A GARDER Rencontre mouvementée (pv)

Invité

La Forêt Interdite, près de Poudlard, était silencieuse. Aucun bruit, ni les cris des divers animaux qui la peuplaient, ni les craquements de brindilles ou les bruissements des buissons touchés par les êtres déambulant parmi les colonnes végétales, ni même les craquements et les soufflements produits par le vent qui soufflait dans les arbres. Rien. De la sombre végétation, abondante, émanait une impression de mort, de vide, qui ne pouvait que mettre mal à l'aise. Une brume grisâtre recouvrait le sol, invisible à l'oeil humain, et faisait chuter la température, repoussant ainsi les éventuels imprudents qui auraient pu être tentés de partir à la découverte de la zone, qui semblait par conséquent déserte. Semblait. Au loin, parmi les arbres, du côté de l'académie de sorcellerie, Poudlard, apparaissait parfois une silhouette, disparaissant derrière les grands végétaux pour réapparaître aussitôt, avant de redisparaître. Vêtue d'une ample pèlerine noire, à large capuche, la silhouette approchait, traversant la zone sans accorder la moindre attention à la température incroyablement basse. Tête baissée, elle évoluait à travers la végétation enchevêtrée sans la moindre difficulté, semblant ne pas être dérangée par les nombreuses et massives racines qui émergeaient de la terre, véritable piège végétal pour les humains et les animaux.

Perdu dans ses pensées, l'être continua d'avancer, se rapprochant peu à peu de la zone où la brume devenait plus dense, et plus froide. Sentant soudain une présence, il releva la tête, laissant entrevoir son visage, d'une pâleur anormale, ses yeux d'un vert de jade et ses cheveux dont la teinte rappelait l'argent pur. Ne ressentant, après quelques secondes, plus aucune présence autour dans le périmètre, Cellendhyll de Cortavar replongea dans ses noires pensées. Au sujet de sa soeur, notamment. Il y pensait assez fréquemment, ces derniers temps. Depuis qu'il l'avait revue, dans le parc de Poudlard, quelques jours auparavant. Elle avait changé... comme il le voulait, bien sûr. Cependant, il y avait quelques détails qui le gênaient... Elle n'étais pas devenue forte comme il l'aurait voulue, elle s'était juste créé une carapace de méchanceté, d'agressivité, de violence, de susceptibilité. Pathétique tentative pour masquer sa faiblesse, cette carapace ne faisait que l'éloigner encore plus de ce que Cellendhyll souhaitait atteindre, et qu'il voulait également pour sa soeur: devenir un surhomme, aller au delà de l'homme, et non au-dessus, comme croyaient le comprendre les humains qui entendaient cette expression, qui venait d'un philosophe allemand du 19ème siècle, philosophe qui avait toujours été méprisé et mal compris, et qui l'était toujours... L'un des seuls moldus envers qui Cellendhyll éprouvait un respect certain... respect partagé par son mentor.

Cellendhyll pensait donc à sa petite soeur, qui n'était malheureusement pas si différente que cela d'un grand nombre d'élèves de Serpentard, qui haïssaient tous les élèves des autres maisons, sans chercher à les connaître... Ne pouvant s'aimer, ou aimer ce qu'ils ne connaissaient ou ne comprenaient pas, ils se mirent à haïr... Quelles larves, c'en est pathétique... Lui aussi, auparavant, méprisait tous les autres élèves, sans distinction. Jusqu'au jour où il avait rencontré Noil Rik, le seul élève d'une autre maison que celle au blason vert et argent avec qui il avait sympathisé. Suite à une rencontre auprès de ce qui avait entraîné la conversation qui leur avait permis de se connaître: le plus beau et le plus mortel des végétaux, connu sous le nom ô combien évocateur de Mors Nocturna. Cet élève avait, lui aussi, réussi à passer outre les préjugés que les élèves et les professeurs des trois autres maisons, y compris la sienne, Poufsouffle, avaient envers la maison au serpent, et avait cherché à connaître le grand Serpentard, à se faire sa propre idée, et ce même après qu'on l'eût averti de faire attention à lui, et conseillé de ne plus le fréquenter. Cellendhyll s'en satisfaisait: même si c'était lui qui apportait un nombre considérable de connaissance à son camarade de Poufsouffle, il apprenait lui aussi, de son côté, des choses qu'il ne connaissait pas jusqu'alors. Noil lui en avait beaucoup appris sur les moldus et leur monde, ce qui lui permettait de mieux les comprendre. Sans pour autant les aimer. Déjà qu'il n'aimait pas particulièrement les sorciers... Sa froideur et son mépris envers ses "semblables", terme d'ailleurs vide de sens, lui avaient souvent valu des remarques des plus désobligeantes, tant de la part de ses parents que de la part des professeurs ou encore des autres élèves. Espéraient-ils donc que leurs remarques allaient avoir un quelconque impact sur les opinions et l'attitude de Cellendhyll? Douce utopie... Il n'en avait strictement rien à faire, et ne faisait même plus attention au contenu des discours moralisateurs qu'on lui servait bien trop fréquemment à son goût.

