Derrière le masque ( Andrew Clarks / Libre )

Terminant son assiette du midi en compagnie de quelques amis de sa maison, Corwin laissait ses pensées vagabonder au gré du bruit de vaisselle et des discussions. La veille, il avait aperçu James sur un banc, en compagnie d’un jeune homme, à l'allure plutôt étrange. Il n’avait pu que discerner un visage de craie, et de longs cheveux rougeoyant sous les derniers rayons de soleil. Ne voulant pas déranger son aimé, il avait prit la direction de sa chambre, ne sachant trop quoi penser de ce garçon. James semblait profondément ancré dans leur discussion, et n’avait l'air d'accorder aucune importance à ce qui les entourait. Non pas que Corwin fut jaloux de quoi que ce soit, seulement, il ne connaissait rien de l’interlocuteur de son phénix, ne l’avait même jamais vu en l'accompagnant. Et les grands yeux qu’il avait entraperçus en marchant rapidement l’intriguaient.

Arrêtes de te poser toutes ces questions…

Il sortit alors de ses réflexions et revînt à sa fourchette, restée un instant suspendue en l'air, à mi-course entre son assiette et sa bouche. Avalant la dernière bouchée de son plat, il ramassa son sac et se leva.

- Je vais me dégourdir un peu. On se voit en cours !

Il adressa à ses camarades un signe de main en s’éloignant, puis traversa le porche pour rejoindre le couloir. Il déambulait à travers les élèves vaquant à leurs affaires, la plupart se dirigeant vers les jardins et les rayons chauds du soleil. Marchant sans se hâter, il vit voleter devant lui quelques mèches rougeâtres sous les battements légers du vent. Fronçant les sourcils, il fit plus attention à la personne avançant à quelques mètres de manière lente et chaloupée: grande, élancée, de longues mains blanches aux ongles polies dépassant de son costume d’élève. Il tiqua sur l'instant en reconnaissant celui avec qui James avait conversé. Il avait suffi qu’il pense à lui pour le voir apparaître. Coïncidence ?
Corwin choisit de le suivre un moment, voir où il se dirigeait, s’il allait se poser quelque part ou tout simplement rejoindre l’intérieur du château. Mais il opta apparemment pour la première option, gagnant l’herbe à non loin, à l'ombre des grands arbres verdoyants.
L’oiseau hésita, trituré par l’envie de parler à cet étranger, et par l’appréhension de se trouver face à un mur, complètement stoïque et silencieux. Sentant de légères sensations d’angoisse et de timidité le gagner, il se décida néanmoins à s’approcher. Sortant son calepin à dessin, il prit une mine décontractée. Avisant rapidement l’écusson sur le veston, il vit l’emblème des poufsouffles.

Au moins eux sont calmes...d’habitude.

Inspirant un grand coup, il arriva à la droite du garçon, puis d’une main hésitante, tapota son épaule doucement.

- Excuses-moi…Ca te dérange si je m’installe à côté de toi ? C’est que j’avais commencé à dessiner cet arbre, et j’aimerais bien le terminer avant le prochain cours.

Il lui sourit, se laissant alors attraper par un regard des plus abyssaux. Il tenta de raffermir sa voix, ayant perdu un peu de sa contenance.

- Je ne voudrais pas t’ennuyer…

Que les cours étaient ennuyeux. Vraiment, à Andrew pour qui le monde n'avait plus vraiment de secret, de surprise, le soleil brillait d'un éclat qui venait presque à lui bruler les pupilles. Il l'aveuglait déjà assez. Sortant d'un cour, il prit la direction d'un coin d'herbe protéger des rayons lumineux par de grand arbres magnifiques. Le domaine de Poudlard était magnifique, il fallait l'avouer. C'était un endroit pur, où le mal n'avait pas son emprise. Mais le mal est partout, qui sait quand il atteindra cette prestigieuse école ?
Enfin seul. il pouvait enfin se reposer de tout ça, les cours, cet école, les élèves des plus ennuyeux et dépourvu d'intérêt.
Il s'allongea dans l'herbe, profitant de l'ombre puissante que fournissait les arbres, de la chaleur que procurait le soleil, et de la solitude amplement mérité.
Ce dernier point fut bien vite de courte durée. Un élève vint perturbé ses rêveries, il faisait mur à son moment de solitude. Tournant les yeux vers lui, il vit son blason. Serdaigle. Il y rode de drôle d'oiseau, n'était-il pas supposer être sage ? N'était-il pas sage de laisser Andrew dans son moment de calme, de solitude ?
Néanmoins, il ne cherchait pas querelle. Ce n'était qu'un humain aux odeurs des plus enivrantes, son sang si chaud mettait les papilles d'Andrew en éveil. Il contrôla tout de même ses pulsions meurtrières et répondit poliment :

Tu ne me déranges pas petit être. Tu peux rester.

