Entretien de Roxanne Willows

Comme toujours Eilane avait préparé la salle d'entretien à l'avance. C'était pour une fois celle qui se trouvait à gauche en longeant le couloir du département des mystères amenant jusqu'aux salles d'expériences, qu'Eilane avait choisie. Il y faisait un peu plus clair, même si la pièce n'était pas plus spacieuse que sa jumelle.
Deux chaises entouraient une table en bois sombre recouverte d'un petit napperon blanc et sur laquelle était posé un bouquet de roses noires qui donneraient une touche féminine à l'endroit.
Sur la porte avait été installé l'écriteau suivant :

Citation :: Entretien de Roxanne Willows

HJ : Roxanne, ce sujet est à toi Wink

Deux arrêts de métro, un changement, Quatres stations de métro et elle s'arrête. Une station assez isolée de Londres, une de ces stations sans correspondance où ne descendent et ne montent que les rares qui vivent ou travaillent dans ce coin désolé, et quelques originaux... et Roxanne. Roxanne qui veut travailler dans ce coin paumé. Roxanne qui, très certainement, est une des seules à emprunter la cabine téléphonique rouge, en très mauvais état et dont le téléphone ne fonctionne pas. Du moins pas pour passer un appel. Pourtant Roxanne prend le combiné, le porte à son oreille, et de sa main libre compose sur le clavier le 62442, puis décline son nom et son motif de visite :

Roxanne Willows, entretien au département des mystères.

Dans le receptacle normalement réservé au rendu de monnaie, tombe avec un bruit métallique un badge sur lequel il est écrit les mots exacts qu'elle vient de prononcer. Elle l'accroche à sa tunique, au niveau de son sein gauche, puis sent la cabine trembler et s'enfoncer dans le sol. En une autre occasion, elle aurait été terrorisée, mais elle a été prévenue. Son père lui a tout expliqué. Et ainsi, sans aucune hésitation, une fois arrivée à l'atrium, par la cabine fonctionnant comme un ascenseur de fortune, elle se dirige vers l'un des plus grands ascenseur, et appuie sur le bouton 1. Dans un bruit de ferraille assourdissant, la cabine descend, descend, descend, jusqu'au niveau un qui constitue le département des mystères, et s'arrête brutalement en faisant, si possible, encore plus de bruit.

Eh bien, pas besoin de sonnette pour s'annoncer ici. C'est dingue que les sorciers, qui sont si brillants sur certains points, ne connaissent pas l'huile à graisser les cables !

Puis avec légèrement plus d'hésitation (son père a beau lui avoir expliqué comment se rendre au département des mystères, il n'y est jamais allé en personne, ainsi se retrouver à l'intérieur du département est une affaire que Roxanne doit résoudre seule), elle finit par trouver une porte portant l'inscription :

Citation :: Entretien de Roxanne Willows

Nous y voilà...

Elle frappe trois coups à la porte, tout en l'ouvrant... Après tout pour le moment, cette pièce est la sienne, elle ne peut y déranger personne que la femme qui l'y attend.
En effet, Eilane Snake, la semie-vélane dont elle n'a que très peu d'informations, malgré ce que lui a raconté son père, se trouve assise derrière le bureau, qui a été aménagé avec sobriété mais élégance pour l'entretien.

Madame Snake ? Je suis Roxanne Willows. Merci d'avoir accepté de me voir aujourd'hui...

Elle s'avance et tend la main, pour serrer celle de la femme magnifique à qui elle fait face.

Je sais que vous avez accès à toutes mes pensées. Je vous en prie, servez-vous, je n'ai rien à cacher...

Eilane avait su que la jeune femme était derrière la porte avant même qu'elle n'entre. La semi-Vélane conservait cet incroyable force de légilimencie qu'elle avait appris à dompter, même durant les derniers mois de sa grossesse. Ainsi avait-elle entendu les pensées de Roxanne à travers la porte de la salle d'entretien !
Eilane se leva pour l'accueillir. La bague magique que l'illusionniste avait ensorcelé agissait toujours : sa silhouette avait gardé toute sa finesse, aucune trace du véritable état dans lequel elle se trouvait n'était perceptible. Elle avait laissé ses longs cheveux lâchés. Quelques mèches argentés, peut-être un peu plus nombreuses que d'habitude, s'y entremêlaient. La semi-Vélane masquait autant qu'elle le pouvait la fatigue, le stress et les malaises qui faisaient parti de son quotidien depuis maintenant trop de mois !
Elle scruta son éventuelle future employée de ses beaux yeux vert ambré.
Il y avait quelque chose en Roxanne qu'elle ne réussissait pas à cerner. Cette dernière était différente des autres personnes qu'Eilane croisait d'habitude, mais elle n'aurait su dire en quoi !

