Carnelune Evebena Serdaigle
Nombre de messages : 348 Age : 30 Age Roleplay + Sorts : 19 ans sorts 1 2 3 MT1-2 Points Prestige : 17 Date d'inscription : 16/03/2011
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| Sujet: Je ne meurs pas. Je n'étais déjà plus vivante. [One-post] Jeu 23 Juin - 8:53 | |
| - Je ne suis plus. -
La pluie balayait le visage de Carnelune. Ses yeux, froids et inexpressifs, insondables, étaient fixés sur un point qu’elle était seule à voir, loin dans l’horizon nuageux et gris. Expression neutre, vide, celle d’un corps au repos qui n’a pas trouvé la paix. Immobile, à peine vêtue de la chemise noire d’homme qu’elle enfilait pour dormir, elle se tenait au sommet d’une haute falaise. Les gouttes d’eau coulaient le long de ses joues, soulignant la ligne légèrement argentée de sa cicatrice. Elle se sentait vide… Elle était vide. Pas de pensées. Pas de sentiments. Un abîme sans fond… Pire que le désespoir ou la colère. La lettre qu’elle tenait dans sa main s’envola, malmenée par le vent, virevoltant sous la pluie, s’alourdissant de seconde en seconde, sombrant finalement. Elle ne fit pas un geste pour la retenir, ne réagit même pas à sa disparition.
Son frère était mort. C’était sa raison de vivre qui la quittait.
James était mort. C’était son cœur qui lui était arraché.
Pas de larmes. Pas de cris. Elle n’en avait pas le pouvoir. Tout ce qu’elle avait refoulé en sentant le départ de l’être qui l’avait comprise, réveillée, aimée le temps d’une seconde… Tout était enfermé derrière une porte sombre dont seul James avait la clef. Et il n’était plus… Alors ses émotions dissimulées au plus profond d’elle l’avaient rongée lentement, sûrement, amenuisant le fil ténu qui la retenait à la raison… Ce fil s’était rompu. Et tout ce qu’il y avait dans son esprit avait chu avec elle alors qu’elle sombrait dans la folie… Pas une folie meurtrière ou destructrice… pas pour les autres...
Et elle se tenait là, au sommet de cet escarpement rocheux, ses pieds nus ensanglantés, ses cheveux défaits, son visage de marbre, ses yeux morts. Plus rien…
Plus rien en elle. Plus rien pour elle. Plus de personne à qui déposer son amour. Plus d’amour à déposer. Plus de haine. Plus de regrets. Plus de volonté. Juste… rien…
La pluie s’intensifia encore. Le vent la giflait, frêle forme, emballage creux.
Elle fit un pas. Un deuxième. Son regard était toujours perdu dans le lointain, ne perçant plus la brume qui entourait le monde. Son univers s’était effondré, ce jardin de nuit où la lune n’était jamais pleine, où son frère courrait heureux avec les loups, où James jouait du violon près d’un lac, où Jimy caressait un cœur gravé sur le tronc d’un arbre.
Plus rien.
Un pas. Un dernier. Sa chute ne lui arracha aucune réaction. Ses yeux étaient toujours perdus, fenêtres fermées sur une pièce nue. Ses bras blancs, à peine tâchés d’un fil noir, flottaient à ses côtés. Son visage était vide. La mort ne lui enlevait rien.
Le corps s’écrasa sur les rochers. L’expression neutre, vide qu’elle affichait ne changea pas. Son âme était partie il y a bien longtemps. Ce n’était plus qu’une enveloppe qu’on jetait après l’avoir utilisée.
Son cadavre glissa lentement dans une faille entre deux roches. Un éboulement de pierres déclenché par sa chute la recouvrit totalement. La pluie lava le sang qui maculait le sol.
Carnelune était morte. Et c’était comme si elle n’avait jamais été.
La jeune femme ouvrit les yeux. La fenêtre de sa chambre battait dans le vent, la pluie maculant ses livres de gouttelettes. Son frère était encore vivant. Ses pieds étaient ensanglantés. Son corps était gelé. Ses joues étaient humides. Ses yeux étaient secs.
Elle n’osa plus dormir pendant des nuits.
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