Il était deux fois la liberté...

Invité

L’horloge sonnait midi, tonnait le dîner. Et une jeune fille aux cheveux si blonds qu’ils se confondaient au coussin drapé de blanc, endormie sur un tissu noir, soigneusement désordonné, parfaitement poussiéreux, magiquement horné du symbole vert de sa maison, rêvait. Mais que pouvait faire une fillette à la cascade de cheveux aussi longue que son corps en train de sommeiller à une heure pareille ? Les draperies tombées, sous le lit, demandaient un peu d’hygiène et ses livres, un minimum d’entretien. Midi et elle n’avait toujours pas faim. Mais l’avis d'une gentille camarade l’avait aidée. La belle idée de lui balancer ses couvertures par-dessus la tête, et enfin, elle sortait de sa déambulance.

Tout le reste se passait conformément, sans arrêt d’un garde-chasse ou d’un enseignant. Rien qui s’opposerait au mariage d’un corps translucide à la pénombre d’une forêt aux arbres décharnus. Un grand, un inimaginable besoin de liberté se présentait devant cette carnation plus blanche que la neige. Cette carnation comme l'ivoire, de même couleur, de même densité. Mais pourtant aux effluves contraires, à la transparence presque de l'eau. Son reflet se confondait avec les vaguelettes, à croire qu'elle y perdait sa réflexion ombragée. Son ombre ? Oui, la sienne, qui arrêtait de transparaître, peu à peu. Le soleil aveuglant pointait ses rayons jusqu'aux yeux si gris de la constitution à la peau pâle, cette Chloé pourtant si indistincte. Forêt incroyablement noire ... Cette forêt pourtant interdite offrait un grand désir de s'y infiltrer. Là au moins, on y était en paix. Mais une sérénité masquée, masquée de peur et d’insouciance, ou plutôt de trop d’attention. Qu’elle était dangereuse, cette nature aux feuilles verdâtres, au vent serpentin façonné autour des troncs …

Mais qui était le plus dangereux ? Une simple forêt ou la solitude d’élèves éperdus, trop conscients ? Elle se laissait aller, à enjamber les racines, dédaler sur la terre brune. Sentiment de confusion. On laissait une jeune fille à l’orée des bois, ou plus profondément encore, se perdre dans la vérité naturelle … Et ça, ça n’avait pas de sens. C’était tellement plus inquiétant … Elle savait tellement de choses que l’humanité entière ignorait, presque toute entière, en fait. Mais l’eau continuait de couler malgré ces réflexions entièrement sous-entendues. Le débit du ruisseau étant faible, le son sortait d’une musique plus que d’un flicotti. Ce qui la tenta. Irrésistible tentation. Inévitable et irrésistible.

Alors compte tenu du fait que les roches étaient glissantes, aiguisées et meurtrières et que les algues avaient un effet dérappant sur l’épiderme, elle traversa le ruisseau les bras en alerte, étendus sur les côtés de sorte que l’équilibre la soutienne, que le gravité perde. Cette sensation d’aiguilles sous ses pieds la fit frissonner. Devenir plus froide qu’elle ne l’était déjà. Cette folie à l’état liquide, sur laquelle elle marchait la fit sourire. D’un sarcasme égocentrique, elle se mit à rire. Elle se jouait de l’adversité et des essais de désillusion de l’eau trop froide et trop limpide. Dans ce monde transparent, tout se misait sur les déjouts. Naturels ou non.

Mais que se passait-il dans la tête de la blondine ? Que se tramait-il réellement ?

Une envie de prouver sa valeur. Elle vallait tellement plus que de l’or, cette fillette, cela en était certain. Mais déjouer la source la plus primordiale, c’était par simple amusement. Et puis quoi ? Elle adorait la sensation que les stimulis tactiles percevaient de l’eau, tant froids que douloureux. Malgré le printemps, rien n’était arrivé à réchauffer le cœur des sources … Chloé n’avait pas cette patience inouïe que d’attendre que l’eau soit chaude. Elle la prenait dès qu’elle en sentait le besoin. Ce même besoin qui trempait jusqu’à l’arrivée du tibia l’habillement de la jeune fille. Blonde, pour préciser. Ce qui se passait dans sa tête à ce moment-là, c’était une incroyable envie de se sentir maître, solide, Libre. Libre, un mot sans couleurs ni saveurs, sans obstructions ni interventions, un mot tout simplement et joliment libre.

Le plus beau mot de toute terminologie.

