Une rage volante (libre)

La nuit étoilée n'avais offert que peu de sommeil à la jeune Kurun. Aussi, la lune éclairait largement le lac de Poudlard, cependant, cette nuit, ce n'est pas ce lieu qui attirait la belle mais la puissante montagne. Si imposante, si grande... si sombre et dangereuse et pourtant rassurante. Un océan si haut, des vagues figées et une odeur toute différente de celle des embruns, différente de celle du vent salé et des larmes des femmes versées en offrande à cette beauté meurtrière. Ce rocher si puissant serait-il aussi dangereux que le tendre océan pour une balade nocturne ? Qu'importe, il n'y a que là-bas qu'elle ne serai pas dérangée et qu'elle pourrai cracher sa rage aux vents présents si toutefois ils acceptaient de lui tenir compagnie.

Sombre lune, ne veux-tu pas éclairer ma peine pour la radoucir de tes caresses ? Et cette colère ?

En sortant à pas silencieux, elle se rendit compte qu'elle ne s'était pas beaucoup couverte : sa robe légère laissant passer le vent, elle enroula sa longue cape et enfonça son visage fatigué dans sa capuche. Au moins, personne ne la reconnaitrai de loin ! En marchant alors en direction des pointes rocailleuses, elle se mit à réfléchir à tout ce qui l'empêchait de dormir... ce cauchemard, toujours le même... La haine de sa mère, son frère dont elle n'avais presque plus de nouvelles... Il n'avait même pas répondu à sa dernière lettre ; elle avait même hésité à envoyé un hibou de Poudlard pour lui rappeler sa douce existance, de l'autre côté de la manche...
Perdue dans ses pensées, elle traversa la forêt interdite jusqu'au bas du mur de pierre. L'accès ne semblait pas évident et il lui fallu donc abandonner ses songes pour se concentrer sur l'ascencion : le contact de la pierre froide sous ses mains lui rappelais tant son enfance...

Tu n'es pas ici pour pleurer sur le passé ! Fais attention à pas glisser nigaude, concentre toi sur ta route... Quelle route d'ailleurs...a peine un chemin de roche... aussi dure et froide que cette colère.... Monte évacuer tout ça...

Elle avança, maladroite sur les roches dûres... Bien loin des pierres rondes et mousseuses de Brocéliande, elle n'avais ni la grâce ni l'équilibre qui autrefois la guidait. La fraîcheur de l'air lui donnais cependant le courage de continuer, tout là haut elle pourrai crier sa rage sans déranger qui que ce soit. Du moins c'est ce qu'elle pensait...
Lorsque le froid la piquait à la limite du supportable, elle décida de s'arrêter. Debout au bord de ce gouffre, au dessus du vide, elle n'eu pas peur. Elle était assez haut pour ne pas être entendue par les occupants du château, mais pas suffisament pour déranger les Dieux, probablement endormis depuis bien longtemps !

Elle laissa tomber sa longue cape à ses pieds, et se mit à crier au ciel de toutes ses forces...

Comment veux-tu que je progresse sans toi ? Trahison mon frère ! Abandon...
Les larmes coulaient maintenant sur ses joues tremblantes.
Et toi mère, je te hais ! Dénonce moi que je m'amuse aussi sorcière ! RAAAAHHHHHHHhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !!

Epuisée, gelée, en colère, en pleurs, elle tomba à genou, toujours à quelques millimètres de ce vide pourtant si rassurant...

Pourquoi me laisses-tu seule Iwan ? Ne m'aimes-tu donc plus ? ... Mon frère...

Assise sur un rocher, Elizabeth pensait... Elle se sentait seule, comme d'habitude... Sans ses amis, elle l'était toujours. Elle ne savait même pas, si, à eux, elle pouvait leur faire confiance. Elle mènerait sans doute son enquête dans un avenir proche, c'était bien son genre. Une larme coula sur sa joue, une larme qu'elle ne désirait pas voir. Elle l'essuya d'un revers de la main. Elle s'était toujours dit que retrouver sa famille était inutile mais en ce moment, elle en doutait sérieusement. Elle se mit à chanter pour calmer ses pensées dévastées par la tristesse... Une chanson douce et apaisante qui lui fit peu à peu reprendre ses esprits... Soudain, un cri déchira la nuit, celui d'une jeune fille désespérée.

Qui cela peut bien être ? Je pensais être seule ! ...

Elle se leva en hâte et courut vers l'endroit d'ou s'était échapper le cri et d'ou venaient maintenant des pleurs. Elle avança et aperçu une jeune fille, de son âge sans doute, elle était à genoux, à terre. Elle hésita à repartir mais se décida à approcher et à laisser derrière elle sa fierté et son ambition de Serpentard, il s'agissait peut-être d'une jeune fille dans la même situation qu'elle-même... Une jeune fille bien trop seule... Elle regarda la jeune ... ... Griffondor ! Là encore, elle faillit repartir mais il était trop tard et sa gentillesse, cachée au fond de son coeur l'emporta... Elle tendit la main vers la Griffondor qu'elle avait décidé d'aider... [i]

Et entre deux pleurs avait émergé une présence.