Tout de même, elle aurait pu frapper avant d'entrer ! Enfin, peu importe, j'imagine. Elle est là et à l'heure, je n'en demande pas davantage... à moins bien entendu qu'elle ne se montre d'une arrogance sans borne durant l'entretien !

Eilane s'empressa de sourire en entendant la jeune femme parler. De toute évidence, la première impression avait été mauvaise et l'arrogance ne faisait nullement parti des caractéristique qui pouvaient définir Roxanne Willows !

La semi-Vélane lui serra la main de bon coeur, puis, d'un petit geste poli, l'invita à s'asseoir, tandis qu'elle même reprenait place sur sa chaise.

Enchantée de vous rencontrer, Miss Willows !

Eilane étala devant elle la lettre que Roxanne lui avait envoyée. A côté se trouvait une liasse de parchemins vierges, une plume et un encrier. Elle allait prononcer son habituel "je vous écoute", lorsqu'elle perçut les pensées de Roxanne. Intriguée, elle préféra d'abord demander :

Comment savez vous que je possède des facultés en légilimencie ?

Ces paroles, dites d'une voix chantante, étaient accompagnées d'un charmant sourire, malgré tout l'intérêt qu'Eilane mettait à écouter la future réponse qui lui serait apportée.

Rassurez-vous, je n'ai aucunement l'intention de fouiller dans votre esprit !

Je me contenterai de lire seulement les pensées de surface que vous laisserez échapper !

Le sourire de Roxanne, déjà large, se fait particulièrement malicieux à la question de madame Snake...

Je ne le savais pas. Mais vous venez de m'en donner la certitude...

Encore une fois, je vous l'ai dit, celà n'a pas la moindre importance. Et si cela devait vous confirmer ma motivation sincère à travailler parmi vos chercheurs, tant mieux. Aucune de mes pensées ne sera capable de me desservir ici.

Roxanne s'est donc assise, ravie que son petit piège ait fonctionné. Elle montre ainsi une partie de son intelligence à son futur employeur. La ruse fonctionne à chaque fois, même si elle l'utilise le plus souvent envers ceux qui ne lisent pas dans les pensées, et donc est sans intérêt...

Je suppose que je dois commencer à vous parler de moi. Avant toute chose, pour que cet entretien parte sur de bonnes bases, autant vous avouer ce qui fait de moi qui je suis : Je suis une moldue.

Arrivée là, elle se tait, et profite en silence de son petit scandale...

La main d'Eilane se crispa au dessus de son parchemin en réalisant quelle bêtise elle venait de commettre : permettre à une étrangère de découvrir quelque chose d'important à son propos, son pouvoir de legilimencie en l'occurrence !
Mais ce qui la fit trembler et ce qui écarquilla ses beaux yeux ambrés furent surtout les dernières paroles de Roxanne.

Par Morgane, c'est une blague, j'espère !

"Elle a l'air on ne peut plus sérieuse, ma belle"

Eilane frémit. Le pendentif se réveillait bien trop facilement ces derniers temps. Et en une telle circonstance, l'avis d'un horcruxe, totalement anti moldu qui plus est, était bien la dernière chose dont elle avait besoin ! Pas qu'elle ait ressenti un amour immense pour les moldus... Leurs guerres et leurs idioties avaient permis l'assassinat de la seule et unique famille qu'elle avait appris à aimer... sans parler des diverses oppressions que les sorciers avaient connu par leur fait ! Non, Eilane Snake, seconde et compagne de Lord Voldemort ne pouvait décemment apprécier les moldus ! Mais l'horcruxe, lui, ou plutôt son créateur, leur vouait une haine sans pitié bien plus puissante et dévastatrice que ce qu'Eilane était capable d'éprouver !

Ca ne peut être la vérité... Une moldue ? Au sein mêmedu ministère ?

"Se mettrait-on à laisser entrer n'importe qui dans ces bureaux ? Décidément, ce ministère aurait bien besoin que quelqu'un en reprenne les rennes et remettent certaines choses et personnes en place !"

Eilane attrapa le pendentif, comme pour lui signifier de se taire, de ne plus envahir ses pensées. Sa main se referma sur la bille rouge sang qu'enlaçait un serpent argenté et elle sentit sa douloureuse chaleur s'insinuer dans ses doigts. Mais elle continua de le maintenir serré fermement.

Une moldue ? Je dois admettre que je m'attendais à tout sauf à cela !

