Reconnaissance et ressemblance (PV Cerise)

Pieds nus, ses chaussures posées (ou plutôt jetées négligemment) à ses côtées, accompagnant ses chaussettes, éloïse était assise, en position du lotus, sur les berges du lac, observant celui-ci. Elle était trempée, et ses cheveux dégoulinaient de pluie d'être restée sous l'eau plusieurs heures, pendant l'averse de printemps qui venait de cesser...

Mais son esprit ne songeait pas à son corps... Elle ne sentait pas vraiment le froid, l'air était d'ailleurs plutôt doux, calme, sans vent... Le calme après la tempête, disait-on. Elle était ailleurs. Elle faisait ses devoirs. On peut penser que pour une telle tâche elle aurait été mieux dans sa salle commune, au coin du feu, ou encore lovée dans son lit un livre à la main... Oui, ç'aurait été vrai si éloïse avait décidé de faire un devoir de potion, d'herbologie, de métamorphose ou de médicomagie... Mais pour les devoirs dûs à Iridal Winterfell, et à sa nouvelle condition d'apprentie mage sylvaine, elle devait se libérer du château et de ses murs, et entrer en pleine harmonie avec l'extérieur, le vent, les arbres, l'herbe, la pluie, le lac, et cet oiseau mort en décomposition qu'elle avait repéré une heure plus tôt. L'oiseau qui se nourissait de la terre et retournait à la terre... L'eau qui tombait du ciel et rejoignait l'eau du lac... L'eau de pluie qui, tombée à côté du lac, sur la terre, ruisselait pour rejoindre sa destinée. Et éloïse savait que sous terre, l'eau qui avait pénétré la terre chaude et humide faisait le même trajet. Puis plus tard, sous le soleil de plomb qui ferait évaporer le lac, l'eau rejoindrait le ciel en attendant un nouveau cycle, pour retourner au lac un jour de pluie, chaque goutte ronde frappant la surface plane du lac en formant des cercles parfaits, concentriques...

éloïse aimait cette odeur qui maintenant s'échappait de l'herbe. une odeur de forêt mouillée, de terre humide, une odeur chaude et rassurante. Et le soleil se montrait à nouveau, chauffant ses vêtements trempés, donnant à son corps entier l'odeur de la nature après la pluie...

Souriante, éloïse sortit de ses pensées et observa la nature renaître, les oiseaux s'envoler se la forêt... Une silhouette, à la lisière de la forêt, attira son attention. C'était elle. La dryade vue dans sa vision du futur. Pieds nus elle aussi, elle marchait avec une grâce légère, semblant presque flotter le long de la frontière de la forêt. Ses chaussures étaient pendus par les lacets à son sac, qu'elle portait en bandoulière. Et même de loin, elle pouvait voir qu'elle l'aurait reconnu sans la connaître... Ses cheveux flottaient par cette absence totale de vent, et son être entier dégageait une aura qui la rapprochait d'éloïse... Toutes les deux, elles étaient soeurs, filles de la nature...

Ses yeux fixaient la jeune fille, les éclairant d'une lueur d'émerveillement. Elle avait beau savoir que leur rencontre viendrait, qu'elle suivaient les cours dans la même école, elle avait attendu ce moment avec rêves et impatience, et il arrivait si tôt... La jeune fille finit par se rendre compte qu'elle était observée, et tourna son visage dans la direction d'éloïse...

Cerise s'avance en longeant la forêt, elle a quitté ses chaussures et ses bas sur le perron du grand hall, devant les yeux ahuris de plusieurs premières années, et s'est avancée sans crainte dans le parc. L'appel des arbres étaient fort ce matin, elle n'avait pas su y résister.
Elle avait vite atteint l'orée du bois qui bordait le lac et s'avançait à présent en frolant du bout des doigts les feuillages des magnifiques chênes centenaires, ils avaient tant de choses à lui raconter à présent qu'elle les entendait à nouveau.
Comme l'avait si bien exprimée Aléatha, sa nature de dryade l'avait sublimée, ses longs cheveux libres flottaient dans une brise qui n'existait que pour elle, l'herbe humide chatouillait ses pieds pâles, deux petites taches roses sur ses joues, provoquées par la fraicheur de la pluie qui venait de refroidir l'air, soulignaient ses yeux clairs.
Comme le thé, la terre exhalait ses odeurs lorsqu'elle était mouillée, remplissant l'air de mille parfums.

