La suite du Chant, souvenirs et paradoxe sous le clair de lune...

Eden n’avait pas eu le temps de dire ouf qu’elle n’était plus. Non, bien sûr elle était encore, mais elle avait disparu aux yeux de Beren et Lena. Une main qu’elle supposait être celle de Hollyhurt la tirait, la menant en direction de la Forêt Interdite. Ses pieds suivaient comme ils pouvaient ce guide invisible, ses yeux se plissaient pour essayer de distinguer une forme, un reflet qui aurait pu lui faire voir l’homme la dirigeant. Le souffle d’Eden se fit plus rapide, plus saccadé avec la vitesse de leur course. La jeune fille se serait presque crue poursuivie par une bande de Mangemorts enragés. Ou non, plutôt de centaures en période d’accouplement car elle n’avait aucune raison de se faire du souci face à des Mangemorts, elle aussi souhaitait servir Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom.

Le professeur Hollyhurt avait laissé sous-entendre qu’il avait des réponses à apporter à ses questions. Elle ne savait trop ce qu’il voulait dire par là. Bien sûr cela ne pouvait concerner que l’épisode qui avait eu lieu quelques dizaines de minutes auparavant cependant elle avait l’impression qu’il y avait beaucoup de double sens dans ces quelques mots prononcés d’une voix calme. Le professeur l’avait fixé de ses yeux d’un bleu indescriptible et elle n’avait pu s’empêcher de se dire que définitivement, il avait plus à offrir qu’un simple cours de sortilèges. Eden avait eu la sensation qu’il pouvait voir à travers elle. Bien sûr cette idée l’avait fait sourire intérieurement car cela faisait penser à l’enchantement qu’elle lui avait proposé quelques jours auparavant, durant son tout premier cours à l’école. Hollyhurt avait fortement suggéré à Beren d’accompagner Lena à l’infirmerie et la minute d’après il posait un baiser sur son oreille.

Quoi ?

Mais ! Professeur !

La minute d’après elle courrait derrière un invisible lui dans la forêt interdite. Ils s’enfonçaient de plus en plus et Eden se disait qu’elle n’était jamais allée aussi loin. Le contact de sa baguette contre sa peau fraîche la rassura, bien qu’il lui semblât que rien ne pouvait lui arriver tant qu’elle était avec Hollyhurt. Elle était méfiante, bien sûr, c’était dans sa nature, mais son professeur de sortilèges lui avait donné un avant goût d’un secret, d’une chose qui l’intriguait à présent beaucoup. Il fallait qu’elle sache. Pour cela il fallait qu’elle ravale le soupçon de colère qui avait pointé en elle lorsqu’il l’avait touché sans son consentement.

Le professeur ne ralentit son allure que lorsqu’ils arrivèrent dans une partie de sous-bois légèrement découvert. Eden avait le cœur qui battait fort et vite, le châle lui semblait à présent superflu sur la chaleur qui se dégageait de son corps. Elle ne savait pas ce qui allait se passer et une fois de plus toucha du bout du doigt sa baguette pour s’assurer qu’elle était bien à portée de main.

Professeur… Qu’est-ce qu’on fait ici ?

La cime des arbres se distinguait avec de plus en plus de difficultés. Laissant Beren et Lena derrière eux, les deux protagonistes s’enfonçaient dans cet océan de végétal… Marchant tout d’abord tranquillement, Nathaniel aperçut un regard furtif sur sa gauche, un regard sans aura, ou plutôt un regard qui dissimulait son aura…. Ils n’étaient pas seul, serrant la main de la serpentard, il accéléra le pas…

Et merde… encore un Gobelin ?

Arrivé au cœur d’une petite lisière, le sorcier ferma les yeux., ce n’était pas une aura dissimulée qui les observaient mais des dizaines… Nathaniel soupira, sa mère croyait vraiment qu’il allait se laisser impressionner… Se faisant réapparaître en même temps qu’Eden, il lui afficha un magnifique sourire et sortit sa baguette… Crachant par terre, il murmura ses habituelles paroles inaudibles et les arbres… oui les arbres ! qui les entouraient se resserrèrent afin de former un huit-clos parfait avec une vue prenante sur le ciel…

« Ne vous inquiétez pas, je ne vous séquestre pas mais il y a comment dire quelques petites agitations extérieurs qui pourraient nuire à notre conversation… »

Ayant à peine fini sa phrase que quelque chose se heurta contre la barrière végétale, donnant naissance à une légère secousse…

« Voyez ! Qu’est ce que je disais… Enfin… Pour répondre à votre première question Miss Twinings… Et surtout pour vous corriger… Je n’ai pas invoqué des sceaux mais j’en ai ouvert… Je comptais garder ça secret… Je ne m’inquiète pas vis à vis de Beren, il a le cerveau à la place de la baguette, ni pour notre amie Lena…Cependant, il y avait une personne qui ne laisse pas échapper de si gros détails, permettez moi cette familiarité, cette personne c’est vous Miss… Vous l’avez prouvé en me questionnant… »

Remuant sa baguette deux troncs ressemblant étrangement à des fauteuils, vinrent se poser près des deux magiciens… Nathaniel pris place, un sourire finement dessiné sur ses tendres lèvres, son regard aussi bleu que l’azure d’un ciel d’été se posa délicatement sur la Serpentard…

Se pouvait-il que des êtres qu’elle ne voyait pas les suivent ? Cette question traversa l’esprit d’Eden alors que le professeur la tirait toujours derrière lui. Il ne cessait d’accélérer le pas et elle se doutait bien que ce n’était pas pour simplement faire monter le rythme cardiaque de la jeune fille. Il lui semblait que ce jeune professeur, nouvellement arrivé avait beaucoup plus à offrir que de bons cours de sortilèges et un joli minois. Son attitude face à Beren et Lena avait déjà montré qu’il n’avait que faire de morveux de la sorte. D’ailleurs Eden espérait bien les recroiser dans d’autres circonstances au détour d’un couloir pour leur régler leur compte. Lui pour avoir été aussi naïf, elle pour le spectacle qu’elle leur avait donné. Eden n’avait jamais rien vu de plus ridicule.

Bien qu’elle eut encore chaud, Eden n’enleva pas le châle qu’elle avait sur les épaules. Elle se souvenait qu’elle ne portait qu’une simple chemise de nuit, et bien que cette tenue ne la dérangeât point, elle ne souhaitait pas découvrir son arme secrète immédiatement. Tout professeur qu’il était elle savait que, comme tout homme qu’elle croisait, il ne pouvait rester insensible à ses courbes gracieuses. Si les choses dérapaient elle saurait toujours se tirer d’un mauvais pas d’un simple battement d’œil, ou croisement de jambes. Sa respiration se faisait plus lente, son cœur battait moins vite, elle ôta de devant ses yeux une mèche blonde qui était venue se loger là durant la course qui venait d’avoir lieu.

Le professeur Hollyhurt la conforta dans son idée qu’il y avait effectivement quelque chose d’inhabituel autour d’eux lorsque, après avoir murmuré quelque enchantement de sa composition, il regarda les arbres autour d’eux se resserrer en un étau feuillu. Ils formaient désormais une barrière naturelle entre eux et le monde alentour. Cette attitude ne fit qu’éveiller un peu plus les sens d’Eden. Elle voulait savoir les secrets du professeur de sortilèges plus qu’aucune autre chose. Elle observait le professeur qui la rassurait quant à ses intentions lorsqu’un bruit sourd se fit entendre. Comme si quelque chose avait essayé d’enfoncer l’enceinte qui les protégeait. Elle sursauta et se maudit d’avoir montré à Hollyhurt que cette situation, bien qu’intéressante au plus au point, ne la laissait pas vraiment à l’aise. Elle n’était vraiment pas dans son élément, au milieu de la Forêt Interdite, en pleine nuit, peu habillée, encerclée par un mur d’arbres qui semblait la protéger de quelques créatures qui n’avaient pas l’air de lui vouloir du bien. Un frisson parcouru son échine et elle ressentit le besoin de resserrer sur ses fins bras blancs l’étreinte du châle que le professer avait fait apparaître pour elle un peu plus tôt dans la soirée.

Comment suis-je arrivée là ? Une simple envie d’air, un besoin de respirer pour me calmer et me voilà ici avec ce professeur. Eden, écoute ce qu’il a te dire. Il est sûrement bien plus puissant qu’il ne l’a montré jusqu’ici. Le simple fait de mouvoir les arbres avec autant de facilité est déjà une preuve en elle-même, non ? Ecoute. En plus il te flatte !

La blonde sourit légèrement à cela. Simple flatterie ou réelle constatation, qu’importait. Il avait décidé de lui expliquer cette magie qu’elle ne connaissait pas. Elle se devait de rester encore sur ses gardes bien sûr car tout danger n’était pas écarté, le simple fait qu’il ait besoin d’édifier cette muraille autour d’eux n’en était-il pas une preuve ? Elle restait attentive à tout ce qui l’entourait, attendant une nouvelle attaque contre leur protection végétale, laissant le vent lui porter aux oreilles les échos de la vie de la forêt ; cependant, elle s’approcha encore de Hollyhurt, plongeant son regard dans le sien. Leurs yeux se battaient dans un duel irréel et interminable. Elle aurait pu rester des heures ainsi, à observer la dilatation de ses pupilles face au noir de la nuit qui les enveloppait de son long manteau froid. Elle sentait que quelque chose de différent, une magie nouvelle, émanait de cet homme et ses yeux en étaient le reflet direct.

Ce contact fut brisé lorsqu’il fit signe à deux troncs du bout de sa baguette, les faisant s’approcher. Ils avaient été taillés en forme de fauteuil par la nature. Cette nature encore un fois qui avait toujours eu tellement d’impact sur sa vie. Eden prit place sur le tronc laissé libre par le professeur Hollyhurt. Il plongeait une fois de plus son regard dans le sien et elle prit la parole. Sa voix était posée mais ferme, grave mais en aucun cas prétentieuse. Elle restait le serpent qu’elle avait toujours été mais pour une fois elle était tout attentive à ce que l’homme assis à ses côtés avait à lui expliquer. Elle sentait que son secret n’avait pas pour limite sa seule personne et que sans lui il n’existait pas, tout comme le secret n’existait pas sans Hollyhurt. Logique me direz-vous, c’est le but des secrets, ils sont personnels. Oui, mais dans le cas de sorciers, un secret pouvait toujours impliquer beaucoup plus.

