Deux opales dans l'obscurité (Libre \o/)

Invité

« Neuf heures. L’horloge, gigantesque, faisait gronder une fois de plus son mécanisme… La clochette retentissait encore, mais tout était différent… Tout était « nouveau » pour moi… »

La brume, légère et volatile, s’était levée dans le parc et annonçait la tombée de la nuit. Quelques derniers élèves marchaient encore, par-ci, par-là, certains en groupe, d’autres en couples, puis quelques solitaires. Un silence paisible demeurait… Jusqu’à ce qu’une clochette aigu se mit à retentir…
Au loin, près des hautes portes d’acier, une lueur étrangère au clair de lune s’éleva. Timide, elle ne perçait pas bien haut dans la brume. Lentement, elle découvrit une silhouette, petite et agile, puis une deuxième, plus haute. La deuxième tenait d’une main une torche d’où émanait le faisceau. Ses pas étaient hasardeux, comme si l’être venait de trouver abris suite à une marche trop longue. Le duo avançait vers Poudlard, accompagnés du silence, presque total.

Deux opales luisaient derrière le halo rougeâtre. Deux pupilles d’un vert émeraude très pâle, brillantes. Les traits fatigués semblaient saillir d’avantage sous la lueur de la torche, le visage paraissait plus fin, plus tiré. Les joues creuses étaient recouvertes d’une barbe naissante plus épaisse que d’habitude, les cheveux encore plus négligés… C’était un visage que l’on avait plus vu depuis un moment, entre les murs du château…

- Je n’aurais jamais imaginé que le château était si beau…

Un murmure, plus adressé à lui qu’à son compagnon qui trottinait déjà en direction des hautes portes de chêne. Nathanaël s’était immobilisé devant Poudlard déjà éclairé à cette heure. Le tableau était nouveau… Les yeux du jeune homme luisaient intensément. Tout était découverte. Il était tel un enfant levant les yeux sur un magasin de bonbons (bah oui ^_^) pour la première fois.

Il demeura là un long moment, à la lueur de sa torche, baguette à la ceinture… Jusqu’à ce qu’une ombre se profile à son flanc. Ce n’était plus celle de Charon, mais celle d’une personne… Nathanaël tourna le visage vers l’inconnu(e), les yeux légèrement plissés…

Zaccharie a décidé de prendre le frais, en cette fin de journée. Le jour est tombé plus vite qu'il ne l'aurait pensé et une nuit fraîche prend le relais d'une journée tiède. Les mains dans les poches de son jean, sous sa cape, il traverse le parc humant avec délice les effluves du soir. Un parfait mélange de baies et de pin qui lui fait subitement oublier les odeurs insoutenables de la salle de potions.

Les élèves remontent ves le château en petit groupes et peu d'entre eux ont l'air malheureux. Les beaux jours sont enfin là et remet du baume au coeur des jeunes gens.

Mais une silhouette familière aux yeux de Zaccharie attire cependant l'attention du jeune professeur. Une silhouette qu'il n'a pas vue depuis longtemps, et pour qui est née une grande sympathie lors de son premier cours de potions à Poudlard. Nathanaël Yvandred. Le ciel est sombre mais le jeune Serdaigle tient une torche enflammée qui lui donne une allure fantomatique.

La dernière fois que Zack l'a vu, il était assis aux côtés de Gwen Mac Goldrick, écoutant sans voir, chose qui avait surpris l'enseignant.

Nathanaël ?

Tu l'appelles par son prénom, celui-là?

Invité

Un grognement. Charon était revenu sur ses pas et narguait Zaccharie de ses grands yeux, les babines retroussées dans un élan d'aggressivité qui ne lui était pas familier.

- Charon... Du calme, ce n'est rien...

