[RESIDENCE] Londres Sous les toits: le nid du corbeau.

Rue des embrumes l'antre des pochtrons, de la magie noire et des coupes-gorges, un endroit fait pour les rats ou les corbeaux, les aurors ne s'y aventuraient que rarement alors quoi de plus tranquille comme endroit pour un mauvais serviteur fou.
Servus avait trouvé une vieille piaule qui aurait pu être l'antre de Molière, Faulkner ou Shakespeare. Une vieille chambre au parquet grinçant sous les toits avec une seule et unique fenêtre pour pouvoir rêver sur le ciel que l'on pouvait si facilement admirer. Une pièce minuscule, avec un lit dans un coin, un bureau et une petite cuisine, le tout encomnré de livres et de feuilles parcheminées, de bouteilles d'ancres et de croquis griffonés, s'entremêlant avec de gros coussins aux airs vieux et essouflés mais qui étaient plus que confortables. De grosses bougies rondes de toutes les couleurs posées ça et là parachevaient l'impression de désordre douillet.

Sur les murs étaient affichées des phrases et des monologues céélèbres d'auteurs extravagants.
"Folie toute l'intelligence sans la conscience profonde de la mort et de l'impertinence", "Un coeur né pour servir sait mal comme on commande.","La solitude désole le coeur et contente l'esprit." faisaient parties des nombreuses citations qui tronaient sur le mur délabré.

La pièce était pourtant lumineuse et lorsque le rat rampait dans ces lieux, une grande vie en émanait même si cette vie était parfois effrayante.

Le corbeau était allongé dans un vieux hamac pendu sous la fenêtre, il tenait "les fourberies de Scapin" dans les mains ou plutot le livre était posé sur son torse car le serviteur dormait du sommeil du bienheureux.
La tête remplie de rêves étranges sortis de sa folie le faisait sourire dans son sommeil.

Une belle journée, oui très belle journée, éteinte un peu vite pour le peu de lumière qu’elle avait eu à fournir. Ellana Silver avait naturellement fait quelques achats ici même, dans la rue des embrumes. Il y a quelques petites choses fort plaisantes, mais fort illégales aussi. Tout pour attirer la petite sorcière en quête d’un nouveau mal, pour elle, ou ses adversaires. Mais, alors que Mort marchait dans la rue avec empressement, bousculant tous les gens qui se mettaient sur sa route, elle sentit une présence, douce présence, si enivrante par ailleurs. Elle se retourna et leva les yeux vers une fenêtre à peine éclairée. Le soleil se couchait, il avait presque disparu, pourquoi ne pas faire une pause à présent ?

Alors c’est ici, vile créature, dans les bras du ciel que tu te réfugies.

La sorcière afficha un sourire envieux, désireux, qu’elle aurait aimé elle aussi vivre au jour le jour, mais depuis peu, plus possible, plus rien ne l’était vraiment d’ailleurs. Que de balivernes que les excuses que l’on se trouve pour ne pas culpabiliser de savoir que rien n’est de rose. Ellana n’était pas victime du rose, elle préférait le noir justement. La sorcière entra alors dans le bâtiment, vieux petit logis où sûrement toutes sortes de déchets du monde passaient eux aussi leur nuit, à l’abri et à la chaleur d’une flamme allumée dans un bidon, pour se chauffer les mains. La tueuse se fit siffler une ou deux fois, une lumière verte fusa à deux reprise, silence …Délicieux silence, le même que celui où Folie avait l’air de s’être laissé allé. Ella ne dit pas mot directement, elle se contenta de s’approcher, une planche craqua.

Tant pis pour l’approche discrète.

Ellana s’avança, alors que Servus, lui restait concentré dans ce qu’il faisait, enfin, on aurait dit du moins qu’il ne semblait même pas craindre la venue d’un étranger. La sorcière se pencha vers lui, rapprochant ses lèvres délicates vers une de ses oreilles, laissant tomber sur son visage ses cheveux qui sentait la pèche ou quelque chose du genre, huile essentielle quelconque. Elle sourit

N’as-tu même plus peur de la Mort mon bel endormi ?

Une douce odeur maléfique tire le crobeau de sa sieste reposante, il garde les yeux fermés laissant approcher la mort, impassible régulant sa respiration. Lorsque la voix de la belle susurre à ses oreilles, un fin sourire fait son apparition sur son visage de fou. Il savoure cet instant sans un mot puis ouvre lentement les yeux pour les poser, brulant, sur la peau blanche et les yeux sombres près de lui. Il relève légèrement la tête pour gouter à ses lèvres puis repose sa tête sur son oreiller douillet, il lève la main pour effleurer la joue d'Ellana.

Pour répondre à la phrase de la belle il montre sur un mur une phrase qui était affichée et la prononça d'une voix séduisante:

"Folie toute l'intelligence sans la conscience profonde de la mort et de l'impertinence"

Il sourit encore une fois et, allongeant les bras, prit Ellana par les hanches et l'installa contre lui dans le hamac.
Il lui fit de la place et croisa ses bras nus sous sa nuque.

Que me vaut une si douce visite?
Avais-tu envie d'entendre du Faulkner ou du Shakespeare ou juste gouter à la saveur de la folie.

Le visage au dessus du corbeau, Ellana absorbait la moindre bouffée d’air qu’il relâchait, comme si pour elle, respirer Servus était vital. Alors qu’elle se laissait une fois encore complètement posséder par l’oiseau de malheur il la saisit par les hanches et la plaça directement à côté de lui, dans le hamac. Un petit sourire la sorcière ne quittait plus son visage des yeux. Ô diable, ô maudit et criminel sentiment, le cœur de la sorcière était en trombe. Elle avait envi de Folie, et l’oiseau faisait le mort. Une main sur son visage à elle, voilà qu’elle suffoquait. Se rapprochant de Servus elle l’embrassa tendrement, un baiser au goût du jour pour assaisonner la fragilité du moment, car ce ne pouvait tenir qu’à un fil.