Sa voix restait chantante, son visage conservait un calme impassible et son sourire avait à peine faiblit. Heureuse de voir qu'elle possédait encore quelques capacités de maîtrise de soi malgré la fatigue et le stress qu'engendrait sa grossesse, elle continua sur ce ton amical et intrigué :

Pouvez-vous m'en dire plus à votre sujet... Qu'est-ce qui vous fait penser que je serais prête à engager une moldue dans nos locaux ? Et qu'est ce que vous auriez à apporter qui pourrait me pousser à le faire ?

Roxanne est ravie. A l'attitude de madame Snake, elle a déjà réussi à la destabiliser par son petit piège. Banal, certes, mais les sorciers ne se méfient pas assez de la banalité...

Et alors quand elle annonce sa nature de moldu, c'est le pompom ! La magnifique semi-vélane écarquille ses yeux de surprise et... d'horreur. Un vrai scandale ! Qui fait monter encore la joie et donc l'intensité du sourire de Roxanne...

Ce n'est pas qu'elle souhaite particulièrement destabiliser Eilane. Elle n'a rien contre elle, au contraire, et elle souhaite se voir embaucher. Mais elle espère que la vélane reconnaîtra que si elle, moldue, peut destabiliser une puissante sorcière, alors elle n'est pas si impotente. Elle a des armes, même si ce ne sont pas les mêmes que celles des sorciers... Cette pensée, elle fait de son mieux pour la mettre au premier rang de toutes les pensées qui se bousculent continuellement dans son cerveau en perpétuelle ébullition. Après le petit scandale, il est certain que sa future employeuse ira fouiller dans son esprit. Et c'est ce qu'elle veut. Expliquer tout sera fastidieux. Autant que la légilimencie aide...

Je me doute que la dernière personne que vous souhaitez voir travailler avec vous est une moldue... Je poserai des tas de soucis, sans compter que je serais totalement inutile...
Je n'ai pas le pouvoir de lire dans vos pensées, et de toutes façons je suppose que vous sauriez me repousser... Mais je peux clairement m'imaginer ce qui traverse votre esprit à l'idée d'une moldue au département des mystères...

Nous allons éclaircir deux choses : Ce que je vous apporterai, et pourquoi vous ne pouvez pas refuser... D'accord ?

Je ne suis pas sorcière, mais je connais comme ma poche votre monde. Notre monde, puisque j'y ai été élevée depuis ma naissance et que mes parents ainsi que toute ma famille sont sorciers... Je connais également les cracmolles, j'en avais une dans mon école primaire... Je suis experte dans les trois mondes, et cela est rare il me semble. Je peux déjà vous apportez ces connaissances.
Ensuite, je suis particulièrement douée. Intelligente si vous préférez. Ce n'est pas de la vantardise, il s'agit d'un état de fait... Considérez que j'ai passé l'équivalent des ASPICs à l'âge de 14 ans, avec Optimal à toutes les matières. Considérez également que j'ai suivi ensuite deux cursus d'études pendant toutes les années qui ont suivi jusque là... J'ai 24 ans. Vous comprenez donc que je ne suis pas la dernière des imbéciles...

Mes motivations, il me semble vous les avoir écrites sur ma lettre : je souhaite étudier la différence et les ressemblances de ce que nous voyons pour l'instant comme trois mondes, celui de la sorcellerie, celui des moldus, et celui à cheval sur les deux des cracmols. Je souhaite apporter un peu d'éclaircissement là-dessus, de manière à résoudre un des plus grands mystères de ce monde : Qui sommes-nous, que sommes-nous et pourquoi le sommes-nous ? N'est-ce pas ici le département des mystères ? ...

Et maintenant comprenons-nous bien. Et pour en être certaine entrez en moi. Je ferai ces recherches. Ici ou ailleurs, j'entreprendrai la découverte de la nature sorcière... Que préférez-vous ? Ici, sous la coupe du ministère ? Ou dans un quelconque laboratoire moldu, au vu et su de n'importe qui ? ...

Ces dernières paroles, elle les prononce en jetant son regard noisette dans celui ambré de la vélane. Elle sait que la légilimencie est bien plus facile, et même quasi impossible à éviter lorsque les yeux sont en contact. Et elle veut que la sorcière lise sa détermination, et puisse voir avec certitude qu'elle ne jette pas un coup de bluff...