La parole fut accompagnée par un geste de la main. Charon leva le regard sur son maître, et cessa, s'asseyant sur son arrière train, attentif. Les yeux de Nathanaël scrutait le nouvel arrivant dans la pénombre, et, d'un geste qui lui était encore non habituel, il dirigea la torche dans sa direction.
Le visage lui était parfaitement inconnu. Normal, quel visage avait il déjà eu l'occasion de... voir ? Un temps de réflexion, l'homme avait prononcé son nom. Sa voix... Il la connaissait, assurément, mais les quelques semaines passées si éloigné de Poudlard lui faisaient défaut. Il se concentra d'avantage sur ce qu'il voyait, et, d'un geste vif, il agita la torche en avant, celle-ci s'étaignant dans une longue trainée de fumée grise. Seule la lumière de la lune les éclairait à présent. C'était bien mieux... Du moins, même si le visage lui apparaissait plus nettement, rien n'aidait sa mémoire.

- Cela fait un moment qu'il a quitté Poudlard... Pardonnez sa réaction, monsieur.

Il désigna le chien du doigt, espérant que l'homme répondrait, ce qui lui permettrait, peut-être, de l'identifier.

C'était un adulte... Un professeur, sûrement. Il repensa à cet homme du Nord avec lequel il avait déjà eu maintes discussions... Ghaele. Mais ce ne pouvait être lui, nul accent dans l'intonation de son prénom, et le physique ne correspondait pas à l'homme...

Le compagnon à quatre pattes du jeune serdaigle émet un léger grognement, ce qui ne surprend pas vraiment Zaccharie. Après tout, le chien n'est-il pas là pour veiller sur son maître? Tout comme lui aurait du veiller sur sa soeur? Car Zaccharie, ce soir, n'a de cesse de se remémorer la bataille de Pré-au-Lard, où Wendy, sa jeune soeur, y a laissé la vie. Les cheveux en bataille, les sourcils froncés, les mains toujours dans les poches, il s'approche de Nathanaël et tente un vain sourire.

Ce n'est pas bien grave. C'est normal qu'il veille sur toi, Nathanaël. D'ailleurs, je suis ravi de te revoir parmis nous.

Zack n'a cependant pas remarqué l'essentiel. Le jeune Serdaigle n'est plus non voyant. En effet, il tient une torche enflammée qu'il dirige vers Zaccharie.

En effet, ça fait longtemps que tu es parti.

Mais tu le tutoies? Qu'est-ce que tu fais?

J'espère que tu n'as pas eu de problème.

La voix du Professeur est monocorde. Aucun sentiment ne filtre au travers. Aucune chaleur, aucune émotion. Le vide. Zaccharie tente de cacher sa douleur et son chagrin. Les mots sortent avec difficulté de sa gorge qui se noue de plus en plus.

Oh mais excuse-moi. Je suis Zaccharie Mac Lean, ton professeur de Potions. J'avais oublié que tu ne pouvais voir. Je suis désolé.

Invité

Ravi de me revoir… Ah ? Tiens...

Nathanaël resta sur cette pensée quelques secondes.

Mon professeur de potions… Potions… Potions… Ah. Oui.

Un très léger sourire naquit sur ses lèvres. Amusement personnel. Il s’étonna de ne pas avoir reconnu cette odeur caractéristique d’herbes et d’onguents à laquelle il s’était habitué pour retrouver aisément la salle de potions, auparavant.
Nathanaël écouta attentivement les dires de Zaccharie qui se répercutaient dans son esprit et, bien au-delà du sens de ses paroles, il s’intéressa plus particulièrement à ce timbre léger qui s’était mêlé à ses mots… Timbre qu’il ne lui avait encore jamais assimilé pendant ses longs discours.

Le silence le tira de son « analyse ».

Mhmm ?
Désolé ? De… ?
….
Pourquoi donc, désolé ?

Zaccharie l’observait, les yeux luisant.

Ah, oui, que je ne pouvais voir…

- Oh, ne soyez pas désolé… Il haussa légèrement les épaules. Il n’y a pas de raison. Et puis… Je vous vois, à présent.