Il y a tant de chose, Servus, auxquelles je souhaiterais goûter, mais de toute, …

Ellana venait de l’appeler par son prénom, signe de sérieux, c’était une victoire sur elle-même, mais bien plus que tout elle ne voulait pas lui donner cet acquis aussi facilement, car le terrain qu’il gagné engendrait aussi de l’intérêt. Se redressant, elle prit une grande inspiration, et sans bouger elle enchaîna à contre peur, sans réelle envie de parler.

Je n’ai envie de rien, je me contente de désirer, aussi ici et maintenant je veux bien plus. Et toi Servus ? Que veux tu à l’instant de différent que ce que je veux ?

La sorcière se releva alors, à contre cœur mais pour s’amuser à sa guise dans les lieux funestes et pourtant si accueillant, elle retira sa veste et détacha ses cheveux brun qui tombèrent sur ses épaules, saisissant une cré qui traînait elle se mit à écrire quelque chose sur le mur.

« Heureuses les amours qui se dénouent sans détours »

La sorcière se tourna en suivant, après avoir quitté ses chaussures, se rallongeant à côté de l’oiseau au sommet de son perchoir.

Arrêtons les détours Servus.
Demande moi ce que tu veux, dis moi ce que tu attends de moi, par pitié, arrête d’emprisonner mon cœur sous cet amas de questions, je t’en conjure …

S'évadant de ces questions et de ces accusation, il observa un silence, suivant des yeux les mouvement de la belle, quel magnifique spectacle que les méfaits de l'amour, mais il aimait ça le corbeau et il fallait l'avouer cela lui manquerait a présent si cela n'était plus. Mais elle ne pouvait plus lui échapper même si elle tentait la fuite physique elle l'avait bien dit, il emprisonnait son coeur, il lui répondit donc, exaspérant de vérité et d'esquive, maitrisant ses pensée tout comme sa folie:

Tu demande à un fou de t'expliquer les raisons de la déraison, n'est-ce pas incongrue?

Il se mit à sourire, les yeux pétillants de son vert transpirant. Elle semblait perdue la dangereuse et n'en était que plus dangereuse justement, il se passa la langue sur les lèvres, comme il aimait le risque le mauvais serviteur.

Je n'ai aucune réponse à t'apporter "le coeur à ses raisons que la raison ignore" le coeur...l'amour....ces notions dépassent tout le monde... n'est-ce pas étrange?

Le corbeau étendit les ailes et récupéra son paquet d'empoisonneuses, il en tira une sachant pertinement que cela provoquerait la belle, il la mis à la bouche et l'alluma d'un coup de baguette, la fumée s'éleva, tentant de s'échapper par la fenêtre au dessus de lui. Plus libre que la fumée plus insaisisssable, à part l'eau il ne connaissait rien d'autre.

Ellana l’observa, un air de supplice, pourquoi la faisait il supplier ? Aimait-il alors qu'elle daigne l’implorer ainsi ? Bien, elle ne le ferait plus, le moins possible. Elle essayerait, et encore tout un tas de termes exprimant l’incertitude …La sorcière plongea un regard vif dans celui du corbeau, elle l’agressait du regard et de façon si peut innocente. Le corbeau alluma une cigarette, encore une. Pourquoi voulait il fumer ? La trouvait il si fade ? Ou savourait il une victoire dont elle n’avait sûrement pas encore saisit le sens véritable ? Le désarroi resserra une fois encore son étau sur la pauvre Mort éprise d’envie de Folie. Contre toutes attentes …

Si à t’empoisonner en ma présence tu prends plaisir, laisse moi alors partager ta souffrance, et goûte donc à la mienne, pendant que je m’empoisonne de tes propres dépendances.

La sorcière saisit la cigarette et en tira une bouffée, elle avait les poumons en feu. Toussotant, elle tenta cependant de rester forte face à la douleur que lui procurait la fumée en envahissant sa poitrine gonflée par la retenue. Le moment venu, elle souffla tout ce qu’elle pu au visage du corbeau, comme un vent d’extrême avidité. Avant de lui rendre la cigarette, la sorcière déposa de nouveau ses lèvres sur les siennes, des lèvres salées par ses prières, pouvait il imaginer un quart de ses pensées à cet instant précis.

C’est répugnant.

Ce fut sa première conclusion, cependant, à force de temps passé avec Servus, la fumée qu’elle avait absorbé pouvait également mener à une nouvelle dépendance, en revanche, celle-ci elle lui résistait. Ellana l’observa plus détendue, elle avait découvert quelque chose de nouveau à ses côtés. Etrange disait il ? Rien ne l’était hélas.

Ô détrompe toi Servus, l’amour ne me dépasse pas, la seule chose qui me dépasse est ma haine, et en bonne furieuse, j’aurais du déjà te punir pour me fourvoyer. Pense tu vraiment que je ne peux pas prendre mon sac et repasser la porte qui se trouve derrière nous sans le moindre regret ? Je l’ai déjà fait une fois …

Alors qu’elle disait cela, ses pensées revinrent à leur rencontre au repaire. Ce soir là, la sorcière était partie en claquant la porte, pleine de stupeur et en sueur, enclin à une tentation qu’elle n’avait jamais connu si forte, celle de revenir se plonger dans ses bras de fou. Rassurant et accueillant, …Stop !