Alors qu'il errait à travers la forêt et sa sombre végétation, Cellendhyll décela soudain une présence, sur sa droite, un esprit incroyablement puissant, d'une force démentielle, qui jaillissait de la flore environnante, dans sa direction. Alors que l'entité drapée de noir arrivait au contact, l'étudiant leva soudainement le bras droit, tout en pivotant vers la droite, déviant ainsi le coup qui lui arrivait au niveau de la carotide, et propulsa son bras gauche, poing fermé, vers ce qui l'attaquait, profitant de sa rotation pour ajouter de la puissance. Coup qui ne rencontra que le vide, alors que l'être se déplaçait silencieusement, avec une grâce féline, et entreprenait de lui faucher les jambes, ce que Cellendhyll esquiva en effectuant une pirouette vers l'arrière. Ayant tout juste le temps de se réceptionner, il s'empressa de placer ses deux bras à la verticale devant lui, collés l'un à l'autre, avant d'encaisser une nouvelle attaque, qui le fit reculer de quelques pas. Décidant de ne pas passer le combat à parer les coups, il se jeta en avant, décalant sa tête pour esquiver le poing qui lui arrivait dans le visage, et attrapa le bras tendu, avant de frapper dans le ventre de son adversaire, en remontant le genou, puis de faire volte face en tirant le bras qu'il tenait vers le bas, propulsant l'autre dans les airs, avant de le voir se retourner dans les airs, et retomber, sans le moindre dommage, sur ses pieds. Avant que Cellendhyll n'ait eu le temps de se redresser, son adversaire était de nouveau au contact, et lui enfonçait son poing dans l'abdomen, lui coupant le souffle, avant de le frapper du tranchant de la main au niveau de la nuque. Parvenant de justesse à éviter l'effondrement en roulant sur le sol, Cellendhyll se retourna et se remit en garde, prêt à subir un nouvel assaut, malgré son souffle irrégulier et les douleurs qui jaillissaient à divers endroits de son corps meurtri.

Alors qu'il cherchait à récupérer, et à retrouver son souffle, Cellendhyll entendit une voix profonde et glaciale, qu'il connaissait très bien, venir de l'ombre sous la capuche de la silhouette vêtue d'une ample pèlerine noire qui lui faisait face, confirmant ce qu'il savait déjà, à savoir l'identité de son agresseur, qui ne faisait en réalité que le tester... Les paroles que prononça l'être qui lui faisait face ne l'étonnèrent pas, il s'y attendait, après sa cuisante défaite... compréhensible lorsque l'on voyait à qui il avait eu affaire...

C'est donc tout ce que tu as? Quelle déception... Serais-tu donc si faible, mon cher disciple?

En entendant ces paroles, Cellendhyll déplaça son bras gauche vers son ventre, qu'il massa doucement, et plaça sa main droite contre sa carotide, qui irradiait une douleur à la limite du supportable. Son mentor aurait très bien pu le tuer avec ce simple coup... Pourtant, il ne l'avait pas fait, ce qui prouvait qu'il était toujours estimé par le mage qui l'avait purement dominé. Fermant les yeux un instant, il inspira longuement, ce qui eut pour effet de réveiller sa douleur au ventre, puis il releva ses paupières, pour planter son regard d'émeraude dans celui qu'il ne pouvait apercevoir, dans l'ombre de la capuche, mais qu'il savait être très similaire au sien, bien que immensément plus froid. Sans même songer à se chercher la moindre excuse pour justifier sa défaite, le jeune Serpentard acquieça, se réjouissant en songeant à ce qu'il allait pouvoir annoncer à son mentor.

Certes... Je conviens que je ne suis pas dans ma meilleure forme, mais j'espère bien ne pas être aussi faible que les larves qui nous entourent... Je suis toujours vivant, c'est la preuve que je ne suis pas aussi méprisable... Du moins je le pense. Notre dernière rencontre remonte à plusieurs semaines, c'est lointain... J'attendais ce jour avec impatience... J'ai le plaisir de vous annoncer que j'ai trouvé quelqu'un qui pourrait fort bien convenir, en tant que troisième disciple...

Au coeur de la Forêt Interdite de Poudlard, aussi silencieuse que le serait une terre désolée et vierge de toute forme de vie, déambulait un être drapé de noir, au visage dissimulé par une large capuche. Silencieux comme une ombre, il évoluait à travers la végétation sans provoquer le moindre mouvement dans ce qui l'entourait, que soit une branche qui se déplace ou un buisson qui s'agite. Rien. Il semblait presque flotter, glisser sur le sol. Tout en se déplaçant, l'être était plongée dans ses pensées, qui traitaient d'un sujet relativement macabre et lugubre, à savoir sa spécialité: la nécromancie. En effet, l'être était un sorcier surpuissant, un grand Maître Nécromancien redouté. Il songeait à un rituel en particulier, qui lui permettait de ressuciter non pas une unique personne, mais l'équivalent d'un village entier. Il lui tardait de le mettre en pratique... Il n'avait pas encore essayé de ranimer plus d'une centaine de personnes... Il ne se posait même pas la question de savoir s'il en était capable, il avait simplement envie de tester ce sort. Et pour tenter de ressuciter un village entier, le meilleur moyen n'était-il pas de massacrer ce village juste avant? C'était la seule solution qui lui permettrait de trouver un nombre de cadavres suffisant, réunis au même endroit... Oui... il allait trouver un village et éliminer tous ses habitants, dès le lendemain... dès qu'il aurait vu son disciple... qui tardait à arriver, d'ailleurs. Bien. Il n'y avait pas d'heure précise pour la rencontre, et le nécromancien aurait été déçu si son disciple s'était empressé de venir le rejoindre, comme un petit chien. C'eût été méprisable...

Alors qu'il attendait, en réfléchissant aux divers préparatifs nécessaires à l'accomplissement de son rituel, Dark Schneider sentit un esprit lointain s'approcher de sa position, un esprit relativement puissant, bien que très faible comparé à lui, un esprit qu'il connaissait bien, et qu'il attendait. Changeant de direction, il se mit à accélerer, pour se diriger vers celui qu'il savait être son disciple. Traversant les fourrés, évitant les branches de justesse, il se rapprocher rapidement, à travers la brume froide, qu'il ne sentait même pas, puis se mit à ralentir à l'instant où sa "cible" s'arrêtait, et regardait autour d'elle. Repéré? Sans doute... Une preuve que son disciple n'était pas si mauvais... Attendant que ce dernier se remette en route pour bouger de nouveau, Dark Schneider avança prudemment et silencieusement jusqu'à de grands buissons, derrière lesquels se trouvait le jeune homme qu'il avait pris sous son aile. Traversant le buisson aussi discrètement qu'une ombre, il put enfin voir celui qu'il attendait, qui semblait perdu dans ses pensées alors qu'il marchait en direction de la zone où la brume se densifiait.

