Entretien avec Eric Effeday

Eilane entra dans la pièce du département des mystères utilisée pour les entretiens.
Elle y fit apparaître une table et deux chaises dans un magnifique chêne massif. Elle souhaitait que tout soit parfait pour recevoir un éventuel futur "langue-de-plombs" et que cela donne à Eric Effeday, qui devait arriver d'un instant à l'autre, la meilleure impression possible sur son département.
Elle s'assit sur l'une des deux chaises et posa sur la table un rouleau de parchemin, une plume et un encrier. Puis elle attendit Eric.

Le bruit sourd du martèlement de ses pas sur la pierre noire se dédoublait avec l’échos de l’endroit confiné. Le dédoublement du bruit de sa marche rapide et anxieuse lui donnait l'effet d’être suivit. A chaque pas, il avait l’impression d’en entendre un autre. Il jeta un regard suspicieux derrière lui, ne vit rien sinon l’obscurité à demi brisée par les torches, mais accéléra tout de même l’allure. Il n’était pas venu au Ministère depuis plusieurs longues années et l’endroit était toujours aussi effrayant pour lui. Même les longues années où il avait quitté l’Angleterre n’avaient pas changé les murs de pierre froide qui défilaient sous ses yeux.

Il n’avait encore jamais mit les pieds au Département des Mystères. Lieu mythique du Ministère, un endroit que peu de personne approchaient et il espérait pouvoir y travailler régulièrement.
Julian serait-il impressionné de le voir venir ici ? La question l’avait poursuivit depuis qu’il avait envoyé sa lettre. Etait-ce pour cela qu’il avait demandé cet entretien : pour avoir un peu de prestige ? Pour ne pas paraître le pâle reflet du reste de sa famille ?

Il s’arrêta devant une porte où était écrit son nom d’une écriture longue et fine. Une écriture de fille, songea-t-il. Il soupira longuement et se détendit un peu. Son cœur battait si fort qu’il se demandait si on ne l’entendait pas de l’autre coté. Il le va le poing et frappa de deux coups. Puis il entrouvrît la porte.
La pièce était plus éclairée que le couloir. Une grande table de chêne était placée en son centre, deux chaises dont l’une occupée par une magnifique jeune femme, sans doute plus jeune que lui-même, qui lui donna un instant un teint de braise. Il baissa un instant les yeux puis reprit courage.

Hum… Bonjour, je suis Eric Effeday, Miss Snake m’a dit de venir pour un entretien, j’ai vu mon nom sur la porte et enfin… me voilà… C’est bien ici au moins ?

La question lui parut aussitôt complètement absurde Son nom était sur la porte pour faire joli, sans doute ?

Eilane esquissa un chaleureux sourire, son visage resplendissant d'intérêt pour l'homme qui venait d'entrer dans la pièce et qui souhaitait prétendre au poste de langue-de-plomb. Qu'Eric puisse penser d'elle qu'elle n'était pas la directrice du département lui parut plutôt amusant.

Il doit me croire bien plus jeune que je ne le suis en réalité !

C'est bien ici, en effet, monsieur Effeday.

Elle se leva doucement, ses yeux verts ambrés fixés sur le nouvel arrivant. Elle contourna la table, s'approcha de lui et lui tendit une main blanche, longue et fine, afin qu'il la sert.

Je suis Eilane Dierna Snake, la directrice du département des mystères. la personne avec qui vous avez rendez-vous !

Eric se sentit un peu nerveux lorsque la jeune femme lui adressa un sourire. Il n’y répondit pas : c’était bien la première fois qu’il voyait une dame lui sourire depuis des mois, et il avait d’ailleurs du mal à se rappeler comment stimuler ses zygomatiques.
Il se contenta d’une bref bafouille avant qu’elle ne s’approche de lui.
Il remarqua de magnifiques yeux qui le fixaient intensément. Etre observé de cette manière aurait pu le gêner mais il trouvait ces yeux tellement profonds, doux, que les voir regarder ailleurs que vers Eric l’aurait offensé. Il ne se rendit pas compte que sa bouche était grande ouverte et qu’elle lui tendait la main. Il la serra lentement en comprenant au fur et à mesure le sens des mots qu’elle avait prononcé.

Elle ? C’est elle ? La Directrice ? Bon dieu !

Oh ! Excusez moi, je l’ignorais… Enchanté… de faire votre connaissance…

Il murmura précipitamment encore quelques mots d’excuse avant de tomber dans un silence gêné. Si c’était pas une gaffe ! Il avait pensé qu’elle ne faisait pas elle-même ses entretiens… Ca l’étonnait d’ailleurs qu’elle s’en charge, une Directrice de Département qui s’occupait des recrutements lui semblait plutôt inhabituel.

Eilane continua de sourire tout en voyant la gêne grandissante de son interlocuteur. Il avait l'air charmant, peut-être un peu perdu certes, mais cela n'ôtait rien à son charme ! Et de toute évidence, le fait qu'il fixe pendant un moment le vert ambré de ses yeux prouvait qu'il n'était pas totalement insensible à sa beauté de semie Vélane, malgré le sourire qu'il ne lui avait pas rendu.
Eilane secoua sa longue chevelure brune, parsemée de mèches argentées, qu'elle avait laissé lâchée aujourd'hui, dans une attitude amusée.

Ne vous inquiétez pas Mr Effeday, vous n'êtes pas le premier et ne serez pas le dernier à faire une erreur de jugement. Il n'y a pas de quoi se formaliser... Sans doute imaginiez-vous, à vrai dire, quelqu'un de plus âgé aux commandes de ce département ?

Elle lui désigna une chaise tandis qu'elle s'asseyait sur l'autre, attendant qu'Eric s'installe et reprenne ses esprits.