Servus ne répondit tout d'abord qu'avec son grincement sinistre, c'était un partage entre le combat amoureux et la rivalité sensuelle et tous deux rivalisaient de prouesses pour tenter d'être le maitre sur l'autre pourtant il en ressortait une évidente inégalité, le corbeau était fou et cela lui conférait un pouvoir que personne ne pouvait maitriser pas même lui. Il la laissa gouter à la ténébreuse et fumeuse mort qui se consumait entre ses lèvres, une blonde de moins c'était toujours ça de prit!
Le rat riait à sa propre décadence, il riait de voir que la mort elle-même se tuait, quel paradoxe magnifique comment ne pas apprécier le spectacle de la belle toussotant, le poison était pour les empoisonnés, Ellana était trop parfaite pour qu'une cigarette ne lui fasse rien.
Enfin il bougea, le rat, lentement se mit sur son séant, les bras ballant, il laissa ses jambes tomber sur le coté de son nid de corbeau confortable.
Nonchalement il s'étira les ailes et bailla puis son regard qui trahissait sa langueur apprente se fixa sur la dangereuse.
La clope entre les lèvres il sourit et enfin répondit:

Punis-moi maitresse, mais tu te puniras....et si vraiment je t'ennuie alors fait ce que tu dis, la nuit est la compagne des insoumis.
T'échapper de ce nid c'est comme enfouir ton amour et ton mépris...qu'importe moi je ne vis qu'avec folie mais il est vrai que, sans les douces lèvres de la mort si fade serait la vie.

Yeux clairs si sombres et irraisonnés, toute sa séduction incontrolée était là, sans sa folie le mauvais serviteur ne serait que rat et surement déjà dans l'au-dela. Mais cette si insaisissable notion l'avait choisit et ils ne faisaient plus qu'un maintenant, chercher à savoir et à comprendre le corbeau ne menait qu'a une chose... se faire bercer par cette même folie.

Il se leva, félin, il était chez lui, dans son palais, dans son antre. Il s'approcha d'Ellana fit quelques pas de danse et tourna légèrement sur lui-même pour arriver tout près d'elle, il prit ses lèvres, écrasant d'une main la blonde nauséabonde sur la maxime fraichement apposée par les doigts de la fée noire. Il sourit, prédateur et proie, malheur et joie.

Partager ta souffrance alors que j'ignore le sens même d'un tel mot, mon verbe est médiocre tu le sais, je suis dans l'ignorance mon esprit est si sot, mes phrases sont acerbes et le sens désuet...
Ce que je dis de beau je l'ai volé, Faulkner Shakespeare Einstein Hugo, c'est un vrai cadeau de pouvoir les citer, bien sur j'aspire a aller plus haut mais ne suis en vérité qu'un pauvre irraisonné!

Il saisit la craie et d'une fine écriture calligraphiée il rajouta une phrase sur le mur sale et délavé:

"Raisonner sur l'amour, c'est perdre la raison."
[Stanislas de Boufflers]

Ellana observa Servus, une fois encore il faisait parade. L’oiseau lui rendit un baiser, se leva écrire encore une chose au mur, bien pire, salissant sa pensée de son poison infectieux. La sorcière se releva le regard plus profond encore, des pas lents l’amène jusqu’à un mur. Un petit objet posé sur un meuble la nargue franchement. « Punis-moi ». La tueuse saisit le vase et le lance sur la dernière phrase de Servus avec une violence redoutable, redoutée. Ellana à bas d’énergie à la compréhension, s’avance vers le mur en question. Un air d’abord s’apparentant à du mépris, elle libéra une haine sans faille. Cependant, la tension retombe bien vite, et, lentement, elle se laisse écrouler sur le sol, à genoux devant le proverbe.

Je n’ai jamais perdu la raison qu’en m’épanchant sur ma haine Servus. L’amour n’est pas un sentiment menant à la perdition, il n’est qu’un état transitoire entre le désire et la dépendance.

La sorcière se redressa alors, elle quitta tout le superflu et dégrafa le haut de son chemiser. Retirant sa baguette, la sorcière se tourna lentement vers le damoiseau. Observant son arme un court instant elle se décida à la jeter à terre, ainsi, même si elle ne l’était point, la tueuse se sentait à présent à nu devant Servus, privée du seul objet qui lui servait de véritable habit, son vêtement mortuaire de bois vieilli par l’usure.

Je suis à toi, je le suis depuis que tu m’as volé un premier baiser. Aussi puisque je ne suis plus en force de te résister, je m’offre à toi en bonne perdante. Mais sache une chose, tendre, terrible oiseau de malheur …

Une lueur apparut alors dans le regard de la sorcière, une lueur meurtrière et dangereuse, comme celle que l’on pourrait lire dans les yeux d’une lionne à qui on vient de piquer son bout de viande, et sa dignité tout en même temps.

Jamais la vengeance ne s’est vraiment mangée froide …

La dangereuse laissa alors un rire machiavélique et retentissant échapper de sa gorge resserrée par la haine quelques minutes plus tôt. Elle s’avança alors vers Servus d’un pas décidé, désespéré. La sorcière ne jouait pas la carte de la soumission par hasard, elle ne faisait que jouer son jeu. Il était plus facile de se laisser faire que d’assumer ses actes à fortiori volontaires. Mais tout cela n’était que vaine illusion, jamais la lionne ne s’offrait au chasseur sans arrières pensées.

On va voir comment tu joue à présent, volage volatile …

Tu ne t'attache pas aux bons mots, qui parle de perdition alors que c'est la raison qui est d'importance... qu'importe après tout...