Peut-être le temps était venu de se fondre dans le décor ? Dans la foule ? Se créer des amis ? Des amis qu'il se faisait durement, mais savait qu'il bâtissait de solide relation avec les rares qui veuillent bien de lui tels qu'il est. Il prit la parole en premier :

Comment t'appelles tu ?

Mais dans l'odeur de ce serdaigle, trônait une autre odeur, une odeur bien plus attrayante que celle de ce Serdaigle, bien plus enivrante que celle de cet humain sans intérêt. Reconnaissant immédiatement l'appartenance de l'odeur il pensa :

James.

Finalement cet oisillon avait peut-être un quelconque intérêt. Pourquoi ne pas lui donner sa chance ?

Petit être…Ca commence bien.

Il se cala le plus confortablement possible, un peu en retrait du jeune homme. Posant son carnet à croquis sur ses genoux, il sortit une nouvelle mine effilée, et observa un instant l’arbre dont il avait déjà représenté une esquisse. Secouant légèrement le crayon dans sa main, il regarda en coin les cheveux ballotés sous la brise légère et tiède. Il émanait des pulsations étranges de son corps. Un éphèbe gracile, paradoxalement dégingandé mais aux mouvements fluides et envouteurs. La bise soufflait à ses narines l’odeur du poufsouffle, une senteur des plus délectables, fruitée à souhait. Attractive ?

Peut-être…

En tous les cas, ce personnage demeurait énigmatique, et Corwin ne désirait que le connaître. Et savoir ce qu’il voulait à James.

- Je m’appelle Corwin Egnis. Je suis à Serdaigle, mais ça tu t’en es sûrement déjà rendu compte.

Il devait attendre un peu. Aborder le sujet de James de but en blanc ne lui apporterait sans doute que méfiance et interrogation de la part du garçon.
Un groupe d’élèves passa devant eux, pestant contre l’un de leurs professeurs apparemment trop sévère. Une légère sensation de colère brute le piqua à l’arrière du crâne, mais il la chassa rapidement, fermant au maximum son esprit aux fluctuations sentimentales des environs. Ressentir toutes ces sensations lui était encore largement étranger, et la plupart du temps, il se devait encore de se concentrer un maximum pour les éjecter de sa tête, et tenter de retrouver un semblant de paix. Et dormir lui faisait cruellement défaut ces derniers temps. Les poches sous ses yeux en témoignaient.

- Et toi quel est ton nom ? Après tout je ne t’ai jamais vu auparavant, et il y a tellement d’élèves ici. Enfin tu as l’air…différent va-t-on dire ?

Il tourna ses yeux en direction de ceux, immenses et brillants, et sourit à son encontre.

- Ne te méprends pas, ce n’est absolument pas une critique. Au contraire.

Son sourire s’accentua, dévoilant quelques dents.

- La différence est plus qu’intéressante…

Il embrassa d’un geste l’ensemble des jardins les entourant.

- Tous ces arbres que je m’évertue à croquer en sont le parfait exemple, et ils sont tous tellement magnifiques !

Il s’interrompit. Prenant un air surpris, il regarda autour de lui, et vit plusieurs filles s’amusant à danser sous la fronde d’un cyprès, s’exaltant sous la beauté des longues branches verdoyantes et du la brise tendre soufflant.

- C’est pas vrai…

Une fois de plus, il s’était fait prendre aux sentiments d’autrui, gagné à son insu par un flux de joie, intense et colorée. Se rendant compte de la situation plus qu’incongrue, il se racla la gorge, baissa légèrement la tête, gêné.

- Euh… Excuses-moi pour ce…débordement ! Il sourit de nouveau. Je me suis laissé emporter.

Du coup je ne lui ai même pas laissé l’occasion de me donner son nom !

Une voix qu'il connaissait, une autre que qu'il ne connaissait pas. Il était avec sa classe, et un professeur dont le nom lui échappait sans cesse. Inintéressant, sa classe comme son professeur, excepté Loélia. Incroyable qu'une fille lui fasse tant d'effet, le fasse tant vibrer, il apprenait à chaque occasion de la voir les affres de l'amour et tout le lots de bonheur et de douleur que cela impliquait pour quelqu'un comme Caleb.
Reconnaissant la voix de Corwin et son visage en tournant la tête, il profita de ce prétexte et sur sa discrétion pour s'éclipsé de son cour totalement ennuyeux. Il s'approcha donc à la rencontre de Corwin, lui qui n'incitait aucunement la haine, mais qui soutenait ses idées à travers James, à travers son compagnon.

Il était en compagnie d'une personne, ne le voyant pas de dos, il salua d'abord Corwin, qui avait l'air tétanisé de quelque chose qu'il ne maîtrisait pas. Etant impossible d'identifier la raison de ses "perturbations" momentanée et sans en faire d'évocation à ce sujet, il dit avec un signe de tête :

Corwin.

