Sur la route entre Londres et Hogsmead [Libre mais sombre]

Un bruit.
Un bruit qui souffle comme un Dragon. Chaque pore de sa peau s'ouvre pour accueillir l'énergie pesante des lieux. Un bruit qui souffle. Les yeux rouges le fixent par delà la lisière de l'Ombre. Il se fige. Il le fixe. Ils se fixent.

Un bruit de silence résonne dans la cavité vide de leurs cerveaux. L'animal recule, il a peur. L'homme recule, il a fuit. Sa peau est moite, son souffle est rauque et son odeur respire la pisse et l'alcool. Il marche à reculons comme on attaque la vie. Il recule. L'animal aussi. Il a peur tandis qu'il fuit. La nuit est douce et la lune est haute. Le bruit des feuilles est comme une viole stridente qui souffre d'anémie. Il pleure et l'air s'emplit d'odeur de pisse et d'alcool. Il pleure et le vide s'emplit de bruit. Il s'assied. L'animal approche, rassurant. Il le fixe par delà la lisière de l'Ombre.. D'un coup sec de la main droite, il fait pousser la ronce et enserre le loup. D'un coup sec de la main gauche, il étrange la bête qui ne se défend pas. Elle sait qu'elle est la proie et elle s'adonne au rite de la Nature. Les créatures de bois qui vivent dans les arbres accourent à son appel et se repaissent de la chair et du sang de l'offrande. Ce soir l'animal a du mourir pour que les bruits de la Nature résonnent encore. Il souffre.. Il pleure et l'air s'emplit de pisse et de sang.. L'alcool et le souffre ne font pas bon ménage. Il pleure...

Assis à terre, il attend. La lune est belle sous la frondaison et l'air est sec. Après un temps, il se lève et marche. Les herbes recouvrent le cadavre du loup et la vie reprends ses droits. Ces droits qu'il n'a plus, et qu'il doit suivre.. Il soigne une licorne sur son chemin, guerri un enfant de sa maladie dans une ferme.. Il avance sur le chemin, au travers la lande... Une odeur de pisse et d'alcool le suit...

Un bruit d'étoile qui se lève et qui file. Il regarde la lune et sourit. L'animal a du retrouver sa vigueur. Il le voit qui le scrute par delà la lisière de l'Ombre. La Broussaille a parlé, il se dirige vers le nord.. Ouvert à tous, et fermé à chacun.

Un bruit de pas martèle la route de la lande.

F.

Je marche. Seul chanterait certain, mais je ne suis jamais seul. Le bruit sonnant de mon cœur est toujours présent.. Je marche. Ils marchent à mes cotés, poussant et se faisant une place sous mes pieds.. Je marche, nous marchons, ils mâchent.. Un morceau de viande de loup leur colle encore aux dents.. Pourtant beaucoup pensent qu'ils sont uniquement végétarien.. Ils aiment aussi la viande, surtout lorsque la lune est gibbeuse comme ce soir.. Je marche. Le vent me cueille et me porte en son sein. Je reviens fœtus et je me plonge dans la matrice de la Mère. Je marche... Le bruit est bruit et sans bruit, levant le vent, je marche doucement... Je pense aussi parfois. Je me remémore les années passées avec lui. Le jeune homme aux cheveux argentés et aux demi-lunes sur le nez... Il était venu un soir comme celui-ci, nous parler de la menace de son ancien amant... Ils l'avaient aimé. Moi aussi.. Et maintenant je marche à la lune, la Broussaille autour de moi. Un arrêt.

Un bruit d'arrêt. Je regarde au loin et je devine la sombre masse de la ferme, navire échoué dans une mer de blé.. Je marche vers le nord.. Encore et toujours. Et il me regarde par delà la lisière de l'Ombre. Le Logrus est là.. Je le sens...

Je deviens son ombre qui s'illumine devant moi... Je vais peut-être croiser quelqu'un... Seul Elle, le sait..

Je marche.

Et l'odeur de pisse et de sang m'accompagne aussi...

F.

Au début, il n'y avait rien. Un vide proche du néant. Un néant qui doucement s'éveille comme un oisillon. Un lieu absent.. Un vide de sens et de sensations... Un endroit où il fait bon de ne pas exister..

Puis, soudainement, un point lumineux. Sans bruit. Il grossi et s'éclaire.. Une lueur. Un bruit de lueur.. Le jour se lève.. Éclair lumineux. Astre solaire.. Le jour se lève et l'Ombre recule. La bête souffle doucement et recule dans la lisière de l'Obscurité... La bête souffle doucement et le regarde s'éloigner. Il est en sécurité pendant quelques heures.. Une lueur se lève. Un espoir disparait..

Conclusions étranges que celles qu'on se forge sur l'enclume du matin, au soleil du jour.. Ils a passé une nuit encore, la même odeur de sang dans les narines. La Broussaille lui a montré la voie, et il a suivi le chemin. Mais quelques chose reste dans sa conscience, quelque chose qui l'irrite et le tiraille. Il a vu les créatures attaquer le loup. Il a vu le loup attaquer la nuit. Il s'est vu en créature qui attaquent. Mais quelques choses restent en lui. Les images, les bruits... Surtout les bruits.. La Broussaille lui a montré la voie, et il a suivi son chemin. Le bois autour de lui pousse la terre et repousse l'Ombre mais il sait que la nuit prochaine, le combat va reprendre. Il le sent. L'odeur du sang et de la pisse.. Ticky se blotti dans sa poche, machouillant un morceau d'orépine. Il se serre et serre sa serre doucement, sans lueurs aucune.. Il marche. La Broussaille lui a montré le chemin et il suit s voie...

Il regarde. Le jour est là maintenant. Il marche sans cesse vers là-bas.. Il marche et regarde. Un bruit de pas sur la route. Il marche. Une odeur de matin dans les yeux... Il marche.

F.

Edit : je trouvais le texte un peu léger, donc j'ai étoffé..

» Sombre solitude (libre^^)