- Une Note de Feu dans ses yeux -(PV Kurun)-

- Musique Ici -

Assis.
Epuisé, vidé, décontenancé. Fixant la cheminée éteinte, froide, Jimy laissa lentement son air mélancolique surprendre ses traits d'ordinaire si chaleureux. Les mains branlantes, le long de son corps, il hésitait à se redresser, avachis. Le jeune brun sentait que ses jours se rétrécissaient sur lui même, sans comprendre pourquoi. Où allait-il ? Pourquoi y allait-il ? Qui était-il aujourd'hui ... Relevant timidement l'une de ses mains, il la passa dans son col, sous son T-shirt pour sentir sa peau brûlante, son coeur battre. Il en avait encore un. Mais à présent, d'où lui venait la force de surmonter les épreuves qui furent siennes. Il avait perdu sa mère. Plongeant sa main au fond de sa poche, il en sorti la pierre rougeoyante, lisse, fade ... Il la fixa, comme le dernier souvenir d'elle. Manquant de verser une larme le long de ses joues creusée par la fatigue, le garçon finit alors par se relever brutalement, tournant le dos, fixant la pâle lumière qui ne venait pas jusqu'à lui depuis les fenêtres. Il restait à l'ombre.

-Ignis orbis pareo ...

Chuchota-t-il vers l'une de ses mains.
Aussitôt une sphère de taille modeste, entièrement enflammée émana au creux de ses doigts. La fixant un instant, il la fit rebondir, intrigué. Il n'avait encore jamais été aussi fasciné par son élément, cette flamme qui faisait parti de lui depuis si longtemps. Laissant alors la petite bulle aller au gré de son envie, il la regardait éclairer les coins les plus sombre. Mais Jimy étant ce qu'il était, il finit par mettre le feu à un tableau sur le mur. Avançant en vitesse pour l'éteindre de ses mains, il raviva les flammes de plus belles.

-Zut !

Un élémentaliste du feu avait-il grande chose, en usant de son élément, d'amoindrir les flammes ? Tirant alors sa baguette qu'il manqua d'enflammer elle aussi, il envoya la dose d'eau suffisante pour éteindre le tout. Ouvrant les fenêtres, il essaya de faire partir la fumée et comme si ça pouvait suffire, le garçon cacha son crime par un simple tissu, qui devait auparavant servir de rideau. Allant au centre de la pièce comme si de rien n'était, il admira alors le feu naissant dans la cheminée en soupirant. Il avait besoin de se recentrer mais ses amis étaient tous eux aussi d'humeur morose. Il avait besoin de se changer les idée, de rire ...
-Et voilà si longtemps que je subis mon sort sans mot dire.

Mais entre deux plaintes, il n'avait pas entendu venir l'élève qui s'était infiltrée. Avait-elle vu la scène ? Savait-elle ce qu'il venait de faire, ce qu'il avait lâché aux ténèbres en crachant son mal ? Peut être. Un sourire un peu niais sur le visage, le meilleur dont il était capable, il admira avec joie que la douce était très belle. Hésitant, il se leva. Ne l'avait-il jamais rencontrée avant ? Une main tendu devant lui, le garçon voulu la serrer.

-Je suis Jimy Rav...

Il manqua de trébucher en se prenant les pieds dans le grand tapis, noir de cendres, mais rouge autrefois.

-Raven. Préfet de Gryffondor.

Mais elle devait le savoir, puisqu'elle faisait visiblement parti de la même maison que lui, qui plus est, elle semblait même avoir aux environs de son âge. Se perdant un moment dans son regard, toujours gêné, Jimy resta un moment en suspend.

Comme d'habitude, sa balade s'était prolongée.

Calme, ressourcée, apaisée, elle aimait rentrer à cette heure là : la salle commune était toujours vide et c'était l'occasion pour elle de lire et murmurer près du feu... Elle aimait la mélodie du silence, le chant du feu dans l'obscurité de la salle endormie, la respiration des murs et la valse du vent dans les rideaux.
Poussant la porte en silence, la jeune fille fut intriguée par une voix masculine dans la salle commune. Elle entra doucement, se tenant debout dans l'encadrement de la porte. Un jeune homme brun se tenait dos à elle et jouait avec une étrange lumière dans sa main.

Désagréable impressionn de déjà vu ... que fait-il ?

