I'm aching for You ... If You tell me I Love You (PV Corwin)-

-Je ne sais plus quoi dire.

Une discussion avait précédé, une décision devait être prise.
James avait entraîné Corwin dans la forêt pour une raison précise ce soir là et pourtant il ne parvenait plus à discerner s'il avait vraiment agit dans un but précis où si c'était encore son éternel besoin de l'avoir près de lui qui les avait conduit tous deux ici. Souriant au garçon, James avait passé cinq bonne minutes à lui expliquer que les choses pour lui allaient changer et qu'il devait s'y préparer. Mais comment lui faire comprendre ce qu'il voulait réellement ? L'entraîner avec lui dans le noir, vers une voie dont peu réchappait. La voie du mal, la voie du non retour, comme on dit. James en avait assez de cacher ce qu'il entendait vraiment faire, aussi il avait joué cartes sur table.

-Je ne suis pas un être bon Corwin, tu le sais. Mes projets sont aussi noirs que mes pensées. Et pourtant tu continues de me suivre. Je te dois la vérité ...

Il était assis plus avant, sur une vieille souche.
Se relevant, il se tourna vers son ange, son oiseau et lui saisissant le visage de la main gauche, il apposa ses doigts et sa paume sur la joue de son convoité, aimé protégé. Descendant lentement, il avança pour la placer dans son dos et le ramenant avec délicatesse contre lui, il avait déposé un doux baiser sur ses lèvres. Corwin l'avait vu revenir d'entre les morts en Chine, à présent il devait se douter que James n'était pas humain et l'heure était venue de dire la vérité sur sa naissance, son origine.

-Je ne peux hélas te dire ce que je suis, car le mot m'est imprononçable. Mais tu peux le prononcer pour moi.

Et le reflet se mis à devenir trouble, s'effaçant vaguement pour reprendre ensuite sa consistance. Le Jour J était proche et ils allaient devoir faire preuve de beaucoup de courage et d'entraide si tous voulaient en réchapper. James était désolé, mais Corwin avait malgré lui était entraîné dans cette bataille, du simple fait de leur amour. Mais ce qui inquiétait alors James, c'était de savoir si son amant renoncerait à eux pour une cause qui lui semblerait, à tort, bien plus juste que cette dernière ...

-Je ne peux pas mourir parce que je n'existe pas vraiment. Je ne suis qu'une ombre. Une ombre dont tu es tombé amoureux. Une Ombre qui t'aime de tout son être, qui t'appartient ... Pour toujours.

Avait-il dit, toujours près de lui.
Les nouvelles avaient toutes été mauvaises ces derniers temps, mais James avait l'habitude de cette vie sans joie. Mais ça, c'était avant de connaître Corwin. Si le serpent ne pouvait un jour être un véritable humain, il l'était pour ce qu'il ressentait envers ce garçon qui l'avait trouvé. Et en ça il n'était plus Jimy Raven. Peut être que grâce à cet amour, son indépendance lui serait offerte. Peut être que l'amour avait vraiment le pouvoir de le libérer de ses chaînes ... Mais cela exigeait que Corwin accepte de le suivre et après la Chine où il avait pu voir la véritable noirceur de James, le garçon craignait que son oisillon l'abandonne. Il lui tendit la main.

-Restes avec moi ... je t'en conjure.

Ils n’étaient que deux ombres sous la lune. L’une plus que l’autre. En le rencontrant, il avait tout de suite vu que James n’était pas comme les autres. En partageant un laps de temps dans les bains avec lui, il avait su que James était une personne dangereuse. En se liant à lui durant la nuit au club, il avait su qu’il pourrait lui-même se sacrifier pour le retrouver. En Chine, il avait su alors qu’il l’aimait.
Et à présent ils étaient, de nouveau, seuls, juste tous les deux. Deux âmes aimantes et déchirées, s’emmêlant, tournoyant l’une autour de l’autre, glissant tendrement vers un avenir sombre.

Il se tenait tout contre lui, le serrant fort. La peur lui vrilla un instant l’esprit ; il ne désirait pour rien au monde ressentir à nouveau cette douleur de le perdre. Après sa mère, James était devenu ce qu’il chérissait le plus au monde, et ne pouvait se résigner plus longtemps à renier l’amour né, au plus profond de lui. Il sentait aussi l’angoisse perler dans la voix douce. Ses paroles chevrotantes, hésitantes, trahissaient son émotion, et la peine l’accaparant.
Il souffrait. Corwin le sentait. Il renforça son étreinte, calmant les légers tremblements envahissant le corps de son aimé.

- Respire…Je suis là je ne vais pas partir.

Le torse collé contre son dos, il le couvait, l’enveloppant d’une aile aimante, chaude et protectrice. Il caressa un moment le cou clair de son phénix du bout du doigt.

- J’ai toujours su que tu n’étais pas comme les autres James…dés la première fois que nous nous sommes vus. Tu m’as tout de suite…fasciné à vrai dire. Et tu ne cesses de hanter mes rêves, encore aujourd'hui.

L’oiseau déposa un baiser dans la chevelure sombre aux notes parfumées de boisage. Il inspira, s’imprégna de l’odeur s’en dégageant, inhalant jusqu’à ne plus sentir que l’essence de ce corps.

- Je ne veux pas te laisser. Je n’en suis pas capable. Et même si je l’avais été, je ne l’aurais voulu pour rien au monde. Rien tu m’entends ?

Son visage se fendait de la plus grande sincérité du monde. Ces mots coulaient de vérité, et ne souhaitaient qu’embaumer d’un voile d’amour le cœur de James.

Le vent se leva quelque peu, malmenant leurs mèches et les pans de leur veste. Dans les hululements du souffle, Corwin réfléchit. Sa hantise était de le voir s’évaporer, ne plus pouvoir le sentir contre lui. Qu’il disparaisse. Mais après la discussion qu’il avait eu avec Caleb, il savait que James se révélait être aussi membre de l’ADT, et cela, il s’était bien gardé de lui en faire part pour le moment.

