Arrogance et ironie du sort

Le soleil se levait à peine lorsque Clora sortit dans le parc ce matin-là. La nuit avait été longue et elle n'arrivait déjà plus à dormir. Pourtant, la jeune fille ne ressentait pas la fatigue, elle ne ressentait qu'un énorme besoin de sortir prendre l'air. C'est donc en courant qu'elle avait parcourut le château encore endormi. Les seuls fantômes qu'elle avait rencontré l'avaient regardé d'un drôle d'air, peu habitués de voir les jeunes aussi actifs à une telle heure. Dehors, le parc était désert. Évidemment, rares étaient les élèves à être debout à une heure si matinale. À l'horizon, le soleil pointait son nez au travers les montagnes. Une brise chaude faisait voler ses cheveux au rythme de sa course endiablée. Sans vraiment savoir où elle allait, Clora ne faisait que profiter du temps qu'il faisait comme elle avait l'habitude de le faire. Près des arbres, on entendait les oiseaux siffler des mélodies, comme se répondant les uns les autres. Plus le soleil montait, plus la chaleur s'intensifiait et plus Clora se sentait bien. Un peu essoufflée, c'est à la lisière de la forêt interdite qu'elle stoppa sa course.

Elle marcha donc ainsi quelques minutes, le temps de reprendre un rythme cardiaque normal. Sa respiration se faisait de moins en moins forte et elle pouvait mieux profiter des bruits autour d'elle: le vent qui sifflait dans les arbres, ses pas dans l'herbe encore humide, les oiseaux qui gazouillaient, les craquements des branches dans la forêt... Des craquements de branches ? C'était sur un tempo régulier que Clora entendait les branches craquer sous le poids d'une personne peu habile en forêt, et cela ne semblait pas être si loin. Intriguée, Clora s'aventura dans les premiers mètres de la forêt et s'immobilisa afin de mieux percevoir le bruit des pas.

À sa droite, devant elle. Une silhouette se détachait des arbres malgré les précautions prises par l'inconnue. Clora, un peu plus agile, se déplaça de manière plus silencieuse jusqu'à atteindre un bon poste d'observation. Soucieuse de ne pas se faire remarquer, elle grimpa à l'arbre le plus proche sans faire le moindre bruit et attendit. C'était une jeune fille aux cheveux noirs qui appartenait à la maison des serpentards, et elle semblait l'avoir entendue. Clora se fondit donc sur la branche et patienta jusqu'à ce que la jeune fille cesse de regarder en tout sens, concluant sans doute qu'elle avait halluciné. Au moment où elle recommença à marcher, Clora sauta de son perchoir et se retrouva juste derrière elle. Heureuse de la surprise qu'elle avait générée chez cette serpentarde, Clora sourit de toute ses dents à cette dernière qui s'était vivement retournée.

Invité

Keira n'avait quasiment pas dormi de la nuit. La fatigue ne lui courait pas après, et puis elle était trop pensive. Oh oui, beaucoup trop pensive à son goût. Mais ses pensées n'étaient pas de simples pensées d'imbéciles. Pas des lamentations en tout genre. Ses pensées étaient trop tourmentées. Elle clos ses yeux, un instant. Elle voulait respirer profondément, se calmer. Dans la forêt, des bruits absurdes se faisaient entendre à tout bout de champs. Des bruits que les créatures faisaient émerger. Des bruits stridents, perçant, assez désagréables. Des bruits sourds, tracassant... Rien de bien méchant, mais Keira s'armait de vigilance constante. Elle tournait en rond, sans vraiment s'en rendre compte, mais elle ne souhaitait pas non plus trouver la sortie. Elle était bien là, dans la pénombre que lui offraient les arbres, la tranquillité que lui présentait le silence, le calme et l'aisance que lui exposait ce lieu... Pour elle, cet endroit était l'endroit rêvé, tant convoité par la jeune fille... Pourquoi pas le secteur qu'elle utiliserait dans le futur pour s'isoler? Cela était ma foi tout à fait probable.