Cerise remplit ses poumons en fermant les yeux mais les rouvrit, quelque chose ou quelqu'un l'observait, elle tourna la tête en direction du lac pour croiser le regard d'une jeune fille. Elle était trop loin pour qu'elle puisse détailler son visage mais elle sentait au plus profond d'elle-même qu'elles avaient quelque chose en commun, ce même rapport à la nature.

Cerise sourit et, quittant le murmure des feuillages qui lui soufflaient leurs histoires, elle avança vers Eloise.

Elle l'avait vue, avait reconnu leur ressemblance, et s'avançait vers elle. La dryade lui souriait en venant la voir... Dans un splotsch retentissant, Eloïse se releva, ses habits gorgés d'eau pesant sur ses épaules, et fit face à la dryade qui la rejoignait, l'attendant, toujours cete lueur émerveillée dans le regard fixé sur sa soeur nature...

Quand elle furent proches, qu'elles se regardaient toutes les deux avec les mêmes yeux, ravies et étonnées de s'être trouvée une ressemblance, elle lui parla, de sa voix de fillette :

Tu es la dryade, hein ? Cerise je crois... Je t'ai vue dans le bosquet, dans la vision du futur, avec une autre dryade qui te guidait, pour ton initiation...

Moi je m'appelle Eloïse. Je suis... J'apprends à devenir mage sylvaine...

Mais il y avait quelque chose de plus dans le regard de Cerise. Un étonnement plus grand encore...

Cerise s'approchait et distinguait enfin le visage de la jeune fille, elle fit encore quelques pas et s'arrêta en fronçant les sourcils, elle se frotta ensuite les yeux dans un geste d'incompréhension puis revint à la jeune fille devant.

Bon sang comment ai-je fait pour ne pas remarquer cette jeune fille avant!!!
Elle lui ressemble quasiment comme deux gouttes d'eau..... Une Aléatha miniature!

La jeune demoiselle parla, ainsi elle se nommait Eloise, elle semblait beaucoup plus jeune que Théa mais la ressemblance était plus que frappante et Cerise se demandais presque si son amie ne lui avait pas caché l'existence d'une petite soeur.

Euh oui mon nom est bien Cerise.... Cerise Owlspell, j'avais compris que tu étais quelque chose comme une mage sylvaine, ta magie est à la fois la même et très différente de la mienne......

Cerise ne quittait pas le visage d'Eloise, elle ne se faisait pas à l'idée, même si quelques traits étaient différents c'étaient les deux même!
Bien entendu le Eloise semblait beaucoup moins froide et hautaine aux premiers abords contrairement à la serpentarde mais tout de même.
Sans le vouloir et presque malgré elle, la préfète posa sa question:

Dis-moi connais-tu Aléatha Quindiniar?

Pendant qu'elle marchait vers elle, l'expression de Cerise se figea en étonnement... Pas juste l'étonnement normal de se rencontrer une soeur de magie, mais une surprise, une stupéfaction qu'Eloïse ne comprenait pas. Quand elle parla, pour confirmer son nom, sa voix avait les accents d'une jeune fille perdue dans ses pensées, qui ne parler que pour se sortir de ses réflexions, ou par obligation, parce qu'on lui parlait...

Un léger rire vint faire trembler la voix d'Eloïse qui répondit du tac au tac :

Oh non ! Je suis pas une mage sylvaine ! J'apprends, c'est tout. Mais un jour j'en serais une. Aussi puissante et belle qu'Iridal Winterfell !

Espoirs de petite fille, que rien ne peut briser. Sa première leçon n'avait pas entamé l'admiration qu'elle vouait à sa protectrice. Bien au contraire. A présent elle l'avait vue dans toute sa splendeur, invoquant les forces naturelles, et entourée de ses semblables. Enveloppée d'une aura resplendissante, elle n'avait rien à envier à ceux qui se trouvaient avec elles autour de la table...

Mais Cerise continuait son petit jeu : elle l'observait, cet air surpris (pour ne pas dire ahuri, mais c'était une dryade ! Un rien de respect s'impose, même dans le vocabulaire de sa pensée) qui ne quittait pas son visage et ses yeux couleur soleil, qui la rendait un peu effrayante. Pas en soi, mais Eloïse en avait marre des révélations. Alors cet air ahuri (euh, excusez-moi, je voulais dire étonné) de la jeune fille devant elle n'annonçait rien de bon. Puis Eloïse secoua la tête ! Elle devenait vraiment paranoïaque ! Cerise l'observait parce qu'elle était une dryade neuve (la vision était celle du futur, Cerise n'avait encore pas été initiée), elle observait sa soeur de magie, pas une fille bizarre !