Votre regard fuyant et cette lueur sombre qui virevolte au travers…
J’avais oublié combien les sentiments étaient clairs au travers d’un regard…

La tristesse, la joie…

…

Un nouveau blanc. Un souvenir, volatile et éphémère qui ressurgit, et qui disparu, aussi vite qu’il était parvenu. Nathanaël dévisageait Zaccharie et en oublia de s’étendre sur lui-même. Lui raconter ce qu’il était parti faire, les nouvelles contraintes auxquelles il faisait face… Et cætera… Non, sa curiosité le poussa à enchaîner sur ses interrogations.

- Cela fait bien longtemps que je n’ai vu un regard, et je dois dire que le vôtre, qui est le troisième qu’il m’est donné de revoir, est, aussi loin que remontent mes souvenirs, loin de refléter la gaîté… L’ambiance à Poudlard est-elle devenue si sombre à en affliger un de ses professeurs ?

Tu vois? Mais c'est fantastique!

Zack cache mal sa détresse et sa voix se brise malgré la bonne surprise que lui fait Nathanaël.

Je suis très heureux pour toi. Tu vas donc pouvoir te passer de scribe. De toute façon, Miss Mac Goldrick a dû nous quitter, je ne sais pas si tu as su... Qu'importe...

Zaccharie, si fort habituellement, ne peut hélas contredire le jeune Serdaigle quand celui ci lui demande s'il n'est pas heureux. Le professeur soupire longuement, tentant en vain de se reprendre.

Non, Poudlard n'a rien à voir avec ça, Nathanaël. Mais un homme n'est pas véritablement un homme s'il n'est pas parfois malheureux. Et en l'occurence, c'est mon tour, jeune homme...

Dans un sanglot Zaccharie se laissa tomber dans l'herbe, de grosses larmes roulant le long de ses joues.

Ne me juge pas, Nathanaël. C'est dur. Trop dur.

HJ En fait, suis pas aussi inspiré que je le pensais... Wink

HJ

Invité

Fantastique…
…
…….

Nathanaël resta un moment silencieux. A vrai dire, cette capacité à revoir n’avait rien de vraiment fantastique, pour lui. Ou du moins, il en était encore à se le demander… Il avait choisi lui-même de s’affliger cette séquelle, était-ce pour en arriver à ce point de regret ? Cela revenait à rejeter un acte du passé… une décision. Non, s’il avait accepté cette guérison, ce n’était que pour parvenir à obtenir ses BUSES… Rien de plus.
Il ne répondit pourtant pas à Zaccharie et le laissa continuer sans l’interrompre.

Gwen est donc partie…
Elle aussi…

Un temps de silence pendant lequel Nathanaël avait tourné le regard sur la forêt, sans vraiment la regarder.

Oui… Qu’importe…

Puis il reporta l’intention sur le professeur dont la voix brisée l’avait tiré de ses pensées. Son visage s’assombrit et les sourcils se froncèrent dans une expression d’incompréhension alors qu’il percevait la tristesse de son homologue.

Eh bien… Pourquoi donc ?

Nathanaël détourna tout d’abord le visage. Il fallut donc que la première expression qui lui fut donnée de revoir sur un visage soit le chagrin…
Lentement, le jeune homme vint s’asseoir en tailleur aux côtés de Zaccharie et posa la main sur l’encolure de Charon qui était venu s'installer à son chevet. Sur son ton habituel, calme est posé, il parla…

- Dans mon pays, les hommes écrivaient leurs maux sur des morceaux de bois qu’ils allaient pendre à l’entrée des temples afin que les dieux les en délivrent. C’était, en fait, un moyen de se redonner soi-même un peu de courage, et d’espoir, même si, finalement, la tristesse n’est qu’un voile qui nous empêche de voir beaucoup de choses…

Un coup d’œil à Zaccharie, et il continua, alors qu’il ramassait une branche sur le sol et commençait à l’agiter devant lui dans un mouvement souple.

- Si un homme n’est pas un homme tant qu’il n’a pas souffert, il ne l’est pas non plus tant qu’il n’a pas surmonté les épreuves qui lui sont imposées…

Il se tut. Il ne demanderait pas à Zaccharie la cause de son chagrin. Il l’attendrait.

Zaccharie écoute avec attention les sages paroles de son élève.

