Quand l'ennui est devenu l'occupation principale... [PV Ayo]

C’était une journée banale pour Dakeyras. Il n’avait rien de spécial à faire, personne à voir. Sa vie était très calme depuis un temps, les cours étaient suspendus et tous les gens à qui il tenait et à qui il pouvait parler semblaient avoir disparus.
Il se leva de son lit, après une grasse matinée bien méritée. Les cheveux en bataille et les yeux encore mis clos, il se dirigea vers sa salle de bain. Il commença à se préparer. Le temps passait lentement quand il n’y avait rien à faire. Il s’habilla d’une chemise bleu claire et d’un jean. Il passa sa ceinture et y accrocha le fourreau de Fire. Il glissa la baguette à l’intérieure. Attrapant un journal et un livre sur son lit, il prit le chemin du salon de la salle commune.

Comme d’habitude, un feu crépitait dans la cheminée et une odeur de fumé et de bois ancien parfumés la pièce. Il s’assit sur le sofa en face de l’âtre et observa le feu un instant. Les flammes venaient lécher les bûches qui noircissaient, puis devenaient cendres à son contact. La braise, bien rouge, était dessinée de dégradés qui changeaient régulièrement d’intensité. C’était comme si, une fois mort, le bois continuait de vivre. Un long moment absorbé par cette fascination, il ne fit pas attention aux autres élèves qui passaient près de lui. En y repensant bien, ces braises lui semblait similaires avec les reflets de Fire, toujours en mouvements, changeant de couleur, tout en restant sur ce ton rouge vif.

Il détourna enfin son attention du foyer après plusieurs minutes, et saisit le journal pour lire les nouvelles. C’était à s’en douter, il n’y avait rien sur la guerre, rien de négatif dans le journal. La presse était censurée par le ministre, et à Poudlard cette censure était encore pire. Les journaux distribués aux élèves n’étaient que propagandes et illusions. On ne montrait que ce qu’on voulait, pour les protéger, pour les embrigader. Mais le gryffon n’était pas dupe. Il secoua la tête en signe de désaccord avec toutes les inepties qu’il venait de lire, et lança le quotidien dans le feu.

Il saisit ensuite le livre qu’il avait apporté, son bestiaire. Ce livre était étrange, mais apparemment, utilisés depuis longtemps pour l’apprentissage des créatures magiques. Recouvert de fourrure, et grognant de temps à autres. Il fallait juste savoir comment s’en servir pour ne pas finir avec le nez à l’intérieur. Ce n’était pas le problème de Dakeyras, il avait chez lui des tas de livre comme celui-ci, des fois même bien plus agressifs. Ils se trouvaient dans le bureau de son père, son métier exigeait qu’il ait tout les renseignements dont il avait besoin sous la main. Et le jeune garçon avait joué avec ceux-ci plus d’une fois.
Il caressa donc délicatement la tranche du livre qui émit alors à ronronnement docile avant de s’ouvrir. Il le posa sur ses genoux et chercha le chapitre sur les vampires. Depuis son altercation avec James, il voulait en savoir plus sur ces créatures. Son père lui en avait déjà parlé, mais c’était il y a longtemps, et maintenant qu’il était passé de l’autre côté, le seul moyen pour Dakeyras de se renseigner sur la chose, était de chercher par lui-même. Sortant inconsciemment Fire de son étui, il commença à jouer avec, la faisant tourner entre ses doigts. Elle était calme, et lui aussi. Il entreprit alors la lecture du pavé auquel il venait de s’attaquer.

Le Fêlé bondit sur le lit d’Ayo et commença à piquer son quart d’heure de folie matinale. Habituée, les yeux toujours clos, la jeune fille s’enfonça un peu plus encore sous ses couvertures afin d’échapper aux coups de griffes joueurs du chat excité, en prenant garde qu’aucune partie de son corps ne dépasse.

Quand la chaleur devint vraiment étouffante, la jeune fille sortit péniblement le bout de son nez et inspira un peu d’air frais en priant pour que le Fêlé ne s’y attaque pas.