A sa question, elle répondit avec curiosité et excitation :

Aléatha ? Quindiniar ? ... Non, ça me dit rien ! C'est une fille de l'école ? Une autre dryade ? Ou une mage sylvaine ?
J'aimerais bien en rencontrer d'autres... Tu la connais toi ? Enfin je veux dire, tu la connais vraiment ? Tu me la présenteras ?

Son excitation, heureuse d'avoir quelqu'un avec qui parler de sa nouvelle magie, heureuse d'avoir encontré une dryade et d'avoir la perspective de rencontrer cette Aléatha, qui devait être une autre disciple de la nature (sinon, pourquoi en parler ainsi sans raison ?), fit trembler légèrement le corps de la petite fille... Tremblement qui se fit rapidement plus violent, ses vêtements et ses cheveux trempés, la légère brise refroidissante qui venait de se lever, ses pieds nus, tout ceci se rappelant de la manière forte à l'organisme de la petite fille. Le dicton "Avril, ne te découvre pas d'un fil" était plus vrai que jamais ! Surtout qu'on n'était pas encore en avril !

Sortant sa baguette, Eloïse qui maintenant grelottait de froid (sa concentration des heures précédentes l'ayant sans doute protégée du froid, protection qui venait de la quitter) la pointa vers elle, et de ses lèvres bleuies prononça d'une voix forte et nette :

Calor !

Ses tremblements s'estompèrent quelques peu, ses lèvres rosirent légèrement, et la sensation de froid diminua... Mais resta bien présente ! Eloïse avait toujours trouvé que se lancer des sorts à soi était particulièrement difficile ! Même les sorts de médicomagie, pour lesquels elle était plus que douée pour une si petite fille, elle était incapable de se les lancer correctement. Encore mouillée, elle leva donc les yeux vers la dryade, qui en plus d'être une dryade était une élève, et à première vue de dernière année, en espérant qu'elle comprenne son problème et lui lance elle-même le sort. C'est qu'il faisait froid, dehors, à cette époque de l'année, pour qui portait des habits trempés !

Cerise secoua la tête, Eloise ne connaissait pas Aléatha, tant pis elle chercherait plus tard et verrait avec son amie. Elle se mit tout de même a rire lorsque l'excitation de la fillette l'amena a demander si Aléatha était une dryade:

Non non Aléatha Quindiniar est une élève de dernière année comme moi, elle est à serpentard et elle n'a rien a voir avec la magie sylvaine, c'est ma meilleure amie, tu dois me trouver étrange mais c'est juste que tu lui ressemble énormément et cela m'a un perturbé.

Remarquant les tremblements d'Eloise et ses efforts vains pour se réchauffer, Cerise sortit sa baguette, elle la pointa d'abord sur les vêtements de la jeune fille, ceux-ci se séchèrent et reprirent leur fonction réchauffante, la dryade pointa ensuite sa baguette en l'air et prononça:

Calor.

Un dome doré fit son appartition quelques secondes puis disparut en même temps qu'un air chaud se fit sentir. Cerise sourit, elle-même n'avait pas tellement froid mais seuls ses pieds étaient mouillés mais elle ne sentait pas la fraicheur.
elle s'avança, se rapprochant de la fillette.

J'ignorais que le professeur Winterfell avait des dons de magie sylvaine, ça explique beaucoup de choses.... et ça me rassure aussi, je ne serait pas jeté dehors, enfin en même temps je ne là encore que pour très peu de temps.

Là, il était beaucoup plus difficile de se voiler la face : c'était bien elle, et pas son "aura" d'apprentie mage sylvaine, qui avait fait monter cet air ahuri (ben oui, maintenant qu'elle ajoute une bizarrerie à ma vie, vais pas non plus m'agenouiller devant elle, dryade ou pas !) au visage et aux yeux de Cerise... Et ce n'était pas franchement pour plaire à la petite fille ! Alors Eloïse ne dit rien, mais le sourire béat qui trônait sur son visage à elle s'évanouit aussi rapidement qu'avec un sort. Un air ennuyé pris sa place. Ennuyé, agaçé, bougon, effrayé un peu aussi, et ébété. Encore...

La chaleur qui l'envahit alors, venant des sorts lancés par Cerise (sorts qui d'ailleurs en toute autre occasion lui auraient arrachés des OH et des AH, et des airs d'émerveillement), la sortit de sa stupeur, mais ne chassa pas l'air glacé qui tempêtait à l'intérieur. Poyr ça, il n'y avait qu'un moyen, un seul. Prouver qu'elle avait tort, que rien n'allait encore changer dans sa vie. Le prouver à elle-même et à Cerise.