Si je veux te garder, je vais devoir faire beaucoup de choix…difficiles…

Mais avant de prendre une quelconque décision, il devait savoir.

- James…Il faut que nous parlions de certaines choses…maintenant. J’ai vu Caleb l’autre jour, et il m’a parlé de…l’ADT.

Le silence.

- Qu’attends-tu de moi ? Pourquoi me vouloir dans votre organisation ? Il faut que tu me répondes, sincèrement.

Il posa un nouveau baiser sur sa joue.

-Corwin ... Ce n'est pas "l'organisation" qui m'intéresse ... Je t'aime pour ce que tu es et c'est moi qui aie besoin de toi. Depuis que je te connais, je ne me sens plus la force de faire les choses si tu n'es pas là pour me tenir la main et ...

Il prit un air plus sombre.

-Je mourrais de ton absence. Tu comprends ?

Ajouta-t-il en déposant encore un tendre baiser sur les lèvres de Corwin.
Pourtant il savait que son ange avait déjà eu maintes tentations de l'abandonner. Mais il revenait. Pourtant James se sentait-il vraiment la force de supporter inlassablement l'inquiétude de le savoir vacant ? Il aurait besoin de stabilité à l'avenir car ce qui l'attendait lui demanderait beaucoup de force et de maîtrise. Se plongeant dans son regard, abrités sous les arbres immenses de la forêt, James regarda un moment autour d'eux, s'assurant qu'il pourrait parler sans gêne, ouvrir son coeur sans risques. Laissant balancer sa tête sur l'épaule de l'oiseau qui le recouvrait de ses ailes, il parla le plus solennellement du monde. A l'évidence, on avait eu tort de ne lui prêter aucun sentiment.

-L'ADT n'est pas encore à nous. Il va y avoir un combat ... Dangereux, durant lequel nous allons chasser les leaders de cette organisation. J'en ai besoin pour mener mes projets à bien et je ne laisserait personne s'interposer. Caleb t'a peut être donné l'impression de vouloir te recruter par intérêt, mais ce n'est pas ce que moi j'entends faire.

Puis il regarda les étoiles qui brillaient malgré les touffes en batailles des feuillages noirs. Cette nuit était d'augure à la confidence et il savait que sans imprudence, il cèlerait cette nuit une nouvelle page de son livre de vie. Mais Corwin accepterait-il de courir tous les risques ... ?

-Djaniah ... Kurun. Tu dois les oublier. Si tu es avec moi Corwin, tu ne pourras être avec elles. Et j'ai envi de dire ... Que c'est un peu trop tard. J'ai besoin que tu te donnes à moi corps et âme pour garder la force dont je vais avoir besoin. Je veux me séparer de Jimy, par tous les moyens mais il ne m'aidera que si je détruit son univers, fondement après fondement. Car seule une envie assez forte de se couper de moi pourra me libérer.

Puis il avança un argument qui serait sûrement plus convainquant aux oreilles de son oisillon devenu aigle en ces instants.

-Je ne pourrais être à toi tant que je serais à lui ...

Mais Corwin voudrait-il bien entendre ? Il était déjà tant influencé par les auras des autres. Pourtant James voulait croire qu'il y avait en lui une vraie personne, une âme qui ne se sustentait pas seulement de l'approbation futile des autres. Un être entier prêt à assumer son amour, ses convictions. James voulait lire en lui cet être fort, le connaître. Mais Corwin était-il seulement capable d'avoir cet aplomb ? En cet unique témoignage, plongé, lové dans ses ailes protectrices, le serpent voulu croire qu'il y avait une véritable issue pour leur amour.

-J'ai besoin que tu me dises ...

Et à cette hésitation il se tourna dans les plumes de son oiseau.
Le fixant droit dans les yeux, face à lui et dans toute la force de sa volonté, de son désir, il posa une main à la base de son crâne, soutenant sa nuque et approchant ses lèvres, il déposa un énième baiser sur les siennes. La peur se lisait dans ses pupilles, la peur de le voir fuir, alors pourtant que jamais il ne lui avait tourné le dos. Susurrant, tremblant d'amour et de passion, juste de passion, il sentit son coeur s'emballer avant de formuler son ultime requête, la plus importante de toute.

-Dis moi que tu m'aimes.

Et il resta en suspend.
Corwin avait devant lui une seule chance donnée de franchir la ligne, de se mêler à son reflet pour toujours. Mais prendrait-il ce risque ? Même en sachant qu'il pourrait finir par en mourir lui aussi ? Accepterait-il de pimenter son jeu, de devenir dominant alors qu'il fut dominé ? Serait-il un illusionné gentil garçon, ou un clairvoyant méchant enfant ? Si le diable ne l'avait pas enfanté, il avait pourtant le choix de le rejoindre sous les étoiles. Qui était le mal ? Le Vrai ? Cette personne, qui passant ses mains autour de son cou abusait de lui en le recouvrant d'illusions et en le noyant dans une eau trouble ? Ou ce serpent, cet être si sombre mais qui se donnait pourtant sans la moindre hypocrisie ? Corwin choisirait-il la voix des faux semblants ou la réalité d'un amour passionné pur et sincère ?

Te dire que je t’aime…

Il releva le menton de James du bout du doigt, dardant ses yeux d’un regard impassible. Son visage se ferma, mais laissa vite place à un sourire de coin.

- Te dire que je t’aime ?

Il laissa planer le doute un instant, juste pour se délecter de l’expression qui viendrait en reprenant la parole. Il en profita pour admirer une fois de plus les traits fins de son phénix. Il l’obsédait, au point de perdre toute notion de ce qui les entourait ; les arbres plongés dans la noirceur, leurs visages baignés par la profondeur du calme environnant, la lune pâle pour seule lumière. Seuls. Seuls dans l’immensité de leur amour et de la nuit. Il rapprocha le visage blême du sien.