Enfin, Ayo émergea lentement et s’assit sur le bord de son lit, les jambes dans le vide. Aussitôt, le chat roux sauta sur ses genoux et se mit à ronronner en se frottant contre la main de sa maîtresse. Distraitement, celle-ci le caressa. Elle avait de ces maux de tête… La veille, la brune avait voulu réviser ses cours et finalement avait abandonné. Plongée dans un thriller moldu qu’elle avait récupéré il y a longtemps parmi ses affaires de rues, au fil des pages Ayo s’était laissée emporter par les assassinats et les découvertes… Et elle n’avait pas vu le temps passer, ne prenant conscience de l’heure qu’il était qu’une fois deux bons tiers de la nuit écoulés…

Seulement ce matin, la jeune fille faisait les frais de sa nuit tronquée. Les cheveux plus ébouriffés encore qu’à l’ordinaire, Ayo se leva et alla constater l’étendue des dégâts dans la salle de bains. De superbes cernes mauves mettaient son regard en valeur, et sa tignasse emmêlée lui conférait un charme indéniable, conclut-t-elle avec son ironie habituelle. La jeune fille fit une rapide toilette, s’habilla avec les premiers vêtements qui lui tombaient sous la main en ouvrant sa penderie, se coiffa vaguement et tenta de dissimuler sa « tête zombifiée » grâce à un léger maquillage, puis elle sortit du dortoir. Il était trop tard pour prendre le petit-déjeuner, et Ayo n’avait pas cours aujourd’hui, par chance. Aussi se rendit-t-elle dans la Salle Commune avec l’espoir qu’il n’y aurait pas trop de monde, et qu’elle pourrait ainsi se réveiller en douceur.

S’étirant, la gryffon poussa la porte du dortoir des filles, entrant dans la Salle. Chaleureux et convivial, cet endroit était certainement l’un des préférés d’Ayo. Là, elle se sentait véritablement chez elle. Avec un sourire de bien-être, la jeune fille se laissa tomber avec la grâce d’un phacochère, malgré sa fine taille, sur les confortables fauteuils de cuirs qui entouraient la cheminée.

Ce n’est qu’à ce moment-là qu’Ayo remarqua qu’un garçon était déjà installé dans le fauteuil en face du sien. C’était Dakeyras Bremer, un élève de quatrième année, pour ce qu’il lui semblait… La jeune fille le connaissait de vue bien sûr, comme la plupart des autres gryffondors, mais elle ne lui avait jamais vraiment parlé. Le jeune homme était absorbé par la lecture d’un livre volumineux, qu’Ayo reconnut comme faisant partie de cette catégorie si particulière des « bouquins qui te bouffent la main », comme elle les avait baptisés…

Tout d’abord, elle hésita à le déranger. Mais après quelques minutes passées en silence, le garçon ne s’étant même pas aperçu de sa présence, Ayo lança en plaisantant :

« Eh bien, je ne suis pas la seule à être une lève-tard, apparemment… ! »

Dakeyras était plongé dans sa lecture, à tel point qu’il ne remarqua pas la jeune fille qui venait de s’asseoir dans le fauteuil en face de lui. Il était en train de dévorer le chapitre sur l’origine des vampires. C’était très intéressant, notamment la partie sur les alphas. Arrivant à la fin de sa page, et profitant de ce moment calme pour s’amuser un peu avec la télékinésie, il commença à tourner la page du livre sans même la toucher. Et c’est une fois qu’elle fut arrivée à presque la moitié que le jeune garçon fut interrompue par une voix féminine. Ne s’y attendant pas, il sursauta et laissa échapper sa concentration. La page retomba alors mollement à sa place d’origine.
Le gryffon leva alors les yeux pour les poser sur une jolie jeune fille brune d’à peu près son âge. Elle avait les cheveux en bataille et des cernes sous les yeux, plus ou moins masquée par une couche de maquillage.