Eric releva les yeux alors que la jeune femme s’était approchée de son bureau. Elle avait les mains douces et une poigne ferme, de longs doigts fins... La première femme qu’il aurait vu serait donc parfaite à ses yeux ? Ou alors c’était son long célibat qui lui faisait imaginer que n’importe quelle femme était une divinité de la beauté ? Il ne pensait pas voir une femme ici, et il ne pensait pas en voir une aussi resplendissante si tôt !

Eric s’approcha de la table et s’assit maladroitement sur la lourde mais non moins confortable chaise. Il essaya de chasser la beauté de la jeune femme de son esprit et se concentra sur son entretien. Il venait ici pour un travail et il avait face à lui sa (peut-être) future patronne.

En vérité, je voyais plutôt un octogénaire à la barbe grise foisonnante, qui parlerait la plupart du temps par énigmes. Quelqu’un d’un peu… dérangé par les mystères de votre Département. En plus, ça tombe bien c’est précisément le Département des Mystères…

Il retomba dans un silence gêné et ne termina pas sa phrase. Il avait vraiment du mal à se taire.

Eilane éclata d'un petit rire cristallin qui ricocha sur les murs de la pièce. Elle appréciait vraiment le naturel de cet homme et le timide mal être qui semblait émaner de lui comme s'il n'était pas sorti de chez lui depuis des siècles.
Ses yeux pétillants de malice, elle lui répondit :

Il semblerait en effet que vous vous soyez mépris sur la nature de la personne qui dirige ce département ! Je ne porte à priori aucune barbe et je n'ai pas l'intention de vous répondre sous la forme d'énigmes, même si, je dois l'admettre, cette perspective me semblerait des plus amusante !
Par contre, je réalise que je dois tout de même vous paraître bien jeune pour en être arrivée là où je suis aujourd'hui... Mais ne vous méprenez pas Mr Effeday, les apparences sont parfois trompeuses... J'ai nettement plus que l'âge que vous pourriez me donner !

Eilane sentait que cet entretien serait distrayant et, vu l'état d'esprit dans lequel elle se trouvait depuis quelques jours, elle en était vraiment enchantée !

Bien bien... Si nous commencions ! Pouvez-vous me parler un peu de vous même ? De vos origines, de votre passé ? J'aimerais en connaître d'avantage sur votre personne !

Eric sourit timidement en entendant le rire mélodieux de Miss Snake. Avait-il fait de l’humour involontairement ? C’était le genre de blagues à trois Noises qu’il disait sans même s’en rendre compte. Encouragé par la réaction de la Directrice, il reprit un peu consistance et se redressa un peu.

Elle est plus âgée ? Elle parait 25 ans au maximum à mes yeux… Elle en aurait 40 ? Voire plus ?

Imaginer un instant que la jeune femme face à lui soit plus vieille que lui le troublait. Il n’avait pourtant pas l’impression de s’adresser à une relique ! Il ne lui demanda pas de dévoiler son âge (même Eric savait que c’était maladroit !) mais conserva cette question pour un jour futur.
La demande sur son passé était apparue bien plus vite qu’il ne l’aurait voulu. Cette page de son histoire était encore brumeuse pour lui (car il avait été végétatif pendant une durée qu’il ne saurait évaluer). Il se passa la main dans la nuque avec hésitation, cherchant que dire et que garder sous le silence.

Oh… Et bien… Je suis né le 4 Novembre 1966. Mon père et ma mère étaient tous deux de sang pur. Nous vivions dans la banlieue de Londres. Et euh…

La partie qui lui déplaisait le plus se profila alors dans son esprit.

Ma mère est morte la veille de mes 9 ans. Depuis, rien n’allait plus très bien. Mon père est devenu très triste –il l’aimait énormément, voyez-vous- et… enfin, il a eu du mal à s’en remettre. J’ai fais ma scolarité à Poudlard, maison Serdaigle, comme le voulait mon père. Tout allait plutôt bien… enfin, si on veut. J’aurais préféré Poufsouffle je ne suis pas vraiment aussi intelligent que mon père l’était et je n’étais pas le favori de l’école.

Son regard se perdit un instant sur les feuilles blanches posées sur le bureau. Leur clarté lui rappelait les printemps ensoleillés dont il voyait les parcelles bleutées à travers les fenêtres de la bibliothèque, où il passait son temps à tenter de rattraper son retard scolaire.

Quand j’ai quitté Poudlard, je suis allé dans le sud de la France comme employé au Bureau des liaisons magiques franco-anglaises. Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom avait disparu depuis 4 ans, mais je n’en étais pas sûr alors je suis parti…
4 ans plus tard j’étais marié à une Francaise, Julie Reussi, et j’avais un fils. Julian Effeday, peut-être le connaissez-vous ?
Ensuite, on est revenus à Londres pour qu’il aille à Poudlard –Beauxbâtons me semblait un peu trop difficile. Et après, tout est allé très vite. J’ai perdu mon père, j’ai été très ébranlé, et j’ai délaissé un peu ma famille, c’est vrai. Julie et moi avons… divorcé quelques années plus tard. Julian est entré à Poudlard et jusqu’à il y a quelques semaines, j’étais sans emploi et toujours dans mon deuil, chez moi. Maintenant j’habite dans une petite maison pas très… entretenue à Pré-au-Lard. Et j’essaie d’arranger tout ce qui m’est arrivé…

Décidément, Eilane trouvait cet homme assez amusant. Il n'y avait qu'à entendre ses pensées... il semblait incapable de croire qu'elle puisse être aussi vieille qu'elle l'était en réalité ! Elle hésita à lui avouer son âge exact, révélant ainsi ses dons de légilimencie, mais la tentation fut trop grande et elle s'exclama :

En fait, je suis née en 1927... Ce qui doit me faire autour des...

Elle fit mine de compter mentalement.

...79 ans !

Par Morgane, tant que ça ?