Profitant de la distraction de son disciple, Dark Schneider se jeta sur lui, tout en tentant de le frapper au niveau de la carotide, attaque que Cellendhyll, réagissant avec célérité, réussit à dévier, tout en pivotant sur sa droite et en envoyant à son mentor un crochet du gauche, que ce dernier esquiva sans mal, avant de se baisser et de tenter de faucher la jambe de son disciple avec la sienne. Raté. Le jeune homme effectua une pirouette arrière et eut tout juste le temps de placer ses bras devant lui avant que Dark Schneider, avait profité de ces quelques secondes pour revenir au contact, le frappait avec une force prodigieuse du coude, le faisant reculer de quelques pas. Le nécromancien sentit l'agressivité émaner de son disciple, qui vint de lui-même au contact, esquivant le direct qu'il lui lançait en plein visage, avant de lui saisir le bras et de le frapper au ventre, le courbant vers l'avant, et de le propulser par-dessus son épaule. S'envolant en souplesse, Dark Schneider se retourna dans les airs et retomba sur ses pieds, sans dommages. Décidant d'accélérer le rythme, il vint au contact, sans laisser à son élève le temps de se redresser, et lui enfonça son poing droit dans l'abdomen, le pliant en deux, avant de tourner sur lui même et de faire retomber le tranchant de sa main sur sa carotide. Cellendhyll commença à s'effondrer, avant de rouler au sol et de se remettre tant bien que mal en garde, attendant la nouvelle attaque de son mentor. Qui en resta là. Il avait eu ce qu'il voulait: il avait testé son disciple, et le résultat lui plaisait. Le jeune Cellendhyll s'était bien débrouillé... malgré son infériorité indéniable. Il ne pouvait rien contre Dark Schneider.

Pendant que son disciple essayait de récupérer, Dark Schneider l'observa, avant de le critiquer ouvertement, n'étant pas du genre à montrer la fierté qu'il éprouvait.

C'est donc tout ce que tu as? Quelle déception... Serais-tu donc si faible, mon cher disciple?

Ce dernier, tout en déplaçant sa main gauche sur son ventre endolori et sa main droite sur sa carotide, esquissa un faible sourire avant de répondre. Sans chercher à s'excuser, il acquieça, puis annonça à son maître une nouvelle qui allait le ravir.

Certes... Je conviens que je ne suis pas dans ma meilleure forme, mais j'espère bien ne pas être aussi faible que les larves qui nous entourent... Je suis toujours vivant, c'est la preuve que je ne suis pas aussi méprisable... Du moins je le pense. Notre dernière rencontre remonte à plusieurs semaines, c'est lointain... J'attendais ce jour avec impatience... J'ai le plaisir de vous annoncer que j'ai trouvé quelqu'un qui pourrait fort bien convenir, en tant que troisième disciple...

Ce dernier point éveilla l'intérêt du nécromancien, qui se mit à questionner son disciple au sujet de ce "troisième disciple" potentiel... Qui était-ce? Que valait-il? Et, très important, survivrait-il à la rencontre...? En effet Dark Schneider avait testé un très grand nombre de sorciers, jeunes ou vieux, mais seulement deux d'entre lui avaient suffisamment plu pour survivre: ses deux disciples, Cellendhyll de Cortavar et Edric Haart, qu'il n'avait d'ailleurs pas vu depuis un moment... Il allait bientôt remédier à ce détail. Très bientôt. Dès qu'il aurait éradiqué puis ressucité ce village. Ce qui serait amusant... oh oui, très amusant... Il savait déjà quelles tortures il allait infliger aux pauvres villageois... Ce serait violent et sale. Très sale. Il allait se faire plaisir... Massacrer des humains, quel délice... Bon, je m'égare là... Il me parle de ce troisième disciple... On va bien voir ce qu'il peut me dire.... Il interrogea donc le jeune homme qui récupérait lentement de ses douleurs, face à lui, d'une voix aussi glaciale que les vents du grand Nord.

Je t'écoute... Dis-moi tout ce que tu peux sur ce disciple potentiel...

Invité

Cellendhyll, accablé par ses douleurs à l'abdomen et au niveau de la carotide, récupérait peu à peu, au fil de la conversation qu'il avait avec son mentor, responsable des douleurs susnommées. Ce dernier le questionna sur le troisième disciple potentiel auquel l'étudiant de Serpentard avait fait allusion un peu plus tôt. Lequel étudiant réfléchit à ce qu'il pouvait dire au sujet de la jeune fille concernée. Oui, que dire sur elle? Devait-il se contenter du strict minimum, ou s'épancher à son sujet? Après quelques secondes de réfléxion, il décida de s'en tenir à la première option. Le reste ne concernait pas le nécromancien. Cellendhyll de Cortavar commença donc à parler d'Eterna Wyrven, la décrivant tout d'abord sur le plan physique. Il lui parla de la noirceur de la jeune fille, de son regard si énigmatique, si intriguant puis, après l'avoir nommée et avoir précisé son année d'étude et sa maison, il s'étendit sur le mode de pensée de la jeune fille au teint pâle, sa vision du monde, qui pouvaient convenir au profil requis pour devenir disciple.

Cependant, au bout de quelques minutes, il s'interrompit, se demandant s'il devait aller plus loin en parlant d'Eterna, et préciser à son mentor qu'il entretenait une relation toute particulière avec elle. Devait-il dire au maître nécromancien que, à peine quelques jours auparavant, lui et la jeune fille s'étaient embrassés, acte d'amour plus qu'insolite de la part d'étudiants aussi froids et distants de leurs "semblables"? Prenant rapidement sa décision, il garda pour lui ce détail de leur relation, estimant que Dark Schneider n'était en rien concerné par cette affaire. Ce qui n'empêcha pas ce dernier de remarquer l'incertitude de Cellendhyll, et de se douter que son premier disciple ne lui disait pas tout au sujet de la jeune mais prometteuse Eterna Wyrven. Cependant, le nécromancien ne fit aucune remarque à ce sujet, décidant de laisser au jeune sorcier aux cheveux argentés le peu de vie privée qu'il tentait de se ménager. Après tout, les amours et les déboires de Cellendhyll ne le concernaient aucunement... tant que ces détails ne diminuaient ni ses capacités ni son assiduité, raisons pour lesquels Dark Schneider tenait tant à son premier disciple, même s’il le dissimulait bien. En effet, aucun être vivant ne pouvait se targuer d’avoir l’affection du sombre sorcier, excepté le jeune Serpentard, qui n’en avait pas conscience, persuadé que son mentor était aussi insensible qu’un bloc de glace, impression que ce dernier renforçait autant qu’il le pouvait. Froid et exigeant à l’extrême, tel était Dark Schneider.