Je dois dire que je suis flattée que vous me voyez ainsi Professeur, bien que je ne pense que la flatterie est une chose absolument dérisoire. Je sais qu’on dit que c’est le lubrifiant de l’humanité, et c’est sûrement correct pour des êtres moindres, mais pas pour une descendante de Salazar. Néanmoins je doute que vous m’ayez amenée ici, protégée par une barrière végétale pour me faire simplement remarquer, à juste titre et sans aucune surprise, que je suis supérieur en esprit aux deux espèces de larves que nous avons eu le malheur de croiser cette nuit. Parlez-moi de ces sceaux que vous avez ouverts. Qu’est-ce que cette magie dont je ne connaissais l’existence ?

Ses paroles avaient été celle d’une vraie Serpentarde, fière et hautaine, mais elle n’en voulait pas moins savoir ce qu’il avait à lui révéler. La réaction du professeur montrerai à Eden qui il était vraiment, car elle commençait à douter sérieusement de l’innocence et de la pureté d’un homme qui parlait ouvertement de secret.

Douce rêverie corrompue, voilà l’ambiance qui planait au-dessus des deux sorciers. Nathaniel se passa une main dans les cheveux laissant échapper un petit rire cristallin.

« La flatterie est certes l'art de devenir fort pour le faible penseur, néanmoins soyez rassurée, je serais franc avec votre personne mademoiselle Twinings. Pour en finir, sur nos deux plaisantins de tout à l'heure, il est regrettable que Poudlard ait encore à pâtir de telles blessures... Que mes mots me perdent si je ne m'abuse, mais il en a toujours été ainsi et c'est fort dommage... Enfin le savoir est chose que chacun se doit d'acquérir, l'extermination se fera sur le champ de bataille Miss et rassurez vous, nos baguettes sauront qui viser en premier... »

Et j’espère vous avoir à mes côtés le moment venu… Je ne voudrais pas avoir la lourde tâches d’abîmer une si belle personne…

Malgré l’étouffante oppression des arbres, un vent léger mais froid se leva…

« Oh ! Pardonnez mon impolitesse… La honte devrait m’aveugler et m’ôter toute parole… Shame on my name, comme dirait mon ancien professeur de magie offensive… »

D’un geste fin et contrôlé, il déboutonna sa cape laissant découvrir un buste vêtu d’une chemise blanche, puis il la tendit à la jeune femme et reprit place dans son fauteuil.

« Prenez, je crois que le châle ne sera pas suffisant, l’air risque de se refroidir et dans aucune mesure je ne tolérais pas de vous voir malade à mon cours… »

Finalisant son action, il fit un léger clin d’œil à l’étudiante, son regard se noya mélancoliquement dans un bleu-vert…

« Passons, trêve de bavardages… Parlons des sceaux, sujet qui a l’air de vous intéresser… Avant toute chose, pardonnez cette précision, mais je me dois de vous rappeler que notre magie est communément séparée en deux grandes catégories, qui ont chacune un lien avec la morale, les mœurs et l’étique… Je parle bien sûr de la magie blanche et… de la magie noire, autrement dit la théurgie qui est une forme d'occultisme permettant à l'homme de communiquer avec les bons esprits et d'invoquer les puissances surnaturelles. A cela, s’oppose la Goétie, appelée sorcellerie par les moyenâgeux. Je ne suis pas là pour vous faire un cours méthodique sur les différentes magies parce que je me doute que sont des connaissances récurrentes à votre esprit mais je pose au moins les grandes lignes. Enfin tout ceci pour en venir aux faites. Tout à l’heure j’ai ouvert sept sceaux mineurs car j’entrave ma magie par des sceaux… »

Le professeur fit une pause et observa la jeune fille, ne sachant pas s’il devait continuer ou pas tel un gentleman il inclina la tête, et reprit son monologue…

« J’anticipe le pourquoi qui pend sur vos lèvre, et je vous réponds ainsi, ma famille, en d’autres termes les Hollyhurt, je ne vais pas m’éterniser sur le sujet car fort inintéressant à vos yeux je me doute, existe depuis plusieurs siècles, cachée du temps et des joies de la populace, elle étudie depuis l’origine de son nom. La magie est ce qu’elle est aujourd’hui car elle a un vécu, une histoire, une expérience… Nous autres Hollyhurt, ne lui faisons pas suivre le même chemin que vous autres, bien que nous utilisons la magie commune comme nos compères, c’est à dire magie blanche, noire, sylvaine, et j’en passe… Ce qui nous permet d’ailleurs de nous fondre dans la masse… Néanmoins pour en venir au point qui vous intrigue, les Hollyhurt ont besoin de sceller leur magie avec des sceaux quand il ne l’utilise pas, pour ne pas affecter leur magie commune… C’est un principe fondamentale de survie, car détourner la magie demande une puissance accrue et peut se révéler fatale pour le corps… En ce qui me concerne, je suis le petit-fils d’une Ondine, par conséquent un élémentaliste, vous vous doutez que je ne peux laisser mon flux magique s’étendre comme bon lui semble… Je suis obligé de le restreindre, enfin du moins pour le moment… Si j’ai une image à vous confier, c’est celle là, prenez l’exemple le soleil, la terre est obligée de se tenir éloigner de lui pour ne pas se consumer… Imaginez un instant que ce dernier ne soit plus entravé par les lois de la gravité et qu’il décide d’enlacer cette dernière ? »

Nathaniel fit un sourire à la jeune femme mais fût stoppé par un nouvel impacte qui refit trembler la barrière végétale… Sortant sa baguette, il laissa toujours un sourire dessiné sur son beau visage… Cependant, cette fois ci, ce n’était plus un sourire chaste et prude mais vile et glaciale… Ses yeux allant de paire avec son expression abandonnèrent leur teinte verdâtre pour un bleu indigo inquiétant.

Eden ne fut pas déçue par la réaction du professeur. Non seulement il ne s’était pas offusqué de son ton, qui n’avait rien d’inhabituel pour elle, mais en plus il avait répondu d’une manière posée et juste. Il semblait voir en elle la jeune fille pleine d’avenir qu’elle savait être. Enfin, ils n’étaient pas là pour parler de ce qu’elle savait être ou pas. Le professeur devait lui apprendre ce qu’étaient les sceaux, ce qu’était cette magie qu’il avait employée. Eden remarqua qu’il avait fait référence au champ de bataille, il savait donc que c’était inévitable. Bien sûr les batailles étaient inévitables à cette époque, mais il était le premier professeur que la jeune blonde rencontrait qui admettait, ou qui, du moins, laissait sous-entendre qu’ils étaient formés pour la guerre. Car telle était la réalité. Quel que soit le camp qu’ils choisiraient en grandissant, ils seraient confrontés aux batailles entre l’armée du seigneur noir et les défenseurs de la paix. Les élèves qui sortaient de Poudlard allaient être inévitablement menés à choisir un camp, un avenir, un maître… La jeune fille savait très bien que comme ses comparses du Triumvirat elle ne serait sûrement pas dans le camp « blanc », pas avec ce qu’ils comptaient accomplir. Elle chassa cette pensée, il serait bien temps d’y penser plus tard. Elle sourit légèrement à la remarque de Hollyhurt sur ceux qui seraient visés sur ces fameux champs de bataille.

Oui, vous devez avoir raison. En tous cas, nulle doute que la mienne lorgnera avec insistance du côté de ces deux imbéciles.Oh… Merci mais je pense que je m’en passerai.

Eden avait été étonnée, peut-être même choquée par le professeur lorsqu’il lui tendit sa cape. Elle n’avait pas l’habitude de laisser d’autres décider les choses pour elle. Prendre cette cape aurai été s’incliner d’une certaine manière. Bien sûr il était fort probable qu’il ne voit pas les choses de la même manière qu’elle, mais dans son esprit à elle les choses étaient clairement posées ainsi. Malgré son refus, elle prit la cape et la posa sur ses jambes, couvrant ses genoux qui tremblaient un peu sous l’attaque du vent. Elle lissa une mèche de cheveux qui avait été détachée par le vent et se tourna pour faire face au jeune professeur.

Dès que le mot « sceaux » avait franchit ses lèvres elle avait été tout ouïe. Hollyhurt prit le temps de lui réexpliquer les bases de la magie. La magie noire, la magie blanche… Tout ça elle le savait. Elle s’impatientait. Il faisait sûrement bien les choses, s’assurant qu’elle savait de quoi il parlait, mais l’impatience commençait à s’emparer d’elle.

L’impatience est signe de faiblesse Eden. Prends ton mal en patience et écoutes. Tu pourrai apprendre quelque chose que tu ne sais déjà.

Le Professeur Hollyhurt avait fait une petite pause, semblant chercher un signe d’approbation de la jeune fille. Celui-ci se matérialisa en un léger haussement de sourcil, geste qu’elle avait adopté depuis sa rencontre avec Rachel. L’homme reprit d’une voix de plus en plus assurée, et cette fois-ci les yeux d’Eden brillèrent du même désir de savoir qui l’avait poussé à suivre Hollyhurt en ces lieux reculés. Elle se redressa, se penchant légèrement en avant, comme ci ceci l’aiderait à mieux enregistrer les paroles qu’elle entendait. Il avait anticipé sa question quant à l’entrave que les sceaux plaçaient sur ses pouvoirs. Ce qu’il lui expliqua impliquait qu’il lui parle de sa famille. Et là semblait reposer le secret. Elle n’avait toujours pas dit un seul mot. Elle se contentait d’écouter, emmagasinant tout ce qu’elle pouvait.

Maintenant tu dis des choses intéressantes cher petit professeur ! Famille Hollyhurt, sceaux, entraves, magie commune, Ondine, élémentaliste, flux magique… Intéressant… Très intéressant. Finalement tu as bien fait de sortir ce soir ma chère.

Donc si je comprends bien, ces sceaux protègent les autres tout autant que vous de cette magie que vous ne contrôlez pas entièrement. C’est ça ? Et qu’est-ce qu…

Eden ne finit pas sa phrase. Quelque chose venait encore de frapper la barrière végétale et cette fois-ci le professeur réagit. Il se leva, empoignant sa baguette et souriant. Oh oui, un sourire qui perturba un peu Eden. Elle, grande adepte des sourires sadiques et mystérieux, eut du mal à croire que le visage d’Hollyhurt puisse être le support de pareille marque d’intérêt. Car Eden doutait fortement que ce soit la joie qui allumait le visage de l’homme. Un regard interrogateur plus tard et elle aussi était levée. La cape qui était sur ses genoux avait glissé au sol et elle prit à peine le temps de la ramasser, la posant sur le tronc où elle était assise. Si baguette sortie il y avait, la bagarre ne devait être bien loin et la cape, tout comme le châle qu’elle avait ôté de ses épaules, seraient superflus. Elle prit sa baguette qui n’avait pas quitté ses côtés et se prépara à s’en servir. Eden brava le regard troublant du professeur pour lui demander ce qui allait arriver.

