A GARDER Promenade interdite dans forêt interdite...

Après avoir traversé le parc, Aléatha et Naget arrivent à l'orée de la forêt interdite. Il hésite à continuer, s'arrête et se retourne vers elle.

Tu veux y aller ? Je ne pense pas qu'on y trouvera quelqu'un, mais nous ne serons pas pour autant en sécurité. Je t'avoue que ce n'est pas l'endroit de Poudlard que je préfère. Et puis, je commence à te connaître, et je ne pense pas que tu aies vraiment le goût du risque... Je te laisse décider.

Aléatha serre sa main un peu plus fort.

Mais je suis avec toi, je ne crains rien ! Je n'y suis jamais allée à vrai dire...
Je n'aime pas le risque inconsidéré, mais je pense que tu te trompes : t'aurais-je accosté de la sorte à ton cours si je n'aimais vraiment pas le risque ?

Elle émet un rire cristallin.

On va dire que j'avais des armes qui ne me serviraient probablement à rien ici mais ... elles ont fait leur effet à ce moment là on dirait.

Elle l'embrasse. Et puis les yeux brillants :

Viens, emmène moi dans la forêt interdite !

Si tu n'as pas peur, allons-y.

Ils reprennent leur chemin, entrant petit à petit dans la forêt, où la faible lumière de la lune et des étoiles ne passe plus.

Lumos !

Fais comme moi. Et surtout, prends garde. Même les centaures, maîtres des lieux, ne connaissent pas toutes les créatures qui vivent ici.

Il l'embrasse, puis ils avancent encore un peu plus profond dans le bois.

Seigneur, comment un lieu peut-il être aussi sombre ?

Elle ôte sa baguette de ses cheveux et soupire en remarquant le regard irrité de Naget.

Oh, ça va, je sais ce que tu vas dire ! Je vais faire un effort pour trouver un autre système.

Lumos !

Elle lache sa main et prend son bras à la place.

Evite de me perdre, tu veux ?

Te perdre ? Il faudrait que je sois bien stupide pour te perdre...

Il l'embrasse.

Cet endroit est en effet vraiment sombre. Heureusement, nous avons nos baguettes. Je plains le pauvre moldu qui s'aventurerait ici en pleine nuit...

Naget frissonne.

Oh, stupide ou désireux de te débarrasser de moi !

Elle prend un ton théâtral.

Et c'est ainsi que le violent professeur abandonna seule dans la forêt interdite la septième élève qui avait succombé à ses charmes, réalisant ainsi la dernière partie d'une prophétie qui devait le rendre plus fort, plus puissant et plus beau encore ! Les pauvres jeunes filles innocentes devaient en effet être sacrifiées à la soif sanguinaire d'une créature terrible qui hantait la forêt ...

Oui, c'est tout à fait celà, pauvre jeune fille innocente. D'ailleurs, nous approchons du repère de la bête.

Sur un ton moqueur :

Pourriez vous avoir l'amabilité de remettre votre baguette dans vos cheveux, le monstre souhaiterait éviter de prendre trop de risques...

Aléatha éclate de rire !

Toi !

Elle le regarde amoureusement, les yeux brillants, l'embrasse.

Alors, m'emmeneras-tu plus loin ?

Puisque tel est votre désir, Mademoiselle, continuons notre chemin.

Joignant le geste à la parole, il la conduit plus loin. Ensemble, ils traversent une zone de profondes ténèbres, avant d'arriver à un endroit plus clair. Au fur et à mesure du temps, la lumière pénètre de plus en plus à travers l'épais feuillages des arbres, jusqu'au moment où ils entrent dans une clairière.

On y voit mieux, au moins.

Elle lâche son bras et pénètre seule dans la clairière.

C'est magnifique ici, Naget ...

Très sérieuse :

Merci de m'avoir montré cet endroit. Je sais que tu prends beaucoup de risques en sortant de ton bureau ou de ton appartement en ma compagnie.

Elle s'approche d'un tronc d'arbre couché sur le sol. Sur sa base, un bouquet de petites fleurs blanches illuminées par un rayon de lune. Elle se baisse pour les regarder de plus près.

Naget la rejoint et suit son regard. Il lui répond :

Oh, je prends des risques parce que je le veux bien. C'est d'abord pour le plaisir d'être à tes côtés et de te voir heureuse, tu n'as pas à me remercier pour quelque chose que je fais avec joie. Par le simple fait que tu aies pris la peine de naître, je te suis redevable. La vie sans toi serait affreusement morne, et le temps affreusement long.

Aléatha se relève en sentant la proximité de Naget. Elle place ses bras autour de son cou et plonge à nouveau son regard dans le sien.

