Rêves éveillés

Vide...La pièce était complètement vide. Tout comme elle...
La nuit était déjà bien entamée et elle demeurait seule, au coin du feu, recroquevillée au fond d'un fauteuil.
Elle avait délibérément pris une position inconfortable afin d'être sûre de ne pas capituler face au sommeil qui menaçait de la gagner.
Sa jeune chienne Nika, blottie dans ses bras contre son coeur,la regardait de son petit air triste. Peut-être sentait-elle que sa maîtresse ne se battait plus et se laissait peu à peu sombrer. En animal fidèle et loyal elle lui mordillait doucement les doigts, comprenant à quel point il était dur pour elle de faire ces cauchemars....
Mais cela ne suffisait pas...
Thia s'endormait et le combat, les cris, le sang...dansaient dans son esprit.
La somnolence était telle que Thia ne savait si elle dormait ou si ce sang sur ses mains était bien réel...
Elle se mit à trembler de plus en plus dangeureusement...

"-Brawisen ! Ta fille sait tout à présent, et cela par ta faute alors tue-la de ta propre baguette !
- Non ! Elle est innocente ne lui faites pas de mal ! Aèla cours ! Cours !
-Hahaha... Trop tard mon cher. SECTUMSEMPRA !
-Non !!!!"

Aèla !!!

Thia avait crié dans son sommeil mais ne se réveilla pas...
Le cauchemar continuait.
Encore et encore...
Comme chaque nuit...

Invité

Nika s'écarte de sa maîtresse et, d'un bon, saute sur ses pattes. Son échine hérissée, elle tourne la tête de tous côté en retroussant les babines sur un grondement prêt à sortir. Cela ne lui ressemble guère mais elle est toute prête à défendre Thia, de toutes ses forces, de toute sa détermination. Elle a senti une présence, ou plutôt ressenti. Parce que cette présence n'a pas d'odeur et voilà bien ce qui perturbe la chienne. Devant ses yeux d'animaux qui ne comprennent pas, une silhouette se forme, lentement, totalement éthérée. Petit à petit, Nika voit un visage qu'elle reconnaît et qui lui extirpe un léger gémissement. La queue entre les pattes et la tête baissée, elle s'approche vers la main tendue et … passe à travers.

Je suis désolée, petit chien … Il faudra t'y faire, je ne pourrai plus jamais courir avec vous à travers les prairies et jouer avec toi, ni même te cajoler. Mais au moins je vous ai retrouvées … Longtemps j'ai cherché et c'est uniquement la puissance de ses cauchemars qui m'ont indiqué le chemin. Maintenant il faut qu'ils cessent et qu'elle retrouve la sérénité dont elle n'aurait jamais dû se départir.

Le spectre approche un peu plus de la jeune fille endormie en proie à ses rêves destructeurs. Elle ne peut pas la toucher, bien entendu, mais une légère brise caresse le visage de Thia alors que la douce voix d'Aèla résonne à ses oreilles.

Thia … Eveille-toi …

"-Non...Non ! Aèla réveille toi,ne meurs pas ! Non... Je t'en supplie ! Ne me laisse pas...
-Ne t'en fais pas mon ange... Tout ira bien... N'oublie jamais que... Je... t'aime..."

A mesure que le cauchemar s'intensifiait,les symptômes s'aggravaient.
Aux tremblements violents s'ajoutèrent des sueurs froides,une chute de tension,des crampes... Pourtant rien ne semblait pouvoir la tirer de l'enfer dans lequel elle était prisonnière.

Nika avait ressenti la présence d'une autre personne mais ne la distinguait pas ce qui la fit grogner. Mais la reconnaissant enfin ce grognement se transforma peu à peu en léger gémissement...

Une légère brise frôla la joue de la jeune fille et une voix résonna dans sa tête...

"Thia … Eveille-toi …"

Elle se redressa en un sursaut. Ouvrant les yeux difficilement ce qu'elle vit la fit pâlir...

Aèla...?!

Elle déglutit avec peine et secoua la tête. Pour être vraiment sûre qu'elle ne rêvait plus...
Sans un mot elle sourit et se leva,s'approcha et ouvrit les bras afin de serrer contre elle celle qui lui manquait tant... Mais...

Un fantôme... Je ne peux donc plus te toucher? demanda-t-elle d'une voix tremblante,des larmes de douleur glissant sur ses joues...

Invité

Enfin elle se réveille et reprend pied dans la réalité. A voir son expression, peut être était-elle mieux dans son cauchemar ? Elle se relève, bientôt suivie par Aèla. Elle tend les bras et l'espace d'un instant ceux de son amie vont à sa rencontre. Pour mieux retomber le long de son corps immatériel, image parfaite de ceux de Thia dont le visage est à présent baigné de larmes.

Ne pleure ma douce ... Je sais que cela n'a pas été facile pour toi et que ce ne l'est toujours pas. Mais je suis là maintenant. Je sais que si je ne suis pas parvenue à quitter totalement cette terre, c'est en partie parce que je peux encore rester à tes côtés et t'aider à franchir le cap.

D'un mouvement grâcieux, elle vole à présent autour de Thia, ses cheveux ornés de tresses fleuries lors de son long séjour dans les champs formant un nuage désinvolte autour d'elle.

