La rose noire et le nécromancien (PV)

Eryan était couché, Noxis pouvait respirer. Depuis que le petit garçon vivait avec elle, elle avait l'impression qu'elle dormait encore moins qu'avant. Mais le bonheur de le voir chaque matin, de pouvoir le serrer dans ses bras et partir dans des fous rires idiots valaient bien ces heures de sommeil volées. N'ayant pas perdu ses bonnes habitudes, elle s'était couverte d'une épaisse cape de laine, remontant les pans sur ses cheveux, avait chaussé de bonnes bottes de cuir et tendu son bras à Gothika pour une promenade vespérale.

Profitons-en mon tout beau : la lune est bientôt pleine et demain je sortirai pour d'autres raisons, tu ne viendras pas avec moi. Par contre, le ciel est magnifique et j'aimerais pour une fois regarder les étoiles.

La femme et l'oiseau traversent rapidement le château et le parc, pour arriver non loin de la lisière de la forêt. Le corbeau prend son envol et Noxis le regarde s'éloigner, un soupçon d'envie au fond des yeux.

Que ne puis-je faire comme toi et m'échapper de temps en temps de cette surface où je me perds ? Brûler mes poumons par un trop plein d'oxygène et non pas mon esprit par un trop plein d'idées toutes plus aberrantes les unes que les autres ?

Un léger mouvement sur sa gauche attire son attention. Elle fronce les sourcils en comprenant aux contours de la silhouette qu'un élève brave les interdits et est sur le point d'entrer dans la forêt, faisant fi de toute règle élémentaire de sécurité. Elle se dirige dans sa direction et, alors qu'il va disparaître, se met à courir.

Hé, vous là bas !

Rien à faire, il ne se retourne pas, ne ralentit pas. Noxis continue à le suivre, la colère la gagnant petit à petit.

Alors là, s’il croit que je vais lâcher prise, il n'a jamais vu un Clymox !

La course folle dans la forêt lui vaut plusieurs égratignures mais surtout ... rapidement le sentiment d'être complètement perdue. Et celui de poursuivre une ombre. Elle ralentit la cadence, sa baguette fermement tendue devant elle. Jusqu'à maintenant, elle a utilisé la lumière de la lune pour avancer mais les ténèbres grandissent peu à peu autour d'elle. Un frisson lui parcourt l'échine. Des forces sont à l'oeuvre dans cette forêt qu'elle ressent de la pointe de ses orteils jusqu'à la racine de ses cheveux.

Folie. C'était pure folie, Clymox !

L’obscurité de la nuit recouvrait l’école de magie, Poudlard, et ses environs depuis plusieurs heures, et la Forêt Interdite semblait, comme à l’accoutumée, totalement déserte et morte. Les arbres, d’un ton déjà très sombre en pleine journée, semblait fait de ténèbres, et ce qui leur servait de feuillages pendaient misérablement, tels de rachitiques membres dénués de vie, ce qui s’accordait à l’aspect torturé des troncs, qui évoquaient d’indicibles souffrances. Pourtant, la profondeur de la Forêt et de l’obscurité qui la recouvrait, qui en émanait même, la rendait mystérieuse au point de pousser les rares intrépides qui s’en seraient normalement abstenus, à s’y aventurer pour découvrir ce qu’il pouvait bien se dérouler au fin fond de l’étendue sylvestre, par une nuit si profonde, chichement éclairée par une lune lointaine, à demi occultée par les épais nuages qui parcouraient le ciel. Lune qui servait, lorsque l’on parvenait à trouver l’une des (très) rares clairières de la forêt, de repère, de phare indiquant la direction vers la liberté, et le salut.

Le salut. La vie. La joie. Tant d’idées qui semblaient bannies, en cette nuit ténébreuse, au sein de la Forêt Interdite, qui avait vu tant de sorciers, talentueux ou non, perdre la vie, par « accident » en faisant une mauvaise chute, ou en faisant de mauvaises rencontres, phénomènes très fréquents. Très peu de jeteurs de sorts parvenaient à survivre dans cette forêt, et un seul d’entre eux pouvait y vivre, ce qu’il avait d’ailleurs décidé de faire pour quelque temps. Sa puissance, sa folie, sa propension à la violence et à la destruction, le tout contenu mais propagé par son aura, qui se répandait et était perceptible sur des centaines de mètres, ce qui expliquait l’absence de la majorité des animaux sur une certaine distance autour de lui. Les rares qui restaient étaient soit incapables de se mouvoir sur de longues distances, soit suffisamment dangereux pour espérer capter son attention en l’attaquant. Ce qui, soit dit en passant, n’arrivait pour ainsi dire jamais. L’instinct des bêtes de la forêt leur faisait clairement comprendre que ce sorcier était, pour eux comme pour tous ceux qui s’opposaient à lui, l’incarnation de la Mort. Mort qu’il offrait avec générosité.

Comme toujours, très mobile, il évoluait parmi les racines et les branches enchevêtrées de la Forêt Interdite, perdu dans ses pensés morbides et ses sortilèges qu’il devait mettre à exécution, pour les tester ou pour le plaisir d’entendre hurler, supplier, pleurer, et la joie de se repaître des âmes et du sang de ses victimes. Mais un autre sujet, qui touchait lui aussi à la nécromancie, le préoccupait bien plus : son disciple, Cellendhyll de Cortavar. En effet, il avait achevé les préparatifs nécessaires à la création d’un Livre de Chair quelques temps auparavant, et le jeune sorcier avait mis à mort lui-même la victime désignée par son mentor, un sorcier très puissant qui n‘avait pourtant pas fait le poids face au ténébreux Nécromancien, le grimoire lui étant destiné. Ils s’étaient ensuite pliés au rituel qui suivait l’exécution ; rituel sanglant, durant lequel le cadavre frais avait été dépecé, vidé de son sang, et au cours duquel le Livre de Chair avait été créé à partir de l’amas de peau qui était obtenu. Il fallait désormais continuer l’apprentissage, et apprendre des sortilèges d’une puissance certaine au disciple. S’il était en état de venir au cœur de l’étendue sylvestre en pleine nuit…

En effet, les dernières semaines avaient été particulièrement éprouvantes pour l’étudiant français, qui s’était comme à son habitude plongé dans les études et la pratique, non des sorts et cours de l’académie, mais de ce qu’il apprenait dans ses propres ouvrages et dans la Forêt. Il avait donc été frappé par une intense fatigue suite à l‘épuisant rituel qui lui avait permis de créer son Livre de Chair, au milieu de la nuit, et avait dormi jusqu’au surlendemain. Il se remettait peu à peu, mais ressentait toujours un épuisement qui mettrait de nombreux jours à s’estomper. D’autant plus que Cellendhyll de Cortavar n’était pas vraiment du genre à se reposer sagement, mais avait plutôt l’habitude d’étudier la théorie comme la pratique jusqu’à l’épuisement, intellectuel comme physique.

Soudain, le Maître Nécromancien fut tiré de ses pensées en sentant une présence à quelques centaines de mètres de lui, relativement proche de l’orée de la forêt. Une présence qu’il connaissait, et qu’il respectait par sa puissance. Une sorcière, puissante élémentaliste d’après les dires de son disciple, qui avait discuté avec elle à plusieurs reprises. La directrice-adjointe de Poudlard, Noxis Clymox. Il était temps. Il voulait la rencontrer depuis longtemps, et il semblait que son appât avait rempli son rôle... Quel meilleur moyen d’attirer la directrice adjointe de Poudlard, qui tenait tant à ses élèves bien-aimés, que de créer une illusion d’un élève s’aventurant dans la Forêt Interdite seul, sans défense ? Comme prévu, elle s’était empressée de le suivre, et de s’engouffrer à son tour dans l’étendue sylvestre, à la poursuite d’une ombre qu’elle croyait être en danger de mort... et l’avait fait seule. N’était-il pas dangereux, même pour elle, de s’aventurer seule en de tels lieux, en plein milieu de la nuit ?

Ses traits dissimulés dans l’ample capuche de sa lourde pèlerine noire, le Nécromancien à l’origine de l’illusion modifia sa trajectoire et marcha dans la direction de celle qu’il avait attiré. Appréciant de rencontrer une sorcière si talentueuse, il accéléra son allure, et ne fut bientôt qu’à quelques dizaines de mètres d’elle ; il s’arrêta, et observa de loin la nouvelle arrivante, qui semblait ne pas réussir à trouver ce qu’elle cherchait, à savoir à savoir l’ombre qui avait servi à l’attirer ici et qu’il avait dissipé. En effet, il avait totalement dissimulé sa présence, ce qu’il faisait souvent avant d’apparaître. Elle évoluait prudemment, observant avec attention les environs, à l’affût du moindre mouvement, au sein des racines protubérantes et des feuillages touffus. Sur ses gardes, elle ne semblait pas rassurée par son environnement.

Alors qu’une légère brise, glaciale, commençait à souffler et à refroidir l’atmosphère, il apparut aux yeux de la courageuse (ou intrépide) sorcière, sortant des arbres, drapé dans son ample pèlerine noire. Sans un mot, il s’avança de quelques pas et s’arrêta à une dizaine de mètres d’elle, se contentant de l’observer et de détailler l’expression qu’arborait son visage, l’ombre de sa capuche rendant la réciproque impossible. Elle n’avait pas peur, mais sentait sa puissance, et se préparait à réagir en conséquence s’il tentait quoi que ce soit contre elle. S’amusant de la situation, il décida d’attendre qu’elle prenne la parole, ce qu’elle semblait d’ailleurs sur le point de faire.

Maintenant qu'elle se penche sur la question, Noxis réalise quelque chose qui n'est pas plus fait pour la rassurer. Tout le temps où elle a couru, Gothika l'a suivie dans les airs. Mais cela fait un moment que même lui a disparu, s'évanouissant comme tous les bruits qui l'entouraient. Un à un les cris d'animaux et les chants d'oiseaux se sont tu. Il n'y plus qu'elle et un silence de crypte, même pas un craquement de brindille et le doux flottement d'une ultime feuille ayant bravé l'hiver avant de tomber de son arbre.

Bravo Nox, tu t'es surpassée sur ce coup là ! Rien à redire, ma dernière visite en ces lieux était bien plus plaisante !

Elle continue à avancer, à l'affût de la moindre trace, un sentier quelconque qui lui donnerait l'impression d'un chemin pour la sortir de cet endroit. En vain ! Des branches, des racines, des ronces et ce maudit silence. Et l'anxiété qui la gagne de plus en plus. Elle observe le ciel et peste à l'encontre des nuages qui sont de plus en plus nombreux, lui cachant la vive lueur de l'astre lunaire presque plein et les étoiles qui auraient pu l'aider à se guider, comme Evan le lui avait montré l'autre fois.

Se souvenant aussi de l'inutilité des sortilèges de lumière dans cet endroit qui a tout l'air de les absorber, elle décide de se donner au moins une petite chance d'y voir mieux. Retournant sa baguette vers ses yeux, elle énonce à voix basse, comme si elle craignait que le son de sa voix n'attire plus avant l'attention sur elle.

Comme si ce n'était pas déjà chose faite !

Lynxovisio

Le vent a-t-il attendu ce signal pour se mettre à souffler ? Sa griffe est glacée et juste assez puissante pour repousser les pans de sa cape et faire voler ses cheveux, dévoilant totalement son visage. Et maintenant, elle la voit. Cette silhouette dont émane la puissance qu'elle ressent depuis un moment non loin d'elle. Amie ou ennemie, elle n'en sait pour l'instant rien. Mais son sixième sens lui dit qu'elle ne doit pas trop miser sur la première hypothèse.

Qui est là ? Montrez-vous !

Elle n'est pas rassurée, c'est certain. Mais la peur n'a pas encore fait ses ravages dans son esprit et, son sang froid intact, sa voix ne tremble pas. Elle essaye de distinguer les traits de ce qu'elle prend à première vue pour un homme, mais rien à faire, le sortilège n'est pas suffisant pour voir celui qui veut se cacher.