Tu te trompes ! Je lui ressemble pas. Et d'ailleurs on va le prouver ! Elle est où ta copine ?!

Consciente de réagir exagérément par rapport à une simple remarque d'une élève, mais consciente aussi que finalement ce n'était pas si exagéré en prenant en compte les récentes révélations, elle prit la main de Cerise, et l'entraîna avec sa propriétaire hors du dôme de chaleur, vers le château. Ce n'était peut-être pas là qu'était cette Aléatha, mais Cerise n'avait qu'à la contredire et la conduire à la fille...

Cerise resta calme et se laissa tirer par la fillette pourtant son étonnement face à la réaction inattendue et extrème d'Eloise aurait pu la figer mais son esprit fort lui souffla de ne pas plus énrver cette jeune demoiselle.
Elle réussit tout de même à l'arrêter sur le grand escalier en pierre devant la grande porte. Comme une brise le murmure qu'elle adressa à Eloise était doux et rassérénant.

Calme-toi et explique-moi... Il n'y a pas de raison de se mettre en colère car c'est une solution extrême la nature n'utilise-t-elle pas la colère que lorsqu'on ne lui laisse pas le choix? Il faut que tu te calme.

Cerise souffla et sourit à la jeune fille, elle lui reprit la main qu'elle avait laché et cette fois-ci c'est elle qui la guida à travers le chateau, elle se dirigea vers la bibliothèque, la dryade ignorait oû se trouvait son amie donc le plus logique était de chercher dans les endroits qu'elle savait être souvent fréquentés par Aléatha. Elle ignorait pourquoi elle allait dans le sens d'Eloise, peut-être parce qu'elle savait qu'elle ne serait réellement calmée que lorsqu'elle aurait vu de ses yeux sa ressemblance avec la serpentarde.

Le pire, c'est qu'elle avait raison... Ca ne servirait à rien de s'énerver. Ca ne changerait pas sa ressemblance étrange avec cette inconnue, ça ne ferai pas revenir sa vie au point où tout était normal, agréable... Mais elle voulait voir la fille. Et elle ne savait pas pourquoi. Savoir ? Démentir ? Oui mais quand elle se retrouverait devant une inconnue avec son visage à elle, elle ferait quoi ? Elle se rendrait compte et tout deviendrait vrai. Elle ne voulait pas y croire et elle n'aurait plus ce choix... Et pourtant...

Je sais bien... Je sais que je dois pas m'énerver... Mais c'est que... J'en ai marre que tout soit bouleversé ! Tout change et je veux pas. Je veux revenir au temps où je n'avais qu'une mère, je n'avais pas de frère, j'étais seule dans mon corps... Et maintenant...

Je m'excuse, mais ce coup-ci c'est trop... Je crois pas tellement aux coïncidences, et j'ai cette impression que c'est une nouvelle catastrophe qui me tombe dessus.

Tout en parlant, d'une voix qui avait perdu toute colère, et d'un volume qui faiblissait de plus en plus, Eloïse d'arrêta de marcher, et se laissa glisser au sol, contre le mur d'un couloir. Sa voix s'était mise à trembler, et bien qu'aucune ne coulait encore, ses yeux s'étaient baigné de larmes...

Elle leva ses yeux bleux trempés vers ceux de Cerise, ferma une fois, deux fois les paupières (ce qui eut pour effet de vider ses yeux sur ses joues), et après avoir pris une grande inspiration, se releva, et se remit en marche.

J'ai besoin de la voir. De savoir. Et je sais que c'est stupide, parce que si tu as raison, ce sera pire après...

Cerise laissa, faire, elle laissa couler ces larmes, c'était le meilleur moyen de la voir se calmer, elle la suivit à travers les couloirs et commença à lui parler doucement:

La vie ne peut pas toujours être la même, les changements même si ils sont parfois douloureux font de nous des personnes plus fortes, il faut accepter ces changements de toute manière nous n'avons guère le choix, j'ai connu beaucoup de bouleversements terribles dans ma vie et pourtant j'arrive à présent à sourire à nouveau eà être forte.

Elles arrivèrent sur ces mots devant la porte de la bibliothèque qu'elles franchirent, elles déanbulèrent un moment dans les rayons à la recherche d'Aléatha mais apparement la serpentarde n'était pas là, Cerise réfléchit, le seul autre endroit auquel elle pensait était la clairière aux violettes, si Yhéa n'était pas là-bas alors elle devait surement être dans sa salle commune et là les deux jeunes filles n'auraient aucun moyen de la contacter et de la voir.