Ne pleure pas ma douce : tant que tu auras besoin de moi, je serai là ! Laisse moi voir ce sourire qui te rend si belle !

La chienne frétille maintenant de la queue et fait des bonds tout en suivant Aèla dans sa danse folle.

Regarde, même Nika est a retrouvé sa joie et a relégué son appréhension aux oubliettes !

HJ Thia, je considère que ce rp se passe juste après ma rencontre avec Cerise ... HJ

Elle ne pouvait y croire... Cela faisais des mois qu'elle ne désirais qu'une seule chose : revoir Aèla, lui parler, la prendre dans ses bras... Oublier cette nuit où tout c'est arrêté... Mais à présent elle était là, devant elle, lui souriant de son air si serein... Les larmes continuaient de glisser lentement sur le visage de Thia... Elle resta un long moment a se demander si elle ne préférait pas retourner dans ses cauchemars... Et ne jamais plus se réveiller...

"Je sais que si je ne suis pas parvenue à quitter totalement cette terre, c'est en partie parce que je peux encore rester à tes côtés et t'aider à franchir le cap. "

Cela veut donc dire que lorsque j'aurai franchi ce fameux cap, tu... Tu t'en ira? ... Pour toujours...

Alors je ferais tout pour ne pas le franchir...

"Laisse moi voir ce sourire qui te rend si belle !"

Malgré elle, un léger sourire se dessina sur ses lèvres... Mais cela ne dura que quelques secondes...
Elle se détourna de son amie et se dirigea vers les fenêtres d'où l'on percevait à peine les ombres du parc. Dos à son amie, elle ne pouvait la regarder dans les yeux...

Tu ne devrais pas être là Aèla... Pas pour moi...

Elle jouer nerveusement avec ses mains, faisant craquer ses jointures de même façon que lorsque une crise d'angoisse la prenait...

Tu aurais dû aller vers ta famille, moi je... Je ne mérite pas ta présence...

Elle pleurait mais cette fois ci non plus de douleur mais de colère. Colère dirigée vers elle-même...

Invité

Aèla s'arrête de danser et vient se placer face à Thia, penchant la tête sur le côté tout en accrochant une de ses mèches de cheveux qu'elle tortille autour de son doigt.

Mais Thia, il faut que tu passes ce cap … Tu ne peux pas rester à te morfondre et à penser à moi : tu as toute ta vie à vivre, des choses à découvrir, des gens fabuleux à rencontrer ! Crois-tu que je souhaite vraiment que tu te renfermes dans ta coquille ? Crois-tu que je souhaite vraiment que tu caches au monde cette fabuleuse personnalité qui est la tienne ? Crois-tu que je souhaite vraiment être la seule à avoir pu profiter de ta bonté ?

Non, non, non, non, non !

Cette dernière phrase est ponctuée de son index agité frénétiquement de gauche à droite.

Non seulement je ne te voudrais pas que tu restes seule et que tu brides ta joie de vivre, mais en plus le monde a tout à gagner de ta présence !

Mais déjà elle lui tourne le dos et s'enfuit près des fenêtres, à la plus grande désolation d'Aèla. Le fantôme reste un moment immobile, son image vacillant légèrement sous l'effet des forts sentiments qui le traversent, puis se décide à la rejoindre. Délicatement, elle dépose son menton sur l'épaule de Thia, ses lèvres à proximité de son oreille. Du moins la représentation de son menton et la représentation de ses lèvres puisque tout contact physique est à présent impossibles entre elles.

Dis-moi pour qui d'autre j'aurais voulu rester ? Tu sais mieux que quiconque ce qu'il s'est passé ce jour là. Même probablement mieux que moi. Si j'étais encore capable de haïr, je détesterais mon père ce qu'il a fait, ma mère pour n'avoir rien vu ou rien voulu voir. Et tu sais qu'entre ma sœur et moi cela n'a jamais été la folle entente. Mais de toute manière, je ne suis plus que capable d'aimer. Je crois que c'est tout cet amour qui me rend tangible. Et je ne ferais l'échange entre cet amour et la haine pour rien au monde, même pas pour le retour de mon âme dans une enveloppe charnelle.

Sèche tes larmes ma douce.

"Crois-tu que je souhaite vraiment que tu caches au monde cette fabuleuse personnalité qui est la tienne ? Crois-tu que je souhaite vraiment être la seule à avoir pu profiter de ta bonté ? "

Elle l'écoutait sans conviction,elle ne voulait plus entendre ces balivernes...

Arrête Aèla... Je...

Elle s'arrêta soudain de parler, sentant une douce brise sur son épaule... Elle ferma les yeux et sourit doucement. Dans son esprit dansaient leur deux corps serrés l'un contre l'autre lorsqu'elles aimaient a s'accorder une danse de temps à autre,au milieu de nul part...

"Tu sais mieux que quiconque ce qu'il s'est passé ce jour là. Même probablement mieux que moi."

Thia se retourna brusquement et fit face à Aèla. La regarda un moment. Puis sur son visage on put lire de la colère,de la culpabilité...

Cette nuit là je t'ai tuée ! Je n'ai pas pu te sauver alors que je devais veiller sur toi, je devais te protéger !!! Pourquoi m'as tu lancer ce foutu sort qui m'as empêcher de te suivre?! Pourquoi Aèla?! Pourquoi...

Elle éclata alors en sanglot...

