Son teint Opalin

Evan était un solitaire. Il aimait vivre sa vie au jour le jour, sans avoir à se soucier d'une tiers personne.
C'est ainsi qu'il menait sa vie, à errer dans les quatre coins de la Grande Bretagne. Il n'avait aucune attache, pas de pied à terre, ni de compagne, ni même de famille.

Le ciel sombre qui recouvrait Londres depuis près d'une semaine, commençait à agacer Evan. Près-au-Lard était une petite bourgade qui lui convenait parfaitement quand il s'agissait de s'écarter de la foule et de se reposer loin de l'agitation humaine.

Il entra avec assurance dans un pub qui bordait l'allée principale du village.
N'étant pas un habitué des lieux, sa présence ne passa pas inaperçue. Aussitôt, les vieux croulants appuyés contre le comptoir se retournent et grimacent un sourire.
Mais ce sourire n'avait rien de poli. Bien au contraire il témoignait plutôt du dégout de ceux-ci à l'égard d'Evan. Sa peau au teint opalin et ses yeux irisés inspiraient le dégoût chez certains.
Il ne le comprenait pas mais avait fini par l'accepter.
Ses 27 années d'existence avaient forgé un homme robuste, courageux et tenace.
Il n'était plus question de jouer au rebelle et de fracasser ces irréspectueux. Evan les ignorait et choisissait de s'isoler dans le fond du pub. Là où la lumière n'existait pas et où la poussière côtoyait les restes d'alcools moldues.

Après avoir commandé un fond de liqueur d'amande, Il releva sa capuche ce qui lui permettait de s'écarter de la cruauté de certains jugements en se cachant.

Noxis pénètre dans la taverne, un sourire aux lèvres et les bras chargés de paquets.

J'ai l'impression que ça fait une éternité que je ne suis pas venue ici ! Oh, Seigneur, c'est bondé, je ne trouverai pas une place où m'installer avec toutes ces affaires. Il faut dire que j'y suis allée fort ...

Elle jette un rapide coup d'oeil en quête d'une place et ne voit qu'une table où elle pourrait éventuellement s'imposer, une table occupée par un homme seul, au teint laiteux. Son visage lui est vaguement familier mais elle n'arrive pas à dire où elle l'a déjà rencontré.

Quoi qu'il en soit, je ne vais pas rester debout ni aller m'accouder au comptoir avec les vieux ivrognes qui s'y accrochent.

Bonjour, cette place est-elle libre ?

Une ravissante jeune femme venait de se poster face à Evan. Sa longue chevelure brune lui accordait un charme incontesté. L'air épuisée, elle demandait à s'installer aux côtés d'Evan.
Surpris par la demande, lui qui pensait rester seul, il retira ses jambes de la chaise en face de lui afin de la laisser libre pour la nouvelle arrivante.

Oh bien sûr. Pardonnez-moi pour mon aise. Tenez prenez place là.

Il se levait rapidement afin de retirer la terre que ses bottes avaient déposé sur l'assise. Il renversa maladroitement son verre sur la table.

Décidement je ne m'en sors pas.

La plupart des autres clients avaient maintenant le regard tourné vers Evan. Il sentait ces regards moqueur et en réponse, il les regarda à leur tour en prenant un air agressif.

Je vous remercie, je suis pour ma part désolée de vous importuner mais il n'y a guère de place ...

Elle s'approche de la chaise que les pieds du jeune homme viennent juste de quitter, se disant qu'elle fera abstraction de la boue qui doit certainement y être restée, lorsqu'il se lève pour l'épousseter. Noxis a juste le temps de faire un bond en arrière pour éviter le contenu du verre qu'il a renversé au passage. Elle remarque l'agressivité qui habite maintenant son regard, agressivité tournée vers les autres clients du bar qui ont l'air de trouver fort cocasse cette situation.

Hum ... Je fais quoi maintenant ?

Elle est embarassée, toujours debout avec ses paquets, centre d'une attention malsaine et qui n'est pas faite pour lui plaire.

Voilà qui est bien dommage, si je ne m'abuse ceci devait être le reste d'une boisson à base d'amandes... A l'odeur, je dirais que ce devait être un régal.

Il rigola après que la jeune femme eût compris ce qu'était le contenu du verre.

Effectivement, c'était de la liqueur d'amande. Vous connaissez? C'est étrange car très peu de monde arrive à se faire à son goût très particulier.

