A GARDER La disciple (PV)

Le temps avait suivi son cours après l'incident qui avait mené Eloïse à l'infirmerie. Etait survenu aussi celui qui avait conduit Iridal à Ste Mangouste, le jour de ce fameux procès où une mangemorte du nom d'Akasha Kementari avait assassiné sa propre sœur en pleine salle d'audience ! Et Imbolc était déjà là, sans qu'Iridal ait pu rencontrer sa jeune disciple et faire le point sur tout ce qu'il s'était passé.

Si elle avait voulu m'en parler, je sais qu'elle l'aurait fait, elle aurait trouvé le temps pour le faire. Si c'est par manque de confiance, il faudra de toute manière y remédier. Je lui ouvrirai la porte, ce sera à elle de décider de la pousser ou non.

L'heure était venue de commencer l'apprentissage d'Eloïse Mona Cross. Iridal avait rendu visite à Eduenos et ensemble ils avaient conçu un petit bol d'argile.

Tu sais, Iridal, j'ai conçu le tien avec mon propre Maître, Narcyrrh. Un peu de sa magie coule en toi, que tu perpétueras en la transmettant à cette jeune fille, avec la mienne. Il est inutile de te dire que c'est une grande responsabilité que tu prends là. Les ténèbres avancent dans le monde des sorciers et notre communauté ne pourra plus très longtemps l'ignorer ni rester « discrète ». Certains d'entre nous servent déjà le mal et corrompent ce que la nature nous a offert. J'ai appris que Dark Schneider, l'un des plus anciens des nôtres, qui s'est détourné de la voie de la sagesse il y a très longtemps, avait lui aussi pris la décision de former trois adeptes. J'espère qu'en choisissant la tienne, tu l'a sondée suffisamment … Le pouvoir que tu lui transmettras est un pouvoir terrible, tu le sais.

Elle était certaine ... N'avait-elle pas plongé au coeur de son esprit ? Ce qu'elle y avait rencontré était certes troublant mais pur. Et son enseignement ne servirait à vrai dire qu'à canaliser ce qu'elle y avait trouvé.

Vêtue de sa longue robe blanche retenue à la taille par une ceinture de lierre, Iridal quitte son bureau à la nuit tombée. Elle porte un panier de jonc tressé avec quelques objets et descend tranquillement les escaliers qui la mèneront dans le grand hall. De là, elle passe la grande porte, traverse le parc et arrive en vue de la lisière de la forêt interdite. Ce soir, aucun danger ne rôde aussi y entre-t-elle d'un pas assuré, sachant pertinemment bien où elle doit se rendre. Nul doute qu'Eloïse trouvera le chemin par elle-même. Elle l'a prévenue en lui envoyant ce message accompagné d'un petit mot, sauf-conduit pour le cas où elle rencontrerait un préfet ou un professeur.

Et enfin elle pénètre dans le bosquet, lieu invisible pour tous les non initiés ...

Depuis qu'elle était sortie de l'infirmerie, laissant sa protectrice endormie aux bons soins d'une elfe dévouée, Éloïse n'avait pas fait grand chose... Elle était restée dans son dortoir, cachée par les rideaux de son lit, assise au bord du lac, contemplant l'immensité de cette eau si calme à l'extérieur mais pourtant si pleine de vie dedans, ou allongée sur l'herbe du parc de Poudlard... Elle s'était faite oubliée de tout le monde, ne souhaitant ni faire de nouvelles rencontres, ni parler de la pluie et du beau temps avec les élèves de sa maison qu'elle commençait à connaitre, ni parler des derniers évènements avec la directrice, ou avec Sabrina... Sa seule compagnie était un boursoufflet offerte par cette dernière, adorable et réconfortant, qu'elle n'avait trouvé sur son lit dans le dortoir, et qu'elle n'avait même pas pensé à baptiser...

Puis son temps de solitude fut écourté par le message d'Iridal, lui donnant rendez-vous pour la fête d'Imbolc, au coeur de la forêt interdite. En tant normale, la jeune fille qui n'était pas un modèle de témérité aurait été terrifiée à l'idée de se rendre là où règnent les loup-garous, les centaures au caractère explosif et les bêtes sauvages... Mais elle devait le retour à la vie à Iridal, qu'elle considérait désormais comme sa protectrice et qui avait juré de s'occuper d'elle, "comme de ma propre enfant" pour reprendre ses mots...

Elle sortit donc, la nuit venue, au moment où la lune avait atteint le grand chêne, depuis la fenêtre de sa salle commune, habillée simplement et n'emmenant rien d'autre que sa baguette et son sauf-conduit, sans se faire particulièrement discrète, mais néanmoins sans que personne ne la remarque à cette heure-ci, le coeur empreint de sentiments variés... L'appréhension et l'excitation qui se mêlaient comme à chaque grande découverte à faire, la détermination de ceux qui savent ce qu'il vont faire, qui savent qu'ils vont changer leur vie dans le sens qu'ils le souhaitent, la sérénité qui la comblait quand il s'agissait de faire ce pour quoi elle était faite, ou lorsqu'Iridal était avec elle... La sérénité était ce qui prédominait.