Tiré de sa lecture, il resta quelques secondes sans rien dire, le temps de se remémorer la phrase qu’elle venait de prononcer. Puis une fois ses idées remises en place, il lui sourit avant de lui répondre.

Non, tu n’es pas la seule effectivement. Mais puisque les cours sont suspendus jusque nouvel ordre, autant en profiter pour faire une grasse matinée de temps en temps. D’autant plus qu’il faut réussir à s’occuper comme on peut.

Il avait dit ça sur un ton enjoué et sympathique comme lorsqu’il était de bonne humeur, c'est-à-dire la plus grande majorité du temps. Fixant sa camarade, il la reconnaissait, se rappelant de son prénom pour l’avoir entendu plusieurs fois. Cependant, il lui était impossible de se souvenir de son nom de famille.

Je suis Dakeyras Bremer, au fait. Et toi tu es Ayo, c’est bien ça ?

Il referma son livre et s’enfonça un peu plus dans le fauteuil, s’installant bien confortablement. Fire toujours dans les mains, continuant de faire tourner la baguette entre ses doigts. Plus le temps passait, plus il sentait la présence du phénix. Rassurante, apaisante et agréable. Dakeyras avait besoin de lui en ces temps sombres et difficiles pour lui.

Un instant, Ayo crut que le garçon ne l’avait pas entendue. Concentré sur sa lecture, il n’avait pas réagi. Puis, en voyant une page se soulever d’elle-même, la gryffon comprit que Dakeyras était en plein essai de télékinésie... En réalisant qu’on l’interpellait, il relâcha son effort et la page se reposa lentement.

Il sembla un instant un peu désorienté, mais Ayo connaissait ce moment où l’on quitte le livre pour revenir au réel, et elle-même avait aussi souvent un instant de flottement dans ces cas-là. Dakeyras sourit enfin et répondit, apparemment de bonne humeur :

« Non, tu n’es pas la seule effectivement. Mais puisque les cours sont suspendus jusque nouvel ordre, autant en profiter pour faire une grasse matinée de temps en temps. D’autant plus qu’il faut réussir à s’occuper comme on peut. Je suis Dakeyras Bremer, au fait. Et toi tu es Ayo, c’est bien ça ? »

« C’est ça ! Ayo Wallis. » précisa la brune en rendant son sourire au jeune homme. « Tu es en Quatrième année, je crois ?... »

Fermant son livre recouvert de fourrure, Dakeyras se cala dans son fauteuil.

« Tu lis pour essayer de pallier les cours ? » enchaîna-t-elle en désignant le volume posé sur les genoux de Dakeyras, du menton.

Le gryffon avait des cheveux blonds ébouriffés et un beau sourire. Il manipulait sa baguette, d’un bois sombre doté de reflets rouges, machinalement.

Heureuse de pouvoir faire une nouvelle rencontre, Ayo affichait un air ravi.

La jeune fille semblait joviale, et il était agréable pour Dakeyras de rencontrer une personne dans cet état d’esprit. Ces derniers temps, à part des gens qui ont voulu l’affronter, lui faire du mal ou tenter de le tuer, ou encore des gens meurtris par les évènements tout comme il l’était, il n’en avait pas rencontré beaucoup. Le jeune garçon répondit alors à sa première question.

Oui, on peut dire que je suis en quatrième année, mais je considère que c’est parce que c’est ma quatrième année de présence au château. Parce que niveau cours, je n’ai pas appris grand-chose depuis la rentrée, et j’ai hâte que la situation évolue. Nous avons besoin de ces enseignements, pour pouvoir nous battre, pour devenir plus fort grâce à la connaissance et la pratique. C’est pour ça que les cours sont suspendus, on veut nous empêcher de progresser, parce qu’on veut nous empêcher de nous battre.

Marquant une pause et prenant en compte sa deuxième question, il y répondit sans perdre de temps.

Disons que j’ai besoin de renseignements sur une créature et que comme les cours sont suspendus, j’essaye de me renseigner par moi-même.