- La réponse me semble évidente mon petit serpent. Je t’aime.

Il posa ses lèvres froides sur le front à portée. Un baiser tendre, plus significatif que tout ce qu’il aurait pu donner. Mais il était temps à présent pour l’oiseau de décider. James lui avait posé ce qui ressemblait fort à un ultimatum ; s’il le choisissait, il l’aiderait, serait une partie de la prochaine génération de l’ADT. Il serait à jamais avec lui. S’il décidait de refuser cette proposition, il ne verrait sans doute plus jamais ce visage aimant qu’il avait entre ses doigts, mais la face cruelle, emplie d’un mal profond qu’il avait connue dans la salle des bains. Il savait que leur amour pourrait être détruit aussi vite qu’il était apparu, si James en décidait ainsi.

Corwin fut soudain pris de tournis sous le poids de ses pensées. Il s’écarta et s’assit contre un arbre à l’écorce abimée. Il prit de grandes inspirations, tentant de retrouver au mieux ses esprits. Beaucoup de questions l’accablaient d’un coup. Il était encore une fois perdu dans les méandres du cogito. Une multitude de possibilités s’offraient à lui.

Mais laquelle est la bonne ?

Ca il n’en savait rien. Malgré cela, son cœur penchait directement pour la première option s’offrant à lui : le rejoindre, à jamais. Il voulait, il désirait plus que tout rester à ses côtés, et c’est ce qu’il pourrait se passer.
James le rejoint, inquiet de voir l’oiseau aussi malmené par ses sentiments. Corwin leva la main, passant devant le visage de son aimé, ses doigts descendant sur les lèvres, emportées par le mouvement. Puis il la redescendit.

Je dois me décider…

Il se concentra de nouveau, et attrapa alors James par les pans de sa veste, le ramenant en face de lui. Les yeux de Corwin s’étrécirent, s’embuant légèrement. Sa bouche tremblait, et son cœur battait à tout rompre. Sa voix se fit bégayante.

- Je…je te…veux toi, James. Je t’accompagnerai quoi qu’il en coûte. Je t’aime !

Sur ces paroles, il prit James dans ses bras et le serra fort. Vraiment fort. Une larme dévala le long de sa joue, sa lèvre, apportant une note salée à sa bouche déjà sèche.
Il l’avait choisi lui. Il avait choisi l’ADT. Il avait choisi une voie de non-retour, et peut-être l’une des plus dangereuses et des plus…terrifiantes.
Il savait dorénavant qu’il ne serait plus jamais le même. Il deviendrait quelqu’un d’autre. Et sans doute pas le garçon bon que les gens avaient l’habitude de voir. Non. Une voix lui soufflait que la noirceur l’envahirait, imprègnerait une partie de son âme, une partie de son cœur. Il le sentait.

D’autres larmes coururent, se mêlèrent dans les sillons déjà tracés. Des larmes d’amour pour son phénix qu’il serrait de plus en plus fort, et des larmes de peur. Elle s'insinuait de plus en plus. Corwin était effrayé. Effrayé de voir celui qu'il allait devenir.

Je t’aime James…

- Love Theme -

Il se mit à frémir.
Entièrement, depuis ses entrailles jusqu'au moindre recoin de son regard, il transpira alors d'inquiétude. Pourquoi Corwin laissait-il autant le reflet espérer ? Pourquoi être si long et hésiter de la sorte ? Doutait-il à ce point de leur amour ? Et si en fait il n'éprouvait rien ? Lorsqu'il se détacha de lui, James resta un moment figé, partagé entre diverses émotions, déchiré, trimballé de gauche à droite, tantôt par l'envie de vomir son stresse, tantôt par une peur dévorante qui risquait de le conduire à sa jeter à ses pieds pour le supplier, inexorablement. Mais James était-il quelqu'un qui supplie ? Ce serait tellement indigne de lui qu'il s'en garderait, qu'importe la réponse. Car en amour l'honneur personnel doit rester sauf. Se préservant donc d'être trop expansif, il déglutit simplement et conserva ce même regard tétanisé en s'approchant de lui. Il voulut recommencer à Parler mais Corwin le fit taire et il s'emporta alors lui même dans la voie de la crainte pour lui divulguer enfin l'amère passion qui animait son être, la dépendance dont il s'était lui même rendu victime. Il s'avouait vaincu face à la force de ses sentiments. James se sentit emporté lorsqu'enfin il prononça les mots fatidiques et sans qu'il ne puisse s'en garder cette fois, il se mit à larmoyer, à pleurer ... Le visage le plus sincère du monde. En cet instant James n'était pas mauvais, il était comme tout un chacun face à la plus belle découverte du monde, ému, amoureux ... Mais contrairement à ce que la fougue aurait dicté, il ne se jeta pas sur son aimé, préférant s'adosser à l'arbre à son tour, assez large pour eux deux. Posant délicatement la tête sur l'épaule de Corwin, il lui pris le bras et le déroula contre son torse jusqu'à attraper sa main. La serrant de toutes ses forces, il continua de pleurer en silence, ne sachant tout simplement quoi lui dire. Il était néanmoins pris d'une certaine inquiétude face au tourment de l'aigle qui semblait battu. Etait-ce si douloureux pour lui de reconnaître leur lien ? Cette passion qui les unissait depuis toujours ? Depuis leur première rencontre au parc ...

-Je pourrais rester là, contre toi, attendant le jour, regardant les heures passer jusqu'à ma mort ...