Comme vous le voyez, je suis plutôt bien conservée pour mon âge ! Mais assez parlé de moi...

Elle reporta son attention sur la feuille de parchemin où elle venait de noter ce qu'Eric lui avait raconté de son passé.

Vous dîtes que vous étiez encore endeuillé il y a quelques semaines. Pensez-vous posséder à présent la force morale suffisante pour assumer un emploi à plein temps ?

Elle savait que ce n'était peut-être pas la manière la plus sage d'aborder ce sujet, mais elle devait obtenir une réponse sérieuse de la part d'Eric car sa décision de l'employer ou non serait, entre autre, fondée là dessus.

Par la barbe pouilleuse de Merlin, près de 80 ans ?!?

Eric avait eut du mal à cacher son étonnement. Ses grands yeux ronds en avaient été la preuve et il dû à nouveau refermer sa bouche qui s’était réouverte sans son accord. Elle avait 79 ans ! Née en 1927… Le père d’Eric n’était même pas encore né ! Elle pourrait être sa grand-tante. Voire son arrière grand-mère.
Eliane Snake avait presque le double de son age, et pourtant il la trouvait rayonnante de beauté. C’était impossible, voyons ! On ne pouvait être aussi belle et jeune en étant suffisamment âgée pour bénéficier de la carte Vermeil ! Avait-elle découvert durant ses études au Département un secret de la magie qui offrait beauté et jeunesse éternelle aux femmes ? L’avait-elle utilisé sur elle, sans en informer toutes ces dames qui voyaient en chaque ride une année de plus ? (soit beaucoup d’années en fin de compte)
Avait-elle profité de son Département et de sa position de Directrice ? Ou était-ce autre chose ? Quelque chose de… naturel ?

Encore à ses questionnements auxquels il ne pourrait vraisemblablement obtenir aucune réponse d’ici peu, il reporta son attention sur les questions de Miss Snake. Evidement, elle doutait de sa réintégration dans le monde du travail, c’était là un des points faibles de sa candidature.

C’est vrai, Madame, (bon sang, 79 ans ! J’en reviens pas.) que j’ai passé beaucoup de temps dans une léthargie absolue. Enfin presque parce que je devais encore aller aux toilett… euh, je veux dire, téléphone pour commander à manger, ça coûtait horriblement cher, mais c’est pas très intéressant. Je… Voyez-vous, mon père -Augustus Effeday j’avais oublié de vous donner son nom- est mort il y a à peu près dix ans de cela, ce qui m’avait donc entraîné dans un long deuil silencieux. Et quand j’ai regardé ce que j’avais fais de ce temps, mon cœur s’est rempli de déception. J’étais devenu… moins qu’un homme, je n’étais plus rien, à peine un animal luttant faiblement pour sa survie. Je me suis littéralement haï d’avoir tout laissé. Je me détestais…

Woula, j’en dis un peu trop là… Elle va me prendre pour un schizophrène.

Bref, je voulais changer tout ça. Je me suis souvenu des derniers mots de papa… Il ne voulais pas me voir comme ça, je pense…Tout était à refaire depuis zéro, mais j’avais des objectifs, au moins. L’un d’entre eux est d’entrer à nouveau dans le monde du travail et de retrouver dignité. Pour ça je suis prêt à travailler d’arrache-pied, Madame et ça me plairait bien de fournir autant d’efforts pour votre bureau.

Wow, j’ai l’impression de mener une campagne électorale.

Eric avait apporté des réponses tout à fait convenables et satisfaisantes. Eilane se doutait que sa vie n'avait pas du être une suite de facilités et quand il lui confia qu'il était resté dans une sorte de léthargie pendant 10 ans à cause de la mort de son père, elle se prit à se sentir triste pour lui. Perdre un être cher n'était jamais facile et certaines personnes, parfois, ne s'en relevaient jamais. Mais Eric semblait avoir, à présent, la détermination pour s'en sortir et rien que cela était une bonne nouvelle pour Eilane qui allait peut-être l'embaucher !

Je dois dire Mr Effeday, que vos réponses me paraissent censées et votre envie de travailler tout à fait louable. Je suis heureuse de voir que vous êtes motivé pour retrouver un emploi et que vous semblez vous en sentir prêt !

Elle nota quelques mots sur son parchemin regrettant de ne pas avoir fait l'acquisition d'une plume à papote qui lui aurait été bien utile durant ces entretiens d'embauches ! Puis elle prit la lettre d'Eric et la relut mentalement.

Je vois, d'après la lettre que vous m'avez fait parvenir, que vous aviez lors de vos études quelques lacunes en sortilèges et métamorphose... J'en ai pris note bien entendu, mais il est vrai que ce ne sont pas les matières primordiales à maîtriser pour travailler au département des mystères !

Elle reposa la lettre et observa Eric dans les yeux.

A présent, pouvez-vous m'expliquer en détail les raisons qui vous ont amené à choisir ce département plutôt qu'un autre au ministère ?

Eric ignorait encore qu’elle impression il inspirait à la jeune (euh… enfin, jeune…) femme assise face à lui. Le regardait-elle avec pitié ? Peut-être… Son histoire était loin d’être glorieuse. C’est sûr qu’un petit Ordre de Merlin aurait arrangé le tableau.
Mais au contraire, elle sembla compatir (du moins c’est ce qu’il avait traduit en l’observant) même si l’idée qu’on se désole de son sort ne lui plaisait guère.

Oui, moi et ma baguette nous ne sommes pas très copains…

Il ne se rappelait même pas l’avoir emmenée et elle devait sans doute patienter dans un tiroir de sa commode. Il s’en servait peu depuis bien des années, et le réflexe « sortie-donc-prends-ta-baguette » n’était pas encore ancré dans son esprit.
Fort heureusement, elle ne devrait pas être indispensable pour ce travail. Il se voyait déjà refuser le poste pour avoir raté un Sortilège de Lévitation.
Miss Snake lui demanda alors d’expliquer ses raisons d’avoir choisit ce Département plutôt qu’un autre. Il sentit alors la chaleur affluer à ses joues. Il tenta de dire la vérité sans pour autant révéler toute l’histoire.

