La nuit avant Noël (PV)

C'est la nuit avant Noël...
La petite fille coquette et belle,
les cheveux blonds finement lacés
par de luisant rubans dorés,

le corps frêle tout habillé
d'une longue robe de soirée
parcourt les rues à toute vitesse
sous ses airs de jeune princesse.

Un conte de Noël dans la tête,
elle veut profiter de la fête,
voir les gens finir d'acheter
de quoi dignement réveillonner...

Elle attend avec impatience
celui dont, pour tous, la présence
ne peut être que bien réelle,
ce gros bonhomme, le père Noël.

Les yeux remplis d'étoiles,
derrière elle, flottent les voiles
de sa robe aux rouges feutrines
pendant qu'elle contemple les vitrines.

Et le sourire jusqu'aux oreilles,
les joues rouges vermeilles,
elle murmure à son ourson,
son plus fidèle compagnon :

"Regarde mon cher Pookie,
comme sont belles ces bougies !
J'aimerai en avoir autant
que d'étoiles au firmament."

L'ours Pookie et la petite Cassie
tous les deux émerveillés
sont fins prêts à fêter
un Noël plein de magie.

Puis dans le ciel carillonne
ce qui sans aucune doute est
le grelot du vieux bonhomme
de son traîneaux et de ses rennes...

Et Cassie, les oreilles aux aguets
entend, presque tout près,
quelques paroles, quelques mots,
qui font de ce soir le plus beau :

"Joyeux Noël à tous
et à tous une bonne nuit"

Dans son manteau emmitouflé,
Un écharpe sur le bout du nez.
Dans sa tête des idées noires,
De ces fêtes il ne voulait rien savoir.

Les rues finement éclairées
La neige trop longuement écrasée
Des vitrines trop scintillantes
Lui rempli de détresse accablante

Devant lui une petite fille,
Dont les yeux pétillent
Sur ces lèvres un sourire se dessine
Deletrius avait retrouvé bonne mine.

C'est le coeur réjoui par le bonheur de cette frêle petite créature que Deletrius s'approcha. Ses pas crissèrent dans cette neige tombant sans cesse. En regardant cette fille, son coeur se remplit d'allégresse, pour certains cette fête voulait dire joie et bonheur mais pour lui juste l'amère souvenir du décès de sa mère. Il prit sa voix la plus douce et parla à la petite fille.

Bonjour petite fille, tu entends le Père Noël. Cette année encore tu seras dans ton lit quand ce gentil vieux bonhomme fera son travail. Tu te réjoui, que lui a tu demandé?

C'est avec un sourire crispé qu'il tentait tant bien que mal de dissimuler qu'il attendait la réponse.

"Cette année encore, tu seras dans ton lit..."

Cassie a un sourire énigmatique en entendant la phrase de l'homme qu'elle vient de croiser. "Son lit", ça fait maintenant un moment qu'elle l'a quitté !
Quant au père Noël, elle y croit dur comme fer, même si elle sait ce que les autres enfants ignorent... et c'est bien ce don de croire malgré tout qui fait d'elle une enfant unique au monde !

Le papa Noël, je lui ai commandé un ange, et des pipillons !

Tout sourire elle énonce ça comme une évidence. Et elle sait qu'elle aura l'un comme l'autre un jour, même si ça ne voudra pas forcément dire ce qu'elle pense en cet instant !

Et Pook' a commandé un oeil.

Elle tend son ourson vers le visage de l'homme. La peluche est à moitié borgne, et même l'oeil qu'il possède encore aurait bien besoin d'un coup de couture !

Et toi, tu as demandé quoi à papa Noël ?

Tutoyer quelqu'un ne se fait pas en principe, mais pour une fillette de 4 ans, le tutoiement est quelque chose de tout à fait naturel.
Pendant qu'elle attend la réponse, Cassie jette un coup d'oeil dans la vitrine devant laquelle elle s'est arrêtée.
Il y a un grand miroir à l'intérieur de celle-ci et la blondinette s'amuse à prendre la pause dans sa jolie robe toute de rouge et de dorure.
C'est alors qu'elle voit le petit globe de neige dans lequel volent quelques papillons.

Ooooooooooooooooh, s'exclame-t-elle, enchantée. Papa Noël, il a envoyé des pipillons !

