Quand la folie rencontre la déraison...(PV)

Voila un moment que le corbeau n'avait pas trainé ses ailes de malheur dans les rues de pré-au-lard et pour cause sa tête était placardée sur la plupart des magasins de la rue principale avec un magnifique "homme dangereux recherché" en guise de titre. Il regarda son propre visage lui sourire et lui faire un clin d'oeil avant d'arracher l'affiche et de la tendre devant lui pour se contempler plus clairement. Un grincement émergea de sa gorge, quelle euphorie, quel théatre prévisible. Nonchalement le mauvais serviteur balança le papier derrière lui et s'enfonça dans une ruelle sombre à l'odeur plus que douteuse. Antre de lacheté et de vilainie, un paradis pour sa folie.

Il s'arreta prêt d'une poubelle déchirée qui vomissait la moitié de son contenu sur le sol dans lequel un chat décrépi et squelletique fourrait un nez malsain puis posa son dos contre le mur.
Il sortit de sa poche un paquet de cigarette cabossé et en tira une blonde qu'il se colla entre les lèvres. Un nouveau grincement lugubre exprima son contentement lorsque, d'un coup de baguette, il l'alluma et en dégagea une bouffée empoisonnée.
Le corbeau savoura la nicotine qui pourrissait ses poumons en fermant les yeux et en laissant découvrir ses dents blanches dans un rictus de plaisir.

Il leva ensuite les yeux vers le ciel où, cette nuit, la narquoise se planquait lâche derrière la fumée de sa propre poltronnerie. Son regard redescendit ensuite vers le félin décharné qui venait de faire tomber un couvercle de poubelle dans un bruit sonore.
Le mauvais serviteur pointa sa baguette vers un rat qui venait de lui passer derrière les jambes et qui déguerpissait en direction de la rue principale et murmura:

Avada kedavra...
Accio rat.

le rongeur, à présent flasque atterit dans sa main et le corbeau le balança au chat qui le prit dans sa gueule avant de disparaitre dans un trou de mur. Il eu un sourire le mauvais serviteur:

La loi du plus affamée...

Il soupira ensuite tout en tirant une lourde bouffée de sa cigarette, elle se faisait attendre la mystérieuse qui ne l'attendait pas.
Les retrouvailles seraient un délice, encore une scène qui se jouerait et dont on ne connaissait pas l'issue.
Enfin des pas résonnèrent et le visage du corbeau étincela d'une lueur démente. enfin...

Ivy marchait dans les rues de Pré-Au-Lard, sa large capuche recouvrant presque entièrement son visage, ne laissant que deviner deux yeux bleus perçant qui avaient dû, autrefois, appartenir à un charmant minois.
Dans sa main pendait une étrange tresse de cheveux roux, chaque mèche portant une couleur différente. Elle semblait serrer cet objet comme un porte-bonheur qu'on aurait bien été en mal de lui faire lâcher.

Ce soir, elle ne chassait pas, il n'y avait pas de jolie petite fille aux cheveux d'or pour attirer son attention. La faucheuse était donc à l'arrêt, mais toujours à l'affût d'une éventuelle victime, même si son terrain de jeu préféré restaient les ruelles moldues et mal famées de Londres.

Ce soir la faucheuse avait rendez-vous avec un corbeau, ou peut-être un rat... Quelle importance ?... Ils ne s'étaient pas donné rendez-vous, à proprement parlé, mais chacun savait que l'autre serait là, et qu'il l'attendrait. Cela faisait si longtemps qu'ils ne s'étaient pas vu en tête à tête qu'elle en avait presque oublié son parfum, ou sa folie qui ne ferait que vaguement ternir la sienne.

L'accepterait-il, maintenant qu'elle était devenue si "différente" ? Les étoiles semblaient lui murmurer un "oui" timide et elle voulait y croire.

Enfin, elle arriva dans la ruelle où il avait trouvé refuge, et, derrière une bouffée de fumé grise, elle aperçu le visage de la folie et eut l'envie immédiat de s'y abandonner... comme autrefois.

Corbeau de malheur, dit bonsoir à madame Mystère.

Sa voix était sans timbre, comme perdue dans les limbes.

Le vent a soufflé à mon oreille... tsss, psss, tsss... Le vent a dit que le corbeau serait là...

Elle s'avança vers lui et sourit sous son capuchon qu'elle ne paraissait pas prête à ôter.