Eilane restait abasourdie. Non seulement cette femme appartenait à une "espèce" qu'elle avait depuis longtemps appris à exécrer, mais en plus elle ne lui laissait qu'à moitié le choix...
Pendant un instant, la semi-Vélane eut l'irrépressible envie de l'envoyer balader, de lui ordonner de sortir de son bureau, de son département et des locaux du ministère, pour ne plus jamais revenir, tant il lui était insupportable d'avoir l'impression de se faire dicter certains de ses actes par une simple moldue, par quelqu'un qui, selon la doctrine qu'avait mis en place Voldemort, lui était inférieur !
Mais elle se retint, et ce pour plusieurs raisons :
D'abord Eilane devait entrer dans l'Ordre. Or virer tout bonnement une femme simplement parce qu'elle était moldue ne semblait pas le meilleur moyen de prouver à elle-même et à ses éventuelles rencontres qu'elle était capable de largesse d'esprit et d'évolution.
Ensuite, elle restait intriguée par cette femme qui semblait en connaître tellement sur l'univers sorcier sans pourtant en faire réellement parti.
Et enfin, Roxanne avait raison, quitte à la voir faire ses recherches quelque part, au moins, ici, Eilane pourrait avoir un oeil sur elle, pourrait l'épier, la surveiller et, si le besoin s'en faisait sentir, prévenir quiconque cela interesserait de l'étendue de ses découvertes (et Eilane avait de bonnes raisons de croire que cela intéresserait certaines personnes qu'elle côtoyait régulièrement)

Vous dites que vous pouvez imaginé ce qui a traversé mon esprit à l'entente de votre révélation... J'ai toutefois quelques doutes, mais peu importe....

En réalité Eilane avait plus que quelques doutes. Roxanne devait être très très loin du compte en ce qui concernait les sentiments qui lui étaient venu en tête !

J'ai écouté vos arguments et je les ai en effet trouvés valables...Mais je ne vous cacherais pas qu'une moldue perdue dans le monde des sorciers ne va pas voir sa tâche facilitée, bien au contraire...Vous devez certainement savoir que beaucoup de sorciers ont d'énormes à priori concernant les moldus.

Moi la première...

Et vous serez confrontée, tôt ou tard, à des échanges fort peu sympathique, venant peut-être même de vos collègues... Êtes vous prêtes à supporter cela ?
Mais il y a pire encore : vous encourrez de nombreux risques, bien plus que si vous n'aviez jamais pénétré l'univers magique... Si les moldus ne sont pas très bien vus par la grande majorité de notre population, ils sont carrément détestés par ceux que l'on nomme les mangemorts. Travailler au département des Mystères vous mettra, sans doute, à un moment ou à un autre, au devant de la scène... Les mangemorts apprendront qui vous êtes, et ils voudront, je le crains, vous le faire payer... Ils n'apprécieront pas que quelqu'un comme vous ait choisi de s'immiscer dans leur monde...

Vous devez réfléchir sérieusement à cela... si vous décidez de travailler malgré tout dans nos locaux, vous devrez savoir que je déclinerai toute responsabilité sur ce qui pourrait vous arriver...Votre destin sera entre vos seules mains, et vous devrez assumer les conséquences de vos choix !

La sorcière accepte ses arguments mais mets en garde la novice qu'elle croit avoir devant elle contre les dangers du monde sorcier pour une moldue...

Croit-elle que j'ai poussé la porte du ministère au hasard ? Ou que mes parents ne m'ont pas maintes fois mises en garde, pour tenter de me dissuader ? Je ne suis pas une imbécile. Et celà, je l'ai déjà de nombreuses fois pensé !

Roxanne ne contrôle pas ses pensées, et ne pense même plus à la légilimencie de la vélane. Elle sait de toutes façons qu'elle n'a rien à cacher ici... Alors elle se répète, un peu :

Que pensez-vous, madame Snake ? Je ne suis pas ici par caprice. Et je n'ai pas découvert le monde de la sorcellerie dans un livre. Je sais où je suis, et ce que je fais... Et vous n'êtes pas la première à me dire que cela est dangereux...

Mais sauf votre respect, si j'ai pu piéger et destabiliser une sorcière aussi puissante que vous, ce n'est pas par hasard... Les sorciers se croient intouchables des moldus, et baissent leurs gardes. Et j'en sais tirer mon profit.

Quand à supporter la froideur des sorciers hautains, j'ai 24 ans d'expérience derrière moi. Avec parfois des membres de ma propre famille... Je crains que cela ne puisse plus m'atteindre. Surtout que ces sorciers ont tort de me mésestimer, et qu'ils se brûleront les ailes à ce jeu.

Je n'ai pas poussé votre porte par hasard, ça ou travailler comme serveuse dans un café ! Je suis grande et assez pour prendre mes décisions... Et celle-ci, la plus importante de ma vie, est plus que réfléchie...

Bien que vous aussi avez inévitablement des a-prioris, quelqu'ils soient, vous apprendrez à m'estimer à ma juste valeur. Je ne suis pas votre inférieure...