Le gryffon ne développa pas sur la créature en question. Si elle lui posait la question, il lui répondrait surement, mais si elle ne lui posait pas, il valait mieux ne pas en parler. Il préférait éviter le sujet.
Il continuait de manipuler Fire entre ses doigts, sans même y penser. Puis il posa une question à son tour pour entretenir la conversation.

Et toi, comment fais tu pour occuper tes journées ? Qu’est ce que tu aime faire ?

« Oui, on peut dire que je suis en quatrième année, mais je considère que c’est parce que c’est ma quatrième année de présence au château. Parce que niveau cours, je n’ai pas appris grand-chose depuis la rentrée, et j’ai hâte que la situation évolue. Nous avons besoin de ces enseignements, pour pouvoir nous battre, pour devenir plus fort grâce à la connaissance et la pratique. C’est pour ça que les cours sont suspendus, on veut nous empêcher de progresser, parce qu’on veut nous empêcher de nous battre. »

Ayo se retint de hausser les sourcils d’un air approbateur. La jeune fille non plus ne pouvait pas vraiment prétendre qu’elle-même avait fait de fabuleux progrès, en aucune matière que ce soit, excepté la Métamorphose, peut-être. Elle tentait de s’entraîner, seule dans sa chambre, le plus régulièrement possible, mais il fallait reconnaître que ce n’était guère concluant. Et puis, s’exercer seule n’était pas vraiment passionnant…

Dakeyras reprit alors la parole :

« Disons que j’ai besoin de renseignements sur une créature et que comme les cours sont suspendus, j’essaye de me renseigner par moi-même. »

Le garçon ne semblant pas désireux de s’étendre sur le sujet, Ayo hocha la tête en silence, ravala sa curiosité et respecta le choix de son camarade.

« Et toi, comment fais-tu pour occuper tes journées ? Qu’est-ce que tu aimes faire ? »

La jeune brune fit la moue. Ses journées étaient loin d’être passionnantes. Dire qu’il y aurait tant à faire, s’ils en avaient les moyens et les connaissances ! Cette impuissance la rendait folle.

« Oh… Pas grand-chose… Je m’entraîne dans mon coin pour ne pas perdre la main et essayer de progresser, même si c’est à une vitesse d’escargot. Et je vole, beaucoup, dès que je peux ! » A ces mots, les prunelles claires de la jeune fille se mirent à briller. Ayo continua d’une voix enflammée. « Je rêve de devenir attrapeur, ou bien poursuiveur dans une équipe de Quidditch ! Je ne fais pas partie de celle de Gryffondor, vu que je suis arrivée l’an dernier, et que je ne savais même pas monter sur un balai à l’époque !» Elle rit. «Mais ça fait plus d’un an maintenant que je m’entraîne dès que j’ai un moment, et je compte bien soumettre ma candidature quand je m’estimerai prête. »

Les yeux perdus dans les flammes dansant au sein de la cheminée, une pensée revint dans l’esprit de la brune. Bien sûr, cela faisait un moment qu’elle y pensait, et elle savait que d’autres élèves avaient émis l’idée… Mais, à sa connaissance, nul n’avait concrétisé la chose. Dakeyras partageait sa conviction qu’il fallait que les élèves apprennent pour pouvoir se battre, et de toute évidence il savait prendre des initiatives pour avancer par lui-même. Mais, avant de suggérer la chose, Ayo devait savoir jusqu’où Dakeyras serait prêt à aller pour arriver à ses fins.

D’un ton innocent et parfaitement naturel, elle déclara tranquillement :

« Parfois, ce règlement est tellement stupide que je me demande pourquoi on prend encore la peine de le respecter… »

Cette remarque était d’une banalité affligeante, mais parfaitement calculée. Tous les élèves de leur âge se « rebellaient » contre les règles, et une telle phrase ne pouvait nullement éveiller les soupçons. Nombreux étaient ceux qui rouspétaient contre les réglements... Mais, combien passaient réellement à l’acte et osaient se dresser contre l’autorité, quand ils l’estimaient injuste ? Ah oui, jouer les révolutionnaires, cela faisait rêver, mais quand il fallait agir, il n’y avait plus personne ! C’est pourquoi, avec cette phrase toute bête, la gryffon espérait pouvoir observer la réaction et la réponse de garçon…

Lorsqu’Ayo arrêta de parler de ses hobbies, elle fixa le feu un instant sans rien dire et Dakeyras, intéressé par le sujet du quidditch en profita pour lui en parler à son tour.