Et le vent avait raison, gloussa-t-elle de délice.

Il y eu un grincement sinistre pour accueillir le parfum de la mystérieuse. La cigarette s'ecrasa pitoyablement sur le sol et le pieds nu du mauvais serviteur s'amusa un instant avec la lueur vacillante puis l'écrasa, cruel petit jeu d'espoir inexistant. Que cachait ce capuchon? question intéressante a laquelle il était presque sur qu'il n'aurait pas de réponse claire. Il la connaissait assez et depuis longtemps pour savoir quelles auraient pu être les raison qui la poussait à jouer les intriguantes, les voiles noires de la mort.
Mais la mort il l'avait déjà pour lui, il étai trop tard pour laisser de la place pour le mystère dans son esprit.

Le vent n'est qu'une comère de plus, il colporte les ragot vilain voyeur, je suis sur qu'il sait même ce qui se cache sous le mystère de tes voiles, la mystérieuse...

Il eu un sourire et se décolla lentement du mur laissant pendre nonchalement ses bras le long de son corps séduisant. Il eu un petit mouvement de tête, sa baguette était toujours dans sa main mais il ne semblait pas avoir envi de s'en servir. Elle le connaissait, ce n'était qu'une "rencontre entre vieux amis" n'est-ce pas... en tous les cas ce qui pouvait le plus y ressembler lorsque les deux marionnettes étaient d'anciens amants de folie.

Il s'approcha toujours aussi lentement mais s'arreta quand meme a un pas d'elle, tendant lentement la main comme pour vouloir la toucher mais au dernier moment fit apparaitre une bouteille au liquide transparant qui ne faisait aucun doute sur ce qu'elle contenait.
Il la deboucha d'un coup de dents et en prit une gorgée, nourriture de l'esprit, nourriture de folie.

Trinquons, à notre rencontre Ivy Mistery ou plutot a nos retrouvailles n'est-ce pas délicieuse Elea...

Commère ou non, le vent me dit toujours tout ce que j'aime entendre... Le vent en sait des tas des choses, presque autant que les étoiles !

Elle avait vu sa baguette et s'était amusée de l'observer cet instrument de la mort en main... Ils pourraient faire tant de carnages tous les deux ce soir, ensemble comme au bon vieux temps.

Mais pour le moment, c'était une autre sorte d'occupation que lui proposait le corbeau et Ivy ne se sentit pas de refuser un tel breuvage.

Vodka !

Et elle trinqua, la dame Mystère, avec le corbeau de ses nuits de folie.

Eléa, je ne suis plus, corbeau... Eléa est un nom que j'ai oublié. Les étoiles m'en ont donné un autre... C'est Dame Mystère que je suis maintenant... Les étoiles ont fait ça bien, n'est-ce pas ?

Il y avait un troisième nom encore, celui qu'elle préférait entre tous, même si c'étaient des moldus qui le lui avaient donné...
La Faucheuse...
Mais ce nom là, il n'était pas prudent de le prononcer,... pas même auprès du corbeau... Allez savoir ce qu'il pourrait en faire !

La nuit est encore longue, corbeau... Un peu de sang ne serait-il pas le meilleur des cadeaux de retrouvailles ?

Elle n'espérait qu'une chose, qu'il acquiesce... et que le spectacle commence... La Faucheuse entrerait en action...

Un nouveau grincement retentit a nouveau, noircissant la nuit, faisant palir les étoiles et fuir le vent.
Comment allait-il se dérouler ce petit act sans importance, ces retrouvailles de comparses du diable? intéressante question mais si inutilement posée. Il y a toujours plus de plaisir lorsque les yeux découvre par eux-même un nouveau denouement à la scène jouée. Piteux pantins, pauvres marionnettes dans les mains d'un maitre. Pourtant les deux anciens amants en ce soir ne semblaient servir qu'eux-mêmes.

Voila qu'elle trinque, elle ne s'est donc pas tant éloignée de son image passée. Il reprend la bouteille, le corbeau a soif ce soir, très soif.
Il émet a nouveau son rire de porte de cimetiere et tourne un regard narquois vers la "belle?".

Les étoiles? Où vas-tu chercher ça, les étoiles sont aussi égoistes que la blonde ronde... te donner un nouveau nom....
"Rien ne devrait recevoir un nom, de peur que ce nom même ne le transforme."
Ton nom t'a-t-il transformé? Ou, comme je le pense, c'est ton amour pour la folle magie qui a agit?
Amour qui t'a fait dédaigner ma compagnie...