Les pensées et les paroles de Roxanne se faisaient presque prétentieuses et Eilane avait de plus en plus de mal à conserver son calme. Elle sentait le pendentif, sur sa poitrine, devenir à chaque seconde plus incandescent et sa lumière commençait à filtrer à travers le fin tissu de ses vêtements. Une moldu ! Elle allait se retrouvée contrainte d'embaucher une moldue... et une moldue qui se croyait égale, voire supérieure à une sorcière... Ah si cette Roxanne avait su à qui elle s'adressait, si elle avait su qu'autrefois Eilane avait tué nombres d'hommes, de femmes et d'enfants de son espèce, si elle avait su qu'Eilane avait pendant des années épousé les idées xénophobes du Seigneur des Ténèbres...
Mais qu'en était-il maintenant ? La semi-Vélane avait-elle réellement changé ? Elle aurait voulu le croire, croire que la haine qui s'était insinuée en elle comme le venin d'un serpent durant tout ce temps où elle se trouvait auprès de Lord Voldemort, s'était estompée au contact des bras d'Ethan et de la sensation douce et puissante de l'enfant qui bougeait sans son ventre... Mais n'était-ce pas que mensonges ? A la vue de ses réactions intérieures, sa haine ne l'avait pas tant quittée que ça et il lui fallait faire preuve de toute la concentration qu'elle possédait pour conserver sur son visage le beau sourire qui illuminait ses traits. Mais ce sourire s'était crispé, bien malgré elle. Elle restait chaleureuse, alors qu'on pouvait à présent lire comme un tracas dans ses yeux vert ambré... Ce n'était pourtant rien par rapport au feu de colère qui avait embrasé son coeur !

Si je vous préviens, c'est parce que le danger pourrait venir de celle qui est juste devant vous... Il suffirait que je prévienne celui qui se fait nommer Lord Voldemort... Il suffirait que le pendentif prenne possession de moi et je ne pourrais plus rien maîtrisé...
Mais en ai-je réellement envie d'ailleurs ?

Eilane livrait une véritable bataille contre elle-même, contre ses pensées détestables qu'elle haïssait voir s'établir dans sa tête mais qu'elle ne pouvait rejeter. Quand elle parla, elle se rendit compte que sa voix mélodieuse avait perdu quelques degré de bienveillance. Elle se sentait amère, même si, heureusement, cette amertume ne perçait pas encore trop dans son timbre.

C'est ce que je voulais entendre, Miss Willows. Mais je me devais de vous poser ces questions, je me devais de vous prévenir... Le danger parfois vient de bien plus près qu'on ne l'imagine et je voulais m'assurer que vous en étiez consciente !

Elle ne répliqua rien au complexe évident de supériorité que cette femme semblait avoir. Elle ne voulait surtout pas rentrer dans la polémique. Cela n'aurait eu rien de bon ni pour elle, ni pour Roxanne ! Oui, elle avait des à priori, peut-être même sans doute plus que la majorité des sorciers, et elle avait des raisons à ses à priori... et non, jamais elle n'admettrait qu'une moldue puisse être ou devenir son égale !

Ce qui m'ennuie encore, voyez-vous, c'est que nous n'avons que quelques salles de recherches, et je ne vois pas vraiment où celles que vous voulez entreprendre trouveraient leur place !

D'un coup de baguette magique, elle fit apparaître sur la table un immense plan. Bien consciente qu'en le montrant à Roxanne, elle s'engageait par la suite soit à l'embaucher, soit à lui lancer un sortilège d'oubli.
D'un geste de la main, elle lui désigna les différentes salles du département, lui faisant aussi comprendre de manière détournée qu'il ne restait pas forcément de place pour créer une nouvelle salle de recherche. Peut-être espérait-elle ainsi dissuader cette moldue de venir travailler dans son département ? Car comme tout lieu magique, il devait certainement y avoir moyen d'élargir les murs et de rajouter des pièces... quoiqu'Eilane se demandait si le ministère permettrait de tels travaux !

Un malaise, un regard, une attitude... qui engendre une méfiance... Une méfiance qui ne quitte jamais vraiment Roxanne, mais dont l'intensité fluctue... Elle se tient bien droite avant de répliquer à la vélane :

Je saurai le détourner. Et si je ne sais pas, alors soyez heureuse, vous aurez eu raison.

Un brin d'impertinence, mais elle n'aime pas être traitée comme une moins que rien de la part des sorciers... dont finalement elle fait partie, si ce n'est un léger détail... Puis une nouvelle question, déguisant une piètre excuse pour ne pas pouvoir l'engager :

Vous devez le savoir mieux que moi, madame Snake... Je connais la sorcellerie encore une fois. Et j'ai vécu moi-même toute mon enfance dans une maison aux dimensions relativement modestes, de l'extérieur, mais à l'intérieur qui ferait pâlir d'envie les rois moldus. Il serait facile d'arranger des lieux pour une salle de recherches...

