Balade au gré des souvenirs

Thia regardait le jeune homme avec une immense curiosité. Il l'intriguait c'était une évidence. Elle le trouvait si calme et serein et pourtant si torturé.

"Que vois-tu?"

Veut-il que je lui décrive ce que je vois en lui ou veut-il que je lui décrive ce qui se trouve devant nous?!

Ce que je vois? Là tout de suite je vois le lac parfaitement calme, je vois le soleil tirer doucement sa réverence. Nos chiens s'endorment sur l'herbe près de nous. Je vois aussi un jeune homme intriguant qui a l'air d'avoir vécu énormément de choses. Et une jeune fille, moi, perdue et remplie de haine.

Si tu savais a quel point ta simple présence me calme Nathanael...

Thia ne se l'expliquait pas mais elle aimait etre près de lui a observer le monde.

Il est aveugle et tout le monde concidèrerais ça comme un handicap mais Thia,elle, avait l'impression que c'était comme un don car il voyait plus de choses que ceux qui voient.

Nathanaël avait laissé tomber sa tête en arrière, contre l'arbre, le visage levé vers le ciel. La description de Thia fut courte... mais elle suffit à le contenter.

"... Je vois aussi un jeune homme intriguant qui a l'air d'avoir vécu énormément de choses. Et une jeune fille, moi, perdue et remplie de haine."

Nathanaël eut un rictus. Avait-il vraiment vécu tant de choses que cela... A quoi se résumait sa vie ? Un instant, son intention se détourna de la jeune Thia. Un enfant... Qui avait vu beaucoup de choses... Qui avait pris conscience de bien des points sur lesquels d'autres ne s'interrogaient même pas. Il avait souffert, certes... Ma sa philosophie ne lui avait-elle pas enseignée que ce qui ne tuait pas le rendait plus fort ? Ces épreuves n'avaient pas été veines, bien que certaines auraient pu lui être épargnées. Mais, avait-il eu seulement le choix ?
¨
Perdue et emplie de haine...

Nathanaël tourna le visage vers Thia. Il savait qu'elle était torturée par quelque chose... Un souvenir, peut-être. Cela, il ne le connaissait que trop bien. Il hésita pourtant un long moment à la question qu'il allait lui poser, pesant avec précision les conséquences que celle-ci pourait avoir. Comment elle y réagirait, que penserait-elle de sa curiosité, qu'en déduirait-elle... Avait-il seulement envie de savoir... Il s'y lança tout de même.

Si tu es perdue, c'est que tu t'es éloignée d'un chemin que tu t'étais donnée de suivre... Pourquoi ? Et quelle est la cause de cette haine qui t'habite ? Es tu seulement sûre que ce soit de la haine ?

"- Qui es-tu, Nathanaël ?"

La question, prononcée dans un murmure à peine audible, raisonna dans l'esprit de Nathanaël, et lui arracha un nouveau sourire, teinté de réflexion.

Quel homme peut se vanter de pouvoir répondre à cette question ? Non seulement, sans négliger un détail qui fausserait ce jugement subjectif d'une conscience hautaine d'elle-même... Mais également sans en rajouter, voulant, par ce biais, engendrer maints jugements dont il aurait à rougir si toute fois la feinte était dévoilée...

Nathanaël lâcha doucement les mains de Thia et, sur un ton relaché, dans un sourire grandissant, il répondit :

- Je suis un homme!

Se redressant doucement, il ajouta :

- Pour le reste, peut-être pouras-tu, un jour, m'en apprendre davantage !

Aidant sa camarade à se relever, il continua, un léger amusement perçant dans sa voix :

- Peut-être aurais-je préféré être un oiseau. Ainsi, je n'aurais pas eu à me soucier de cette question fastidieuse, et ennuyeuse !

Et je n'en serais pas venu à me demander ce pourquoi l'on m'avait fait homme...

Tirant Thia à lui, dans un élan de gaité, il fit quelques pas en arrière, comme s'il l'avait invitée à une danse. Il inscita la jeune fille à tourner sur elle-même et, une fois celle-ci de dos, il lui tint :

- Je t'aurais alors emmenée haut dans le ciel, loin de leurs jugements, et t'aurais permis de contempler les milles trésors de la nature ! Tu aurais entendu la musique s'élever jusqu'à toi, et tu aurais dansé, portée par les quatre vents.

Il poussa de nouveau Thia à lui faire face, et termina, l'engouement se détachant peu à peu de ses termes :

- Malheureusement, je ne suis qu'un homme, et je ne puis rien te faire découvrir d'autre que ce rêve...

Il sourit à Thia. Ne l'aurait-elle pas jugé fou ? Nathanaël avait ces instants de plaisir qui, dés lors qu'une pensée agréable, ou qu'un souvenir cher à son coeur lui traversait l'esprit, en venait à changer soudainement d'attitude. Il vouait une passion débordante à ses rêves, et jouissait de pouvoir les faire partager à quiconque acceptait de s'y ouvrir...

Thia ne put s'empêcher d'être déçue. Elle serait restée toute la nuit a rêver avec lui et a écouter ses récits. Mais Nathanaël avait raison,il allait faire nuit et il était sans doute plus sage de rentrer.
Thia aimait pourtant plus particulièrement la nuit,lorsque le soleil déclinait pour laisser place a des couleurs plus froides mais toutes aussi belles. Elle se plaisait a penser que c'était au coucher du soleil qu'Aèla reviendrait d'entre les cieux et lui parlerait encore et encore. Mais chaque soir c'était la même déception qui venait s'ajouter a sa peine, car Aèla n'était pas devenue Fantôme...
Thia leva légèrement les yeux au ciel.

Bonne nuit mon ange...

Tu as raison nous devrions rentrer...

Thia caressa doucement sa jeune chienne afin de la réveiller.

Allez ma belle, il est temps de rentrer te mettre au chaud.

La jeune fille proposa alors son bras a Nathanaël.

Ne te méprends pas, je sais que tu peux très bien marcher tout seul. Mais je suis plutôt gentlemen comme fille, dit-elle en souriant.

Thia attendait la réponse du jeune Serdaigle avec appréhension. Elle ne s'était pas vraiment demandé si elle même voulait y aller. Il y avait tellement de monde... Elle craignait une nouvelle crise de panique.
Nathanaël semblait peser le pour et le contre.

Peut-être veut-il y aller mais pas en ma compagnie...

"Eh bien... Pourquoi pas ! Retournons donc à la salle commune, que je puisse me changer."

Thia l'observa un long moment. Elle n'était toujours pas sûre de vouloir affronter cette foule, mais au contact du jeune homme elle se sentait différente et se sentit donc capable de surmonter sa phobie. Elle le regarda encore un instant, se demandant ce qu'il pensait de cette "invitation", puis le suivit jusqu'au château.

Je te suis. Il faut également que je me change, dit-elle en souriant.

Elle leva les yeux au ciel et soudain son sourire s'effaça.

Pardonne moi Aèla... J'espère que tu ne le prendra pas comme une trahison...