Puis il soupira.
C'était dit. Quelle serait la prochaine étape ? L'épreuve qui les attendrait ensuite ? Leur amour avait indéniablement germé, de leur passion une fleur s'était ouverte et elle était belle, colorée, odorante ... Un parfum particulier, celui de l'incertitude. Car de quoi serait fait demain ? James qui avait semblé soulagé se reprit à s'inquiéter. Il n'avait pas pensé ressentir ce vide alors pourtant qu'il venait de réceptionner le plus beau des cadeaux. Ouvrant l'une de ses mains devant lui, il la fixa sans cesse, se demandant si le fait de pouvoir la regarder faisait de lui quelqu'un de plus réel, si le fait d'aimer lui offrirait vraiment l'absolution ? Il était condamné, il se savait condamné mais en cet instant qui se devait d'être heureux, il ne pouvait l'avouer. Corwin s'était exposé à trop de risques, trop de malheur allait le poursuivre dans la voie qu'il avait choisi. Malgré tout, James savait que la puissance de leur lien comblerait tous les vides qui les prendraient à l'avenir. Car aujourd'hui ils n'affronteraient plus ces épreuves seuls.

-Je t'aime ...

Murmura-t-il enfin.
Il n'avait pas pu le dire, pas pu le consolider dans la salle sacrificielle, il y a une lune de cela. Il n'était pas parvenu à trouver le courage de le lui répéter. Mais cette fois il s'était senti prêt. Il abandonna toutes ses inquiétudes pour ne pas gâcher cet instant. Tournant la tête de Corwin vers lui, il fit une moue désolée. Quand James était triste et inquiet, quand il était touché, un plis sous ses lèvres était apparent, lui faisant arborer un grain d'expressivité relativement palpable. Son regard par en dessous, brièvement dissimulé par les traits fins de ses sourcils reflétait autant d'étoiles qu'il y en avait alors dans le ciel. Éclairés par un rayon de lune, James avait presque l'air d'une pureté sans borne à ce moment précis. Une brise vint relever ses cheveux bruns aussi raides que d'ordinaire. Et clairsemés de mèches d'argent, ils se mirent à scintiller, comme pailletés. Sa peau laiteuse elle aussi semblait sans défaut, fluorisant également sous l'impact du rayon lunaire. Il était à la fois si noir et si blanc ... Un ange noir.

-Je veillerai sur toi, au prix de ma vie s'il le faut.

Et sans attendre, il posa ses lèvres sur les siennes.
Mais cette fois, ça n'eut rien à voir avec le reste. Dans la délicatesse la plus infime, dans la passion la plus brûlante, il lui donna un premier vrai baiser d'amour. Lui caressant la joue en même temps, il s'égara dans leur étreinte. Du bout de ses lèvres, un feu magnifique émana de lui et les recouvra lentement tous deux. Mais Corwin ne brûlait pas. L'émeraude des flammes de James vira au bleu, un bleu passionné, aussi profond que l'océan. Alors que le contact tactile de ses doigts avec les tempes de son aimé lui échappa, il enfonça dans les pensées de Corwin quelques souvenirs qu'il ne réalisait pas être en train de lui offrir. Ce que vit alors l'oiseau n'était en rien comparable avec de futiles illusions, ou avec un balai dans lequel les danseurs n'étaient que des marionnettes. Dans l'esprit de James, le Serdaigle perçut la seule source véritable de leur essence à tous. Un monde de lumière, une lumière si puissante qu'on ne discernait presque rien d'autre. Et une mélodie agréable, une brise plus fraiche que nulle part ailleurs ... Un sentiment de liberté, de légèreté. Et pendant qu'ils scellaient tous deux leur amour, James n'avait pas perçu l'approche d'un nouvel obstacle. Obstiné, obligé, il continuait d'embrasser Corwin à bout portant, lui offrant le réconfort dont il avait besoin. Malgré leur lien, malgré les flammes, ce parasite hors du commun parvint à les atteindre. Toujours immergé, enivré par leur passion, James ne sentit pas tout de suite le mal qui rongeait son aimé, lui même perdu entre deux réalités ... Mais leur baiser se fit lentement empoisonné et les veines du visage de son bel amour se noircirent lentement, répandant un froid en lui qui fit vaciller James. Il le sentit lui échapper, se dérober sous le coup de leur amour.

-Corwin ?

Finit-il par s'inquiéter.
Fixant le garçon, il vit lentement son regard s'éteindre. Il le vit peu à peu fermer les yeux. Derrière lui, une tarentule de la taille d'un lion se dressa, tirant son bien de ses pattes velues. Cette créature allait tenter de couper le fil de la vie, après l'avoir enveloppé dedans pour le dévorer. Il avait été piqué, paralysé ... Sans même le sentir. Se reculant d'un coup, James se débattit, il se mit à hurler de toutes ses forces. Lançant la main en avant, il fit s'enflammer la bête qui se mit à pousser des couinements stridents, le dard gesticulant en tout sens, illustrant sa douleur. James intensifia le feu, les lèvres pleine de venin, noires ... Hurlant encore et toujours il finit par en venir à bout et se jetant sur le corps emmailloté de son aimer, il le dégagea de sa substance collante.

-Tiens bon, ça va aller ! Ca va aller !

Cria-t-il, en sanglot.
Mais déjà la meute les entourait. Fixant les araignées religieusement postées, prêtes à se jeter sur eux pour les dévorer, il agita les bras en tout sens criant sa haine, prévenant que de son vivant, personne ne toucherait à son aimer ! Jamais ! Allumant deux sources de feu à ses côtés, il se posta, prêt à danser avec ses ennemis, prêt à les tuer, un à un, le corps de Corwin derrière lui.

-Si vous le voulez, il faudra me passer sur le corps !

Et elles chargèrent ...

(- Jamais plus -)

James l’embrassa de nouveau, resserrant encore leur lien. Corwin se gorgeait de cette passion, puisait en l’amour de son compagnon, lui renvoyant mille fois ce qu’il lui avait donné si ardemment. Ses doigts volaient, allant ci et là, triturer les mèches brunes, glisser contre les pommettes saillantes et maintenant enfiévrées.
Leur étreinte dura. Corwin serrait du plus qu’il pouvait le corps longiligne entre ses mains, pressant les lèvres avec vigueur, tentant d’entrer en elles, d’y rester pour une éternité.