J'apporterai moi-même mon matériel. Du matériel moldu, puisque les sorciers n'ont pas grand chose que l'on puisse utiliser sans pouvoir, et de plus ne mettent pas en avant les recherches biologiques... Il a été modifié pour fonctionner sans électricité, et aura subi un sort temporaire de rétrécissement pour que je l'amène.

Mais mon premier lieu de travail sera, si vous le permettez, l'hôpital de sainte mangouste, ainsi que certains hôpitaux moldus choisis. Vous avez, vous ou vos supérieurs, le pouvoirs de me donner une autorisation, pour recueillir les éléments, la matière première qui me sera nécessaire dans mes recherches. ... Du sang. De moldu, de cracmol, de sorcier...

Elle laisse répondre la vélane. Elle a réfléchi à la question, ne se présente pas sans idée, sans réel projet. Cela ne peut passer inaperçu.

Le côté "pédant" de cette moldue mettait Eilane de plus en plus mal à l'aise et si elle n'avait pas été certaine qu'elle risquait un jour de devoir rendre des comptes, elle l'aurait volontiers virée de son département sur le champ et de préférence à coup de sortilèges fort peu recommandables !
Mais, bien qu' Eilane se retrouve forcée de l'écouter, il ne fallait pas abuser non plus. Si Roxanne voulait travailler aux Mystères, elle allait devoir se calmer et apprendre à respecter ses supérieurs hiérarchiques !

Miss Willows, je vais vous expliquer le fond de ma pensée.
Tout d'abord, vous n'avez rien à faire dans les salles d'expériences de mon département et ce pour une très bonne raison : sans un sorcier à vos côtés, vous serez dans l'incapacité totale de vous y introduire... Or je n'ai pas l'intention de vous déléguer l'un de mes employés pour vous chaperonner. Je n'ai aucunement assez d'effectif pour cela ! Si vous persistez à vouloir travailler ici, vous serez obligée de vous contenter de peu... Vos parents et amis pouvaient peut-être agrandir leur maison à loisir, mais il en va différemment pour un département du ministère. Il y a ici une deuxième pièce en peu de chose identique à celle-ci et qui sert également aux entretiens, pour le moment du moins. Je vous laisse l'une des deux pièces, à vous de choisir laquelle. Vous n'aurez pas à passer les mesures de sécurités impossibles pour quelqu'un sans baguette et vous pourrez travailler ici. Je m'arrangerais pour améliorer la vétusté de cet endroit dans la mesure de mes possibilités et pour voir si je peux le faire agrandir légèrement. Mais soyons bien claires, si votre entrée dans mon département me demande deux fois plus de travail que pour tous les autres langues-de-plomb réunis, cette association ne durera pas !
Ensuite, venons-en au second point que je souhaite aborder : que, de moldue à sorcière, vous vous pensiez mon égale est une chose, mais n'oubliez pas qu'ici, c'est moi la patronne et vous la simple employée. J'exigerai de vous un certain respect qui, je pense, est également exigé par les patrons moldus !

Malgré la froideur de son discours, elle avait au moins laissé entendre une chose : Roxanne avait été appelée "employée" !

Voila, si ces conditions vous conviennent, alors vous serez embauchée...Mais encore une fois, faites attention, je pourrais avoir le renvoie facile en cas de faux pas de votre part !

La semi-Vélane sortit de sous ses parchemins griffonnés un contrat.

Autant vous prévenir d'ores et déjà qu'il s'agit d'un contrat magique avec clause de confidentialité... Ce n'est pas parce que vous êtes moldue que vous serez traitée différemment à ce sujet... Tout ce qui est étudié ici, tout sans exception, reste ultra secret et je n'accepterai aucune fuite !

Nous sommes parties sur de mauvaises bases, madame Snake...

La colère ne fait plus que pointer dans la voix de la vélane, qui parle d'irrespect notamment. Elle n'a rien compris.

Je n'ai aucunement l'intention de vous manquer de respect. Je suis parfaitement consciente que je suis incapable de passer certaines protection magiques et que je devrai me contenter de peu. Je m'en contenterai. Du moment que je peux faire mon travail, le reste m'est égal. Je sais que je vous dois le respect d'employée à employeuse, et vous l'avez. J'aimerais également ne pas perdre votre simple respect d'humain à humain, c'est la seule chose sur laquelle j'insistais...

Quant à la clause de confidentialité, je ne fais psa mes recherches pour crier au scandale ensuite... Je fais mes recherches pour comprendre. Et si elles aboutissent, il sera toujours temps de se demander qu'en faire. Avec vous...