Dois-je me préparer à attaquer ? Qu’est-ce qu’il se passe ? Aurions-nous des invités surprise?

Questions inutiles. Du moins la première. Bien sûr qu’il fallait qu’elle se prépare à attaquer. Il fallait toujours qu’elle se prépare à attaquer. Elle était toujours prête à attaquer. L’attaque n’était-elle pas la meilleure défense ?

Le professeur eu à nouveau un léger rire cristallin, ses yeux s’illuminèrent… Tel un enfant baigné dans le doux fleuve de l’innocence, il sourit à la jeune femme, ignorant les percutions qui se faisaient sur la barrière végétale il lui répondit sagement…

« Cette magie que vous ne contrôlez pas entièrement… Miss Twinings, ne vous égarez jamais à sous-entendre à un Hollyhurt qu’il ne contrôle pas sa magie, vous y perdrez quelque chose… Nous contrôlons parfaitement notre magie, cependant, la puissance est une chose dont l’humanité fuit, on ne peut s’exposer pour le moment, au risque d’être pointé du doigt…»

Un bruit plus aiguë se fit ressentir contre la paroi… Cette fois-ci Nathanniel soupira, mais il garda son sang froid… Mesurant la puissance de ce qui se trouvait de l’autre côté, il lança un regard furtif en direction du ciel puis il s’attarda sur la seprentard…

« Pour répondre à votre question, je suis navré de vous impliquer dans quelque combat qu’il soit… J’aurais osé espérer vous voir à l’œuvre dans d’autre circonstance très chère… »

Nathaniel s’approcha de la barrière et y posa délicatement sa main droite, ses cheveux dansèrent un instant avec le vent qui se leva, il ferma les yeux et se concentra…

Humm un, deux, trois, quatre, cinq… ‘Tain ils sont combien… Je ne peux pas aller plus loin que sept sceaux, je grillerais ma couverture… C’est ma veine ça…

« Mademoiselle Twinings notre barrière devrait tenir le coup encore un petit moment, le temps que je trouve une solution qui vous permettra de retourner à votre dortoir sans égratignure… En attendant nous pouvons donc continuer notre conversation… »

Finissant sa tirade sur un magnifique sourire il se rassit et agita sa baguette qui laissa apparaître deux petites sphères argentées qui se mirent à parcourir le huit-clos sur un rythme régulier…

« Pour reprendre et je vous laisserais commenter à loisir tout ce que j’ai dit, ne pensez pas que j’approuve ou bien que je suis les dires que je viens de vous exposer… Mon nom à pour le moment qu’une faible signification à mes yeux… Je ne sais pas si c’est votre cas, mais savoir qui on est, quelles sont les véritables causes que l’on veut servir ne sont pas une mince affaire… »

A cet instant un brin de mélancolie traversa la voix du jeune homme, repensant à Davix, la dignité de son sang, Marine et tous les autres, chose qui n’arrivait que très rarement, il paraissait sur le coup fatigué, épuisé par cette course poursuite éternelle… Ce qu’il voulait… Il ne le savait pas… Retrouver Davix sûrement… Mais sa mère, la Matriarche des Hollyhurt… Il les avait trahis… Enfin il n’était pas encore trop tard…

« Enfin tout ça pour dire… Que peu importe ce que vous avez découvert, pressenti ou bien ce que je vous dirais sur moi, je vous demanderais de garder le silence, du moins pour le moment… Viendra le jour où toutes ces banalités et ces précautions disparaîtrons en même temps que les faibles, un jour d’apogée pour les personnes de notre rang, enfin permettez moi de vous accorder un titre, mais une perfection comme la votre, votre maison, votre finesse ainsi que votre charme ne peuvent traduire autre chose que ce que votre aura chante… Et s’il en était pas ainsi, foi de Hollyhurt, j’épouse Mr Lionheart… Un peu d’humour de temps à autre n’est que source de dynamisme pour le teint… »

A cette phrase il ajouta un petit rire sadique, jouant sur tous les tableaux il ressortit sa baguette et fit revenir les deux petites sphères, l’air étonné, il fixa un point derrière la sorcière et plaça son regard ailleurs…

« Bien nous sommes donc seul dans cette pièce… Suis-je bête… Si jamais le besoin se faisait ressentir ce serait à l’épée qu’il faudrait nous battre Miss… Nos agresseurs dédaignent la magie, ça serait une perte de temps, puisqu’ils vont nous entraver l’espace de quelques instants, durant ce temps ils nous croirons déstabilisés mais non… Enfin d’ici là gardons le sourire, vous disiez ? »

Eden ne su s’il fallait qu’elle prenne sérieusement ce que le Professeur Hollyhurt lui disait sur sa magie. En quoi dire qu’il n’arrivait pas à controler son flux magique était une erreur ? D’une certaine façon, quoi qu’il dise, ça devait forcément être le cas, sinon il ne s’entraverait pas de la sorte. Il avait parlé de sept sceaux mais si elle avait bien compris il y en avait d’autres. Combien ? Cela elle ne pouvait le savoir, mais il lui semblait que le nombre devait être assez important tout de même car il avait l’air plus que sérieux dès qu’il en parlait. Les impactes se faisaient plus sourds, plus rapprochés, mais Hollyhurt continua de parler, calmement, comme si rien ne les menaçaient. Cela eu la tendance d’agacer Eden. Elle n’avait pas peur. Enfin… Pas vraiment. Car il faut bien l’admettre, elle avait beau semer la terreur dans l’école, séduire tout ce qui était masculin, avoir des airs hautains, elle restait néanmoins une jeune fille de 17 ans. Jamais elle n’avait pris part à un combat qui n’était pas déjà gagné d’avance pour elle. Bizarrement, la chose qui occupait le plus son esprit à cet instant, plus que l’appréhension, car tel était le sentiment qu’elle ressentait à présent, était sa tenue. Effectivement, elle n’était vraiment pas dans une tenue qui serait pratique pour quelque forme de combat que ce soit.

Enfin, il faut se servir de ce qu’on a…

Un corps de rêve ? Bien sûr ! Non, sérieusement, Eden se disait qu’en fin de compte cela importait peu. Hollyhurt s’était déplacé lentement vers l’enceinte qu’il avait créé autour d’eux et posa sa main dessus. La jeune fille fronça les sourcils, plus que perplexe. Qu’était-il entrain de faire ? Décidément ce professeur avait d’autres choses pour lui qu’un joli minois mais Eden n’arrivait pas à savoir ce que c’était. Bien sûr elle savait que ça avait rapport à sa magie particulière mais elle n’arrivait pas à imagine l’ampleur de celle-ci. Le jeune professeur avait apparemment jaugé la situation en mettant simplement sa main contre le mur naturel. Selon lui, ils avaient encore le temps de finir leur petite discussion avant le combat. Car, bien qu’il lui ai dit qu’il allait tout faire pour qu’elle rentre dans son dortoir sans une égratignure, elle savait qu’il faudrait se battre. Elle fut étonnée qu’il ne soit pas plus agité que cela.

A-t-il tant l’habitude que ça des combats ? Vraiment bizarre cet homme…

Le Professeur Hollyhurt s’était rassit sur le tronc et avait fait apparaître deux boules argentées qui parcouraient sans cesse l’enceinte qui les protégeait des attaques venant des êtres qui tentaient de s’introduire dans leur refuge. Eden ne savait que faire. Elle qui ne doutait pas, ou que très peu, se demandait si elle devait malgré tout garder la position qu’elle avait ou s’assoire de nouveau à côté de Hollyhurt. Il avait reprit la parole et finalement elle décida de se laisser guider par ses paroles. Elle prit place à sur le tronc sur lequel reposaient la cape et le châle et cette fois-ci s’enveloppa dans les deux. Le froid qui commençait à sérieusement se faire sentir engourdissait ses membres et il n’y avait rien de pire avant un potentiel, mais fort probable, combat que d’être congelé. Eden lisait sur les lèvres du professeur ce qu’il ne disait, une certaine tristesse qui ne lui allait pas. Il était un homme fort, qui semblait tellement rempli de savoir pour son jeune age, car oui, il n’était vraiment pas vieux pour être professeur à Poudlard. La jeune femme aurai presque pu être attendrie par son air ailleurs si une petite voix au fond d’elle-même ne l’avait pas rappelé à l’ordre.

Eden Twinings ! Auriez-vous l’amabilité d’arrêter de vous comporter telle une adolescente en pleine crise d’amour pour un professeur ? La façon que vous avez de boire ses paroles est pathétique. Mais… De un ce n’est même pas vrai. Calintz… Rien de Calintz… De deux, ça fait longtemps que je n’ai pas rencontré un adulte qui avait la force de me parler en me regardant dans les yeux, sans passer par des détours idiots. Eden… Au lieu de te parler, tu ne crois pas que tu ferai mieux d’écouter ce qu’il a à te dire ?

Un compliment de plus quant à sa personne ainsi que sur le rang qui lui revenait et Eden aurai presque rosit. Presque car entre l’émotion, l’attente, l’espoir, les paroles du Professeur Hollyhurt et le froid, elle n’en avait vraiment l’envie ni le temps. Faisant tourner machinalement sa baguette entre ses longs doigts fins elle allait prendre la parole lorsqu’il tenta de faire une blague sur le Gryffondor qui avait commencé la soirée à leurs côtés. Les muscles de son visage se crispèrent. Reflets naturels des pensées d’Eden. Certes elle savait cacher son jeu la plupart du temps mais elle n’était pas dans de bonnes conditions pour jouer à ça. Erreur peut-être… Elle ne releva pas et prit la parole, sa voix s’élevant doucement mais sûrement malgré les questions dans le silence ponctué du seul murmure du vent et des assauts des attaquants de la muraille protectrice. Hollyhurt semblait anormalement calme alors que la situation semblait plus qu’alarmante pour la jeune Serpentard. Il était trop vague lorsqu’il parlait des créatures de l’autre côté de l’enceinte au goût d’Eden. Mais que pouvait-elle y faire ? Le forcer à tout lui dire ? Non. Il avait parlé de silence quant à ce qu’il pourrai bien lui dire, elle n’allait que lui poser des questions.