Oh… euh, et bien… J’ai examiné toute la liste des Département… Et hum, j’ai… sélectionné.
Le travail d’Auror n’était pas fait pour moi, vous vous en doutez, on m’aurait recalé à peine aurais-je passé la porte. Et je ne suis pas non plus très doué pour parler à des gens. Donc, j’ai écarté l’hypothèse de l’Education et de la Communication. Et je trouvais les Départements du Commerce et de la Justice un peu trop… impressionnants… oui, je me voyais mal arriver à décrocher un emploi dans ces branches assez… sollicitées et importantes. J’ai aussi demandé au Bureau des liaisons franco-anglaises –parce que c’était mon ancien travail, en fait- s’ils leur restait une place, mais ils n’avaient besoin de personne.

Et puis, retourner dans ce travail ennuyeux et répétitif… Non merci…

Alors, je me suis dis que votre Département serait très bien aussi. C’est assez… prestigieux, comme endroit, et ceux qui y travaillent sont assez… spéciaux, non ? Dans le sens exceptionnel, bien sûr, pas dans le sens bizarres, ni fous ou même…
Hum… Bref, ça palliait à tous mes problèmes. On ne parle pas tellement en public –ce serait même déconseillé, hein ?- c’est assez discret et on vous laisse tranquille…
Enfin, je trouvais que c’était une très bonne alternative, et j’ignorais si mon… « handicap de la baguette » poserait problème. Alors je vous ai écris… en espérant avoir cet entretien.

Eilane examina avec attention les réponses qu'Eric lui apportait.

Les employés du département des mystères aiment, dirons nous, se complaire dans les mystères qu'ils étudient et qui les entourent ! C'est un peu comme notre jardin secret que nous ne partageons avec personne si ce n'est les autres langues-de-plomb !

Mes employés font également parti de l'élite intellectuelle de la société magique... Si nous ne vous demanderons pas d'avoir une maîtrise parfaite de votre baguette, celle de votre cerveau devra être irréprochable !

Je peux vous confirmer également que nous n'avons que très peu l'occasion de parler en publique. A vrai dire, comme notre domaine d'activité mérite d'être conservé secret, en discuter avec des gens devient vite lassant puisque nous nous devons de conserver le plus de mystères possible autour de notre département ! Je n'ai d'ailleurs, pour ainsi dire, que peu de contacts, même avec mes collègues du ministère... Je crois bien ne pas connaître la moitié des personnes qui y gravitent !

Il semblerait donc en effet que cet emploi puisse tout à fait vous convenir, pourtant j'ai une réserve à émettre...

Eilane fronça les sourcils.

Lors de vos réponses précédentes, j'ai eu la légère impression que vous aviez opté pour mon département comme dernier recours parce qu'aucun autre ne vous convenait ou ne vous avait accepté... Ai-je raison ? J'aurais aimé, je dois l'admettre, entendre d'avantage de motivations dans vos propos !
Êtes vous certains que vous saurez apporter à mon équipe un regard assez interessant sur nos recherches pour que je prenne le risque de vous embaucher ? Pensez-vous pouvoir faire meilleur figure que d'autres sorciers à qui je devrait, dans les jours prochains, faire passer également des entretiens et avec qui vous vous retrouverez donc en concurrence pour l'obtention de cette place ?

Aux explications de Miss Snake, Eric visualisa alors ce Département comme un grand club, voire une secte officielle. Cela ressemblait à ces groupes si privés qu’on ignorait leurs occupations et qui se tenaient sous un silence de plomb. Le rituel de passage était-il en train de se dérouler sous le nom d’entretien ? Devrait-il s’attendre, comme dans ces groupes pré-pubères qui florissaient à Poudlard, à un bizutage d’entrée ?
Eric calma son imagination. Le stress avait tendance à le faire un peu divaguer.

Il découvrit alors que l’intelligence était un élément primordial de son (peut-être) futur job. Une longue hésitation le transperça. Il ne se considéra pas comme intelligent. Comparé aux autres membres de sa famille, il était plutôt dans la catégorie « abruti de première».
S’il fallait faire preuve d’un esprit vif et d’une culture générale importante, il ne ferait guère plus que quelques semaines à ce poste. Mais il se tut sur ces points faibles. Certes, il n’aurait peut-être pas le niveau, mais après tout, il ne voulait pas partir aussi tôt. Miss Snake et sa beauté enivrante y étaient sans doute pour quelque chose.

La vérité lui éclata alors au visage lorsque Eliane lui parla de son « dernier recours ». La Directrice du Département n’avait eu guère de mal à deviner la raison de sa candidature si étrange. Oui, il était venu par dépit, faute d’une autre chance, d’un autre espoir. Il n’y avait rien de bien convaincant dans tout cela. Dire qu’il n’avait pas eu trop le choix serait simplement suicidaire. Il soupira longuement, l’air frais dans ses poumons embua un instant ses yeux et d’une voix faible s’expliqua.

Miss Snake, je… Vous avez raison… Tout à fait raison… Je n’avais pas pensé à votre Département -pourtant célèbre- au début de mes recherches. J’avais pensé reprendre mon ancien travail en relations avec la France, pour lequel j’étais expérimenté et où j’avais travaillé près de dix ans.
Ils n’ont pas voulu de moi et tout bien réfléchi, je n’avais envie d’y aller aussi. Alors, j’ai cherché ailleurs j’ai écumé tous les étages, et ce n’est qu’après avoir cherché longuement et réfléchi à chaque possibilité que je me suis dis que votre Département serait celui qui m’irait le mieux. Celui auquel je m’adapterais le plus facilement.