Il fit une petite moue qui ne signifiait pas grand chose puis regarda la belle perdre ses ailes pour les jeter à ses pieds, il se mit à rire, encore une fois tout aussi sinistrement. Elle le regardait fièrement alors qu'elle se soumettait, mais ce qu'elle n'avait pas compris c'est que seul le corbeau savait ce que ses désirs lui susurraient et la dangereuse étaient bien loin de lui en cet instant. Il s'avança lentement, un sourire narquois aux lèvres, il se baissa le rat et prit entre ses griffes le pouvoir de la mort, il observa le bout de bois, soupesa la baguette comme l'aurait fait Ollivander puis la laissa retomber sur le sol, il s'approcha ensuite de l'ennemi de son coeur, de l'amie de son désir, il approcha ses lèvres des siennes lentement, si lentement. Ne faisant finalement que les effleurer il contourna Ellana et se dirigea vers la porte qu'il ouvrit d'un petit mouvement de sa propre baguette:

Hum l'amour est aussi incompréhensible que la folie, tu devrais le savoir...la mort est-elle si faible qu'elle abandonne déjà les joutes de la séduction......hum je te laisse réfléchir car en cet instant ce n'est pas de moi que tu as envi et ce n'est pas à moi que tu cèdes...
La punition fait plus de mal au bourreau lorsque le punis courbe la tête et je ne veut pas gouter à une chose aussi fade.

Sur ces mots le corbeau quitta son nid et la folie quitta la mort.
Le répit d'une bataille est nécessaire pour le prochain assaut et la belle avait besoin de répit.

Ellana se surprit alors en train de sourire ! Voilà que corbeau quittait les planches si tôt ? Rien, en cet instant ne faisait plus plaisir à la Mort. Quand la Folie prenait la fuite de la sorte, ne pouvait on pas déduire qu’elle n’était plus apte à faire face ? Oh que non Ella n’avait pas jeté l’éponge de le séduire encore et encore, à aucun moment, elle venait de faire preuve d’une grande nouveauté qui s’appelait traiter le mal par le mal. Se tournant vers la porte, elle lança quelques mots en espérant que Servus les entende.

Tu vas partir et ensuite ?
Crois tu que je suis disposée à abandonner de si tôt Servus ? Oh bien sur que non ! Tu devras me faire face en rentrant, sois en certain ! Car jamais la mort n’épargne un nom sur sa liste corbeau ! Jamais …

Et la sorcière crut alors comprendre qu’il avait disparu, le cœur battant, elle était essoufflée ! Peut être moins que la résistance, elle avait cependant tout aussi horreur de l’abandon. En cet instant il venait de la laisser sur place, en proie à sa rage et à la mélancolie de ses pulsions meurtrières. Ellana dans un élan de violence renversa tout ce qu’elle put, tout ce qui lui passait à portée de main. Sa rage un peu évacuée la tueuse se laissa tomber lentement sur le sol, fatiguée voilà tout.

Un jour Folie, une jour tu devras faire face à la réalité d’un cœur.

Sur cette pensée rassurante, la sorcière se traîna jusqu’au hamac et se laissa tomber dedans lourdement, prête à s’endormir, toute lumière venait de disparaître. Ellana sombrait dans ses rêves, dans ses cauchemars, elle tombait dans un élan de Folie imprégnant, du à la chaleur du corps du Corbeau encore intense à la surface du tissu suspendu.

Une bien sombre nuit, terriblement froide.
Mais elle se tenait là, accroupi sur un toit, profitant du vent qui lui élançait les cheveux lentement, comme un souffle dans la nuque, elle frissonnait d’un contact aussi délicat que celui de l’air qui parcourt votre corps, car il y avait du vent. Elle observait en dessous d’elle les voitures, les gens qui passaient. La vérité, c’est qu’Ellana était en dehors des lois de la société, elle vivait dans un monde bien reculé de celle-ci …Peut être était elle seule, mais elle était libre. Ce soir là elle avait envi, besoin de chaleur, et elle savait où elle pourrait en trouver. Finissant de méditer, elle bondit d’un seul mouvement du toit jusqu’en bas de l’immeuble, chutant, plutôt planant avec lenteur dans les airs. Une fois les pieds au sol, la sorcière ne regarda pas autour elle avant de disparaître vers le lieu objet de son désir. Le vieil immeuble, la rue sombre. Elle poussa la porte d'entrée délabrée, écarta plusieurs obstacles lentement, jusqu’à arriver à un grillage fermant l’accès de sa convoitise. Ellana soupira longuement, vidant l’air de son corps, personne ne pourrait la forcer à s’arrêter si près du but. Lentement, la sorcière élança une de ses jambes entre les deux premiers barreaux de la grille, puis elle commença à envoyer son corps entre celles-ci, passant lestement la première moitié de son profile entre les deux barres puis elle passa lentement la tête au travers de celles-ci. Enfin, le corps entièrement glissé de l’autre côté, elle retira sa dernière jambe jusqu’à elle et monta les derniers escaliers de l’immeuble dégradé. La porte du nid, la voilà enfin. La Mort pénétra lentement dans l’antre de sa Folie, et sans dire mot, elle s’avança jusqu’au petit lit suspendu au dessus du sol. Il n’était pas là, mais elle s’y allongea tout de même, pensive. Sa vie était en ce moment étrange, tout était mouvementé, incroyablement intensifié, et comment pouvait elle survivre ? Quelle place pouvait occuper une femme libre dans ce monde d’hommes et de brutes ? Elle ne suivait que ses propres désirs, elle était seule, mais elle connaissait une liberté sans égale. Tout était tombé à son profit, elle ne manquait pourtant de rien, mais sentait ce même vide qui la prenait régulièrement, comme si quelque chose l’attendait, mais elle ne savait quoi. Peut être le corbeau aurait la réponse, lui, en tout cas il saurait l’apaiser de ce mal être soudain.

Servus, …

Dans ce dernier murmure, la sorcière se laissa sombrer dans un sommeil profond, elle n’avait et ne dormait plus depuis si longtemps …Elle pouvait enfin reposer en paix, sans méfiance, car elle savait que le corbeau, même s’il jouirait de tenir la mort entre ses serres, ne lui ferait aucun mal, car lui et elle se comprenaient, se complétaient, ils ne faisaient parfois qu’un. Ellana le sentait comme ça. Tous deux était au dessus des lois de la société, libres comme l’air, suivant leur propres désirs, c’était à la fois une bénédiction et une malédiction, mais il fallait accepter d’être seul, s’en était le prix. Ellana savait que même avec Servus, elle était cette même femme en retrait de tout …Mais il lui apportait la présence qu’il lui manquait, la présence d’un homme qui était capable de la comprendre, sans chercher à la brider.