Intriguée, Kurun ne bougea pas. L'intonation et les plaintes du jeune homme étaient marquées de souffrance et de fatigue. Des flammes léchaient un tableau sur le mur, mais elle ne s'en inquiéta pas : il éteignait déjà avec empressement les lambeaux de chaleur face à lui. La jeune sorcière s'amusa de voir son collègue masqué l'incident avant de venir au centre de la pièce face à la cheminée. Sa voix posée mais emprunte de peine émit une dernière plainte avant de remarquer la présence féminine dans le coin de la salle. Gêné, il se présenta maladroitement, trébuchant même dans le tapis plein de cendres.

Il plongea alors ses yeux dans les siens et le temps s'arrêta quelques secondes. Perturbée par le rythme de son coeur battant, Kurun sourie avec embarra et répondi, sa main dans la sienne :

- Je t'avais reconnu. Moi c'est Kurun Aven.

Elle attendit avant de retiré sa main de celle brûlante du beau brun face à elle. Elle ne comprenait pas ce qui se passait : elle d'habitude si assurée osait à peine souffler un mot de peur de brisé la magie de ce silence.

Elle se rendit compte que ses yeux étaient toujours plongés dans ceux du préfet, elle baissa alors légèrement les yeux, s'attardant sur les traits doux de son visage, la douceur de ses joues, la couleur de ses lèvres, la courbe de son menton et de son cou...
Lui qui avait d'habitude l'air si chaleureux dans les couloirs ne pouvait cacher la souffrance qui l'habitait malgré les étoiles brillant maintenant dans ses douces pupilles. Elle pris alors son courage à deux main et murmura avec douceur :

- On s'assoit ?

Elle détourna alors le regard et fixa le canapé vide. Elle s'approcha alors avec grâce de la cheminée, lui tournant le dos.

J'espère qu'il va me suivre... Allez viens t'assoir... Kurun qu'est ce qui te prend là ?

Elle s'arrêta alors à quelques centimètres du fauteuil et tourna doucement le visage vers le jeune homme avec un petit sourire malicieux. Elle voulait juste apprendre à le connaître, lui si mystérieux, si fascinant, et qui pourtant paraissait si torturé...

Jimy resta là.
Un moment en suspend, la main toujours tendue devant lui même si elle ne la tenait plus. Refermant sa bouche en faisant claquer ses dents, le garçon esquissa un bref rictus d'amusement avant de faire un demi tour sur lui même. Embarquant le tapis avec lui, trébuchant. Mais il se releva vite, bien avant qu'elle ne le remarque, car elle demeurait encore penchée sur le feu. Se jetant tant bien que mal sur le canapé, il était déjà assis bien comme il faut lorsqu'elle lui lança un regard. Sans doute voulait-elle s'assurer qu'il n'était pas parti. Lui souriant autant qu'il put, même si c'était dur, le garçon n'arrivait pas à masquer sa fatigue. Ses épaules d'ordinaires si droites, et cette fois avachies, trompaient l'expression de forme qu'il tentait avec force de faire adopter à son corps.

-Bien sûr que tu m'as reconnu ... je t'ai déjà aperçue je crois. Tu suis les cours d'Histoire il me semble. C'est bien ... il en faut.

Voilà qu'il parlait de cours. S'efforçant de bien vouloir changer de sujet, il tourna et retourna toutes les idées qu'il avait dans la tête pour sortir un sujet verbe complément digne de ce nom. Ses yeux plissaient à mesure qu'il fixait le feu, entre endormi par cette ambiance intemporelle et lourdement assommé par ce silence qu'il laissait perdurer à mesure qu'il ne trouvait que dire. Passant une main dans ses cheveux, il se mit à parler à nouveau, presque en criant.

-Saletés de gêneurs !

Il toussota, ayant peur de l'avoir faite sursauter.

-Oui enfin ... Je voyais des chaussures traîner en bas des escaliers vers mon dortoir. La vie en communauté. Je crois que le plus dur pour moi depuis que je suis ici, ce fut de m'intégrer et d'être bien auprès de tout le monde. La vie à plusieurs a son charme mais ...