Son rythme cardiaque s’emballa. L’idée de ne pas être accepté une nouvelle fois le brisait réellement en deux. Se sentir rejeté rendit lentement ses yeux de plus en plus humides… Le ton de se voix s’enroua…

Je suis motivé, Miss Snake. Vous n’avez pas idée à quel point. J’ai vécu comme une sous-merde pendant dix ans, pendant dix années je n’étais plus rien, moins qu’un Cracmol, moins qu’un Moldu… rien. Je n’étais rien pour personne. Je ne me nourrissais presque pas, je pesais quarante kilos, je me mourrais à petit feu sans même m’en apercevoir et je ne faisais que me focaliser sur mon malheur, sur tous ces morts qui jonchaient le sol de mon existence, mon père, ma mère…et moi… Et je n’avais que le désespoir à l’âme, que les larmes aux yeux...
Et pendant ce temps, pendant que je me détruisais, mon fils grandissait en me voyant ainsi, sans que je réagisse, sans qu’il ne comprenne ou sans que je veuille qu’il comprenne. Ma femme… Mon ex-femme… s’est remariée alors avec un homme cent fois mieux que moi… Mon fils s’est mit à m’ignorer en me maudissant. Et… je ne faisais rien… Jusqu il y a quelques jours…
Je ne veux pas que ça recommence. Je veux profiter de ma stimulation de ma rage contre ces instants perdus pour me reprendre et retrouver ma dignité disparue…
Je ne veux pas redevenir l’animal que j’ai été, Miss Snake…

A présent, le désespoir perçait sa voix cassée et il sentit son estomac se contracter douloureusement. Il se frotta les yeux bruns le plus discrètement possible. A mesure qu’il avait récité sa vie, ils s’étaient mis à le brûler de plus en plus, accroissant sa douleur.

Miss Snake… Je… snif… ah, j’en ai marre de ce rhume… (ah, l’excuse minable)
Je suis certain que je pourrais vous aider… De n’importe quelle manière… Peut-être pas avec des sortilèges surpuissants… Peut-être pas avec des expériences de haute magie… J’en serais bien incapable… Mais si vous me donnez un travail, vous pouvez être certaine que je l’exécuterais du mieux que je peux… Je suis prêt à passer mes nuits ici si c’est nécessaire. Je suis prêt à métamorphoser réellement ma langue en plomb pour garder le silence.
Ce qu’il faut faire, je le ferais. Vous ne trouverez personne d’aussi loyal, d’aussi dévoué… Je ferais tout ce qu’il faudra pour que ma vie ressemble enfin à une vie digne.
C’est évident que je ferais pâle figure face à un sorcier de vingt ans qui a obtenu des Optimal à tous ses examens. Mais je serais sans doute plus expérimenté que lui et plus… travailleur disons… plus motivé que personne…

Eric déglutit avec difficulté et observa d’un regard rougit par les larmes naissantes la jeune et magnifique femme face à lui. Reprenant sa stature courbée, il se tritura les mains avec nervosité.

Un sourire s'afficha sur le visage d'Eilane, elle n'avait pas besoin d 'en entendre plus pour savoir qu'Eric, malgré ses lacunes en magie, serait un bon employé. Il semblait dévoué, extrêmement motivé à s'en sortir et à donner le meilleur de lui-même, chose particulièrement importante lorsqu'il s'agissait de travailler dans un département aussi vaste que celui des mystères !
Eilane aurait eu du mal à imaginer qu'on puisse se laisser autant aller qu'Eric l'avait fait par simple chagrin jusqu'à il y avait encore quelques mois. Mais depuis sa rencontre avec Ethan elle avait bien changé ! La mort du jeune homme approchait à grand pas, elle pouvait le sentir, et elle ignorait si elle serait plus forte que ne l'avait été Eric lorsqu'il avait perdu son père (même si les circonstances, en l'occurrence, étaient des plus différentes ! )

Vous m'avez convaincue au sujet de vos motivations Mr Effeday... Je crois en votre sincérité et en votre envie extrêmement louable de donner le meilleur de vous même. J'ai tout de même encore plusieurs questions à vous soumettre avant que cet entretien ne prenne fin et que je détermine si vous allez ou non faire parti de mes employés !

Tout d'abord, le fait de ne devoir parler à personne du travail accompli entre ces murs ne vous pose-t-il aucun problème ? Vous m'avez dit avoir un fils... Ne craignez-vous pas de vous sentir gêné de ne rien pouvoir lui révéler sur vos activités, si ce n'est le lieu où vous les effectuerez ?

Eric s’afficha alors clairement surpris et pencha un peu la tête à droite, dans une imitation involontaire du chiot qui découvre quelque chose d’intriguant. Il observa un instant le vide. Pour lui, il était certain qu’on l’obligerait à ne rien dire.

Oh… Et bien, euh… J’étais persuadé que… si vous m’acceptiez… Je serais sous un puissant charme de Silence, ou de Secret ou je ne sais quoi… Un rituel qui m’obligerait à me taire…

Mais il dût se rendre à l’évidence ; apparemment, les Langues-de-Plomb étaient simplement discrets et non enchantés. Il s’étonnait qu’aucune fuite n’aie eu lieu. Il pensait arriver certainement à garder de tels choses secrètes, surtout si c’était une condition professionnelle. Mais c’était juste l’idée de ne rien dire du tout qui l’ennuyait.

Je ne dirais rien alors, promis. Ca restera notre secret…

Mais qu’est-ce que je raconte là ? D’où ça « notre » secret ?

Mais, je pourrais tout de même dire que je travaille ici ? Sinon, mon fils va croire que je dis n’importe quoi, que je mens. Il n’a guère confiance en moi et…

Raaah, mais ferme-la, enfin ! Donne lui carrément ton numéro de compte, ça ira plus vite !