Tu ne te souviens donc de rien? De ton père te criant de t'enfuir... Des cris... Du sang...

Invité

Thia se retourne brusquement et Aèla recule à une telle vitesse qu'on aurait presque pu croire qu'elle n'a jamais été ici, mais là, à deux bons mètres. Son visage reflète l'incompréhension : pourquoi devrait-elle soudainement arrêter de dire ce qu'il est ? C'est ce qu'elle a toujours pensé, en quoi les choses auraient-elle changé ?

Son image se brouille, sa vision de la pièce s'estompe pour se superposer à un infini champs de fleurs et Thia semble si lointaine à présent ! Pourtant, la colère qui transparaît sur ses traits n'échappe pas à Aèla que ce sentiment blesse profondément. Le flot de paroles qui s'en suit la heurte tout autant et sa silhouette devient de plus en plus éthérée. Et la colère fait alors place à une détresse teintée de culpabilité : bien entendu, seule la détresse de la jeune Serdaigle la frappe de plein fouet et elle reprend pied dans la réalité de cette salle commune.

D'une voix mélancolique, elle brise le long silence qu'elle a laissé s'instaurer.

Thia … Ce n'est pas toi qui m'a tuée. C'est la haine des hommes pour ce qui est différent. C'est la soif de puissance de ceux qui ont les outils pour faire le mal. C'est le plaisir de faire souffrir le faible qui habite le cœur du fort. Ne comprends-tu pas ? Si je t'avais laissé me suivre, ils t'auraient d'abord fait du mal pour me faire souffrir encore plus ! Là j'avais une toute petite chance de m'en sortir toute seule, je n'avais pas le droit de te laisser venir, tu serais morte avant moi et c'est peut être moi qui serait debout dans la salle commune de Poufsouffle à me lamenter !

Je ne me souviens pas de tout. J'ai juste ressenti une telle haine ! C'était comme si la sève des arbres de cette clairière charriait la corruption et l'horreur. Ces hommes n'en étaient plus, leurs mains n'étaient que griffes et leur visage néant. Mon père … Même lui je ne le percevais pas au milieu de cet océan de haine. C'est uniquement lorsque je l'ai entendu crier de m'enfuir que je l'ai retrouvé. Le désespoir dans sa voix issu de son amour retrouvé pour moi. Et toi, Thia. Je me souviens maintenant de tes bras, de tes caresses.

Je n'aurais jamais du te laisser y aller... Je savais ce que tu risquais... J'aurais du me douter que tu me lancerais ce sort,tu adorais le faire a ta soeur lorsqu'elle était trop curieuse et nous suivaient partout...

Tout en parlant Thia s'était diriger vers le fauteuil qu'elle occupait quelques instants auparavant et s'y installa a nouveau. Elle prit Nika dans ses bras et pendant un cours instant elle sembla complètement perdue, telle une enfant abandonnée...
Essuyant doucement ses larmes elle caressais sa chienne,seul geste de tendresse quel s'accordait depuis plusieurs mois...

"je n'avais pas le droit de te laisser venir, tu serais morte avant moi et c'est peut être moi qui serait debout dans la salle commune de Poufsouffle à me lamenter !"

Tu méritais tellement de vivre... Alors que moi...

"Je ne me souviens pas de tout. "

Baissant la tête, fermant les yeux, Thia se remémora volontairement toute la scène...

Moi je me souviens de tout et dans les moindres détails...

"Et toi, Thia. Je me souviens maintenant de tes bras, de tes caresses."

Je ne savais pas quoi faire... Je voulais transplaner a Sainte Mangouste mais je n'y arrivais pas encore assez bien. Et j'étais aveuglée par la douleur... Pardonne moi mon Ange... J'aurais du te sauver...

Elle prit son visage entre ses mains et demeura silencieuse. Nul ne savait ce à quoi elle pensait à cet instant précis...

Invité

Mais Thia, cela me concernait moi, pas toi. Nous partagions tout mais cela ne signifiait pas que je n'avais pas mon libre arbitre. Je me devais d'y aller, avoir le cœur net. Je savais que je prenais un risque énorme mais je devais le faire. Bien entendu, j'espérais qu'après l'avoir pris sur le fait, je pourrais parler avec lui, essayer de comprendre ce qui l'avait poussé sur une telle voie et le faire changer. Malgré tout, il était mon père et je l'aimais comme tel : je devais lui donner une chance de reprendre ses esprits. Ces hommes qui l'accompagnaient, eux ne m'en ont pas donné la possibilité.

Ses yeux emplis de tendresse suivent Thia lorsqu'elle retourne prendre place sur le fauteuil. Aèla la suit, hésitante quant à la façon dont elle doit se tenir. Elle se rend compte qu'en restant ainsi devant elle, flottant au dessus du sol, elle accentue son statut de fantôme. Et Thia, même si elle en est consciente, n'est pourtant pas prête à accepter ce fait. Elle finit donc par s'asseoir par terre en tailleur, incapable d'attirer un siège à elle. Et elle tressaille en entendant la suite de ses propos.