Puis le vent étouffa un bruit, venant ruisselait un courant d'air inopportun, d'abord dans la chevelure blonde de cet inconnue qui lui tournait le dos. Son odeur vint directement se faire humé aux narines du serpent. Une odeur de glas, frais, comme s'il venait de faire une balade nocturne et en revenait avec toute les saveurs que la nuit apportait aux plus chanceux. Lui était un chanceux. Tout comme Caleb. Les privilégiés nocturnes.
Caleb vint à la rencontre de celui ci, qui avait l'air si pâle. Il se posta devant lui, le fixa dans les yeux et .. Resta sans voix.
Il le fixait dans les yeux, incapable de parler. Quelque chose était entrain de se passer, mais quoi ? Un contact immatériel se produisait entre les deux personnes. L'inconnue avait une aura, mauvaise. Caleb aussi, ce qui lui fit mouche en premier, mais en regardant aux plus profond de ses pupilles émeraude, il y constata une image, une chauve-souris.
Voilà le dilemme, cet animal est-il compatible avec un serpent ? Deux personnalités bien distincte, impossible de déterminer d'avance la suite des évènements, mais l'inconnue avait l'air charismatique.
D'un gloussement sourd, il tendit la main vers l'inconnue et dit :

Caleb Roarch.

Différend ? Cela se voyait tellement ? Pourtant Andrew faisait au mieux pour ressembler aux autres élèves, pour ne pas paraître si pâle, il avait même acheté du fond de teint, quoiqu’il soit vrai qu’il avait omis d’en mettre aujourd’hui. Il se décala légèrement, là ou une branche déteignait son ombre sur Andrew.
Le Serdaigle se présenta. Corwin ? C’était lui ? Si jeune ? James les aimait sortant du berceau ? Pitoyable, il savait qu’il avait mieux à lui offrir que ce malheureux blanc bec.
Muni d’un respect inégalable, il allait tout de même se présentait à son tour. Mais aucun son ne sortit de sa bouche. Quelqu’un venait encore le perturbé, mais cette fois ci, s’en était troublant. C’était un jeune garçon, encore plus jeune que Corwin, il s’était posté devant Andrew, plongeant son regard dans le sien, comme absorber, les deux se regardèrent pendant plus d’une minute sans dire un mot.
La petite chose devant lui rompit le silence en fronçant les sourcils :

Caleb Roarch.

Son regard était dédaigneux, mais sans dédain, juste une curiosité au visage haineux. Quelque chose n’allait pas, Andrew sentait un pouvoir immense à l’intérieur de ce garçon, un pouvoir qu’il ne comprenait pas et qu’il n’en s’avait surement même pas l’existence.
Mais lui, Andrew, chauve-souris, et lui, Caleb, apparemment arborait bien plus le serpent sur son blason, Andrew avait l’impression que ce jeune avait l’âme d’un serpent. Deux animaux ne s’appréciant guère. Il se présenta alors lui aussi, pour Caleb et pour Corwin.

Andrew Clarks. Poufsouffle.

Dit-il toujours entrain de fixer Caleb dans les yeux.

Que me vaut le « plaisir » ?

Dakeyras se dirigeais vers le château, et pour s’y rendre, il passa par le jardin car l’herbe qui en recouvrait le sol était très agréable sous le pied, amortissant chacun de ses pas. Il se mit à penser :

Quel calme lorsqu’on marche dans l’herbe, pas le moindre bruit de claquement que peut fournir un sol en pierre lorsque les semelles s’entrechoquent contre celui-ci.

De plus, si le jeune gryffondor aimé passer dans le jardin a cette heure là c’est parce que le soleil qui commencé à descendre vers l’ouest, couché l’ombre des arbres verdoyants sur le sol et cela rafraichissait un peu. En avançant, Dakeyras remarqua qu’un groupe d’élèves était rassemblé un peu plus loin et il s’arrêta un instant pour les observer. Deux d’entre eux étaient assis sur le sol, l’un le dos contre le tronc d’un arbre dont les branches recouvertes de grandes feuilles vertes semblaient monter jusqu’au ciel. L’autre était assis en face du premier et tenait à la main un calepin à dessin et dans son autre main on pouvait apercevoir un petit fusain. A la droite de ces deux premiers élèves se trouvait un jeune serpentard, sans doute un premier année. Ce n’était pas la première fois que Dakeyras apercevait cet individu froid et douteux à son point de vue. L’élève dos à l’arbre et ce dernier se regardaient mutuellement. Le regard du jeune serpentard était froid et vide de sentiments. Celui du poufsouffle quant à lui était un regard d’admiration, il semblait comme perdu dans la profondeur des pupilles de ce jeune élève. Jusqu'à présent, ils ne s’étaient pas adresser la parole et le troisième élève, celui au calepin, se contentait d’observer la situation.