Thia avait décidé d'échapper au quotidien trop morne et trop répétitif des cours pour s'aventurer vers la foret. C'est de là qu'Aèla était venue ou plutôt revenue et elle ne pouvait s'empêcher de se demander pourquoi... Pourquoi ici...
Elle se retrouva soudain derrière une jeune fille,apparemment a peine plus jeune qu'elle. Elle ne s'était pas présentée de peur de la déranger mais sans comprendre pourquoi elle ne partit pas non plus. Elle regardait la jeune fille traverser le ruisseau et l'entendit rire. Quelque chose l'intriguait. Pourquoi se comportait-elle ainsi?
Elle s'accroupit derrière un arbre et observa la jeune fille,longtemps.
Cela lui permettait ainsi de ne pas trop penser au champ fleuri,aux limbes...
Elle avait arrachée sa bien aimée a la liberté et la quiétude du paradis et culpabilisait... Maintenant elle devait errer en tant que fantôme et elle savait qu'Aèla ne s'habituerait pas a son nouveau statut.

Je dois lui rendre sa liberté...

Son attention se reporta a nouveau vers la jeune fille.

Mais que fait-elle ici? L'eau doit être glacée...

HJ Dsl pour la qualité et la courtesse ( Suspect

) du post ! Embarassed

HJ

Invité

Ce murmure ne servait à rien. Personne ne l'avait entendu et c'était à se demander si elle-même l'avait perçu. L'eau était meurtrière. Presque autant que ce que l'assassin s'emparerait tôt ou tard. Ce sang, le sang d'humain qui coulerait ... Comme il s'évadait du pied gauche de la carnation de neige. L'eau était meurtrière ... Le mal en sortait, carmin. C'était le ruisseau qui avait gagné. Cette fois. Puisque aussitôt, il devint d'une couleur foncée. Lie-de-vin. D'une fade transparence à une teinte alcoolisée, revanche.

Puis elle rentra son arme. Et sourit, un sourire crispé, faute vallue. L'entaille, aussi profonde, rendait Chloé plus anti-énigmatique. Ce sang la rendait comme les autres. Victime.

Oui, l'eau est meurtrière. Intuition, tes pensées ne m'intéressent pas.

Pas assez pour que je les lise.

Elle s'apprêterait à voler... Pas de manière sorcière, sans outil de ménagerie. Non, avec des ailes, comme un rapace diurne. Oui, aussi vite qu'elle le pourrait. Mais le mal rouge lui fit retourner à de moins futiles préoccupations.

Aille...

Aucune leçon de médicomagie apprise de son cours fréquenté. Alors les premières feuilles vertes flottant sur l'étendue d'eau froide firent l'objet d'un pansement de secours, faute de mieux, imbibé. D'eau et de sang. Les épousailles s'étaient données sans encombres gênantes, interminables. Une allure flasque, insoluble et laiteuse accueillie généreusement dans la forêt des mal-aimés. Ses nerfs se crispèrent à la moindre pesanteur sur son pied, suivis d'une lèvre mordue. Une fois contre l'arbre faiblement anorexique elle put non pas seulement sentir une présence d'individu étranger, mais son état visuel. Une fille normale aux cheveux d'ambre qui s'était accroupie plus loin. Rien, d'absolutisme, ne la démarquait de la jolie modèle si connue de Poudlard. Toutes trop pareilles, sans authenticité aucune. Comme chaque goutte d'une pluie abominable. Au premier abord, on s'émerveillait de l'Unique de chacune. Puis on réalisait qu'elles étaient si semblables qu'il était impossible de s'en persuader, qu'il n'y en avait pas une d'une différente forme, d'une différente couleur, d'un différent son à son arrivée sur le sol.

Mais elle n'était pas le chaînon manquant d'une grande averse. Elle était de ces créatures surprenantes peuplant à demi ou un peu plus le monde. Effrayantes... De surcroît, si tranquillisantes, si enchanteresses... Mais tellement manipulatrices. Des yeux gris percèrent le ciel par un clignement de paupières. Hallucinant et terrorisant, cette vision des choses était populaire.

Tu sais que voler, c'est plus qu'une liberté gardée ?
C'est ton entier.

Et la jeune blonde sembla acquiesser fortuitement. Bien. Mais aussi, elle se perdait dans la complexité de l'esprit de la Lune. Il n'y avait plus de différence entre l'astre et la fillette d'une couleur malade. Les deux étaient complexes et lumineuses. Ceci la rendit emportée. Les deux avaient la même option à chercher. Il faisait fraîs, trop peut-être. L'imagination la rendait encore plus esseulée, elle savait bel et bien que le début de l'été, avec ses canicules ardentes, approchait et que sa coupure la laissait assise à juger. Elle ne prouvait pas sa valeur, de cette façon. Entièrement pas. Encore des tactiques de désillusions du ruisseau coulant, il laissait paraître une brise fraîche. Retombée dans la déambulance. Alors elle se leva, concentrée à pacter avec la douleur pour se tenter à nouveau.

Liberté... Elle la tenait tout près.