Tu le penses sincèrement ? Tu penses sincèrement que je suis née pour toi ? Ma mère ... pensait ... Elle pensait que nous avons tous notre alter ego sur terre. Lorsque je ne te vois pas, je deviens folle, lorsque je ne t'entends pas, je suis perdue ...

Elle se blottit contre lui.

Il la serre dans ses bras.

Dire que tu es née pour moi serait bien prétentieux. Je suis heureux parce que tu es venue au monde, voilà la certitude. Maintenant, que le Destin nous ait liés ou que je t'aie dérobée à un autre (le malheureux !), je n'en puis juger.

Naget, ne dis pas ça, tu ne fait preuve d'aucune prétention en reconnaissant les faits. Si l'un de nous deux est vaniteux, c'est bien moi. Ne le dis à personne, ce n'est pas quelque chose que j'admets facilement. Mais il faut dire, pour ma décharge, que j'ai toujours obtenu tout ce que je voulais auprès de tout le monde tellement facilement. Mais rien n'a jamais été aussi important pour moi que ton amour. Si tu venais à me l'ôter, je ne sais pas ce que je deviendrais.

Elle s'écarte de lui pour mieux le regarder, gravement.

Je l'ai su dès que j'ai posé les yeux sur toi en entrant dans ta classe de cours. Ce qui a du te paraître comme la dernière lubie d'une gamine capricieuse n'était rien d'autre que la volonté farouche de réaliser mon destin.

Un bruit de branches cassées interrompt Aléatha. Elle blêmit.

Tu as entendu ? Qu'est ce que c'était ?

Naget entend lui aussi le craquement de branches. Il sert sa baguette bien fort et regarde en direction du buisson, attendant le moment où surgira le danger.

Je ne sais pas, mais ça m'étonnerait vraiment que ce soit de bon augure. Reste sur tes gardes.

Conseil inutile... Pendant ce temps, un ombre apparaît. Naget recule lentement de quelque pas, entraînant Aléatha avec lui, pour pouvoir voir la créature et avoir encore le temps de réagir. L'ombre se précise, et va bientôt entrer dans la clairière.

Aléatha ne se le fait pas dire deux fois et tient sa baguette d'une main qu'elle veut ferme. Elle reste derrière Naget, scrutant des yeux non seulement le buisson mais aussi les alentours afin de s'assurer que le danger ne vient pas d'un autre endroit en même temps.

Oh, Naget, dans quoi t'ai-je embarqué ?

Elle regrette déjà de l'avoir mis dans une telle situation.

Quoi ou qui que ce soit, les problèmes sont au rendez-vous ce soir ...

La main crispée, Naget attend l'instant crucial où la créature va sortir du buisson. Il murmure pour Aléatha :

C'est moi qui t'ai amenée ici, tu n'as pas à t'en vouloir.

Un rat sort du buisson. Naget souffle et relâche légèrement son attention.

Un simple rat...

Il n'a pas le temps de finir sa phrase qu'il apperçoit quelque chose bouger. Une ombre s'avance vers la lumière. Au fur et à mesure qu'elle se précise, on distingue une forme d'équidé de plus en plus nette. Enfin, lorsqu'elle entre dans la clairière, Aléatha et Naget comprennent qu'il s'agit d'un centaure.

Aléatha est partagée entre la crainte et l''émerveillement. Elle n'a jamais vu de centaure mais ce qu'elle a entendu à leur propos n'était pas toujours des plus flatteurs.

Elle s'approche de Naget, aussi près que possible pour ne pas le gêner dans ses mouvements s'ils doivent combattre.

Naget ... que fait-on ?

Elle tend le cou pour apercevoir le centaure : sa robe est d'un splendide noir luisant et bleuté, son corps musclé et hâlé, son visage grave et noble, entouré d'une longue chevelure noire.

HJ En orange-gras, les paroles du centaure. HJ

Il murmure :

On va bien voir... Surtout, reste calme.

Pendant ce temps, le centaure prend la parole.

Qui êtes vous ? Que venez vous faire ? Vous êtes ici chez nous !

Je suis Naget Speifer, professeur de sortilèges à Poudlard. Je crois que vous aurez compris que nous nous promenons seulement dans cette forêt...

Le centaure reconnaît le prénom de Naget, qui est courrant parmi les siens. Il ne le fait cependant pas remarquer, le professeur pourrait en tirer un avantage trop grand. Ensuite, il jette un regard vers Aléatha. Un sourire s'affiche sur le visage de la créature.

C'est une élève ? Les moeurs ont bien changé dans cet école. Je ne me souviens pas que les professeurs emmenaient leurs élèves se promener dans la forêt, autrefois. Encore une preuve de la décadence des Hommes et de la supériorité de notre race.

Quoiqu'il en soit, cette forêt nous appartient, et nous ne tolèrons pas la présences des humains, et encore moins pour se promener main dans la main. Puisque je vous rencontre pour la première fois, je vous laisse partir. Mais il n'en sera toujours ainsi. Ne revenez plus jamais ici.