Et bien si on peut continuer à discuter, faisons ! Qu’arriverai-t-il si vous ne scelliez votre magie par ces sceaux ? Quel serai le risque pour vous et pour les autres ? Est-ce vraiment destructeur ? Professeur… Qui sont-ils ? Que veulent-ils ?

Ces deux dernières questions avaient été accompagnéees par un mouvement de tête en direction du mur d’arbre qui les entourait. Eden détestait ne pas savoir ce qui allait arriver c’est pour cette raison qu’elle restait tendue, sur ses gardes, attendant d’autres réponses de la part du Professeur Hollyhurt.

Le regard animé, un sourire dessiné au coin de la bouche, Nathaniel fixait toujours inlassablement le même point, tout en regardant la jeune femme… Cette petite réunion nocturne risquait de tourner d’un moment à l’autre au bain de sang, il devait en premier lieu rassurer la sorcière, la peur est un sentiment tellement vain qui peut naître dans le cœur des plus braves…

« Je sais que tout cela peut paraître difficile à comprendre mais dans l’immédiat ne sommes pas obligés sceller notre magie… Cependant, il y a un temps pour la puissance et un autre temps pour la sérénité… Les Hollyhurt sont de fin penseurs, ainsi avant de montrer le produit fini autant le dissimuler et l’utiliser quand cela est nécessaire… Ainsi les conséquences pour nous sont inexistantes, comme je vous l’ai dit nous contrôlons la dualité des magies qui existent en nous, quand aux conséquences pour les autres… »

D’un sourire vile, ses yeux s’éclaircirent… Plissant le front il posa sa main sur baguette…

« Enfin c’est très abstrait… Ce qu’il faut retenir, c’est que les sceaux permettent de contenir les différents flux magiques… Je ne vais pas m’éterniser sur le sujet sinon je vous exposerais à des conséquences dont la cause n’est point dessinée sur votre ligne de vie… »

Le visage toujours inexpressif, une sueur froide longea toute la colonne vertébrale du jeune homme… L’un d’entre eux était là… Nathaniel l’observait depuis le début, jouant magnifiquement bien son rôle, ce dernier s’était persuadé que le sorcier ne l’avait pas vu… Nathaniel n’avait pu rien faire, le gobelin, les dents acérées, le blason des Hollyhurt cousu sur son uniforme avait diminué la puissance de la barrière végétale… S’avançant délicatement vers la jeune femme, une dague à la main, il allait frapper d’un moment à l’autre… Nathaniel toujours le sourire à la bouche pris sa baguette délicatement… 28 centimètres, bois de chêne et d’érable, avec du sang de sa mère comme stimulus magique et une dent de chimère…

« Ma foi, la vie n’est qu’un fleuve qui coule inlassablement, posez lui un barrage, elle le détournera… »

Après cette phrase jurant étrangement avec la situation, le sorcier se leva et sur un geste rapide, il murmura des paroles froides, sèches et inaudibles, en l’espace de deux secondes, il se trouva avec une épée, baguette rangée, se jetant sur la sorcière… Il y eu un « bong » sonore, Nathaniel avait percuté quelque chose d’invisible, pointant sa lame, il trancha le vide, les cheveux au vent, le regard glaciale, une créature apparut, environs un mètre, une lame à la main, les yeux inanimés, habillé d’un uniforme d’un noir jais avec le blason des Hollyhurt dessiné au niveau du cœur… Nathaniel releva son épée, une lame en argent, avec un manche noir incrusté de trois pierres précieuses… La créature n’eu pas le temps de riposter que Nathaniel la refrappa… Celle ci se dissipa dans des flammes noires, en un hurlement effroyable…

« Eh bien… Maudite vermine, il était temps… Elle me narguait depuis tout à l’heure… Pour anticiper le pourquoi du comment, c’est une invocation et donc par conséquent, ce n’est pas un véritable gobelin… Vous vous douterez qu’à l’extérieur c’est des invocations de ce genre qui nous attendent… Je suis très mauvais sur ce coup là… Avec une élève… Je suis vraiment confus d’exposer ainsi votre vie ainsi… De plus, elle a eu le temps d’affaiblir la barrière végétale, en refaire une autre serait une perte de temps… Le plan est simple… »

Nathaniel leva sa baguette et se mit à chanter…

« Par la voie que nous confère la grande prêtresse
Je me remets pleinement à vous

Il ne reste pas feu, il devient cette flamme.
Le ruisseau court à la recherche de l'océan;

Quand l'objet de la recherche est atteint, cette recherche devient vaine.
Donc, tant que la recherche existe, cette quête est imparfaite.

Munissez la d’un fourreau, elle sortira son glaive
Dotez la d’un habit, vaillante elle défendra votre nom… »

Suivie de ces paroles, un scintillement sonore se fit entendre, des petites sphères bleutées et verdâtres entourèrent la jeune femme, puis un voile blanc la recouvra entièrement, le tout se dissipa, laissant apparaître une Eden, habillée d’une tenue de combat bleue nuit, les cheveux attachés, sa possibilité de mouvement était ample… A ses côté une épée légère était plantée dans le sol, d’un acier tranchant, le clair de lune se reflétait désespérément sur la lame…

« Permettez ceci mais ce n’est pas en nuisette que l’on défend sa vie… Le plan est simple je vais mettre fin à notre paroi végétale, je vous ouvrirais un chemin et vous foncerez au château… Ne vous inquiétez pas pour moi, je vais vous demander deux choses, de ne pas faire demi-tour, ainsi je pourrais utiliser pleinement ma magie et de ne parler de ça à personne… Je ne pratiquerais aucun enchantement d’oublie sur votre personne, mais je vous prierais de garder le silence… Votre sécurité est ce qu’il y a de plus important ce soir… Cela vous convient-il ? »

Nathaniel plongea son regard dans celui de la jeune femme, jamais auparavant il n’aurait cherché à défendre qui que ce soit, cependant, il était professeur et l’élève était sous sa responsabilité, il ne pouvait revenir avec un cadavre, et puis…

« Miss Twinings êtes-vous perdue dans vos pensées ? »

Etrangement, ou pas d’ailleurs, plus le Professeur Hollyhurt lui parlait et moins elle avait l’impression de comprendre. Cependant elle voulait en savoir plus, toujours plus. Elle avait une vraie soif de savoir depuis qu’elle était toute petite. Cela avait commencé par les sorts basiques dès qu’elle l’avait pu, ensuite elle avait apprit l’art des potions dans la cave du manoir familial. Dès son entrée à Poudlard elle avait étudiée seule, en dehors des cours, sachant ainsi beaucoup plus de choses que les élèves de son âge n’en savaient. Et ce soir là, sous les étoiles étincelantes, l’homme l’avait intriguée à tel point qu’elle l’avait suivit dans l’inconnu, vers une bataille qui n’était maintenant plus une hypothèse. Elle voulait savoir qui il était et ce qu’il cachait. La jeune femme écoutait attentivement tout ce qu’il disait. Elle emmagasinait chaque mot, chaque phrase pour pouvoir les réécouter, les analyser dès qu’elle serai tranquille. Elle était sûre qu’il y avait quelque chose à sortir de tout cela.

Soudainement Eden releva la tête vers Hollyhurt. Il venait de prononcer une phrase contradictoire. Elle n’appartenait pas à la longue tirade qu’il venait de finir. Elle était décalée, comme n’ayant pas de rapport avec le reste. La jeune fille blonde fronça les sourcils d’un signe interrogateur. Que se passait-il ? Avait-il décidé qu’il en disait trop et préférait s’arrêter ainsi, laissant en suspend au moins autant, si ce n’est plus, de questions que lorsqu’il l’avait invitée à l’assoire à ses côtés ? Elle n’avait pas fait attention au mouvement lent qu’il avait fait en direction de sa baguette. Ce n’est qu’un instant plus tard, un instant trop tard sûrement, qu’elle vit qu’il tenait fermement en main le bout de bois sans lequel un sorcier n’était que très peu.

Une seconde de plus et il avait rangé sa baguette mais il tenait entre les mains une grande épée ornée de pierres précieuses. Les yeux d’Eden s’écarquillèrent lorsqu’il fit un saut dans sa direction. Elle laissa échapper un cri, sa main se crispant sur la baguette qu’elle n’avait pas eu le temps d’empoigner correctement. Son cerveau se mit à marcher en accéléré. Sa vision se troubla tellement elle était choquée. Jamais elle n’avait été confrontée à tel sentiment. Un instant elle se demandait ce qui avait bien pu faire tiquer le professeur ainsi et l’instant d’après il lui sautait presque dessus une épée à la main. Eden n’avait jamais été confronté de si près à la mort. Son cœur sauta un battement. Deux… Trois…

Respire ! Respire ! Eden ! Respire !

Il n’avait vraisemblablement sauté que pour la sauver de l’attaque d’un gobelin qui s’était introduit dans le cercle malgré la barrière. Eden n’était plus vraiment là. Son esprit planait. Pour la première fois de la soirée elle doutait de ses capacités, du bien fondé de sa place aux côtés du Professeur Hollyhurt. Il venait de lui dire que ce n’était pas un véritable gobelin, qu’il y en avait beaucoup d’autre de l’autre côté de l’enceinte, que la barrière avait été affaiblie…

Mais… Qu’est-ce que… Ah ! Il faut qu’il arrête ça tout de suite !

Elle n’avait pas encore eu le temps de réagir à ce qu’il venait de lui dire. Elle n’avait pas encore eu le temps de lui faire part de sa façon de penser ni même de reprendre ses esprits après cette attaque qu’il avait déjà formulé un nouvel enchantement. Des sphères translucides, semblables à celle qui avaient courues le long de la barrière plus tôt tournaient à présent autour d’elle. Lorsqu’elles disparurent Eden avait l’impression que quelque chose avait changé. Avait-elle les idées plus claires ? Non, les sphères l’avaient habillée d’une combinaison bleu foncé. Ses cheveux relevés dans une queue de cheval qui ne bougerait pas quoiqu’elle fasse, elle semblait prête pour le combat. Semblait seulement car elle n’avait pas encore eu l’occasion de se remettre vraiment de ses émotions. Elle tourna lentement la tête vers Hollyhurt qui lui expliquait son plan. Il voulait qu’elle coure, qu’elle le laisse. Il venait de finir de parler, lorsqu’elle remarqua l’épée plantée à ses côtés. Eden la fixa, ne sachant ce qu’elle faisait là.

Une épée… Mais pourquoi ? Qu’attend-il de moi ?

