Entretien de Lilianne Cenedril

Yeltaz était arrivé au ministère avec plusieurs heures d'avance ce matin là et avait passé encore plusieurs heures à se préparer mentalement pour l'entretien qu'il devait faire passer en début d'après midi. Il n'était pas très loquace et avoir grandi dans une communauté où les hommes étaient reniés, cachés, mis de côtés par les femmes ne l'avait pas aidé à se sentir à l'aise en publique et encore moins quand il devait jouer le rôle de supérieur face à une femme...
Il savait qu'Eilane le mettait à l'épreuve, qu'elle voulait l'aider à surmonter ses craintes et sa timidité, mais il aurait bien aimé toutefois échapper à cette épreuve.

Lana, tu ne m'épargneras jamais rien !

A 14 heures, il s'était installé dans la salle d'entretien, essayant de calmer son appréhension.

C'est comique en fait... Je suis directeur adjoint depuis des années, et je n'ai jamais fait passer aucun entretien... On dirait presque que je suis un petit nouveau dans ce département !

Presque ? Le mot était faible !

Après avoir tourné en rond pendant plus de 20 minutes, il s'assit finalement sur la chaise en face de la porte, croisa ses mains moites sur la table et attendit que la femme dont il devait faire passer l'entretien arrive.

Tôt dans la matinée, Alors que Lilianne était attablé à la cuisine, une tasse de thé encore fumant à la main, lisant les dernières nouvelles de la gazette, un hibou vint taper à la fenêtre. Un instant, elle se surprit à espérer que ce soit la chouette de Meleth apportant des nouvelles, mais non, il s’agissait la d’un majestueux grand duc, qui tenait une lettre avec le cachet du ministère.

Son entretien aurait lieu à 14H30, cet après-midi même.

Le deuxième qu’elle passait en une semaine, voila qui faisait un sacré palmarès, mais si tout se passait bien, ce serait aussi le dernier avant longtemps, et même si cela se passait mal, ce serait le dernier, car elle se contenterait de son premier emploi, qui pourrait lui aussi la faire parvenir à ses fins. De manière plus lente certes.

Quoiqu’il en soit, elle appréhendait bien plus cet entretien que le précédent, car même si elle avait eu quelque surprises pour le poste d’oubliator, cela restait tout de même un domaine qu’elle connaissait et exerçait. Mais Langue-de-plomb…

Elle saisit de nouveau la lettre « un entretien avec mon adjoint, Yeltaz Le Bihan ». Elle ne connaissait pas du tout l’homme. Encore un élément qui lui manquait, Lilianne n’aimait pas l’inconnu, du moins pas de la sorte, mais qu’à cela ne tienne, elle le surmonterait…

An Stew. (Pour Stew.)

Le reste de la matinée se déroula normalement. Elle fit un saut au ministère, histoire de vérifier une éventuelle mission d’oubliator, puis passa le reste de son temps chez elle, plongée dans ses recherches. Ce fut vers 14H00, qu’elle commença enfin à décrocher. A 20, elle transplanait, A 30, elle frappa à la porte. C’est d’un pas assuré qu’elle pénétra dans le bureau.

Bonjour Mr LeBihan, Je suis Lilianne Cenedril, merci de me recevoir.

Le sourire naturel que Yeltaz avait essayé de se confectionné à l'ouverture de la porte se figea légèrement quand il entendit le nom de celle à qui il devait faire passer un entretien.
Il n'avait pas fait attention à ce détail lorsqu'Eilane lui avait donné la lettre et demandé de la remplacer pour cette tâche.
A présent, il réalisait que ce nom de famille lui était familier. Il l'avait entendu seulement quelques jours auparavant dans les rues de Londres !

Cenedril ?
Avez-vous...

Il s'arrêta dans son élan, se demandant s'il ne passerait pas pour un excentrique total en lui posant comme première question si elle avait une fille !

Je suis enchanté de vous rencontrer.

Il courba légèrement la tête, soumis, comme il l'était toujours, face à la gente féminine.

Asseyez-vous, s'il vous plaît.

Il releva les yeux et observa la femme en face de lui. Elle était asiatique, ce qui correspondait à ce que lui avait raconté Meleth. Et comme Yeltaz avait proposé à la jeune fille de dire à sa mère de postuler aux Mystères, il s'imagina que c'était sans doute ce qu'elle avait fait, en résultant la présence de Lilianne dans ce bureau.

Je suppose que c'est votre fille Meleth qui vous a parlé des recrutements aux Mystères ? C'est bien votre fille, n'est-ce pas ?

La voix efféminée de Yeltaz se fit encore plus aiguë, plus intimidée. Il n'aimait pas interroger une femme !

A peine avait-elle fini de se présenter que le visage de son interlocuteur semble se décomposer… Elle haussa un sourcil, avait-elle fait une erreur ? La belle confiance de l’asiatique sembla faillir un instant. Elle avait toujours eu à faire à des recruteurs froids, incisifs, et qui se voulaient intimidants. Mais il semblerait que cette fois-ci, il en serait autrement, ce qui inquiétait encore plus Lilianne quant au déroulement de l’entretien.

« Cenedril ?
Avez-vous... »

Son visage se fit encore plus interrogatif, elle s’abstint de toute relance, préférant ne rien dire quand elle était dans le doute. Assise en face de cet étrange homme, Lilianne se recomposa un visage sur, prête aux moindres tests, aux moindres questions…

Enfin presque toutes les questions…

« Je suppose que c'est votre fille Meleth… »
Que… ?

Im mân, fuia imsilb. (Ressaisie toi, c’est un entretien.)

Un fin sourcil soupçonneux se leva. Essayait-il de la troubler en parlant de sa famille ? Cela ne marchera pas. Pas avec elle, c’était pour sa famille qu’elle était la. Toutes émotions quitta son visage désormais impassible.

Ma fille Meleth m’a en effet parlé de postes vacants dans votre département…

Elle hésita un instant avant de poursuivre, de peur de rentrer dans le jeu de Mr Lebihan.

D’où vous viens cette information ?

Le ton n’était ni du défi, ni de l’inquisition, mais seulement cette voix monocorde, relevée de temps à autre par un léger accent.

Et voila que c'était celle qu'il devait interroger qui se mettait à lui poser des questions. Est-ce que les entretiens se passaient toujours de la sorte ?
Yeltaz réalisait avec regret qu'il aurait bien fait d'en demander un peu plus à Eilane avant de se lancer dans cette tâche plus ardue encore qu'il ne l'aurait crue.

Lana, si tu me mets à l'essai, tu vas vite te rendre compte que je suis totalement nul en ce qui concerne les relations humaines.

Mais Eilane n'était pas dans la pièce, et bien qu'il connaisse l'existence de son puissant don de légilimencie, il doutait qu'elle puisse l'entendre jusque dans son bureau, les murs et un couloir séparant le tout...

Aussi bien, c'est cette femme qui entend tout ce que je pense.

Yeltaz s'empourpra et formula une courte réprimande à sa propre encontre. Comme s'il ne se sentait déjà pas assez mal à l'aise de devoir questionner une femme !

Cette information ?

Le terme était étrangement drôle, soit dit en passant, comme s'il s'agissait de quelque chose d'ultra confidentiel...

Euh...
Et bien, c'est moi qui en ait parlé à votre fille.

Il commençait à douter que Meleth ait raconté à sa mère cette rencontre impromptue et se demanda d'autant plus comment allait réagir la jeune femme...

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