Soyons au moins à égalité : je suis dans les seuls rayons de lumière qui osent arriver jusqu'ici, vous vous cachez dans l'ombre...

Apparemment déstabilisée par la disparition de son animal de compagnie volant, la directrice-adjointe de Poudlard semblait ne pas trop savoir comment réagir à la ténébreuse apparition qui se tenait devant elle, dissimulée dans l’ombre des végétaux massifs de la Forêt Interdite. Ce qui était par ailleurs fort compréhensible, la taille de l’apparition en question avoisinant les deux mètres, sans compter l’impressionnante largeur d’épaules qui, sans être trop importante et donc disgracieuse, n’en était pas moins imposante, tout en trahissant une très grande agilité, malgré la lourde pèlerine noire qui la recouvrait de la tête aux pieds, en dissimulant ses moindres traits. Comment réagir face à une telle vision, à un malaise intensifié par l’aura destructrice propagée par l’être, qui restait aussi silencieux qu’une tombe ?

Son visage n’esquissa pas la moindre réaction lorsqu’elle l’apostropha, lui demandant de se montrer à la lueur de la lune, atténuée par l’obscure magie qui régnait sur les lieux. Magie qui nourrissait par ailleurs le Nécromancien, qui se sentait particulièrement bien lorsqu’il errait parmi les végétaux d’apparence cadavérique. Il se contenta de l’étudier, de la tête aux pieds, et de la sonder dans le but d’évaluer la puissance qui était la sienne. Le résultat de son examen lui plût : comme prévu, la femme qui se trouvait face à lui, et qui s’efforçait de garder une contenance, était une puissance élémentaliste, presque digne de l’affronter et, malgré la situation, elle n’avait pas peur. De l’appréhension, certes, face à l’inconnu, mais aucune peur. Rien d’étonnant de la part d’une sorcière de son niveau, en même temps… Sorcière qui attendait toujours qu’il lui réponde et qu’il se montre. Lui ? Se montrer ? Laisser voir son visage ? Très peu de personnes avaient vu son visage, et une seule était encore en vie : son disciple Cellendhyll. Qui était d’ailleurs à l’origine de cette rencontre. Il décida de reléguer son disciple au fond de son crâne afin de s’occuper de l’affaire présente : Noxis Clymox…

Tout en réfrénant la voix au fond de sa tête, qui se faisait de plus en plus présente et de plus en plus forte au fur et à mesure qu’il expérimentait ses sorts et qu’il abreuvait son Livre de Chair de son sang, qui lui susurrait des mots qui lui semblaient particulièrement doux, qui envahissait son esprit d’envies meurtrières, il s’avança de quelques pas, afin de sortir de l’ombre, sans pour autant se glisser dans les rares zones éclairées par les rayons d’argent de la lune, et parla d’une voix aussi glaciale que les vents les plus froids des glaciers nordiques, et aussi douce que peut l’être un fil barbelé.

« Me voici, jeune élémentaliste… Inutile de brandir cette baguette, il n’est pas dans mes intentions de vous agresser… »

De la massacrer tu veux dire…. La massacrer ? Idée intéressante… Non. Il n’était pas là pour ça. Tue-la… tue-la… massacre-la, abreuve-moi de son sang, abreuve nous ! Apporte-nous sa puissance… Nous avons soif ! La voix qui, à l’origine, n’était que périodique et qui n’apparaissait que lors des affrontements, se faisait de plus en plus entendre, et il devenait de plus en plus ardu de lui résister. Le démon qu’il avait asservi tentait d’imposer sa volonté. Imposer sa volonté… à Dark Schneider ? Il hurla de rire intérieurement, à l’intention de la voix qui le hantait, et la relégua au fond de sa tête. Lâche-moi la grappe, tu veux ? Tu ne peux m’imposer ta volonté, tu es trop faible pour moi, espèce de démon avorton ! La réponse ne se fit pas attendre. Une douleur aigüe traversa le crâne du nécromancien, qui ne s’en préoccupa que peu, habitué à vivre dans et par la douleur. Le démon asservi semblait avoir mal pris la réponse et l’indifférence de celui qui parvenait, malgré tous ses efforts, à maintenir sa domination, et le lui faisait payer à sa façon. Ce dont ce dernier ne fichait éperdument, son attention étant focalisée sur celle qui avait réussi à acquérir le respect, si difficile à obtenir, de Cellendhyll de Cortavar, qui n’avait que mépris et indifférence pour l’ensemble de l’espèce humaine.

Le froid s'immisce sous la peau de Noxis. Un de ces froids que l'on ne peut chasser juste en tendant ses mains vers un feu crépitant joyeusement dans une cheminée. Non, loin de là ... Ses mains se glacent et un nouveau frisson la parcourt de bas en haut, plantant une aiguille dans sa nuque : le poinçon du tatoueur imprimant le mot que l’instinct de survie hurle. Cours ! La voix est tellement … glaciale. Si la mort venait à lui parler, nul doute qu’elle aurait ce ton, ces inflexions, évoquant le bruit que des milliers de corps broyés feraient, les os s’entrechoquant et les chairs se déchiquetant…

Oh que oui, elle a envie de reprendre sa course folle dans la forêt. L’aura de celui qui lui fait face tout en restant toujours dans les ombres est néfaste et empeste la mort. Elle fait un effort sur elle-même et essaye de ramener son propre esprit à la raison. Courir où exactement ? Il y a quelques minutes qu’elle a déjà réalisé qu’elle était complètement perdue ! Et puis peut-elle décemment partir, laissant derrière elle cet homme, ce danger ? Elle pourrait toujours aller chercher de l’aide. En admettant qu’il la laisse partir et qu’elle retrouve son chemin. Incertitude certaine.

Comment sait-il ce que je suis ? Il n’a pas du tout l’air surpris de me voir à dire vrai.

Nouvel effort sur elle-même pour réguler son rythme cardiaque en contrôlant sa respiration.

Vous vous êtes avancé, certes, mais je n’ai toujours pas la moindre idée de qui vous êtes : avez-vous des raisons de craindre que je vous reconnaisse pour rester ainsi dans la pénombre ? Vous ne voulez pas m’agresser, dans ce cas pourquoi ne pas m’en dire plus sur vos intentions et, surtout, sur les raisons de votre présence en ces lieux ? A la voix, je ne vous reconnais pas comme l’un de mes collègues ni aucun invité du Professeur Dumbledore. Voilà qui est déjà suffisant pour au minimum piquer ma curiosité.

A nouveau, nous ne sommes pas à égalité, vous semblez savoir qui je suis, il n’en va pas de même pour moi ! Qui êtes-vous et que faites-vous ici ?

Au fur et à mesure que les mots sortent, Noxis reprend de l’assurance. Elle sait qu’elle n’est pas exactement sans défense et qu’elle a derrière elle la légitimité due à sa charge.

En même temps, les cimetières sont emplis de morts qui étaient dans leur bon droit de leur vivant.

Il observait, sans réagir, l’effet qu’il produisait sur la sorcière qui se tenait face à lui. Froid et peur étaient les deux mots les plus à même de décrire ce qu’elle semblait éprouver en sa présence. Froid propagé par son aura qui rappelait les températures du Grand Nord, en cas de vent violent, et qui semblait affecter tous ceux qui l’approchaient, à l’exception de son disciple ; la cause de la peur était évidente. Il la provoquait chez tout le monde…. Même Cellendhyll n’était pas épargné par ce sentiment. Ce qui était fort compréhensible, lorsque l’on savait que tuer était pour lui aussi naturel que respirer, marcher, ou penser. Sa voix cassante et glaciale avait tendance à perturber même les sorciers les plus aguerris. Etait-ce parce que la Mort s’y décelait ?

Elle lui demanda une fois de plus de s’avancer de manière à ce qu’elle puisse l’identifier, évoquant, comme raison de sa discrétion, une éventuelle crainte d’être reconnu. Aucun risque, tu ne me connais pas et tu ne m’as jamais vu… Tu ignores jusqu’à mon existence… à dessein. En réponse à la demande de l’élémentaliste, il se déplaça jusqu’à être suffisamment visible, et releva légèrement la tête, permettant à son interlocutrice de distinguer le bas de son visage.

Elle argua ensuite que, s’il ne comptait pas l‘agresser, il n’avait qu’à lui expliquer ses intentions et surtout sa présence dans un lieu aussi peu accueillant, ajoutant que, sa voix ne le désignant pas comme un collègue ou un invité d’Albus Dumbledore, qui était de retour, il l’intriguait d’autant plus. Si j’avais l’intention de t’agresser, ma petite, tu serais déjà morte, et même plus reconnaissable par tes propres amis… Une petite voix nasillarde resurgit de son esprit, lui hurlant un commandement qu’il connaissait bien, et qu’il subissait depuis suffisamment de temps pour ne plus s’en soucier. TUE-LA !!! Décidant d’ignorer le démon qui l’habitait, il entreprit de répondre à celle qui ignorait à quel point elle était chanceuse.

Mes intentions ne concernent que moi, élémentaliste. Quant aux raisons de ma présence en ces lieux… disons qu’ils me conviennent, et qu’ils en valent bien d’autres, à ceci près qu’au fond de ces bois nul ne vient me déranger. Ce qui m’arrange.

Je sais effectivement qui vous êtes, Noxis Clymox. Mon identité importe peu, mais si vous êtes si curieuse, Dark Schneider est mon nom… Et je le répète, mes intentions ne concernent que moi. Ce qui devrait plutôt vous intéresser, ce sont les raisons de VOTRE présence ici, loin de la sécurité et de la chaleur offertes par votre école bien aimée… Avant que vous retourniez le cerveau en cherchant vainement pourquoi un élève est apparu sur votre chemin pour vous attirer dans la Forêt Interdite, que vous craigniez et évitez, c’est tout simplement parce que je voulais vous rencontrer…

Et pourquoi tu voulais la rencontrer, hein ? Tu fais du sentimentalisme, pauvre humain ? Encore ce fichu démon… il était temps de lui faire comprendre qui, d’eux deux, dominait l’autre. Tu tiens à rester dans ce monde, avorton ? Alors ferme ce qui te sert de gueule, et fais-toi discret tant que je ne t’aurai pas sollicité. Ce que je doute de faire durant cet entretien. C’était bien sa veine… Certes, son familier était l’un des plus puissants du monde souterrain, mais c’était également l’un des plus capricieux. Ce qui ne dérangeait son maître que dans une moindre mesure, tant qu’il avait accès aux terrifiants pouvoirs de destruction du démon qu’il avait invoqué longtemps auparavant. Pouvoirs qu’il risquait de devoir contenir si ce dernier se laissait aller, suite à la désobéissance de celui à qui il cherchait à imposer sa volonté, à son caprice du moment, à savoir de dépecer la sorcière qui leur faisait face. Vivante.

Enfin il bouge un peu et le bas de son visage est visible. Ce n’est pas encore bien évident pour elle d’imaginer ses traits mais c’est une avancée. Et son nom est prononcé, qui ne lui dit absolument rien … Si le cercle des mages sylvains n’était pas si fermé et ancré dans la discrétion la plus absolue, Iridal aurait pu lui dire qui il était, ce mage déchu qui avait préféré défier les lois de la nature plutôt que de les respecter. Mais il n’en est rien, Iridal ne lui a jamais parlé de cet homme, si tant est qu’il reste encore une part d’humanité en lui. Elle restera donc dans l’ignorance la plus complète quant à son identité.

Sa voix la fait à nouveau frissonner et une petite voix en elle lui susurre que c’est à dessein. Que bien entendu il est dangereux, l’odeur de danger qui en émane est tout bonnement insupportable d’ailleurs, mais que cette voix est tout au plus une arme supplémentaire. Ce n’est pas ça qu’elle doit craindre. Son effort pour regagner de l’assurance est donc soutenu et elle caresse légèrement son ventre : si il lui veut du mal, elle a plus de raison qu’il n’en faut pour se défendre, l’instinct animal prendra de toute manière le dessus. Mais pour l’heure, c’est la partie la plus bornée de son esprit qui la rend obstinée.