Rage, colère, rouge comme la sang et comme la mort d'un suicide improvisé... Mais il y avait quelqu'un.

Ce fut un écusson vert et argent qui perça entre ses paupières mis closes. Un serpent. Un serpent sur cette montagne. Sur ce rocher. Sur ce pic bientôt sanglant d'un amour déchiré. La lune seule suffisait à accompagner la peine de la bretonne.

Va-t-en. Qui que tu sois. Je n'ai besoin de personne.

Elle marqua une pause, refusant toujours d'affronter le visage de l'inconnue.

Ou en tout cas pas de toi.

Quelle classe... s'efffondrer face à quelqu'un qui pourrait sans nul doute la reconnaitre au lendemain et crier sa faiblesse sur tous les toits et tous les clochers du pays...
En même temps une brève pression dans le dos de l'importune silhouette et tout serai réglé....

Oh Dame Lune, enlève moi ces images de l'esprit... Baigne moi de tendresse... Ne me laisse pas seule dans cet océan de rage...

Mais rien n'y faisait, elle s'avança un peu au dessus du vide pour échapper à la vision de celle qui violait maintenant son intimité... Son sentiment. Tout cela à cause d'un frère... Mais quel amour plus fort en cet instant la sauverai de la noyade ?
Et cette demoiselle qui restait plantée là... Que voulait-elle à la fin ? Le spectacle ne lui suffisait pas ?

Assise dans son lit, adossée contre son oreiller, lui-même appuyé au mur, Erell fixait le vide, l’esprit ailleurs, trop occupée à penser au passé pour ne serait-ce que songer à se laisser aller aux bras de Morphée. Le dortoir était plongé dans le noir, et dans le coin où se tenait sa couchette, la jeune milk shacke qu’elle était pouvait étudier tout, sans être vue. C’est bien ce qui se produisit. Le grincement de la porte lui fit lever les yeux précipitamment, la sortant avec violence de sa rêverie.

Kurun …

Cette démarche, cette silhouette … Ce lit vide. Aucun doute, cela ne pouvait être qu’elle. Que cherchait-elle à cette heure de la nuit ? On dit que la curiosité est un mauvais défaut, mais ce n’est pas par indiscrétion qu’Erell se décida à la suivre. Il y avait autre chose. Un pressentiment, peut-être. Enfilant un sweat et un bas de jogging, la jeune Gryffondor attrapa sa cape et sa baguette avant de se mettre en route, parfaitement éveillée et alerte, à présent.

Elle la suivit de loin, cogitant ce qu’elle pourrait bien dire si son amie venait à découvrir qu’elle la suivait. Puis elles arrivèrent à la lisière de la Forêt Interdite. Erell plissa les yeux devant le chemin qu’empruntait sa comparse. Qu’est-ce qu’elle prévoyait ? Et elle alors ? Avait-elle le droit d’être ici, de la suivre sans raison ? Non, c’était une évidence. Mais tant pis, il y avait là un besoin vital de la suivre. De savoir.

L’escalade n’avait jamais été son fort, encore moins de nuit, quand il ne fallait pas être entendu ou vu, et que le froid vous gelait les doigts. Mais Erell continua, dérapa, se sentit partir en arrière pour se rattraper à la dernière seconde. Et elle continua, priant pour ne pas faire de bruit, pour ne pas se faire remarquer. La jeune fille vint à penser que Kurun avait peut-être un rendez-vous important, et que la suivre était totalement stupide et immature. Puis, seulement, elle l’entendit hurler pendant qu’elle s’efforçait de grimper avec calme. Fermant les yeux un quart de seconde, Erell reprit son ascension plus vite, avec beaucoup moins de calme. Son instinct avait donc vu juste.

Au bout d’une ascension longue et qui lui valut les plus grandes peurs de sa vie et quelques coupures aux doigts, Erell arriva sur un chemin rocheux qu‘elle décida d‘emprunter pour se faciliter un peu la tâche. Kurun se situait en dessous d’elle, à genoux, la cape à ses pieds et le gouffre s’ouvrant devant elle, vertigineux et terriblement attirant. Le sang de la bretonne ne fit qu’un tour, et elle chercha des yeux le chemin le plus court pour descendre au plus vite. Mais avant qu’elle ne trouve la solution à son problème, un élément nouveau entra en scène. Une vipère.

Erell fini par dégringoler sur les rochers, quand elle comprit que la Serpentard aux cheveux rouges n’arriverait pas à gérer la situation toute seule. Kurun était un puzzle complexe, qu’il fallait savoir prendre dans le bon sens, sinon c’était fichu … Le vent s’était levé, donnant à la scène un air encore plus dramatique.

Ses cheveux volants dans tous les sens, la jeune fille s’approcha doucement, enlevant sa propre cape qui flottait derrière elle dans un bruit étrangement dérangeant.

- Kurun … Arrêtes … Kurun … Je t’en pris, éloignes toi du bord …

La Griffondor venait de refuser l'aide d'Elizabeth, elle retira sa main au plus vite et regarda la fille, toujours au sol, elle était pitoyable et pittoresque à la fois.