Bref, Keira marchait de plus en plus lentement, de plus en plus aisément. Son air serein, dénué de toute crispation, de tous doutes. Ses pensées s'étaient envolées d'un coup, on ne savait nullement la raison. Comme si une personne était passée dans son crâne, avait dérobé tout ce qu'elle y possédait en ce moment, puis était repartie. Vraiment étrange. Mais, elle se fichait bien de savoir le pourquoi du comment, le principal était là: Elle était libérée de toutes incertitudes. Là était l'important. Ainsi, curieusement, les étranges bruits qui régnaient toujours en cette forêt semblaient bercer Keira. Une mélodie qu'un enfant réceptionne avant de s'endormir profondément, puis le sommeil l'emportant, les rêves prenant place. Un doux son qui arrive jusqu'à ses oreilles. Une ritournelle répétée jusqu'à épuisement. Seule différence: ces bruits semblaient ne jamais s'épuiser.

Après des instants à songer, à s'emporter par les bruits, l'adolescente fût éblouie par le peu de lumière qu'offrait l'entre, le seuil, la frontière du parc à la forêt. Elle était arrivée accidentellement, si on peut dire, aux abords du seuil de l'abondant bosquet. Mais elle entendit des bruits différents des précédents. Des sons de pas, discrets mais toute fois existants. Mais Keira faisait bien plus de vacarme. Des branches qui craquaient sous ses pieds. Le bruit du feuillage qu'elle écartait. Fort heureusement, la jolie brunette ne voulait pas jouer sur la discrétion, ce qu'apparemment désirait l'autre personne. Elle fit le tour d'un arbre, un très grand arbre. A la recherche de l'inconnu. Elle avait à présent dépassé cet immense végétal. Elle crut entendre un bruit de feuillage, puis en déduisit que l'être en question s'y était réfugié. Elle voulut se retourner, mais un tumulte sonore résonna derrière elle. Elle saisit sa baguette, fit momentanément volte-face, en prononçant un sort.

Lumos!

Elle voyait à présent tous les traits de l'effigie de l'inconnue. Une blonde, et une Gryffondor, pour ne pas arranger les choses. Alors comme ça, elle avait voulu jouer avec Keira... Tsss, elle ne savait pas à quoi s'attendre! Désolant. Un sourire, inexplicable et ineffaçable, apparut sur le faciès de l'étudiante. Un sourire arrogant, narquois, facétieux, ironique, malicieux... Beaucoup trop de mots existaient pour définir les traits de ce sourire. Puis, la chaleur de la physionomie insolente de la jeune fille se transforma en un air des plus glacials. Ses yeux devinrent perçants, sans lueur chaleureuse... Rien. Le néant, typique d'un disciple du serpent. Mais elle n'aimait pas que l'on joue avec ses nerfs. Et le pire de tout, était que cette fille affichait un sourire en banane. Comme pour se moquer de Keira elle-même. Méprisable. D'une voix glaciale, ignoble, elle lui désigna:

Alors, comme ça, cela t'amuse? Hilarant... Cela ne se voit pas? Navrant... Jeu précis de vous... Ces bouseux de Gryffondor. C'est vraiment aberrant... Mais que voulez-vous, vous êtes éventuellement pitoyable... Et il me semble que tu bas les records!

Elle laissa passer un instant, attendant la réaction de cette fille. Puis, elle poursuivit, sur un ton des plus calmes et tranquillisés.

Que d'impolitesse... Où sont passées mes bonnes manières? Keira Alli...

Elle ne dénonça pas son second nom de famille. Vraiment, il était tout sauf capable de la mériter. Il aurait peut-être convenu à cette fille, apparemment si miséricordieuse. Un nouveau regard perçant, elle se rapprocha d'elle, pour finalement dévier sur la droite. La gryffondor la suivait, à en entendre le son de sa respiration, de ses pas.

Nox.

Clora se moquait un peu de ce que cette serpentarde penserait d'elle. Son jeu était puéril, mais elle en était parfaitement consciente et cela ne la dérangeait pas le moins du monde. Elle trouvait ça drôle, hé oui ! Parce que cette jeune fille prenait ça au sérieux, parce que tout semblait être un drame pour cette âme qu'elle avait, ô malheur, dérangé. Comme si cette dernière n'avait pas troublé l'excitation qui se trouvait en Clora, quelques instants auparavant ! En fait, non. Elle n'avait fait que le renforcé, l'amenant même à s'amuser d'une activité aussi enfantine. Elle se riait d'elle, de sa manière de la regarder. Un simple sort de lumière pouvait presque sembler menaçant, à l'entendre le cracher de la sorte. Et de plus, pourquoi, Lumos ? Comme s'il faisait réellement noir. Les gryffondors ne sont pas aveugles, petite prétentieuse.