Le corbeau sourit, il ne répond pas à l'invitation, le carnage attendra, de toute manière une proie est plus délectablement prévisible lorsqu'elle fuit.
Un fou a des oreilles et il a entendu, les murmures, les rumeurs sur la nouvelle passion de la dame mystère.
Il est temps de s'amuser a ses dépends, peut-être même qu'elle y prendra plaisir.

Alors tu les préfères.. roux maintenant c'est ça?

Alors, le corbeau ne croit à rien de ce qu'on lui dit ?
Tout parle, il suffit d'écouter... et la médisance n'est pas toujours la première des choses à entendre...
Même le vent apporte son lot de nouvelles, corbeau... Le vent qui vole dans mes cheveux me dit que tu essaies de me cerner... Le vent mentirait-il ?

Pendant un instant, Ivy resta piquée sur place, laissant la chaleur de l'alcool envahir son corps tandis que la brise semblait essayer de la contacter... Ou peut-être n'était-ce que le murmure de frayeur poussé par un pauvre passant, un peu plus loin dans la rue, à la vision de l'étrange couple que la dame Mystère formait avec le corbeau ?

Mais le corbeau ne veut pas jouer !

Tout en prononçant ces mots, elle arbora une moue déçue, comme celle d'une enfant à qui on vient de refuser un nouveau jeu.

Le corbeau ne serait-il plus qu'un rabat joie qui a perdu goût à la chasse...
Aimes-tu toujours chasser corbeau ?

La dernière question de Servus la fit alors se raidir. Ses doigts se resserrèrent autour de la tresse rousse qu'elle tenait tout le temps, et l'avidité de la folie se réveilla dans son regard bleuté, seule partie de son visage qu'il était possible d'apercevoir, tout au fond de son capuchon.

Les rousses, corbeau... Les rousses, pas les roux...
Pauvres petites chattes... Elles sont si belles quand elles sont froides...

Le grincement sinistre du corbeau résonna dans la ruelle, faisant echo a son ironie de folie. Finalement n'a-t-elle pas changé la belle qui partageait autrefois son plaisir? Elle s'est trop éloignée à présent et, pour le mauvais serviteur, elle n'est plus que l'ombre de la saveur qu'elle lui faisait gouter autrefois toutefois il ne fallait pas negliger le nouveau potentiel de la mystérieuse qui promettait une nuit memorable.
Il sourit montrant ouvertement sa moquerie habituelle.

Te souviens-tu si peu de moi que tu poses des questions inutilement inintéressantes?
Le vent, le vent, il dit bien ce qu'il veut, un mauvais serviteur comme moi n'ecoute que ce que sa folie lui murmure exception faite des ordres de son maitre.
hum tout ça m'ennuie.

Il jeta un coup d'oeil a la belle au capuchon, son sourire disparut sans effacer toutefois le rire de ses yeux fous. Elle veut jouer, bien sur, elle veut se rappeler le passé, ce serait amusant en effet mais il y avait de quoi hesiter devant le plaisir certain que lui procurerait la deception d'une ancienne maitresse si il lui refusait ce plaisir.
Que faire que faire.... Le corbeau jeta un regard vers le ciel voilé et son sourire sadique réapparut.

La chasse...
hum il est vrai que le rouge me manque ce soir....

Il se remit a grincer et but une autre goulée de la petite eau, laissant echapper un "ha" satisfait avant de violement lancer la bouteille quasiment vide contre le mur ou elle explosa pitoyablement en une pluie de verre qui s'ecrasa dans la puanteur d'une poubelle.
Le corbeau écarta les ailes, donnant le départ d'une nuit sanglante:

Puisque tu veux chasser chassons! et au plaisir de te voir saliver devant des cheveux rouges... par ou commencerons-nous? je te laisse l'honneur de choisir...

Eléa est morte corbeau... Pouf, évaporée...

Ivy fit un bruit sinistre avec sa bouche comme pour décrire l'évaporation de son ancien "moi".

Et avec elle se sont évaporés son passé et ses souvenirs... Aujourd'hui, il n'y a que moi, le vent et les étoiles... Et la rousseur des jeunes filles...