Viens peut-être qu'elle est à un endroit que nous aimons toutes les deux.

Elle prit la main d'Eloise et l'entraina à travers les couloirs, en sens inverse pour se retrouver à nouveau à l'extérieur, Cerise ne s'arrêta pas et traversa le parc longeant ainsi la forêt interdite, enfin elles débouchèrent sur le petit bois au pieds des montagnes de Poudlard.
La toute jeune dryade s'arrêta un instant, levant les yeux vers les arbres qui avaient reprit leurs murmures apaisants.
Elle repatit plus lentement, s'assurant que la fillette la suivait toujours et enfin elles arrivèrent à la clairière aux violettes.

Une jolie journée, calme, plutôt clémente pour la saison. Aléatha est épuisée. Elle a passé une nouvelle nuit d'un sommeil agité et les cernes sous ses yeux s'accentuent de jour en jour. Comme pour ajouter à ses tracas, l'amas de travail pour les cours s'est rapidement transformé en montagne et le lendemain il y a cette première journée de travail au ministère prévue lors de la première réunion. Il lui a donc fallu boucler ses devoirs le jour même. Et finalement ... Finalement ça lui a pris nettement moins de temps que prévu.

Et les rayons de soleil qui la narguent ...

"Viens, rejoins-nous, tu en meurs d'envie, une petite sieste dans la clairière ..."

Oh et puis basta ! Je peux me permettre une malheureuse petite pause ! Et même, si j'arrive à dormir et à me reposer un minimum, c'est tout bénéfice pour demain ! Je ne compte pas arriver comme un zombie devant Numenor !

Un dernier regard où petit à petit la culpabilité s'éteint vers les livres sur la table et un mouvement de baguette plus tard ils ont tous rejoint leur rayonnage. En quelques minutes, Aléatha quitte le château et rejoint "sa" clairière. Aussitôt, un sentiment de volupté l'envahit : l'odeur entêtante des petites fleurs lui fait le plus grand bien. Elle s'allonge par terre et se lance un sortilège.

Auto Calor !

Ses yeux sont fixés sur le dôme des arbres au dessus d'elle, ils deviennent de plus en plus lourds, elle ne tarde pas à s'endormir.

Cerise et compréhensive, et lui parle doucement, pour l'apaiser... Mais comment demander à une enfant de ne pas se faire des montagnes de ce qui est, pour elle, quand même un énorme bouleversement de sa vie ! Mais elle le sait. Inconsciemment, ou peut-être est-ce Elle qui le lui souffle, elle sait que plus tard tout cela n'aura plus tellement d'importance. Elle a peur pour sa mère à elle, peur qu'elle ne se sente menacée par la nouvelle mère qui est à chaque moment dans l'âme d'Eloïse alors qu'elle-même n'est faite que de chair et de sang, et ne peut être toujours présente... Peur pour elle-même, de ne plus avoir de libre-arbitre et d'avoir toujours sa vie dictée par la femme et l'enfant qui vivent en elle... Peur pour ses soeurs, qui verront dans cette histoire un éloignement, pour une nouvelle famille... Et pourtant, eux aussi s'en remettront. Tout le monde se rendra compte un jour que rien n'a tellement changé... Mais pour le moment, c'est beaucoup pour la petite fille... Presque trop. Et elle a peur que le trop l'attende à la bibliothèque...

Finalement non. A la bibliothèque pas de trop. Mais pas de soulagement non plus, il attend ailleurs. Cerise l'entraine à nouveau à travers le château, en sens inverse, puis elles ressortent et se dirigent vers les montagnes. Entre les montagnes et la forêt interdite, pour être précise. De loin déjà, elle voit une clairière, magnifique, baignée de soleil, reflétant des tons bleus et violets... Des fleurs. Ce sont les fleurs qui sont violettes. Le spectacle et superbe, et c'est vers cette clairière que se dirige Cerise. Eloïse la suit, puis la devance : ces fleurs la rendent plus apaisée... Peut-être était-ce simplement le but de la dryade, pour avoir une conversation plus raisonnable...