Vos intentions ne concernent que vous, dites-vous ? Je ne suis absolument pas d’accord sur ce point ! Vous n’avez à ma connaissance aucune légitimité pour être ici et il est de mon devoir d’éclaircir cela. Ne mettez nullement cette démarche sur le compte de la curiosité.

Elle n’en dit pas plus, la suite des propos de son interlocuteur la clouant sur place.

Vous vouliez …

Ses yeux un bref instant écarquillés se plissent tandis que ses sourcils se froncent.

Oh et j’imagine qu’il vous était impossible de me rencontrer dans mon bureau par exemple, comme la majorité des gens ? Non, il a fallu que vous usiez d’un subterfuge pour le moins douteux afin de m’attirer ici, dans un lieu qui, comme vous l’avez dit, ne me plaît absolument pas ! Vous avez donc le choix du terrain, que me reste-t’il à moi ? Tout être humain a le droit de poser ses actes en connaissance de cause et vous m’avez dupée !

Galvanisée par cet accès d’humeur comme elle en connaît de plus en plus depuis quelques temps, elle ne tremble plus, franchit une bonne partie de la distance qui les sépare et se fiche devant lui, les bras croisés et la moue rageuse, sa baguette toujours serrée dans sa main. L’homme étant particulièrement imposant par sa taille, plus encore qu’Evan, elle relève le menton pour mieux le regarder, dans une posture fière que certains pourraient presque considérer comme du défit.

Alors je suis là, que me voulez-vous ? Et montrez-moi votre visage, continuer à vous cacher ainsi est particulièrement vexant.

Pour ne pas dire puéril.

Et elle réalise ce qu’elle est en train de faire. Particulièrement intelligent comme démarche. Toute en subtilité et diplomatie. Mais elle ne cille pas, il lui est impossible de faire marche arrière de toute manière. Et ça, il le sait.

De mieux en mieux à chaque minute.

Elle continuait à le fixer, cherchant à découvrir autant de son visage que possible. Pourquoi tous ces humains accordaient-ils tant d’importance au visage de leur interlocuteur ? Pensaient-ils que le fait de le voir leur donnerait un quelconque pouvoir contre lui, une quelconque défense s’il lui prenait l’envie de les tuer ? Risible. Se délectant du malaise ressenti par la sorcière qui lui faisait face, dû tant à son aura de danger qu’à sa voix glaciale, il remarqua que, tout en essayant de se rassurer, elle caressait son ventre, détail révélateur qui pourrait éventuellement lui servir, et qu’il nota dans un coin de son esprit. Intéressant… alors cette chère Noxis a quelque chose à protéger… Elle lui débita le pitoyable discours de directrice adjointe auquel il s’attendait à moitié, stipulant qu’il n’avait rien à faire en ces lieux, que sa présence n’avait aucune « légitimité » (notion qui l’amusa grandement, tant elle était vide de sens), et qu’elle considérait que ses intentions ne concernaient pas que lui, ce qui impliquait qu’elle attendait qu’il s’explique. Elle pouvait attendre longtemps.

Ah, elle semblait interloquée par la raison de sa propre présence au fond de la Forêt Interdite au milieu de la nuit. Qu’y avait-il de si étonnant ? Il voulait la rencontrer, il était logique de la faire venir près de lui, au lieu d’aller la rencontrer dans son bureau, comme elle le suggérait, « comme la majorité des gens ». Lui, rentrer dans l’école, et se présenter au bureau de la directrice adjointe ? Idée stupide, lorsqu’on le connaissait : s’il approchait à moins de cinquante mètres de l’école, son aura serait perçue, pleine de haine, de danger, de violence, de mort et, en plus de terroriser ceux qui la percevraient, ce qui impliquait un grand nombre de sorciers, élèves comme professeurs, ceux qui se chargeaient de la défense du château s’empresseraient de se préparer pour faire face à une menace inexistante. Hum, bon, pas inexistante, mais infondée sur le moment. Il revint à Clymox, qui s’indignait du subterfuge, qu’elle qualifiait de douteux, qu’il avait employé pour l’attirer jusqu’à lui.

Certes, j’ai eu recours à une illusion pour vous attirer, tout simplement parce qu’il était plus simple de vous rencontrer en ces lieux, plutôt qu’à l’intérieur de l’école, où ma présence aurait été… dérangeante, voire affolante pour certains. Oui, je vous ai dupée, et il vous reste le choix, en connaissance de cause, de rester ou de partir. À vous de voir.

Mais en tant que sorcière de talent, et surtout curieuse, je doute que tu partes… tu veux trop savoir ce que j’ai à te dire… Galvanisée par la colère qui l’envahit, elle s’approcha de lui, croisa les bras et releva la tête pour fixer celui qui la dépassait de plus d’une tête, une expression assimilable à du défi durcissant son visage. Elle le questionna une fois de plus sur ce qu’il lui voulait, maintenant qu’elle était là, et lui redemanda de lui montrer son visage, arguant que sa volonté de se cacher devenait vexante. Comme si ce détail allait l’inciter à lui montrer son visage s’il n’en avait pas l’intention. C’est alors qu’elle réalisa qu’elle avait atteint le point de non retour, qu’elle ne pouvait plus s’en aller, ce que remarqua le Nécromancien. Elle savait, il savait, et elle savait qu’il savait. Ce qui rendait la situation d’autant plus délicieuse. Pour lui.

Pourquoi cette obsession pour mon visage ? Que vous apportera-t-il de le voir ? Vous n’en saurez pas plus sur moi en le découvrant… Mais si vous insistez vraiment…

Tout en parlant, il s’approcha d’elle et leva les mains jusqu’à sa capuche, mais s’interrompit en sentant un picotement caractéristique. Elle érigeait ses défenses magiques, se sentant sans doute menacée par la proximité de celui qu’elle sentait être un Maître Nécromancien. Réaction défensive qui stimula ce dernier qui, en se reculant d’un bond, esquissa un sourire et s’adressa à Clymox, qui se préparait à se battre.

Bien, je vois que vous érigez vos défenses… Ce qui m’amène à l’une des raisons de cette rencontre : je voulais vous tester, voir si ce que l’on m’a dit à votre sujet est fondé… Vonyons donc cela !

Avant même d’achever sa phrase, Dark Schneider fit apparaître une petite boule de feu dans sa main droite, et la propulsa en direction de son adversaire. Une attaque rapide mais peu puissante, qui visait surtout à tester les défenses de celle qui lui faisait face.

Cessez ce petit jeu, Monsieur Schneider ! A quoi bon feindre que j'ai le choix ? Pourquoi ai-je tant l'impression que si je vous tourne le dos pour partir, je ne quitterai jamais cette clairière vivante ? Sans compter que je pourrais errer sans fin dans cette maudite forêt : vous l'avez dit vous même, vous avez usé d'illusion pour m'attirer, il vous serait très facile d'en user d'autant plus pour me perdre. Tout en vous me hurle que vous me méprisez et que vous me prenez pour une imbécile. Estimez ce que bon vous semblera à mon propos mais acceptez tout de même que je ne sois pas totalement dénuée d'instinct.

Et je ne vous connaîtrai pas plus si je vois votre visage, vous avez raison sur ce point. Vous ne devriez donc pas craindre de m'en apprendre plus sur vous en me le montrant ...

Alors qu'elle laisse échapper ces mots sur un ton froid et dénotant d'un début d'impatience, c'est lui qui s'approche, amorçant le geste de se découvrir. Et soudain il s'arrête. Noxis ne le remarque que de façon très lointaine. Par contre, ce qui absorbe toutes ses pensées, c'est la chaleur qu'elle a ressentie sur son front, son front qui devient épicentre d'une sorte de picotement qui la parcourt toute entière. Lorsqu'il atteint le bout de ses doigts, un faible halo argenté les dessine et l'impression qu'elle ne fait plus qu'une avec sa baguette la frappe. Et là, au creux de son ventre, la chaleur est intense.

Personne ne lui a demandé son avis mais une chose est certaine : elle n'est plus la seule à contrôler son propre corps. Elle est la femme, elle est la mère. Et rien que ce dernier constat lui vaut tout le respect de l'humanité. Elle luttera. Pour elle. Et pour l'enfant.

Avant même de voir le feu surgir des mains du sorcier, Noxis a senti que l'attaque arrivait et que c'est cet élément qui serait utilisé. Comme si un tunnel béant vers le plan élémentaire était ouvert ... Qu'elle utilise sans vergogne à son propre intérêt.

Ignis scuti pareo !

L'incantation est précise et rapide. Le bouclier apparaît là où la sphère est lancée. Et s'en nourrit.

Vos intentions n'étaient donc pas belliqueuses ? Quelle vaste plaisanterie !

La colère a atteint son apogée. Mais contrairement à toute attente, cette colère ne lui fait pas perdre son sang froid, elle s'ajoute à sa détermination d'en découdre.

Kelmouchtepik !

Une nuée d'insectes qui infestera la zone où son opposant se trouve assez longtemps pour qu'il ne puisse incanter à son encontre et qu'elle puisse utiliser cet interlude pour réfléchir à meilleure attaque.

HJ De commun accord, faisons abstraction du fait que l'élément feu n'est pas présent lorsque tu évoques l'élémentaire sous forme de sphère. Ni qu'il ne peut être normalement appelé qu'une fois par jour. HJ

Nulle inquiétude, nulle surprise ne troubla le Maître sorcier lorsque sa boule incandescente fut dissipée aussi aisément qu'un enfant balaierait un insecte. Ce qui n'était pas étonnant, tenant compte du fait qu'il n'y avait mis pour ainsi dire aucune puissance, ne cherchant qu'à tester la vitesse de réaction de son interlocutrice. Sur ce point, il avait pleinement été satisfait; il ne perdait pas son temps, au moins. En revanche, pour ce qui était du contrôle de ses émotions, l'élémentaliste avait encore des progrès à faire... elle était si facile à énerver qu'il dut retenir un éclat de rire grinçant qui n'aurait fait qu'aggraver la situation, déjà relativement tendue. Ce qui était infondé, par ailleurs. Il n'avait fait que tester ses défenses, ce n'était pas comme s'il avait tenté de la tuer... Tuer... tuer.... tuer.... TUER! Encore ce fichu diablotin qui faisait des siennes... Si tu ne la fermes pas de suite, tu vas vraiment finir par le regretter, avorton de diablotin avarié! Reportant son attention sur celle qui lui faisait face, le nécromancien constata qu'elle s'était laissée submerger par la colère, et que la manifestationphysique de cette colère allait lui arriver en plein visage s'il ne réagissait pas dans la seconde, sous la forme d'une nuée d'insectes aussi agressifs que nombreux. S'écartant d'un saut, il comprit que cette attaque n'avait pour autre but que de permettre à la jeteuse de sorts de gagner du temps, en vue de préparer une nouvelle incantation.

Réagissant à une vitesse anormalement élevée, il se propulsa sur sa droite, tout en préparant un nouveau sort, qui allait lui servir de diversion. Se plongeant dans son incantation, il ferma les yeux une fraction de seconde, avant que ses paupières s'ouvrent de nouveau, laissant apparaître deux émeraudes scintillantes. D'un geste négligent, il termina son invocation et fit apparaître une muraille de flammes qui avança rapidement à la rencontre de son adversaire, qui eut la réaction prévue: elle se focalisa sur le danger qui venait de surgir. Peu de temps s'écoulerait avant qu'elle ne se rende compte que les flammes en question n'étaient pas réellement dangereuses en elles-mêmes, mais qu'elles n'avaient servi qu'à détourner son attention.
Se replongeant dans une nouvelle incantation, le nécromancien, fut soudain perturbé par un sentiment qu'il ne connaissait que trop bien, une perturbation due à la manifestation de l'une des choses qu'il haïssait le plus: la magie des anciens, la magie blanche.