Cette sensation d'échauffement du palais ne me quitte pas...

Je vais en recommander un verre, en voulez-vous un? Je vous l'offre. Après cet incident où tous ces ignares nous ont épiés , j'aimerais me faire pardonner de la gêne occasionée.

Le naturel timide reprenait le dessus sur l'agressivité dont avait fait preuve Evan quelques minutes plus tôt.

Maintenant que nous partageons la même table, vous pourriez sans doute me dire quel est votre prénom.

Il lui sourit en inclinant presque le visage, comme s'il cherchait à se cacher.

Oh, je ne dis pas que j'en ferais mon quotidien, mais j'aime le mélange d'amertume et de douceur qui se dégage de ce genre de liqueur. L'odeur est en outre tout à fait mélodieuse, un régal pour les sens.

Elle se décide enfin à déposer ses paquets par terre et s'installer sur la chaise.

Je vous accompagnerai volontiers pour une liqueur d'amandes alors ... Mais de grâce, comprenez que je l'accepte pour mon plaisir, pas pour vos excuses qui n'ont pas lieu d'être. De tout temps l'être humain a aimé s'amuser au dépend d'autrui : vous n'en êtes pas le responsable, je ne vois donc pas pourquoi je vous en tiendrais rigueur.

Son sourire s'accentue et elle tend la main au dessus de la table :

Je m'appelle Noxis.

Noxis...tel était son nom!
Elle était impressionante. Chacune de ses paroles était intelligemment lancées et Dieu qu'elles étaient justes et véridiques.

Et moi Evan...

Il lui saisit la main et reste un bon moment dans cette position sans se rendre compte qu'il y avait été sans doute un peu fort.

Il grimaça comme s'il cherchait à s'excuser.
Il détourna son regard de celui de Noxis afin d'appeler le serveur. Personne ne daignait venir jusqu'à eux.

Je crois bien que nous allons devoir attendre un bon moment avant de pouvoir savourer nos liqueurs.

Il soupira un instant et enchaîna tout de suite, comme pour ne pas parraître trop râleur.

Vous étiez à Près-au-Lard en tant que cliente.

Il jetta un rapide coup d'oeil aux nombreux paquets que Noxis baladait.

Enchantée Evan !

Le jeune homme lui prend la main et la broie presque dans la sienne. Quand au bout d'un très long instant, il la relâche, Noxis la place en dessous de la table et masse ses articulations endolories, s'étonnant au passage de la petite grimace qu'il vient de faire.

Je ne suis pas pressée : j'ai le temps d'attendre un peu pour cette liqueur. Vu le monde, nous devons nous résigner à ne pas être servis illico malheureusement. Je crois que je n'étais pas la seule à choisir aujourd'hui pour dévaliser les magasins de Pré au Lard. Certains appellent cela la voracité féminine, allez savoir pourquoi ?

Et vous-même ? Je ne vois pas une montagne de paquets à vos pieds, j'en conclus donc que le shopping n'était pas à votre ordre du jour.

Noxis s'était installée de telle manière que les rayons du soleil couchant, passaient au travers de ses longs cheveux bruns. Cela leur donnait une teinte cuivrée.

Les plus belles femmes sont toujours les plus naturelles.

Il écoutait avec attention ce que Noxis avait à dire et répondit dès qu'elle eu finit.

Oh non, vous savez ce n'est pas très amusant pour un homme seul de faire les boutiques. Et en plus de cela, partout où je vais, mon physique un peu trop... "original" je vais dire, dérange.

La blancheur de ses joues et la dureté de son sourire firent place à une expression de tristesse.
Son regard traduisait même d'une once de rage. En réalité, Evan n'avait jamais bien accepté sa différence et les autres ne l'aidaient pas à oublier...
Pour rapidement passer à autre chose, Evan poursivit en reprenant les propos de Noxis.

Votre conclusion est exacte, le shopping n'était en effet pas à l'ordre du jour. A vrai dire, je venais ici pour m'isoler, mais avec le nombre de clients qu'il y a aujourd'hui ça n'était pas gagné.
Alors je dirais que vous tombez à pic. En m'accordant un peu de votre temps, vous m'évitez d'être pointé du doigt en tant que rejeté de la société.

Son sourire se devait d'être des plus charmeurs, mais au lieu de cela,il restait figé et était un brin mélancolique.