Je comprends votre méfiance. Qui ne doit pas l'être de nos jours. Mais je ne suis pas une ennemie, une espionne ou un piège. Juste une moldue, vivant dans un monde de sorciers, élevée comme une cracmolle... Une jeune femme ayant dans ses veines les trois mondes. Je crois que c'est un atout pour ce que je cherche, non ?

Et pour ce qui est de la salle, cette salle me convient très bien, du moment qu'on puisse l'agrandir un tout petit peu, pour y poser plusieurs tables adossées aux murs et une au centre, afin d'entreposer mon matériel et d'avoir un plan de travail. Cette pièce a une fenêtre. Si l'autre n'en a pas je choisis celle-ci. Dans le cas contraire, je vous laisse choisir...

Mais je souhaite réitérer ma demande d'autorisation de prélèvement dans l'hôpital de sainte mangouste et deux hôpitaux moldus... J'ai besoin de ces prélèvements pour les étudier. Commencer par la base...

Bizarrement, ce qui se dessina sur le visage d'Eilane ne fut pas l'effroi qu'aurait pu entraîner l'entêtement de la moldue. Au contraire, un sourire satisfait avait pris place sur ses lèvres tandis qu'elle écoutait Roxanne.

Au moins elle a du cran, et elle es motivée... Je n'irai pas jusqu'à dire qu'elle pourra nous apprendre des choses à nous autres sorciers, mais peut-être pourra-t-elle au moins avoir son utilité ici...

C'est le genre de discours que j'attends de la part de mes employés, Miss Willows. En ce qui concerne la clause de confidentialité, elle est présente sur chacun des contrats que les langues-de-plomb de mon département se doivent de signer avant de travailler sous mes ordres... Mais je préfère attirer l'attention dessus en général...Une fuite est bien trop vite arrivée !
Je pense que vous devriez conserver cette salle plutôt que l'autre... Elle est un peu plus agréable et un peu plus féminine, à mon sens. Et je pense que nous pourrons pousser légèrement les murs...juste assez pour faire entrer votre matériel...pas beaucoup plus... Même les sorciers ne peuvent pas faire des miracles !
Et enfin, pour en revenir à l'autorisation que vous me demandez, je ferais le nécessaire pour vous la procurer. Je pense que cela devrait être possible d'ici après demain... en espérant que les autres services que je dois contacter accepteront de se presser légèrement !

Eilane réfléchit un instant aux personnes à qui elle allait devoir envoyer un message :

Le ministre lui-même peut-être ?

Non, elle n'avait pas spécialement besoin de passer par lui pour ce qui concernait Ste Mangouste... Toutefois, elle devrait le prévenir qu'une Moldue allait travailler à présent dans ses locaux, c'était assez inhabituel pour se permettre d'attirer l'attention dessus !

La directrice de Ste Mangouste ?

Ca, ça ne faisait aucun doute !

Un médecin qui pourrait être mis en contact avec Miss Willows ?

Peut-être que la directrice s'en chargerait elle-même ? Dans un premier temps, Eilane devait avant tout la contacter elle !

La semi Vélane se leva et tendit sa main à Roxanne, espérant qu'avant de la lui serrer la moldue aurait signé le contrat.

Et bien je suppose que je me dois de vous souhaiter la bienvenue parmi nous, miss Willows ?!

La sorcière redevient un brin plus aimable, et ses paroles, ainsi que la feuille qu'elle fait glisser sur la table, indique que Roxanne est engagée. C'est un grand sourire sur les lèvres que celle-ci s'empare donc de la feuille de papier, clause de confidentialité des langues de plomb, et la signe, sachant qu'ainsi non seulement elle s'engage moralement à ne rien dire de ses activités, mais qu'il est plus que probable que le contrat soit magique et qu'elle s'expose à des sévices physiques en cas de manquement... Et pourtant, c'est sans hésiter une seule seconde qu'elle signe. Elle y a réfléchi tant et tant, ce n'est plus le moment, la décision a été prise, définitivement.

Soulagée d'un poids, d'un stress, même si elle était sûre d'intéresser son employeur, Roxanne se sent plus légère et lève ses yeux pétillant et son sourire radieux vers la sorcière qui lui tend la main et lui souhaite la bienvenue... Elle serre cette main et la secoue, comme il est d'usage, puis la relâche :

Merci madame Snake. Vous n'aurez pas à vous plaindre de moi, soyez-en certaine...