Elle arrive au milieu de la clairière, et n'est plus seule avec la dryade : une jeune fille, de l'âge de Cerise, dort paisiblement étendue dans les violettes. Blondes, aux cheveux longs, un visage doux, les yeux fermés, Eloïse se regarde dans le miroir du temps. Si la fille a quelques années de plus qu'elle, c'est bien la seule chose qui lui permet d'être sûre de ne pas se regarder elle-même. Elles sont en tout point identiques ! Ses yeux bleus sont fixés sur cette elle-même plus âgée, et se détournent violemment. Elle en a vu assez ! Et ne se sent pas mieux, au contraire...

Elle se laisse tomber au sol, se place assise, sentant qu'elle va avoir besoin d'une vraie explication, et se tourne vers Cerise, levant les yeux car la dryade est encore debout. D'une voix tremblante, ses yeux menaçant à nouveau de couler, elle demande :

Pourquoi on est pareilles ? ...

A la vue d'Aléatha endormie, Cerise à un sourire tendre et doux mais ce sourire s'efface bien vite lorsqu'elle s'aperçoit de la détresse d'Eloise. Celle-ci s'est rendue compte que la serdaigle ne lui avait pas mentit et semble provoquer chez elle un profond désarroi.
Cerise s'accroupit près de la fillette et la prend dans ses bras dans un geste maternel. Dans un souffle elle tente de réveiller Aleatha même si elle aurait préférer la laisser se reposer.

Théa? Serpentarde de mes rêves... réveilles-toi je t'en prie....

Comme si les arbres avaient entendu la demande de la jeune fille, ils se mirent à murmurer et a bruisser comme une musique naturelle, une feuille tomba d'un arbre et vint lentement se poser le visage d'Aleatha.
Cerise serrait toujours Eloise dans ses bras et lui murmurait des paroles de réconfort, des paroles pleine de confiance.

ça va aller ne t'inquiètes pas, nous allons trouver une explication, il y en a forcément une alors calmes-toi.

Bon sang n'avons-nous pas assez de soucis, il faut qu'il s'en ajoute!

Aléatha n'est pas seule dans la clairière. Entre ses cils entrouverts elle aperçoit une silhouette. Grand, élancé, de longs cheveux châtain encadrant un visage fin ... Il s'approche et s'agenouille à ses côtés, déposant ses lèvres sur les siennes et caressant sa joue du bout de ses doigts.

Théa? Serpentarde de mes rêves... réveilles-toi je t'en prie...

Mmmm, non ... Naget, si je m'éveille tu ne seras plus là ...

Pour une fois que je t'ai rien que pour moi, je ne te laisserai pas partir.

Elle sent son souffle dans son cou et sur ses joues, un sourire étend ses lèvres. Elle tend sa main pour caresser son visage et ... ne trouve rien. rien qu'une feuille. Elle fronce les sourcils et ouvre les yeux.

Naget ?

Ca va aller ne t'inquiètes pas, nous allons trouver une explication, il y en a forcément une alors calmes-toi.

Elle s'assied d'une traite et reprend petit à petit pied dans la réalité.

Cerise ? Mais qu'est ce que tu fais là ?

S'avisant de la longue chevelure blonde qui n'est pas celle de son amie, elle lui lance un regard plus qu'interrogateur.

De quoi parles-tu ? Une explication à quoi ?

La serpentarde fut difficile à réveiller... Apparement elle était en plein rêve... Un rêve amoureux. Et si perturbée qu'Eloïse était une partie de son esprit, la partie commère, intégrait tout de même cette nouvelle information.

Naget ? Naget Speifer ? Le prof de sortilèges ??!!!

Mais l'heure n'était pas aux commérages. La dénommée Théa finit bien par se lever, et ouvrir les yeux. Violets. Des yeux violets aux éclats chauds.

Une explication oui... J'aimerais bien savoir. Mais je suis pas sûre que ça va vraiment me plaire...

Plongeant ses yeux bleus dans les améthystes du visage de sa copie, elle occulta tout le reste. Les yeux ça allait. Les yeux, c'était leur différence. Elle ne se concentrait que sur eux...

Dis... T'es qui ?

C'était peut-être rude comme question. Et finalement elle en avait la réponse. C'était Aléatha, serpentarde de dernière année, meilleure amie de Cerise.

Je veux dire... Tu sais pourquoi... ?

Elle ne finit pas sa phrase. Elle n'y arrivait pas. Tout ce qu'elle pourrait dire semblerait ridicule... Alors soit Aléatha s'apercevrait elle-même du problème, ce qui était plus que problable, soit Cerise lui mettrait les yeux dessus...

Mince, je crois que j'ai parlé en dormant. Si elle relève, je nie tout en bloc. Et puis il y a d'autres Naget sur terre que mon petit professeur.