J'ai bien peur que les propos que j'ai tenu tout à l'heure sur la nature profondément égoïste et cruelle de nos comparses humains ne s'appliquent aussi à l'originalité ... Dommage, la différence, c'est pourtant la richesse de notre monde ...

Elle plonge son regard dans le sien où elle lit une profonde tristesse teintée de rage.

S'accepter tel qu'on est n'est pas chose aisée ... Mais c'est un chemin personnel que personne ne pourra faire à sa place.

Ainsi donc, vous souhaitiez un peu d'isolement ... Je vous évite peut être d'être pointé du doigt mais je vais à l'encontre de vos souhaits de départ je crois ...

Un sourire ironique s'inscrit sur ses lèvres, démenti totalement par la lueur chaleureuse dans ses yeux.

"Les différences, ce sont les richesses de notre monde": Ces mots raisonnaient encore dans la tête d'Evan. C'était si vrai, mais tellement peu acquis. Et le mieux dans tout cela, c'est que Noxis avait lancé ces mots, avec une simplicité étonnante.

Evan ne perdait pas une miette de son jeu facial. Les sentiments s'enchaînaient et s'entrecroisaient sur son doux visage. Son regard allant à l'encontre de son sourire.

...

Il aimait la regarder parler. Elle semblait bien plus à l'aise que lui apparament.
C'est alors qu'elle vint à s'imaginer que sa présence n'était pas désirée.

Ne vous en faites pas, si vous m'aviez dérangé je n'aurais eu aucun scrupule à vous le dire clairement...

Madame Rosmerta arriva enfin à leur table. Evan se permit alors de commander une liqueur d'amande pour Noxis.

Bien! Je n'aime pas tellement parler de moi alors...

Il lui offrit un charmant sourire auquel vint s'ajouter une once de gêne.

...dites moi donc où travaillez-vous?

Bien, j'aime que les choses soient claires et les gens qui estiment cela nécessaire également. Vous voilà donc condamné à subir ma présence.

Son sourire s'accentue. Elle prend des mains de Rosmerta le petit verre de liqueur d'amandes et après l'avoir levé en guise de salutation vers Evan, trempe ses lèvres dedans.

Un ravissement ... J'ai bien fait de vous suivre !

Pour répondre à votre question, je travaille dans un des temples de la connaissances. Et si vous essayiez de deviner ?

Comme à chaque fois qu'elle parle d'elle, Noxis hésite à dévoiler directement la nature de son métier. Elle ne se souvient que très clairement des propos tenus par une certaine Rikita dans la Gazette du Sorcier, insinuant qu'il était étrange de tenir un poste si élevé pour une femme si ... jeune.

Rosmerta arriva enfin avec les liqueurs. Elle servit délicatement les deux petits verres de cristal et Evan déposa la somme correspondante sur son plateau.
Noxis fut la première à y tremper ses lèvres, et Evan ne tarda pas non plus.

Effectivement, elle est délicieuse.

La liqueur d'amande était très prenante et il était difficile après une première gorgée de s'en passer. Les sensations qu'elle procurait à ses buveurs, étaient tout à fait caractéristiques de l'amande. La prime fraîcheur faisait petit à petit, place à une ardente fournaise.

HJ Attention > Nox et Evan, les grands alcoolaux Wink

HJ

Dans un temple de la connaissance... Cela ne me laisse que trois possibilités.

Eh bien d'après vos propos, je suis à même d'hésiter entre les trois plus grandes écoles qui nous sont proches. Il y a tout d'abord Beauxbâtons, ensuite Durmstrang, mais surtout Poudlard...

Il adopte alors un petit sourire en coin.

Et puisque nous sommes à Pré-au-Lard, je suis tenté de dire que vous travaillez à Poudlard.

Il était quasiment sûr de ce qu'il avançait mais il travaillait lui même à Poudlard, et n'ayant jamais aperçu Noxis, il se permettait de douter.

Après sa première gorgée de liqueur d'amandes, les joues de Noxis se colorent et ses yeux se mettent à briller.

Cette boisson n'a rien à envier aux elixirs des temps anciens préparés exclusivement à l'intention des Reines et des Déesses mais c'est un peu fort tout de même ... Heureusement que ce n'est pas de la vodka que l'on avale d'une traite : je n'ai pas trop envie de rouler sous la table !

Elle redépose délicatement le petit verre de cristal sur la table et reprend un ton plus sérieux.