J'apporterai donc mon matériel demain si vous pensez que la salle sera prête, et je consacrerai cette journée à la mise en place de ma salle de recherche ainsi que le repérage des lieux. Puis quand j'aurez l'autorisation d'aller faire certains prélèvements, le vrai travail pourra commencer...

Je souhaiterai maintenant aborder des questions plus... pratiques. Y a-t-il des réunions organisées hebdomadaires, ou comment devons-nous faire les compte-rendus de nos recherches ? Quels sont les horaires ? Y a-t-il un rituel (ah non, c'est vrai on n'emploie pas le mot rituel dans ce sens ici), je veux dire, un emploi du temps habituel de la journée ?

Puis elle fait une petite pause, et se rappelle d'une question très importante à poser :

Et pour le style vestimentaire ? Y en a-t-il de prohibés ?

C'est qu'aujourd'hui, elle était plutôt classique : deux nattes, des lunettes de soleil roses et rondes, mais qu'elle avait enlevées, un fichu vert et elle était habillée en style plus ou moins hippie... Mais il lui arrivait de se présenter cheveux bleus, de faux piercings et habits style rock, ou punk... Elle tenait à ses changements de style, mais il fallait s'assurer que ça ne choquerait personne !

Eilane laissa Roxanne "secouer" sa main. Ele se sentait lasse et se demandait si vraiment cette nouvelle recrue aurait sa place au sein du département des Mystères ! De toute manière, maintenant que les papiers étaient signés, la semi-Vélane n'avait plus trop le choix... Restait à prévenir le ministre, et à espérer qu'il ne trouverait pas à redire sur cette drôle d'embauche !

La salle sera prête demain oui, j'y veillerais personnellement. N'hésitez donc pas à apporter votre matériel.

En espérant qu'il n'y en aura pas une tonne !

Malgré elle, Eilane continuait d'éprouver certaines réticences qui s'affichaient ouvertement dans ses pensées, faute de se montrer dans son attitude, dans sa voix, ou dans ses paroles.

Il y a des réunions, en effet. Mais elles n'ont pas lieu à intervalle fixe. Ce que je vous demanderai plutôt, c'est de ma laisser un rapport dans mon bureau lorsque vous pensez avoir avancé sur vos découvertes.
Si jamais je n'ai pas de nouvelles durant quelques temps de la part de la plupart de mes employés, j'organiserai alors une réunion pour faire le point !

Et enfin, en ce qui concerne les styles vestimentaires, au cas où vous ne le sauriez pas, les sorciers ne sont pas forcément connus pour leur grand goût esthétique au niveau de l'habillement. Beaucoup portent des vêtements pour le moins extravagants... De ce fait, il serait totalement impossible et inutile de mettre en place un code vestimentaire ici... La seule chose que je vous demanderai, c'est de ne rien porter de trop... hum, comment dire... provoquant. J'entends par là des habits vraiment trop courts, ou trop décolletés ou trop transparents... Je me fiche bien de comment chaque langue-de-plomb s'habille, mais je souhaite avant tout préserver l'harmonie entre les employés et ne pas provoquer est le meilleur moyen de commencer...
A ce petit détail près, vous pouvez porter ce que vous désirez !

Tout était dit... Dommage qu'elle ne puisse pas se faire petite souris pour voir les têtes du ministre et des médecins de sainte mangouste avec qui Eilane allait se mettre en contact... La surprise d'une moldue au département des mystères, notemment celle du ministre, aurait de quoi la faire rire !

C'est bien ainsi que je l'entendais, madame Snake : je n'ai pas l'intention de venir habillée de manière provocante... Mais j'ai cette facination pour les métamorphomages... Et j'en suis une, sans magie, avec les artifices de la mode moldue...

Puis tout étant effectivement dit, il ne restait plus qu'à partir, et revenir demain... Elle se leva donc, et se dirigea vers la porte, tout en parlant avec le sourire :

Merci pour cette entrevue, et pour me laisser une chance madame Snake...

Eilane afficha un dernier sourire, assez pressée, maintenant, d'en finir avec cet entretien qui l'avait tout de même sérieusement mise mal à l'aise !

Je n'ai aucun métamorphomage dans mon département, mais s'il y en avait un, nous ne le briderions pas au niveau vestimentaire... Il n'y a donc en effet aucune raison pour que nous le fassions avec les autres employés !

Mais tout de même, une moldue qui se compare à un métamorphomage...

Cette petite comparaison lui restait un peu en travers de la gorge, quoiqu'elle ne le montra pas non plus !
De rien, Miss Willows !

Ne me faites pas regretter de vous avoir laisser cette chance !

Puis elle sortit de la pièce, sachant que jamais plus elle ne ferait passer d'entretien dedans, et se dirigea vers son bureau où elle avait hâte de se reposer.

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