A GARDER Quand le naturel rencontre le surnaturel (pv Aèla)

Voila quelques semaines que les rues de Londres l'étouffaient, elle jeune fille, enfant des arbres et des feuillages avait besoin d'air et de liberté, de nature et de murmures. La forêt lui manquait et il fallait qu'elle la retrouve, la directrice ne l'avait-elle pas elle-même invitée à venir dès qu'elle le souhaitait?
Elle quitta ses chaussures à l'orée du bois qui bordait la forêt, elle avait transplané a Pré-au-lard respirant à plein poumons l'air ecossais du soir tombant.
Elle s'avança dans les branchages savourant chaques effleurements des feuilles sur sa peau, chaque souffle de vent dans ses cheveux.
Elle soupira de bonheur et s'allongea au milieu d'un petite clairière puis ferma les yeux laissant les paroles des arbres l'atteindre et la bercer.
Elle pretait attention a chaque histoire, celle de ce peuplier plié par un hiver trop rude et ce saule meurtri par les griffe de loup-garous.

Je vous entends...

Le murmure traversa ses lèvres comme un soupir et un sourire étira ses lèvres, doux comme la caresse du soleil.

Invité

Des lumières fusant de baguettes, voilà la dernière chose que son esprit a enregistré avant de s'éteindre, ultime protection face à l'horreur et à la douleur qu'on veut lui infliger une dernière fois. Son corps s'est recroquevillé sur le sol et a subi les outrages de ces êtres habités par la haine et la malignité la plus totale, alors que la voix de son père se fait encore entendre au loin, comme venant des profondeurs d'une mer déchaînée.

Elle s'est éveillée dans un champs aux herbes hautes et parsemé de fleurs sauvages toutes plus colorées les unes que les autres. Bien entendu, cela l'a étonnée : on est en plein mois de décembre et la saison n'est pas à de telles réjouissances printanières ! Ca et le fait que la lumière est intense mais qu'elle ne prend source dans aucun soleil. Le silence n'est interrompu que par des chants d'oiseaux et à perte de vue il n'y a rien que les herbes folles.

Aèla se sent plutôt sereine, son corps est léger et la plénitude se lit sur ses traits déjà si doux. Pourtant, une partie de son esprit n'arrive pas à trouver la tranquilité qui doit l'accompagner dans son dernier sommeil. Des semaines et des semaines passent sans qu'elle n'arrive à trouver la fin de ce champs de fleurs ni la raison de son trouble. Et enfin, tout d'une fois, l'infinie étendue colorée fait place à une forêt dense. Son pied foule le sol où de jeunes pousses tentent une percée timide, sans y laisser la moindre trace de pas. La nature ne lui est jamais parue aussi belle.

Je vous entends ...

Elle s'arrête en une fois, essayant de découvrir d'où vient ce splendide murmure. Pour peu, on dirait qu'il vient des arbres. Un être merveilleux dans un écrin de beauté ... Aèla s'approche doucement : une bonté émane de la jeune fille, elle ne peut qu'être attirée par tant de grâce.

Un picotement dans la nuque vint déranger la dryade dans son partage avec les arbres, elle rouvrit lentement les yeux mais resta immobile un instant respirant calmement par longues inspirations, la présence qu'elle venait de déceler n'était pas hostile elle le sentait et les murmures des arbres le lui confirmaient. Pourtant quelque chose semblait different, elle n'avait jamais ressenti ce genre de présence, la jeune fille se concentra et son aura grandit dans la clairière s'épanouissant dans cet élément qu'elle connaissait si bien, elle atteignit enfin l'endroit ou avait arrêté la contemplation du fantôme, elle l'effleura dans un bruissement d'ailes de papillons. Enfin Cerise se mit sur son séant et tourna son visage lumineux vers Aèla elle lui sourit tendrement et l'invita à la rejoindre parmi les fleurs.
Une étrange pensée pénétra son esprit, un instant, elle le savait, elle avait espéré voir le visage de Thorus à la place de celui de son invitée, elle secoua la tête, il fallait qu'elle se resigne, il était mort.

Bonjour, j'ignorais que des fantômes hantaient la forêt, comment t'appelles-tu et comment t'es-tu retrouvée ici?

La dryade observa le fantôme avec intérêt, des phrases de livres parcourus remontèrent dans sa mémoire "les fantômes sont des âmes errantes auxquelles il manque un accomplissement pour trouver le repos",
Le livre des morts chapitre 2 page 54 ligne 17. Elle sourit surprise par sa propre mémoire, et pourtant elle aurait dû y etre habituée depuis le temps.
La jeune femme attendit la reponse de l'éternelle jeune fille avec curiosité et calme.