Tu aurais dû … Quoi ? Non ! Thia, non ! Ne me dis pas que tu te sens responsable de tout ça ! J'étais déjà perdue lorsque tu es arrivée, aucun transplanage à Ste Mangouste, aucun médicomage n'aurait pu me sauver. Lorsque leur tout premier sortilège a fusé, mon esprit s'est fermé à la douleur et à la réalité, je n'ai plus rien senti, j'avais juste terriblement peur … J'errais déjà dans une étendue de ténèbres. Et tu sais, ces romans écrits par les moldus comme nous aimions les lire ? Ils parlent tous d'une lumière, d'un tunnel … Ma lumière, c'était toi. C'est toi qui m'a ramenée suffisamment pour me rappeler que les seules et uniques choses qui importent, ce sont la bonté et l'amour. J'ai pu partir tout à fait sereine, mes yeux s'étant posés une dernière fois sur ce que j'avais de plus cher : toi. Je n'ai pas regagné les ténèbres, j'ai trouvé un champs infini de fleurs sauvages, tu sais celles que j'aimais tant ?

Thia sentit une légère brise passé près d'elle et lorsqu'elle ouvrit les yeux, Aèla était assise face à elle en tailleur, son regard plein de tendresse et son doux sourire toujours sur les lèvres.
Elle approcha doucement sa main du visage de son ange et du bout des doigts caressa sa joue inconsistante...Thia lui sourit doucement et elles restent plusieurs minutes ainsi à se regarder, a à se retrouver...

Oui je me sens responsable mon ange. Te souviens-tu de notre pacte? « Je te jures fidélité et jures que je serais toujours à tes cotés pour t'aimer et te protéger. Jusqu'à ce que... »

Quelques larmes coulèrent sur ses joues.

Tu dois me trouver bien faible... Je n'arrête plus de pleurer...

A nouveau un long échange de regard...Puis Thia se leva du fauteuil dans lequel elle était installée et s'assit en tailleur face a son amie.

Donne moi tes mains... Comme avant, dit-elle dans un sourire.

Elle posa alors ses mains sur ses genoux,paumes vers le haut et ferma les yeux,attendant qu'Aèla fasse de même.

Raconte moi mon ange... Raconte moi le champ de fleurs sauvages...

Invité

Ce pacte allait à double sens, Thia. En faisant ce que j'ai fait, j'avais une chance de moi te protéger. Bien entendu, pas au sens où on l'entend habituellement : je n'ai pas pris les armes pour me mettre entre toi et quelqu'un qui t'aurait voulu du mal ! Mais en essayant de lui faire entendre raison, n'avais-je pas une opportunité unique de ramener mon père sur le chemin de la droiture ? Et cela, n'était-ce pas, à mon échelle, combattre le mal qui ronge petit à petit notre communauté et qui s'immisce dans ses moindres couches ? Nous ne pouvons plus fermer les yeux, tout ce qui est différent devra se plier ou périr, tout ce qui est beau devra s'effacer ou disparaître. A moins que les sorciers de bonne volonté ne se lèvent et marchent ensemble pour faire reculer les ténèbres dans lesquelles certains veulent nous plonger ! Au péril de leur vie.

Au péril de ma vie.

Je ne regrette rien, Thia. Et malgré ces larmes que je vois s'écouler sur ton visage, si c'était à refaire, je recommencerais. Même si tu ne m'as plus moi, en être de chair, tu sais que j'ai été jusqu'au bout de mes idées et j'aimerais que tu gardes en toi cette image plutôt que celle d'une mort inutile qui t'a arraché le cœur. Je te le demande encore une fois, ne pleures plus sur moi et sois forte. Tu l'étais autrefois, tu le seras encore aujourd'hui et demain.

Aèla l'observe prendre place juste en face d'elle et ne perd pas une seconde pour placer ses mains éthérées, paumes vers le bas, sur les siennes.

J'étais dans le noir le plus profond et tu m'as appelée. Petit à petit, alors que tu me guidais par la main, le chemin est apparu plus distinctement : nous étions dans cette forêt, près du manoir. Tu sais, elle est tellement épaisse que même les rayons de lune n'arrivent pas à passer à travers les arbres. Nous avancions et, au lieu de voir la maison au loin, à la sortie du bois, c'est une étendue de fleurs que j'ai vue. Des coquelicots, des boutons d'or, des bleuets … Et ces herbes folles entre lesquelles des petites araignées avaient tissé leur toile pour mieux attraper les mille abeilles voltigeant ça et là ! J'y ai trouvé des myrtilles, des mûres, des framboises et j'ai courru pour aller les cueillir pour toi. Mais tu ne pouvais pas me suivre, tu m'appelais mais je n'arrivais pas à te répondre, le vent emportait mes paroles ailleurs, vers une petite rivière qui attirait mes pas. Ils m'y ont menée, je voulais te rapporter de cette eau pure dans le creu de mes mains, pour te faire boire et goûter à la félicité qu'elle t'apporterait certainement. Quand je me suis retournée, tu n'étais plus là. Je me suis couchée et le sommeil m'a gagnée.

Lorsque je me suis réveillée … Ne m'en veux pas ma douce ! Mais je ne me souvenais de rien. J'étais juste … bien. Je me sentais légère, sereine, la lumière était intense et agréable à la fois, les oiseaux ne cessaient jamais de chanter et les fleurs étaient chaque jour de plus en plus belles. Magnificence, douceur, bonté. Je ne peux pas te dire combien de temps je suis restée la bas mais j'y étais bien. Pourtant, quelque chose me tracassait, à intervalle régulier. A un moment, dans ce jour éternel, j'ai ressenti une présence un peu … sauvage. Et la forêt est apparue. Oh, elle n'avait rien à voir avec celle de la propriété de mes parents. Elle était beaucoup plus accueillante et je m'y suis sentie tout de suite … chez moi. Elle était aussi belle que dans les balades que nous chantions autrefois.