Après quelques minutes, ce dernier se remit à questionner son disciple au sujet d'Eterna, et plus précisément sur les capacités spirituelles de cette dernière, demandant s'il la pensait suffisamment capable, puissante, et apte à survivre et réussir en tant que troisième disciple. Interrogation à laquelle Cellendhyll répondit que, s'il ne la pensait pas digne, il ne l'aurait même pas mentionnée, et aurait continué à chercher un autre disciple tout autour de lui. Cette question replongea le jeune apprenti dans un passé vieux de plusieurs mois, lors d'une rencontre avec son mentor, à laquelle Edric Haart, en tant que second disciple, était également présent. Ce jour-là, après un entraînement particulièrement éprouvant, le maître sorcier avait demandé à son premier apprenti, écroulé sur le sol, de lui trouver un troisième sorcier, suffisamment jeune, digne de suivre son enseignement, aussi difficile que dangereux. A cette demande insolite, Cellendhyll avait péniblement relevé la tête pour interroger son maître du regard, en vain. Le mage noir n’avait donné aucune explication. Et s’était évaporé dans un silence total, excepté les halètements des deux élèves de Serpentard. Un troisième disciple ? s’était demandé Cellendhyll, à bout de force. Mais pourquoi? Et pourquoi me demander, à moi, de le lui trouver? ...... Il doit avoir ses raisons, comme toujours... Eh bien, je chercherai, comme il me l’a demandé... quand je serai remis... Rappelé au présent par une nouvelle douleur, sans doute une côté fêlée durant l’affrontement, Cellendhyll reporta son regard sur l’être drapé de noir qui lui faisait face, le visage dissimulé par sa large capuche. Songeant à un détail concernant Eterna, qui pouvait être gênant, par ce qu’il impliquait, il décida d’en faire part à celui qui, depuis des années, était sa principale source de savoir et de puissance.

Cependant, je crois qu’il est préférable que je précise un point… Eterna est obsédée par sa vengeance. Elle veut retrouver quelqu’un en particulier et l’éliminer, en le faisant bien souffrir au passage... Cette obsession risque d’occuper une part de son esprit, et donc de la déconcentrer… Une fois n’est pas coutume, je demanderai l’indulgence à ce sujet... Elle a ses raisons, qui ne concernent qu’elle. Lorsque sa vengeance sera assouvie, elle sera toute disposée à recevoir l’enseignement prévu...

Dark Schneider écouta attentivement les informations que son disciple meurtri lui donnait sur Eterna Wyrven, en prenant bonne note, remarquant au passage qu’il semblait fortement attaché à cette fille, et craignant une faiblesse de la part de Cellendhyll. S’attacher signifiait dépendre de quelqu’un. Dépendre de quelqu’un signifiait être faible. Être faible signifiait la mort. Etait-ce parce qu’il pensait à cette jeune fille que l’étudiant aux cheveux d’argent s’était fait vaincre si facilement ? La faiblesse tant redoutée emprisonnait-elle déjà le disciple du nécromancien dans ses rets traîtres ? Si tel était le cas, si Cellendhyll s’affaiblissait à cause de cette fille, Dark Schneider saurait s’occuper de ce problème. Quelle que soit le moyen, quelle que soit la fin : seule comptait la conséquence, à savoir que le Serpentard reste fort, capable, prometteur. Puissant. Certes, il n’était pas non plus devenu mauvais, loin de là. Très loin de là. Dark Schneider était toujours fier de son disciple, mais si la suite des évènements était telle qu’il le craignait… ce serait plus que gênant.

Il décida de ne pas faire part de ses réflexions à son disciple qui, bien qu’étant le plus « proche » de Dark Schneider, terme tout relatif, était rarement informé de la teneur des pensées de son mentor, dont l’impassibilité perpétuelle faisait passer Cellendhyll de Cortavar pour quelqu’un d’expressif et de presque chaleureux, idée pour le moins désopilante. Décidant de passer à la cause principale de leur rencontre, il annonça à son disciple le début de l’entraînement, qui n’avait que trop tardé, et ordonna à l’étudiant aux longs cheveux d’argent de commencer par lui montrer ses progrès en magie sylvaine, en commençant par faire apparaître un végétal particulièrement complexe. Soudain, il s’interrompit dans ses explications et, pris d’une interrogation subite, demanda à Cellendhyll des nouvelles de la Mors Nocturna, sa plante, pour se voir répondre qu’elle a disparu, sans doute arrachée par un professeur, afin de faire disparaître le danger qu’elle représentait dans une école. Réponse qui vit naître chez Dark Schneider un accès de rage, vite réprimée : massacrer l’ensemble des professeurs de l’académie ne ferait pas revenir le sombre végétal… Dans tous les cas, il allait devoir en replanter une, comme était d’ailleurs en train de le lui suggérer Cellendhyll, mais dans un lieu plus discret, plus secret, et s’en occuper lui-même, son disciple n’en étant, malgré tous ses talents, notamment en magie sylvaine, pas encore capable. La maîtrise viendrait, avec les années... le jeune homme aux longs cheveux d’argent était encore jeune, il n’avait que dix-sept ans, et était particulièrement talentueux pour un âge aussi jeune, c’était indéniable. Reprenant son cours, il dit à Cellendhyll de s’entraîner, et l’observe lorsque celui-ci s’exécute, durant plus d’une heure.