Mais il ne finit pas.
Il était déjà à nouveau parti dans une autre pensée. Il était si lent, si mou en apparence, si réfléchi, pourtant, à l'intérieur de lui, des millions de moments s'entrechoquaient sans fin jusqu'à lui faire exploser la cervelle. Comment se pouvait-il qu'il soit aussi dispersé, lui qui était d'ordinaire plutôt concentré, calculateur. Bonnement calculateur, bien sûr. Intégrant à son air de fatigue une nouvelle expression de lassitude, il se gonfla de courage pour sourire encore une fois. Mais voyait-elle qu'il en souffrait ? Elle, dont la pureté des traits n'avait encore trouvé d'égal au sein de Gryffondor. Kurun était pourtant réputée, comment avait-il pu oublier ? Il avait entendu des garçons en parler quelques jours plus tôt. Il faut dire qu'il était ailleurs, parfois, toujours ?

-Je m'excuse.

Mais il ne put dire de quoi.
Il l'observait alors, sa chevelure, ses boucles soyeuses, ses yeux perçant dans lesquels brûlait le même feu que dans les siens. Depuis que sa pierre brûlait en lui, Jimy pouvait voir le feu qui vivait dans le regard des autres et celui qui éclairait les yeux de Kurun était magnifique. Il pouvait y lire à la foi tant de malice et d'infinie douceur ... Etait-elle ange ou démon ?

Lorsqu'elle se retourna à nouveau, Kurun vit que le beau préfet s'était assis dans le fauteuil d'un air faussement à l'aise. Il semblait réfléchir a chaque seconde à ce qu'il pouvait dire.

Pourquoi ne parle-t-il pas ?

S'interrogea Kurun quelques secondes avant qu'il n'ouvre la bouche. Il évoqua le cours d'histoire auquel elle participait, là, en pleine nuit, alors qu'ils étaient tous les deux au beau milieu de la pièce commune parfumée de cendres... La maladresse et la gêne apparente avec laquelle il s'exprimait amusait beaucoup la jeune fille, mais plus encore, la manière qu'il avait de cacher son secret et sa peine la touchait.
Elle savait qu'elle aurait dû faire semblant d'y croire, mais comment ne pas écouter autant de souffrance...
Lui qui pourtant tentait de montrer à la fois de l'assurance et de la serénité transpirait le mal être, comme si chaque mot et chaque sourire était un mensonge et que son corps tout entier le criait ! Il était si différent de tous ces autres garçons qui murmuraient sur son passage ; pour se moquer ou commenter ses agissements ? Qu'importe, elle ne voulait pas de pensées négatives ce soir, ou en tout cas, pas en provenance de sa tête !

Après une réflexion sur la vie en collectivité qui n'avais en rien sa place dans un tel tête à tête, il lâcha un "Je m'excuse."

La jeune fille fût surprise. De quoi s'excusait-il au juste ? Elle se retourna alors, ses yeux près à chercher une explication dans ceux du charmant brun, mais elle ne rencontra que son visage fermé, tourné vers ses pieds.

Elle s'approcha alors et vint s'asseoir doucement à ses côtés. Il releva la tête et sourit encore à contrecoeur. Elle posa alors sa main sur ses yeux et quand il les eu fermés, elle dessina une flamme au creux de sa paume. Elle n'avais pas parlé mais elle savait qu'il comprendrait ce message : avec elle, son secret serait en sécurité. Son coeur se mit à battre encore plus fort quand il ouvrit les yeux et la regarda. Dans sa pupille se reflétait la lumière chaude de la cheminée.

Qui es-tu en réalité ?

Elle tourna alors son visage vers la cheminée face à eux et gardant sa main contre la sienne, elle ferma les yeux pour entonner une gwerz de chez elle, dans la langue de ses ancêtres, se laissant porter par la respiration du sorcier à ses côtés.

Et il aurait voulu parler.
Mais il n'en fit rien. Il ne dit mot. Il resta figé, savourant chaque sensation de son contact avec elle, celle là même qui comme le veut la tradition de la maison était si chaleureuse. Elle était si ... Gryffondor. Se serrant à elle en fin de compte, il y trouva le réconfort qu'il cherchait. Il fut cependant peiné qu'elle détourne ses yeux, se sentant comme tout à coup retombé au sol, si lourd. Il voulait qu'elle le fixe encore, mais sa voix ... Il entendit alors sa langue ancestrale, ces belles paroles qu'elle prononça et il n'avait pas besoin de comprendre, en cet instant tout était si clair. Le temps s'arrête auprès du feu. Avec elle.