Les coutumes de ton pays sont bien surprenantes, Nathanaël. Mais sans doutes sont-elles efficaces. Mais peut-être aussi parfois ne veut-on pas voir les choses. Le voile est une bonne excuse pour se replier sur soi-même.

Le jeune professeur se rend même compte que Nathanaël lui fait la leçon sans trop insister. Zack le remarque mais n'y prette pas grande attention.

Surmonter les épreuves... Oui... Facile à dire, c'est sûr.

Dis-moi, Nathanaël... As-tu déjà perdu quelqu'un qui t'était très très proche?

Bah... Vaut autant qu'il le sache, qu'est-ce que ça changera?

J'ai perdu ma petite soeur il y a quelques jours. Elle était très précieuse à mes yeux. Nous étions comme les doigts d'une main, indisociables, inséparables. Je venais tout juste de la retrouver.

Sa voix se brise à nouveau et plus aucun son ne semble vouloir forcer le barrage de sa gorge nouée.

Invité

A croire que ce voile ne fut pas assez opaque…

« Dis-moi, Nathanaël... As-tu déjà perdu quelqu'un qui t'était très très proche? »

Le jeune Serdaigle reposa à terre la branche qui l’avait amusé, quelques minutes auparavant, et s’allongea lentement dans l’herbe, le regard rivé vers le ciel. Il n’y voyait plus rien, car la lumière de la lune, à cet instant dégagée, était bien trop intense vue de face. Pourtant, il garda les paupières ouvertes et ses yeux brillèrent plus intensément. La surface scintillante devint alors miroir, et dans ses yeux se refléta toute la splendeur de l’astre dominant…
Il entendait les paroles de Zaccharie qui avait continué et lui avait révélé la cause de son chagrin. Sa voix s’était brisée, et il s’était tu, attendant sûrement la réponse de l’adolescent. S’attendait-il à un non ? Oui, sûrement. Un jeune homme de dix-sept ans se devait-il d’ignorer la souffrance et la mort ? Cela, il l’aurait apprécié, volontiers. Quoi que la question de son homologue en serait devenue bien trop floue à son goût…

…
As-tu déjà perdu quelqu’un qui t’était proche…
…
Qui t’était très très proche…
…
Très très proche…
….
Proche…

- Oui.

Oui. Le son raisonna dans l’esprit de Nathanaël, et il brisa le silence qui s’était installé, comme un caillou jeté dans une marre…
Un seul mot, et pourtant, ces quelques lettres furent porteuse d’une douleur intense, contrôlée à son maximum. Un seul mot, sur un ton calme…

Nathanaël hésita, puis, décidant finalement d’ignorer ce mal qui s’était réveillé au creux de son abdomen, il continua, lentement… Dans un murmure, un souffle, il demeura on ne peut plus paisible…

- J’ai perdu un être qui m’était très très proche, avait-il reprit. Ce n’était pas une sœur… Ce n’était pas une mère… C’était… un de ces êtres uniques, que l’on ne connaît qu’une fois dans sa vie, et auquel on attribut tous les plaisirs de notre existence…

Le jeune homme leva une main devant son visage, lourde et tremblante, qui dessina une forme… un visage, puis un corps.

- Je l’ai perdue deux fois. La première… Parce que je fus un imbécile qui ne sut pas voir où se trouvait réellement ma raison de sourire… et la seconde, car je ne revins pas assez vite vers elle pour le lui dire.

Nathanaël inspira profondément. Dans son esprit débutait un affrontement gargantuesque entre une conscience qui lui semait de revoir des images, de réentendre des sons, des cris… et un ego qui ne désirait pas les subir de nouveau, qui le rejetait, loin, et lui permettait de demeurer calme… Extérieurement.

- Elle est morte.

Un silence, le jeune homme abaissa sa main qui revint se poser sur sa poitrine.

- Pour tout vous dire, la dernière image que mes yeux me permirent de voir…

Elle luttait, cette conscience ! Cette image qui voulait revenir s’imposer !

- Ce fut la sienne.