A cet instant, le mécanisme de son cerveau reprit sa marche habituelle. De nouveau elle pouvait penser. De nouveau elle pouvait réagir. Et la réaction ne se fit pas attendre plus longtemps. D’un bond vif elle se leva et se planta devant le professeur. Elle laissa ses pensées prendre le contrôle de sa voix et un flot de parole sortir de sa bouche sans qu’Hollyhurt ne puisse dire quoi que ce soit.

Non mais vous n’allez pas bien ! Vous voulez ma peau ! Je rêve ! C’est quoi ce professeur ! Vous parlez de choses qui ne sont pas dessinées sur la ligne de ma vie. Vous dites qu’il faut me protéger. Vous voulez que je garde le silence sur tout ce qui s’est passé, et… qui se passera sûrement encore cette nuit mais vous vous rendez compte de ce que vous venez de me dire ? Et de faire… N’attendez certainement pas un remerciement de ma part quant au gobelin. Il était là à cause de vous. Pour la nuisette… Bon choix de couleur ! Mais… je tiens à vous prévenir. Il est absolument hors de question que je parte. Un jour vous me devrez des explications pour tous les évènements de cette soirée. Un jour vous me direz tout ce que je veux savoir. Entendez-moi bien car ce jour-là ce sera moi qui vous ferai parlez. Ma voix portera l’écho du combat qui va avoir lieu.

Elle fit une courte pause, le temps d’avaler sa salive et d’analyser l’expression qui se peignait sur le visage du jeune professeur. Elle allait finir de lui dire le fond de ses pensées avant de se lancer corps et biens dans une lutte qui n’était pas sienne. L’idée que peut-être c’était une erreur grossière de rester ne l’effleura pas un instant. Personne ne disait à Eden Twinings ce qu’il fallait qu’elle fasse et il avait essayé de le faire. Personne ne l’empêchait d’avoir ce qu’elle voulait…

Quant à vos mises en gardes vous pouvez les garder. Il me semble que je suis assez grande pour juger de mes capacités. Vous m’avez entraîné ici, je ne partirai pas sans vous. Car comme je vous l’ai dit, j’attends des explications de votre part. Donc non ça ne me convient pas de foncer au château sans faire demi-tour comme vous me l’avez demandé. Je reste. Et n’essayez pas de me dissuader, je risquerai de me mettre à vous détester et sincèrement… vous ne voulez pas ça, croyez-moi. Je suppose qu’il faut que je me serve de cette chose, sinon vous ne l’auriez pas fait apparaître, n’est-ce pas ?

Eden avait désormais le regard brûlant. Ses fines mains blanches se posèrent sur la crosse de l’épée qui était toujours à la même place qu’à son apparition. Elles glissèrent dessus, jusqu’à remonter pour se positionner naturellement. Elle avait à présent en main l’objet tranchant qu’elle n’avait jamais manié de sa vie mais avec lequel elle devait la protéger. Idée assez effrayante en soit. Elle posa son regard plus glacé que jamais sur Hollyhurt et d’une voix grave mais décidée qui l’étonna elle-même elle dit :

Allons manger du gobelin !

Quelqu’un avait dit : "Le véritable héroïsme n'est pas l'absence de peur mais la canalisation de la peur vers l'action." C’est exactement ce qu’elle tentait. Canaliser la peur qui faisait résonner son coeur dans sa poitrine pour avancer. Seulement avancer et vaincre, car l’héroïsme n’avait jamais été quelque chose qui l’avait attiré.

Nathaniel laissait la jeune fille parler… Il l’observait, son regard azuré la scrutait, au premier abord il aurait été facile de présumer qui la regrdait directement, cependant, toute présomption sans preuve est futile… Non, le sorcier, guettait l’aura de la jeune femme… Ayant fini son discours, elle attendait… Postée devant lui, attendant une réaction… L’homme au visage impassible laissa se dessiner un sourire léger sur ses lèvres… Puis, comme la pluie qui survient après un drame, un rire rauque accompagna le doux sourire du professeur…

Voilà ce que je voulais entendre… La comédie est la clé de l’aisance des véritables sentiments…

« Eh bien je me doutais de cette réaction, et je dois l’avouer, c’est celle que j’attendais… Il est parfois utile de juger la valeur d’une âme en la confrontant à des dires théâtralisés… Vous voir repartir aurait signifié un échec pour moi ce soir… Votre personne m’éveille bien des idées… Quant à vos réponses, je vous les offrirais volontiers en temps et en heure… »

Nathaniel s’avança en direction de la jeune femme, le regard amusé il sortit sa baguette et l’observa, non pas la jeune femme, chose qu’il fait depuis bientôt une heure mais sa baguette, l’inclinant de haut en bas puis la pointa en direction de la lame d’Eden, il accompagna son rituel d’un chant…

« Le soldat à la tête ébranlé,
L’enchanteur à la tête étoilée,
Chaque chose en son temps,
En ce lieu et en cette heure,
C’est un tranchant dont toute bravoure
Ne pourra y opposer quelconque retour. »

Un filament lumineux sortit de la baguette, contournant le sorcier puis la sorcière il s’enlaça autour de l’épée de la serpentard… Nathaniel s’avança auprès de la jeune femme et lui fit un clin d’œil…

« C’était la touche finale…Je ne pouvais l’apporter qu’en connaissant vos véritables intentions… Vous ne ferez plus qu’un avec cette épée croyez moi… »

Il se plaça ensuite au centre du huis-clos et mis un genoux à terre… Fermant les yeux, il se concentra… Il devait faire attention aux sceaux qu’il allait libérer… Il ne fallait surtout pas se faire repérer par un sorcier ayant la capacité de sentir les flux magiques… Il allait entraver le secteur pour dissimuler la magie qui allait être émise… Il ne devait en aucun cas libérer la totalité de ses sceaux majeurs et surtout pas le sceaux principale…

« Par les pouvoirs de ma gemme Fin de tous les sceaux mineurs, par la Foi des Hollyhurt fin des deux premiers sceaux ma… mineurs…»

Un vent fracassant embrassa le jeune homme, levant ses cheveux au ciel, une fine lumière dessinait les traits de son corps…Le vent cessa, le jeune homme se releva, et inspira un bon coup, ça faisait longtemps qu’il n’avait pas libéré la totalité des sceaux de sa gemme ainsi que ses sceaux naturelles, enfin rien d’alarmant ce n’était que les sceaux mineurs… Cependant depuis qu’il avait été mordu par cette chimère il fatiguait assez vite… Le poison était toujours dans ses veines… Depuis cinq ans la blessure résidait et gagnée du terrain…Il ne savait pas encore comment s’en débarrasser, des hypothèses futiles, voilà ce qu’il possédait, il n’avait pas le droit à l’erreur… Enfin pour le moment, il devait se débarrasser des invocations de sa mère…

« Baissez vous l’espace d’un instant Miss »

Sa voix était puissante, emplie d’assurance et de jovialité… Cependant, il savait que ce qui l’attendait de l’autre côté n’était pas une mince affaire… Les invocations ne craindraient certainement pas la magie directe… Il ressortit sa baguette tel un dompteur habitué et fouetta d’un coup dynamique le vide. Une onde de choque fracassa la barrière…Puis deux coups de baguette… Des cris d’agitation retentirent…De la surprise, de l’énervement, de la colère puis… l’envie de tuer… Sa mère ne lui laissait décidément aucune chance… Nathaniel se rapprocha de la jeune femme…

« On a trente secondes à partir de maintenant avant qu’ils ne se rendent compte que nous sommes là… Juste en face d’eux… J’ai pris la liberté après avoir mis fin à notre protection végétale, de nous soumettre à une désillusion ainsi qu’à nous lier à un charme majeur de protection choses auxquelles ils mettront très vite fin… Tenez vous prête…Rappelez-vous que ce ne sont pas de véritables gobelins… A mon signale… »

Enfin…

Nathaniel afficha un sourire d’excitation, voilà bien longtemps qu’il ne s’était pas convenablement amusé…

Eden grimaça à l’idée qu’elle pu être aussi prévisible que ça. Ou alors n’avait-il peut-être pas dit qu’elle était prévisible, plutôt qu’il s’attendait à une réponse de ce type. Il espérait qu’elle ne recule pas devant pareil combat. Cela revenait au même après tout. Il pensait qu’elle resterait, c’était ce qu’elle faisait ; il espérait qu’elle accepterai de se battre, c’est ce à quoi elle se préparait. Il avait rit. Comment pouvait-il rire en pareils temps ? Etait-ce cela être un sorcier ? Un vrai grand sorcier ?

Oh mais tu commences à lui donner des prétentions qu’il n’a nullement ma chère Eden. Qui a dit qu’il était un grand sorcier ? Il ne faut pas que cette histoire de flux magique et de sceaux te fasse suputer des choses. Tu pourrai te trouver trompée. Concentre toi juste sur le moment à venir car le premier impact est toujours le plus lourd.

Il avait finit de la préparer, si les choses pouvaient être présentées ainsi. Son épée couverte d’un autre enchantement. Encore un. Eden se demandait si elle avait déjà passé une heure avec son professeur sans qu’il ne prononce d’enchantement. Il fallait croire que non. Dans ces conditions, qui mieux que lui pouvait enseigner les sortilèges ? D’ailleurs… Eden se demanda si elle ne pourrait pas essayer son enchantement. Enchantement de vision qui pourrai lui être fort utile dans cette situation. La nuit n’était pas aussi sombre qu’elle l’aurai été si la lune avait décidé de ne pas être témoin de la bataille, mais Eden préférait tout de même avec une vision maximum. Elle posa son épée le temps de sortir sa baguette et de prononcer son enchantement, légèrement changé. Sa voix s’éleva, claire et assurée. Elle savait ce qu’elle faisait.

Telle une sentinelle, ma vision claire se fera éternelle.
Sous les étoiles il n’y aura point de voile.
Dans la nuit tout reluit.

Certes son enchantement n’était sûrement pas des plus formidables, surtout face à ceux de son professeur, mais la jeune fille se retrouva avec une vision plus claire qu’elle n’eut pu le penser. Elle avait un léger doute quant à la qualité de la formule et donc de son effet mais il semblait que tout avait fonctionné pour le mieux. Elle reprit son épée qui lui semblait être si légère. Mais après tout, elle n’en avait jamais porté de sa vie, comment aurait-elle pu juger de son poids. Tout ce qui importait c’est qu’elle soit maniable. Le Professeur Hollyhurt s’était placé au centre de la clairière, un genou à terre. Il parlait une fois de plus dans sa barbe, cequi avait le don d’énerver la jeune Serpentard. Y avait-il pire impolitesse ?

