* Etoiles et marche du monde * [PV Hector suite cours de Potions ]

La tour d’astronomie était vide, comme à son habitude. Située plus ou moins au dessus de l’entrée principale du château, elle était aussi un excellent poste d’observation pour savoir ce qui se déroulait dans le parc ou près du lac. Je déposée ma sacoche dans un coin de la pièce puis m’approchée d’une fenêtre. Le soleil était en train de se coucher à l’horizon et le spectacle était de toute beauté. Un artiste de génie. Embrasant le ciel de milles nuances dorées et chaudes. Et déjà le crépuscule venait les recouvrir de son drap bleu violine.

Dans notre vie, il y a tellement de choses que l’on voit sans les comprendre. Mais ceux qui m’ont quitté seront là pour me guider. Mon voyage vient de commencer. Dans la peine ou la joie, nous somme forts ô combien nous sommes un. Je me tournais vers Hector. J’aurais voulu lui dire tant de choses. Que lui et moi étions pareils. Le courage, le soutient, nous le trouvons chez les autres. Car mon cœur et le sien …

Je secouais la tête. Je pensais à Caleb. Il était convaincu de n’être que nuisance depuis sa naissance. Disgrâce et violence. Il ne pouvait pas changer son histoire. Jeune maudit, jeune proscrit, il ne peut changer sa vie. Et surtout, il n’oubliait jamais son ignominie. Il n’était pas l’un des nôtres, il ne sera jamais l’un des nôtres. Et pourtant, pourtant … Je savais qu’un jour notre amour guidera nos pas. Toujours. La nuit fera place au jour, tout s’éclairera, puisqu’il sera là. Si le monde pouvait être amoureux … Fixant un point à l’horizon, je dis à mon nouvel ami :

« Tu sais, tout serais parfait si le monde était un monde de paix, comme il ne l’est jamais. Je connais le doute, les pleurs, la peur … Et pourtant, j’aimerais encore croire qu’un tel monde est possible. Mais ce n’est qu’une chimère. Ce n’est qu’un rêve de princesse.

Mon cœur se serra un peu puis ma voix se brisa.

Ma mère me disait toujours que je connaitrais les chagrins sans raisons, les trahisons, la déraison. Qu’il y aura la bassesse et l’impudeur, les agressions. Mais que je devais toujours continuer. Continuer à vivre, à aimer, à rire et aussi sourire.

Je lui adressais un petit sourire triste.

Aujourd’hui, il y a les chagrins à foison et les douleurs que tout le monde partage. Il y a les fruits de la passion et le goût amer de la désillusion. Et maintenant, je n’arrive plus à aimer sans sourciller. »

Je poussais un soupire las et posée ma tête sur mes bras. J’observais un groupe d’élèves plus bas, qui rentraient au château en rigolant et se chamaillant. Avais-je perdu l’inconscience ? Etait ce cela le passage à l’âge de raison ? Je me sentais vieille. Comme si j’avais vécu milles vies avant la mienne. Ma grand mère disait souvent de moi que j’étais née adulte. Peut être bien. Par moment, les jours heureux de mon enfance me rendaient dramatiquement nostalgique. Qu’il était bon de coller des gommettes sans se soucier du lendemain.

Soucieuse de ne pas laisser la conversation sur une note aussi déprimante, j'ai tourné la tête vers mon compagnon de maison et fronça le nez avec un petit air mutin, un sourire se dessinant sur mon visage. M’emparant de ma baguette et la pointant sur lui, je dis :

Cani Sortia.

Un Fox terrier apparu alors du bout de ma baguette et se précipita sur Hector pour lui faire la fête, en frétillant. Il lui sautait autours en aboyant, essayant de lui lécher la figure, les mains. J’éclatais de rire quand se désintéressant subitement de mon ami, il se mit à fureter et à tourner en rond dans la tour d’astronomie. M’entendant rire, il releva la tête, curieux, et se fus à mon tour. Je réussis cependant à le faire s’asseoir sagement pour lui gratter les oreilles. Tout en souriant à Hector.

Hector avait monté les marches menant à la tour d'astronomie avec un étrange boule au ventre. Il ne savait trop pourquoi mais la déclaration de Loélia sur le fait de "ne pas lui prendre la main l'avait mis dans une drôle d'humeur.