J’aime, moi aussi, beaucoup voler. Je suis d’ailleurs inscrit dans l’équipe de quidditch de Gryffondor en tant que batteur, mais tout comme les autres matières, les cours et matchs de quidditch ont étés suspendus. Donc je sors de temps en temps en balai pour voler, histoire de me changer les idées.

Il ne s’étendit pas sur le sujet, ne voulant pas ennuyer la gryffone avec ses histoires. Il laissa alors le silence reprendre ses droits un instant. Le feu crépitait dans l’âtre. Le bois craquait sous les assauts des flammes. La cheminée n’avait plus était vide depuis le retour du feu, c’était tellement agréable de le retrouver. La pièce semblait avoir repris vie en même temps que l’élément.
La phrase de la jeune fille le tira de sa contemplation. Dakeyras aimait bien le comportement de cette dernière, sa façon de penser. Elle avait l’air courageuse et téméraire, et un peu rebelle sur les bords. Elle avait en quelque sorte bien trouvée sa maison, enfin, le Choixpeau l’avait fait pour elle.

Ho oui, je ne te le fais pas dire. Certes il peut s’avérer utile en certaines occasions, mais la plupart des règles sont exagérées.
D’ailleurs, il y a longtemps que je ne prends plus la peine de le respecter, pour ma part. Je l’ai déjà enfreint plus d’une fois, et je continuerai à le faire aussi longtemps que j’aurai besoin de le violer.

Il jeta un regard complice à Ayo à la fin de sa phrase.

A quoi bon suivre les règles, quand le monde semble sombrer lui-même dans l’anarchie. Les professeurs ne sont plus que des surveillants, Dumbledore n’est plus là, la LOI est à la porte du château et le ministre prend de plus en plus de pouvoir, diminuant nos libertés.
Je suppose que tu es aussi au courant que la guerre qui fait rage dehors, a depuis longtemps déjà, pénétrée l’enceinte de l’école et que le conflit entre les élèves n’est pas moins important que celui entre Voldemort et ses mangemorts, et les aurors aidés de tous ceux qui œuvrent pour le bien. C’est pour cette raison que le règlement est devenu une entrave à tous ceux qui veulent pouvoir défendre leur cause.

Il la toisa un moment du regard, cherchant une quelconque réaction mais sans s’y attarder, il poursuivit sur sa lancée.

Je pense que les élèves, ainsi que toutes les personnes concernées par cette guerre, ne peuvent pas se permettre de rester neutre. Nous devons tous mener ce combat, et ceux qui ne se sentent pas concernés sont des idiots.

Il avait parlé avec fougue, mais sans énervement. Il était toujours bien installé dans le fond du fauteuil. Il avait croisé les jambes et posé ses bras sur les accoudoirs. Fire restée juste dans sa main droite, entre le fauteuil et sa paume.

Dakeyras lui ayant également partagé son amour du vol, Ayo sourit. Peut-être auraient-ils un jour l’occasion de faire un tour en balai ensemble ? Contemplant les flammes rougeoyantes dans l’âtre, le garçon réagit lorsque la brune fit allusion à l’inutilité du règlement.

« Ho oui, je ne te le fais pas dire. Certes il peut s’avérer utile en certaines occasions, mais la plupart des règles sont exagérées.
D’ailleurs, il y a longtemps que je ne prends plus la peine de le respecter, pour ma part. Je l’ai déjà enfreint plus d’une fois, et je continuerai à le faire aussi longtemps que j’aurai besoin de le violer. »

Avec un sourire en coin, il continua.