Les cheveux appartiennent à une fille plus jeune. Lorsqu'Aléatha distingue son visage, c'est un coup de fouet qui achève de l'éveiller.

Cerise ! Si c'est une plaisanterie, c'est de très mauvais goût ! Du polynectar ou quoi ?

Elle scrute un peu les traits d'Eloïse et elle aussi remarque l'infîme différence - en dehors de l'âge : ses yeux aussi bleu que les siens sont violets.

Par l'Ancêtre ! Ce n'est pas du polynectar n'est-ce pas ?

Mais elle n'achève pas, coupée net par les paroles incohérentes pour elle d'Eloïse.

Quoi ? Comment ça qui JE suis ? Et toi ? Tu débarques dans MA clairière, avec Cerise, d'accord, mais dans MA clairière, vous me réveillez et je dois te rendre raison pour quelque chose que je ne comprends pas et que, si ça se fait vous avez manigancé pour vous moquer de moi ?

Non mais vraiment ! C'est insensé !

Et pourtant, cet accès de mauvaise humeur contre son amie, elle le sait, est totalement injustifié. De la pure mauvaise foi vu qu'elle ne ferait jamais une chose pareille. Aléatha prend une profonde inspiration et tente de se calmer, ajoutant d'une voix tremblant de colère contenue.

Bon ... Faisons le point. Je ne sais pas qui tu es non plus et je ne m'explique pas que tu me ressembles à ce point.

Cependant, une idée insidieuse commence à faire son chemin dans l'esprit de la Serpentard. Lenthan, l'immaculé Lenthan ... Ne serait-il pas cet homme pur et sans tache que l'on prétend ?

Cerise regarda Aléatha sa colère était légitime, elle savait son amie soucieuse et fatiguée en ce moment et la tirer de son sommeil n'était vraiment très attentionnée, elle tenta de la calmer tout de même, la façon dont elle parlait à Eloise n'allait en rien calmer la jeune fille et arranger les choses.

Théa s'il te plait.....

Elle eu un regard entendu et s'écarta enfin de la fillette qui s'était un peu rassérénée, elle remit ses cheveux en place d'un geste doux et commença:

J'ai remarqué la ressemblance entre Eloise et toi et elle a absolument voulu te voir pour en être sure....serait-il possible que ton père ou....enfin tu vois ce que je veux dire....

Cerise se leva et s'avança vers Aléatha, elle déposa un bisou sur sa joue et lui murmura à l'oreille:

Je m'en veux de t'avoir reveillée mais je ne savais vraiment pas quoi faire...Je suis désolée Théa.

Comme toujours, les gestes tendres et attentionnés de Cerise la font fondre et elle se force à chasser ses ressentiments. Ce qui est loin d'être facile, mais elle fait un maximum d'efforts pour y parvenir. Tout d'abord pour son amie, mais surtout parce que ça ne fera certainement pas avancer les choses de s'énerver de la sorte. Elle ne peut cependant pas s'empêcher de froncer les sourcils lorsque ses paroles se font échos de ses propres pensées.

D'accord, d'accord, je te pardonne, tu sais que je ne peux rien te refuser !

Elle l'embrasse à son tour sur la joue qui passe à sa portée.

Alors ... Je veux bien faire un effort, Cerise mais ... Tu sous-entends que mon père ... C'est absurde ! Il a toujours été follement amoureux de Maman ! Je ne peux pas imaginer ...

Non mais sérieux, qu'est ce que j'en sais ? Ne dit-on pas que tous les couples ont des passages à vide ?

Je ne m'y résous pas ! Je suis désolée ! Je ... Je ...

Elle n'arrive pas à ajouter quoi que ce soit. Des perspectives effrayantes s'offrent à elle qu'elle n'ose regarder en face. Et si effectivement la fille était sa soeur ? Elle ne peut pas le nier, il y a quelque chose. Elle relâche un peu les muscles tendus de ses mains, alors que le sang perle dans ses paumes, drainé par ses ongles rentrés dans sa chaire.

Il doit y avoir une autre explication ! Je ne sais pas, un grand oncle commun, une arrière grand-mère ? Quel est ton nom? Es-tu apparentée à la famille des Quindiniar ? Ou des Esiawood ? Quel âge as-tu ?

Pas que je croie un seul instant qu’elle puisse être la fille de Pathan ou de Calandra mais sait-on jamais ?

Cerise s'occupe d'elle... Comme une grande soeur. A choisir, elle aurait préféré avoir Cerise comme sosie... Bien plus compréhensive. Mais elles étaient déjà soeurs, elles se ressmblaient déjà : soeurs de magie, soeurs naturelles...