Un pas souple comme un félin, a peine perceptible, le pieds nu de boheme dans le couloir délabré. Il est là le corbeau frottant ses ailes ternes et sombres sur les lattes pourries et brassant les odeurs de déchets autant humains que ménagers. Il atteint la porte de son nid de rat, de noir volatile de malheur et il pénètre en son antre, il pénètre dans son aire.
Elle est là il la ressent dès le premier pas sur le parquet irrégulier, il renifle son parfum parmi ceux des livres poussiéreux et des relents de repas.
Pleine de la mort, la sordide pièce est d'une apétissante attirance.
Il s'avance lentement et s'arrete a quelques pas du hamac ou repose la belle et dangereuse endormie.
Elle semble si vulnérable et pourtant...
Le mauvais serviteur sourit, quel spectacle délicieux et tant de possibilités pour le transformer en une autre scène de ce théatre intimiste.

Il reste là a contempler pendant quelques secondes puis quelquese minutes et finalement d'une voisx joyeusement démente il murmure a la nuit et à l'obscurité dont il se fait un manteau de folie:

Le belle oiseau noir a trouvé un nid a son gout? aimera-il autant celui auquel il appartient et qui le surprend en plein reve cauchemardesque?

Il récupère sa baguette dsan sa poche le corbeau est fou mais pas inconscient et sais la mort facile a ceux qui la surprenne. Il s'avance lentement et sourit de toutes ses dents de prrédateurs et de son regard clairement sombre. Il se penche et effleure les lèvres lasses de l'endormie noirceure. Il reste en avant frolant et refrolant ce met si tentant volant sa respiration échangeant son souffle avec le sien.
Enfin quand il a bien humer il goute pleinement au plaisir du contact en un baiser fougueux de serviteur. Il se relève et accueille l'éveil de son grincement sinistre et de son sourire de dément.
La folie souhaite la bienvenue a la mort.

Il n’y ait nul cauchemar qui ne se soit transformé en rêve lors de ta présence, oiseau de mes joies privées. Es tu là ce soir, pour m’annoncer, me faire subir la nouvelle que j’attends, ou vas-tu me laisser brûler dans la chaleur de ton corps indéfiniment, attendant que je désespère pour enfin en venir à me servir moi-même de toi ? J’apprécie ton être bien plus que le socle sur lequel il repose, Servus.

Ellana resta sur le dos, au début ses coudes soutenant son corps imposaient une résistance particulière à se laisser tomber allongée, sous ce dominateur inconscient, mais finalement, le risque était bien plus délicieux encore, et elle se laissa glisser lentement, jusqu’à n’être plus qu’un tas de chair immobile, désireux avec passion de l’être qui en tenait le contrôle. Elle le saisit pour l’embrasser encore, puis encore, la tueuse Mort voulait s’en étouffer, pomper son âme, son souffle sa vie, jusqu’à ce que Servus en tombe inerte. Et elle savait que sans doute il la laisserait faire, mais elle n’en voulait point. Elle se recula pour parler de nouveau. La voilà qui retire son arme, lacérant le peux de guenille tenant chaud au volant. Elle déposa alors le bout de sa volonté sur le torse musclé de son bel amant, et le tapota sec cinq ou six fois, puis la laissa descendre, puis remonter. Un même sourire machiavélique, la Mort répondait à la Folie.

Comme je rêve de tout ce que tu pourrais faire à la pauvre endormie, dont le souffle glacé, comme l’appel de la lumière au fin fond d’un tunnel de ténèbres, t’attire comme un pestiféré dont le grigris vient subitement de chuter dans la mer, et qui s’est noyé par convoitise. Tu veux sombrer, doux chevalier des damoiselles en détresse ?

Puis une lueur de démence éclaira son regard, en simple reflet de celle de son bel oiseau. En principe elle inculquait d’elle-même ce qu’elle voulait à sa douce couveuse des soirs trop frais, mais elle voulait aujourd’hui encore plus que la peau de l’animal revigorant ses nuits de solitudes bestiales. L’âme, la belle et délicieuse âme de la créature sombre à la volupté physique et morale qui la faisait tressaillir. Mais lui donnerait il pour une fois, un peu plus que son enveloppe, pour satisfaire sa soif humaine ?

Echange tu un bout de toi contre un bout de moi ?
Je puis t’offrir ce que nulle autre ne t’as encore donné, noire Folie …Je puis dépasser bien plus que tes espérances, bien plus que tes désirs les plus complexes, je puis aller plus loin pour te cueillir toi et ton âme que n’importe quelle autre poupée dont tu t’es délecté ici.

Elle passa alors une main sur son visage, et sa nuque, le rapprochant d’elle, le poussant presque à l’écraser de son poids sur le hamac grinçant, avertissant d’un poids trop lourd. Elle lui volait son souffle, chacune de ses expirations l’approvisionnait en air, comme si soudainement, elle faisait en sorte qu’il ne puisse plus que respirer des siennes, se rendant dépendants de l’un ou de l’autre.

Il laissa la belle apaiser sa soif, se rassasier quelque peu de son impassivité mais la satieté serait de courte durée il le savait et savourait d'avance, la dépendance qu'il sentait chez elle... et chez lui car, dépendance il y avait aussi mais d'une toute autre sorte. Elle le repoussa une première fois comme lisant dans ses pensées, il ne bougea pas et se contenta de sourire a ses mots dénués de raison mais pas de sens. Il lui repondit tout d'abord par un silence mesquin, de dement comme lui seul pouvait les faire. L'observant d'un regard brulant.