Prétentieux. C'était bien le mot pour décrire de tels serpentards. Ils étaient imbus d'eux même, persuadés que rien ne leur était supérieurs, et certainement pas des gryffondors. Mais après tout, qu'était-ce qu'être serpentard, sinon porter un simple titre ? La barrière entre serpentards et serdaigles était très mince. Ils étaient tout deux dotés d'une grande intelligence, utilisée de manière différente. Mais que définissait réellement un serpentard, sur quoi était basée cette si basse réputation ? Sans doute sur leurs infâmes pensées à l'égard des autres maisons, alors qu'ils ne leur sont pas si différentes.

Malheureusement, tout le monde ne voyait pas cela de la même manière, et la brunette semblait avoir de la misère avec le fait que Clora soit disciple du Griffon. Une idée basée sur un simple blason, sans même se donner la peine de connaître... Au fond, Clora n'était pas mieux ! Elle se faisait déjà de bien mauvaises idées à l'égard de cette demoiselle, avant même qu'elle eut prit la parole. Un seul regard lui avait suffi avant de croire la connaître, de penser tout savoir.. Mais au fond, elle ne s'était pas tant trompé juste à voir la façon dont elle lui avait adressé la parole. Tellement méprisante, tellement hautaine, comme si Clora ne valait rien. Croyait-elle qu'elle resterait là, sans rien faire ? Comme si la jeune blonde avait l'habitude de se faire marcher sur les pieds.

Pourtant, a un moment des plus inattendus, la serpentarde se calma et repris un air presque serin, à croire qu'il ne s'était rien passé. C'était bien dans leur habitude, de toute façon, de rabaisser ainsi les gryffondors, alors il n'y avait pas de quoi s'affoler. Mais y'en a marre, a la fin. Comme si on n'avait que ça a faire, s'engueuler comme des imbéciles. Et comme si on vous était réellement inférieur, comme si un gryffon' ne pouvait pas être aussi hargneux que serpy, et comme s'il était impossible pour un Serpentard d'être quelqu'un d'endurable. Il n'y a pas de frontière entre les maisons, et je ne crois pas que ce soit réellement le but de poudlard que de nous faire se haïr de la sorte. Dah, mais qu'est-ce que c'est ridicule.

Enfin, elle se présenta. Toujours de cet air tranquille qui agressait un peu Clora. Se disait impolie, ayant oublié les bonnes manières. Évidemment, son dégout envers la jeune fille avait passé avant toute chose, avant même les présentations. Mais était-ce vraiment nécessaire, maintenant qu'elle l'avait bien remise à sa place ? Enfin, peu importe, c'était fait, et elle semblait bien vouloir s'arrêter la. Un dernier regard glacial, tout en avançant vers elle, mais elle s'éclipsa rapidement à sa gauche. Surprise, Clora se retourna vivement et la suivi d'un pas avant de s'arrêter. Elle ne la suivrait pas, sa voix s'en chargerait.

Clora Tanonji, fière d'être gryffondor. Particulièrement ce matin.

Elle attendit qu'elle se retourne avant de continuer. Si Keira pouvait lui parler de la sorte, elle aussi pouvait le faire, et elle le ferait. Clora cracha par terre avant de lui jeter un regard glacial. Elle n'avait peut-être pas été envoyé chez les disciples du serpent, mais leur sang coulait tout de même dans ses veines. Elle gardait en elle ce mépris qu'elle éprouvait parfois envers certaines personnes, mépris typique de la famille Tanonji. Un mépris qui allais jusqu'à la haine, qui suivait jusqu'à la mort. Et Clora méprisait Keira.

Invité

Ô drame, ô apocalypse, ô grand malaise. Un appel à l’aide n’était de loin suffisant à avoir du secours. Que la fin du monde était proche d’avoir dérangé la tranquillité de Keira. Que la terre s’écroulait, s’effondrait sous les maux, les affres de sa colère. Que ce beau ciel s’en écorchait. Que les arbres tremblaient. Ô grand malaise, toi qui à fait de cette matinée un calvaire, toi qui rôde aux alentours comme un félin tourne autour de sa proie, dissipe toi et laisse le temps à la jeune fille d’éprouver encore du goût à profiter du reste de cette journée. Cette supplication n’est pas pour me plaire, mais nous savons tous que les nerfs si fragiles d’une jeune fille à fleur de peau ces temps-ci peuvent facilement lâcher. Ce n’est que pour le bien d’une jeune blonde placide et sous-estimant de fortes capacités… !