Le fait que le globe ne lui appartienne pas lui importe peu, tant qu'elle a pu voir ce qu'elle veut dedans !
Et voila un de ses cadeaux de reçu !
Elle se redresse, attendant toujours la réponse de l'inconnu, et murmure pour le consoler :

Faut pas être triste, il va y avoir plein de beaux Noël maintenant !

Deletrius écoutais la petite avec attention. La neige continuait de tomber sur Pré au Lard, et la rue ne désemplissait pas.

Cette innocence serait presque capable de me redonner goût à Noël.

La petite lui demandait se que lui voulait pour Noël. Si seulement le Père Noël rescussitait les morts j'aurais des cadeaux à lui demander.

Et bien voit tu il y a des cadeaux que même une personne comme le Père Noël ne peuvent malheureusement pas offrir pour Noël.

Tu veux un papillon regarde ça.

Deletrius sortit sa baguette de sa poche et ramassa un caillou qui gisait là et d'un geste souple fit danser sa baguette dans les airs.

Lepidoptera Ferre

Soudain le caillou se mit à se surélever et à prendre doucement la forme d'un papillon. La fragile créature volait un petit moment autour de la fillette et doucement prit son envol vers les cieux.

Alors ça t'a fait plaisir?
Tu sais pour moi Noël c'est un peu un jour comme les autres.

Quand il pronoça cette phrase Deletrius avait le coeur serré, la dure réalité de sa solitude remontait à la surface. Tu va tout de même pas chialer devant cette fille.

Regarde Pookie, regarde le pipillon !

Cassie frappe dans ses mains et saute sur elle-même de contentement, au risque d'assommer son ourson par tant d'enthousiasme.

Bravo, bravo... C'est beau les pipillons !

Décidément, ce Noël est magique.
Tout est si étrange depuis que la blondinette a quitté grand-papa, tout est si nouveau qu'elle ne se lasse pas de tout découvrir.
Il est étonnant qu'une fillette au don de prémonition soit la plus propice à être surprise par tout ce qui l'entoure, mais c'est tout aussi rassurant... car c'est lorsqu'on cesse de se laisser surprendre qu'on perd son âme d'enfant !

Avec une moue de compassion, elle se rapproche un peu de l'inconnu qu'elle considère maintenant comme inoffensif.

Papa Noël a pas été très gentil avec toi avant !

Ce n'est pas une question, juste une constatation... Tout comme les fantômes du conte de Dickens, Cassie connaît aussi bien le passé, le présent, que l'avenir, même s'il s'agit plus de quelque chose de l'ordre du sentiment, de la sensation, que d'un pouvoir conquis, acquis et utilisé avec précaution !

Mais faut pas être triste. Moi aussi je vais être une maman un jour et je vais mourir, mais je suis pas triste !

Cette phrase pourrait faire horreur à n'importe qui la prononçant et encore plus à quiconque l'entendant, mais Cassie la dit de façon si naturelle (et non pas détachée), qu'elle semble presque douce et joyeuse à l'oreille de ceux qui l'entourent à cet instant...

La fillette se tenait là le regard pointé dans les yeux de Deletrius comme si elle le sondait. Son regard plongeait au fond du Médicomage. Ses paroles eurent l'effet d'un boulet de canon sur le jeune homme.

Mais faut pas être triste. Moi aussi je vais être une maman un jour et je vais mourir, mais je suis pas triste !

Mais comment diable c'est elle que je pensait à ma mère. Cette fillette est un mystère.

Mais Deletrius ne voulait pas appeurer la fillette par un geste de crainte, il prit sur lui et ne laissa rien paraître. Finalement c'est ce qu'il faisait depuis bien longtemps. a présent sa vie était au profit des autres, il ne pensait plus à lui même.

Dit moi petite fille tu es toute seule ici? Personne ne t'attend?

Elle a se je-ne-sais-quoi d'intriguant, je n'avais jamais vu ça auparavent.

Deletrius la regardait avec un sourire chalereux. Se genre de sourire qui a le même effet qu'un chocolat chaud une froide soirée d'hiver.

Non je suis pas seule, c'est Pook' qui m'accompagne !

A nouveau, la petite Cassie tend Pookie, l'ourson à l'oeil manquant, devant la figure de l'inconnu. Pookie a toujours veillé sur elle, il n'y a pas de raison que ça cesse de continuer !

Et puis Pline doit pas être loin.