Invité

Poussée par un réflexe qui n'a plus aucune raison d'être, Aèla ferme les yeux et prend une profonde inspiration. Et puis elle éclate de rire ! Un rire aussi limpide qu'une source d'eau pure ... Même lorsqu'elle était perdue parmi ses fleurs des champs, elle ne pouvait sentir leur parfum ... Mais elle est persuadée que si elle avait la faculté de percevoir les senteurs qui l'entourent, elles seraient musquées et sauvages, harmonieuses et veloutées. Comme cette délicate caresse qui enveloppe son esprit, un autre esprit envoyé à la découverte de son être. Mais cet esprit là est encore attaché à une enveloppe charnelle, la divinité des bois entraperçue un moment plus tôt.

Aèla penche la tête sur le côté et son sourire s'élargit, alors que du bout de ses doigts elle joue avec une de ses mèches de cheveux parsemées de fleurs. Elle se décide à approcher, continuant à avancer ses pieds comme si il était encore utile qu'elle marche pour se déplacer.

Je suis Aèla, je te salue moi-même divinité sylvestre ... Je ne crois pas que je hante cette forêt ... A vrai dire, je ne crois pas que je hante quoi que ce soit. Je suis juste ... là. J'ai longtemps eu comme seules compagnes les herbes et les fleurs d'un champs infini. Alors que j'allais finir par penser qu'elles seraient mes compagnes pour l'éternité, des arbres sont soudainement apparus à mes yeux. Peut-être ont-ils toujours été là mais que tu les as rendus palpables à ma réalité afin de m'aider à mettre fin à mon errance ?

Divinité sylvestre??

Cerise se mit à rire, un rire qui fut comme la caresse d'une pétale de rose sur la peau. Elle n'était pas habituée à tant d'égards et cela la genait vraiment, gène qui avait l'art de se manifester par deux adorables taches rouges sur ses joues. Elle passa une main dans ses cheveux détachés et répondit enfin d'un voix basses comme un murmure destiné a ne pas deranger la forêt.

Ne m'appelle pas ainsi, je ne suis pas une divinité.....mon nom est Cerise Owlspell, j'étais élève à Poudlard, j'ignore si c'est grace à moi mais je suis heureuse que tu sois sortie de ta solitude car c'est là un sentiment qui est très vite insupportable. Tu ne te rappelles pas comment tu es arrivée ici ni pourquoi?

Invité

Aèla franchit les derniers pas qui la séparent de celle que, décidément, elle ne peut dissocier de l'image qu'elle se ferait d'une divinité des bois. Un petit air lui revient en tête qu'elle chantonne tout en s'asseyant en face de la jeune fille, sur un tapis de feuilles qu'elle carresse sans réellement le toucher.

Suis ma voix au-delà du vent, Au-delà des mers et du temps, Là où le silence est musique.
Emmêle à tes danses mes chants, Dans tes cheveux papillons blancs, Et dans tes mains joyaux runiques.
Rejoins-moi, nos arbres sont grands, Leurs feuilles sont d’or maintenant, Leurs longues racines antiques. (*)

Très bien, Cerise alors tu seras ... Et Cerise je te remercie d'exister et de m'avoir aidée alors. Cette solitude ne m'était pas du tout insupportable, pour te dire la vérité. Simplement, quelque chose me chifonnait, que je n'arrivais pas à nommer. Non que j'y arrive plus à présent mais c'est comme ... comme si j'étais appelée à faire encore quelque chose et que je ne puisse trouver de repos tant que je n'aurai pas accompli cette tâche. Comme si ma sérénité en dépendait.

Le doux visage de la jeune fille éternelle prend un air soucieux, ses sourcils sont froncés et l'intensité de sa présence tangue.

Je me souviens ... du néant. L'obscurité m'entourait et j'avais très peur. Mais ce n'était pas les ténèbres qui me terrorisaient, elles étaient plutôt là pour estomper la vérité et me venir en aide. Puis je me suis sentie transportée, je n'arrive pas bien à comprendre. Et je me suis retrouvée parmi les fleurs.

Pourtant, un visage essaye de se dessiner : chaque fois que je vais en saisir les traits, il disparaît.

(*) Merci Tolkien (pas tout mis, je sais, et infîme adaptation)

Rejoins-moi, nos arbres sont grands,
Leurs feuilles sont d’or maintenant,
Leurs profondes racines antiques.

Le jour s’est fini lentement,
Les autres dorment, indolents,
Viens marcher dans nos bois magiques !

Les mots étaient sortis d'eux-même et la dryade les avait proncé a demi-voix, dans un murmure ensorcelleur, ses yeux clairs étaient vagues et un léger vent frais se leva tourbillonant doucement autour d'elle, faisant frissonner les arbres et onduler le corps vaporeux d'Aèla. A la dernière phrase les cheveux de la jeune femme se mirent à flotter lentement, brillant et sauvages comme les branches magnifiques d'un saule ou d'un peuplier.
Tout retomba lorsque Cerise se tut.
Son regard reprit sa vivacité même si durant tout le poeme la force n'avait pas quitté ses yeux. Elle reporta son attention sur la pale image d'une mort perturbée et lui sourit d'un air apaisant.

Tu es là pour te rappeler, tant que tu ne sauras pas tu ne trouveras pas le repos... si tu ne peux pas traverser les limbes c'est que tu n'as pas finit d'accomplir ce que tu devais ici.