A vrai dire, ce qui le chagrinait c'était qu'il avait fait ce geste sans aucune arrière pensée et que Loélia l'avait interprété comme une invite d'un autre genre. Décidément, les filles c'était vraiment compliqué.

Prenant appui sur un rebord, Hector se plongea dans l’observation des étoiles. La nuit était plutôt claire et on pouvait voir les astres briller au-dessus d'eux. Le jeune garçon fut pourtant tiré de sa rêverie par Loélia.

"- Tu sais, tout serais parfait si le monde était un monde de paix, comme il ne l’est jamais. Je connais le doute, les pleurs, la peur … Et pourtant, j’aimerais encore croire qu’un tel monde est possible. Mais ce n’est qu’une chimère. Ce n’est qu’un rêve de princesse.

Ma mère me disait toujours que je connaitrais les chagrins sans raisons, les trahisons, la déraison. Qu’il y aura la bassesse et l’impudeur, les agressions. Mais que je devais toujours continuer. Continuer à vivre, à aimer, à rire et aussi sourire.

Aujourd’hui, il y a les chagrins à foison et les douleurs que tout le monde partage. Il y a les fruits de la passion et le goût amer de la désillusion. Et maintenant, je n’arrive plus à aimer sans sourciller. "

Il marqua un silence avant de répondre doucement.

- Tu sais, ce monde est malade. Il n'y a qu'à lire le journal pour s'en rendre compte. Mais oui, ta mère a raison, il faut vivre, aimer et rire malgré tout. Se cacher et pleurer n'est pas une solution, il faut affronter la vie. Et j'espère pouvoir participer un peu à la guérison du monde. Tu me trouves peut-être prétentieux mais, si personne ne bouge, il ne se passera jamais rien.

Le ton d'Hector était sérieux mais il évita le regard de Loélia, ne voulant pas paraître ridicule auprès d'elle. C'était pour des gens comme elle qu'il avait envie de se battre contre le mal qui rongeait le monde. mais cela, il ne lui dirait pas, pas encore...

Hector fut tiré de sa rêverie par le sortilège de Loélia qui fit apparaître un chien. Le garçon fut surpris. Il ne put s'empêcher de rire car l'animal était plein d'entrain et il était difficile de rester maussade en sa présence.

Le sourire de Loélia fut pour lui comme un soleil en pleine nuit. Il la regarda droit dans les yeux pour le lui rendre. C'était un sourire chaleureux, simple, qui disait son attachement à la jeune fille.

Tout en continuant de gratter l’oreille de mon chien, je réfléchissais à ce qu’avait dit mon camarade de maison. J’aurais voulu faire quelque chose aussi. Pour soigner le monde mais je ne savais pas quoi. Il y avait la panoplie des choses courantes, comme le bénévolat, l’entraide scolaire, l’instruction et le partage, le don de son temps … mais c’était banal. Je n’étais pas courageuse mais les actions d’envergures me plaisaient. Hector n’était pas prétentieux, il donnait du sens à sa vie. La mienne n’en n'avait aucun.

Tante Margot disait souvent que si on cherche sa place en ce monde, il fallait d’abord admettre qu’on ne savait pas ce qu’on y faisait. Elle qui avait passé la moitié de sa vie à parcourir le monde pour des missions humanitaires avait apporté des choses à son monde. Elle avait laissé sa trace. Je me tournais alors vers lui :

« Un jour on gagne, un jour on perd, mais je n’ai pas perdu la guerre. N’est ce pas ce que l’on dit souvent ? Jamais je n’abandonnerais. Jamais plus je ne pleurerais pour des choses que je ne peux pas changer. Et je ne me cacherais pas. Je ne suis pas pleutre. On ne pourra jamais m’abattre car mon cœur n’a pas cesser de battre. Je sais, j’y arriverais. Après tout, les Dannan on toujours eu pour leit motiv d’être fière et libre comme l’air. Seul maître de mes frontières .Je défendrais mes valeurs. Quoi qu’il en coute.

Je haussais la tête et planta un regard déterminé dans celui de Hector. J’avais le même courage que les chiens. Si on touché à mes proches, à ceux qui me sont chers, à mes valeurs ou à mon intégrité, plus rien ne pouvait m’arrêter. Ni la peur. Ni la douleur. Et je ne craignais point la mort.