Enfin, je suppose que c’est pour la bonne cause. Son histoire de secret encore !

Eden ne s’était pas résignée à ne rien apprendre sur le fameux secret du professeur, mais elle avait décidé que le faire plus tard serai sûrement mieux. Moins dangereux. Elle ôta ses yeux de l’homme qui devait vraisemblablement être entrain d’ôter ses sceaux pour se concentrer sur son arme. Elle ne devait pas utiliser sa baguette, sinon Hollyhurt ne lui aurai pas fait cadeau, si cadeau pouvait être employé dans pareille situation, d’une épée. Pour s’assurer qu’elle arriverait à faire plus qu’égratigner du faux, mais féroce, gobelin, Eden se mit à faire tournoyer l’épée dans les airs. Scène absolument pitoyable dont, remercions les créateurs célestes, personne d’autre que le Professeur Hollyhurt ne fut témoin. Eden murmurait, comme une incantation, juste pour elle-même, des mots qui paraissaient enfantins. Les enfants moldus les utilisaient lorsqu’ils jouaient à ce qui est communément appelé « la guerre ».

Je me permet une petite digression ici. Les enfants moldus disent donc « On joue à faire la guerre ? » Expression qui peut décrire différents types de bataille : épée, bouts de bois, pistolets, fusils, laceau… Pour cela il faut des méchants (dans notre cas les vilains gobelins), et les gentils (ici Eden Twinings et Nathaniel Hollyhurt). En fait il se peut que ce ne soit pas forcément des gentils, « la guerre » peut avoir lieu entre deux bandes de méchants (et c’est plus correct de se diriger dans cette direction lorsqu’on fait allusion aux personnes présentes dans notre histoire). Les mots employés par les enfants moldus lorsqu’ils jouent à ce jeu seraient sûrement censurés ici pour cause d’indécence, mais il est possible d’en faire un résumé plus léger. « Pan pan ! » « Meurs bandit ! » « Je vais t’attraper et t’arracher les tripes sale vers luisant avarié ! » Je pense qu’il n’est pas nécessaire pour moi d’ajouter à ma description un dessin et qu’ainsi, tout le monde à compris le genre de phrases pathétiques qu’Eden prononçait dans la clairière en faisant des moulinets avec son épée.

Pour en revenir à ce qui se passait dans la clairière, il faut juste dire qu’une fois de plus Hollyhurt venait de donner un ordre à Eden et qu’une fois de plus celle-ci avait obéit. D’une certaine manière elle ne reniait ni ses pensées personnelles, ni son horreur aux réflexions des adultes en tout genre, mais il lui fallait admettre que sa vie reposait en partie entre les mains de l’homme à la mystérieuse boucle d’oreille et que pour cette raison il valait mieux qu’elle suive ses directives. C’est ainsi qu’elle se retrouva accroupie à terre « l’espace d’un instant ». Cet instant dura un peu plus longtemps qu’elle ne l’avait envisagé. Le Professeur Hollyhurt avait fait s’écrouler d’un coup de baguette la barrière qui les protégeait et était désormais à ses côtés. Eden entendait à peine ce qu’il disait. Son cœur semblait vouloir sortir de sa poitrine, sa bouche se fit légèrement pâteuse, ses mains laissèrent glisser légèrement l’épée alors que sur son front perlaient deux gouttes de sueur malgré le froid.

A présent il était temps. Elle s’était lentement relevée. Elle avait empoigné l’épée à pleines mains. Inspiration. Expiration. Deux fois. Les muscles tendus, prête à bondir, elle était pleinement là. Un mouvement de tête lent à l’intention du professeur. Il savait qu’elle était prête. Elle se rassura quand même une dernière fois en ajoutant doucement.

Prête !

L’attente maintenant… Trente secondes passent tellement vites. Il ne devait en rester plus que dix. Neuf… Huit… Sept… Six… Cinq… Quatre…

Respire ! Pan pan ! Meurs sale gobelin ! Trois… Deux… Un…

Un souffle.

Zéro.

Zéro…

La réaction fût immédiate, une vingtaine de paire d’yeux se tournèrent vers eux…Le silence se leva… Non pas surpris, car prévenus par leur compère que l’homme serait accompagné d’un autre humain, ils montrèrent leurs dents plus qu’acérés… Leur tâche première était de ramener celui qui avait le même sang que la Grande… Pur matérialisation de sa volonté, les créatures de Narcisse Hollyhurt se tenaient prêt à agir… Leur maîtresse se trouvait beaucoup trop loin pour avoir un quelconque appuie utile sur l’issu du combat…

Ils attendent le moindre petit mouvement… Ma mère est décidément bien prévenante…

Le silence régnait, la respiration contrôlée, son regard était d’un bleu glaciale, la main sur le manche de son épée, le vent se leva au loin… Rien, rien que des arbres, Eden, Nathaniel et les invocations… Il est vrai que c’est largement suffisant… L’égo des deux personnages prenant énormément de place… Nathaniel savait d’avance comment agir… Son épée racla légèrement le sol, provoquant une légère agitation qui retomba aussitôt…Il s’attarda un petit moment sur la jeune fille, l’enchantement qu’il lui avait lancé devrait la protéger si tout dérapait…D’un air confiant, il ferma les yeux puis les rouvrit laissant apparaître un sourire diabolique, ses yeux alors bleu hivernale, comme soumis à un mélange chimique, se noyèrent dans un noir parfait…

La magie des Hollyhurt…

« Maintenant… »

Brisant la dernière barrière qui le contenait, il s’avança d’un pas assuré, levant son épée, il se dissipa dans l’obscurité et réapparut un peu plus loin dans la masse tel un mauvais présage, les créatures surprises reculèrent d’un pas maladroit… Le combat pouvait désormais commencer… Le sorcier, leva son arme et la pointa vers une des créatures, celle-ci répondit instinctivement… Parant son coup d’épée, elle se dissipa, et disparut… Les autres invocations firent de même… Le jeune homme jeta un œil en direction d’Eden…

« Dès qu’un des gobelins s’approchera de vous, il deviendra visible… Leur magie n’est qu’une magie d’invocation, elle est vite brouillée par la nôtre… J’oubliais, ils sont insensibles à toutes formes de magie… Du grand art… Mère… »

Levant subitement la tête, une once de peur parcourue le regard du jeune homme, chose inhabituelle… Le jeune homme était rarement confronté à quelconque sentiment liant la peur… D’un coup sans prévenir il se mit à courir en direction de la jeune femme… Plantant son épée dans la terre lui permettant ainsi de poser une main sur le sol il murmura.

« Devoveo »

Un vacarme céleste s’éleva suivi d’une dizaine de gobelins se jetant cœur et âme dans la direction des deux sorciers… Cœur et âme, paraît difficile à employer en ces lieux, car rappelons le, les invocations ici présentes, ne possèdent ni cœur, ni âme… A leur très grande surprise, elles se heurtèrent contre une barrière magique, plus précisément un dôme… Nathaniel se releva un sourire merveilleux accroché à son visage serein…

« On dirait que je n’ai pas perdu la main… Même avec l’entrave qu’ils ont posé et celle que j’ai rajouté je peux utiliser ma magie ? Me serais-je inquiété pour rien ? »

A ces mots il avança d’un pas, et annula la protection… La blessure qu’il avait au bras commença à le lancer…

Ce qui est sûr c’est qu’elle réagit à ma magie… Plus j'utilise ma magie plus le flux est grand... plus elle se nourrit… Intéressant…

« Si seulement j’avais accès à une source d’eau…Avec "La fin de l’eau des Ondines" ça serait réglé… Pff maudite entrave qui scelle Poudlard… Sans parler de la mienne… Et celle des invocations… Il me faudrait découvrir le pentacle dessiné… On doit être au centre… »

Se parlant à lui même et s’avançant…Il se relança dans le combat, laissant la jeune fille avec son épée… Un pas… Deux pas… Les créatures se faisaient hésitante… Mise à part que le sorcier n’était pas là pour jouer… Exécutant un demi tour sur lui même, il chargea et se dirigea vers une créature au regard dénué de tout sentiment… Le coup fut fatale, tel un escrimeur hors paire, il se battît avec grâce…

« Tout est dans l’esthétisme Mademoiselle Twinings… Moins un ! »

La vie est parfois jonchée d’événements heureux, et bien la tête de l’invocation qui vola dans l’espace temps où se battait Eden et Nathaniel jurait horriblement avec cette habitude commune de penser que tout est rose… Ici en l’occurrence c’était vert… Plissant le regard, le venin commençait à agir… Rien ne pressait, qui oserait penser que si peu pouvait terrasser un Hollyhurt ?

Le zéro qu’elle avait prononcé n’avait pas raisonné dans le silence qui les entourait. Il n’avait pas eu d’effet. Il n’était pas censé en avoir. Elle l’avait seulement dit pour… se rassurer peut-être. Pouvait-on être rassuré dans telle situation ? Le pouvait-on lorsqu’on était une adolescente de 17 ans qui allait prendre par à un vrai combat, même si les ennemis n’étaient que des illusions, pour la première fois de sa courte vie ? Un mot, tellement de choses dans ce mot. Eden savait que c’était le commencement de quelque chose de nouveau, de différent. De dangereux et d’excitant à la fois. Elle aimait l’idée du combat, de la lutte pour la survie, de la mort aussi d’une certaine manière. Jamais elle n’avait pu tuer. Cette opportunité, cette chance même, n’avait jamais frappé à sa porte. Les muscles toujours tendus, attendant le fameux signal du Professeur Hollyhurt, elle pouvait sentir la sueur mouiller ses cheveux tirés, une goutte se détacha de son front pour tomber dans son cou mais elle n’en avait que faire. Il allait être temps. Temps pour quoi ? Pour la bataille ? Pour la vie ? Pour la mort peut-être… Il lui semblait avoir prononcé le zéro de longues minutes auparavant alors qu’en réalité elle ne l’avait fait que quelques secondes plutôt, tout au plus. C’est là qu’elle vit…

Des dents extrêmement pointues, des petits yeux noirs vicieux, de petite taille, portant tous le même uniforme avec une broderie sur le cœur, les gobelins les regardaient. Le souffle d’Eden se fit plus rapide, plus saccadé. Elle les voyait parfaitement bien. Bizarrement, leur petite taille les rendait encore plus effrayants. Eden les imaginait entrain de se faufiler dans les recoins, se cachant dans la pénombre, frappant dans le dos… Elle haussa légèrement un sourcil. C’était une technique comme une autre après tout. Certes, une qu’elle préfèrerait qu’ils n’emploient pas ce soir-là sous la lune. Tous se regardaient. Tous attendaient quelque chose. Un geste. Un signe. Une parole. Eden aussi. Elle attendait le fameux signal que le professeur devait lui donner. Cette permission d’attaquer, de se battre pour défendre sa vie mais aussi pour lui. Car n’était-ce pas là la vraie raison pour laquelle ils étaient venus ? La jeune Serpentard n’en savait rien, absolument rien, mais il lui semblait qu’ils voulaient faire quelque chose de Hollyhurt. L’enlever peut-être. Le tuer… Elle ne préféra pas penser à cela. La mort du professeur n’était pas dans ses plans de la soirée. Elle se voyait très mal expliquer au directeur de leur noble école la mort d’un de ses enseignants.