Pline, c'est lui qui l'a amenée jusqu'ici, et, comme à son habitude, Cassie lui a faussé compagnie dès les premiers instants de son arrivée dans le village. Elle sait d'ores et déjà qu'elle finira par le retrouver dans la foule, alors elle ne s'en fait pas.

Et je suis pas une petite fille, se renfrogne-t-elle d'un air qui ferait fondre le plus grincheux des hommes. Je suis Cassand'a.. mais on peut dire Cassie, c'est plus facile.

Déjà son regard a repris ce petit pétillement qui lui est propre. Ses deux grands yeux vert sombre ne doive pas pleurer souvent, se disent sûrement les gens qui la croisent dans la rue, les bras chargés de paquets.

Et toi, c'est comment que tu t'appelle ?

Deletrius écoutait la petite fille qu'il savait maintenant prénommée Cassandra. Cet innocence qui émannait de Cassandra prit Deletrius de court. Il ne savait comment réagir face à la petite fille au pouvoir mysterieux et son petit air candide.

Hé bien plus facile d'affronter un troll que de parler à cette petite fille.

Ah... Tu n'est donc pas toute seule, cela me rassure. Hé bien tu sais quoi? Quand Monsieur Pline sera là nous irons boire un bon chocolat chaud avec de la guimauve, tu sais j'adore la guimauve.

Et toi, c'est comment que tu t'appelle ?

Moi c'est Deletrius, mais tu peux m'appeler Delete ça me gêne pas du tout. Mais dit-moi tu a quel âge Cassie? Tu habite Londres?

En attendant l'arrivée de ce Pline, Deletrius écouta la petite qui lui parlait de son air joyeux, un air qui quittait Deletrius à chaque veille de Noël. Mais qui sait un jour refêtera-t-il Noël.

Cassie frappe encore dans ses mains. Elle a très envie de goûter la guimauve. Mais elle sait que Pline n'est pas prêt de la retrouver et elle n'a aucune intention d'attendre son retour.
Elle dit alors à l'inconnu, arborant son visage le plus suppliant.

Mais Pline, il est pas là et il va revenir dans longtemps. On peut y aller avant. Il me retrouve toujours, de toute façon. Hein Pook' !?

Elle espère que l'inconnu va la croire et accepter sa proposition. Après tout, elle ne lui a dit que l'entière vérité. N'est-ce pas vrai que Pline finit toujours par la retrouver ?

Vous voulez ? Dîtes ? Vous voulez ?

Elle ajoute à sa supplication un grand sourire pour attendrir encore davantage... A croire que Cassie a déjà hérité de l'art de charmé que son ange possède naturellement.

Puis l'inconnu décide d'arrêter d'être un inconnu pour elle et lui explique comment il s'appelle.

Delete... Cassie affiche un léger sourire en coin. C'est drôle comme nom !

Contente de voir que la discussion part ensuite sur elle-même (à son âge, elle commence déjà à aimer parler de sa petite personne !), Cassie enchaîne.

J'ai 4 ans, annonce-t-elle fièrement, souriant de nouveau de toutes ses dents de lait. Et j'habite chez Pline. Mais bientôt, ce sera plus chez lui... Et avant, j'avais grand papa aussi...

Un petit froncement de sourcil montre que tout cela semble légèrement emmêlé dans l'esprit de la fillette.

Deletrius commencait à retrouver le sourire une veille de Noël, il regardait avec bonheur la joie dans les yeux de la petite. Cette joie debordant de son être pouvait lui faire pardonner toute ses bêtise. Les flocons devenait de plus en plus gros et la bise se mit a souffler.

Bon et bien alors si tu dit que Monsieur Pline va te retrouver alors je te croit. Allons donc dans le petit café là à coté boire un bon chocolat chaud avec de la guimauve tu verra c'est savoureux.

Les deux se dirigèrent vers le café, Deletrius poussa la porte du café. Il fut tout de suite enivré de goût et de saveur. L'air était rempli d'odeur des biscuits de Noël, de thé à la cannelle et de l'odeur du chocolat.

Bon plus qu'a trouvé un place.

Dans un coin du café se trouvait une petite table libre, Deletrius prit la main de la petite et l'emmena à la table, il prit même une troisième chaise pour l'ourson de Cassie. Deletrius appela le serveur afin de passé commande.

Alors sa sera deux chocolat chaud avec de la guimauve et un plat de biscuits s'il vous plaît.

Puis le serveur s'éclipsa derrière son bar.