Un nouveau silence, Nathanaël s’était mordu la lèvre inférieure. Il ne continuerait pas. Il ne s’aventurerait pas davantage dans ce souvenir qui le meurtrissait. Ses paupières lentement se refermèrent, et ses lèvres se fendirent dans un sourire.

- Oui, répéta t-il. J’ai connu cette expérience.

Un temps, et le jeune Serdaigle s’était redressé, ramenant ses genoux contre sa poitrine. Sa main s’était perdue dans le pelage sombre de Charon qui était resté, tranquille, à son flanc. Immobile. Puis elle vint à l’encontre d’un objet scintillant qui émit un léger tintement. D’un geste sec, Nathanaël brisa le lien et, murmurant un mot dans sa langue natale, il tendit la chose devant le visage de Zaccharie.

- Prenez là, et portez là au chevet de votre soeur. Elle « lui » appartenait. Son nom était Sylvia. Je la lui ai prise avant de m’en aller, et l’ai gardée jusqu’à maintenant. Charon la portait.

La clochette dorée qu’arborait Charon. Le petit objet luisait dans la paume de Nathanaël.

- Sylvia venait de Grèce. Elle avait conservé leurs croyances… Cette clochette, elle disait qu’elle la guiderait dans les limbes, et qu’elle la rendrait moins triste… Elle n’aimait pas le silence, et était effrayée à l’idée de ne plus pouvoir chanter, là bas.

Un sourire, triste.

- En parfait égoïste, j’ai voulu la conserver. Peut-être n’aurais-je pas du. Je ne crois pas à ces choses… Mais peut-être guidera t-elle votre sœur.

Il haussa les épaules et la déposa dans les main de Zaccharie.

Pardon.

C'est le premier mot qui sort de la bouche de Zaccharie. Comment a-t-il pu être aussi égoïste, pensant qu'il était le seul à pouvoir souffrir? Dans des moments de détresse aussi grande, on s'imagine toujours que personne ne peut comprendre, que personne n'a autant souffert.

Pardon. répète-t-il dans un murmmure. Je suis désolé. Je suis un monstre d'égoïsme.

Un monstre... Il n'y a pas d'autre mot.

Puis Nathanaël lui tend un médaillon. Une clochette au tintement doux et délicat.

Wendy n'aimait pas chanter. Mais elle était une merveilleuse violonniste. Je suis convaincu qu'elle appréciera ton geste, Nathanaël.

Zaccharie s'empare du cadeau que lui fait son élève. Il fait tinter la clochette d'un petit mouvement du poignet avant de fermer son poing.

Je le lui apporterai. Compte sur moi. Et elle l'emportera avec elle. Merci Nathanaël. dit-il en posant sa main sur l'épaule du jeune Serdaigle.

Puis le professeur de Potions se relève, non sans quelques difficultés. Il fait quelques pas dans l'herbe humide avant de se retourner une dernière fois vers son élève.

Ne reste pas trop tard. Je ne voudrais pas que Mrs Moriarty te tombe dessus. Au pire, si c'est le cas, dis-lui que je t'ai autorisé à rester prendre l'air. Bonne nuit, Nathanaël. Et... Merci...pour tout...

Invité

"- Et… Merci pour tout… "

Nathanaël releva le visage vers l’homme qui, en silence, s’était redressé, et avait déjà amorcé sa marche.

- Un monstre d’égoïsme ? J’ignorais que ceux-ci se donnaient la peine de dire merci, surtout quand cela est d’une parfaite inutilité, tint-il à voix basse, plus à lui-même qu’à son homologue.

Il ne chercha pas à le retenir, et ne s’attendit pas même à d’autres mots de sa part. Lentement, il se laissa de nouveau glisser dans l’herbe, les yeux de nouveaux clos. Clos. Il ne les rouvrirait pas, pour le moment.

Ce n’est que tard dans la soirée que le jeune Serdaigle se décida à remonter à sa chambre. Charon marchait devant lui, mais cette fois, plus de tintement, plus de mélodie… Un simple silence, et un frottement dû au glissement des doigts du garçon sur les murs de pierre.

Alors comme ça… Gwen est partie…

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