Mais que font ils ?

Pensa alors Dakeyras qui était perplexe devant la scène. Il aperçu le jeune serpentard engager la discussion. Son interlocuteur lui répondit mais leur phrase avait l’air courte. Après avoir observé durant un long moment ce spectacle, Dakeyras se remit en route. Lorsqu’il passa à côté de ce groupe d’individus, le jeune gryffondor reconnu l’élève adossé à l’arbre. Il ne connaissait pas son nom mais il l’avait déjà croisé dans les couloirs, il détourna alors aussitôt la tête pour regarder le sol car cet élève le mettait mal à l’aise. De plus, aujourd’hui, il semblait avoir le teint encore plus pâle que d’habitude. En passant à côté d'eux, il entendit l'élève poufsouffle parler :

Que me vaut le « plaisir » ?

Dakeyras se questionna alors pour savoir s'il n'était pas encore une fois tombé au mauvais endroit, au mauvais moment...

Allez c’est parti, tout le monde rapplique maintenant ! C’est pas vrai…

Lui qui espérait pouvoir être seul avec Andrew, pouvoir le cerner et comprendre qui il était. Car il n’en avait vraiment aucune idée.

- Salut Caleb.

Il avait parlé d’une voix monocorde, peu intéressé par l’arrivée du garçon, bien qu’il l’apprécie. Le poufsouffle lui semblait plus en vogue à s’adresser au serpent. Corwin les regarda un instant, observant le manège oculaire qui se déroulait entre le nouvel arrivant et Andrew.
Mais l’oiseau n’y prêta que peu d’attention. Son euphorie n’avait été que passagère finalement, et il commençait à s’ennuyer profondément.

S’ils continuent sur leur lancée je sens que je vais me barrer vite fait…

Un autre élève s’approcha, tout en gardant une certaine distance par rapport à eux. Les deux à côté de l’oiseau ne le remarquèrent pas, trop occupés à se regarder le blanc des yeux, mais Corwin avait bien vu le griffon ; apparemment embarrassé à la vue de James, une expression de légère inquiétude prenait ses traits. Son regard restait fixé sur le poufsouffle, sans réussir à s’en détacher.

Remontant son calepin de façon à ne laisser passer que sa vue, Corwin darda le garçon sans être remarqué, et fit le vide dans son esprit, ne laissant que la rumeur des élèves l’entourer, portée par le souffle tiède. Il avait essayé de s’entraîner plusieurs fois, et généralement, cela marchait une fois sur deux. Une note de couleur chaude bleue dansa devant ses yeux, une perle froide. Une infime pointe d’agitation vînt se mouvoir dans sa tête. Elle dansa un moment, s’amplifiant, muant en une certaine anxiété contenue. Les paupières maintenant fermées, il se laissait prendre par les sentiments du garçon, en réussissant pour une fois à garder ses distances, à ne pas se laisser influencer.
Il ouvrit les yeux, en ayant assez vu pour savoir à quoi s’en tenir, et chassa ces émanations sentimentales de son crâne.

Ainsi ce Andrew n’évoque pas seulement la captivité pour certains…

Il se tourna de nouveau vers le duo à sa droite, et se décida à parler, tout en gardant le griffon en vue.

- En fait Andrew, je t’ai déjà aperçu. Hier soir, sur un banc. Tu te trouvais avec une personne que je connais…assez bien. Disons simplement que j’étais curieux de savoir qui tu es, et si James est l’un de tes amis.

Il avait prit un ton détaché, et se demandait s’il allait obtenir une réponse. Après tout, ce n’était qu’une discussion normale.

Andrew détacha son regard du petit serpent qu’il le perturbait au plus haut point. Un être comme lui ne devait surement pas être naturel. Mais se penchait sur la question demanderait du temps, un temps qu’il n’avait pas pour le moment. De plus, l’attention, l’intérêt d’une conversation fructueuse était tourné vers Corwin, un fait que cet oiseau lui fit remarquer.

En fait Andrew, je t’ai déjà aperçu. Hier soir, sur un banc. Tu te trouvais avec une personne que je connais…assez bien. Disons simplement que j’étais curieux de savoir qui tu es, et si James est l’un de tes amis.

Qui je suis ? Moi-même parfois je me le demande … Si tu savais depuis combien de temps … Le nombre de fois qu’on me la demandé … Cela remonte à si loin …

[i]Alors ce petit être l’avait remarqué la veille avec James, mais qu’avait-il vu ? Andrew avait fait le rapprochement entre James et ce petit bout qui se prétendait être son petit ami, mais que connaissait-il de l’amour ? Il était si jeune, il ne savait rien de la vie. Rien.
Un œil suspect, une parole frivole :

Qu’as-tu aperçu hier exactement ? Tu attends de moi une réponse précise, alors j’attends de toi un détail précis de ta requête.