S’il meurt tu meurs idiote ! Il ne peut pas être tué et toi rester en vie. Toute Eden Twinings que tu es, avec la magie qu’il a, il est impossible qu’il meurt sans t’emporter dans son voyage.

Le temps n’était plus aux pensées, aussi bien fondées pouvaient-elles être. Hollyhurt avait bougé. Il avait causé de l’agitation dans les rangs des gobelins. Il l’avait fait exprès. Il avait attendu de voir leur réaction. Il sembla ne pas être déçu. Du moins pas étonné. Son regard changea du tout au tout. Il devint si noir qu’Eden eut du mal à croire qu’il était le beau et jeune professeur pour lequel elle était allée en cours de sortilèges. Il venait de le dire. Le mot. L’instant qu’elle attendait depuis si longtemps. Il l’avait dit puis il avait disparu. Disparu face aux attaquants. Et elle se retrouvait seule, l’épée à la main, ne sachant que faire, où donner de la tête. Le Professeur Hollyhurt venait de réapparaître, plus loin, plus près des gobelins, attaquant l’un d’eux. A leur tour ils disparurent.

Oh là ! Si tout le monde se met à disparaître on est pas dans l’excrément d’ogre d’Arménie !

Eden n’avait toujours pas bougé. Qu’attendait-elle ? En voyant le jeune professeur se lancer dans une lutte contre plusieurs gobelins enragés elle reçut une décharge électrique. Celle-ci commença par toucher son cerveau puis se propagea peu à peu dans tous son corps. Son cou, ses épaules, ses bras, ses mains, son dos, ses reins, ses jambes, ses pieds… Elle était prête. Plus de doute, plus d’hésitation. Juste elle et les gobelins avec pour toute arme une épée qu’elle ne savait manier. Même cette pensée ne réussit pas à faire fléchir le corps prêt à bondir sur le premier attaquant. Elle s’appelait Eden Twinings, était une héritière de Salazar Serpentard et avait le sang pur. Son corps était habité par une force qu’elle n’avait jamais sentie. Certes elle s’était déjà laissée emporter par l’adrénaline, mais jamais comme ça. Ou alors peut-être que c’était parce que jamais elle n’avait sentie une telle poussée d’adrénaline.

A l’attaque ma chère Eden !

Venez à moi mes petits !

La voix d’Eden lui sembla ne pas être sienne. Elle sortait définitivement de sa gorge, mais c’était comme si elle appartenait à une vraie furie, bête de guerre, harpie. Le sadisme et le sarcasme se mêlaient à une folie et à un détachement irréel. Et elle attaqua… Le bruit que fit la lame de son épée lorsqu’elle rencontra celle du premier gobelin qui osait s’avancer vers elle ne la fit pas ciller. Fracas de métal dans le silence de la nuit. Elle tentait de bouger son épée du mieux qu’elle le pouvait. Sa technique laissait certes à désirer, mais elle arrivait à parer tous les coups. A vrai dire, elle éprouvait même un certain plaisir à chaque coup porté par et sur son arme. Du coin de l’œil elle voyait le professeur qui semblait frapper sans répit. Il venait d’en tuer un, laissant planer une sorte de défi aux yeux de la jeune Serpentard. Oh il la cherchait, elle allait lui montrer ce qu’elle valait. Faisant un demi tour sur elle-même elle leva sa lame et l’abattit d’un coup rapide, net et sans hésitation sur un gobelin qui semblait avoir été perturbé par les paroles d’Hollyhurt. Elle laissa échapper un petit rire.

Erreur ! One more down ! *

Et elle reprit le combat, frappant sans relâche, ne se laissant approcher par aucun gobelin. Ou du moins, tentant de ne se laisser approcher par aucun gobelin. Avec les minutes avançant, ses muscles s’étaient détendus et habitués aux coups portés et reçus, mais ses bras se faisaient aussi de plus en plus lourds. Des gobelins avaient trépassés, d’autres allaient encore le faire, mais elle commençait à fatiguer.

Plus que quelques-uns Eden. Plus que quelques-uns et tu pourras poser cette lame.

Elle fit un saut de côté pour éviter un gobelin particulièrement entreprenant et sauvage. A cet instant elle bénit son professeur d’avoir pensé à lui donner d’autres vêtements que sa nuisette, elle n’aurai jamais survécu habillée comme une petite poupée anglaise tout droit sortie de sa nurserie. Elle jeta un regard de côté vers le professeur pour voir comment il se débrouillait.

Forcément bien mais…

Moment d’inattention ridicule qui le mena droit à la chute. Chute à quelques mètres de Hollyhurt. Chute qui pourrai s’avérer mortelle par la suite…

* Un de moins !

Une chute ? Oui, la jeune serpentard chuta… Une maudite racine, s’enlaça avec sa cheville, comme un gobelin qui garde jalousement une bourse, le végétal s’appropria la belle Eden… Comme quoi le monde végétal peut influencer la donne… Qui aurait pensé qu’une simple racine détermine l’issue d’un combat ? En effet dans sa chute, Eden lâcha son épée qui dans sa course se percuta contre le sol, le professeur de sortilège qui au même moment se trouvait dans une situation embarrassante, en effet, encerclé par quatre invocations, magie entravé, sourire d’excitation dessiné sur les lèvres, il recula, au même moment l’épée rebondit, ce dernier envoya son épée dans les airs provoquant la surprise générale chez les créatures, leur laissant cette surprise emplie de moquerie sur leur effroyable visage, le jeune homme attrapa l’épée de la jeune fille et trancha la tête des quatre créatures en un revers contrôlé… Puis rattrapant son épée, il inclina son visage, le regard pétillant, le sourire d’un blanc parfait, il ne manquait plus que l’Harley Davidson à ses côtés, chevauché par une belle blonde.. La belle blonde il l’avait… Mais l’engin ? Hum à quoi bon… La jeune femme toujours à terre, entravée par cette simple racine, deux gobelins se lançaient en direction d’Eden, le glaive à la main, la fureur dans les yeux… Tuer, éliminer, exterminer… Nathaniel se retournant alors, abandonnant sa pose, se retrouva face aux gobelins, il se concentra et tendit son bras gauche…

« DEVOVEO ! »

Un bruit sonore accompagna son mouvement musclé, un dôme se dressa devant Nathaniel et Eden… Les deux gobelins s’y percutèrent… Rien à faire… Nathaniel souriait de plus belle, il avait surestimé la situation… Sa mère était beaucoup trop loin pour pouvoir entraver sa magie l’espace de tout un combat…Le pentacle, il devait trouver l’enchantement dessiné qui les privait de leur magie…

« Eh bien mademoiselle… Voilà la deuxième fois que je vous sauve la vie… »

Nathaniel s’approcha de la jeune femme, le dôme les protégeant toujours… Ses yeux d’un clair à illuminer l’obscurité du monde, d’un coup de baguette il libéra la cheville de la serpentard… Cependant, à peine le végétal fût détruit qu’il se reforma… Tel un conatus acharné, avide de ce sentiment, l’étrange envie de dominer, surpasser, incomber de sa présence…

« Intéressant… »

Le sorcier laissa la racine se reformer et s’en prendre à la jeune fille… Enchanté, elle s’enroula autour de la cheville de la jeune femme… Nathaniel plissa un sourcil, il voulu y porter la main cependant au contact de sa peau contre la racine, une douleur grandit, il eu à peine le temps de retirer sa main qu’il voyait déjà des étoiles… Se relevant, il échangea un long regard avec la jeune fille… Le contact de l’herbe semblait ne rien provoquer chez la magicienne… Mise à part peut-être qu’elle ne lâchait pas un mot et qu’elle paraissait sur le point de s’endormir… Le jeune Hollyhurt se ravisa… Il semblait dans un autre monde ? Se frottant les yeux, il sourit… Nan il ne devait pas sourire… Pas dans un moment comme celui-ci… Comme spectateur de ses pensées, acteur de son subconscient, fatale dualité entre le ça, le moi et le surmoi, il essayait de remettre ses idées en place… Abandonnant la jeune femme, il s’avança vers les Gobelins, lâchant baguette et épée, il franchit son dôme de protection toujours actif et se retrouva face aux gobelins, les ignorants il s’avança… Un des gobelins, enfin l’une des invocations, s’élança le glaive à la main, la lame tendue, il s’approcha dangereusement du sorcier, la haine étirée sur son visage, il allait frapper, le contact du métal percuta sa chemise blanche, puis fusionna avec son épiderme satiné pour finalement le transpercer… Tel une larme qui coule outrageusement, le sang se mit à couler… Le gobelin mit un deuxième coup, puis un troisième… Nathaniel, le visage impassible, il s’avançait, à chaque coup il plissait le regard, gardant la tête haute, la couleur de ses yeux perdait un peu de son intensité… Le métal semblait l’affaiblir… L’invocation s’apprêtant à lui porter le baisé final, celui qu’on attend à chaque fin tragique, où le héros est prédisposé à mourir, cette fin que chacun fantasme secrètement, la lame fendit l’air… S’arrêtant d’un coup brusque, l’invocation était tétanisée, chacun de ses membres paralysés, tous ses compères se trouvaient dans la même situation… Nathaniel posa une main au sol, il pouvait désormais voir le pentacle au sol…

« Face à la mort, même le plus puissant des enchantements se relève être qu’un sombre écrit qui perd de son ampleur avec un peu de lumière… »

Nathaniel se releva, l’entrave qui les incombait avait disparu… Levant la main, sa magie pouvait désormais émaner librement dans chacun des recoins de son aura, de son corps… Plissant le regard la douleur était grande… Un flux magique oppressant se ressentait du jeune homme… Son regard se teinta tragiquement de noir… Son esprit complètement verrouillé, une optique de survie se dessinait sur ses traits…

Qui suis-je ? ...