Les yeux clos elle écoutait calmement le récit de sa douce amie... Les larmes avaient séché et à présent l'on pouvait lire sur son visage une sorte de sérénité.

Je comprends mon ange que tu ai voulu me protéger et je n'ai aucun doute que tu le referais de la même manière si seulement nous pouvions changer cela. Je serai à nouveau forte ma douce, pour toi...

Elle avait prononcé ces paroles dans un murmure,ne pouvant s'empêcher de regarder la femme qui lui faisait face, ne pouvant s'empêcher de la contempler...
Les yeux de nouveau clos elle se concentra et se laissa aller à vivre ces choses qui lui étaient à présent comptées... Elle voyait les coquelicots, les bleuets, les boutons d'or... Elle sentait l'odeur des framboises, des mûres et des myrtilles... Elle voyait Aèla courir parmi ce jardin merveilleux mais elle se voyait courir près d'elle et elle se mit à sourire de plus belle car elle savait qu'Aèla la voyait également dans ses songes...

Thia ressentait au plus profond d'elle même la félicité que ressentait Aèla et elle se demanda alors s'il fallait la laisser repartir retrouver la paix de son jardin ou s'il elle pouvait égoïstement la garder encore près d'elle...Mais ces pensées s'envolèrent bien vite et elle se replongea avec allégresse dans leurs songes...

Ce n'était pas la première fois que les deux jeunes filles se positionnaient ainsi et partageaient leurs songes en silence. Et chaque fois un phénomène merveilleux se produisaient... De leur coeur et de leurs mains partaient de longs filaments argentés qui tournoyant autour d'elles s'élevaient dans les airs et les unissaient comme seules deux âme soeurs peuvent l'être...

Et alors que ce soir,dans la salle commune des Serdaigles, elle s'étaient à nouveau installées ainsi,les liens infiniment merveilleux se détachèrent d'elles et les unirent pour l'éternité...

Invité

Enfin elle la retrouvait ! Peut être Thia n'avait-elle pas encore accepté le statut de fantôme de son amie mais au moins avaient-elles pu renouer le contact comme autrefois. Là, dans la salle commune de Serdaigle, la nuit était à l'émotion, à la tendresse retrouvée et au partage sans limite. Et si elles ne pouvaient se toucher réellement, leurs esprits étaient à nouveau étroitement liés, dans une communion parfaite.

Aèla emmène Thia dans son champ fleuri et ensemble elles retrouvent la rivière. Enlevant leurs chaussures, elles s'élancent dans le courant, admirant les poissons qui filent entre leurs pieds et les poules d'eau qui ont fait leurs nids sur les berges, s'enfuyant à la vue des deux jeunes filles. Tout est calme et sérénité ici, l'être humain n'y a encore rien abîmé... Elles chantent, dansent, s'allongent dans les herbes et rient. Thia se détend et les signes de fatigue s'inscrivent sur son visage. Enfin elle accepte de se reposer un peu : l'aube ne tardera pas à baigner de lumière la salle commune et il serait bon qu'elle dorme un peu. Oh, bien entendu, Aèla n'en a nul besoin, elle ... Mais elle lui promet de veiller sur son sommeil.

Aèla la regarde dormir, étendue sur le divan face à la cheminée. Des petits bruits se font entendre ... L'heure du réveil : déjà un premier garçon fait son entrée, encore empli de sommeil et il ne la voit pas. Il quitte la pièce aussi vite qu'il était venu.

Peut-être est-il préférable que l'on ne la voit pas en ma compagnie ? Je ne veux pas que les gens se questionnent à son sujet et l'ennuye juste pour avoir vu un spectre qui l'admirait.

La forme d'Aèla vacille et bientôt elle n'est plus que le souvenir d'une présence. Oh, pourtant, elle est bien là ... Perceptible à celui qui ouvrerait son esprit à son aura. Simplement, on ne la voit pas. Et elle attend le réveil de son âme soeur.

Thia plongea doucement dans un sommeil réparateur et dormit profondément. Sans rêves, mais surtout sans cauchemars... Elle ne se réveilla que plusieurs heures après et en ouvrant les yeux, elle ne voyait plus Aèla. Mais elle savait que ce n'était pas qu'un songe, elle savait qu'elle était près d'elle et qu'elle n'avait qu'à murmurer son nom pour qu'elle apparaisse a nouveau devant ses yeux... Mais elle ne l'appela pas tout de suite. Elle se posait beaucoup de questions. Le plus dur pour elle était qu'elle ne pouvait serrer contre elle celle qui la rendait heureuse. C'était une frustration très douloureuse.
Mais elle s'inquiètait surtout pour Aèla. C'était sa faute si elle avait été arrachée a sa quiètude et peut-être devait-elle la laisser retrouver le calme de son champ fleuri...

Aèla? Tu es là mon ange?

Elle se recroquevilla sur le divan et fit machinalement une place a son amie. Elle avait repris tous ses anciens réflexes en l'espaces de quelques minutes et parfois même elle en oubliait la mort de sa bien-aimée.