Invité

Elle ne s'y attendait nullement, la petite Aèla ... Et pourtant, lorsque Cerise continue à murmurer les paroles, elle ... éprouve une sensation ... Oh, légère, certes, mais une sensation : la caresse du vent lorsque l'on a grimpé tout en haut des branches d'un arbres et qu'il souffle pour venir jouer avec les feuilles, faisant voler au passage cheveux et vêtements légers.

Il était une fois ...
Les deux jeunes filles partirent en courant de la maison, en deux éclats de rire parfaitement synchronisés. Comme toutes leurs pensées et leurs joies d'ailleurs. Au loin, une porte claqua et elles savaient que Blodwen ne leur laisserait pas une seconde de repos une fois qu'elle les aurait rattrapées ... Grimper dans un arbre, là sa soeur ne penserait jamais à aller les chercher ! "Donne-moi la main, Aèla, je vais t'aider !"

Oh ... C'était bien plus beau que ... Que ...

Les souvenirs essayent de se frayer un chemin dans l'esprit d'Aèla. Elle fronce à nouveau les sourcils dans un effort de concentration.

Mais oui, je chantais autrefois ... Et j'écrivais des poèmes. Sur la nature et sur l'amour ... Elle me demandait toujours de chanter pour elle ! Et j'adorais cela, ses yeux brillaient, pour moi, pour ma voix.

D'un mouvement rapide, à peine perceptible à l'oeil nu, le spectre est debout et se met à danser autour de Cerise. Elle s'arrête en une fois, le regard presqu'enfantin fixé sur la dryade.

Thia ... Son nom est Thia ! Crois-tu qu'elle a besoin de moi ? Où est-elle ? Sais-tu où je peux la retrouver ? Oh, Seigneur, tout prend son sens à présent ! C'est elle qui m'a transportée parmi les fleurs ...

Douce Thia ...

Cerise écoutait la jeune fantome l'observant doucement, elle semblait à peine moins agée qu'elle, comment pouvait-on mourir à cet age?
La dryade repensa a celui qu'elle avait aimé et un air mélancolique balaya son visage.
Pourtant aux souvenirs évoqués par Aèla elle se mit à sourire, un spectre ne restait pas sur terre sans raison, celle qu'elle avait devant elle avait dû omettre quelque chose en mourrant.

L'amour ou l'amitier....c'est donc cela qui la retient ici.....comme j'aurais aimé qu'il en soit de même pour Thorus....

Elle secoua la tête et se reprit, elle ne devait pas penser ainsi, si Thorus était devenu spectre cela aurait signifié qu'il n'avait pas trouvé le repos et c'était pire que tout.
Cerise écouta les question d'Aèla et sourit d'un air d'excuse:

C'est a toi de trouver les réponses à ces questions c'est d'ailleurs peut-etre ce qui te retient parmi les vivants, je ne peux t'aider c'est a toi de chercher, mais si tu veux mon avis, si tu te rappelle de cette Thia ce n'est pas sans raison...

Invité

Oui, tu as raison, les réponses à mes questions sont en moi ! Mais tu sais, avant de te rencontrer, je n'avais pas pleinement réalisé que j'avais des questions ... Tout ceci est nouveau pour moi.

Aèla s'écarte de la jeune dryade et s'approche des arbres. Elle tend la main et, comme elle s'y attendait, celle-ci traverse l'écorce sans la toucher. Les feuilles, les fleurs, les herbes ... Rien n'a plus de texture pour elle. Elle se retourne avec un sourire mélancolique vers Cerise et hausse les épaules dans un geste d'excuse.

Cela te paraîtra étrange, mais je me sens un peu comme un nouveau né, je ne connais pas l'univers dans lequel je viens d'être envoyée. Même s'il y a des réminiscences comme le nom de Poudlard, comme les mots, comme les chants. Seul son visage et son nom me semblent un point d'ancrage réel, c'est à ça que je dois m'accrocher.

Elle reste un moment immobile, son image dansant au gré du vent, perdue dans ses réflexions.

Je suis morte dans une clairière. Ils voulaient me faire du mal. Elle est arrivée lorsque je rendais mon dernier souffle et sa présence a apaisé mon coeur. Elle ne parvient pas à surmonter sa peine et pourtant c'est grâce à elle si j'ai pu partir en paix, n'emportant de la vie que le plus beau et le plus doux. Je dois la voir. Et le lui faire comprendre.

Dans son esprit, les traits du visage se font plus précis et elle la visualise à présent avec sa robe de sorcière et son écharpe aux couleurs de ... Serdaigle.

Je sais qui elle est ! Cerise, je ne te remercierai jamais assez. Adieu. Préserve-toi de la tristesse : la vie est belle, l'amour le but ultime et la bonté son cheval ailé ...

Les paroles émanent des lèvres fines qui déjà ne sont plus qu'un vague halo. La présence s'efface de la clairière et la dryade peut s'en retourner à son osmose un instant troublée par le fantôme nouveau né ...

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