La chaleur se répandait de plus en plus en lui. A travers ses paupières qu’ils venaient d’entrouvrir, il vit les flammes verdâtres, brillantes, étincelantes, voguer le long de sa main, couvrant peu à peu l’ensemble de son bras, puis son corps entier. Fermant à nouveau les yeux, il sourit sous l’assaut d’une nouvelle embrassade, et se replongea dans une contemplation intérieure de son amour pour l’être se lovant contre son torse.

Une piqure.

- Gggh…

Un froid intense s’insinua en lui. Une pointe avait surgit dans le bas de son dos, une vague glaciale suivant. Son visage se figea. Ses traits devinrent marbre brut, pâles, cadavériques. Ses lèvres stoppées dans leur élan demeurèrent entrouvertes. Ses tempes se couvrirent de veines virèrent à un bleuté frais, myriade de bras, assaillant au fur et à mesure l’ensemble de sa figure.
Il ne comprit pas. Ne put penser quoi que ce soit. Il put juste voir une dernière fois le visage alors angélique de James. Ses paupières se firent lourdes, et il ne réussit qu’à conserver une image floue de ces yeux qu’il aimait tant. Cette fois, c’était à son tour de l’abandonner. Et peut-être à jamais. Il n’avait même pas eu l’occasion de lui souffler à nouveau l’amour qu’il lui portait.

Son corps se figea totalement. Il s’écroula contre la souche. Il s’en allait. Loin. Très loin.

Je…t’a…

L’obscurité l’envahit, ne laissant plus de l’oiseau que son corps envenimé, froid pour l’éternité.

- Musique de la passion du mal -

-Bonsoir ... Atanys.

Avait-il sifflé entre ses dents.
Le regard fou, meurtrièrement fou. Il se mit à sourire, laissant éclater ses dents sous les reflets d'argent de la Lune. Il s'approcha de la brunette, encore jeune, si fraiche. Elle se lovait souvent dans ces cavernes miteuses des montagnes pour y converser avec ses amis détraqueurs. Mais Voldemort n'était pas obligé de les supporter. Lançant un patronus des plus puissant, il les fit fuir à la volée, les regardant se bousculer pour abandonner, pour révéler à lui leur maîtresse. Futiles gardes du corps. Qui étaient-ils face à un Lord ? Prenant l'enfant par le cou, il l'avait plaquée avec violence sur les dalles froides de son antre, enfonçant à peine sa baguette dans la chair tendre de sa gorge, lui faisant comprendre qu'il n'était pas satisfait.

-Tu sais pourquoi je suis ici, n'est-ce pas ?

Et il se mit à sourire.
Depuis qu'Ellana l'avait informé que Jimy Raven, l'intouchable et énervant petit élève de Poudlard s'était offert un reflet, il n'avait plus eu en tête que d'y faire un tour pour le vérifier. Si c'était bien vrai, et il valait mieux pour son bras droit, il aurait alors enfin une chance de le tuer, pour de bon et cette fois, Atanys allait l'aider. La reposant sur le sol, il lui tourna le dos, face à la sortie. Dehors, deux de ses fidèles attendaient avec lui, le masque au visage. Il n'aimait pas pouvoir les différencier quand ils étaient sans importance. Et même quand ils en avaient. Claquant sa langue au palais, il continua sa tirade.

-Tu vas me mener au reflet, nous allons avoir une discussion, lui et moi. Et quand ce sera fait, je reviendrai pour tuer Raven. Et tu sais mon enfant ? C'est toi qui va orchestré tout ça ...

Il n'ajouta rien de plus, lui lançant un regard de mépris, de dégoût et sans guère plus prendre le temps de grimacer, il lui fit signe de le suivre.

-On y va à présent.

Une nuit magnifique pour une ballade en pleine forêt interdite, dans l’enceinte même de Poudlard mais hors de portée de la protection de Dumbeldore. Le seigneur des ténèbres avançait vite, n’accordant aucun regard à ses suivants il marchait sans se préoccuper des obstacles qui lui barraient la route. Il aimait ce sentiment que lui conférait l’obscurité grandissante et le silence morbide qui entourait ce lieux. A ses côtés des pas précipités lui rappelèrent qu’il n’était pas seul. Il lança un bref regard à la gamine qui tentait de le suivre.

-Que cela te serve de leçon, la prochaine fois je ne serai pas si clément envers toi, peut importe ce que tu es ou bien représente. Je ne veux qu’une chose et tu vas m’aider a l’obtenir.

Aucune réponse, très bien. Il n’aimait pas être interrompu alors qu’il se plongeait dans ses pensées. Oui le sombre Lord aurait ce qu’il désire, peu importe le prix à payer pour ça, des sacrifices il en avait déjà fait pour arriver à ses fins, un de plus ou un de moins ne le changerait plus désormais. Ses yeux d’habitude sans vie brillaient ce soir d’une lueur de folie intense, deux brasiers qui illuminaient son visage reptilien, le maître dans toute sa splendeur, celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom était bel et bien de retour, plus puissant que jamais. Qui pouvait encore s’opposer a lui ? Personne si ce n’est un vieillard et un tout jeune homme, le premier succomberait avec le temps, le second aurait l’insigne honneur de trépasser de sa propre main. Des nombreuses créatures de la foret interdite nulles n’étaient plus dangereuses que lui. Et il allait le faire savoir à tout ceux qui pouvait encore en douter.