Elle attendit calmement que son amie la rejoigne et se remémora tous les bons moments qu'elles passaient ensemble. Chaque jour était un jour différent et chaque jour Aèla la rendait plus heureuse encore.

J'aimerais te serrer a nouveau dans mes bras...

Invité

Bien entendu je suis là ... J'ai eu tellement de mal à te retrouver, je ne vais tout de même pas repartir de si tôt ...

Les contours de sa forme éthérée se précisent à nouveau, juste à côté de Thia. Elle prend place sur le sofa, lévitant à quelques millimètres du siège pour donner l'impression qu'elle est réellement assise. Inutile de forcer les choses et de lui faire admettre plus vite que nécessaire qu'elle n'a plus de substance. Pourtant ...

De nous deux, je pense que c'est moi qui devrai être la plus ferme. J'aimerais rester auprès d'elle mais ce ne serait nullement lui rendre service ... C'est un peu prématuré mais elle devra vivre sans moi, c'est inéluctable.

La voix est tout de même douce lorsqu'Aèla répond.

Moi aussi je le souhaiterais, Thia ... Mais tu sais que c'est impossible. Je peux tout au plus être là en esprit.

Je crois que tu as raté le début des cours : j'ai vu tous les Serdaigle possibles et imaginables passer devant moi, je suis certaine que ta salle commune est à présent vide. A part toi bien entendu.

Et moi, d'une certaine façon ...

Elle regardait son âme soeur flotter au dessus du sol. Le regard un peu triste elle se souvint du jour où elle avait voulu mettre fin a ses jours afin de retrouver son amie. Elle se mit a penser au champ rempli de fleurs sauvages et de fruits délicieux. Elle les imagina courir vers la rivière main dans la main.

Le paradis...

Elle sortit doucement de ses pensées et observa discrètement Aèla. Elle avait l'air si fragile mais si forte a la fois. Comme si elle se donnait une contenance pour ne pas inquiéter Thia. Mais cela se voyait que son nouveau statut de fantôme,elle ne l'avait pas encore assimilé. Thia culpabilisait de plus en plus de l'avoir arracher involontairement a sa quiétude...

Les cours? Oui je sais... Mais je devais dormir et grâce a toi cela m'as été possible.

Comment m'as tu retrouvée Aèla ? C'est ma douleur qui t'as arrachée aux limbes?

Invité

Effectivement, je sais que tu avais besoin de dormir. Tes nuits sont peuplées de cauchemars n'est-ce pas ? C'était alors cela que je ressentais à intervalles réguliers. Lorsque tu essayais de dormir et que tu m'appelais dans tes rêves. Le vent se levait dans ma plaine et les oiseaux ne chantaient plus. A la place, j'entendais leurs petits cris plaintifs. Et même si mon ciel ne comportait nul nuage, le soleil brillait moins fort et la lumière se faisait … grise. Ce sont ces événements qui me faisait petit à petit réaliser que je devais encore faire quelque chose, ailleurs.

Un jour, ou plutôt une nuit pour toi, je me suis levée de mon nid d'herbes et de fleurs sauvages et j'ai marché, l'appel se faisait plus pressant, comme si un conduit avait été ouvert pour moi, pour que je t'entende et ne doute pas. Les chants d'oiseaux étaient différents, il s'y reconnaissait une telle allégresse, un bonheur partagé d'osmose parfaite avec la nature. Et petit à petit, les arbres sont devenus tangibles et j'ai aperçu la … divinité sylvestre. La bonté et l'amour réuni dans une jeune dryade. C'est ce qui m'a rappelée dans ce plan d'existence dont je ne me souvenais pas mais que je pensais avoir quitté pour toujours. Celui où tu résistais à la folie que ta douleur t'imposait.

Cerise. C'est son nom. Exactement comme nous chantions la beauté de la nature autrefois, te souviens-tu ? Par ses mots, doux comme le duvet d'un oisillon, elle a réveillé ma mémoire. Par sa douceur, elle a ravivé le souvenir de ton visage dans mon esprit. Et j'ai su qui tu étais. Thia. Après, j'ai perçu ton appel beaucoup plus nettement et j'ai su où tu étais. La suite, tu la connais.

Elle buvait les paroles d'Aèla sans en perdre une seule miette. Elle avait cette facilité de raconter les choses, si bien que Thia n'avait qu'a fermer les yeux pour se plonger dans ses dires. Elles se plaisaient beaucoup a faire cela,avant... Elles s'installaient face a face en tailleur,leurs mains jointes, et l'une d'elle faisais vivre a l'autre ses rêves ou ses désirs. Et sans un mot elles se comprenaient et vivaient un moment unique.

Oui mes nuits sont peuplés de cauchemars ma douce... Chaque nuit je revois ce soir où je t'ai perdue, où je n'ai pu te sauver. Je revois ces hommes te lancer tous ces sorts et ton père essayant de les en empêcher... Je revois surtout tout ce sang que tu perdais,et la vie qui s'effaçait de tes beaux yeux...

Après une déglutition rendue difficile par les pleurs qu'elle réprimait, Thia détourna les yeux et regarda au loin par la fenêtre entrouverte.