A votre tour d'avoir tiré les bonnes conclusions : je travaille en effet à Poudlard. J'ai eu l'immense honneur d'être la directrice adjointe d'Albus Dumbledore. Et maintenant j'ai repris ma propre succession auprès d'Iridal Winterfell. Je dois bien reconnaître que je souffle un peu depuis son arrivée. Le Professeur Dumbledore se consacrait de plus en plus à ses activités extérieures à l'école et maintenant nous avons une direction plus présente.

Voilà pour moi, qu'en est-il de vous Evan ?

Evan s'imagina alors Noxis rouler sous la table. Il ne put s'empêcher de rire. Un rire qu'il dut étouffer afin de ne pas gêner Noxis.

Ce n'est quand même pas une simple liqueur d'amande qui va vous rendre saoule.

Il leva son verre et le plaça face à ses yeux, de telle manière que les rayons du soleil passaient au travers du petit liquide vert pâle.
Il pointa du doigt la liqueur et reprit.

Comment diable une pareille chose pourrait-elle vous transformer à ce point?

Il avait dit cela en rigolant puisqu'il connaissait l'effet dévastateur d'un abus du doux alcool.
Comme pour se réveiller, il se passa les mains sur le visage.

Ca y est, la liqueur m'endort. Que va-t-elle penser de moi?

C'est étrange que l'on ne se soit jamais rencontré quand on sait que je travaille également à Poudlard. Toutefois, je dois dire que ça fait à peine un mois que je suis au Château.
Le hasard a voulu que l'on ne se croise jamais.

Il s'arrêta un instant pour demander à Rosmerta d'ammener quelques glaçons.

Je vais devancer votre question. Qu'est-ce qu'un homme comme moi peut bien faire à Poudlard? Eh bien je me le demande parfois moi même. Je suis un Auror employé par le Ministère afin de garantir la sécurité à Poudlard. C'est bien beau de le dire, mais ça l'est moins quand il s'agit d'assurer son service.

Un nouveau sourire s'inscrit sur les lèvres de Noxis.

Voilà qui est mieux : il rit à présent ... Ce rire lui sied mieux que la tristesse teintée d'agressivité que je lis dans ses yeux. Des yeux étranges et pour le moins troublants. Soit ...

C'est parce que justement pareille chose est traître ... Et si nous sommes en quelques sortes collègues de travail, j'aimerais autant éviter de vous apparaître avec un sérieux coup dans l'aile, la mine défaite et l'oeil hagard ...

Ainsi donc, vous êtest à Poudlard. Effectivement, je ne pense pas vous y avoir déjà croisé ... Je sais que le Professeur Winterfell a fait en sorte que les Aurors aient un bureau, je n'hésiterai pas à y passer dorénavant. Il est dommage par contre qu'elle n'ait pas eu l'occasion de vous présenter tous au corps professoral. J'ai eu l'occasion de rencontrer Monsieur Basslord par contre : il est tout à fait charmant.

Lui, par contre, ce n'était pas à Poudlard mais est-il utile de le préciser ?

Une nouvelle fois il rigolait des propos que tenait Noxis. Sans la connaître on aurait pu croire qu'elle était froide et trop sérieuse mais en réalité, elle était tout à fait à même de blaguer ouvertement.

Effectivement, il vaut mieux pour votre crédibilité que je ne vous vois pas dans un tel état.

Et il vaudrait mieux pour notre réputation à tous les deux que nous cessions de boire comme des trous.

La chaleur de la pièce mêlée aux fous rires et à l'albus de l'alcool, provoquèrent chez Evan quelques bouffées de chaleur. Rosmerta arriva à pic avec ses glaçons. Et en deux temps trois mouvements il les glissa sur sa nuque.
L'effet électrisant du froid se fit immédiatement ressentir et son regard s'intensifia, ses yeux sortirent de leurs orbites.

Ouaohh...

Son souffle s'accéléra et petit à petit il retrouva ses esprits.

Pardonnez moi mais la liqueur commençait à me monter à la tête et j'avais besoin de me rafraîchir.

Il la regarda comme pour excuser son comportement.

Comme vous venez de le dire, Miss Winterfell nous a généreusement installé dans une salle de la tour Ouest. Je serais ravi de vous y accueillir, mais ne vous attendez pas au grand luxe. J'y travaille à longueur de journée avec deux collègues et à vrai dire, nous n'avons pas réellement le temps de ranger. C'est un peu le foutoir!

