’empressa de la serrer comme pour sceller leur accord. Il mentionna l’heure et l’endroit de la réunion et paru réellement sincère lorsqu’il ajouta espérer que tout ce passe bien pour elle.

Je vous remercie, pour tout.

De simples mots pour exprimer sa gratitude envers cet homme.

J’espère vous revoir rapidement.

Elle lui sourit et sortie par la porte qu’elle avait poussé quelques minutes plus tôt. Une page venait de se tourner, à elle d’en écrire une nouvelle.

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