Ouvrant les yeux, il remarqua la lueur qu'il s'attendait à voir au niveau du front de l'élémentaliste qui lui faisait face: un scintillement argenté, qui prouvait la présence d'une protection de la magie des anciens, qui la prévenait des attaques de la plupart des sorciers, même expérimentés. .... changement de méthode... Si une attaque mineure ne pouvait l'inquiéter....

Tout courant vers son adversaire, il se plongea dans l'incantation de l'un de ses sorts de feu favori, particulièrement puissant, qui se traduisait par l'apparition d'un flot de flammes prenant l'apparence d'un phénix, qui se ruait sur l'ennemi et le consumait en quelques secondes. Lorsqu'il ne fut plus qu'à quelques pas d'elle, son instinct lui intima de se décaler sur sa droite, ce qui lui permit d'esquiver un concentré d'énergie qui fit exploser un arbre derrière lui et, achevant son incantation, frappa vers le sol, produisant un mur de fumée et de flammes qui aveugla l'élémentaliste, permettant au nécromancien de se glisser derrière elle et de lui poser la main sur l'épaule, signifiant la fin de l'affrontement de quelques mots.

J'ai vu ce que je voulais voir, inutile de continuer, jeune élémentaliste. Vous vous défendez bien... et cela me suffit pour le moment. Donc, si vous êtes calmée, peut-être pourriez vous désactiver votre protection magique, que nous reprenions notre entretien où nous l'avons laissé? En gage de bonne foi...

En gage de bonne foi, il se recula de quelques pas et porta les mains à sa capuche, qu'il abaissa lentement, laissant apparaître un visage sublime, trop beau pour être humain, d'une pâleur cadavérique, assortie à la blancheur immaculée de sa longue chevelure, qu'il dégagea d'un geste. Seuls ses yeux tranchaient avec la pâleur de son teint et de ses cheveux. Aussi verts que des émeraudes, ils semblaient briller d'un éclat lointain et pourtant gênant, leur profondeur laissant augurer du savoir et de la longue vie de leur propriétaire.

[hrp] dur de se remettre au rp après tant de temps...[/hrp]

Comment a-t'il pu ... ?

Trop rapide. En même temps, Noxis a-t'elle tant de recul que cela en matière de combat pour considérer que la vitesse de son adversaire est normale ou pas ? Aucune idée non plus de sa puissance, juste la certitude qu'elle n'est pas totalement incapable de se défendre même face à lui. Ce qui ne signifie nullement qu'elle imagine un seul instant sortir indemne ou même vivante de cet affrontement. Non. Simplement, elle ne tendra pas sa gorge blanche à la lame effilée de son bourreau pour s'éteindre placidement en vertu d'une cause qu'elle ne connaît pas.

D'ailleurs, il est plus que temps pour elle de réagir : un mur de flammes s'élance sur son flanc droit à une vitesse vertigineuse. Un leurre nettement plus impressionnant que celui qu'elle a offert à son adversaire quelques secondes plus tôt sous forme de vermine. Mais qui fait son office puisqu'en se concentrant afin de le faire disparaître, elle ne remarque pas de suite le phénix qui s'abat sur elle. C'est un Marvelus Energia hurlé en derniers ressors qui lui sauve la mise et part ricocher sur un arbre, le faisant exploser en lieu et place du nécromancien. Ce qu'elle ne peut plus voir, aveuglée par la fumée qui l'entoure à présent, s'insinuant dans ses poumons et lui brûlant les narines. Par contre, le contact d'une main sur son épaule lui fait plus mal que toutes les flammes qui auraient pu l'atteindre... Comme si cette main était pourvue de serres s’enfonçant au plus profond de son esprit pour en extraire son âme. La voix froide et cruelle va lui annoncer son trépas, cela ne fait plus de doute.

Ainsi donc c’est ici que cela s’achève ? Je ne pourrai respirer une dernière fois les saveurs iodées de mon pays ? Aimer une dernière fois ?

Les mots sont venin, c’est certain. La victoire ne lui est pas assez délicieuse qu’il doit en plus se jouer d’elle ? Il relâche l’étreinte légère et pourtant dévastatrice, elle se retourne lentement : au moins voir la mort venir. Cette vague de désespoir qui l’a submergée a pourtant été passagère. Ce n’est pas le visage de la mort qu’elle voit, c’est celui de la beauté inhumaine, glaciale, une beauté qui asservit, détruit, conquiert et possède. Le voile de ses paupières la sauve, qui se referme devant ses yeux meurtris par la vision de splendeur infernale qui lui a été donnée pour la mener à la folie. Elle tremble. Et écoute. Elle n’a même pas la volonté de se rebeller.

Il y a quelques semaines de cela, quatre élèves de Poudlard entraient dans son appartement et elle subissait cette même impression que le choix ne lui revenait pas de décider comment elle réagirait. Comme si tout était écrit, comme si cette rencontre devait avoir lieu, comme si elle était prévue depuis la nuit des temps.

Vous aussi …

Sa voix est un souffle et elle secoue légèrement la tête.

Je ne peux pas la désactiver. Autant me demander d’arrêter de respirer : mon corps n’aurait nullement besoin de l’aval de mon esprit pour délibérément continuer. Que me voulez-vous ? Ce n’était donc pas ma mort. Et je ne comprends pas cet intérêt quant à savoir si je suis capable de me défendre. Je doute que vous ayez besoin de moi un jour …

Tel était l'être humain, qui ne savait jamais ce qu'il voulait … Elle avait réclamé plus que de raison qu'il dévoile son visage et à présent qu'il s'exécutait, elle se refusait à poser les yeux sur lui … Bien entendu, Dark Schneider n'était pas de ceux qui allaient s'offusquer pour une telle trivialité. Au contraire, la raison de ce détournement de regard aurait presque pu l'amuser, lui laissant entendre qu'elle avait au moins l'intelligence de le craindre. Tremblante devant lui, elle aurait pu être totalement et immédiatement à sa merci, sans cette maudite rune qui éclairait son front. La longue main diaphane se tendit vers la pâle lueur argentée qui en émanait pour aussitôt reculer, un rictus colérique s'affichant sur ses traits splendidement dessinés d'une plume de perverse et sublime cruauté. Pour mieux plonger vers la gorge de la proie, blanche si blanche, redoutable dans sa pureté ! Il lui fallait juste serrer un tout petit peu et elle lui offrirait son dernier soupir. Réalisait-il seulement que cette pensée guidait sa main et qu'effectivement il serrait, la faisant suffoquer ? Misérablement et ô combien vainement, elle tentait de défaire les doigts qui empêchaient l'oxygène d'irriguer son corps et son esprit qui petit à petit se voilait. Non, il avait dépassé ce stade de la conscience, pour la plus grande joie du démon qui déjà se voyait prendre définitivement le contrôle de son sorcier. N'en avait-il pas déjà été de même lorsque son favori, le Français, avait péri ? L'extase totale pour le démon : non seulement il avait fait en sorte que le maître traque son apprenti dans un duel sans merci juste après l'exécution de son rituel d'initiation, mais en plus qu'il ne s'en souvienne pas ! Cellendhyll avait combattu, se souvenant de chaque seconde de l'enseignement qu'il avait reçu et voyant en ce combat un nouvel entraînement. Quel délice de voir s'allumer dans son regard cette étincelle d'incompréhension lorsque la deuxième Etoile des Abysses l'avait atteint, le consumant en un instant de son brasier invisible ? La folie s'immisçait, sournoise, une peste discrète qui ne se révélerait qu'une fois trop tard … Certes le nécromancien avait préparé le livre de chair pour son apprenti. Mais avait-il seulement le souvenir de ce qu'il avait fait de son nouveau possesseur ?

Picotement au bout de ses doigts tandis que l'argent se faisait plus insistant. Les émeraudes se posèrent sur la femme que ses forces abandonnaient. Il relâcha la pression, se maudissant presque pour ce bref moment d'égarement où il avait failli la tuer. Pas qu'elle lui importe réellement. Mais oui, il avait besoin d'elle, elle avait un rôle à jouer qu'elle ne connaissait pas. Si elle ne le remplissait pas, une partie de son pouvoir à lui se dissiperait, comme celui de tous les élémentalistes … Et c'était quelque chose qu'il ne pouvait tolérer ! Il l'attira à lui, la soutenant de ses puissants bras qui n'avaient jamais embrassé quiconque, se penchant pour approcher ses lèvres de son oreille.

A peine un bouton de rose … Ta magie est faible et j'aurais pu en faire fi si je l'avais souhaité. Mais … Le temps pour que tes pétales se flétrissent n'est pas encore venu. Tu as encore des choses à accomplir auparavant. Pour moi. Pour mon bon vouloir.

Respire son odeur ! C'est celle que tu aimes, celle de la mort que tu vas lui donner, de la vie que tu vas lui prendre, du sang dont tu vas te repaître ! Prends la, qu'on en finisse, elle n'est rien ! Absolument rien ! Ne viens pas me dire que l’odeur de ses cheveux évoque quoi que ce soit d’autre pour toi …

CESSE !

Et évidemment, tu veux savoir … J’aurais dû m’en douter ! Dès le moment où tu es apparue à la lisière de cette forêt, tu as commencé à poser des questions ! Elles ne t’ont pas rendue plus prudente pour autant ….

La main retenant la nuque avait commencé à enrouler les cheveux de Noxis, tirant de plus en plus nerveusement dessus à tel point qu’il pouvait maintenant à son gré attirer son visage en arrière et l’obliger à le regarder.

Tu sauras. Au moins cette nuit, tu sauras.

Ainsi immobile au milieu de la forêt interdite, le nécromancien commença sa narration, forçant la femme à écouter la vérité qu’elle avait réclamée … La voulait-elle servie de cette façon ?

Lune et astre solaire s'était déjà croisés plusieurs fois depuis son éveil. Elle ne l'avait pas vu, non dans cette forêt que les éphémères nomment interdite, le ciel n'est visible qu'en de rares clairières. Ici, seul l'inextricable cime des arbres défilait. A perte de vue, un enchevêtrement végétal, un ciel naturel au travers duquel seuls quelques fins rayons lumineux perçaient. Anyan, appréciait ceci. Ce cocon protecteur, dissimulant au yeux du monde la fragile vie de ce microcosme instable. Perpétuel funambule défiant l'insondable abysse. Délaissant ces pensées, se reprochant de céder trop couramment à ce vagabondage de l'esprit qu'elle redécouvrait après des siècles de vie végétale. Anyan, finit d'élaguer l'énorme chêne centenaire qu'elle venait, à l'instant, de juger. En son absence, la loi du plus fort avait repris ses droits, de nombreux anciens, jaloux de leurs privilèges, pétris d'orgueil, n'hésitaient pas à étouffer les jeunes arbres, coupant leurs accès à l'eau ou, comme ici, à la lumière. Juger ces conflits mineurs était, habituellement, le rôle des dryades. Malheureusement,
celle-ci semblaient avoir déserté en grande partie la forêt. Anyan n'avait rencontré aucune de ses cousines et leurs absences témoignaient de la corruption rampante. Ce mal sourd qui, peu à peu, s'emparait des siens. Subissant les effets secondaires de sa renaissance, la gardienne avait dû attendre plusieurs jours avant de retrouver pleinement ses pouvoirs. Elle avait mis ce temps à profit pour reprendre contact avec la forêt, répandre la nouvelle de son retour, appréhender la situation.

Ce soir, pourtant, l'hamadryade était, enfin, en pleine possession de ses moyens. Son lien avec la magie sylvaine s'était raffermit et son esprit était débarrassé des séquelles provoquées par son retour à la vie. La journée s'était rapidement écoulée. De jugement en délibéré, Anyan avait passé son temps à résoudre les conflits, à maintenir l'équilibre. Maintenant, la lumière lunaire apaisait les tensions et les nocturnes commençaient à s'éveiller.