Même beaucoup.

Effectivement Monsieur Basslord est un homme bien. Je ne lui ai pas souvent parlé, ce qui est plutôt paradoxal quand on connait nos fonctions respectives. Mais tout ce que je sais de lui c'est qu'il est juste et dévoué.
Ce sont des valeurs qui font irrémédiablement défaut chez les hommes d'aujourd'hui.

Le soleil commençait à décliner à l'extérieur, mais la masse de client qui se trouvait à l'intérieur ne faiblissait pas.

Noxis est amusée par la scène : pour sa part, elle prend juste un des blocs de glace et le dépose délicatement au creu de son poignet, puis du deuxième.

Je ne vous comprends que trop bien : l'atmosphère devient petit à petit irrespirable et la liqueur n'est pas la seule responsable.

A ce moment, une sorcière outrageusement fardée et excessivement parfumée passe à côté d'eux, poursuivie par une odeur abominablement poivrée d'eau de toilette bon marché, qui amène les larmes aux yeux de Noxis et la fait éternuer. Elle fait une petite grimace.

Et ça ne s'arrange pas on dirait. Je crois que je ne vais plus m'éterniser.

Vous savez, je ne sais pas si l'on peut parler de générosité par rapport à vos bureaux. Je dirais plutôt un échange de bons procédés. Depuis que votre groupe d'Aurors a été envoyé à Poudlard, je pense que tout un chacun se sent plus en sécurité - exceptés les gens qui auraient quelque chose à se reprocher, bien entendu. Dès lors, que vous vous sentiez à l'aise dans votre tâche est plutôt primordial non ? Et qu'importe l'ordre qui peut reigner dans cette pièce pour peu que vous vous y retrouviez vos collèges et vous. Je viendrai m'en rendre compte moi-même un de ces jours.

Qu'elle tolère le désordre ou non, je ne souhaite pas me retrouver avec une Noxis noyée au milieu des dossiers et des boîtes de Choco-grenouille.

Prévenez moi tout de même à l'avance, histoire que le bureau et moi, soyons présentables.

Il grimaçait en pensant à tout le désordre qu'il lui faudrait arranger.
Et le passage d'une vieille bique mal-odorante n'améliorait pas le rictus qui s'inscrivait sur le visage d'Evan.

Mon dieu! Quel est cet infâme parfum?

Il l'avait dit assez fort pour que la vieille l'entende, et c'est bien ce qui arriva. Elle ne tarda pas à se retourner et à afficher une mine outrée.
Il ne put alors pas s'empêcher de rire.

Tu es loin d'être mature pour un Auror mon pauvre Evan.

Cette réflection résonnait soudain dans sa tête et elle eut pour effet de couper court toute forme d'amusement.

Euh pardonnez moi! Je m'égare à nouveau.
Effectivement depuis notre arrivée, nous dénombrons moins de bagarres et d'agressions. Mais ce qui nous inquiète c'est que celles-ci sont en revanche bien plus violentes qu'avant.

Son visage paraissait tout à fait sérieux et rien ne pouvait trahir sa crédibilité.

Noxis réprime difficilement son envie de rire à la mine de la sorcière, mais surtout, à la vue du comportement étrange d'Evan. C'est comme s'il souhaitait s'amuser mais que quelque chose en lui lui rappelait soudainement qu'il n'en a pas le droit.

Quel singulier personnage ...

Lorsque toute trace d'amusement déserte son visage en une fois, Noxis s'en étonne et fronce involontairement les sourcils.

Je ne vous comprends pas ... Vous vous excusez à nouveau ... Est-il donc interdit de rire chez les Aurors ?

Elle a bien entendu la suite de ses propos mais pour l'instant, ce qui l'intrigue, c'est le changement d'humeur du jeune homme. Pas que la sécurité de l'école ne l'intéresse pas, loin de là, mais pour un soir, elle veut être Noxis, pas simplement la directrice adjointe de l'école.

Evan fut surpris de voir un brusque changement de comportement chez Noxis. Elle riait sans problème avec lui jusqu'à présent et soudain, elle reprenait son air sérieux et grave.

Interdit de rire?...

Vous avez raison, j'ai un peu tendance à m'excuser trop souvent et pis que cela, je me retiens de rire lorsque ça me paraît malvenu.

Il racla alors bruyamment sa gorge et semblait presque mal à l'aise.