Il apprécia les efforts et les progrès de son disciple, qui auraient stupéfié tout autre que lui-même, imperturbable en toutes circonstances ; le Serpentard s’était, semblait-t-il, entraîné avec ferveur, et cela se remarquait. Avait-il passé son temps à s’entraîner ou était-il, comme le sentait son mentor, particulièrement bon et d’apprentissage rapide ? Sans doute les deux solutions étaient-elles justes… En effet, lorsque Cellendhyll avait du temps libre et qu’il ne le consacrait pas à lire, à dormir, ou à fréquenter d’autres individus (évènement rare), il ne faisait que s’entraîner, encore et toujours, jusqu’à l’épuisement. Ce qui expliquait sa lassitude perpétuelle, notamment à la fin des cours qui, en plus de le fatiguer les rares fois où ils pouvaient pratiquer une quelconque forme de magie, l’ennuyaient la plupart du temps, chargés de discours moralisateurs qu’ils étaient. La morale, ou plutôt la moraline… y avait-il quelque chose au monde qui exaspérait plus les deux sorciers à la pâle chevelure assortie à leur teint ?

En observant les progrès de Cellendhyll, Dark Schneider se dit qu’il pourrait passer au niveau supérieur, en ce qui concernait la magie sylvaine, et nota dans un coin de son prodigieux cerveau de la faire très prochainement. Puis ils parlèrent de la magie élémentaire, Dark Schneider évaluant les connaissances de son disciple à ce niveau, qui était l’un de leurs favoris. Bien que n’étant pas encore capable de maîtriser l’un des quatre éléments, le Serpentard connaissait parfaitement la théorie, fait compréhensible au vu du nombre de grimoires qu’il dévorait à ce sujet, et était récemment parvenu à manipuler le feu, à très petite échelle : il avait réussi à créer une petite boule de magma concentré, et à la projeter sur une courte distance devant lui, créant ainsi un trou béant dans la surface rocheuse qui lui faisait face. Trou qui avait peu de chances d’être découvert, se trouvant dans les montagnes surplombant l’académie de sorcellerie de Poudlard. Après leur entretien sur la magie élémentaire, Dark Schneider décida d’aborder un domaine bien plus attirant, dans lequel il était également un Maître reconnu : la Nécromancie, son domaine de prédilection. Résurrection des morts, rituels et tortures particulièrement sanglants et douloureux… l’art le plus sombre et le plus mystérieux, le plus méconnu, et le plus craint, par les mages blancs comme par les autres sorciers. Incompris, aussi, et donc relativement méprisé. En effet, peu de sorciers comprenaient le plaisir inspiré par la résurrection de cadavres, ou la manipulation des squelettes des morts, qui déchiraient leur enveloppe de chair putréfiée, leurs os ne tenant les uns aux autres et ne les soutenant que par une magie sombre et maléfique, pour obéir aux ordres du nécromancien qui les invoquait, dont le but était, par définition, assez éloigné de l’idéal altruiste…

Il interrogea donc Cellendhyll sur le savoir qu’il avait acquis sur cette facette de la magie noire depuis leur dernière rencontre, et qu’il tenait du nombre considérable d’ouvrages qu’il avait lus à ce sujet, au fil de ses dernières semaines. Savoir d’ailleurs considérable, comme le remarquait Dark Schneider avec un plaisir certain. Son Premier Disciple était bien digne de lui, il avait choisi le bon… Dès qu’il l’avait rencontré, des années auparavant, il avait senti le potentiel du jeune Français et avait décidé, peu après l’avoir testé, de le prendre pour seul et unique disciple, ce qu’il n’avait jamais fait, gardant son savoir pour lui-même, et ne fréquentant pas les humains, sorciers comme moldus. La ressemblance, tant physionomique que psychologique, entre les deux sorciers expliquait sans doute le fait que Cellendhyll ait, de loin, la préférence de Dark Schneider, par rapport au second disciple de ce dernier, pourtant aussi talentueux, mais bien moins assidu. Peu importait au nécromancien. Son Premier Disciple lui convenait amplement, pour le moment. De toutes façons, il ne s’occupait que d’un cas à la fois, de par le niveau qu’était en train d’atteindre le Français aux longs cheveux d’argent, bien au-dessus de celui d’Edric Haart. Ce qui n’avait rien d’étonnant, ce dernier préférant flatter la gent féminine que s’entraîner, afin d’acquérir un jour le savoir et la puissance de leur mentor, objectif qui se rapprochait jour après jour de l’utopie pour le préfet des Serpentard.

Il parla donc avec Cellendhyll de nécromancie, de magie noire, et des sorts et rituels que ce dernier avait découverts dans ses grimoires. Le jeune sorcier exposa tous les rituels et les préparations inhérentes à chacun d’eux, puis dévia sur les sorts de nécromancie, tous aussi vicieux et destructeurs le uns que les autres, preuve de savoir qui plut particulièrement à Dark Schneider, dont l’attention fut retenue par un rituel en particulier : celui auquel il pensait avant l’arrivée de son disciple, un peu plus tôt, rien que ça ! Rituel de niveau supérieur, il permettait de faire « revivre » un nombre considérable de cadavres, et de les plier à sa volonté, sans pour autant épuiser ses réserves de magie. Une fois le rituel terminé, le nécromancien n’avait plus qu’à donner ses ordres, et à contempler le spectacle, généralement sanglant, et morbide : une armée de zombies se rendait rarement dans des lieux habités pour offrir des fleurs aux passants… mais plutôt pour se remplir la masse putréfiée qui leur avait un jour tenu lieu d’estomac. Les victimes qui n’étaient pas entièrement dévorées venant accroître la taille du groupe, bien entendu… Seul problème, les conditions d’utilisation de ce sort était par trop contraignantes : ingrédients quasi-impossible à se procurer, temps de préparation incroyablement long, les runes complexes devant être tracées avec du sang humain frais ne gênant aucunement Dark Schneider, Maître dans cet art, qui espérait que Cellendhyll suive un jour sa voie… ce qui semblait être l’objectif de ce dernier, d’ailleurs… Cependant, une vérification de motivations, ou plutôt des objectifs de Cellendhyll s’imposait, son mentor souhaitant savoir avec précision quelle discipline ce dernier souhaitait privilégier, dans son avenir.

