Cette nuit là semblait porter au sein de son silence quelque chose de lugubre… Ou du moins de plus angoissant. Nathanaël se tenait allongé sur son lit, les couvertures encore parfaitement arrangées. Les yeux grands ouverts, il fixait un point au plafond.
Autant accepter ce qui est… et ce qui a été.
Dans sa main droite, un ruban teinté d’un rouge vif, rendu sombre à la pâle lueur des étoiles.
Une grimace vint perturber son expression, paisible.
Cette blessure ne se taira donc jamais…
Je n’ai aucune envie de retourner voir cette femme…
Non…
La poitrine était nue et sur son bras, un large bandage, grisâtre, témoignait de cette dernière balade en forêt…
Une lumière s’alluma quelque part dans la chambre, le tirant de sa réflexion, attirant sa curiosité. Machinalement, il tourna le visage en sa direction. Celle-ci provenait d’un pied de lit.
Il est bon, tout de même, de retrouver cette sensation… Je suis un imbécile.
En silence, il pivota sur ses couvertures et s’assied, posant doucement ses pieds nus sur la moquette froide. La lumière qui émanait de l’éther d’encre, au dehors, se reflétait dans ses pupilles d’émeraudes, brillantes d’un feu intense et profond.
Allons voir…
Se redressant, il marcha à pas feutrés vers la dite lumière, jusqu’à en trouver la provenance. Un étrange tableau, posé au pied du lit d’un confrère, dont la surface d’ébène réfléchissait un éclat doré, provenant d’on se savait où. Haussant les épaules, sa curiosité ravalée, Nathanaël se détourna vers la fenêtre, déçu. S’en approchant, il s’y pencha.
Tiens…
Il plissa les yeux. Le parc, pourtant plongé dans une épaisse masse d’ombre, lui semblait clair… Sans ciller, il pouvait y distinguer les moindres détails.
C’est étrange…
Se frottant les paupières d’un geste, il reporta le regard sur l’espace…
J’ignorais que la magie avait de telles propriétés…
Alors que le regard ébahi traînait au travers des arbres, il y perçut une silhouette qui se mouvait, furtivement.
Il y a quelqu’un…
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Combien de temps eut-il mit à enfiler une tunique, à balancer sur ses épaules sa lourde cape, et à descendre vers le parc. La discrétion de la lourde porte de chêne qui barrait l’entrée du château était toujours aussi moindre. Cela ne l’empêcha pas d’en sortir.
Le froid, toujours plus mordant. Il frissonna, se maudissant de n’avoir opté que pour un maigre habillement. Se dirigeant vers le milieu du parc, il trouva sans grande difficulté cette masse qu’il avait perçu depuis sa fenêtre. Le visage enfoui dans le col de sa cape, les mains dissimulées sous les tissus, il s’approcha. Ses yeux n’eurent aucun mal à déceler le visage de la jeune femme.
De sa voix paisible et éteinte, il murmura…
La nuit est froide..