Oui... D'accord. Nous allons y aller, bien sûr. N'est-ce pas Aléatha ?

Supériorité de sa race ? Décadence de la nôtre ? Non mais pour qui se prend-il ?

Aléatha est sur le point de faire une remarque cinglante mais se retient in extremis et décide d'adoucir ses propos.

Alors c'est vraiment dommage pour tous ...

Très bas, elle ajoute :

Sommes-nous juste des monstres à leurs yeux ? N'avons-nous jamais prouvé que nous pouvions aussi créer la beauté ?

Elle glisse sa main dans celle de Naget alors qu'il amorce leur départ.

Il écoute Aléatha, et, tout en marchant, salue la créature :

Au revoir...

Puis, il s'arrête, et, combattant son hésitation :

Je me demande seulement... Qu'est-ce qui vous fait dire que votre race est supérieure à la nôtre ? Je ne crois pas pouvoir dire que l'espèce humaine soit meilleure, mais je pense que nous possédons chacun nos coutumes et nos moeurs, sans supériorité des uns sur les autres. J'admets aisément l'idée de l'égalité des centaures et des Hommes, comprenez que je vous demande la même chose...

Le centaure rit.

Vous ? Les Hommes ? Nos égaux ? Notre art éblouirait même vos plus grands maîtres. Votre science n'arrive pas au sabot de la nôtre, millénaire. Vous voudriez être nos égaux ? Vous ne méritez même pas d'être nos esclaves.

Pas facile de discuter avec quelqu'un de si peu ouvert...

Comment pouvez vous nous juger ? Je ne connais aucun centaure qui soit sorti des forêts pour visiter notre monde, et même s'il y en avait un, le bannissement le frapperait selon vos lois, et il ne pourrait pas, par conséquent, vous rapporter ce qu'il aurait vu.

Les centaures en soient toujours préservés ! Comment osez-vous critiquer nos lois, édifiées bien avant que les Hommes ne nous retranchent ainsi dans nos forêts ?

Aléatha a écouté les arguments de Naget avec attention, et est offensée pour lui lorsqu'il se fait rabrouer par le Centaure.

N'y tenant plus :

Pourquoi lui parlez-vous comme ça ? Il n'a été que courtoisie avec vous ! Il n'a aucunement critiqué vos lois, il vous a juste fait part à demi mot de sa déception face à cette séparation des races. Déception que je partage, même si vous vous en fichez du plus profond de votre âme.

Ses yeux violets flamboyent maintenant de colère contenue.

Ne pouvons-nous être des individus, bon sang ?

Vous devriez apprendre à retenir vos parole, jeune insolente. Vous êtes l'exemple même de l'arrogance de votre race. Maintenant, sortez de notre forêt. Ma patience a des limites, et vous n'êtes pas loin de les franchir. Ne revenez plus jamais ici. La prochaine fois, la mort vous attend.

Oui, partons. Un climat d'intolérance règne ici.

Il commence à avancer, et continue à parler de façon à ce que le centaure entende.

Ceux de votre sang ont de la chance que je ne les juge pas sur votre comportement. Votre sagesse légendaire n'enseigne apparemment pas à penser librement et à tenter de comprendre l'étranger. Vous y perdez bien plus que vous ne croyez.

Devant l'énervement apparant du centaure, qui agite ses sabots, Naget avance d'un pas plus déterminé, ne souhaitant pas l'affrontement. Quant à elle, la créature ne retient presque plus ses nerfs.

Partez. Partez maintenant. Je ne veux plus vous voir, jamais. Ce ne sont pas là des menaces vaines.

Ca n'est pas vraiment difficile à croire, et Naget entraîne Aléatha plus loin, marchant rapidement.

Une fois n'est pas coutume, Aléatha suit docilement Naget.

Il n'a vraisemblablement pas envie d'affronter cette ... brute !Et il a bien raison !

Elle a même du mal à le suivre, impatient qu'il est de quitter cet endroit. Il ne réalise même pas qu'elle trébuche régulièrement en se prenant les pieds dans la végétation. A un moment, il relâche même une branche sans faire attention et elle vient lui fouetter le visage, laissant sur sa joue une grande traînée de sang. Ils atteignent enfin la lisière de la forêt et elle le retient par la cape.

Naget, ralentis maintenant tu veux ?

Il s’arrête et la regarde, se retournant complètement vers elle.

Excuse-moi. Ce centaure a été vraiment odieux, et je me suis énervé.

Il voit la trace de sang.

Oh ! Tu ne t’es pas fait mal ? Madame Pomfresh devrait soigner ça rapidement, sans poser trop de questions, mais tout de même… Je suis vraiment désolé. Je peux faire quelque chose pour obtenir ton pardon ?

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