Dis-moi, Cellendhyll… je vois que tu suis avec assiduité mon enseignement, et que tu t’entraînes fréquemment, quelle que soit la discipline... Cependant, de toutes les disciplines que je t’enseigne, y en a-t-il une que tu souhaites privilégier ? Vers laquelle tu souhaites te tourner et te plonger plus intensément que les autres ?

Invité

Epuisé. Perclus de douleurs, qui s’atténuaient peu à peu. Tel était l’état physique de Cellendhyll. Dark Schneider, s’il avait retenu ses coups, ne s’était pas pour autant privé de lui infliger des douleurs qui étaient du genre à se rappeler à votre bon souvenir au moindre mouvement. Chaque rencontre entre maître et disciple débutait de façon similaire, le premier se jetant sur le second en l’inondant de coups en vue de le maintenir à niveau, de le tester et surtout de l’entraîner et de le pousser à s’améliorer ; le dénouement était souvent douloureux pour Cellendhyll, comme c’était présentement le cas. Il s’y habituait et ne se plaignait jamais : cet exercice le poussait à se maintenir en permanence au plus haut niveau, sous peine de se voir infliger un traitement des plus déplaisant, même si le Serpentard, depuis des années, ne ressentait que très modérément la douleur, et s’en souciait peu lorsque c’était le cas. Tout comme le froid, d’ailleurs, qu’il aimait sans pour autant y être sensible, ce qui avait tendance à étonner ceux qui étaient au courant de cette résistance. Il avait, au fil des années, développé une grande résistance à la douleur, ainsi que quelques techniques de relaxation pour l’atténuer lorsqu’il en ressentait le besoin, fait rarissime.

Les pensées de Cellendhyll se dirigèrent un instant vers Eterna, auprès de qui il voulait être, et qu’il devait retrouver dès la fin de son entrevue avec Dark Schneider. Elle devait être en train de l’attendre, perdue dans la lecture d’un ouvrage de magie noire comme à son habitude, s’impatientant à cause de son absence. Leur relation était étrange pour Cellendhyll, qui n’y était pas habitué... ce dont il ne se souciait aucunement, ne tenant compte que des deux points principaux : il était bien avec elle, et c’était réciproque. Peu importait qu’ils ne soient pas habitués à être avec quelqu’un d’autre, qu’ils soient déstabilisés par leur nouvelle situation : ils s’y feraient bien assez tôt. Habituée à la solitude et au rejet de toute joie, tout amour, et toute vie, Eterna semblait mal à l’aise vis-à-vis de Cellendhyll et de leur relation : sa vie, depuis neuf ans, se basait sur une seule chose, sa vengeance, le fait de tuer un homme bien précis. Il était aisé de comprendre pourquoi le fait d’être avec le Serpentard aux cheveux d‘argent la gênait plus ou moins... Ce dernier se promit d’en parler avec elle, si du moins elle l’acceptait, ce qui restait à déterminer...

Le fait de penser à sa dulcinée amena Cellendhyll à penser à son ami Edric Haart, avec qui il n’avait que peu de rapports ces derniers temps. Ce dernier se consacrait exclusivement au Quidditch et à la drague, ce qui arrivait à exaspérer le Français, qui avait jadis présenté le préfet de Serpentard à Dark Schneider en se portant garant de lui. Une erreur de plus, il avait compté sur un Humain... Il repensa à une phrase d’un philosophe français du XVIIIème siècle, qui convenait particulièrement à la situation : « Pour aimer l’Être Humain il faut en attendre peu.» Vraiment très peu, oui... pensa-t-il, avant de rire intérieurement : Oui mais voilà, tu n’en attends plus rien et tu ne l‘aimes pas, l’Être Humain, ça résoud le problème... Peu importait, à vrai dire : Edric reviendrait quand il reviendrait, et Cellendhyll n’allait pas perdre de temps à se poser des questions sur son ami. A dire vrai, il ne s’en souciait aucunement. Il était face à un sujet autrement plus important, et surtout autrement plus intéressant : son entrevue avec son mentor, le mystérieux Dark Schneider. Entrevue qui requérait toutes ses capacités intellectuelles, et il avait intérêt à les mobiliser rapidement.

Il écouta son mentor lui demander quelle discipline il voudrait privilégier, de toutes celles qu’ils étudiaient, s’il y en avait une en particulier. L’étudiant aux cheveux d’argent prit le temps de réfléchir à la question, à ses implications, à ses conséquences, à ce qu’elle pouvait signifier pour lui. En effet, que privilégier ? Devait-il s’orienter vers la magie sylvaine, discipline pour laquelle il était très doué ? Pourquoi pas, passionné de plantes et de la Nature comme il l’était, peut-être que cette voie lui conviendrait… En effet, la pratique de la magie sylvaine impliquait d’être très proche de la Nature, d’être expert en herboristerie, de tout savoir sur la flore et d’avoir des connaissances non négligeables sur la faune… Eventualité très intéressante, qui l’attirait réellement… D’autant qu’il connaissait quelqu’un avec qui il pourrait progresser rapidement : Noil Rik, le seul Poufsouffle digne d’intérêt, qu’il estimait de plus en plus, ce dernier s’étant montré de plus en plus intéressé et assidu à leurs rencontres au cours desquelles ils étudiaient de concert la magie, sylvaine ou non. Cependant, Cellendhyll de Cortavar recherchait, entre autres, la puissance, et la magie sylvaine, bien que foisonnante de possibilités, dépendait bien trop de l’environnement, n’étant réellement efficace que lorsque le terrain le permettait. Par conséquent, elle ne convenait pas pleinement à Cellendhyll.