Comment s’est arrivé, il va falloir me l’expliquer. Pourquoi avons-nous tous ces liens ? Pourquoi le monde a-t-il sombré dans le chaos le plus complet ? Pourquoi devons nous, si jeunes, nous préoccuper des choses des adultes ? Dis moi pourquoi … »

Je secouais la tête. Je n’étais pas sûre de vouloir le savoir. Je jetai un œil par la fenêtre. Puis ajoutai, d’une voix rocailleuse :

« Et puis, le ciel ce soir est trop beau pour être triste et nostalgique. Ou inquiète. N’est ce pas ? Regarde là haut. Est-ce que tu vois les deux étoiles qui brillent de milles feux à gauche de la petite ourse ? Et bien, ce sont mes parents. Ils sont morts dans un accident de voiture, il y a longtemps. Mais ils veillent sur moi et me redonnent du courage quand il vient à manquer. Parfois, ils me manquent. Surtout ma mère. »

J’attrapais la main d’Hector, finalement, entre amis c’était bien aussi. Caressant sa paume du bout des doigts, je lisais ses lignes. Tante Yvie m’avait appris plus jeune. Pour moi, c’était à l’époque un jeu mais j’avais compris bien plus tard que le hasard ne se nichait jamais dans nos vies et que les lignes en disaient énormément.

Sa ligne de cœur commençait sous l’index et touché la ligne de vie. Il était donc capable de se contenter d’une vie faite d’amour mais son cœur se brisait facilement. Intéressant pour quelqu’un qui allait donner sa vie et son temps, son écoute, son attention et son cœur pour les autres. La souffrance et la détresse humaine lui ferait beaucoup de peine, j’en étais certaine mais je me demandais qui serait celle qui allée lui voler le cœur pour le briser aussi violemment que ce qu’annonçait sa ligne ?

Sa ligne de tête était tout autant intéressante. Elle était droite, profonde et longue. Largement entrecoupés par d’autres lignes. Sa manière de penser était claire et ciblée, réaliste. Hector aurait aussi des décisions capitales à prendre dans sa vie. Intéressante mais sans surprise. Enfin, sa ligne de vie indiquait qu’il était résistant et enthousiaste. Je lui souris. Puis demanda d’une voix douce :

« Est-ce que tu veux savoir ce que je lis ? Tu n’a rien à craindre, si ce n’est en amour. Globalement les lignes te sont clémentes. »

"- Un jour on gagne, un jour on perd, mais je n’ai pas perdu la guerre. N’est ce pas ce que l’on dit souvent ? Jamais je n’abandonnerais. Jamais plus je ne pleurerais pour des choses que je ne peux pas changer. Et je ne me cacherais pas. Je ne suis pas pleutre. On ne pourra jamais m’abattre car mon cœur n’a pas cesser de battre. Je sais, j’y arriverais. Après tout, les Dannan on toujours eu pour leit motiv d’être fière et libre comme l’air. Seul maître de mes frontières .Je défendrais mes valeurs. Quoi qu’il en coute.

Comment s’est arrivé, il va falloir me l’expliquer. Pourquoi avons-nous tous ces liens ? Pourquoi le monde a-t-il sombré dans le chaos le plus complet ? Pourquoi devons nous, si jeunes, nous préoccuper des choses des adultes ? Dis moi pourquoi… "

C'était compliqué. Hector ne comprenait pas vraiment bien pourquoi les jeunes de leur âge devraient se préoccuper de ces choses, alors que les adultes s'entredéchiraient. Mais le fait était qu'ils étaient impliqués aussi. Hector réfléchissait également aux paroles précédentes de Loélia.

- Tu sais, je crois que pleurer parce qu'on est triste ou heureux c'est humain. Beaucoup de gens se refusent à le faire, mais je pense que c'est parfois libérateur.

Quant au fait de pourquoi nous devons nous préoccuper de ce qui arrive dans le monde des adultes c'est simple. C'est que ce ne sont plus des adultes, ce sont des enfants qui jouent à la guerre. Et nous ne pouvons que nous dire que c'est de ce monde que nous hériterons. Si nous ne voulons pas avoir un champ de ruines je pense que nous devons agir. Même si cela nous semble banal ou bien inutile. Si personne ne fait le premier pas alors on ne pourra rien sauver. C'est ce que je pense...