L'hamadryade, rattrapée par la fatigue inhérente à sa condition humaine avait décidé de passer la nuit dans une clairière située non loin de la frontière avec Poudlard. Demain, il serait temps d'approcher les éphémères. L'heure était venue, pour elle, de retrouver le monde. Les gens du château saurait la renseigner sur la situation actuelle ce qui lui permettrait d'agir en conséquence.

Anyan en était à ce point dans ses réflexions lorsqu'une soudaine vague d'énergie la traversa. En fait d'une vague c'était plutôt la résonance d'un choc entre deux sortilèges. Une force chaude et lumineuse avait rencontré une puissance noire,déstructrice.
Déjà, de nombreux animaux, effrayés par cet affrontement nocturne, désertait la zone. Un son plus étouffé, une triste mélopée parvenait, elle aussi, aux oreilles de la gardienne, des arbres pansaient leurs plaies, la sève chantait. Appelant à quiconque pourrait protéger les anciens. Parcourant les quelques mètres restant, Anyan approcha, furtive, invisible, du lieu du combat.

La lumière de la lune brillait, se reflétant dans ses longs cheveux argentés, l'homme debout dominait de toute sa hauteur une jeune femme à la chevelure d'ébène. Celle ci, prostrée, semble résolue comme acceptant un inéluctable dénouement. Inquiète, Anyan resta tapie dans l'ombre, cherchant à décrypter la situation avant d'intervenir.

Oxygène. Indispensable. Vital. Qu’il le lui rende. Ou qu’il lui fasse l’aumône de la laisser mourir. Un coup fatal, un sortilège léthal, une pression plus forte sur sa gorge. Qu’il en finisse au lieu de la maintenir à mi-chemin entre la vie et la mort. NON ! Il est trop tôt, elle ne veut pas. Ce désespoir qu’il insuffle à son esprit n’aura pas raison d’elle. Elle a encore trop de choses à accomplir, d’êtres à chérir, un amour à reconquérir … Ses doigts combattent, tâchant de défaire l’étau, ses ongles s’enfoncent dans les chairs, il ne ressent rien, se rit d’elle, elle l’entend, elle ne peut voir son sourire mais le devine, la fin est proche, l’odeur de la mort emplit ses narines, elle veut hurler, hurler, hurler …

A peine un bouton de rose …

Le maître d'apprentissage, à son tour apprentie de cette magie héritée ... L'éternel recommencement. Une fleur à l'aube de sa vie. Mais qui a contré le démon assez subtilement pour qu'il relâche un bref instant son emprise sur son nécromancien. Et que l'air puisse à nouveau vibrer et redonner couleur à ses joues.

Et c’est un souffle sur sa nuque, qui pourrait être aussi troublant que celui d’un amant si ce n’est cette brutalité qui accompagne l’embrassement forcé et la façon dont il empoigne sauvagement ses cheveux pour la contraindre à plonger son regard dans le sien. La voix s’élève, claire et glacée, pourtant l’histoire pourrait être celle que l’on conte à un enfant le soir avant de l’endormir.

Un sol couvert de brumes glacées et battu par un vent boréal, donnant fondations aux somptueux bâtiments en cristal gelé. Lorsque le vent s’y lève et que la neige tombe en abondance, il se dépose des gemmes d’Air sur le sol. Un monde bleu aux constructions de nacre et de corail resplendissantes, un royaume immergé abritant de nombreuses gemmes d’Eau. Une bulle solide plongée dans une immensité de lave, gorgée de chaleur, ce cocon abritant une cité improbable qui lutte tant bien que mal contre les assauts des marées de magma que les gemmes de Feu seules parviennent à tenir à distance. Et enfin un royaume printanier et végétal, composé d’un amoncellement de villages construits en strates sur les branches d’Addys, l’Arbre Monde qui pousse vers le bas et qui donne naissance aux gemmes de Terre.

Je les connais … Ces mondes …

Nouvelle traction sur les cheveux, pour la faire taire. Il n’a pas fini et ne tolère pas cette interruption.

Silence ! Veux-tu à ce point périr de ma main élémentaliste ? Réalises-tu que je m’empêche de laisser libre cours à l’envie qui me démange d’en terminer avec toi et d’abréger ta misérable existence ? Crois-tu que je t’ai fait venir en ce lieu dans le seul but de te parler des plans élémentaires ? N’importe quel apprenti trouverait ces informations avec un minimum de recherches dans une bibliothèque et je ne doute pas qu’une femme telle que toi y ait passé plus d’heures qu’à son tour ! Je suis pourtant certain que tu aurais pu faire de grandes choses si seulement tu avais utilisé ton potentiel à autre chose que ces vétilles vides de sens… Penses-y seulement et regrette ! J’aurais pu faire de toi ma disciple tout comme Cellendhyll, au lieu de cela tu te complais dans cette fange … Tout comme les autres, je t’asservirai ou te détruirai ! Mais ton heure n’est pas encore venue.

Il la transperçait de ce regard vide d’émotions, où une étincelle de folie haineuse se laissait toutefois encore entrevoir par moment. Combien il appréciait de la maintenir dans cette position où un simple mouvement de ses doigts pouvait lui infliger de successives vagues de douleur purement physique. Mais cette douleur n’était rien comparée à tout ce qu’il pouvait lire au fond des yeux verts : une crainte mêlée de dégoût et de refus face à ses propos, une volonté farouche de ne pas sombrer malgré la faiblesse qui envahissait son corps. Si ces derniers vestiges de fierté étaient pitoyables, il leur reconnaissait tout de même ce qu’il avait voulu y trouver. Elle remplirait son rôle. Pour étancher sa soif de connaissances. Mais surtout parce qu’elle serait persuadée que cela pourrait faire pencher la balance des forces en faveur du camp qu’elle défendait plus que certainement. Était-elle une de ces ridicules adoratrices du prétendu Phénix ? Dans ce cas, ne voudrait-elle pas préserver un avenir radieux pour elle et sa … Descendance ? Avoue ! Rien que cette idée te débecte ! Un trop plein de niaiserie déborde de cette femelle … Tue-la, mets fin à son insipide existence ! La main relâcha la noire chevelure, cherchant à nouveau les pulsations de vie battant désespérément, en prenant le contrôle et provoquant des myriades de lumières oscillant entre blanc et noir dans les pupilles dilatées par l’effroi de la femme. Pourtant, la voix continuait, ignorant le poids qui se faisait plus pesant à force que Noxis perdait pied dans la réalité de la clairière.

Plus prodigieux que les plans élémentaires, existe un univers dont tu n’as pas idée, qui dépasse ton entendement et dont la plus parfaite des magies découle : les plans inférieurs, les plans infernaux, à l’exact opposé des plans célestes. Autrefois, cinq pierres furent apportées ici, qui devaient nous permettre de garder intactes les ouvertures vers ces cinq lieux et de pouvoir y puiser la source de notre magie. Il faut croire que les anciens n’avaient pas l’étoffe nécessaire pour imposer leur volonté, toujours est-il qu’ils ont dû utiliser une sixième pierre pour accorder l’équilibre de tous ces canaux. Aujourd’hui, l’équilibre est rompu, l’accord a fait long feu. La pierre Noire, celle des Enfers, m’est venue de Xar dont je fus un temps l’apprenti. Retrouve-la ! Retrouve-les, toutes. Les gemmes élémentales ont été disséminées parmi les créatures, j’ai perdu la trace de la mienne en même temps que Bratowski. Piste-le, ne lui laisse aucun répit. Et rapportes-les moi toutes. Je n’aurai pas besoin de la pierre d’Argent que Xar estimait utile. Quoi que si tu la retrouves, je me ferai un plaisir de la détruire … Mais l’on dit qu’elle est repartie avec l’Astral Gottfaust … Que l’enfer le consume !

Bien entendu, elle va faire ça pour toi et revenir gentiment te les servir sur un plateau d’argent ! La sénilité te guette, nécromant déliquescent ! Donne-moi une seule bonne raison pour qu’elle vienne en prime t’apporter sa gorge à trancher ? Un sourire funeste se dessina sur les lèvres exsangues de Dark Schneider tandis que, en une fois, il relâchait la femme dont le corps toucha le sol en même temps qu’il s’accroupissait à côté d’elle.

Et juste dans le cas où il te viendrait à l’idée de ne pas accéder à ma requête … Tu n’aimerais pas qu’il arrive quoi que ce soit à ce que tu caches ici ?

Le maître nécromancien faisait rarement usage de ce pan de sa magie, préférant le plus souvent anéantir ses victimes que les maudire. Or, afin de s’en assurer les services, les garder en vie et les tenir par leur plus grande faiblesse, voilà qui était particulièrement jouissif. Celle-ci n’était certes plus consciente, la raréfaction de l’oxygène qu’il lui avait imposée y étant pour beaucoup, mais il arriverait certainement à lui faire comprendre que son destin lui appartenait à présent. A lui et à lui seul ! Déjà il déposait une main sur la courbe parfaite de son ventre tandis qu’il offrait son autre poignet à son livre de chairs … Tout entier à sa tâche et au plaisir anticipé, quelque chose lui échappait. Tapie dans l’ombre. A l’affût. Puissante. Patiente.

Dissimulée parmi les siens, Anyan en avait entendu plus qu'assez. De multiples cheminements s'étaient ouverts. De sombre secret retrouvaient lumière. Les pierres élémentales, le maître lui avait enseigné les mythes entourant ces puissants artefacts. Ainsi donc les éphémères les convoitaient à nouveau. Rien de bon n'en sortirait, comme toujours la soif de pouvoir consumerait les humains et même le bon finirait truand, corrompu par la faiblesse inhérente à sa race. Préjugés que tout ceci? Non, expériences, douloureuses bien souvent. Anyan connaissait l'histoire, la traîtrise des humains, leurs insolences envers sa nature. Ce Dark Schneider n'en était t'il pas l'exemple parfait? Ho oui, La gardienne connaissait cet homme, noble mage sylvain devenu monstre nécromancien. Les anciens lui avaient conté tout ceci. Ainsi, Schneider occupait la forêt interdite. Difficile de ne pas voir en lui la source du mal gangrenant les bois.

Il était temps d'agir. Anyan n'avait certes pas encore toutes les données désirées, la confrontation n'avait pas permis de déterminer le rôle occupé par cette femme enceinte mais sa faiblesse physique permettait à Anyan de concentrer son assaut sur le mage noir. Il devait être immobilisé et rapidement interrogé. La sentence dépendrait de ces réponses. Si la mort s'imposait, l'hamadryade exécuterait la sentence, sans état d'âme. Quittant son couvert, Anyan se fit prestement hisser dans les branches d'un arbre, d'ici, elle dominait la scène et pouvait intervenir à tout moment. Accroupie, la créature continua son observation prête à stopper le nécromancien.

L'attente ne fut pas longue. Une maléfique vague d'energie fit frémir les feuillages, les feuilles mortes s'envolèrent, laissant la terre nue sous les pieds du démon. Enfin, Schneider activa son livre de chairs, symbole du mal nécromantique. Un sort se préparait, une malédiction. Anyan ne pouvait laisser ceci se faire, l'action mettait l'enfant en grand danger. Rapidement, un sort s'imposa dans l'esprit d'Anyan. Un solide rosier croissait fièrement non loin du mage noir. Dans un souffle, la gardienne,prononça:

Naturae plantae rosa crescere

Brusquement, Le rosier prit vie, parcourant la distance le séparant de sa cible, Il s'enroula prestement autour du sorcier, profitant de son inattention. Comprenant le danger, l'ancien mage sylvain tenta bien un contre-sort mais, déjà, les épines s'enfonçait dans sa chair, empêchant tout sort, brisant tout effort de concentration. Anyan, s'était déplacée, s'interposant entre Noxis et son bourreau. L'hamadryade commença par examiner la jeune femme. Plusieurs blessures, entachait sa beauté mais rien d'alarmant. Rassurée, la créature se retourna, plongeant son regard dans les sombres pupilles du nécromancien.