Un autre élève avait fait son apparition, un Gryffondor. Ainsi les quatre maisons réunis. Mais Andrew n’y prêta même pas attention.

Je pense que je vais m’en aller, ça commence à être trop peuplé ici. J’ai … J’ai …

Un gargouillis se fit ressentir dans l’estomac du Poufsouffle, la faim le prenait. Et tous ces visages devant lui, ces petits bouts, si fragile, sans défense, il ne pouvait que détourner son regard, se dégoutant de penser à un pareil buffet servi sur un plateau d’argent. Mais une chasse dans la Forêt Interdite serait plus fructueuse, et surement plus réfléchi et plus sage.
Le jeune Serpentard le fixait toujours d’un regard mauvais, il le scrutait de la tête au pied. Il le vit même humer l’air en recherche d’indice envers lui.

Sale petite chose ! Espérons que tu te montreras sage.

Retournant son attention vers Corwin, il ne pouvait s’empêcher de se montrer curieux envers lui, en repensant qu’il était proche de James, une rage nouvelle essayait de lui extirper sa volonté pour le soumettre à ses pulsions meurtrière. Prenant de grande bouffée d’air silencieusement, il maintient tout de même son self contrôle.

Et toi Corwin, quel relation entretiens-tu avec James ?

Si étrange, cette personne était si étrange, son teint pâle, qu’est-ce qui n’allait pas ?
Caleb le scrutait vraiment de la tête au pied. Quelque chose n’allait pas chez lui, il était si différent des autres élèves, il le troublait, sa différence était effarante et elle se voyait énormément quand on s’approcher trop près de lui.

Ce pourrait-il que … ? Non c’est absurde.

Son regard était toujours ancré dans le sien, il se dévisageait mutuellement. Aucun des deux ne baissait les yeux, la fierté sans doute.
Puis, dans un geste spontanée, Caleb huma l’air, il huma son odeur, celle d’Andrew. Et là, un sentiment proche du dégoût vint parcourir ses naseaux. Il savait. Il savait mais ne dit rien. Il ne prit même pas la peine de prononcer un mot. Il avait senti son essence, et celle-ci ne lui plaisait guère. Il ne savait que penser de la présence d’un tel être au sein de Poudlard.

Vampire …

Pensa-t-il.
Mais même si cette idée était préconçue, il savait qu’il n’avait nullement besoin de preuve, nul besoin de prouvait ce fait. Il avait senti son essence … Le mal subsistait en lui, créature des ténèbres.
Bien que troublait, il ne pouvait s’empêcher de ressentir un sentiment de plénitude à côté de lui. Le mal attire le mal ? Pourtant, Andrew avait l’air à première vue quelqu’un de chaleureux, le mal l’habitait peut-être, mais n’avait apparemment nul emprise sur lui.

Qu’as-tu aperçu hier exactement ? Tu attends de moi une réponse précise, alors j’attends de toi un détail précis de ta requête. Et toi Corwin, quel relation entretiens-tu avec James ?

Ainsi donc il connaissait James également ? La suite promettait d’être intéressante.
Quant au Gryffondor, il ne lui prêta pas attention. C’était surement un élève passant son chemin.

La question était dépourvue de tout tact. Andrew semblait ne pas se soucier des mises en forme et s’était lancé sur un terrain, où il pensait sans doute être déjà présent. Corwin le fixa, finalement totalement détaché du charme du poufsouffle. Il trouvait son attitude étrange, voire louche. Aurait-il eu vent du lien entre le Serdaigle et le reflet ? James lui avait-il raconté souvenirs communs ? Ce qui les avait conduits à s’aimer ? Peu probable. Il était bien trop puissant pour tomber dans les tentatives de ce garçon. Mais il demeurait circonspect quant à cette conduite. Andrew apparaissait comme sûr de lui, sûr de l’assise qu’il pourrait détenir sur l’oiseau.

- Je ne me suis pas attardé. Le moins qu’on puisse dire, c’est que je ne reste pas à l’espionner constamment.

Andrew l’intriguait au plus haut point, et Corwin sentait qu’il y avait quelque chose de différent en lui. Il n’était pas aussi « normal » qu’aurait put l’être n’importe quel élève. Et ces yeux ne lui inspiraient pas confiance. Ils semblaient beaucoup plus vieux que son corps ne le montrait. Comme s’ils avaient déjà connu les affres du temps.