-Qui es-tu ...

Se demanda-t-il, continuant de faire connaissance.
Il y avait plusieurs façon de faire, plusieurs éventualités de façons de faire mais dans le fond, la plus belle et la plus directe restait celle du silence. Il ne sut pourquoi, mais les larmes commencèrent à couler d'elle même, il sentit ses yeux gonfler éclater en sanglot, tout était de plus en plus étrange et il avait vaguement le tournis mais qu'importait en cet instant, il se raccrochait à elle.

-Je crois que je meurs à petit feu. J'ai sacrifié beaucoup pour être ici aujourd'hui, vivant.

Et il ne dit rien de plus.
Il avait le coeur encore trop lourd pour parler. Il sentait lentement les larmes s'arrêter de couler. C'était allé si vite finalement. Si vite ... Que dire de plus ? Sans doute rien. Appuyant finalement sa tête contre celle de la jeune femme, il espérait qu'elle ferait de même et qu'ils pourraient rester ainsi, tout simplement. Une forte envie de fermer les yeux le parcourut alors, ici il se sentait en sécurité, ici il sentait qu'il pouvait dormir en paix. Contre elle.

La phrase avait retenti, dans le silence, comme un coup d'épée.

Ce n'était donc pas qu'une impression : il souffrait plus profondément que ce qu'il laissait transparaitre. La jeune fille culpabilisait maintenant d'aller si bien, d'être si apaisée et de ne savoir que faire pour l'aider. Lui, si beau, si mystérieux, si sûr de lui se montrait si doux, si fragile... Elle aurait voulu le serrer fort dans se bras mais qu'aurait-il dit ? Ils venaient à peine de se rencontrer...

Sa tête posée sur son épaule la fit vibrer. Il était si touchant. Kurun eu à peine le temps de réfléchir, elle posa instinctivement sa paume sur la tempe du jeune homme et posa sa tête contre la sienne, caressant avec tendresse sa peau brulante. Du bout du doigt, elle essuya une larme roulant encore sur la joue du préfet. L'un contre l'autre, elle se senti bien.

A quoi pense-tu ? Que cache tu de si douloureux ?

La jeune femme se redressa un peu pour embrasser le front du garçon avant de se reposer contre lui. Quelle sécurité pouvait-elle lui apporter ? Elle se laissa cependant imaginer des ballades et des rires autour de Poudlard, puis dans la forêt de son enfance. Les paupières clauses, elle le voyait si beau, si lumineux, les cheveux dans le vent, le soleil éclairant ses traits... Toute peine avait disparue de ses yeux, et, dans les bras l'un de l'autre, ils allaient bien.

Enfin, Kurun, arrête de penser n'importe quoi ! Jamais un gars comme ça ne s'intéressera à toi. Il va mal, tu te dois de l'aider comme tu peux mais c'est tout... Si il n'allais pas si mal, il ne t'aurai même pas remarquée...

Elle voulu rouvrir les yeux mais la chaleur de leurs corps et la fatigue eu raison d'elle et elle sombra tendrement dans un sommeil apaisé.

Je ne te laisserai pas tomber Jimy Raven. Peu importe les chemins par lesquels il faut passer, je t'aiderai à aller mieux... Et même à aller bien.

Puis en quelques instants ... Il se redressa comme si de rien n'était.
Lorsqu'il sursauta, d'ailleurs, le feu de la cheminée se coupa littéralement, comme si c'est lui qui l'avait alimenté quelques instants plus tôt. Son corps était plus chaud, presque fiévreux. Mais le garçon ne devait pas s'en rendre compte, puisqu'il ne semblait même pas transpirer. Il se tourna sur le côté, comme se demandant où il se trouvait puis il vit Kurun, dont le regard sûrement étonné en cet instant n'en demeurait pas moins magnifique. Se frottant un oeil de la main droite il se leva du petit canapé, plaçant ensuite sa main sur sa nuque en arborant l'air le plus gêné qui soit sur son visage. Il allait devoir partir à présent. Non pas parce qu'il n'était pas bien, mais parce qu'il devait faire attention à ne blesser personne. Quand on sait que la chaleur anormale qu'on produit attire les gens sans qu'eux ne puissent se rendre compte de rien, on finit par avoir peur de tout le monde. Et en cet instant, Jimy avait peur de Kurun. Naturellement, en cet instant précis, une seule femme, en fait la seule qui était assez froide pour ne pas aimer la chaleur, lui vint à l'esprit.