Un bref sourire se dessina sur ses lèvres pour disparaitre aussitôt. Des araignées minuscules courraient le long des troncs d’arbres, des cris et des cliquetis venaient de déchirer le silence. Nul doute que les acromentules étaient en période de chasse. Allaient-elles se régaler de la chair tendre d’un innocent ? C’était sans compter les plans du sombre seigneur. Il tira sa baguette de sa manche, le contact de ses doigts sur le bois d’if lui procura une sensation agréable de toute puissance. Lentement il s’avança vers l’épicentre de la bataille. Les acromentules avaient fait du bon travail, même s’il leur préférait les serpent Lord Voldemort appréciait également ces créatures aussi impitoyables et sanguinaires qu’une armée bien dressée. Hélas pour elles il allait devoir les éliminer s’il voulait que ces plans aboutissent.

-AVADA KEDAVRA !

Le sortilège de la mort fusa dans tout les coins, tuant des dizaine de monstres, il maitrisait sans peine la puissance de son sort que des années d’expérience lui avait permis de perfectionner. Petit a petit les créatures tombèrent mortes, un spectacle dont il jouissait intérieurement sans qu’aucune émotion ne transparaissent sur sa peau glaciale. Il se fraya ainsi un chemin de cadavre pour arriver devant le couple.

-Hé bien, qu’avons-nous là ?

Il contourna celui qui se trouvait debout pour se pencher vers l’agonisant.

-Il n’en a plus pour très longtemps a vivre, comme c’est dommage. Bientôt il cessera de respirer, ses muscles se raidiront un a un pour finalement l’entrainer vers la plus lente et douloureuse des morts.

Ses mots tombaient un a un aussi durs et blessants que des poignards.

-Quel dommage, oui quel dommage.

Puis il éjecta James d'un simple geste de la baguette, le plaquant avec violence contre le tronc qui les avaient porté avant leur malheur.

-Mais je peux changer ça ... Je ne suis pas si méchant.

Disait-il, avançant la mâchoire, accentuant ses fins de mots à chacune de ses manipulatrices paroles.

-Si tu m'aides en retour, je peux le sauver.

Il se mit alors à sourire de toutes ses dents.

-Mais décides toi vite ...

- Air de celui qui va se sacrifier -

Le choc fut violent ... Inattendu ...
James sentit son dos craquer au contact du tronc, l'écorce lui déchirant la peau en pénétrant ses vêtements. Poussant un gémissement de douleur, il ne put se défaire de l'étreinte, sa baguette s'étant échappée de ses doigts sous l'impulsion. Mais les araignées étaient mortes ... Fixant Corwin avec attention, il sentit son coeur battre à la chamade. Et lorsque les premiers mots sifflants vinrent heurter ses oreilles, il réalisa qui était devant lui. Il ne pourrait pas lutter contre le Lord, déjà proie, peut être victime. Voldemort, l'homme, ou ce qu'il en restait, le plus redouté de tous les temps. Meurtrier, sans pitié, sans égal de cruauté en ce monde. Plus encore que ces pauvres araignées qui l'avaient privé de son bien le plus précieux, le coeur de son amant. Sanglotant, il sentit la détresse remonter à grand pas. Les deux mains à sa gorge serrée, il tentait de se défaire d'une corde invisible qui lui coupait le souffle. Il entendit d'abord quelques paroles dans le vague, brouillées, peu claire. Il semblait qu'on se moquait d'eux, que le chef des ténèbres trouvait un malin plaisir à cette situation. Quoi de moins étonnant ? Levant les yeux au ciel par dépit, il reçut le vrai coup de couteau lorsqu'il reconnut le visage d'Atanys. Ses traits de martyr, cette moue impassible qui la rendait si belle. Elle le regardait, sans lutter. Peut être avait-elle signé son arrêt de mort ...

-C'est donc là toute la loyauté dont tu peux faire preuve, toute l'amitié dont tu es capables ?

Lui cracha-t-il au visage.
Voldemort resserra son étreinte pour lui couper le son. James se mit à sombrer, suffoquant. Il devenait rouge, de plus en plus. Et l'arbre qui lui faisait alors si mal. Il comprit alors à nouveau ce qu'on lui disait et dans le trouble assourdissant de ses pensées, il capta quelques maigres paroles ... Mais les plus essentielles.

"-Mais je peux changer ça ... Je ne suis pas si méchant."

Il se débattit encore, encore.
La gorge desserrée à nouveau, après que le Seigneur ait formulé sa requête, James se mit à hurler de toutes ses forces, suppliant ... Mais il savait qu'il ne pouvait refuser le marché, qu'importe son contenu. Il plongea alors son regard dans celui du mal, le vrai. Y admirant l'éclat du sang si fréquemment versé, il put comprendre sans peine ce que le Lord attendrait de lui ... Il voulait ...

-Jimy Raven. Vous voulez que je vous livre mon créateur.

Et s'il le faisait, il mourrait ensuite.
Jetant un regard vers Corwin, James n'eut pas l'once d'une hésitation. S'il ne faisait rien, bientôt son seul et unique amour allait mourir. Il allait le faire, oui. Il lui livrerait Jimy Raven, le laisserait l'abattre et il s'éteindrait avec lui. Acquiesçant de la tête James ne put d'abord prononcer aucun mot. Mais sachant qu'aucun serment ne pouvait être scellé sans parole, il s'efforça de la donner plus clairement.

-C'est d'accord, je vous offrirai sa tête. Maintenant ramenez le !

S'empressa-t-il, presque avec insolence.
Une fois relâché de l'emprise, James se releva avec peine, fixant le corps de son amour à nouveau. Il lui adressa le regard de la désolation, un air plein d'excuses et de promesses non tenues. Il l'abandonnerait sans hésiter plus tard si c'était pour le sauver maintenant. Alors qu'il se précipitait vers Voldemort, James tendait la main. Une brise légère vint lui caresser le visage, lui assurant qu'il prenait la bonne décision. Il n'y avait plus une minute à perdre. Les doigts écartés, il observa Voldemort effectuer le même geste. Le Serpent semblait se délecter au plus au point de cet instant, jouir intensément de la faiblesse du reflet face au destin et de sa vengeance enfin possible. Leurs doigts allèrent alors presque se toucher, inévitablement. La rencontre des doigts osseux de Voldemort et contusionnés de James fut presque violente. Il sentit en lui un flux commencer à circuler, dangereux, venimeux, destructeur ... mortel. Sous le regard impuissant d'Atanys Silver Slent, sa meilleure amie.

-Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaah !!

Cria-t-il dans la plus grande souffrance.
Lorsque Voldemort serra ses doigts, une violente onde émana d'eux, remuant la terre, la retournant. James sentit alors une force lui battre les cheveux, un tout aussi violent coup de vent que tremblement de terre. Il sentit en lui le serment se former. Mais il n'était qu'un intermédiaire. Par sa main à lui, c'était Jimy Raven qui s'engageait à retrouver Voldemort ici dans une lune pour se faire tuer ... Et vaincre James en même temps. Un tourbillon les entoura et une lumière émana de leur lien. Désormais, l'accord était scellé, le pacte avait été passé.

-Respectez vôtre parole, ou mourrez.

Et il lança un regard plein de défi à l'homme le plus craint du monde entier ...

Il se mit à rire.
Il rigola à n'en plus finir, lui le tout puissant, le diable, le machiavélique assassin, le dépouilleur de la société. Il s'était offert le coeur d'un homme aujourd'hui. Se sacrifier pour un autre ? Le Lord n'en finit plus de rire, avec tant de démence qu'il en glaça le sang à tout le monde. La langue pendue, la bouche grande ouverte, il regardait le ciel, le remerciant pour cette aubaine. Serrant les doigts de James, enfonçant ses ongles dans sa chair, il continua de laisser leur lien les électriser un temps, satisfait. Puis la rupture fut soudaine, leur pouvoir tomba aussi tôt pour retomber dans la plus grande surdité. Un peu déçu, toutefois, Voldemort s'empressa alors de fixer James, n'appréciant pas les airs qu'il prenait avec lui. Mais après tout, il pouvait bien le tolérer, si c'était là sa dernière volonté avant sa mort. Riant encore à cette pensée, il fit signe à Atanys d'approcher.

-Ma douce enfant, je crois que ton défunt meilleur ami attends de toi que tu prête main forte à ton Lord pour qu'il accomplisse son serment.

Et n'attendant pas de réponse il la fit venir à lui.
Aussi brutalement qu'il avait repoussé James. Attrapant la gorge de la jeune femme, il serra cette dernière à la limite de la briser. Une vague de flamme irradia alors, s'éteignant presque aussi vite. au sol, les courbes d'un pentagramme étaient dessinées. Amenant Corwin au milieu d'un nouveau geste de baguette, il posa le pied sur ce dernier. Fixant Atanys, il rapprocha son oreille de sa bouche et la chatouillant des lèvres et de sa langue pointue, il lui susurra quelques mots en son creux pour qu'elle réalise bien tout le mal qu'il lui souhaitait.

-Ca va être douloureux.

Puis sourire, encore.
Fixant James avec un air mauvais, il lui lança un regard plein de cruauté et agitant son arme encore, il fit aussi venir le reflet à sa main. Lui prenant la gorge aussi, il ferma alors les yeux. Relevant la tête, il se concentra, intensément. La nécromancie était une magie traitresse. Elle prenait autant qu'elle ne donnait et à chaque fois, un effort n'était pas disproportionné en terme de répercutions et de conséquences douteuses. La vie, redonner la vie ... C'est un flux qui s'inscrit dans nos gênes, dans nôtre sang. Mais un mort revenant pouvait-il offrir une vitalité qu'il n'avait pas pour ramener à ses beaux jours un enfant égaré dans les limbes ? C'est là qu'il y trouva le plus intéressant.

-Puisse la vie t'habiter à nouveau, je te la rends.

Dit-il à Corwin, interte, mort.
De son contact avec la gorge d'Atanys, une chaleur intense se dégagea et alors qu'elle souffrait d'un mal abominable, elle se sentit drainées, littéralement. Toutes les veines de son cou gonflèrent, se continuant dans le bras de Voldemort, jusqu'à sa jambes, son pied ... Jusqu'à Corwin. De son côté James possédait le feu, élément indispensable car toute vie est animée par une flamme. Alliant les deux, il créerait le cocktail vital dont le Serdaigle avait besoin. Sentant la souffrance des deux non volontaires, il se délecta de jouer à Dieu une fois encore. Le serpentard dans sa main droite s'enflamma comme une torche humaine de la tête aux pieds et aussi vite s'était-il mis à brûler que son feu avait été soufflé, absorbé aussi par les bras du seigneur qui s'était fait son maître.

-Je ... Te la ... Rends !

Cria-t-il une ultime fois.
le pentagramme se mit à irradier de la plus pure des lumières, de la plus belle des bénédictions. D'entre les morts une âme était en train de resurgir. Le cercle dans lequel ils se trouvaient tous quatre s'enflamma et de leur alliance naquit un passage. Aveuglaient, ils sentirent la détonation sourde d'un esprit frappeur. A présent Corwin allait douloureusement recommencer à respirer, il allait sentir son coeur battre comme pour la première fois. Habité par l'étreinte de son aimé, d'une mauvaise amie et d'un Roi. Voldemort relâcha ses enfants, les laissa tomber au sol comme de vulgaire poupées chiffon, vidées de leur essence. Elles se remettraient bien assez vite.

-Accomplies ton destin, James.

Et il disparut aussitôt avec ses sbires dans une nouvelle détonation, ne laissant rien d'autre que des corps épuisés et un souffle glacial ...