Ses yeux bleus, seule partie visible de son visage caché sous le capuchon, scrutèrent la ruelle... Il n'y avait pas ou presque pas de passant ce soir... Son trophée de chasse, la fameuse tresse qu'elle tenait toujours entre ses doigts, risquait bien de ne pas se voir agrandi aujourd'hui...

Et la faucheuse n'aime pas être accompagnée quand elle fauche... Ce soir, seule la mort nous guidera ! annonça-t-elle pour elle-même, peu intéressée de savoir si Servus l'avait ou non entendue.

"Par ou commencerons-nous? Je te laisse l'honneur de choisir..."

Un sourire carnassier se dessina sur l'invisible visage de la dame Mystère...
Son regard balaya de nouveau les lieux... Au bout de la ruelle s'en trouvait une autre où une jeune couple marchait main dans la main... Ils étaient loin, ils n'avaient pas encore eu le temps de voir les deux fous à l'affût d'une proie, et, surtout - les yeux d'Ivy semblèrent s'en illuminer de plaisir - les cheveux de la jeune femme, qui dépassaient à peine de son chapeau, avaient de très beaux reflets dorés, même s'ils étaient trop blonds à la base pour être qualifiés de "roux".

Je te laisse l'homme, corbeau... Lui ne m'intéresse pas !

Sa main gauche se resserrant sur la tresse et la droite sur la baguette qu'elle avait empoigné, la faucheuse n'attendait plus que le coup d'envoi des festivités.

Comme elle était devenue ennuyeuse la folle maitresse avec laquelle il avait tant prit de plaisir a partager ses jeux. Le corbeau soupira, la douce et si passionnée mort qui illuminait ses nuits lui manquait ce soir. Au moins avec elle il savourait le jeu, ici son seul plaisir serait de partager une tuerie sans poesie. Shakespeare devait bien rire.

Il s'avança lentement ses pieds nus se levant aussi légers que des plumes et se plaça a coté de la faucheuse. Il observa un instant le couple qui joyeusement profitait de l'instant. Plus pour longtemps pauvres mortels ils seraient bien déçus de savoir que leur gout pour les soirées romantiques les mèneraient vers la mort.
Le mauvais serviteur leva sa baguette devant son visage observant le bout de bois étrangement tordu aussi tordu en verité que son propre esprit puis sans un bruit et par quelques enjambées rapides il rejoignit les petits inséparables.

Bonsoir....

Pour une fois sa voix était denuée de sarcasme, les deux oiseaux se retournèrent pour le regarder et dans leurs yeux l'etonnement fit place a la peur, l'homme jeta sans le vouloir un rapide coup d'oeil a une affiche sur un mur...cette meme affiche qui avait amusé le corbeau quelques minutes plus tot.
Enfin le sourire habituel de la folie réapparut, apres tout pourquoi ne pas profiter même si la belle Elea était devenue la froide et ennuyeuse faucheuse, lui était toujours le fou et la jubilation était la même au final.
Il se mit a grincer et leva sa baguette, un murmure franchit ses lèvres et dans un éclair la femme fut projetée aux pieds de son ancienne compagne.

Let's enjoy it! n'est-ce pas ?... a defaut de savourer les plaisirs passés savouront le présent!

Il se remit a rire et s'avança vers l'homme maintenant a genoux, il leva sa baguette.... le sang coula.

"A défaut de savourer les plaisirs passés savourons le présent !"

Les sourcils d'Ivy se froncèrent sous son capuchon et si le corbeau avait pu contempler le visage de la dame Mystère, il l'aurait vu afficher une grimace de mépris.
C'était donc ainsi que son ancien compagnon traitait une telle proie ? La beauté ne comptait donc pas pour lui ?
Détournant son attention du corbeau mangemort, Ivy la reporta plus avidement sur la jeune femme.

Oui... Elle sera parfaite, les étoiles l'aiment, murmura-t-elle d'une voix à la fois chuintante et languissante.

Alors que le sang de l'homme giclait sous les coups de Servus, sa camarade rampait jusqu'aux pieds de la faucheuse, les yeux remplis de larmes, le regard implorant.

"Par pitié, ne me faites pas de mal, je ferais tout ce que vous voulez ! "

Ivy s'esclaffa en entendant ces supplications.

Tout ce que je veux petite chatte ?

Elle s'agenouilla auprès de la jeune femme et caressa négligemment ses cheveux.

Tout ce que la dame Mystère veut ?