En vérité, ça n'a rien à voir avec les Aurors. Nous sommes certe des êtres humains sans doute plus sérieux que d'autres, mais nous restons des êtres humains. Par conséquent, il nous est impossible de ne pas décompresser et de ne pas nous détendre en quittant la routine, même un court instant.

Le vrai problème c'est que je travaille pour vous. Je sais bien que ce n'est pas vous qui m'employez mais vos fonctions vous donnent certains droits. Voilà la raison de ma retenue. Je ne veux pas sembler trop immature, voire même trop futile.

Noxis reçoit ces propos comme une giffle. La déception se lit sur son visage.

Autant pour mes mauvaises impressions : je suis donc la directrice adjointe avant d'être Noxis. Qu'est ce que je pensais, vraiment ?

Oh, je vois.

Elle reste silencieuse un moment avant de reprendre.

Vous l'avez dit : les Aurors sont des êtres humains ... Et moi-même, ne puis-je aspirer à cette humanité comme tout un chacun ? N'ais-je pas le droit de décompresser et quitter la routine comme vous le dites? Rencontrer des semblables qui me considèrent également comme un être humain et non pas comme la détentrice d'un titre qui n'a d'importance que lorsqu'il est utilisé dans un cadre bien précis, à savoir Poudlard ?

D'une voix rendue plus grave par l'émotion qui la gagne, émotion fortement aidée par la liqueur d'amandes :

Si je vous avais menti sur mon métier, auriez-vous été différent ?

Ses yeux verts perçants sont à présent fixés dans ceux d'Evan, cherchant une réponse.

Cette situation pesait lourd sur Evan et Noxis et cela se ressentait. Cette discussion était tendue et Evan souhaitait s'en écarter le plus rapidement possible.

Je n'ai jamais voulu dire cela! Je crois bien que nous nous sommes mal compris. Bien entendu que vous êtes un être humain normal. Vous n'allez quand même pas me reprocher de vous respecter un minimum?

Il marquait une pause en cherchant à décripter la rage que Noxis cachait derrière ce regard accusateur.

Bien sûr que j'aurais été différent si vous aviez exercé une autre fonction, mais je pense que vous ne pouvez pas me blâmer pour cela.

Il ne comprenait pas ce soudain accès de colère.

Qu'avez-vous? Je vous sens tendue. Je ne peux être la seule cause de cette fureur.

Le rose s'installe sur ses joues, un sentiment de gêne l'envahit : qu'est ce qui lui a pris de s'emporter de la sorte ? Face à quelqu'un dont elle ne connaissait absolument pas l'existence il y a à peine une heure.

Elle baisse les yeux et joint ses mains sous la table, les serrant l'une contre l'autre à s'en faire blanchir les articulations. A nouveau, le silence s'installe entre eux deux, qu'elle brise finalement en relevant un regard las vers lui.

Excusez-moi Evan, tout ceci n'a pas de sens. Je ne vous blâmerai jamais de me respecter, je ne blamerais personne pour cela d'ailleurs, c'est quelque chose qui se perd trop de nos jours pour ne pas en reconnaître toute la valeur.

Un timide sourire refait surface.

Et je ne suis pas en fureur : je ne vous souhaite pas d'assister à une telle scène de ma part. C'est juste ... Oh, comment expliquer cela ... Je dois bien reconnaitre que c'est confus en moi ...

Cette fois ci c'était sûr, cette conversation était des plus bizarre.
Noxis passait cette fois de l'image d'une femme froide et colérique à celle d'une femme timide et tracassée.
Son attitude la trahissait, elle était gênée et ce n'était absolument pas ce que recherchait Evan.
Les premiers regards accrocheurs s'étaient perdus, troqués contre un lourd silence.

Regardez-moi Noxis!

Il passa sa main sous son menton et lui releva délicatement le visage.

Quelque chose vous tracasse, vous l'avouez vous même. Mais je doute que vous souhaitiez m'en parler. Je ne suis sans doute pas la personne idéalle et en plus de cela nous nous connaissons à peine.

Et pourtant ça l'aiderait de se confier à quelqu'un qu'elle ne connait pas. Elle n'aurait pas à se soucier des conséquences de ses aveux. Mais je doute qu'elle réussise à se dévoiler et à m'offrir une partie de son histoire.

Il la regarda et lui sourit. Ce sourire était chargé d'éspérance et Evan préférait se rassurer en pensant qu'il ne s'agissait de rien de grave.

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