Gouter et regouter... voila ce qu'elle aimait mais maintenant elle voulait plus que ça, elle le voulait tout entier. Mais son esprit était tout entier a la folie, elle l'avait seduite avant la mort et Ellana ne serait jamais plus qu'une maitresse. Une maitresse belle et pleine de séduction dangereuse et de ce gout sauvage si délicieux mais une simple maitresse, la première et la véritablement unique pour lui mais rien de plus.

Un espirt fou n'est pas domptable, le seigneur des ténèbres le savait très bien quand il avait accepté le mauvais serviteur dans ses rangs. il était libre dans son entrave, doux et beau paradoxe...
enfin, lorsqu'elle le laissa respirer autre chose que ses douces lèvres parfumées il fit raisonner sa voix, sarcastique et séductrice comme toujours, raisonnée jamais...:

Prends le bout de moi que tu souhaites mais j'ai deja ton coeur alors il est inutile de me donner un bout de toi en échange...

Pour ce qui est de mes désirs et mes espérances comment pourrais-tu me donner ce qui n'existent que par la folie...Mon ame est melée a elle, n'as-tu ppoint peur d'etre emportée par elle si tu tente de l'atteindre?

Tu as toujours mon corps et ma déraison, ma seduction et peut-etre... mon coeur.... encore faut-il que j'en possède un et rien n'est moins sur...

Il s'écarte, et se rapproche, comme une danse, un rituel de séduction. Il sait le corbeau que la colère éclatera surement avec la jalousie. La mort n'est pas facile mais elle est si délicieuse. Il se rapproche encore une fois et prends ses lèvres dans un baiser sensuel puis s'écarte pour ne plus s'avancer. le corps délassé nonchalement, debout au milieu de la pièce, la chemise ouverte par les soins de la belle et ce sourire, si démentiellement déraisonnable.

Je n’ai crainte qu’elle m’emporte si elle t’emmène avec moi.
De mon égoïsme intense résulte l’affection que je te porte. Je n’ai que haine et jalousie à t’offrir, car tels sont les brumeux sentiments de la Mort elle-même. Pas d’indifférence pour le pêcheur aimant ou haïssant. Dans l’un comme dans l’autre, je suis toute à toi, seigneur des ciels orageux. Mais tu ne le sais que trop, n’est ce pas ? Et c’est pour cela que tu t’autorises à laisser furtivement l’odeur de tes plumes sur la fourrure d’autres ? Alors que moi je suis nue face à toi.

Marre de le voir bouger, lasse de le sentir s’agiter ! D’un nouveau trait de baguette, une corde fend l’air et entoure le cou de l’animal. Ellana d’un geste brusque le tire vers elle, et lui lie les mains et les pieds. Elle sait qu’il la laissera faire, car jamais aucune résistance il n’avait exprimé auparavant, pourquoi le ferait il maintenant ? Sa chemise elle tomba complètement, et lui releva le visage vers elle après l’avoir agenouillé. Les lèvres à quelques millimètres des siennes elle se mit à trembler, et à murmurer d’une voix étouffée.

Si tu n’as point de cœur à m’offrir, tu n’as rien qui me désintéresse. Du bout de tes ongles de pieds jusqu’à la pointe de ton nez, j’ai envi de me saisir de toi maintenant et de te garder en cette pose à jamais, m’assurant chaque nuit que tu es toujours attaché au pied de mon lit. Mais tu es un oiseau libre, n’est ce pas Servus ? Indomptable peut être, mais Dieu ne t’a pas fait à l’épreuve de l’esclavage.

Un sourire carnassier apparut sur ses lèvres.
Elle ne le menaçait point, la tueuse lui faisait comprendre qu’elle userait de tous les moyens nécessaires pour obtenir les moindres miettes de son être, même s’il lui fallait pour cela le séquestrer. Sans rien ajouter, elle approcha le visage de la Folie jusqu’à ses lèvres, et mordit dedans jusqu’à ce qu’elle en saigne. Car il n’était de jus plus savoureux que celui de l’âme d’un damné. Elle s’agenouilla à son niveau et l’embrassa sur la joue, puis dans le cou.

N’as-tu aucun désir sur moi ?
Tu pourrais provoquer tellement, et me faire subir tellement. Et pourtant tu ne t’en saisi pas. Pourquoi en toi la soumission a des goûts d’extrémisme ? Me faisant plier jusqu’à ce que je n’en puisse plus de cherche en toi ce que j’aurais tant voulu y trouver …

Ella poussa sèchement Servus sur le dos, puis elle s’avança au dessus de lui pour le fixer dans les yeux, et souffler sa chaleur brûlante sur les plaies de son corbeau. Elle aimait l’idée que ça le pique, au moins, ils étaient égalité. La souffrance séductrice qu’elle endurait mentalement, peut être l’endurait il physiquement ?

Ô combien je rêve de cette éventualité.

Comme il aimait qu'elle lui dise qu'elle lui appartenait, un sourire malin se dessinait sur les lèvres du corbeau, lèvres si attirantes pour la belle mort.
Il ne montrait rien d'autre que ce sourire qu'elle dérirait ne pas voir, il s'amusait car l'amour n'était-il pas le plus dangeureux des jeux?
La jalousie, la haine, qu'il aimait ces mots présages de tragédies, une nouvelle scène, sans dénouement.
Des pieux mensonges de femme passionnée, quel délice...Le mauvais serviteur restait silencieux pourtant, gardant pour toute réponse son énigmatique et exaspérant sourire.
Il se laissa lier, il se laissa mener comme il avait toujours fait comme il savait qu'elle s'y attendait et comme il savait aussi que cela la mettait hors d'elle.
La douce folie que voila, la saveur d'une brutalité jalouse si savoureux, si savoureux. Il ne tremblait pas, la belle, la mort tremblaient pour eux d'eux et lui jouait. Il continuait de souffler mot, toujours ce mutisme de fou.
Menaces, si prévisibles et si hilarantes a entendre, car jamais elle n'oserait, jamais elle ne supporterait la passivité qu'elle pourrait lui imposer. Elle serait celle qui souffrirait le plus.
Un fou était libre de bien des manières et la mort le savait mieux que quiconque... des liens n'enlevait rien à la liberté du mauvais serviteur.
Ce que tout homme sains ignorait c'est que l'esclavagisme était une forme de liberté tout dépendait du maitre qui était le votre.