Examinant un peu plus ce corps crayeux, l’aigle sut ce qui le dérangeait : la perfection. Ce garçon était beaucoup trop parfait pour n’être que du commun des mortels. Les traits si fins, à la limite du raisonnable, et pourtant semblant si durs. Ces membres gracieux et longilignes, en une réussite frôlant l’hérésie, malgré leur maigreur apparente. Trop de beauté tuait la beauté.

- Et en ce qui concerne James, je ne compte pas te raconter quoi que ce soit quant à notre relation. Ce n’est pas mon truc d’étaler ma vie sur un plateau pour qui veut l’entendre. Si tu as des questions, il sera plus à même de te répondre, puisque vous semblez bien vous connaître.

Il ne savait rien de leurs liens, mais les pressentiments l’accablaient ces derniers temps, et il sentait que quelque chose se tramait dans l’esprit du poufsouffle. Néanmoins, contrairement aux autres élèves, celui-ci n’affichait jamais vraiment d’expression. Il était donc difficile pour l’oiseau de savoir réellement les intentions d’Andrew. Il avait essayé de garder un visage impassible, et de n’offrir à ce garçon qu’un masque. Masque derrière lequel se tapissaient toute la frustration et l’agacement de Corwin. L’air hautain de ce visage avait le don de l’énerver royalement, bien qu’ils n’aient commencé à discuter que depuis un petit moment.
Il se rapprocha légèrement de lui, et maintint son regard à hauteur du sien, souriant légèrement.

- C’est marrant mais, lorsque tu m’as demandé ce que j’avais aperçu, que désirais-tu vraiment savoir ? Y’a-t-il quelque chose que j’aurais manqué ? Après tout c’est vrai que je ne suis resté qu’un instant !

Son sourire s’élargit, et son corps tremblait d’excitation, une angoisse légère venant s’y mêler. En réalité, il était prêt à lui sauter au cou et à l’étouffer sur l’instant, juste au cas où.

Je ne te cherche point querelle petit être.

Andrew fixait Corwin droit dans les yeux à présent, il s’était levé, l’air hautain de ce bougre de mortel insolent eut raison de sa patience. Complètement impassible du regard, il fronça les sourcils, et n’omis pas un petit rictus d’amusement qui s’était glissé au coin de ses lèvres sans qu’il ne s’en aperçoive. Mais une multitude d’interprétation pouvait se détacher du visage d’Andrew, tromper les gens était devenu une habitude avec le temps, et d’une facilité infantile, comme les deux élèves devant lui.
Peut-être avait-il frustré le jeune Serdaigle ? Surement, son visage, son sourire, ses traits sonnaient faux, il cachait quelque chose derrière ses belles paroles. Et il savait parler c’était indéniable, il retournait avec grâce toutes ses questions. Andrew vit ensuite Corwin serrait de plus en plus les points, comme si la jalousie s’emparait de lui progressivement. Et le Poufsouffle maintenu son rictus à cette prise.

Sache petit être que je peux te briser les os avec une simple pression de la main, si tu tentes quoique ce soit, tu ne t’en relèveras pas.

Non, bien que l’idée lui paraisse des plus plaisantes, tuer un être que James chérisse était démuni de toute sagesse. S’il le voulait, il se devait de se montrer meilleur que ce bambin stupide devant lui.

Tu ne comptes rien me dire n’est-ce pas ? Fort bien.

Caleb était toujours là à les observer, recherchant sans doute une quelconque tension à exploiter dans l’air, mais le sujet tournait autour de James, et s’il était toujours là, c’est qu’il devait être au courant de chose, il avait l’air d’être celui dont personne ne se soucie, mais qui en savait long, très long sur les gens. Un œil observateur ? Une qualité qu’Andrew appréciait particulièrement.
Toujours face à Corwin, il dit d’un ton sec :

Ce n’est pas grave petit être, sache que toi tu es protégé de chose qui te dépasse, mais je vais te révéler une information sur moi.

S’approchant de son oreille lentement, il susurra :

Quand je veux quelque chose, je l’obtiens toujours.

Sur ces paroles, il se détacha du regard du jeune idiot qui lui tenait tête et prit ensuite d’un pas serti de confiance, la direction du regard de Caleb.
Celui-là aussi l’intriguait, il y avait quelque chose de louche dans son regard, comme s’il voulait voir ce monde bruler. Bref, il plongea son regard dans le sien pour scruter son âme, voir ce qui se cacher à l’intérieur, regarder l’essence de celui qui allait être charmé.
Reculant d’un pas d’effroi, il … il … C’était la première fois qu’un humain lui faisait un tel effet.

Tu … tu n’es pas normal …

Mais il avait une tâche à accomplir concernant Caleb, reprenant sa concentration, il fit abstraction de ce qu’il venait de voir et commença à user de charme visuel dans un premier temps pour le captiver, puis usa ensuite de charme oral, pour lui soutirait les informations qu’il voulait. Prenant soin de n’utiliser son don qu’envers le petit Serpentard, il dit d’une voix prononcé :

Toi tu n’es pas un idiot n’est-ce pas ? Tu m’as l’air même plus intelligent que ton âge ne veut bien l’entendre. Alors dis-moi, que sais-tu de la relation entre Corwin et James ? Qu’est-ce que j’ignore ?