En tout cas cette même jeune fille semblait bien plus qu’ironique. Ne pas prendre une seule parole au sérieux de tout ce qu’avait dit Keira. Si ce n’est son nom, bien évidemment. C’était fou cette faculté de gryffondors à toujours passer outre de menaces on ne peu plus sérieuses ! Quelconque serpentard avec un minimum de sang-froid n’hésiterait pas une seconde ! Mais Keira ne comptait pas aller plus loin, elle avait déjà usé beaucoup plus de salive que nécessaire. Dieu que c’est terrible ! Au bon matin comme l’actuel l’était il fallait être subtil avec la jeune brune, son calme à ce moment là étant plus que limité. Le matin était une période difficile, pour elle. Plus particulièrement lorsqu’une misérable rencontre s’imposait, comme c’était le cas aujourd’hui avec cette gryffondor.

Se reprenant peu à peu, Keira rangea sa baguette, puisqu’elle n’en avait plus besoin. Lorsque soudain les pas qui la suivaient s’arrêtèrent. En revanche le son d’une voix qu’elle n’avait encore jamais entendue se chargeait de la suivre. Keira se retourna, lentement, puisque cette fille, qui disait se nommer Clora, faisait tout pour semer la pagaille entre elles. La jeune disciple du serpent inspira profondément, puis avança vers Clora. Elle se stoppa brusquement, voyant alors jaillir une vulgaire boule répugnante tout droit de la bouche de cette fille. Celle là s’écrasa à même le sol, sans pitié. Un air de dégout, Keira prit soin de ne pas s’emmêler dans cette… Chose. Elle l’esquiva prudemment, puis, à quelques centimètres seulement de la gryffondor, elle posa une main sur son épaule. Toujours cet air de dégout fixé sur son visage, elle observa négligemment le par terre. Relevant la tête, essayant de penser à autre chose qu’à cette chose que venait de faire Clora.

Toujours la main ardemment fixée sur l’épaule de Clora, Keira la fixa quelques instants dans les yeux. Ouvrant la bouche pour finalement la refermer, elle fit une seconde tentative qui finalement fût la bonne.

Écoute… Je ne peux pas t’en vouloir de t’admirer telle que tu es. C’est une bonne chose, hum ? C’est très bien et j’en suis contente pour toi. Il n’est pas offert à tout le monde un tel privilège. Mais seulement… Vois-tu, il y a des gens qui ne font pas de fausse modestie, et d’autres… Qui feraient mieux de se taire. Comme je viens de te le dire, il n’est pas donné à tout le monde de s’apprécier comme il est, mais simplement certains… Et bien, disons que l’on ne sait jamais si ce que l’on éprouve envers soi n’est qu’une illusion, une primitive image fictive, ou bien si nous en valons réellement la peine… Tu vois ou je veux en venir, j’espère ?

Retirant sa main de l’épaule de Clora, Keira remarqua qu’elle avait malencontreusement fripé sa cape… Ou cette chose qui lui servait de telle. Ainsi elle arrangea ce léger défaut, d’un ou deux coups de mains, puis reporta son regard vers la gryffondor. Exaspérée de son attitude, elle poussa un soupire qui se voulait… Exaspérant, puis acheva de parler, pour le moment en tout cas.

Bah, ce n’est pas grave… Après tout il n’est non plus pas donné à tout le monde d’avoir disons un cerveau développé !? Ne t’inquiètes dont pas, je suis tout à fait compréhensive…

Un sourire espiègle, voire ironique même était dessiné sur le visage de Keira. Cette dernière, renonçant à poursuivre sa marche, s’assit alors sur un tronc d’arbre qui était offert aux deux jeunes filles. Elle noua brièvement ses cheveux en un chignon. Enfin, on ne pouvait pas vraiment le nommer comme tel, étant donné qu’une majorité de mèches virevoltaient à leur guise. Enfin cette journée peut-être serait-elle au final mieux que l’esprit si malicieux et vicieux de Keira l’avait prévu ? Changement de programme ou seulement détour imprévisible… ?

» Quand le loup sort du bois (PV Thia)
» [RESIDENCE] *Little Hangleton* La maison des "Jeux du sort"