Je suis Anyan Estelorn, hamadryade gardienne de ces lieux. Par tes actes, tu enfreints les lois naturelles, tu mérites donc jugement et sentence.

Ceci constituait la formule classique d'introduction. Anyan était seule juge, elle seule décidait des sanctions, il lui fallait donc être parfaitement comprise et respectée afin d'obtenir la plus pure vérité. Cette solennelle présentation signifiait clairement à l'accusé le sérieux de la chose.

Un rire dément retentit dans le silence cryptique de la clairière. Et son écho, plus funeste encore, enchaîna aussitôt. Dark Schneider se délectait de ce qu’il avait fait, plus encore de ce qu’il allait faire. Ce fût non sans une certaine surprise qu’il sentit une main se poser sur la sienne tandis que les yeux de la femme s’ouvraient sur son inconscience pourtant totale, perdus dans un monde d’où tout était exclu et qui avaient troqué leur vert profond contre l’argent de la rune. La main était chaude, presque … aimante … Une sensation qui le bouleversa tant elle lui était … inconnue ... et pourtant évidente ! Le contrecoup ne se fit pas attendre tandis que le démon reconnaissait cette sensation pour ce qu’elle était : une pure émanation totalement instinctive de la magie qui habitait Noxis, La Femme, La Mère, L’Amante, La Sœur. Tue-la ! Elle est une injure à notre puissance ! Elle ne peut vivre, je t’ordonne de la tuer ! Le démon lacérait de ses griffes l’esprit de son sorcier, tentant de définitivement le dominer, sentant que ce soir deux forces distinctes tâcheraient de le combattre. Pas qu’il doutât réellement de son pouvoir, mais la partie serait serrée et il éprouvait une réelle répugnance face à ce qu’il voyait. Son injonction mentale devait pourtant rester sans réponse, tout autant que la mise en garde qu’il était sur le point d’émettre. Tout autour de Dark Schneider, un rosier prenait vigueur et essors, contrôlé par la présence qu’il avait ressentie presque trop tard. Mû par une vivacité extraordinaire, il parvint même à le faire reculer suffisamment de la femme allongée, le transperçant de milliers d’épines, l’empêchant par là même de réciter l’anathème qu’il avait préparé.

Qu’à cela ne tienne ! Mon sang sera dès lors versé pour toi et non pour elle ! Elle viendra ensuite !

Alors qu’il prenait une profonde respiration, il senti le maléfique fluide magique parcourir ses veines, pulser sur le bout de ses doigts. Comme il avait aimé la période de sa vie où, autodidacte, il avait trouvé comment corrompre l’apprentissage sylvain qu’il avait reçu de ce maître trop faible, Xar ! Utilisant la puissance de son démon, il était parvenu à dénaturer totalement les sortilèges pour en obtenir l’effet exactement inverse ! De l’extrémité de ses doigts jaillit un flux d’énergie qui, à mesure qu’il s’enroulait autour de ses tiges, détruisait irrémédiablement le rosier, transformant ses feuilles en poussière, couvrant l’écorce de moisissures et détachant les fleurs comme autant de billes explosant lorsqu’elles touchaient le sol, brûlant les herbes et les pousses qui avaient le malheur de se trouver sur le lieu de leur chute.

Naturae plantae rosa mortificum !

Anyan Estelorn ! Regarde ce que j’ai fait de ta touchante attaque ! N’es-tu pas rongée par le remord d’avoir mené à sa perte ce rosier jadis si fier ? Mais trêve de bavardage … Ce n’est pas tous les jours qu’une comptine pour enfants insupportables émerge de l’humus, pour mieux y retourner lorsque j’aurais fini de m’occuper d’elle. Vas-y, égrènes en les couplets, je vais me faire un plaisir de ponctuer ta voix famélique de quelque musique de ma composition … Je me charge de l’orchestre ! En attendant, danse, offre-moi une chorégraphie digne de ce nom !

Dark Schneider profita des quelques secondes où Anyan s’était penchée sur Noxis pour appeler l’élément qui déclencherait plus que probablement la fureur de ce nouvel adversaire : le feu …

Ignis orbis pareo !

Les mots à peine énoncés, une masse sphérique totalement composée de flammes se précipitait vers l’Hamadryade, consumant tout sur son passage. Déjà il réfléchissait à sa prochaine attaque, jubilant à l’avance de la vision qu’elle générerait pour Anyan.

Anyan n'eut pas à se retourner, instantanément, elle sentit la chaleur pénétrer son atmosphère, l'ennemi honni entre tous était convoqué. L'élément destructeur, la crainte de toute nature. Il l'avait convoqué. Toujours penché sur Noxis l'hamadryade ne pouvait fuir. La jeune femme ne survivrai pas à l'assaut. Cherchant une solution Anyan n'en trouva aucune! Elle allait devoir sacrifier un ancien pour protéger la vie! Ne pouvant se résoudre à cette idée, elle décida d'encaisser l'attaque, empoignant l'élémentaliste, la gardienne hurla appelant la protection des anciens. Mais rien ne vint! La forêt, corrompue refusait de répondre à son appel. Alors c'était cela? Le mal avait tant pénétrer ses lieux, Dark Schneider avait si bien corrompu ces bois qu'ils en oubliaient leur allégeance au maître!

Hurlant de rage et d'impuissance Anyan vit la boule de feu foncer sur elle, se préparant à l'emporter ainsi que Noxis. Dans un geste désespéré, l'Hamadryade opposa sa main, paume ouverte, au magma destructeur. Puisant dans ses plus profondes forces, elle les concentra, cherchant un miracle, une révélation, un soubresaut...Et Anyan fut entendue.

Un spasme d'énergie parcouru le corps de la femme enceinte, traversant l'hamadryade de part en part. Soudainement, l'air se dilata, étouffant le feu. Un grondement retentit alors, un coup de tonnerre plus précisément. Anyan, par le biais de Noxis, venait de maitriser l'air, créant une barrière de vide entre elles et la boule de feu qui, privé de son carburant, s'était immédiatement éteinte.

Guidé par sa rage, Anyan ne perdit pas un instant. Le jugement n'était plus nécessaire, Schneider avait tenté de la tuer et s'était rendu coupable de corruption. La sentence serait digne de son méfait. La mort!
Malheureusement La puissance pure n'y suffirait pas. L'ancien mage sylvain disposait d'une puissance incommensurable. C'était là sa force et sa faiblesse. Oui sa faiblesse!
Car l'hamadryade avait un plan, une stratégie reposant sur l'arrogance, sur l'orgueil du nécromancien. Dans cette forêt, rien n'échappait au sens de la créature. Pas même un serpent dissimulé sous terre, effrayé par l'affrontement. Si petit mais pourtant si puissant. Ce serpent, craint de tous, se révélait piètre combattant. Pourtant, son venin était le plus mortel de tous et c'était là la chance unique offerte à l'hamadryade.

Même le plus petit être peut changer le cours des choses.

Le plan était simple il fallait à Anyan parvenir à manipuler le serpent tout en maintenant une diversion sur Schneider. Elle n'aurait pas de seconde chance. L'intensité de l'assaut allait saper sa puissance magique mais le nécromancien aurait de quoi s'occuper! Etendant les bras Anyan inspira longuement et, en appelant à toutes les composantes de SA forêt, de son ton le plus impératif, elle ordonna:

Naturae Plantae imber bris hasta calo

Un instant, tout sembla suspendu, attendant l'événement, Schneider semblait appréhender l'assaut, Noxis se complaisait dans l'inconscience, Anyan restait bras levés, yeux fermés, comme portée par sa transe. Puis, soudain! Ce fut le déluge! Des futaies jaillirent des centaine de branches, toutes se terminaient par une pointe effilée, une forêt de lances, une essaim d'épieux déferlait sur le nécromancien! Profitant de la diversion, la gardienne murmura:

Naturae animalis serpens entis possideo

Sa vue se troubla, son esprit quitta son corps, le laissant suspendu dans sa transe, Anyan sombra ,aspirée, quelques secondes dans le néant. Enfin, ses yeux s'ouvrirent, elle ne voyait plus, elle ressentait, elle ne marchait plus, elle rampait. L'hamadryade était, pour quelques minutes, devenue reptile...

Comme il s’y attendait, la créature sylvestre avait très peu apprécié sa dernière intervention. Il ne prit même pas le temps de s’étonner sur sa dérisoire tentative de sauver la femme : à la rigueur, ça l’arrangeait presque. En effet, si le feu l’avait détruite elle aussi il n’aurait plus qu’à oublier le charmant programme qu’il lui réservait, malédiction et soumission totale à son bon vouloir. Pour l’heure, ce n’était pourtant pas ce qui le préoccupait. Sa soif de sang était éveillée et ne serait apaisée qu’avec la fin d’Anyan. Anyan qui s’essoufflait à réclamer l’aide qui autrefois lui aurait été due mais qu’il s’était évertué à saper tout au long de ces longues années où il avait parcouru les sentiers de la Forêt Interdite. Comme cela avait été jouissif ! La volupté de la corruption.

Nouveau hurlement dans son esprit. Le démon venait à nouveau d’être confronté à cette magie qu’il abhorrait. La femme était parvenue à les protéger en … transférant … ses pouvoirs d’élémentaliste à l’autre, la dryade. Il lui faudrait revoir ses projets à son propos une fois qu’il serait débarrassé de la première. Et tant qu’elle n’était pas consciente. Après. Lorsqu’il aurait mis à exécution ce qu’il avait imaginé…

Une création parfaite. Macabre.

Les mains tendues vers le sol, Dark Schneider psalmodiait. Sa voix était magnifique, toute en sons graves et tonalités tragiques. Dans la clairière, un vent léger se leva, pour souffler de plus en plus fort, charriant l’odeur ignoble de la chair en décomposition. Des craquements se firent entendre tandis que du sol de discrets tumulus s’élevaient, déversant une véritable armée d’insectes noirâtres et répugnants, des cafards, des mille-pattes, des cloportes et autres bestioles rampantes amassant dans leur grouillement fanatique tout ce que le sol de la forêt pouvait comporter de matière pourrissante et d’ossements où des lambeaux putrides s’accrochaient encore. La mort. Dans un simulacre de vie. Les dés étaient jetés, son golem prenait forme tandis qu’Anyan préparait son leurre.

Sois maudite !

Bien que d’une arrogance extrême, le mage Sylvain déchu n’avait pas oublié ce que la tradition orale de son ordre lui avait appris. Une hamadryade ordonnant à SA forêt d’intervenir était redoutable et méritait que l’on s’accorde une once de prudence. Il attendit donc le dernier moment pour s’offrir une protection, voulant s’assurer que l’amas de putréfaction qui s’amoncelait à quelques mètres de lui se mettait bien en mouvement.

Ignis scuti pareo !

Le bouclier apparut, flamboyant. Si la plupart des épieux s’envolèrent en fumée avant même d’atteindre leur cible, certains parvinrent tout de même à le toucher, provoquant une haine indescriptible chez le nécromancien. Une pointe laissa une profonde entaille sur sa joue tandis qu’une lance s’enfonçait dans sa hanche, une deuxième dans son épaule. D’un geste rageur, il en brisa les morceaux, gardant juste les extrémités dans son corps. Ce n’était pas la douleur physique qui allait l’arrêter ! Au contraire, elle lui donnait une énergie nouvelle pour le combat.

Un bref coup d’œil vers le golem le conforta dans sa position : bien que transpercé de part en part par les pointes effilées, il se recomposait, prenant ampleur et précision. Tout était en place, il pouvait reporter son attention sur la dryade.

A nous deux !

Incrédule, il scruta l’endroit où elle était encore quelques secondes plus tôt. Avait-elle déserté la lutte, admettant son intense infériorité ? Ses lèvres se retroussèrent en un rictus moqueur. Les anciens n’étaient que des imbéciles : cette hamadryade n’était pas l’adversaire qu’on lui avait décrit. Elle n’était rien.