Le garçon s'arrêta pour regarder les étoiles avec Loélia. Ainsi, elle avait perdu sa mère. Il semblait pourtant qu'elle ait surmonté son chagrin pour ne garder que la tristesse que semblaient partager tous les gens atteint par un deuil. On ne s'en remettait jamais vraiment mais on pouvait vivre avec.

Il ne put lui dire qu'il compatissait qu'elle avait déjà saisi sa main, ce qui le fit rougir pour une raison tout à fait obscure, et lisaient les lignes de sa paume. Elle semblait y voir des choses qui lui étaient fermées. Quand Loélia lui proposa de lui révéler son destin, Hector réagi calmement mais fermement. Il retira doucement sa main, plantant son regard dans celui de la jeune fille.

- Non Loélia. Je ne crois pas au destin. Même si on peut sans doute prédire des tendances pour chaque évènement je pense que chaque être humain se forge son propre avenir. Et, même si je me trompe, je ne désire pas savoir ce qui m'arrivera. Que deviendraient mes rêves si je savais ce qu'ils allaient devenir ? Est-ce que tu comprends cela ?

Comprends, je t'en prie comprends !

Hector souhaitait tout sauf que Loélia prenne mal sa remarque.

A peine avais-je posé ma question qu’Hector retira sa main de la mienne. Ses joues étaient teintées de rouge et une étrange lueur brillait dans ses yeux. A mi chemin entre la détermination et l’abnégation, voir la supplication. Quand il s’adressa à moi, la voix était ferme. Détachée. Presque coupante.

Non Loélia. Je ne crois pas au destin. Même si on peut sans doute prédire des tendances pour chaque évènement je pense que chaque être humain se forge son propre avenir. Et, même si je me trompe, je ne désire pas savoir ce qui m'arrivera. Que deviendraient mes rêves si je savais ce qu'ils allaient devenir ? Est-ce que tu comprends cela ?

D’abord stupéfaite, j’eu ensuite un petit rire nerveux. Hector pensait il que je voyais clairement son avenir dans sa main ? Ce n’était que des lignes. Des avancées générales. Pas une boule de cristal. Je ne pouvais pas lui dire que demain il allait avaler de travers une miette de pain tout comme je ne pouvais pas lui dire quels choix majeurs il aurait à faire au cours de sa vie ni à quels instants. Et encore moins qui serait la fille qui allait réduire son cœur en bouillie. Ce n’était pas non plus des lignes de conduite. Enfin, il faisait preuve de fermeture d’esprit pour une fois. Personne n’est parfait. Je me tournais vers la fenêtre. Soit. Les évènements me donneront raison.

« La chiromancie, est un art divinatoire qui permet de découvrir la personnalité de quelqu’un. Elle apparaît en Chine et en Inde dès le IIIème siècle avant JC. A travers les lignes de la main, la chiromancie offre un moyen de connaître l’esprit, le caractère et le tempérament d’une personne.Pour un temps. C’est assez codifié et il y a un nombre incalculable de signes à prendre en compte. Les lignes bougent. Elles évoluent. Rien à voir avec une quelconque vision de l’avenir. Ta main n’est pas une boule de cristal. Si je voulais savoir ce qu’il va t’arriver je jouerais au tarot. Ou je me contenterai d’un rêve…»

Laissant ma phrase en suspension, je sortis mon carnet de croquis et me mis à retranscrire les constellations. Hector se fourvoyait. Nous ne choisissons rien. Le destin choisit. Et la sagesse est de nous montrer digne de son choix, quel qu’il soit. Il n’était pas le premier à le refuser. Il ne serait pas le dernier. Le destin battait les cartes mais c’est nous qui les jouons. Destin et libre arbitre en perpétuelle guerre intérieure. Voilà toute la nuance. J’étais cependant trop fatiguée pour me lancer dans un débat, qui finirait stérile, avec mon compagnon de maison. Je réalisais soudain que je n’avais rien avalé depuis le midi et mon ventre se rappela à mon bon souvenir en émettant une plainte sourde. Je fouillais dans ma sacoche et en sortit un muffin aux noix, chocolat au lait et caramel ainsi qu’une pomme. M’asseyant sur les dalles froides de la tour, je lui fis signe de me rejoindre tout en scindant le gâteau en deux.