Tu habite chez Pline mais pourquoi se sera plus chez lui bientôt.

Deletrius écouta la réponse de la petite puis enchaîna:

Alors sinon dit moi qu'est ce que tu aime faire de tes journées?

Elle le suit docilement dans le café. Une odeur de pain d'épice et de chocolat monte à ses petites narines dès qu'elle pénètre dans l'endroit, juste de quoi faire gargouiller son ventre qui crie déjà famine.
Elle s'assoit à côté de "Delete" et apprécie beaucoup le geste qu'il a envers Pookie pour qui il rapproche un siège.
Cassie installe confortablement l'ourson, veillant à ce qu'il ne soit pas trop dans le passage. Elle se souvient encore de manière vivace de la soirée du nouvel an, l'année auparavant, où Pookie avait faillit se faire tremper par quelqu'un ayant renversé son verre !

Deux tasses de chocolat sont apportées, ainsi que des guimauves et une assiette entière de petits biscuits de Noël, en forme d'étoiles et à la cannelle.
Étrangement, le goût qu'il dégagent dans le palet de la fillette lui rappelle quelque chose de très vague, mais quoi, elle ne saurait le préciser.
Un peu déçue de voir que, cette fois, "Delete" a oublié Pookie, Cassie fait glisser sa tasse de chocolat sur la table jusqu'à l'ourson, afin que lui aussi puisse se restaurer.

Tiens, bois Pook', c'est boooooon !

Puis elle croque dans un nouveau gâteau, lui insufflant à nouveau la sensation étrange qu'elle en connaît déjà le goût alors que c'est seulement la première fois qu'elle en déguste.

Non, chez Pline, c'est toujours chez Pline. Mais moi, je vais plus habiter chez lui. explique-t-elle la bouche pleine, d'une voix à peine audible tant la quantité de biscuit qu'elle essaie de mâcher en une fois est importante.

Énigmatique, elle n'en rajoute pas plus. Elle ne sait pas encore avec exactitude où elle ira, ni chez qui elle habitera... Tout ce qu'elle sait, c'est que, bientôt, elle ne vivra plus avec l'enfant-adulte et son étrange volaille.

La question suivante est bien étrange et assez gênante pour la petite Cassie. Ce qu'elle aime ? Peut-elle seulement en parler ?

J'aime lire ma lettre...

Elle ne sait bien entendu pas lire, mais, chaque soir, accroupie devant son lit, elle essaie de déchiffrer mots par mots la lettre qu'elle range toujours dans la poche de son ours en peluche, seule souvenir palpable de son Ange.

Et j'aime jouer avec Pookie à cache-cache... et...

Cassie devient soudain hésitante. D'une toute petite voix, elle ajoute, mystérieusement.

Et j'aime être avec mon Livre.

Quand Cassie approcha sa tasse de la frimousse du petit ourson en peluche mal en point que Deletrius comprit sa bourde. Prendre une chaise c'était mignon mais oublier de servir le jouet qui pour la petite était un être à part c'était un manque de tact.

Elle est tellement mignonne. Je me demande si j'aurai un jours des enfants? Bon faut déjà que tu te trouve un petit brin de femme que tu pourra chérir et après si il y a mariage peut-être plus tard un enfant. Mais dabord concentre toi sur ton travail.

La petite continuait de lui parler d'elle, et Deletrius continuait de l'écouter bien que des fois difficile vu la quantité garguentuesque de biscuits que la petite se mettait dans le bec.

Ohla ohla tu sais ils vont pas disparaître ces biscuits tu peux prendre ton temps pour les manger. Et tu sais déjà lire c'est très interessant, tu sais je suis un peu comme toi quand j'était petit j'avais toujours le nez dans un livre, je lisait toute la journée. J'adorais ça du petit matin jusqu a tard dans la nuit.
Ah cache-cache c'est un jeu très drôle, et je suppose que tu est très forte vu qu on dirait que Monsieur Pline a de la peine a te retrouver. Deletrius sourit à la petite. Moi j'avait personne avec qui jouer, parce qu on vivait dans un manoir hors de Londres et si je voulais jouer je devait marcher des heures.

La petite lui parla de son Livre, mais elle cachait des chose, soudainement elle était devenue comme très distante. Il ne voulait pas aproffondir le sujet, il se contenta de dire:

C'est bien d'avoir des chose avec les-quels on se sent bien.