Mais ne manges-tu pas ?

Parce que c'était bien sûr l'heure du repas, comme tous les douze heures. Chloé elle, ne mangeait pas puisqu'elle ne s'en tentait pas et qu'elle préférait s'accoutumer d'un espace naturel plutôt que de remplir son estomac, non pas qu'elle suivait une sorte de maintient idiot pour garder la ligne, pas du tout. Anorexie ? Pareille honte ne serait jamais dévoilée ! Se rendre malade à vomir... La carnation de neige chancela et dû s'en tenir au maintien du végétal orné de vert. Elle n'avait pas de patiente inouïe, il ne fallait pas l'oublier, et ne voulait pas attendre que le mal passe. Ses jambes se remirent en activité et elle revint vers la source aquatique.

L'inconnue l'intriguait. C'était inéluctable.

Pourquoi est-elle là? Pourquoi fait-elle cela?

"Oui, l'eau est meurtrière. Intuition, tes pensées ne m'intéressent pas."

Parle-t-elle a son intuition où m'as-t-elle vue?

Le sang donnait une couleur carmin a l'eau qui coulait toujours aussi imperturbablement. La jeune fille regarda l'inconnue se tenir a un arbre. Elle se leva alors et s'agenouilla au bord de l'eau.

"Tu sais que voler, c'est plus qu'une liberté gardée ?
C'est ton entier."

Sans se retourner vers cette voix, Thia trempa ses mains dans l'eau fraîche et se mouilla le visage et la nuque. Elle s'allongea ensuite sur le dos et ferma les yeux.

La liberté..

Entre temps l'inconnue s'était redressée et approchait a nouveau de l'eau.

Je ne voulais pas offenser ta liberté en t'approchant,murmura Thia les yeux toujours clos. Mais je ne sais pour quelle raison,ce lieu ma attirée.

Invité

Le mal rouge... Il colorait le tégument tailladé de ce pied gauche si pâle. Qui allait avec ce corps blanc, malade, comme les images des vieux siècles dont le portrait avait le teint blafard d'une contagion qui blanchissait la basane. L'eau élançait terriblement, saoûle, brûlante et mauve. Cette inconnue ne semblait toujours pas partir malgré l'odeur du sang, alors? Elle se pencha, histoire de vérifier la figure que prenait la voisine. Et remarqua qu'elle se posait des questions. Ah pourquoi se poser des questions? Elle n'avait pas le seigneur pour lui répondre alors comment être certain que ce soit la bonne réponse? Figuratif... Chloé, la libertine, plissa les yeux. Maudit soit cette souffrance qui l'éparpillait entre les autres.

Tu as tort, c'est toi que tu offenses en prétendant ton hypothèse. Goûte ce bonheur plutôt que tes excuses.

Visiblement, l'étrangère se proférait à cerner l'incernable. À toucher l'intouchable. Depuis qu'elle prenait ses distances, boucle d'or s'était avisée de sortir de la maison aux victuailles et d'y aller avec lest. Et de se permettre ce que le commun des vivants ne s'adonnait même pas à penser. Ceux du bien, avec certitude. Les autres ne le savaient peut-être pas, pourtant ils gardaient la possibilité d'exprimer leur attitude volage autrement que par "moyen de transport aérien" et tout ce qui s'en rapprochait. Elle n'y croyait pas, à la naïveté des supérieurs de ce point tel qu'elle pouvait interférer les chemins de la forêt mysogyne. Donc ils lui permettaient de braver la route jusqu'aux problèmes : c'était ça, leur point de mire.

Le château caractérisé par les jeux de société... La base carrelée toute tracée regorgeant de remontrances et les pions qui avançaient avant de se faire avaler ; ou la cible choc qui tentait toute pointe de dar et qui finalement le laissait prisonnier pour toujours sans pouvoir s'arracher d'elle. Ils aimaient les joutes, ces haut placés! Pas elle, pas elle du tout. Chloé n'aimait pas les illusions, elle n'aimait pas le bluff. C'était assez pour qu'elle les déteste, eux et leurs jeux dotés de griffes. Elle s'amena difficilement plus près sur la souche d'un arbre mortellement scié. Et scruta l'engouement de Thia. Mais il était valu par quelle sorte de frasque? Psychologique ou caractérielle, physique?

Nulle idée là-dessus. Nulle. Alors elle la scruta à nouveau. N'était-ce pas à ce point gênant pour ces deux jeunes femmes? L'une était intimidée, l'autre trompée. Il était impossible d'imaginer autrement ce scénario quelque peu grottesque.

Ici? Précisément là où je m'entaille jusqu'aux doigts? Je n'aurais pas cru que ce soit attirant.

Elle aime l'odeur âcre que sème tes ardeurs...

» Deux vieux amis [PV]
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