Il ne bougeait pas, il ne parlait pas et maintenant son regard se décala vers le sol toutefois il garda son sourire, toujours le même.
Son regard ne serait plus sur la belle, elle voulait tout et elle ne pourrait que se blamer elle-mêmme de ne rien avoir, Le corbeau donnerait oh oui il le fera mais pas sans avoir lui-même choisit le moment car il etait peut-etre esclave de corps mais il était maitre d'ame.

Le gout du sang voila le gout que lui offrait maintenant la mort, il la laissa faire toujours, encore...
Puis il tira brusquement sur les liens qui enserraient ses poignets et ses chevilles entaillant profondement sa chair, laissant son propre sang couler, n'était-ce pas ce qu'elle voulait.
Avec force il la saisit et la renversa sur le dos sur le sol.
Il la garda ainsi plaquée par terre, lui-meme s'étant accroupis au dessus d'elle...

Tu connais encore si mal la folie que je suis belle mort...
Crois-tu vraiment que ma passivité est signe d'esclave?
Je te laisse voir ce que je veux bien te montrer, chercher en moi t'amène trop loin sur le chemin de la folie que je suis et je sais que déjà tu ne peux faire marche arrière, je le sais et c'est ce que je voulais.

Le désir, le jeu, l'amour, la haine, n'as-tu point vu?
Tout ça c'est moi...

Je ne serais jamais a toi, mais tu es a moi et finalement n'est-ce pas un peu la même chose?

Il sourit encore et encore avant de se pencher pour fougueusement prendre les lèvres d'Ellana, lachant ses mains pour saisir sa nuque et la relever vers lui.

Ellana ne se contrôlait plus.
Elle sentait les pulsions de son cœur en ses moindres membres. Sont organe palpitant qui lui déchirait la poitrine victime de la même adrénaline qui envahissait le cerveau de la tueuse. Peu à peu les idées se faisaient noircies d’excitation, elle ne calculait plus rien, elle ne se concentrait plus sur autre chose que son bon désir, son simple plaisir. Il n’a donc pas aimé qu’elle le considère, qu’elle le traite comme un esclave. Venait elle de révéler une faiblesse ? Un mauvais serviteur est libre, un esclave ne l’est pas, dans n’importe quelle circonstance et avec n’importe quel maître. Un sourire machiavélique grandit sur ses lèvres. Il se releva, se fit saigner peu à peu en s’avançant vers elle comme un prédateur affamé. Un peu de sang tomba, tâcha ses jolis souliers, un frisson de plaisir se créa depuis le bas de son dos et remonta lentement, très lentement jusqu’à sa nuque. Servus lui pris alors un bras, fit un mouvement et la plaqua au sol. Ella gémit, elle venait de cogner sèchement son coude sur le sol, lui infligeant une souffrance que la tueuse savourait plus qu’elle n’avait envi d’en hurler. Le pied. Enfin de la brutalité, enfin il prenait le dessus sur elle, physiquement, elle était victime, à sa merci, voilà la seule chose qu’elle aimait, un dominateur, un vrai, enfin. Mais en faisant cela, ne venait-il pas, en un instant, même pour quelques secondes, d'inverser les rôles qui étaient les leurs ? Ne venait il pas de devenir Folie meurtrière pour faire d’elle une Mort follement dépendante ? Ellana se mordit la lèvre par inadvertance, ramena sa main vers son visage qu’elle barbouilla de sang en se frottant ainsi d’un geste sec.

On est égalité, maintenant.
Mais tu te trompes sur un point Servus, je suis tout aussi désir que toi …Combien d’hommes souhaitent la mort, combien se donnent d’eux même à cette dernière ? On la désir aussi ardemment que la Folie, car elle apporte l’inconscience, la liberté, l’éternité Servus. Tu me désirs, bien sur que tu me désirs, tu es simplement trop lâche pour te l’avouer, mauvais Serviteur. Rien que par le fait que tu convoites à ce point cette idée de domination, cette idée d’appartenance, c’est déjà du désir. Je suis à toi certes et tu n’es pas à moi, mais si je n’étais pas à toi, lequel de nous deux serait à l’autre Servus ?

Il la saisit, la releva et l’embrassa tendrement, lui serrant la nuque. Elle espérait que par ces mots la sorcière aurait créé quelque chose en lui, elle le savait sensible par tout un tas de chose. Mauvais Serviteur n’est point mauvais penseur, il avait sans doute déjà établi une bonne stratégie qu’il allait lancer d’un instant à l’autre, de cette même voix de fou dominateur.

Je ne m’offre à toi que parce que je le veux bien Servus, ne l’oublies jamais.

Ellana le tira alors jusqu’à elle, le mettant au sol et passa lentement son visage au dessus du sien pour l’embrasser tendrement, un premier baiser d’amour, de vrai, elle venait de succomber, le sort en avait décidé ainsi, Ellana était à Servus corps et âme … Mais en son fort intérieur, accepter cette passion ne la conduirait elle pas sur le chemin le plus dangereux de la vie ? C’était bel et bien là, ce qui était excitant, en aimant Servus, Ellana se condamnait elle-même et la tueuse s’en délectait d’avance. Cela voudrait dire qu’il faudrait lutter, subir maints dangers dont elle devrait alors se tirer, un challenge sentimental qui pouvait la détruire, ni plus ni moins, mais c’était ainsi, elle se donnait à lui, la mort succombait à la folie, le corps cédait à l’esprit …

Accorde moi l’honneur ce soir de m’emporter pour de bon, Servus, je n’ai plus la force de lutter.