D'un geste preste, elle fit tomber sur ses épaules son capuchon, se fichant bien à présent du regard que le corbeau pourrait porter sur les cicatrices de son visage.

Tout ce que la Faucheuse veut ?

La jeune femme aux cheveux d'or frissonna et se recroquevilla à l'entente de ce nom maudit, ce qui arracha à Ivy un sourire satisfait où la folie l'emportait sur le peu de raison qui lui restait. Ainsi son nouveau nom effrayait même les sorciers...

Et si la Faucheuse ne désire que te faucher ?

Ivy leva son regard bleu vif, seul vestige de sa beauté d'antan, en direction de Servus qui s'acharnait sur sa propre proie et s'adressa soudainement à lui.

Qu'en dis-tu corbeau... La Faucheuse va-t-elle faucher cette nuit ?

Le mauvais serviteur savourait l'odeur de la peur, quel doux fumet que celui de la mort lorsqu'elle arrive et que sa proie le sait. L'homme saignait abondamment après le sort du corbeau et la jolie couleur rouge qui agrandissait son territoire sur les pavés de la rue en était la preuve toute tracée.

Il ne s'occupait plus de sa faucheuse compagne, quel intérêt, il était bien assez nombreux avec sa propre folie pour pouvoir s'amuser.
Pourtant c'est la mystérieuse elle-même qui le coupa dans son plaisant jeu de destruction...

Il ne se retourna pas tout de suite laissant à sa démence le temps de calmer son impatience grandissante. Puis, un sourire sarcastique sur les lèvres, il lui fit face:

La faucheuse ne doit-elle pas être digne du nom que son cher vent lui a donné?
Ce ne serait pas faire honneur à sa réputation que d'être indulgente n'est-ce pas?

Sa moquerie est ouverte et il jubile pour lui-même. Il ne prend même pas le temps de contempler sa réaction, si elle veut le punir elle n'a qu'a le faire, il en ressentira un plaisir certains et elle le sait c'est en cela qu'un fou est déroutant et exaspérant.
Il revient a sa propre proie qui tremblote ridiculement sur le sol.
Le mauvais serviteur s'accroupit et, penchant la tête approche son visage de celui, livide, du futur cadavre.

Sais-tu ce qu'est la folie pathétique petite vie?
C'est la raison sans limites. Comprends-tu? Non bien sur car il faut être fou pour comprendre...

Sinistre grincement que le contentement du dément corbeau, il se relève, dominant prédateur et lève enfin sa baguette.

Avada Kedavra....

Ivy détourna son regard de Servus en haussant les épaules. Décidément, il n'était plus très intéressant, ce mangemort trop pressé d'en finir au lieu de jouer au chat et à la souris avec sa proie.
Elle préféra donc s'en retourner à la jeune fille qu'elle tenait toujours engluée dans ses filets.

Le corbeau veut que la faucheuse te fauche... Tu entends ça, jolie petite chatte... Le corbeau a parlé, et le vent encourage ses conseils...

La femme, à présent paralysée d'horreur, autant par la situation que par le visage d'abomination qu'arborait Ivy, tout comme par la mort de son compagnon, ne put que regarder la dame Mystère sortir un couteau de sous sa cape.

Écoute comme il est doux, le son d'une lame lacérant la peau...

Et avant que la jeune femme n'ait eu le temps de voir refaire surface ses dernières forces, de faire appel à son dernier instinct de survie, le bras d'Ivy avait fendu l'air, le couteau avait découpé la chair...
De la gorge de sa victime, Ivy vit se déverser un flot de sang plus rouge et sombre que tout ce qui se trouvait d'autre dans la ruelle...

La faucheuse prit la jeune femme dans ses bras et lui murmura les paroles d'une fable réconfortante, puis enchaîna sur d'autres mots, continuant de parler bien après que la vie n'ait fuit ce corps...

Là... Là petite chatte... Tout ira bien maintenant... Tout ira bien, pour toujours... Maman est près de toi... Maman a fait taire la douleur... Tout ira mieux, Maïa...

En cet instant, Ivy avait totalement oublié la présence de Servus... Plus rien d'autre ne comptait que les cheveux aux reflets roux de sa victime, ou que le sang qui continuait de couler...