Ba voyons, je crois que je viens d'essayer d'aider une personne pour la première et dernière fois de ma vie.

La jeune femme s'approcha encore un peu du bord, la serpent se demanda si elle allait sauter, si oui, elle n'en avait rien à faire, il fallait juste qu'elle parte avant, qu'on ne la voit pas sur les lieux, elle ne comptait vraiment pas être accusée de meurtre. Mais cette fille, aussi insignifiante soit-elle allait-elle vraiment sauter et se plonger dans la mort par un suicide des plus lâches ? Elizabeth préféra simplement lui demander d'une voix froide et sèche, ne laissant paraître aucun sentiment, peut-être juste un peu de haine et de dégoût.

Tu comptes sauter ? Parce-que moi, je m'en vais, je te laisse mourir en paix, si tu en a envie.

Avant de se retirer, elle voulut prononcer quelques phrases, culpabiliser cette punaise. Comme si elle était la seule à avoir eu une vie difficile ! Les gens, exposant leur souffrance aux yeux du monde n'était que des égoïstes et ne pensaient pas à la souffrance de ce monde, affublé par la vie, la plus cruelle des ennemis. Une souffrance parfois bien plus atroce que la leur. Elle continua, la haine perçant de plus en plus dans sa voix, mais en faisant cela, elle pensait l'aider, au moins un peu.

Tu n'es pas la seule à souffrir en ce bas-monde. Tu n'es pas la seule à avoir voulu pleurer et te rapprocher du bord d'une falaise ! Tu es lâche, tu devrais faire face à la vie et l'affronter plutôt que de te retrancher ainsi, tu évites mon regard parce-que tu as honte de ce que tu es devenue à cause de la tristesse ! Et tu fais bien. Je m'en vais maintenant, deviens ce que tu veux, je m'en fiche, tu es lâche et je ne t'aime pas. Toi non plus, tu ne m'aimes pas. Alors, voilà, au revoir. Mais sache avant tout, que si éprouves tellement le besoin de sauter, ça n'en vaut pas la peine, puisque tu n'as pas besoin de moi, je suis sûre que tu as besoin de quelqu'un d'autre. Tu veux partir et les laisser, ils ne sauront jamais pourquoi tu as fait ça et tu ne leur donneras aucune leçon. Fais face à la vie, c'est un conseil. J'espère que ce n'est qu'un au revoir.

Entre temps, une autre Griffondor arriva, il semblait à Elizabeth l'avoir déjà croisée.

Kurun … Arrêtes … Kurun … Je t’en pris, éloignes toi du bord …

La vipère partit, sans faire attention, les deux filles étaient sûrement amies, elle pensait avoir aidé assez, à sa façon, elle était sûre qu'elle avait apporté de l'aide à la suicidaire. Elle repris un chemin opposé, celui qu'elle avait pris pour venir, plus long mais plus paisible et moins dangereux. Elle pensa, elle prit le temps de penser à sa propre tristesse, son coeur était déchiré et le resterait sans doute toujours mais on ne pouvait le deviner, son regard était dur et son visage fermé.

Un rire éclata à l'intérieur du coeur de Kurun. Jamais elle n'avais voulu sauter. Jamais. Cela ne lui avait même pas traversé l'esprit...
Le serpent crachait pourtant dans un discours savamment élaboré, plein de bon sens et de relativisme qui n'avais en rien sa place ici ce soir. Relativisé les problèmes d'une inconnue, ou comment dénigrer les problèmes de quelqu'un... mais bref. La jeune femme s'en fichait. Cela la faisait rire...

Si tu était restée sagement dans ton dortoir, comme l'indique le règlement, tu n'aurais pas été embêtée par ma colère qui ne te concerne en rien... On ne vient pas déranger une fille de la mer qui pleure... Je ne suis pas de ces petites anglaises qui ont besoin de réconfort... Et je ne t'ai pas demandé de venir...

Mais une voix avait percé dans le noir alors que la Serpentard s'en allait... Erell. Elle aussi semblait penser que le vide était un moyen d'en finir... Décidément, la montagne était bien trop peuplée pour un endroit désert... Habituellement, les élèves se baladaient sur le bord du Lac ou dans la forêt à ces heures ci de la nuit... Enfin, pour ceux qui n'étaient pas dans leur lit...

Va-t-en Erell, retourne te coucher. J'ai juste besoin d'être seule un petit peu.
Je ne risque rien avec le bord... ça me rappelle la mer, l'océan. J'ai juste besoin de l'océan pour m'apaiser avant de rentrer...
Retourne au chaud dans le dortoir s'il te plait !

Les larmes ne cessèrent pas. Iwan, par son absence rendait incompréhensible la situation pour qui n'était pas dans l'esprit de Kurun...

J'aimerai te faire voir l'état de mon coeur Erell mais c'est un peu trop dangereux pour toi. Si tu savais comme j'aimerai te serrer dans mes bras...

Rentre vite.

» C'est la fin... (libre...)