« Je ne sais pas toi, mais je n’ai pas vraiment envie d’aller dîner. Est-ce que tu veux un bout de muffin ? »

Hector me semblait penaud. Embêté. Je me penchais légèrement en avant, attrapa son bras et le tira doucement vers moi. Le forçant à s’asseoir . Je n’aimais pas le voir contrit ou gêné. Je sortis un parchemin de ma sacoche ainsi qu’une plume et nota de mon écriture ronde et encore enfantine, malgré tout mes efforts :

Spoiler:

Je pliais le message puis le lui tendit, un petit sourire en coin au creux des lèvres.

Elle rit. Comme si Hector avait dit quelque chose de drôle ou de ridicule. probablement que ça avait l'air ridicule. On ne pouvait dire l'avenir avec les lignes de la main. Mais le garçon ne souhaitait rien entendre sur son futur même d'imprécis. Il croyait que cela le ferait peut-être changer et prendre une autre voie.

Non, s'il devait un jour devenir médicomage, il le serait par le fait de sa propre volonté et de ses propres aptitudes. Et sa confiance devrait venir de lui et non pas de prévisions lues dans ses mains.

Loélia n'avait pas compris cela. Elle lui faisait un cours sur la chiromancie. C'était probablement la faute d'Hector, il s'était mal exprimé.

- Je ne veux rien savoir de ce que peuvent dire ces lignes dans mes mains, si jamais elles ont une signification. Non, ce que je veux de mes mains c'est qu'elles sauvent des gens. J'aurais du mal à t'expliquer pourquoi je ne crois pas au destin et que je refuse les prédictions, mais n'y vois pas de défiance à ton égard car il n'y en a pas.

Hector regardait Loélia intensément en disant ces mots. Elle changea brusquement de sujet en lui proposant d'aller manger et de prendre une part du muffin qu'elle venait de tirer de sa sacoche. Hector accepta ce changement de situation. La conversation tournait différemment de ce qu'il avait pensé et il ne voulait pas que Loélia le prenne pour quelqu'un d'ennuyeux, montant toujours sur ses grands chevaux.

"Je t'envoie un wagon de bisous tiré par la locomotive de l'amour sur les rails du bonheur qui se trouve dans une gare et qui s'appelle mon cœur."

Amour ? Bisous ? Bonheur ?

Hector cligna plusieurs fois des yeux devant le message, essayant de bien comprendre ce qu'il voulait signifier. Est-ce qu'elle n'avait pas dit juste avant qu'ils étaient amis ? Alors est-ce qu'elle voulait dire qu'elle l'aimait comme un ami ? Ou plus ? Décidément les filles étaient vraiment dures à comprendre.

Tremblant un peu, Hector réussi tout de même à ébaucher un sourire timide. Il s'approcha de Loélia et lui prit la main sur laquelle il déposa un baiser.

- Merci...

Ce n'est seulement qu'après coup qu'il se rendit compte de la façon dont il venait d'agir. Et que l'angoisse lui serra la gorge. Comment allait-elle réagir ?

Tout en savourant mon morceau de muffin, je me complaisais dans les minutes de calme qui suivirent mon mot. Tout ceci était bien silencieux. Je me surpris même à être engourdie par une profonde sensation de bien être et d’apaisement. Certains auraient qualifié cela de « piquer du nez » mais ce n’était pas le cas. Bien sûr, mon esprit vagabondé librement sans relations entre les différentes pensées qui le parcouraient et je sentais le sommeil poindre mais je me sentais incapable de m’endormir sur les dalles froides.

Hector était tellement absorbé et concentré sur mon message que j’aurais pu entendre les rouages de son cerveau fonctionner à une vitesse démentielle. J’étais sûr qu’il était entrain d’en décortiquer chaque mot, d’en analyser la portée, les sous entendus qu’il pouvait y avoir ou non. Cela me fit sourire. La rationalité avait du bon mais je pensais aussi qu’il fallait parfois savoir lâcher prise et accepter ceux que les autres vous donnent sans se poser de questions.

Par je ne sais quel hasard, mon compagnon de maison choisis ce moment là pour saisir ma main et y déposer un baiser en me murmurant un merci décoré d’un sourire timide. Je restais un moment sans réagir. Mon cerveau avait pris une consistance ouaté. Et mes pensées s’égrenaient comme des grains de sable dans un sablier. Le temps que je digère l’information, Hector avait mesuré toute la portée de son geste et voulu retirer sa main le plus vite possible de la mienne.