Pour toute réponse le corbeau éclata de rire, non pas son grincement lugubre habituel, mais un éclat dément et clair, l'expression de la folie de son esprit dans sa plus belle démonstration, et aussi la plus effrayante. Il laissa un instant tout son plaisir malsain se répandre puis un fin sourire narquois aux lèvres il releva les yeux sur la belle. Pourtant encore une fois le silence fut son obstination, sa moquerie son échapatoire.
Domination, désir, plaisir, lâcheté, que savaient-ils de ces notions pauvres pantins qu'ils étaient dans les mains de la folie et de la mort.
Voila qu'elle tentait de se débattre par des paroles....être à lui parce qu'elle le voulait, ses actes suivant ne prouvaient-ils pas justement qu'elle ne controlait plus, comment pouvoir alors qu'on veut, comment résister alors qu'on désir.
Le rire glacial réapparut, frénétique réponse aux mots inutiles de la belle mort qui combattait contre ses propres envis.
Mais le combat était déjà perdu avant même qu'elle ne le commence. Délectable parfum de la défaite de la raison. Il s'en enivra, respirant a fond l'odeur de la peau qui frolait la sienne.

Encore une fois il fut dessous, encore une fois elle dominait sa domination. A défaut de soustraire son esprit elle emprisonnait encore une fois son corps, elle n'avait toujours pas compris ou alors était-elle si pleine d'un désir incontrolable qu'elle n'avait plus que ce moyen futile pour satisfaire son envi de possesion, son envi... d'amour.
Car c'est cela qu'il décelait dans ce baiser, dans ce frisson, dans ce parfum.
Elle était a présent tout entière, elle lui appartenait et comme il l'avait si bien dit, par là même ne lui appartenait-il pas lui aussi?

Il plongea ses yeux clairement sombres dans les siens et sourit mais qu'était-ce dans ce regard, folie, oui mais folie douce?
Soulevant sa main pleine de sang il la glissa dans les cheveux de la belle et la tira doucement vers lui.

Que lui couterait-il d'accéder à sa requête maintenant qu'elle cédait enfin après une lutte acharnée...la satisfaction de l'avoir à sa merci ? c'était si inutile et si dénoué d'intérêt.... alors peut-etre le plaisir d'un échange passionné, du mélange de leurs essences pronfondes.
La folie mélangée à la mort ne serait-ce pas le plus beau coup de théatre de cet acte?

Son sourire s'étira et il l'embrassa aussi délicatement qu'elle l'avait fait, réponse inattenduement attendue.

HJ je te laisse le soin du réveil après cette magnifique nuit ma belle... HJ

HJ Je me suis permis de dire que tu ne t'étais pas envolé cette fois si, si ça ne te va pas je changerai Smile

HJ

Il n’y avait que trop peu de choses à ajouter.
La scène qui se déroula ce soir là n’est d’ordinaire point racontée dans un acte de théâtre, il n’en est que mention. Ellana toute entière avait frémis d’un bout à l’autre de la nuit, elle s’était ensuite assoupie, feintant toute autre action qui aurait pu la trahir définitivement. Le lendemain, aux alentours des cinq premières heures du jour, la sorcière se sentit revenir à elle, complètement barbouillée. A sa surprise, pour la première fois lorsqu’elle se tourna sur sa droite, Servus était encore là. Elle se leva bien sur, se couvrit d’un vieux pull par-dessus sa tenue de nuit, sans doute à Servus d’ailleurs, puis elle s’orienta vers la cuisine. Il n’y avait dedans presque rien, voir quasiment rien si ce n’est quelques blattes et deux rats qui n’avaient plus la fraîcheur de l’être mort depuis quelques heures. La sorcière leva les yeux au ciel, chercha sa baguette dans un tas de fringues et la tira délicatement pour faire apparaître une tasse de café bien chaude.

C’est donc ça, la vie d’un corbeau ?

Cette pensée ne la repoussait pas, bien au contraire, Ellana trouvait cela profondément jouissif. Une main sur son ventre, la sorcière se lamentait presque de la faim qu’elle avait soudain. Ce n’était pas grand-chose, le digne résultat d’un réel effort. Servus n’avait rien d’un bureaucrate maquillé et recouvert d’eau de Cologne, à l’image d’un top modèle, c’était un homme un vrai, efficace sur la distance. Que lui restait il à faire à présent ? Partir sans rien dire, pour se venger de toutes les fois où Servus le lui avait fait subir ? Non, ce n’était là en aucun cas si facile, l’habile oiseau savait sans doute déjà qu’elle était debout, une main sur la poignée de sa porte. Peut être même avait il le sourire aux lèvres. Ella jeta sa tasse n’importe où dans la pièce et s’avança vers le perchoir dans lequel elle s’incrusta de nouveau, au chaud contre le cœur battant de la Folie, bercée par ses ailes tatouées et ses murmures volatiles. Fermant les yeux, la Mort se laissa s’envoler avec son amant.

Ce que la demoiselle Mort aurait du savoir, c’est qu’il n’est pas une défaite sans prix, il n’y a pas de tentation sans conséquence. Le faux pas qui avait été commis ce soir là ne serait pas un souvenir durant les temps futurs. Le crime n’était pas d’aimer, ce n’était pas ces heures volées comme déjà tant d’autres qui provoquerait chez la Mort un profond dérèglement. Ellana Silver ne le savait pas encore, mais la suite de cette nuit serait désastreuse … Ou pas.

» Epanchement nocturne *sous une echelle*
» Sous le soleil (libre)

[RESIDENCE] *Londres* Sous les toits: le nid du corbeau.

[RESIDENCE] Londres Sous les toits: le nid du corbeau.