Quand nos chemins se croiseront (PV Eryan)

Il faisait un temps superbe cette après midi là et Cassandra - qui se retrouvait avec quelques heures de repos au milieu d'une journée bien chargée en cours - ne put résister à l'idée d'aller faire un tour dehors.

Son sac (dans lequel se trouvait, comme toujours, le vieil ours en peluche Pookie) en bandoulière sur l'épaule, ses cheveux remontés en un chignon que retenait sa baguette magique tel que le ferait (ou plutôt l'avait déjà fait) une autre personne de sa famille un jour, la blonde ouvrit la porte du château et dévala les marches jusque dans le parc.

L'herbe avait été asséchée par quelque jour de trop grande chaleur, mais une matinée de pluie, la veille, lui avait redonné une once de vigueur et Cassandra ne résista pas à l'idée d'ôter ses sandales pour sentir ce tapis végétal sous la plante de ses pieds nus.

Courant presque jusqu'à un vieil arbre aux larges feuilles, elle s'étala dans l'herbe de tout son long une fois enfin arrivée à l'ombre.
Ici, elle avait l'impression de se ressourcer, d'oublier les soucis et les angoisses de faits futurs dont elle connaissait trop souvent la conclusion...
Elle ferma les yeux, sachant pourtant qu'elle n'aurait pas l'occasion de faire une sieste ce jour-ci... Une rencontre l'en empêcherait... et c'était, en l'occurrence, cette rencontre même qui avait mené ses pas jusque dans le parc, sous cet arbre centenaire...

Cassandra, les yeux fermé, la respiration calme, attendait...

Viens, petit cousin...

C'était un de ces heures où tous les pauvres étudiants bossaient et où Eryan possédait la main mise sur tout le Royaume du Parc de Poudlard.
Il avait, une fois de plus, semé Stuby l'elfe de maison et caracolait, fier, sur un hypothétique destrier.
Ce matin son Royaume se portait bien. Les péons (tout aussi hypothétiques) le saluaient avec le respect qui lui était dû.
Sire Eryan, armé de sa noble épée en bout de bois défaisait maintes créatures machiavéliques que même Noxis n'aurait pu approcher sans s'évanouir.
Ce n'était qu'une donzelle après tout. Eryan la poitrine gonflée d'un orgueil mérité trottinait allégremment dans l'herbe soyeuse.
Il exécuta quelques roulades (des roulades bien sûr, tout à fait princières avec grâce et majesté) dans le parc et effectua une descente de pente que nous décrirons pour la postérité comme dramatiquement abrupte.
Titubant, il se releva tant bien que mal et se dirigea vers la salle du trône.
Enfin, un vieil arbre un peu pourri qui remplissait bien son office.
Et là malheur! Disgrâce! Enfer et Damnation !
Il aperçut l'ennemi allongée contre l'arbre, SON arbre. Envahisseur !

Prenant son courage à deux mains, notre triste sire déclama à la cantonade :

"Halte là Maraude ! Qui êtes-vous donc pour entrer dans mon royaume et vous asseoir ainsi si près de mon trône ?"

La voix fluette de l'enfant détonnait avec son ton qui se voulait foutrement sérieux. Il fit ce qu'il pensait être un regard sévère (de ceux que Noxis lui adressait souvent) mais ses yeux bicolores ne faisaient qu'ajouter une note étrange à ce décalage.

Il dégaina sa magistrale épée et l'agita sous le nez de la jeune fille qui avait osé le défier par son attitude.

Cassandra s'était redressée et à présent ses grands yeux vert dardaient le petit garçon qui venait de l'invectiver. Aucune animosité ne paraissait sur son visage. Elle souriait, bien au contraire, se retenant même de ne pas éclater de rire face à Eryan, son épée de bois et son ton autoritaire. C'était tellement adorable !
Doucement, elle replia ses jambes contre son torse et offrit à Eryan un sourire qui aurait fait fondre toute la neige du pôle nord tant il était chaleureux.

Bonjour petit garçon. C'est donc ton trône ici ? Je l'ignorais. Me pardonneras-tu, à moi et à mon compagnon ?

Elle désigna Pookie dont la tête rabotée dépassait de son sac. Puis, attirant la besace à elle, elle en extirpa le vieil ours en peluche pour le présenter plus convenablement.

Je suis Cassandra. Mais tu peux m'appeler Cassie, si tu préfères. Et lui, c'est Pookie, mon plus fidèle ami...

La jeune poufsouffle hésita un instant à rajouter que le petit garçon et elle possédaient quelques liens de parenté, mais elle préféra se taire. Elle avait appris avec le temps que trop facilement dévoiler le don qui la caractérisait était rarement une bonne idée. Même si Eryan n'était qu'un enfant, cela ne voulait pas dire pour autant que l'idée en serait meilleure...

Préférant plutôt rentrer dans le jeu du garçonnet, elle fronça les sourcils et afficha sa moue la plus dépitée.

Mais si ceci est ton trône, c'est que tu dois être un grand roi ? Dois-je t'appeler majesté ?

Rien de tel pour effacer les problèmes passés, présents et à venir que de se plonger tête la première dans les souvenirs de l'enfance et ses jeux remplis de naïvetés, de papillons, de monstres et de dragons...

Et que combats-tu avec ta si jolie épée ?