Si son retourneur de temps avait fonctionné Atanys aurait aimé se rendre bien loin, quitte a recroiser son double et lui dire de ne pas aller aux montagnes ce soir, de rester dans la salle commune des Serpentard et d’y rester bien sagement. Cela n’aurait rien changé car tel qu’elle se connaissait, présent ou futur, elle y serait allé quand même, une vraie tête de mule. Elle avait eu un vague frisson au début, comme une présence que l’on ne distingue pas dans le noir, mais que l’on sent roder auprès de vous, comme un…serpent ? Et deux secondes plus tard voilà qu’elle voyait arriver le grand Lord noir en personne avec deux bouffons masqués, les détraqueurs avaient été impuissant face a lui, d’une simple pichenette il les avait renvoyé, la laissant seule face à lui. Dans un sens elle ne leur en voulais pas, même ses frères chéris ont des limites, et leur influence n’aurait rien changé, cet être cauchemardesque aurait été sans doute ravi de revivre les pires moments de sa vie. Alors voilà. Elle avait été planqué au sol avec violence, elle n’osa pas lever les yeux vers le Lord, son mal de tête lui brouillait la vue en faisant remonter des larmes vers ses pupilles. Il ne fallait pas qu’on la voie pleurer, jamais, jamais.
Quand il se décida à la lâcher elle ne pouvait prononcer le moindre mot, elle était loin la sécurité de sa maison et des siens…Et que pouvait elle faire sinon le suivre ? Le seigneur des ténèbres ne supporte pas les refus et les traitres.
Elle l’avait donc suivit dans la forêt interdite, petite ombre bien fragile face aux deux colosses qui l’entouraient et à la longue silhouette qui se tenait devant elle.

Ma grande tu es dans un sacré pétrin, va falloir trouver une échappatoire et vite.

Parce que bien sûr elle savait QUI LE Lord désirait trouver, comment pouvait il en être autrement dans de telle condition, le reflet de Jimmy, ce James. Jimmy et James, James et Jimmy. Tout deux liés, tout deux sur le point de connaitre ce que la jeune fille ne leur aurait souhaité pour rien au monde. Pourtant il était bien difficile de voir quoi que ce soit transparaitre sur le visage pale de la brunette en cet instant précis, dissimuler ses sentiments, les garder enfermé jusqu’au plus profond de son être et verrouiller la porte a double tour, Héréa lui avait enseigné a ne jamais montrer ni sa peur, ni sa faiblesse et surtout de en jamais, au grand jamais montrer son affection pour quelqu’un, devenir froide et lisse comme un miroir, laisser couler sur soi les émotions. C’est pour cela qu’elle ne vit rien quand le seigneur tua une dizaine d’araignées c’est pour cela qu’elle ne réagit pas quand il envoya valser James un peu plus loin et que celui-ci lui jeta des paroles amères au visage. Elle laissa faire, comme un simple spectateur assistant à une tragédie, devinant les dialogues et les gestes, mais incapable de prévenir les acteurs. Lorsque James offrit la tête de Jimmy, elle ne put cependant retenir une petite moue, bien vite noyée dans le flot d’émotions.

C’est a peine si elle eut le temps de comprendre le sens des paroles de Lord Voldemort avant qu’il ne la fasse venir a lui, lui enserrant le cou de sa longue main osseuse. Encore un contact qu’elle n’arrivait pas supporter. Tout comme le fait d’entendre sa voix si proche de son oreille a-t-elle point qu’elle en eut un haut le cœur. Pourtant elle ne se débattit pas, à quoi cela aurait il servi de toute façon ? Elle savait qu’elle allait souffrir, tenter de lutter aurait épuisé les forces qu’il lui fallait pour résister du mieux possible a la douleur qui l’attendait. Pas question de faire plaisir à ce tordu en hurlant. Et pourtant dieu sait qu’elle en avait envie de lui briser les tympans.
Le processus avait commencé. Et Atanys regrettait déjà sa promesse de ne pas crier, c’est comme si chacun de ses membres étaient écrasés sous un poids énorme, elle avait de plus en plus de mal à respirer, le sang battait dans sa veine à un rythme fou, sa chair la brulait, ses os semblait se disloquer. C’était donc ça un rituel de nécromancie. Elle sentit son énergie se vidait lentement, aspirer par ce monstre, ce dévoreur de vie qui la tenait en l’air comme on tient un jouet. Dans cet écœurant rituel elle eut cependant un dernier geste avant de perdre toute force, allez savoir pourquoi, allez savoir comment, elle s’agrippa dans un ultime effort au bras de son tortionnaire et serra de toute ses forces, occupant son esprit à une autre tache, il la lâcha subitement et Atanys s’écrasa au sol. Elle le vit disparaitre, il ne restait plus qu’un froid glacial.

-Humf.

Il fallait quand même qu’elle se remette debout, elle ne devait pas rester là avec le serdaigle qui allait bientôt se remettre a vivre et le serpentard complètement dans les vapes. Ses jambes émirent de silencieuses protestations quand elle les bougea, mais elle arriva cependant à se mettre debout, du moins a se mettre à genoux, c’était sans doute trop demander a son corps qui s’empressa de lui communiquer son mécontentement d’une façon des plus dégoutante. Elle vomit. Du sang. Comme si elle n’en avait pas assez perdu ces derniers jours. Une seule solution, convoquer ses frères pour qu’il la transporte ailleurs.

-Venez me chercher, mes petits. Petite sœur a besoin d’aide.

Ils furent rapide, sans doute traînaient ils encore dans le coin, les longues silhouettes décharnées se posèrent a côté d’elle, soulevant le corps sans force sans aucune difficulté, à croire que tout le monde pouvait se permettre de la trimballer comme un sac de pomme de terre. Elle jeta un dernier regard vide aux deux autres corps étendus sur l’herbe avant de prendre son envol, direction son cher petit coin de paradis, son antre. Elle devait avoir quelques potion pour la remettre sur pied.

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