-Djaniah ...

D'un ton tout à fait neutre, le garçon prononça les premiers mots qu'il trouva.

-Je suis navré je ... Je me suis un peu égaré mais je pense que ça va aller à présent. Je ... Je dois y aller.

Il en avait assez. Tout simplement assez.
Il y avait tant de gens qui arrivaient à s'en approcher alors que d'aucun ne parvenait à le comprendre. Même si l'envie de revoir sa douce était en cet instant plus fort que tout, ses pas en quittant la grande salle dévièrent vers un tout autre endroit. Jimy savait que si toutes ces personnes ne pourraient jamais plonger en lui suffisamment tôt et rapidement, il y avait encore des gens qui en auraient les moyens. Et ce n'était pas des jeunes femmes.

-Les Bureaux ... où sont les bureaux déjà ?

Parti comme une furie sans mot dire et les portes claquant, le garçon avait bien eu l'intention de s'enfuir, littéralement. Il serait étonné d'ailleurs de voir que Kurun ne l'aurait pas suivi. Cette fille semblait tenace et il aimait bien cela, bien que ... Qui pouvait suivre le plus affirmé des solitaires ? Sur son chemin, il croisa nombre de petits couples, de bande d'amis et tous semblaient heureux dans le meilleur de monde. La terre entière s'appliquait à lui rappeler qu'il n'avait de pair que lui même. Et dans un fracas retentissant, il cogna au détour d'un couloir dans une porte en bois. Le poing endolori, il ne se posa pas de questions, préférant simplement accélérer le pas pour trouver le bureau qu'il cherchait. Désormais et alors qu'il arrivait aux abords des quartiers du professeur Wayra, Jimy s'était pratiquement entièrement refermé. Et il serait très difficile de parvenir à le faire s'ouvrir à nouveau.

Il venait de se relever, bredouiller quelques mots d'excuses et s'enfuir... La jeune fille n'eut pas le temps de comprendre ce qui se passait que déjà il disparaissait dans le couloir. Seule. Surprise. Dans le noir.

Comprendre... c'est tout ce que je veux...

Se dit-elle en bondissant à sa suite par la porte encore ouverte. Il marchait vite. Elle s'inquiétait. Il s'enfuyait. Elle s'étonnait.
Le départ du jeune homme pris un tout autre sens lorsqu'elle vit, dans le couloir, un premier couple, dans les bras l'un de l'autre, puis un second... Qu'avait-il cru ? Qu'avait-il perçu ? C'était évident : il devait penser que Kurun le draguait, le désirait... Vexée de ces pensées et énervée de la lâcheté du jeune homme, elle força son corps endormi à accélérer le pas. En même temps, ses comportements pouvaient porter à confusion. Et en même temps, il n'allait pas bien. Des mots s'imposaient à tout ça.

Il ralentissait maintenant. Un rapide coup d'œil lui suffit à comprendre qu'il se dirigeait chez un professeur... mais lequel ?
Il ne l'avait pas vu. Elle en profita pour se rapprocher et se saisit de son poignet fermement.

Ne pas s'énerver.
Reste calme.
Redresse toi.
Fière. Pas hautaine.
Laisse lui une porte entrouverte.

Les consignes étaient données. Obligeant le Préfet à lui faire face, elle s'obligea à garder un léger sourire. Et, plantant ses yeux dans les siens, elle parla avec assurance.

-Ne crois pas que tu peux t'enfuir ainsi. Je ne suis pas comme toutes ces petites Dames de cour, à faire courbettes pour le plaisir des yeux. Je ne suis pas que le petit bout de femme que certains veulent bien voir. Mes révérences, je les accorde par respect. Mon temps, je l'accorde par sympathie. Mes oreilles, je les accorde par intérêt.
Et, s'approchant d'un pas, laissant à peine quelques centimètres entre eux, elle ajouta, presque en murmurant :
-Je ne lâcherai pas. Que tu l'admette ou non, tu as besoin d'aide. Ou au moins de soutient. Je ne suis pas une minette de salon... je sais me battre et avancer à travers tous les chemins, courir à travers tous les bois et les montagnes, je n'ai pas peur du feu ou du vent, de la tempête ou du danger.
Et après s'être confier, on ne se débarrasse pas de moi comme ça.