« A quoi bon suivre les règles, quand le monde semble sombrer lui-même dans l’anarchie. Les professeurs ne sont plus que des surveillants, Dumbledore n’est plus là, la LOI est à la porte du château et le ministre prend de plus en plus de pouvoir, diminuant nos libertés.
Je suppose que tu es aussi au courant que la guerre qui fait rage dehors, a depuis longtemps déjà, pénétrée l’enceinte de l’école et que le conflit entre les élèves n’est pas moins important que celui entre Voldemort et ses mangemorts, et les aurors aidés de tous ceux qui œuvrent pour le bien. C’est pour cette raison que le règlement est devenu une entrave à tous ceux qui veulent pouvoir défendre leur cause. »

Ayo se retint d’afficher un air ravi. Dakeyras n’aurait pas pu lui faire plus plaisir ; enfin un élève qui avait des convictions et qui les défendait ! Les lèvres de la brune brûlaient de lui révéler son idée, mais si le gryffon n’y adhérait pas, elle risquait d’avoir des ennuis avec la LOI… Il suffisait qu’il en touche un mot à quelqu’un d’un peu trop bavard… Ayo ne pensait pas qu’il l’aurait trahie lui-même, mais peut-être en aurait-il parlé… ? Non, la gryffon secoua légèrement la tête, le regard posé sur les tapisseries rouge et or encadrant la cheminée. Mais Dakeyras enchaîna sans traîner, avec fougue :

« Je pense que les élèves, ainsi que toutes les personnes concernées par cette guerre, ne peuvent pas se permettre de rester neutre. Nous devons tous mener ce combat, et ceux qui ne se sentent pas concernés sont des idiots. »

« Je suis tout à fait d’accord ! Savoir qu’à l’extérieur, et même à l’intérieur du château, les deux camps s’affrontent, que des sorciers risquent à chaque heure leur vie pour lutter, et nous, qui sommes l’avenir même de cette guerre, nous restons enfermés ici, ignorants et impuissants !! Ça me rend folle ! »

Comme elle commençait à s’emporter, Ayo prit le temps de se calmer. Toute la Salle Commune n’avait pas besoin d’entendre ses opinions sur la question. Mieux valait ne pas faire de vagues en ce moment…

Doucement, la brune rapprocha un peu son fauteuil de celui de Dakeyras, afin de pouvoir discuter plus discrètement, et se pencha vers lui.

« Je suis sûre que tu as dû entendre parler d’élèves qui voulaient se regrouper pour travailler et apprendre ensemble. Je me suis renseignée, et apparemment personne n’a encore fondé aucune réunion de ce genre à Poudlard… Alors bien sûr, on n’est peut-être que deux, et franchement, on a du pain sur la planche vu notre niveau… Mais le but ne serait pas que l’un enseigne à l’autre, juste que l’on se retrouve pour travailler et apprendre par nous-mêmes ce qui les cours devraient nous apporter ! S’entraîner ensemble est plus motivant que seul, et si l’un des deux a compris, il pourrait aider l’autre, et inversement… »

Songeuse, Ayo s’arrêta quelques secondes, le temps d’observer la réaction du garçon. Elle reprit :

« Evidemment, ce ne serait sans doute pas très bien vu de l’administration… Mais ça, j’ai cru comprendre que ce n’était pas un problème… ! »

Elle adressa un clin d’œil de connivence à Dakeyras.

Non, ce n’est pas du tout un problème. De plus, l’administration n’aurait pas besoin d’en être informée.

Il adressa un clin d’œil à Ayo. C’était une rencontre des plus agréable, enfin quelqu’un à qui il pouvait parler, avec qui partager ses convictions et qui n’avait pas froid aux yeux.

Mais...

Il se pencha un peu vers et parla à voix basse.