Bref, lui dire au moins que je travaille ici avec vous ? Rien de plus…

Eilane éclata d'un rire cristallin et enchanteur. Son visage, illuminé par l'amusement, n'en était que plus beau !

Si vous continuez à penser aussi fort, il est très probable que j'obtienne en effet votre numéro de compte d'ici la fin de cet entretien !

Elle lui fit un clin d'oeil amusé. Vraiment, c'était trop tentant de lui avouer que, depuis le début de l'entretien, elle avait aisément lu dans ses pensées !

Pour en revenir à ce que vous devrez ne pas dire, aucun enchantement ne vous empêchera à proprement dit de parler. Obliger les gens à se taire par la magie n'est pas le genre de manières employées par le ministère ! Toutefois, si vous êtes engagé, vous aurez à signer un contrat sur lequel se trouve une clause de confidentialité magique... Elle ne vous ôtera pas la parole, mais si jamais, par malheur, vous la bafouillez, j'en serais informée, d'une manière ou d'une autre !
En ce qui concerne votre fils, vous pourrez, bien entendu, lui dire où vous travailler, cela n'a rien de secret, tant que vous ne lui dévoilez rien des recherches qui sont effectuées ici...

Elle nota encore quelques mots sur son parchemin.

Bien, il ne me reste donc plus qu'un seul point à aborder avec vous... Je sais que cette question risque de vous mettre mal à l'aise...

Et vous ne serez pas le seul !

... mais je me dois de vous la poser : quelle est votre opinion sur le mage noir que l'on appelle Lord Voldemort et ses mangemorts ?

Eilane avait délibérément prononcé le nom du Seigneur des Ténèbres. Elle voulait savoir quelle réaction aurait Eric en l'entendant !

Eric s’embrasa en un instant. Il sentit ses joues gonfler avec l’afflux important de sang qui lui montait à la figure, le reste de son visage devenant livide. Il ouvrit des yeux à moitié apeurés. Ses mâchoires claquèrent subrepticement.

Oh non… Legilimens… Legilimens… C’est pas vrai…

Eric n’aurait pu souhaiter situation plus embarrassante. Il ignorait jusqu’à alors parfaitement les capacités de Miss Snake, et la savoir Legilimens ne l’enchantait pas. Mais alors pas du tout.
Il se tordit frénétiquement les mains se souvenant de tout ce à quoi il avait pensé. Son attirance évidente envers la jeune femme. Son étonnement à l’annonce de son âge réel. Le fait qu’il la trouvait magnifique. Ses (petits, après tout, c’est pas bien grave hein ?) mensonges sur ses recherches d’emploi. Et le fait qu’il s’était écrié intérieurement qu’il n’avait rarement vu de femme aussi belle !

Par la barbe pouilleuse de Merlin… Mais si on ne peut même plus penser tranquillement !

Hum… Ah… Euh…

La panique avait envahi son être. Il respira lentement en tentant de calmer la frénésie de son cœur. Il fixa la jeune femme, regrettant d’être aussi émotif. Elle semblait tout au contraire radieuse.

Waw, très joli sourire, merveilleux… euh… non ! pas du tout ! Je le pensais pas ! Enfin si, mais…

Il se demandait si elle lisait ou non en permanence chacune de ses réflexions. Il n’était pas Occlumens (ah ! elle est bien bonne, moi, Occlumens !) mais une telle capacité lui aurait alors été d’un grand secours. Il se contenta de brouiller son regard et de fixer le vide, se concentrant sur leur discussion.
Il serait donc équipé d’une sorte de « collier électrique » magique en signant un contrat. S’il en disait trop, décharge, Miss Snake le saurait. Bah, ce serait sans doute suffisant.

La question pour le moins déconcertante du Mage Noir vint se glisser dans la conversation sans même qu’il ne l’appréhende. Il déglutit avec difficulté à l’annonce de son nom, qu’il arrivait à comprendre ayant appris le français quelques dizaines d’années plus tôt. Vol de Mort. Mange Morts. C’est joyeux.
Le personnage lui était toujours effrayant. De nombreuses histoires avaient été racontées sur lui, et plus de la moitié lui paraissaient bien trop horribles pour être réelles. Il avait même prétexté l’avoir fui quelques années plus tôt.

Quoi ? Vous-Savez-Qui ? Oh, euh… Il est… effrayant, quoi… Il faudrait le… résonner…

Comme raisonner un lion de se mettre à la cuisine végétarienne. Idiot, Eric, idiot.

En tout cas, je ne cautionne pas ce qu’il fait ! s’empressa-t-il d’ajouter. C’est un peu… violent comme méthodes. Les Sorts Qui Pardonnent Pas, ou je ne sais quoi… Les Loups-Garous…
Enfin… du moment qu’il ne me veut pas de mal, je laisse les autres s’occuper de lui. Et lui s’occuper d’eux.

Eric était la définition même de la neutralité. Du moment qu’il ne se retrouvait pas dans le conflit, il n’était du coté de personne, car son coté était celui du « voyons ce qui se passe, on avisera ensuite »

Les yeux d'Eilane avaient prit un petit air malicieux lorsque les pensées d'Eric étaient arrivées jusqu'à elle. Posséder ce don de légilimencie était vraiment très utile, et très distrayant ! Et elle avait vraiment besoin de distraction en ce moment. On pouvait dire que l'entretien avec Eric Effeday avait plus ou moins été une bénédiction étant donné l'état dans lequel elle se trouvait lorsqu'elle arrêtait de se plonger dans le travail !

Merci beaucoup pour le compliment...

Elle n'ajouta rien à ce propos, certaine qu' Eric comprendrait qu'elle parlait de l'une de ses pensées !