Il se pencha ensuite sur la magie élémentaire. Puissante, séduisante, attirante, elle offrait encore plus de possibilités que la magie sylvaine: quel délice de maîtriser les éléments... quelle sensation grisante... Tout consumer, tout brûler, admirer les flammes lécher la peau des victimes ou griller leur chair, répandant une douce odeur... De plus, Cellendhyll admirait la beauté mouvante des flammes, incontrôlables et fougueuses, d'une beauté inénarrable, et pourtant capables de tout réduire à néant en si peu de temps... Ou, à l’opposé, congeler les ennemis, faire neiger, transformer lacs et rivières en glace, propager une atmosphère glaciale, recouvrir le paysage de neige et de mort... Sentir le froid s’insinuer sous les vêtements, prouvant que l’on était bien vivant... Entendre les gémissements des humains, les entendre se plaindre de leurs membres gelés ou du froid qu’ils éprouvent... Dans un autre registre, tout dévaster par un ouragan, ou faire tomber la foudre tout autour de soi, en projeter à partir de soi, créer des petites tornades... Ou, autre possibilité, faire trembler le sol, faire surgir des piliers de roche de sous les ennemis, tout détruire... Séduisant, la magie élémentaire... très séduisant mais... il me faut autre chose… de plus sombre et de plus sanglant... Cellendhyll était effectivement plus attiré par l’autre spécialité de son mentor, qui était également Maître en magie élémentaire.

La discipline enseignée par Dark Schneider qui attirait le plus Cellendhyll était la plus sombre, la plus crainte, la plus mystérieuse, la plus violente : la Nécromancie. Nécromancie. Quel mot sublime, plein de promesses morbides, sanglantes et violentes, de destructions, de tortures, et de douleur. La magie noire par excellence, son essence même. Rien de plus méconnu, rien de plus craint, et donc rien de plus méprisé... Les Nécromanciens étaient pourchassés, et éliminés dès que possible, tout simplement parce que leur art inspirait une crainte révérencieuse. Crainte justifiée, mais exagérée... les Nécromanciens n’étaient pas des tueurs sanguinaires, assoiffés de sang, de massacre, de douleurs et de mort... enfin, pas tous... Cellendhyll était dégoûté par cette vindicte que subissaient les adeptes de cet art, de la part de ceux qui se prétendaient « tolérants, bienveillants, ouverts d’esprit ». Les mages blancs, qui faisaient leur loi uniquement parce qu’ils étaient bien plus nombreux... Dark Schneider était l’un des rares Maîtres Nécromanciens reconnus comme tels à avoir survécu, ayant éliminé tous ceux qui étaient venus dans l’intention de le tuer, ou de l’arrêter.

Les conditions nécessaires aux invocations de nécromancie plaisaient même à Cellendhyll : sang humain frais, ingrédients divers et variés, le plus souvent tirées de telle ou telle partie du corps d’un humain ou d’un animal, voire même aide de la part de créatures cauchemardesques issues des neuf enfers... Quoi de plus attirant ? De plus éloigné de cette détestable magie blanche et de sa morale ? La Nécromancie ne pouvait qu’attirer Cellendhyll de Cortavar, qu’attiser sa curiosité, et lui donner envie de se plonger dans la magie noire. Ce qu’il comptait bien faire, dès que possible. Après avoir longuement réfléchi, dans un silence total, il se retourna pour faire face à Dark Schneider, qui attendait dans un silence de mort, les traits toujours dissimulés dans l’ombre de sa capuche, comme toujours, puis il lui répondit.

Toutes ces disciplines sont passionnantes, et m’attirent particulièrement... Cependant, bien plus que la magie sylvaine ou même la magie élémentaire, je suis plus intéressé par la Nécromancie... Sombre est cette discipline, et pleine de promesses... Etant Maître Nécromancien, vous êtes le meilleur mentor dont je puisse rêver... Nul autre que vous ne pourrait m’enseigner la Nécromancie comme je le désire... Sans pour autant cesser d’étudier les autres, c’est cette discipline que je souhaiterais privilégier...

Il l’observait, détaillait les moindres réactions de sa part. Sa demande avait apparemment ébranlé son disciple. Ce dernier ne s’attendait-il donc pas à une telle question ? Cellendhyll avait fait ses preuves à de nombreuses reprises, et son mentor envisageait depuis un moment déjà de passer au stade supérieur : la spécialisation. Magie sylvaine, magie élémentaire ou nécromancie ? Il laissa à son disciple le temps d’analyser les diverses possibilités de fond en comble, et attendit sa réponse, assis sur un arbre abattu. Il s’autorisa un moment d’absence, repensant avec plaisir au dernier groupuscule de pseudo mages noirs qu’il avait affronté, ou plutôt massacré, pour ce qu’il restait de leurs dépouilles. Des apprentis nécromanciens qui se prenaient au sérieux, tout juste capables de susciter, par leurs efforts conjugués, un unique squelette. Tandis que lui, seul, pouvait en créer une huitaine… Ils l’avaient défié, et ne défieraient par conséquent plus personne. Il avait, pour une fois, laissé libre cours à sa colère : il ne tolérait pas que son art soit souillé par de tels imposteurs. Même leur sang avait mauvais goût, et n’avait que des caractéristiques magiques médiocres. La Nécromancie n’avait vraiment rien perdu avec ces… disparitions. Bien au contraire. Il se faisait par ailleurs un devoir de purifier sa magie, éliminant toutes les parodies de nécromanciens qui, le connaissant de réputation, le défiaient. Le résultat était toujours le même, et le monde de la magie noire ne s’en portait que mieux…

Il fut tiré de sa rêverie par la réponse de son disciple, réponse conforme à ce qu’il avait prévu, et surtout à ce qu’il espérait : loin de rejeter la magie sylvaine ou la magie élémentaire, qu’il continuerait évidemment à étudier et à pratiquer, il décidait de privilégier la même voie que son maître, bien que ce dernier soit également maître élémentaliste : la Nécromancie, magie sombre et violente, à l’image de ceux qui s’y abîmaient. Il avait vraiment le potentiel requis, le profil correspondant et la motivation nécessaire. Quant à la résistance, tant physique que psychique, il n’aurait aucun problème, y étant préparé depuis des années. Dark Schneider évoqua alors les diverses préparations nécessaires à l’étude pratique de la Nécromancie, s’attardant tout particulièrement sur le sujet du Livre de Chair.