Aléatha, elle, au réveil se met en colère... Même réaction. Plus de ressemblance encore. Mais tout revient en ordre, les deux blondes se regardant tremblantes et crispées, peureuses de ce qu'elles vont découvrir de leurs familles. Et Cerise, au milieu, joue le médiateur. Cerise, en dryade parfaite, apporte la paix...

Mais les réponses viendront, les attendre n'en faisant qu'augmenter leur vérité, et l'angoisse de les découvrir. Alors après un long soupir Eloïse apporte les maigres éléments qu'elle sait, pour faire avancer l'enquête :

Je m'appelle... Eloïse. Mais c'est pas le nom que j'ai reçu à la naissance. Je peux pas dire grand chose... Je sais presque rien de ma famille... Je suis adoptée. Mes parents m'ont trouvée dans leur maison, je devais pas avoir deux jours, enfin c'est ce qu'ils m'ont toujours dit...

Mais il n'y a pas longtemps, j'ai fait un rêve. En fait je me suis perdue en moi. C'est le professeur Winterfell qui m'a aidé à revenir... Là-bas, j'ai vu... Elle. elle disait qu'elle était ma mère, qu'elle s'appelait Ariane. Et que moi je m'appelait pas Eloïse, mais Olivia...

C'est pas beaucoup, mais c'est tout ce que je sais !

A ce moment, Eloïse réalise que le mieux qu'elle puisse faire est de rentrer à nouveau en contact avec Ariane. Elle s'assied en tailleur, ferme les yeux et se replie sur elle-même, baissant un peu la tête et courbant le dos. Puis de toutes ses forces elle tente de briser la barrière qui la sépare de son âme profonde, ignorant qu'elle se met ainsi en grand danger de repartir où elle était pour ne plus en revenir. Sous l'effet de l'effort, son visage rougit et de ses yeux fermés les larmes coulent... Puis au moment où elle va réussir, son visage carmin pâlit dangereusement, les larmes se tarissent et son corps vacille...

Enfin la petite fille ouvre la bouche et reprend la parole. Mais ce qu'elle dit n'éclaire en rien la situation pour Aléatha. Cependant, un nom lui fait hausser les sourcils. Winterfell ! Et une conversation récente avec une autre femme, au Pastel's, lui revient en mémoire ... Abdonise Tinkerbell ... Les amis inséparables ...

D'accord ! Eloïse, j'ai bien peur que ce que tu nous dis ne nous fasse pas beaucoup avancer. Par contre, il y a un nom qui revient beaucoup trop souvent sur le tapis en ce moment et il est temps que j'en ai le coeur net.

Hééé !!! Non mais qu'est ce qui te prend ! Tu ne retiens pas ta respiration hein !

Aléatha se lève d'un bond et se précipite sur Eloïse qu'elle relève d'une traite en la secouant quelque peu. Elle la tient à bout de bras et la regarde intensément, se demandant si elle va tourner de l'oeil, là, maintenant, tout de suite ... Apparemment, elles ont encore droit à quelques minutes aussi ne perd elle pas de temps.

Cerise, tu la prends par la gauche, je la soutiens par la droite. Direction le bureau de Winterfell. C'en est assez !

Son ton ne souffre aucune réplique et déjà elle se place à droite de la jeune Poufsouffle, se mettant à avancer.

Ne t'inquiète pas Théa je pense qu'elle va bien mais qu'elle veut un peu trop forcer sa nature...Tu as raison emmenons-la chez le professeur Winterfell...J'ignore l'idée que tu as mais je te fais confiance.

Cerise saisit le bras gauche d'Eloise et la souleva aisément la jeune fille était légère et c'est sans mal que la serdaigle commença a marcher en direction du chateau. Aléatha et Cerise en parfaite osmose marchaient d'un même pas et elles atteignèrent rapidement les premières marches de Poudlard. Sans faire une pause elles s'engouffrèrent dans les couloirs devant es regards ahuris des autres élèves devant l'étrange trio.

Enfin la gargouille était en vue, les deux jeunes filles s'arrêtèrent enfin et posèrent Eloise sur le sol.
En tant que préfète Cerise connaissait le mot de passe fort heureusement même si elle ne l'avait jamais utilisé.

Elle prononça:

Libellius!

Et la gargouille s'ecarta pour les laisser passer... enfin peut-etre une explication.

La suite : Secrets de Famille

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» Avec Cerise
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