Voilà, voilà ce que Caleb aimait voir, un conflit à exploiter si l’un des deux se mettait à lui chercher des noises. Observer, toujours, on pouvait bien mieux apprendre des gens en les observant qu’à leur parler directement, enfin ce n’était pas le cas de tout le monde.
Mais la conversation entre Andrew et Corwin était intéressante. Vraiment intéressante, cet Andrew semblait se préoccuper e James d’une façon déconcertante, s’en était même un peu suspect. Qui avait-il entre lui et James ? Et que c’était-il passé hier soir ? Caleb ne pouvait intervenir en ayant aucun élément, c’était bien dommage d’ailleurs …

Vraiment très troublant cet Andrew …

Lançant des phrases à Corwin, ses traits n’avaient quasiment pas bougés, mais il put percevoir chez ce Poufsouffle que son visage avait changé, il s’était endurci, comme si les picotements de la colère venait lui titillait les entrailles. Il était si inexpressif, mais le vicieux petit serpent s’abonnait à un sourire triomphant en décelant que la colère était caché sous ce masque.

Puis, d’un pas décidé, il se retourna vers lui, quel intérêt pouvait-il éprouvé à cet énergumène des plus étranges ? Il était si … si beau ? Mon dieu, qu’en était-il advenu des petites imperfections du visage que tous avaient plus ou moins ? Il ne semblait appartenir à aucun ravage de l’adolescence, et même pas de l’âge adulte, le temps avait dérivé de ses traits.
Plongeant son regard dans celui du vicieux serpent, il recula d’un pas tremblant. Qu’avait-il fait ? Caleb se sentait violé ! C’était comme s’il était entré en lui juste pour regarder son âme …

Je vais devoir te tuer !

Il n’aimait pas qu’on s’immisce en lui, pour fouiller ce qu’il était ou même ses souvenirs, son passé.
Mais il ne pouvait rien face à lui, cette nouvelle pensée s’était ancré dans son esprit quand il vint à nouveau poser ses yeux dans les siens.

Toi tu n’es pas un idiot n’est-ce pas ? Tu m’as l’air même plus intelligent que ton âge ne veut bien l’entendre. Alors dis-moi, que sais-tu de la relation entre Corwin et James ? Qu’est-ce que j’ignore ?

S’offusquant d’une situation dont il ignorait tout, il bafouilla :

Qu’est-ce que … ?

Trop tard, le mal était déjà fait. Il ne maîtrisait plus ses pensées, ni ses mouvements, il voulait lutter contre ce qui était en train de se produire, d’ailleurs qu’est-ce qui se passait ? Pourquoi n’était-il plus maître de lui-même ?

Ils … Ils sont amants … Un lien assez étrange les unis, et leur relation est destiné à sombrer, à ne jamais atteindre une parcelle de ce qu’est le vrai bonheur, car elle a commencé dans la violence et le chaos, et elle finira dans ce même contexte …

Non, qu’avait-il fait ? Ca ne le regardait pas, son avis n’appartenait qu’à lui, il n’aimait pas s’immiscer dans les histoires des autres, mais ses lèvres avaient bougés d’elle-même, il avait parlé s’en détaché le regard de celui du Poufsouffle. Celui-ci, qui enleva enfin ses yeux des siens.
Reprenant enfin le contrôle de soi, il ne parvenait cependant pas à rester sur ses jambes, sentant l’apesanteur l’oppressait à un niveau tel, qu’il ne put maintenir son équilibre et tomba à genoux.

Pardonne-moi Corwin, je ne voulais pas …

Il avait l’impression qu’un monde venait de s’effondrer, être si impuissant face à un tel être, Caleb n’arrivait toujours à prononcer un mot, le pouvoir d’Andrew était grand, et lui était là, en état de choc, attendant que quelque chose se passe, et trouver la force de partir, de digérer …

Espèce de petit crétin !

Qu’est-ce qui lui avait pris de servir tous ces détails à Andrew ? Caleb avait l’air pourtant d’avoir remarqué l’attitude plus qu’étrange du pousouffle. Et à présent, ce dernier savait ce qui unissait l’oiseau et le reflet. Tout du moins en partie.
Serrant l’anneau dans sa poche, Corwin regarda plus attentivement le petit serpent. Son attitude n’était pas logique, et ses yeux trahissaient un quelconque envoutement. Andrew avait dû sans doute user de magie pour parvenir à faire cracher le morceau à leur cadet.