Le Livre de Chair, outil indispensable à tout nécromancien. Il s’agissait, comme son nom l’indiquait, d’un grimoire relié de peau humaine et dont les runes garnissant les pages étaient tracées en lettres de sang. Orné d’une gravure sur laquelle apparaissait une bouche démoniaque, dont les canines proéminentes pouvaient drainer le sang et l’énergie vitale du sorcier qui s’en servait, tout Livre de Chair se basait sur le principe du tout premier ouvrage de Nécromancie, un vieux grimoire cité dans de nombreuses légendes françaises, et dont l’origine était inconnue : le Nécronomicon. Nul ne savait ce qu’il était advenu de cet ouvrage mais, les nécromanciens de l’époque s’en étant inspirés pour créer leurs propres Livres de Chair, les connaissances qu’il contenait n’étaient pas intégralement perdues…

Dark Schneider était d’ailleurs, depuis des décennies, à la recherche de cette relique, sans pour autant parvenir à mettre a main dessus. Le Nécronomicon était son objectif principal, et il n’aurait de cesse de le rechercer. Outre le savoir incommensurable qu’apportaient les runes et rituels contenus par ces Livres, ces derniers servaient également de lien tant matériel que psychique entre le nécromancien et son familier, le démon venu des Neuf Enfers qui l’accompagnait, le servait, l’assistait en lui fournissant du mana ou, plus rarement, une aide physique, recevant en contrepartie de l’énergie vitale de la part du lanceur de sort, ou le sang et les restes des cadavres des victimes du nécromancien. Le rituel menant à la création d’un Livre de Chair était complexe et tenu secret, ce qui permettait de maintenir le nombre très faible de nécromanciens.

Or, malgré ses connaissances, Cellendhyll n’en était pas encore au niveau nécessaire pour créer lui-même son Livre de Chair. Son mentor allait donc devoir s’en charger, en sa présence, et par là même l’initier au ténébreux rituel, qui était particulièrement dangereux pour l’âme du créateur, qui invoquait un démon des Neuf Enfers, qui s’empressait de l’absorber dès la première erreur. Une grande majorité des apprentis nécromanciens ne dépassaient jamais ce stade, échouant dans leur création de Livre de Chair et se voyant par conséquent dévorés par le démon invoqué au préalable, leur âme étant précipitée dans le même temps dans les abîmes ténébreux des Neuf Enfers. Le niveau particulièrement élevé de Dark Schneider réduisant considérablement les risques, mais ne les faisait pas pour autant disparaître. Il allait donc devoir créer un Livre de plus et trouver une victime qui offrirait sa peau, après que Cellendhyll l’ait tué. Une condition de plus : le possesseur du Livre devait tuer lui-même l’Humain dont venait la peau qui le couvrait. Sans cette condition, le Livre ne se liait pas à l’apprenti nécromancien et le démon invoqué, considérant que ce dernier n’était pas le propriétaire légitime du grimoire, le tuait et le dévorait, avant d’emporter avec lui l’âme du défunt dans son monde.

Il s’occuperait des longs préparatifs dès que son disciple serait rentré à Poudlard. Sentant le soir tomber, il fit savoir au jeune étudiant qu’il était l’heure de se séparer, et qu’il allait devoir s’en retourner au château, sans quoi son absence serait repérée et des recherches engagées : il s’était absenté tout l’après-midi, sans prévenir qui que ce soit, et l’heure du repas du soir, qui avait lieu dans la Grande Salle de l’académie, approchait rapidement. Heure durant laquelle les élèves étaient recensés, afin de voir qui manquait à l’appel, absence qui pouvait signifier une situation des plus dangereuse pour l’élève en question, certaines zones de Poudlard étant mortelles pour les étudiants.

Tu devrais rentrer, il est l’heure… nous nous reverrons sous peu, dès que les préparatifs nécessaires à la création de ton Livre de Chair seront accomplis. Sur ce, à bientôt, mon disciple…

Laissant Cellendhyll tourner les talons et s’engager sur le chemin du retour qui le mènerait à son Ecole, le maître nécromancien commença à organiser les futures recherches qu’il allait devoir effectuer… Tout d’abord, une victime au sang très riche en magie, qui conviendrait au potentiel impressionnant de son disciple. Ce qui n’allait, somme toute, pas être si difficile que ça : il lui suffisait de désigner un sorcier, il n’aurait par la suite aucune difficulté à s’en emparer, violemment ou non, peu lui importait. Viendrait ensuite la collecte de tous les ingrédients. Etape bien plus complexe, de par le nombre de composants nécessaires et surtout leur rareté. Il y arriverait en quelques semaines, le temps de localiser ceux qui lui manquaient. Il allait, pour certains, devoir se rendre à l’autre bout du monde… Ce ne serait pas la première fois, et il aimait voyager, découvrir de nouveaux paysages, de nouvelles cultures, et surtout affronter de nouveaux Maîtres, afin d’étudier leur Art et de s’améliorer lui-même. Il s’était déjà aventuré dans nombre de contrées éloignées, avait affronté nombre de Maîtres puissants, et était toujours sorti victorieux… Ce qui expliquait sa puissance : il s’était assuré d’absorber l’énergie de ses victimes et d’en offrir l’âme à son familier, qui s’était lui aussi bien développé depuis son invocation primordiale, notamment au niveau de la puissance et de la cruauté. Il partirait en quête de tous ces ingrédients sous peu. Resterait ensuite le rituel de la création lui-même, long et épuisant. Mais il n’en serait pas à sa première création de Livre de Chair, et le résultat valait amplement les efforts fournis, de par la quantité de pouvoir apporté par l’ouvrage issu des pouvoirs d’une autre dimension. Il s’y mettrait très prochainement mais, pour l’heure, il allait tester quelques sorts… et donc trouver quelques victimes.

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