Chaleur...nourriture, danger! Dissimulé dans son trou, le serpent se recroquevillait, effrayé par les événements se déroulant à la surface. L'instinct lui commandait de s'enfouir, loin, profondément. Pourtant son corps refusait d'agir. Au contraire, une nouvelle voix, forte, implacable contredisait l'ordre naturel, poussant le reptile à sortir. Sortir pour lutter. Désorienté, l'ophidien tournait en rond, Un instant prêt au combat, celui d'après terrorisé par cette incompréhensible combat. Goutant, une nouvelle fois, l’air de sa langue fourchue. Il y senti la puanteur, la magie, le bois brulé. Ses sens reptiliens lui signalaient le danger, Dame la mort s'approchait épiant l'affrontement, prêt à prélever son tribut. L'instinct lui hurlait de fuir et pourtant...

Et pourtant le serpent entama sa quête, Quittant son trou comme on délaisse un couvert salvateur. Il avait fallut plusieurs minutes pour qu'Anyan réussisse à rassurer le rampant. L'ordre qu'elle lui imposait brisait la règle élémentaire de survie propre au serpent. Tout ennemi capable de vous écraser doit être fuit comme la peste. Luttant conte la programmation naturelle, l'hamadryade s'était efforcé de calmer le serpent, trompant ses sens et ravivant ses instinct de chasseurs. Enfin, celui ci avait cédé, laissant la gardienne prendre le contrôle, diriger la manœuvre.

Le plan était simple et sans accroc, Il lui fallait s'approcher discrètement, mordre puis disparaitre. Tout ceci devait être réalisé rapidement, le nécromancien ne serait pas dupe longtemps. Le corps d'Anyan se trouvait toujours face au Dark Schneider et même s'il avait prit la couleur du bois, Il suffirait au mage noir d'avancer de quelques pas pour constater la différence. Le caméléon est prestidigitateur, pas magicien.

Fort heureusement pour la gardienne, l'orgueil de Schneider jouait pleinement son rôle, celui ci, sans doute vexé par la résistance d'Anyan, s'était décidé à utiliser ses plus puissantes magies. Sortilèges d'une incomparable puissance certes, mais demandant préparation et concentration. Il n'en fallait pas moins pour dissimuler le discret rampant. Celui ci, s'approchant rapidement, atteignit les pieds du sorcier, se redressant de toute sa longueur, le serpent enfonça ses crocs dans le mollet découvert du mage noir, déchirant sa robe, pénétrant la chair, châtiant le monstre d'un juste courroux. Quelque secondes passèrent, Anyan sentait le poisson quitter ses glandes à venin pourtant, l'homme semblait insensible à la douleur comme trop obnubilé par son pouvoir ou alors...

Immunisé au poison! La panique envahit l'esprit d'Anyan brisant toute force de persuasion présente en elle, Effrayé le serpent profita de cet instant pour s'enfuir, filant se dissimuler sous les feuilles. Effarée, Anyan avait brutalement regagné son corps et subissait le contrecoup du sort. Ses jambe se dérobèrent, la gardienne s'écroula, ses genoux embrassant le sol. Etait t'il vraiment immunisé contre les poisons. Elle ne tarderait pas à le savoir. Ses dernières forces l’abandonnaient et seule sa volonté l'empêchait de sombrer dans l'inconscience. Levant les yeux, Anyan fixa l'immonde golem. Sa dernière heure était elle venue? Sa mort offrirait la forêt aux ténèbres. L'hamadryade en était pleinement consciente. Son âme hurlait de rage pestant contre son corps paralysé.

Pardonnez moi...Il est trop puissant... trop fort...

Alors, agenouillée, abandonnée par la puissance sylvaine, Anyan se résolut, acceptant l'inévitable. Le golem s'abattrait sur elle, emportant sa vie comme l'on souffle une chandelle mais, après tout n'était elle pas comme tout les éphémères? Fragile chandelle ballottée par les vents, elle ne résisterait pas à la tempête....

Godric...Te revoir...J'aurai tant aimé...

S'avançant, le golem grouillant, leva un bras, prêt à écraser une Anyan résignée. L'amas s'immobilisa quelques instants, comme suspendu, puis s'abattit. Fermant les yeux, Anyan s'offrit à sa mort, désespérée par sa faiblesse, le cœur miné par les regrets. Mais rien ne vint, pas de choc, pas de douleur soudaine. Seul un grognement animal vint briser le silence. Rouvrant les yeux, la gardienne ne put s'empêcher de sourire, des larmes roulèrent sur ses joues. Ils avaient répondu présent. Ils refusaient d'abandonner. L'âme vivante de la forêt interdite, choisissaient de lutter à ses cotés. La faune s'éveillait, prêt à livrer bataille. Une patte s'opposant au puissant bras du golem. Le grand ours, protégeait l'hamadryade, hurlant sa rage. A ce mugissement, répondirent d'innombrable cris...

Et ce fût l'assaut! Les rayons lunaires furent cachés par une multitude d'oiseaux, des futaies jaillir d'innombrable guerriers, loups, ours, cerf, lynx et bien d'autres encore! Tous se jetèrent sur la créature infernale la repoussant aux limites de la clairière.
Seule le grand ours restait en retrait protégeant les deux femmes. Les larmes baignaient toujours les traits d'Anyan, chaudes, revigorante, celle ci l'encourageaient, poussant à reprendre le combat, à rendre hommage au courage, à la bravoure de ces créatures, de ses enfants. Se relevant, Anyan étendit les bras préparant un nouvel assaut

Combattre est notre salut.... Goûte à notre colère!

La conclusion erronée lui serait fatale. L’Hamadryade n’avait pas fuit. Une Hamadryade ne se déclarait jamais vaincue, il aurait dû le savoir. Finalement, les Anciens avaient énoncé certaines vérités qu’il aurait dû retenir pour ce qu’elles étaient. Des évidences. Et l’évidence lui sautait aux yeux à présent, tandis qu’un froid intense commençait à se disséminer dans son corps, l’épicentre de son malheur se situant au niveau de son mollet.

Accepter l’inacceptable, lui, le grand Dark Schneider, victime d’une ruse ridicule ! Non, il ne le pouvait ! Tâchant de rester droit et stable alors que ses membres s’engourdissaient petit à petit, il laissa ses yeux errer sur la surface de la terre, à la recherche de l’infâme reptile qui avait osé ainsi le trahir. Et enfin, il l’aperçu, vulgaire chose rampante qu’il exécuta d’un mouvement de baguette, une gerbe d’écailles brûlantes et ce fût tout. Quelques secondes plus tôt et Anyan aurait subit le même sort.

Démon ! Débarrasse-moi de ce venin !

L’ordre était péremptoire et jamais au grand jamais le Nécromancien doutât qu’il ne fût obéi. Et pourtant … Il est dans la nature même du démon d’attendre son heure, tapi dans l’ombre provoquée par les remous délétères qui encombrent et finissent par embrumer l’esprit de son Maître Nécromant. Mais qui est le maître, qui est l’enchaîné ? Allait-il continuer à abreuver l’humain de son pouvoir, attendre encore des siècles que la folie lui abandonne son corps alors que la liberté s’offrait à lui de la sorte ? Finalement, l’Hamadryade lui avait mâché la besogne. Le Mage Sylvain qu’il avait tout à loisir perverti allait crever comme un abcès purulent et lui, le Palrethee allait enfin pouvoir faire état de sa grandeur. Un nouveau corps était prêt à le recevoir, il suffisait de le débarrasser de cette maudite magie pure dont les émanations l’avaient mis hors de lui quelques instants auparavant. Elle était faible. Le moment était parfait pour prendre possession de son esprit.

Démon ! Tu me dois obéissance !

Ce fût à peine un grincement sinistre qui répondit à cette injonction pathétique. Le Tanar’ris savourait l’agonie du fou qui avait pactisé avec l’un des plus puissants démons des Plans Inférieurs … Certes non il ne l’aiderait pas ! Pas alors que la victoire était si proche. Il se désintéressait déjà totalement de lui, pénétrant furtivement la conscience de Noxis. Quant à l’Hamadryade, inutile de s’en inquiéter, le Golem s’en chargerait. Elle devait certainement avoir deviné qu’à chaque chose vivante qu’il toucherait, la putrescence accélérée s’installerait et la matière viendrait rejoindre la matière. Si elle était intelligente, elle mettrait tout en œuvre pour éviter que la création infernale ne sorte de la clairière. Ca devrait l’occuper un moment …

Démon !

…

Le froid avait passé le cercle de ses hanches, grimpait maintenant à l’assaut de son torse, de ses épaules, coulant lentement dans ses bras et raidissant sa nuque. La Dryade s’était effondrée sur la terre qu’elle chérissait tant, au moins il l’emporterait avec lui en Enfer ! Avant que son regard ne se voile pour de bon et que lui-même tombe à genoux sur le sol, il distingua avec consternation que l’appel avait été entendu. Un ours tout d’abord. Et puis une armée disparate d’animaux doués d’une volonté guerrière indéniable. Bien entendu, cette armée ne faisait pas le poids face au golem, mais elle parvenait cependant à le ralentir. Les animaux tombaient. Leur carcasse restait un moment au sol avant de devenir l’objet du labeur des myriades d’insectes soumis à l’édification de la monstruosité. Qui grandissait, lentement, mais sûrement. Nourrie par les frères devenus charognes de ceux qui continuaient le combat acharné et sans espoir. Le Golem s’épanouissait, le Nécromancien s’éteignait, son corps emporté dans le grand recyclage accompli par les insectes.

Elle, devenir son apprentie ? Si la situation n’était pas si désespérée, cette idée aurait presque pu prêter à rire. Mais pour l’heure, c’est toute son atrocité qui transparaît. Les plans infernaux … Que reste-t’il de sa brève visite avec Théodore ? Avait-il prédit tout ceci ? L’histoire se terminait ce soir. Il n’était pas le seul à la recherche des pierres : pourquoi elle ?

Pourquoi ? Théodore, entends-moi … Je n’ai rien voulu de tout ceci, je n’ai rien demandé. Signes-en la fin, je n’en peux plus …

Glissement progressif vers une inconscience libératrice. Des ténèbres, elle passe à une lumière douce et tamisée, tout est d’argent. Pureté. Beauté. Sérénité. La caresse d’une main sur son ventre. Amour, es-tu revenu ? Je n’osais y croire … Mais te voilà … Non ! Danger ! Immédiat ! Amour, tes doigts me brûlent ! Je t’aime … L’enfant nous viendra bientôt … Patiente, je t’en prie … Les pupilles disparaissent en un abîme d’argent révélant au Nécromancien l’ampleur de ce qu’il s’apprête à faire.

Nouvelle errance. Pourquoi ? La lumière s’intensifie, Lune d’argent embrassant le ciel à la recherche de son compagnon Soleil. Nuages, cachez-la. Souffle le vent. Combattez ! Non ! Il a trahi, ce n’est pas lui, ce n’est pas le Soleil, son frère, le Feu ! Il va la détruire ! Vent, souffle ! Aux confins de l’oubli et de l’inexistence emporte ses flammes ! La femme devient, l’espace d’un instant, créature sylvestre. La fusion est douloureuse, étrange, c’est un autre monde qui coule dans les veines de Noxis. Avant qu’elle ne retourne dans le sien. Où autre chose l’attend.

Sa peau est rouge sang et les flammes d’un bleu délicat l’entourent. Il est grand et s’approche d’elle, souriant du sourire du fauve certain que sa proie ne lui échappera pas. Tout autour d’eux, l’atmosphère s’altère. Le néant a fait place à un palais sculpté dans le plus pur des diamants. En son sein, un trône majestueux où Noxis est assise, parée telle une impératrice des bijoux les plus somptueux. Déjà elle ne le voit plus. Mais derrière elle, la chaleur d’un coup devient intolérable. Un poids sur ses cheveux d’ébènes, un miroir présenté : de vulgaire impératrice, ce diadème de perle la rend Reine. Reine de ces lieux, Reine du royaume que le démon lui offre.