Je l’en empêchais. Pourquoi ? Aucune idée. Tout ce que je sais c’est que sa main resta prisonnière dans la mienne parce que je me refusais à la lâcher. Mon chien vient se coucher près de moi et posa sa tête sur mes genoux. Je lui gratouillais le derrière des oreilles en pensant distraitement qu’il allait me manquer si je ne parvenais pas à faire durer le sortilège. S’il y a un prix pour le manque de jugement, je crois que j’ai le ticket gagnant. J’avais pourtant appris la leçon. J’ai le cœur trop fragile, j’évite les idylles.

Je posais ma tête contre le mur en fermant les yeux, essayant de chasser les images qui défilaient dans ma tête. Refusons tout deux que nos lendemains soient mornes et gris. Attendons l’heure de notre bonheur...Je rouvris les yeux, fixa un instant le jeune Poufsouffle et relâchais sa main. Puis remontant mes genoux sous ma poitrine et posant ma tête dessus, je lui dis à voix si basse que je me demandais après coup s’il m’avait entendu.

« Hector… Je suis désolée. Je me comporte d’une mauvaise manière avec toi. Pour moi, il n’y a aucune ambigüité. Je t’apprécie beaucoup mais comme un ami. Je m’excuse si ce que je dis ou ce que je fais porte à confusion. Je te soutiendrais, je t’appuierais. Je serais ta meilleure amie si tu le veux. Mais plus, je ne peux pas. Tu possèdes un cœur en or. Et j’aimerais pouvoir t’offrir de tout mais …

Je haussais les épaules, honteuse, et je sentais mon cœur se disloquer, se ratatiner au fond de ma cage thoracique. Je ne voulais pas le blesser en le repoussant même si je savais que le laisser espérer quelque chose entre nous à cet instant était encore plus cruel. L’égoïsme de la situation me frappa de plein fouet et me laissa un moment sur le carreau. Je lui disais tout ça parce que ça m’ôtais d’un poids trop lourd à assumer. Tout ça pour mon propre confort. Pathétique. Je me pris le visage dans les mains en espérant que ce geste apaise un peu le feu qui brulait mes joues. Je me levais d’un geste rapide et souple. D’un coup, sa proximité m’étouffer. Je fis un vague geste de la main, tournant en rond, incapable de me calmer.

Désolée… Excuse-moi...

Et plus j’essayé de me contenir plus la panique me faisait perdre les pédales. Mon cœur sprintait dans ma poitrine puis se stoppait comme si j’avais loupé une marche d’escalier, ma respiration devenait difficile, je me sentais comprimée, oppressée, tiraillée … Les larmes arrivèrent toute seule et se mirent à rouler sur mes joues, grosses comme des œufs de pigeon. Je me pinçais l’arrête du nez comme à chaque fois que l’émotion me submergeait mais rien n’y fit.

Elle chuchota.

"- Hector… Je suis désolée. Je me comporte d’une mauvaise manière avec toi. Pour moi, il n’y a aucune ambigüité. Je t’apprécie beaucoup mais comme un ami. Je m’excuse si ce que je dis ou ce que je fais porte à confusion. Je te soutiendrais, je t’appuierais. Je serais ta meilleure amie si tu le veux. Mais plus, je ne peux pas. Tu possèdes un cœur en or. Et j’aimerais pouvoir t’offrir de tout mais … "

Hector ressentit du trouble à ces paroles. Ses sentiments à lui étaient confus. Mais il ne pensais pas être amoureux de cette jeune fille. Mettre au clair les choses entre eux ne pouvait qu'être bénéfique. Alors pourquoi être troublé ?

Le garçon secoua la tête et essaya de se recomposer. Le temps qu'il recouvre ses esprits elle pleurait. Il ne savait pour qu'elle raison elle s'excusait. Ni pourquoi elle pleurait. Mais son coeur le poussait à la consoler.

Il posa ses mains sur les épaules de Loélia puis colla son front au sien, pour que leurs yeux soient juste face à face.

- Tout va bien mon amie, ne pleure plus.

Son sourire était encore faible mais non moins sincère. Hector semblait rayonner d'une paix intérieure qui ne l'habitait pas quelques secondes auparavant. Son sourire se fit plus franc à mesure que les secondes s'écoulaient et ses yeux se mirent à sourire également.

- Tout va bien.