Écoutez, ça n'a rien de si terrifiant que je puisse lire dans votre esprit, vous ne devriez pas vous effrayer pour cela... d'autant que je le peux uniquement à travers vos pensées les plus intenses... sinon, il me faudrait utiliser une formule magique.. chose que je ne me permettrais pas bien entendu !

Bon, ce n'était pas tout à fait vrai...Eilane était sans doute l'une des plus puissante légilimens que la société des sorciers possédait et elle était devenue au fil des années, équivalente à un réceptacle à pensées, incapable de faire abstraction de ce qu'elle entendait en provenance de l'esprit des gens qu'elle côtoyaient !

Sans prendre la peine d'attendre une réponse de la part d'Eric, elle relut une dernière fois ses notes et un sourire s'afficha sur son visage. Elle sortit de sous ses feuilles un parchemin sur lequel un contrat éait inscrit et le tendit à Eric.

Je suppose que vous voudrez le lire avant de signer ?

Eric avait l’impression de suivre deux conversation à la fois. Une dans sa tête, l’autre dans le monde bassement réel qu’était le bureau de Miss Snake. D’un coté, il luttait férocement pour bloquer son esprit, arrêter de penser, ou simplement s’empêcher de pleurer de panique. De l’autre, il faisait tout son possible pour suivre néanmoins la conversation entamée et obtenir un emploi où il savait qu’il serait en permanence stressé à l’approche à la jeune demoiselle au regard si étourdissant et aux capacités encore inconnues.

Il résista à la tentation d’engager une conversation télépathique (quel merdier ce serait) et se focalisa sur ce qui se passait sur le bureau de la Directrice. Il venait d’apprendre plus en dix minutes sur la Legilimencie qu’en toute une vie de sorcier. Elle n’arrivait qu’à pénétrer ses pensées les plus intenses ?

Bon, donc, faut que j’arrête de penser « intensément » que je suis « intensément » attiré par ses yeux « intensément » tentateurs.

Il se rendit alors compte qu’il avait pratiquement hurlé cela dans son crane en voulant s’obliger d’arrêter de penser. On pouvait donc difficilement faire plus intense. Poussant un soupir de découragement, il observa ses genoux.

Je suis « intensément » ridicule… Bon, inutile de s’éterniser là-dessus, hein ? Concentrons-nous sur le reste… Euh… Voyons… Que concentrer-nous donc ? Oh ! la zolie araignée !

Il observa avec une surprise feinte l’araignée qui s’était logée sous le bureau de Miss Snake et la contempla avec une passion exagérée, dans une réaction des plus puérile. Il releva avec curiosité la tête. Un bruit de papier avait éveillé son attention.

C… Contrat ? demanda-t-il d’une voix gutturale.

Il observa la feuille blanche avec un étonnement significatif, rapidement remplacé par une mine réjouie bien plus crédible que sa rencontre avec l’araignée.

Vous… voulez… (m’épouser ? Ah ! Ah !) m’engager ? Vraiment ? Dans votre Département ?

Le sentiment global d’un fiasco généralisé et profond l’avait tenaillé à partir du moment où il avait appris que son esprit était sondé depuis le début de l’entretien. Ses chances de réussite avaient été alors proches du zéro absolu. Mais à présent, son état d’esprit était tout autre. Il avait réussi à la convaincre ? Incroyable ! Impensable ! Impossible…

Eilane acquiesça en gardant son air amusé. Jamais un entretien n'avait été aussi distrayant !

Je souhaite vous engager en effet !

Et surtout pas vous épouser ! Par Morgane, j'ai déjà largement mon lot de soucis avec mes histoires de coeur sans m'en embarrasser d'autres !

Je pense sincèrement que vous pourrez être un bon élément, à la simple condition que vous fassiez attention à légèrement mieux maîtriser votre stress, car même si je trouve cela très attendrissant, ça pourrait facilement jouer en votre défaveur !

La semie Vélane attendait avec un patience mesurée de savoir si oui ou non Eric allait signer le contrat d'embauche.

Attendrissant ? Attendrissant…

Une expression à la fois étonnée et réjouie avait illuminé son visage pendant quelques secondes. Elle le trouvait attendrissant… Attendrissant, ça peut se traduire par mignon, non ? Ou par pitoyable… Bah, qu’importe ! C’était bien là les premiers mots doux qu’on lui disait… Euh…

Nan, pas doux, gentils, les mots. Des mots gentils. Un compliment, quoi, rien de plus… On en est pas au billets d’amour nan plus, hein ?

Il poussa un soupir de dépit face à cette situation inexorable. Au moins, il avait fait une bonne impression. Enfin, en tout cas, il avait réussit à décrocher l’emploi. Exploit d’autant plus important qu’il n’y espérait guère, pour être franc. Il nota soigneusement la dernière recommandation de Miss Snake.

Mon stress… Oui, j’essayerais d’être… plus détendu… Je crois qu’un magasin vend des potions pour ça…

Mwouais… J’pourrais même essayer de la faire moi-même, ça ferait des économies…

Il accueillit son auto-proposition avec un autre soupir de fatigue. L’idée de passer ses journées à se droguer à coup de potion de Détente ne l’enchantait pas plus. Il se voyait déjà, un flacon violet à la main, hagard, de la bave coulant de sa bouche, criant des propositions de mariage à toutes les jeunes filles qu’il croisait, Miss Snake la première.

Eric prit le papier et le parcourut rapidement. Il était question de « confidentialité extrême » ; « torture » ; « sortilège d’Amnésie » et il avait un passage sur un séjour de deux semaines, frais compris, à Azkaban en cas de non respect des clauses du contrat.
Il saisit la plume posée sur la table, la plongea précipitamment dans l’encre, en faisant tomber quelques gouttes sur la table en chêne qui devait coûter quelques centaines de Gallions…

Désolé…

…et signa le papier. Son écriture fine et chaotique (tellement chaotique qu’il tordit un peu la plume) luisit un instant sur le papier puis imprégnât le contrat, scellant son pacte avec le Ministère et Miss Snake. La main un peu tremblante, il tendit le papier à la Directrice devenue alors sa patronne.