Se relevant à son tour, l’oiseau se tînt droit dans le dos de cet éphèbe immonde

- Je ne sais de quel charme tu as abusé sur lui, et finalement tu as su obtenir ce que tu voulais.

Et il énonça clairement chacune des syllabes suivantes à son oreille.

- Mais s’il y a une autre chose que tu dois savoir, c’est que personne, absolument personne ne pourra le séparer de moi. Et si quiconque s’y risquait, il me trouverait sur son chemin, tu peux en être certain.

Il se doutait que cet énergumène n’en resterait pas là, mais il était prévenu. Imaginer, ne serait-ce qu’une seule seconde, de voir son amour lui être arraché provoquait une déchirure sans nom. Et pourtant, ses pressentiments ne cessaient d’affluer. Les prémices d’évènements malheureux lui vrillaient ses pensées, l’empêchant de dormir correctement depuis quelques temps. Ses nuit étaient de plus en plus agitées de cauchemars, lui faisait miroiter un avenir de douleur.

Il aurait voulu pouvoir parler à quelqu’un, épancher ses souffrances à une âme attentive. Seulement personne ne saurait lui venir en aide. Il ne pouvait se confier à James ; il n’avait pas envie d’entacher leur relation de points sombres. Caleb était trop jeune, et de toute façon, même s'ils avaient vécu des épreuves ensemble, ils étaient encore loin d’être proches. Ses amis serdaigles n’y comprendraient rien, et quant à discuter de cela avec un professeur, c’était totalement exclu. S’ils venaient à être au courant de tout ce qui se passait, les conséquences seraient trop graves pour ne pas changer son monde.

Non. Il était tout simplement seul avec lui-même. Rien ni personne ne pourrait venir l’apaiser à présent.

Il faut que je me fasse une raison…

Il fixait la stature gracile dos à lui. Andrew n’allait pas s’arrêter en si bon chemin.

Qu’est-ce que tu comptes faire à présent… ?

Un rictus satisfait se dessina au coin des lèvres de l’immortel. Il avait triomphé, comme toujours de ces humains insignifiants. De plus, malgré tous leurs efforts, comment pourraient-ils lui résistés ? Insecte, ils ne sont que de la nourriture. Il fit quelques pas avant que Corwin ne coupe le silence imposé. Corwin, qu’est-ce qui pouvait bien l’avoir unis à un reflet ? Un pauvre humain, cette chose si petite au niveau de ses yeux. Et l’autre, celui qu’il avait envouté, son âme est encore plus noire que de l’encre.

Décidemment, Poudlard regorge de personnalité très singulière. Peut-être devrais-je choisir un familier parmi eux qui sait.

- Je ne sais de quel charme tu as abusé sur lui, et finalement tu as su obtenir ce que tu voulais.

[i]Son sourire ne pouvait être plus parfait. Il lui avait dit, et il ne l’avait sans doute pas cru, mais le résultat était le même, il avait eu ce qu’il voulait.

Au risque de me répéter petit être, j’obtiens toujours ce que je veux.

Le temps était venu de partir. Il avait eu tout ce qu’il voulait pour le moment. Ne se détournant pas de son but principal, il n’avait pas à s’attarder avec les humains. De plus, son ventre criait famine. La chasse devait prendre place. Le saluant d’un regard provocateur, il se retourna pour partir. Mais tomba nez à nez avec le jeune Caleb. Sa haine et sa détresse se sentait dans son regard. Se faire manipuler ainsi avait du être humiliant à ses yeux.

Encore une personnalité bien trempé.

Ne m’empêche pas de passé petite chose.

Lui lançant un phrase, le jeune garçon se décala tout de même.

Vous deux …

Il ne les connaissait pas vraiment, mais avait l’intime conviction qu’il allait vivre quelques aventures ensemble. Bonnes ou mauvaises ? Question intéressante qui demanderait juste du temps pour y répondre.

Il trouvait ça pénible de vivre ici. Son exil lui était d’une nature fortuite, et il ne s’en plaignait guère. Même si quelques temps, avoir des valets lui manquer, être à ses petits soins. A le privilège, jouir de ses droits, que ce pouvait être réconfortants et satisfaisant.

Enfin bref, il était ici pour une raison importante, et il ne se détournerait pas de sa mission, et encore moins de James, lui qu’il n’avait vu que peu de fois, il lui faisait ressentir ce qu’aucun humain, aucune humaine ne lui avait fait ressentir jusque là.

Et c’est avec un visage à moitié serein qu’il quitta les deux élèves, qui sait quand il les reverrait ? Bientôt surement…

» Le masque tombe ...
» For the last Night - Together *Wizzard Coliseum* -( PV Andrew )-

*Derrière le masque* ( Andrew Clarks / Libre )

Derrière le masque ( Andrew Clarks / Libre )