La jeune fille n’avait pas seulement chuté à cause de son petit moment d’inattention. Non, elle avait aussi trébuché sur une racine qui se trouvait fort bien placée, juste à l’endroit où elle avait posé le pied pour essayer de se rattraper. Dans son esprit, la chute eut lieu au ralentit et pendant ce ralentit, la bouche grande ouverte, déformée par un cri, elle regarda autour d’elle et vit le Professeur Hollyhurt encerclé par des gobelins. Lorsque la gravité eut récupéré son corps, elle laissa échapper tout une série de jurons qu’il n’est sûrement pas bon de citer ici pour ne pas choquer la jeune audience. Non seulement Eden était à présent étalée par terre comme une vulgaire larve de botruc, mais en plus elle ne pouvait plus du tout bouger la cheville. Celle-ci était emprisonnée par les racines.

Eden avait oublié le professeur et leurs attaquants tellement elle était occupée à se débattre pour que la racine la lâche. Elle les avait tous oubliés car, comme il a été dit plus tôt, tout se passait au ralenti dans sa tête. Le combat, la chute, même le simple fait de tenter de casser cette chose qui ne pouvait qu’être contrôlé par une force extérieure, semblaient durer une éternité. Grave erreur il faut croire car quelques secondes seulement s’étaient écoulées depuis qu’elle était tombée et déjà deux gobelins aux airs plus féroces que jamais lui fonçaient dessus.

Tout s’accéléra subitement. Le cerveau d’Eden sembla se réveiller après un long sommeil forcé. Les gobelins. Le Professeur Hollyhurt encerclé. Les épées dans les airs. Un dôme. Une ombre à ses côtés. Un gobelin ? Elle allait crier, elle voulait crier. Eden, la grande Eden Twinings avait peur, vraiment peur. Mais ce n’était pas un gobelin. Le Professeur Hollyhurt avait fait apparaître un dôme au-dessus d’eux. Un dôme qui les protégeait des assauts des viles créatures contre qui ils se battaient. Quelque chose en elle avait cédé. Elle avait eu peur et des larmes de colères plus que de peur mouillaient ses yeux clairs. Elle leva le regard vers le jeune professeur qu’elle avait choisi d’accompagner dans cette lutte. Il souriait, il avait même été jusqu’à faire une blague. En quelque sorte… Elle ne releva pas, ou pas vraiment. Eden était concentré sur la chose qui l’agrippait au pied. Hollyhurt jeta un sort qui l’en libéra, mais elle ne pu savourer le plaisir de bouger sa cheville librement car déjà elle s’était reformée et l’emprisonnait à nouveau.

Faites quelque chose…

Une plainte. Un sanglot. Le dôme était toujours au dessus d’eux qui les protégeait, néanmoins les gobelins les observaient, prêts à bondir. Eden s’acharnait de plus belle sur la plante. C’était inutile, elle le savait, mais elle ne pouvait rester immobile, inutile face à une mort qui devenait de plus en plus certaine dans son esprit. Le jeune et téméraire professeur toucha la plante qui l’emprisonnait. Eden cru qu’il allait s’évanouir. Il semblait comme brûlé par le simple contact de la chose qui le retenait prisonnière. Elle ne sentait rien, juste une feinte envie de dormir. Lorsqu’il brisa le contact avec la plante, il plongea son regard dans celui de la jeune fille qui pinçait les lèvres pour ne pas laisser la peur l’emplir. Un long regard duquel elle ne parvint pas à tirer quoi que ce soit. Il avait un air déterminé. Elle ne comprenait pas. Après tout, c’était sa lutte. Sa lutte à lui. Contre quelque chose, ou plutôt quelqu’un, lié à son histoire familiale. Comment pouvait-elle comprendre ? Elle ne parla pas. Elle ne le pouvait pas. Qu’aurait-elle dit de toute façon ?

J’ai peur… J’ai tellement peur… Je suis faible. Tellement faible… Laissez-moi et sauvez-vous. Je ne mérite pas cette vie qu’on veut me prendre pour une raison que je ne connais même pas. J’ai démérité la maison de Salazar. Je veux… Qu’est-ce que tu veux Eden ? Dormir ? Mourir ? Voir Calintz ! Tu es vraiment pitoyable ma pauvre fille. Où est Hollyhurt ?

Elle tourna son regard toujours embué vers le professeur qui marchait, sans armes et sans défenses vers un point face à lui. Un point qu’il fixait, comme s’il y avait quelque chose là qui l’attirait. Eden sursauta lorsqu’un gobelin porta un premier coup sur lui. Elle tendit la main vers le professeur, son cri toujours coincé dans sa gorge, ne voulant franchir la paroi de ses lèvres. Un deuxième… Un troisième… Il allait mourir. Il faiblissait. Ses pas se faisaient de plus en plus courts, lents, légers. Le gobelin allait porter le coup final, Eden ferma les yeux, des larmes coulant sur ses joues. Elle allait voir la mort. Pour la première fois. Première fois qu’elle verrait un innocent tué. Première et sûrement pas dernière. Une voix dans sa tête se mit à lui crier qu’elle était ridicule, qu’elle n’avait aucune raison de se sentir comme ça, que dans un combat il y avait toujours des morts, que des innocents elle en tuerait avec ses comparses, que la vie est un combat perpétuel et que si ce n’est pas cela c’est autre chose qui nous tue.

Eden entendit la lame fendre l’air. Son cœur sauta un battement. Elle attendait pour le bruit de la chair au contact de la lame. Mais ce bruit ne vint pas. Un grand silence s’installa. Un silence inhabituel, si on pouvait dire que leur situation était habituelle. Lentement elle laissa le rideau de ses cils se lever et vit Hollyhurt, couvert de sang, une main sur le sol, comme appelant quelque chose. Encore une de ses incantations sûrement. Mais il était vivant ! Eden sentit le poids sur son cœur se lever. La lutte n’était pas finie bien sûr, mais quelque chose avait changé. Les gobelins semblaient en suspend, comme si le simple fait qu’il ai la main sur le sol les empêchait de faire le moindre mouvement. Silence. Silence long et pesant qui n’avait été cassé par l’intervention d’aucune créature, d’aucun être. Hollyhurt n’était pas là. Bien sûr il était là physiquement, mais la jeune fille pouvait voir, d’où elle se tenait, qu’il avait dans les yeux une lueur, un regard sombre, qu’elle n’avait jamais vu.

A cet instant elle reprit pleinement conscience qu’elle était hors de danger et son cerveau reçu une décharge électrique. Elle se remit à donner des coups de pieds dans la racine qui l’enserrait toujours. Il fallait qu’elle fasse quelque chose. L’Eden faible avait disparue, retranchée au fin fond de l’esprit de la jeune fille, là d’où elle n’aurai jamais du sortir. D’un revers de manche elle essuya son visage, les larmes, la sueur. Quelques mèches de cheveux s’étaient détachés de l’emprise de l’élastique qu’Hollyhurt avait fait apparaître avec le reste de la panoplie de la jeune fille. Elle n’y prit pas garde, tout ce qu’elle voulait s’était se détacher et aider le jeune professeur qui semblait ailleurs, vraiment loin. Elle… Aider quelqu’un… Qui était-elle entrain de devenir ?

Professeur… Professeur ! Répondez-moi !

Elle avait oublié les gobelins qui les entouraient toujours, même s’ils ne bougeaient pas. Elle avait presque oublié qu’elle était liée au sol par une racine incassable. Lorsqu’elle voulut se relever elle tomba une fois de plus. Un cri de rage s’empara d’elle et cetet fois-ci elle le laissa s’extérioriser. Eden Twinings ne subirait pas, jamais… Seulement là il lui fallut bien se résigner.

Mais où est cette fichue baguette ? Eden ! Bouge-toi !

Qui suis-je ?

Simple question, mais relevant d’une psychose éternelle… Comme posé devant un fait accompli, sur le ton d’une finalité outrageante, l’échos d’un sommeil éternel, le doux bruit du jaillissement de l’univers, sensiblement atteint ? Ou bien pitoyablement possédé ? Tant de questions, de métaphores, d’images… Pour simplement se faire…

Manipuler ?

Son visage était fermé, la moindre nuance rappelant son impitoyable bonté hypocrite… Envolée… Ses yeux aussi noir que le cœur de l’humanité, la pâleur de son visage, l’atrocité de son aura… Tant d’élément rappelant la véritable nature de sa personne… Enfouir sa nature et prendre le risque de la voir jaillir un jour… Que voulait-elle… Que voulait-il…

Rejoindre son camp ?

Un vent s’était levé autour du jeune homme, la majeure partie de ses sceaux étant ouverts, il était devenu son centre… Le pentacle était sûrement un piège… Tel un stratège avisé, sa mère avait sûrement calculée ce qu’il envisagerait… Soit… Désormais il fallait…

Détruire ?

Les gobelins face à lui étaient paralysés, non pas de peur, car une invocation ne ressent aucune émotion, mais par la magie… Le sorcier, passa près de la jeune femme, l’ignorant, il s’avançait vers les gobelins… Son visage était toujours aussi neutre, ses yeux aussi noir… Levant une main, l’obscurité se renforça… Renouvelant son geste, il appela à lui de l’eau… Pris dans les végétaux avoisinant, les plantes s’asséchèrent, offrant ce liquide précieux contre leur conatus, la fin d’une vie bucolique… Une masse d’eau materner le professeur… Lui donnant cette impression divagante… D’un geste de la main, l’entrave de leur magie disparue les gobelins se consumèrent… Maintenant il restait…

Elle ?

Se tournant vers Eden, son regard était froid comme la mort, d’un blond étincelant, un visage mesquin, des courbes parfaites, la ressemblance était frappante… Le vent semblait enlaçer l’action… Un nouveau huis-clos s’était dressé… Non pas en une barrière végétale cette fois-ci, mais en un cercle de tension intense… Matérialisant une lame de glace dans sa main, il leva le glaive… Tel une réminiscence inespéré, son visage toujours plongé dans cette neutralité impassible, son geste fut irrévocable… Il trancha… La petite plante s’assécha puis disparu… Face à la jeune fille, la situation semblait tragique… Un écho inexistant les reculait de tout… Comme s’ils s’éloignaient du château, de Poudlard, de la forêt… Plongeant son regard dans celui de la jeune fille, la magie autour de son corps s’intensifia…

La fin ?

» Sous la Lune nouvelle [PV Iridal Winterfell]
» Le chant paternel. [PV Hurleur]