Tu te trompe, nous ne sommes pas seuls ! Il y en a d’autres comme nous, qui veulent défendre la cause du bien. Mais ils savent se faire discrets. La discrétion est la clé de la réussite, parce que sans elle, nous ne pourrons rien faire.
Mais moi, je les connais, et j’ai déjà fait appels à eux pour m’entrainer. Le souci, comme tu dois pouvoir t’en douter, c’est que je ne peux pas te révéler qui ils sont, ni te les présenter tant que je ne te connais pas un peu plus. Encore une fois, la discrétion est de mise. Nous ne devons pas œuvrer dans l’ombre, mais nous devons œuvrer avec prudence. Le château est de moins en moins sur. Tu dois être sur tes gardes. On ne peut faire confiance à personne, même pas dans notre si noble maison.

Il se recula ensuite et scruta le visage de la jeune fille. Il espérait qu’il ne l’avait pas effrayé.

Mais je te rassure, tu peux me faire confiance. Et je sens que je peux te faire confiance moi aussi. C’est pourquoi, si tu le souhaite, je te réponds à ta proposition de nous entrainer ensemble, que ce sera avec plaisir. J’ai pas mal de temps libre en ce moment, et je dois dire qu’un peu d’entrainement ne me ferait pas de mal. Sinon je crois bien que je vais finir par rouiller, et Fire aussi !

Il montra sa baguette à sa camarade en terminant sa phrase, puis il pouffa. C’était un sentiment qu’il retrouvait pour son plus grand plaisir. Lui qui fut si jovial, si heureux, qui aimait rire, et profiter de la vie, et lui qui était devenu un peu moins jovial, il ne souriait plus tellement, ne riait presque plus et n’étais plus si heureux. Tout ça durait depuis quelques semaines, pour ainsi dire bien trop longtemps.
Et en ce jour, c’était comme si un grand vide de sa vie se remplissait un peu. C’était comme si une pierre venait d’être posé sur l’édifice qui l’amènerait à sa gaieté passée.

Il se leva et replaça Fire dans son fourreau. Le jeune garçon se dirigea vers une petite desserte sur laquelle se trouvait toujours des verres, quelques boissons et de la nourriture, pour les élèves qui souhaiteraient grignoter ou boire quelque chose. Il prit deux verres qu’il remplit de bièraubeurre et il les apporta devant le feu. Il en donna un à Ayo et garda l’autre pour lui. Puis il leva son verre en fixant son regard dans le sien.

A cette rencontre plus que plaisante.

Plus il bu une gorgée du nectar. Il y avait longtemps qu’il n’avait pas senti le gout si délicieux du caramel au beurre salée qu'avait la bièraubeurre.

« Tu te trompes, nous ne sommes pas seuls ! Il y en a d’autres comme nous, qui veulent défendre la cause du bien. Mais ils savent se faire discrets. La discrétion est la clé de la réussite, parce que sans elle, nous ne pourrons rien faire.
Mais moi, je les connais, et j’ai déjà fait appels à eux pour m’entrainer. Le souci, comme tu dois pouvoir t’en douter, c’est que je ne peux pas te révéler qui ils sont, ni te les présenter tant que je ne te connais pas un peu plus. Encore une fois, la discrétion est de mise. Nous ne devons pas œuvrer dans l’ombre, mais nous devons œuvrer avec prudence. Le château est de moins en moins sûr. Tu dois être sur tes gardes. On ne peut faire confiance à personne, même pas dans notre si noble maison. »

Les paroles de Dakeyras avaient fait froncer les sourcils à Ayo. Jusqu’ici, elle ne soupçonnait pas sérieusement les membres de sa propre maison, cependant elle ne doutait pas que le garçon ait raison. Elle se méfierait d’autant plus désormais… Etonnée, et un peu vexée d’apprendre que d’autres élèves se rassemblaient déjà – car elle les avait cherché pendant un temps, en vain –, la jeune fille ne put malgré tout que se réjouir de cette nouvelle. Savoir que d’autres partagent vos convictions est toujours encourageant. Voyant que le gryffon lui lançait un regard pour observer sa réaction, Ayo lui adressa un sourire en coin afin de le rassurer. La lutte était en marche, et elle brûlait de rejoindre les rangs des résistants, fussent-ils des élèves.