Elle lâcha le jeune homme, lançant presque son poignet. Ses jointures la faisait souffrir, elle avait dû serrer très fort.
La main tremblante, elle recula de quelques pas, esquissa une de ces révérences dont elle avait le secret et toujours en le regardant dans les yeux elle parti. Quand elle se retourna pour retourner à la salle commune, son visage se décomposa en repensant à ce qu'elle venait de dire. Des vérités bien sûr, mais crachées comme un venin... Elle n'avait même pas fait attention à l'expression de son visage, qu'avait-il ressenti ? Qu'importe, elle espérait seulement réussir à le surprendre, l'étonner.
Ne serai-ce qu'une petite étincelle de surprise...

Il s'en fallu de peu pour s'en dire.
Mais Kurun avait étonné Jimy. L'idiote de base l'aurait laissé partir en lui hurlant de revenir dans le couloir, la soumise lui aurait couru après, la folle l'aurait assommé pour l'empêcher de bouger, mais la pire de toute aurait fait tout ça en même temps. Et c'est ce que venait de faire Kurun. Son intervention était dénuée de contrôle, dépourvue de sens et impulsive, maladivement brutale et maladroite. Non, il y avait là plein de défaut mais ce qui attacha l'attention de Jimy au regard de la petite, ce fut son cran. Elle en avait, beaucoup. Esquissant un maigre sourire, le garçon comptait bien se séparer d'elle à présent mais avant ...

-Hey ! La dingue !

Cria-t-il à travers le couloir, essayant de dissimuler son amusement pour laisser transparaître un sérieux désespéré plus que probant par les pores de son visage. La prenant de haut, il n'hésita pas à lui faire comprendre qu'il n'aurait aucun scrupule à la dénigrer à chaque faux pas. Mais il fallait bien l'admettre, si Jimy n'avait jamais formé personne, cette gamine avait peut être entre les mains le talent pour devenir son élève, ... Son amie.

-Je dois avouer que tu manques un peu de classe dans tes gestes, mais t'as le mérite d'être tenace. Tu as raison, je pense que je ne vais pas réussir à me défaire de toi alors ... Dans ce cas, c'est d'accord. On se verra mardi soir, à 19h après les cours la semaine prochaine. En haut de la tour d'astronomie, sois à l'heure. Si tu as une seconde de retard, je m'en vais.

Puis adressant un maigre sourire à la jeune femme, il partit en sens inverse, le visage de Djaniah trop présent à l'esprit pour repenser à Kurun. Pourtant il avait été touché par la jeunette, elle était "fraiche" comme certains le dirait plus vulgairement, mais pour Jimy c'était un maladroit compliment. Il n'expliquait pas comment, pas même à lui, mais il se sentait moins seul quand elle était là. Elle ne le comprenait sûrement pas, mais il y avait quelque chose en elle qui atténuait son mal être. Peut être était-ce le début de quelque chose ...

Elle continua, levant la main rapidement en réponse aux paroles du jeune homme.

Manque de classe, manque de classe... je vais vous montrer comment on manque de classe chez nous Mr Raven...

Kurun ralenti cependant pour mémoriser l'heure du rendez-vous. 19h sans retard ? en haut de la tour d'astronomie ? très bien, elle y serai... mais hors de question qu'elle soit à l'heure ! Elle ne pouvait expliquer pourquoi, mais elle avait envie d'épauler le jeune Gryffondor. Touchée par tous les masques qu'il enfilait, agacée par le comportement de ces dernières minutes, elle ne pouvait se résoudre à fermer les yeux devant tant de peine. Et puis, c'était surement une occasion de se faire un allié , un ami (?) au sein de Poudlard.

Manque de classe... si Mère entendait ça...

Tournant dans la salle commune, elle souffla un bon coup. Qui était-il pour se permettre de la traiter comme ça ? Elle s'assis dans le fauteuil le plus proche. Les yeux plongés dans le feu de la cheminée presque éteint, elle souffla doucement aux ténèbres qui l'entourait...

Pour une fois que vos apprentissages vont me servir Mère...

Jimy Raven, rendez-vous mardi soir...

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