Je suis ravie que tu es trouvée cette fille pour te guider. Cerise je crois. Tu as toujours été attirée par la bonté des gens,et par leur amour que ce soit envers la nature ou autre chose.

Après s'être quelque peu reprise Thia refit face a Aèla et la regarda sérieusement.

Aèla je suis désolée de t'avoir arrachée au bien-être que tu avais trouver dans ce champ fleuri. J'ai inconsciemment été égoïste, mais j'ai tellement besoin de toi dans ma vie. Je sais que lorsque ces cauchemars m'auront quitter tu t'en ira pour reposer en paix et cela me déchire. Je n'ai pas ta force Aèla, je ne peux imaginer ma vie sans toi a mes cotés...

Je t'aime tellement....

Invité

Je crois ... Je crois que la bonté et l'amour me guidaient déjà auparavant. Maintenant, c'est en moi, je n'arrive plus à ressentir quoi que ce soit d'autre, tristesse ou colère ou autre sentiment destructeur. Tu ne dois pas être désolée pour m'avoir ainsi rappelée. Peut être était-ce écrit. Peut être que ma vie sur terre n'était qu'un simple apprentissage et que ma réelle existence commence maintenant ? Ce champs de fleurs, il n'était là que pour que je puisse me reposer un peu et reprendre un nouveau départ ?

Les voies de la vie et de la mort sont impénétrables, Thia. L'être humain s'en joue : certains sèment la mort comme s'il était de leur droit de décider qui peut vivre ou non. D'autres, dotés de sombres pouvoirs, sont parvenus à redonner un simulacre de vie à ce qui devrait pouvoir reposer à jamais.

Aèla se tait un instant. Troublée. Ce ne sont pas les premiers mots qu'elle prononce ces dernières heures et dans lesquels elle a du mal à se reconnaître. Elle vient de parler de quelque chose qu'elle ne connaissait pas. Abomination parmi les abominations : la nécromancie, forme pervertie de magie. Elle frissonne. Pourtant, elle se sait à l'abri. Mais les autres, ceux qu'elle a aimé ?

Elle reprend lentement, essayant de se défaire de ce nouveau trouble.

Thia, c'est inéluctable, tu devras apprendre à vivre sans moi. Et tu apprendras. Petit à petit, tu recommenceras à rire, à aimer, à faire le bien autour de toi comme avant. Et tu sais que j'en serai heureuse.

Elle écoutait son amie et buvait comme toujours ses paroles.

Un nouveau départ?

Elle remarqua le trouble dans ses yeux lorsqu'elle fit indirectement référence a ses meurtriers. Puis elle reprit et lui dit qu'elle aimerai a nouveau...

Je ne peux pas te promettre de recommencer a faire le bien autour de moi, tes meurtriers doivent payer pour ce qu'il t'ont fait. Tu est la dernière personne sur terre a mériter de partir ainsi. Dans la souffrance... Mais dès que je serais apaisée je te promet d'essayer.
Je ne peux pas non plus te promettre de pouvoir vivre sans toi, tu es tout pour moi Aèla. Mais je peux essayer...
Quant a aimer de nouveau ce sera un non catégorique. Je ne peux pas aimer une autre personne que toi Aèla... Oui je sais tu parlais d'amour dans sa globalité mais je ne peux pas...

Thia ne semblait pas avoir remarquer qu'elle avait parler au présent. Le passé pour parler de son amie était encore plutôt dur a assimiler.
Installée dans ce fauteuil depuis déjà un moment, ses membres s'engourdissaient mais elle ne bougeait pas. Elle ne sentait plus aucun de ses muscles. Elle ne sentait plus que sa haine envers ceux qui avaient tué son amour...
Elle leva les yeux un instant et regarda Aèla qui semblait jouer avec Nika malgré son absence de consistance. Un léger sourire apparut sur ses lèvres et elle continua de les regarder en rêvassant...

Invité

Thia, tu auras besoin de temps mais je suis certaine que tu y arriveras ! Non seulement parce que c'est dans ta nature la plus profonde de faire le bien, mais en plus parce que tu sais que c'est ce que je souhaite pour toi ... Je ne te demande pas de sortir de cette salle commune en chantant et en hurlant à tout vent que tu recherches l'amour ... Simplement, je voudrais que tu laisses ton coeur ouvert pour que si d'aventure quelqu'un qui te mérite passe auprès de toi, cette personne ait l'immense bonheur de pouvoir toucher ton âme comme j'ai pu le faire par le passé ...

Je ressens beaucoup de choses, ma douce. Enfin, certaines choses. La bonté de Cerise m'a appelée mais je sais que d'autres, aussi bons qu'elles, habitent ce château. C'est encore très confus pour moi, tout est nouveau, mais beaucoup en valent la peine, il suffit de les trouver. C'est moi qui te le demande, Thia, en souvenir de moi, ne te ferme pas au monde ...

Le spectre se lève et s'approche de la fenêtre, un air songeur sur le visage évanescent. Elle cherche les mots. Elle sait que la jeune Serdaigle ne va pas forcément être d'accord avec ce qu'elle a à dire ... Sa chienne gambade à ses côtés, mimant un jeu qu'Aèla et elle affectionnait autrefois avec Nika. Un léger sourire, un peu triste, revient sur ses lèvres.