Le garçon resta là, attendant que Loélia se reprenne et oublie les soucis qu'ils s'étaient donnés mutuellement.

Dans un brouillard humide , je vis Hector se lever et venir vers moi d’un pas mesuré, tenu, comme si il avait peur quand allant trop vite, je m’enfuis en courant. Ce que je fus tenté de faire un instant mais mes jambes étaient incapable de répondre aux sollicitations de mon cerveau. Il posa ses mains sur mes épaules. Chaleur. Douceur. Apaisement. Son front collé au mien. Plénitude. Absence de larmes. Il scrutait mon regard à la recherche de quelques choses tout en me parlant d’une voix calme et rassurante. Je posais ma tête contre sa poitrine, mes cheveux balayant mon visage. Deux soupirs. Sa peau chaude contre la mienne. Entre deux reniflements et deux caresses pour chasser les larmes, une tentative de ré apprivoisement du sourire :

J'aime être avec toi parce que je ne m'ennuie jamais. Même quand on ne se parle pas, même quand on n'est pas dans la même pièce, je ne m'ennuie pas. Je ne m'ennuie jamais. Je crois que c'est parce que j'ai confiance en toi, j'ai confiance en tes pensées. Tu peux comprendre ça ? Tout ce que je vois de toi et tout ce que je ne vois pas, je l'aime. Pourtant je connais tes défauts. Mais justement, j'ai l'impression que tes défauts vont bien avec mes qualités. Nous n'avons pas peur des mêmes choses. Même nos démons vont bien ensemble ! Toi, tu vaux mieux que ce que tu montres et moi, c'est le contraire. Moi, j'ai besoin de ton regard pour avoir un peu plus de... de la matière ? Comment dit-on ? De la constance ? Quand on veut dire que quelqu'un est intéressant à l'intérieur ?

Je ne trouvais plus mes mots. Que m’arrivait-il ? Et ces paroles ? D’où venaient-elles ? Elles étaient justes mais résonnaient en moi comme une certitude. Pas comme une bride de pensée propre à moi-même mais comme une vérité universelle. Je me tus. Me concentrant sur la respiration de mon ami. Les battements de son cœur. Je posais ma main à plat sur son torse. Boum-Boum. Boum.Boum. Boum-Boum. Rythme. Mélodie. Calme. Je fermais les yeux. Guérison. Quand je les rouvris, la lune inondait la pièce de toute sa splendeur. Il était l’heure. Me reculant de quelques pas, le bras tendu vers Hector …

Il est peut être temps d’aller se coucher …

"- J'aime être avec toi..."

Douce musique que ces mots. Si Hector n'avait pas intégré les mots de Loélia un peu plus tôt dans la conversation il aurait pu se laisser bercer par eux jusqu'à se perdre pour elle. Il se rendait compte enfin que ce qu'il éprouvait pouvait facilement passer outre l'amitié. Mais, pour ne pas indisposer Loélia, il tiendrait la bride à ses sentiments. Hector serait l'ami qu'elle voudrait, et il trouverait une âme sœur en la personne d'une autre personne. Avoir une amie c'était également bien. C'était bon.

Mais elle l'aimait vraiment beaucoup pour une amie si on se fiait à ses dires. Alors peut-être qu'il pourrait y avoir de l'espoir ? Peut-être prendrait-elle conscience de la nature odieuse de Caleb. Mais l'amour est aveugle disait-on. Il était parfois aussi passager. Hector vivrait et prendrait ce qu'on voudrait bien lui donner.

- J'espère que tu penseras toujours cela de moi pendant longtemps. Sache que je me sens bien également à ton côté. Et j'espère que nous resterons amis pendant longtemps.

Il lui souriait.

"- Il est peut être temps d’aller se coucher… "

Elle tendait la main. Elle avait changé d'avis sur ce qu'elle avait pu dire dans la bibliothèque. Ce geste était peut-être inconscient mais il plu au garçon.

Hector saisit la main de Loélia en lui souriant. Il goûta le chaud et agréable contact de la main de son amie.

- Oui, tu as raison il est temps.

Puis il l'emmena vers les quartiers des Poufsouffle où ils se reposeraient en attendant de voir une nouvelle journée se lever sur leur amitié...

FIN

» Marche brumeuse..
» *Couloir* Ne t'engages pas sans connaitre les risques, mon ami. [PV Hector]