Après avoir récupéré le contrat qu'Eric avait signé d'une main hésitante, Eilane sortit sa baguette magique, la pointa sur le meuble et murmura, de sa voix chantante :

Recurvite

Aussitôt le bois redevint comme neuf, désert des tâches d'encre qui l'avaient envahi auparavant !

Les potions peuvent être en effet un bon moyen pour pallier à votre stress Mr Effeday, mais je suis sure qu'un peu de méditation marcherait tout aussi bien et serait un remède plus naturel ! Et au pire, vous pouvez toujours vous auto-lancer un petit sortilège de calme... Ce n'est pas une solution durable, mais il est grandement possible, de toute façon, que vous n'ayez pas besoin de cela à vie ! Dès que vous aurez repris l'habitude de voir du monde et de travailler, cela ira sans doute beaucoup mieux, vous verrez !

J'espère au moins que je n'ai pas fait d'erreurs en l'embauchant.

Eilane se mordit la lèvre à cette pensée... Si jamais Eric se retrouvait interrogé sur son travail et qu'il se mettait à paniquer, penserait-il alors sans s'en empêcher à toutes les recherches qu'ils effectuaient ici ? Il fallait espérer que non !

Bien, je suppose donc que nous devons à présent nous quitter Mr Effeday, à moins que vous n'ayez encore quelques questions sur le département des mystères à me poser !
Une fois que vous serez sorti d'ici, allez donc visiter votre nouveau lieu d'activité ! Essayez de trouver une employé pour vous guider un peu si vous le désirez ! J'aimerai que vous fassiez un tour dans toutes les salles d'expériences et que vous en choisissiez deux d'entre elles qui vous plaisent plus que les autres et dans lesquelles vous aimeriez faire vos recherches ! Je dois par contre malheureusement vous prévenir que la salle au cerveau ne peut plus être sélectionnée étant donné qu'elle a déjà atteint son quota de langue-de-plomb travaillant dedans !
Une fois votre choix fait, venez me le dire dans mon bureau... est-ce d'accord ?

Eric ne pouvait s’empêcher de se sentir de plus en plus mal à l’aise. Entendre une réponse à chacune de ses pensées, même saugrenue, lui paraissait être une forme de torture plutôt efficace. Il avait maintenant du mal à contenir un embarras grandissant, et il marmonnait sans cesse des réponses brouillonnes à peine audibles à chaque fois que Miss Snake lui répondait.

Méditation, méditation…

Il s’imaginait déjà clairement, une toge rouge sur l’épaule, chauve, dans la position du Lotus, essayant avec un visage rouge crispé de concentration de léviter à quelques centimètres du sol, sans résultat, alors que Miss Snake assise à ses cotés sortait une baguette et s’envolait dans les airs. Cette vision furtive disparut presque aussitôt.
L’idée de se lancer un sortilège venait de lui être proposée. Peut être une possibilité de montrer qu’il était tout de même capable de réussir à se servir un temps soit peu de sa baguette ?

Oui, un sort… Euh…

Il se rappela alors qu’il avait oublié sa baguette. Poussant un soupir de découragement, il baissa les yeux.

Oui ça… ça ira sans doute mieux plus tard… peut être… qui sait… J’essayerais le truc du sortilège de calmage plus tard…

Il releva les yeux lorsqu’il entendit « nous quitter » ou quelque chose du genre. Elle s’en allait ? L’idée d’être si rapidement laissé dans les mâchoires du monde du travail le paniqua un peu. Il pensait qu’elle lui présenterait ses collaborateurs, lui ferait visiter les lieux, lui offrirait un petit café... Euh, bon, oublions le café. Mais en tout cas, il ne se voyait pas si rapidement… abandonné…
Il écouta attentivement les remarques et les ordres de Miss Snake.

Oki, visite, choix, rapport. C’est noté.

Il n’avait pas de questions qui méritaient de retenir encore plus la Directrice. Les questions de « horaires de travail » « pause pipi » et « cafétéria gratuite » pouvaient attendre le rendez-vous fixé à son bureau. Rendez-vous…

Ce… c’est très bien, madame Snake. Euh… je vais jeter un œil à tout ça alors…

Il se leva lentement en faisant grincer horriblement et involontairement sa chaise. Il la souleva péniblement et la rangea avec une maladresse évidente.

Euh… Si, finalement, juste une question… Votre bureau… c’est où ?

Un dernier sourire s'afficha sur le visage d'Eilane. Définitivement, Eric était un homme extrêmement attendrissant !

Mon bureau se trouve juste à l'entrée du département, à gauche de la porte qui mène aux salles d'expériences. Vous ne pourrez pas le manquer !

Elle fronça les sourcils en réalisant qu'Eric avait semblé gêné quand elle lui avait parlé du sortilège de calme et qu'il avait renoncé à le lancer.

Mais... vous n'avez donc pas votre baguette sur vous ?
Si tel est le cas j'ai bien peur que vous ayez du mal à visiter le département sans celle-ci...
La baguette magique des langues-de-plomb, comme vous l'expliquera sans doute plus précisément l'un de mes employés, est utilisée pour reconnaître les différentes portes des salles d'expérience. Sans elle, vous vous perdrez à coup sur !
Donc, soit vous retournez jusque chez vous la chercher, soit vous n'avez plus d'autre choix que de vous faire escorter par un autre langue-de-plomb toute la journée !
Pour ma part, je crains de ne pouvoir vous accompagner, j'ai une montagne de travail qui m'attend et je ne peux le remettre à plus tard !

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