Ils vont pas disparaître non... mais c'est trop bon.

Et en disant cela Cassie avale une nouvelle fournée de biscuits. On dirait presque qu'elle n'a pas mangé depuis des mois. Pourtant, Pline s'arrange toujours pour qu'elle ait tout ce qu'elle adore niveau nourriture, à croire qu'il lit dans ses pensées !

Rougissant un peu, Cassie décide de reprendre le jeune homme qui n'est plus un inconnu. Elle ne peut pas lui laisser croire qu'elle sait quelque chose qu'elle ne sait pas encore.
Et d'ailleurs c'est bien là le problème... comme elle aimerait savoir lire pour pouvoir déchiffrer la lettre de son Ange, même si elle sait par coeur ce qu'elle contient.
Osera-t-elle la montrer à Delete pour qu'il la lui lise comme grand papa le faisait avant qu'elle ne lui soit enlevée ?

Non, je sais pas lire, explique-t-elle sans perdre son appétit. Mais je veux bien savoir lire, parce que ma lettre c'est très important, c'est mon Ange qui me l'a donnée !

Un peu anxieuse à l'idée de la montrer à Delete, Cassie ouvre la poche de Pookie et sort un parchemin qu'elle a tellement plié et déplié qu'il commence à porter les marques du temps.
Timidement, une fois n'est pas coutume, elle le tend en direction de Delete, sans pour autant le lâcher des mains. Cet objet est trop précieux pour qu'elle laisse quelqu'un d'autre le tenir entre ses doigts.

Je sais tout ce qui est écrit, admet-elle fièrement. Grand papa me la lisait.

Et, sans regarder les mots, elle récite :

Citation :: Ma chérie,

Comme j'aurais aimé que les choses soient différentes, que tu grandisses au sein d'une famille aimante composée par moi-même et ton père, dans un foyer chaleureux où rien, jamais, ne pourrait t'atteindre. Au lieu de cela, me voila obligée de t'abandonner à d'autres mains qui t'apporteront l'amour et le réconfort que je n'ai pas la possibilité de t'offrir.

Ne me déteste pas, je t'en pris. Je t'ai aimée dès que j'ai su que tu grandissais en mon sein et je t'aimerais jusqu'à la fin de mes jours, même si, je le crains, nos chemins ne se croiseront sans doute plus maintenant que tu es sur le point de quitter la protection maternelle que je t'offre encore pour quelques instants. Tu es ce qui m'est arrivé de plus précieux et rien ne pourra jamais modifier ce que je ressens à ce moment où je t'écris cette lettre, alors que le travail de l'accouchement a déjà commencé et que je te sens prête à quitter mon ventre.

Tu es issue d'un amour puissant, plus doux et improbable que jamais tu ne pourras l'imaginer. Ton père et moi nous aimions à la folie. Mais le destin a voulu que nous soyons séparés comme à présent ce même destin s'acharne à t'éloigner bientôt de moi. Si j'avais le choix, je te garderais au creux de mes bras, je braverais la mort et la destinée pour t'élever, mais je n'en ai pas le droit : je ne peux consciemment te mettre en danger comme tu le serais si tu restais à mes côtés.

J'espère qu'un jour tu comprendras et que, malgré la rancoeur qui, j'en suis sure, animera pendant un temps ton âme, tu finiras par me pardonner.

Jamais je ne t'oublierai, ma Cassandra,
ma petite Cassie,

Ta mère.

Cassie retourne la lettre vers elle et caresse des doigts le dernier mot, et avec un grand sourire rempli de rêverie, murmure :

C'est mon Ange !

Soudain, ses beaux yeux vert sombre se tournent vers l'extérieur et elle voit un garçon, guère plus grand qu'elle, mais au visage pas plus insouciant que celui d'un vieillard.
Rangeant aussitôt sa lettre au fin fond de la poche de Pookie, elle applaudit à tout rompre.

Pline m'a retrouvée. Il a encore gagné, dit-elle comme s'il s'agit d'un jeu entre les deux protagonistes. Au revoir Delete. à bientôt !

Et, sans un mot de plus, après avoir seulement fait de grands signes de la main en guise de salutation, elle saute de sa chaise, tire Pookie par un "bras" et court en direction de la sortie.
Dehors, le sol s'est recouvert d'un épais tapis de neige bien blanche, au loin les cloches d'un église résonnent. Il est tant d'aller fêter la veillée de Noël.

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