« Mais je te rassure, tu peux me faire confiance. Et je sens que je peux te faire confiance moi aussi. C’est pourquoi, si tu le souhaites, je te réponds à ta proposition de nous entrainer ensemble, que ce sera avec plaisir. J’ai pas mal de temps libre en ce moment, et je dois dire qu’un peu d’entrainement ne me ferait pas de mal. Sinon je crois bien que je vais finir par rouiller, et Fire aussi ! »

Dakeyras semblait également évacuer une certaine tension accumulée, et le voir s'esclaffer renforça la bonne humeur de la brune. Elle avait le sentiment que lui non plus n'avait eu souvent l'occasion de rire sincérement, ces derniers temps...

« Très volontiers alors ! » répliqua Ayo, détendue. L’allusion à la baguette du garçon ne l’avait pas troublée outre mesure : elle avait déjà entendu parler de l’histoire du phénix dont l’âme avait investi la baguette… « Je ne fais pas grand-chose non plus ces temps-ci, alors quand l’envie te prends de te "dérouiller" un peu, fais-moi signe ! »

Le jeune garçon alla chercher deux verres de bièraubeurre, en tendit un à la gryffon, et porta un toast en la regardant droit dans les yeux.

« A cette rencontre plus que plaisante. »

« Et au combat qui s'est engagé. » murmura tout bas Ayo en rendant son regard au garçon, pour qu'il puisse déchiffrer ses paroles sur ses lèvres.

Avalant un peu de boisson, la brune en dégusta la saveur paticulière. Elle était sincèrement heureuse d'avoir pu parler si librement avec le garçon, alors qu'elle ne le connaissait pas il y avait encore une heure.

« Tu veux que je te laisse faire tes recherches ?...» demanda-t-elle finalement, toujours en souriant, afin de briser le silence qui s'installait. Mais ce n'était pas un de ces silences pesants qui mettent mal-à-l'aise... Plutôt un de ceux qui se créait quand deux amis ne ressentent plus le besoin de parler.

Pendant ce court silence, les pensées de Dakeyras allèrent à Erell. Il pensait beaucoup à elle ces derniers temps. Ca avait toujours été le cas depuis sa disparition mais depuis quelques temps, le phénomène s’était accentué. Puis il revint à sa discussion lorsqu’Ayo reprit la parole.

Non, merci, j’en ai fini pour l’instant avec ces recherches. Dit-il en souriant.
Cependant, je dois me rendre à la bibliothèque pour me renseigner sur quelque chose. Tu peux m’accompagner si tu le souhaites, mais ce n’est pas très passionnant.

Il se leva, prit son livre et se dirigea vers les escaliers menant a sa chambre.

Je reviens tout de suite.

Il monta les marches et gagna ses affaires. Il reposa son livre, changea ses vêtements, accrocha Fire et sa dague à sa ceinture, puis enfila sa cape, avant de redescendre. Il se dirigea vers la jeune fille qu’il avait laissée quelques instants auparavant.

Je te propose de nous retrouver dans deux ou trois jours, selon tes disponibilités pour nous entrainer. Dis-moi quand cela te convient le mieux. Et si tu le souhaite, peut être que nous pourrons en profiter pour reparler de ces rassemblement d’élèves.

Il lui fit un clin d’œil amical avant de s’éloigner un peu.

Au revoir Ayo, c’était un plaisir de te rencontrer, et j’attendrais avec impatience notre prochaine rencontre.

Il y avait longtemps qu’il n’avait pas eu l’impression de parler et de partager un moment avec un ou une amie. Et ça lui avait manqué. Tellement manqué.
Il sortit alors de la salle commune des gryffondor et prit la route de la bibliothèque. Il se souvenait que Léocadie avait utilisé un sort de localisation pour retrouver Drydden, et il devait en savoir plus, peut être pouvait-il s’aider de ce sortilège pour localiser Erell.

» Quand nos chemins se croiseront (PV Eryan)
» Quand le loup sort du bois (PV Thia)