Prends tout ceci, Sorcière, je te l’offre ! Qu’est-ce qui te retient ? Cet homme qui t’a abandonnée ? Cet ami qui t’a trahie et qui compte bien utiliser les pierres dans son propre intérêt ? Ces apprentis qui ne sont même pas certains de pouvoir se supporter entre eux ? Tu n’as pas besoin d’eux ! Je t’offre le pouvoir de la cinquième pierre et tu détiens déjà à toi seule le pouvoir des quatre autres … Quant à la sixième, elle ne t’est d’aucune utilité, tu seras bien plus puissante une fois que nous l’aurons détruite, ensemble !

La voix se fait insistante, doucereuse. Tout prêt de son oreille, enivrant au passage ses sens en complète perdition. Ses lèvres s’entre-ouvrent, laissant passer un soupir, ses yeux pétillent visualisant en avance les promesses de volupté et de pouvoir que le Tanar’ri lui promet.

Accepte mon présent, Sorcière ! A nous deux nous les gouvernerons tous. Grâce à moi, ta maîtrise du feu sera bien plus grande encore, plus rien ne pourra te résister ! Ce que tu voudras, pour toi je l’obtiendrai, Noxis …

Une lueur qui vacille. Le feu. Traitre. Perfide. Destructeur. Indomptable. Une fois déjà par lui elle a tout perdu. Comment peut-il … Les mains brûlantes du démon se posent sur ses épaules pour remonter lentement sur ses joues, presqu’amoureusement.

A jamais ces pommettes resteront hautes, ton visage racé, ta beauté intacte… AHHHHH humaine abjecte !

Deux larmes, rien de plus. Qui ont coulé sur les mains redevenues tout d’un coup griffues et vengeresses au contact du liquide argenté. Le coup est rapide et brutal, Noxis se retrouve projetée à bas le trône. Qui n’est plus. A sa place … Rien ! Il n’y a plus rien autour d’eux que des nébuleuses aux couleurs apocalyptiques. Le démon, quant à lui, a acquis une taille démesurée, il s’approche, menaçant et portant sur ses traits la plus vicieuse malignité qu’il ait jamais été donné de voir à Noxis … De tout son corps crépitent des flammes qui ne l’épargneront pas. Les promesses sont loin, il n’est plus que folie, folie, folie. Là, dans la conscience de son inconscience …

Non !

Inconscience de sa conscience. Dans la Forêt Interdite, la clairière en plein cataclysme voit le réveil de la femme qui se redresse tout à coup. Ses yeux hagards sont en quête de compréhension, ses mains compressent son crâne qu’elle sent prêt à exploser tant le démon tente de l’y emprisonner à nouveau, hurlant tant qu’il peut pour la faire perdre pied. Et enfin son regard se pose sur un grimoire dont la simple proximité lui fait monter le cœur aux lèvres. Destruction. Annihilation. Il n’existe pas d’alternative.

Par le feu tu as voulu me confondre ! Par le feu ton existence s’achèvera.

Seule et dernière pensée cohérente. De ses mains tendues jaillissent les flammes dévastatrices qui embrasent le livre de chair sur le hurlement inhumain d’agonie du démon …

Я eta Noxis ... Я eta Noxis ...

Le visage baigné de larmes tendu vers la lune, une petite fille recroquevillée sur elle-même, terrifiée, sanglotte.

Ils se sacrifiaient! Cinq! Dix! Vingts! Trentes! Conscients du danger, ils se jetaient sur le golem, perturbant son avançée. Leur courage exemplaire subjugait l'hamadryade. Leur sacrifice ne serait pas vain! Les larmes aux yeux, Anyan hurlait de douleur, vaincre le golem était possible, mais le prix lui semblait si grand! Si lourd. Un seul sort pouvait repousser la bete. La rendre au néant. Mais le sortilege condamnerai les ames de ses frere massacré à la damnation. Ceux ci décéderaient une nouvelle fois, emportant avec eux l'immonde golem.

Le nécromancien n'était plus, sa folie, son orgueil avaient précipités sa chute. Le venin l'avait penétré lui otant toute force. Sa mort s'était révellée digne de lui. Mangé par ses insectes, il se voyait condamné à érrer, damné pour l'éternité. En état d'hypersensibilité, Anyan distinguait la forme fantomatique du mage noir. Hébétée, étrangère à la scene. Celle ci s'évaporait peu à peu ne laissant de Schneider qu'un pale visage d'enfant apeuré. Personne ne le regreterrait et surtout pas Anyan.

Pour l'instant, elle n'avait que peu de temps pour resasser sa haine. Ses freres perdaient du terrainn dévorés par l'abomination nécromantique. Ils cédaient façe sa malefique puissance, les insectes leurs dévoraient la peau, le golem les frappaient, brisant corps et âmes. Extirpant de leurs corps, la vie tant chérie.Tétanisée, Anyan resta là, de lourde larmes parcourant ses traits. Le golem l'avait maintenant oubliée, hors de controle, celui ci ne recherchait plus qu'une chose.L'energie vitale nécéssaire à sa vie. Quelques instants lui suffirent pour repérer l'immensse source située aux abord de la forêt. L'hamadryade ne fût meme pas surprise lorsque le monstre s'éloignat en direction de Poudlard. Presque soulagée, elle se laissa tomber. Le golem ne tarderait pas à quitter la clairiere et s'abattrait sur les éphémeres. Ce n'etait plus sa tache, son combat.

Non! Tu ne dois pas le laisser partir!

Une voix! La voix! Les yeux révulsés, Anyan sentait la volonté l'oppresser. Ils refusait d'abandonner le golem. Ce qui naissait de la foret devait etre jugé par la foret. Le maitre, la dominait, puissant dans ses forces pour réprimander sa créature. La douleur traversait l'hamadryade, lui signifiant le juste courrou de son créateur.

Utilise le sort car tel est leur souhait! Le sacrifice accomplit ne doit pas se révélé vain.

Comment toujrous le maitre se revelaient sage entre les sages. Trop de mort, trop de lignes vitales brisées! La créature devait payer et le verdict n'appelait nul contestation.

La mort! La mort pour nos frères!

Alors, Agenouillée parmi les arbres, Anyan prit une longue inspiration, laissant l'energie, les ame franchement libérées affluer en elle. Enfin, son chant s'éleva. Fort, ancestrale. Priere lancinante aux forces primaires. La voie s'éleva....

Un temps infinie. Une seconde d'éternité passa. Le golem d'un pas déterminer, émergeait des derniers futais. Bientôt, il atteindrait le chateau provoquant mort et souffrance sur son passage. Anyan ne pouvait laisser faire ça. Son coté humain le lui criait ainsi que, au loin, l'esprit de Noxis. recroquevillée au fond de la clairiere, ravagé par la souffrance, celle ci continuait quand meme à craindre pour son école, ses éleves. Subjugué par ce dévouement. Anyan s'en trouva renforcé. Stoppant son chant, elle designa d'un doigt la forme du golem encore visible parmi les arbres. Un sourire se forma, une mine appaisé vint transfigurer ses traits. Elle avait fait le bon choix. Autour d'elle, les fantomes de ceux trépassés cette nuit s'agglomeraient.

Va...Rend justice et Venge nous.

Le golem, quittait la foret, au loin, les lumieres de poudlard, la chaleur des énergies vitales, l'attirait, lui promettant un festin. La créature se mit en marche, un pas, puis l'autre, puis un autre pas. Mais quelque chose clochait, il marchait certe, mais n'avançait plus. Une enorme patte s'était refermée sur lui, l'emprisonnant de sa poigne. La monstrusité fut tiré en arriere et disparu dans les fourées. Quelques bruit de luttent se firent entendre...Le calme revint. Rien ou presque ne s'était passé. Appuyée contre un arbre tout pres de Noxis. Anyan l'amena à elle d'un dernier commandement végétale. Ceci fait elle l'entoura de ses bras, la laissant pleurer tout son dû et se laissa glisser dans l'inconscience.

Pourquoi ? Théodore, entends-moi … Je n’ai rien voulu de tout ceci, je n’ai rien demandé. Signes-en la fin, je n’en peux plus …

La vague mentale frappa de plein fouet l’esprit du jeune professeur de défense contre les forces du mal. Si il n’avait pas prit l’initiative de voyager sur d’autres plans de perception, il n’aurait jamais entendu l’aide de son amie aussi clairement.
En se concentrant, il localisa Noxis au milieu de la forêt interdite.

Noxis!! Le bébé!!

Il n’avait pas le temps de se poser des questions sur la balade nocturne de sa camarade. Il devait faire vite. Il devait la secourir le plus rapidement possible.
Il ne pouvait transplaner depuis son bureau, car cela lui était interdit dans l’école. Il ne pouvait utiliser sa poudre d’escampette, car elle ouvrait un passage vers son bureau au S.M.S. Il n’était pas, aujourd’hui, à sa première transgression des lois qui régissaient l’utilisation et le partage du savoir au sein de l’établissement magique.
Elle était un des piliers pour le futur de son peuple, ils comprendraient.

- Platon, je vais devoir faire une grosse bêtise, je m’excuse pour le capharnaüm qui en résoudra.

! SuiVre NoXis ClyMox !

Il prononça l’incantation en utilisant le langage des Neuf Enfers. Pendant 10 secondes, la pièce trembla, faisant tomber, bousculer ou bouger les objets et les meubles. Des fissures apparurent sur les bloques en pierre qui étaient au pied du sorcier. Des légers arcs électriques parcoururent la pièce finissant de détruire se qui ne l’avait pas été par les tremblements. Le sorcier disparut instantanément dans une légère volute de viande grillée.

Le même phénomène, mais à l’envers, se produisit quand Théodore apparut dans la forêt interdite.
Il apparut à moins de dix mètres de son amie. Elle était couchée prêt d’un arbre et une créature l’entourait. La première réaction aurait été de se débarrasser de la créature, mais en regardant de plus prêt, Théodore reconnut une créature qu’il croyait ne plus jamais revoir. Théodore sonda les environs en quête d’un danger, mais ne reçut que le silence comme réponse. Il se pencha vers Noxis

- Je ne peux te laisser plus de dix minutes toute seule sans que tu attires ou provoques un accident universel.

Il lui caressa légèrement le front, tout en vérifiant l’état de l’enfant et de la mère. Il sourit en constatant qu’ils allaient physiquement bien. Mais l’état psychique de la mère avait subit un énorme traumatisme. Et cela l’inquiétait !

Théodore posa sa main sur le front de son amie et employa son talent mental pour fouiller son esprit et pour refaire remonter à la surface des moments agréables et chaleureux. Noxis avait besoin d'un phare pour remonter à la surface et d'une ligne de vie pour reconstruire son équilibre mental. Théodore fut surpris d'entendre l'écho de l'enfant appelant et guidant l'esprit de sa mère.

Quand il fut certain qu'elle était sur le chemin du rétablissement. Théodore se concentra sur la créature surnaturelle qui était couchée à côté de Noxis. Il prit la créature dans ses bras pour la déposer confortablement entre les profondes et sécurisantes racines d'un chêne. Il recouvrit l'ancestrale créature de mousse et de lichen pour réchauffer son corps. Il sourit en remarquant que la créature se remettait petit à petit de son combat et que la nature commençait à revigorer sa maîtresse.

Il se dirigea vers Noxis, il la prit délicatement dans les bras et utilisa la langue des Enfers pour transplaner directement dans l’Appartement de Poudlard de la Directrice Adjointe.

! L’ ApParTement de PouDlard de NoXis CliMox !

La suite ici : https://potteroleplay.actifforum.com/logements-du-personnel-f50/appartement-de-fonction-de-noxis-clymox-t335-75.htm

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