Le mauvais serviteur s'écarta un peu de la ruelle. Dans ce théatre lamentable de lacheté qu'était la vie, il était bon parfois de n'être que le spectateur. De plus cela pouvait être plus qu'instructif vu la jolie petite scène dont il était en ce moment l'unique public.
Se rendait-elle compte, la douce compagne, la mystérieuse faucheuse, qu'elle avait perdu de son panache et de sa couleur d'antan. Il savait le corbeau, ce qu'il s'était passé, en tous les cas il pouvait aisément le deviner... Il ne connaissait que trop bien son ancienne maitresse et surtout son gout pour la magie noire appelée nécromancie.
Cette magie se payait et la belle semblait avoir eu beaucoup de dettes. Elle en avait même perdu son exotisme et tout ce qui faisait d'elle une personne attirante... aux yeux du fou bien entendu.

Pourtant ce gout pour les rousses et le nom qu'il venait d'entendre murmuré lui titilla les méninges, quelque chose lui disait que le petit chaperon rouge qu'il avait tenté de croquer avait quelque role dans toute cette histoire entremêlée. Un fin sourire illumina son visage et l'éclat qui brilla dans ses yeux n'avait rien de rassurant.
Sa folie se réveillait et avec elle une déraison brillante de logique.

J'ai rencontré une jolie rousse, au chaperon aussi rouge que le sang et à la peau aussi laiteuse que sa "maman"....

Il prit un malin plaisir à lui adresser ainsi la parole coupant sa petite chanson psalmodiée démentiellement. Il s'avança lentement, s'amusant de ses pieds nues a tapisser la rue de traces sanglantes. Il commençait réellement a s'amuser en cette nuit au commencement si ennuyeux.
Il n'avait pas réellement conscience que ce qu'il était en train de dire était fondée mais parfois l'instinct irraisonné devinait mieux les choses qu'une raison et une réflexion logique.
De plus il y avait des bruits de couloir à l'abbaye, des murmures qui s'avéraient intéressant si on prenait la peine de les écouter.

La faucheuse posa un baiser sur le visage de sa victime dont le sang encore vermeil vint lui colorer les lèvres.
Soudain, une voix masculine retentit, la sortant de sa torpeur. Le corbeau avait parlé, énonçant une vérité qui fit frémir Ivy.

"J'ai rencontré une jolie rousse, au chaperon aussi rouge que le sang et à la peau aussi laiteuse que sa "maman"...."

Maïa ? demanda-t-elle d'une voix à demi enfantine, en levant la tête vers Servus.

Pendant un instant, son regard bleu se fit moins vide, moins fou, moins sordide. Et au fond de celui-ci, on put déceler une part de celle qu'elle avait été autrefois... Cela signifiait-il qu'Eléa n'était pas aussi morte que ce qu'elle se plaisait à vouloir faire croire ?
Mais bien vite, sa démence et sa psychose reprirent le dessus...

La maman n'a plus rien à voir avec la fille, corbeau, n'entends-tu pas le chanter ce doux vent ?... Ton chaperon rouge n'est rien de plus qu'une autre victime de la dame Mystère !
Peut-être même bien la première...

Des filles rousses à la peau laiteuse, il y en avait des tas. Rien ne prouvait de toute façon que ce soit Maïa dont le corbeau ait croisé le chemin...

Maïa est morte en même temps qu'Eléa, chantonna Ivy en berçant toujours le corps de la jeune femme qu'elle venait d'assassiner. Maïa est libérée...

Elle relâcha finalement sa proie dont la dépouille retomba sur le sol dans une position disloquée. Et avec toute la lenteur que demandait ce suave rituel, elle trancha quelques mèches de cheveux puis fit apparaître le Lys entouré de lierre qui était devenus depuis maintenant bien longtemps sa sinistre signature.

Elle se releva ensuite sans prendre garde au sang qui avait tâché sa robe et son visage...
Pour une fois, elle se trouvait en terrain sorcier, aussi ne traînerait -elle pas dans les rues jusqu'à l'arrivée de la police moldue. Elle pourrait donc se nettoyer dès qu'elle serait chez elle !

L'heure n'est plus au jeu, corbeau. La faucheuse a fini de faucher et doit maintenant se retirer car les étoiles le lui ont ordonné...

Pendant quelques secondes, elle dansa en tournoyant autour de Servus. Puis, enfin, elle rabattit son capuchon sur son visage strié de cicatrice... Et sans en dire davantage, sa silhouette s'effaça dans les ténèbres de la nuit...

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