Penses-tu que les faire payer me ramènera en chair et en os, Thia ? Des termes tels que colère et vengeance n'ont plus vraiment de sens pour moi tu sais. Je n'arrive pas à en saisir la substance ... Mais je ressens ta colère et elle m'éloigne de toi...

Aèla parlait encore et encore et Thia ne s'en lassait pas. Sa voix si douce et chaleureuse la berçait quelque peu. Elle ne savait plus quoi penser, ne savait même plus ce qu'elle ressentait. A part bien sur le bien être d'être près de celle qui avait toujours été sa moitié.
Elle voulait qu'elle s'ouvre aux autres, et elle savait que c'était pour son bien mais elle n'arrivait pas a se résigner. Elle ne voulait même pas y penser. Ainsi elle ne fit qu'acquiescer faiblement tout en sachant qu'elle mettrait du temps avant de, ne serais-ce que faire confiance a nouveau.

Je sais bien ma puce que rien ne te ramèneras et encore moins la vengeance mais je ne peux pas accepter le fait que ses pourritures soient en liberté après ce qu'ils t'ont fait ! Ils doivent souffrir comme j'ai souffert et comme ta famille a souffert.

Elle savait qu'Aèla, si douce et si emplie d'amour, ne cautionnait en aucun cas ses paroles mais elle espérait qu'elle la comprendrait...

A ma place ne ressentirais tu pas ce désir de vengeance? Si ils m'avaient ôter la vie et que tu me voyais seulement en tant que fantôme?

Elle laissa un silence planer un moment.
Elle regardait tendrement sa douce moitié jouer avec sa chienne, leur chienne, un doux sourire sur les lèvres. Mais tout bascula lorsque...

"je ressens ta colère et elle m'éloigne de toi..."

Cette phrase l'avait anéantie... Complètement. Des larmes coulèrent silencieusement sur ses joues tristes. Elle s'était tournée pour qu'Aèla ne les voit pas.

Je ne veux pas que tu t'éloigne de moi... Aèla tu es déjà ... partie et je ne supporterais pas que l'on s'éloigne d'avantage...

Invité

Vengeance ... Le mot sonnait terriblement mal aux oreilles du spectre ... Et son image perdait de sa netteté, le corps éthéré vacillait sur lui-même pour n'être plus que flou. Ce qui restait de visible dans son visage reflétait l'incompréhension la plus totale, comme si Thia avait parlé un langage qu'il ne comprenait pas.

Je ... Je ne comprends pas Thia. Ce mot trouve un écho lointain en moi, mais je n'arrive pas à concevoir ce qu'il signifie...

La jeune fille insouciante qu'avait été Aèla se perdait petit à petit. Oh, bien entendu, il lui restait des souvenirs, mais uniquement des souvenirs heureux, les moments passés auprès de ceux qu'elle aimait tout particulièrement. Mais au fur et à mesure qu'elle prenait pied dans cette nouvelle réalité qui serait la sienne jusqu'à la fin des temps, elle comprenait de moins en moins certaines choses. Ou plutôt certains principes et mots.

La ... souffrance ... Je comprends ta souffrance, parce que tu ne peux pas me prendre dans tes bras. Mais je ne comprends pas que tu puisses la souhaiter à d'autres, cela ne te ressemble pas. Est-ce cela la vengeance, Thia ? Est-ce ce que te dicte ce sentiment qui te fait me tourner le dos afin de cacher les larmes qui roulent à présent sur tes joues et que tu essayes de me cacher ? Te sentiras-tu mieux par la suite ?

J'aimerais rester près de toi, mais notre éloignement est inéluctable. Il a déjà commencé.

Aèla perdait de sa netteté a mesure que Thia parlait de souffrance, de vengeance. Elle lui souri tendrement, la regardant sans rien dire. Hormis son statut d'être de l'au-delà elle n'avait pas changer, elle n'était qu'Amour et Bonté. Et cela était bien mieux ainsi, Thia ne voulais pas vraiment que sa moitié comprenne ces sentiments destructeurs.

Il est vrai que cela ne me ressemble pas ma douce, vouloir faire souffrir ces gens... Mais le pouvoir bénéfique de paix et de bonté que tu avais sur moi n'exerce plus depuis ta... disparition. Malheureusement...

"Est-ce ce que te dicte ce sentiment qui te fait me tourner le dos afin de cacher les larmes qui roulent à présent sur tes joues et que tu essayes de me cacher ? Te sentiras-tu mieux par la suite ?"

Je vois ma douce que tu me perce encore a jour comme autrefois. Je suis incapable de te cacher quoi que ce soit.

Pourtant ce serait tellement plus pratique parfois...

Je ne crois pas non que je me sentirais mieux mais dois-je vraiment rester sans rien faire alors que ces gens si ignobles vivent paisiblement dehors et continue sans doute de tuer?!
Que dois-je faire Aèla? Dis-le moi. Rester sagement là a ne rien faire ou contribuer au moins a leur arrestation?

Si ce n'est a leur meurtre...

"J'aimerais rester près de toi, mais notre éloignement est inéluctable. Il a déjà commencé. "

Je sais... Je l'ai bien senti. Tu n'es plus aussi proche de moi, nous ne sommes plus autant en phase. Oh bien sûr je ne peux pas le reprocher, cela est sûrement dans l'ordre des choses. Cela me blesse, voila tout...

HJ/ Vraiment désolée pour le retard... /HJ