Marchant vers la forêt interdite, elle pris la décision de parler à Iridal, lorsque celle-ci l'y inviterait... Lui parler des derniers évènements ne serait sans doute pas agréable, mieux valait oublier, mais ce serait nécessaire... Iridal l'aiderait à y voir plus clair, à éclaircir les mystères qui restaient encore si brumeux, et à trouver une forme de communiquer avec ceux qui vivaient en elle, sans risquer à nouveau de se perdre...

Mais le moment était à la magie sylvaine, à son initiation puis son apprentissage... Avançant toujours à travers la végétation, elle aperçu Iridal dans un partie de la forêt qui semblait être remplie de magie pure. Elle était vêtue d'une simple robe blanche, cintrée à la taille par une liane de lierre, vêtue comme les prêtresses de l'île de Mona, dont ses parents aimaient à lui raconter l'histoire, et à qui elle devait une partie de son nom...

Sans un mot, elle rejoignit Iridal, choisissant de lui laisser la première parole pour ce soir...

En attendant la venue d'Eloïse, Iridal profite des quelques minutes où elle est encore seule. Bien entendu, elle est heureuse d'accueillir la jeune fille dans le bosquet aujourd'hui et elle vient ici très souvent. Mais un soir de rituel, la magie est à son apogée et la communion est intense. Elle caresse chacun des arbres qui entourent la clairière. A cet endroit, la forêt est très particulière : ce ne sont pas "que" des chênes ou "que" des hêtres ou encore "que" des bouleaux. Non, ici, chaque arbre est différent, comme si ils étaient tous représentés. Au centre de la clairière, un cercle de pierres élevées vers le ciel, une autre pierre placée comme une table. Elle s'approche de chacune et passe sa main amoureusement sur les surfaces polies par le temps.

Revenant vers la pierre centrale, elle lève le panier et le vide de ses objets avant de le mettre par terre. Il y a bien entendu les deux bols d'argiles mais également 4 petits sacs en toile : Iridal s'est levée plus tôt que d'ordinaire aujourd'hui et s'est rendue dans le parc de Poudlard pour rassembler les ingrédients nécessaires pour ce soir. Elle vide les sachets un à un : de la terre, deux petits bouquets floraux resserrés par de l'herbe, deux plumes et quelques peloches de poils d'animaux.

Souviens-toi Iridal, tout revient à la nature.

Elle sourit en repensant à Eduenos : combien de fois au cours de son apprentissage lui avait-il répété cette phrase, le fondement même de leur magie ? Lors de leur dernière entrevue, il a lui avait encore assénée, éclatant de rire en souvenir des années écoulées.

Un légère brise se lève et fait bruisser les feuilles : sans même regarder, elle sait qu'Eloïse est arrivée. La femme quitte le centre du bosquet et va à la rencontre de la jeune fille qu'elle embrasse sur le front, plongeant le translucide bleu de ses yeux dans les siens.

Bienvenue à toi, jeune apprentie. Je savais que tu trouverais facilement le chemin. Viens, approche. Je suis certaine que tu ressens la magie qui pulse autour de nous. C'est ... la source : le bosquet. Il en existe quelques uns en Grande Bretagne même s'ils accueillent de moins en moins d'adeptes.

Elle lui jette un regard en coin alors qu'elles avancent toutes deux vers la table de pierre.

Nous avons encore un peu le temps avant de pouvoir commencer. Peut-être souhaites-tu me parler, me dire comment va Ariane depuis la dernière fois où je l'ai rencontrée ?

Sa protectrice l'accueille à bras ouverts, déposant un baiser plein de chaleur sur son front. A ce moment Éloïse sent plus que jamais que sa place est ici, et que peut importe les évènements récents, elle ne peut être plus heureuse.

Le bosquet... Alors en effet l'endroit est plus magique que le reste de la forêt, et elle sait que ses sens en éveil, mais sans doute un peu trop enthousiastes, ne l'on pas trompé sur la puissance de ce lieu. Ce soir elle deviendra une apprentie mage sylvaine. Elle marchera dans les pas de cette femme qu'elle admire tant, et apprendra les secrets de la nature.

Mais alors qu'elles s'avancent vers la table de pierre, Iridal pose la question qui remet sa sérénité en doute... Non, elle n'a pas revu Ariane. Baissant la tête, un peu honteuse de ses piètres qualités de sorcière, elle avoue qu'elle n'a pas réussi à la contacter...

Je ne l'ai pas revue... Je voulais... Je veux dire que j'ai besoin de ses réponses, il y a encore tant que je veux comprendre... Mais on dirait que ce n'était qu'un rêve... J'ai beau savoir qu'elle est là, je ne la retrouve pas... J'ai pourtant essayé... De méditer, de lui parler... Elle ne veut pas revenir...

Plus qu'un besoin de réponse, éloïse a besoin de parler avec Elle... besoin de Son amour pour combler celui qu'elle ressent pour Elle...
Mais cela elle ne peut l'avouer à Iridal...
Bien plus, elle ne peut se l'avouer à elle-même...
Elle ne peut avouer que la colère, la révolte qu'elle exprimait à leur rencontre, et le déni de toute relation entre elles s'est changé en l'amour d'une fillette à sa mère... Elle aime sa mère adoptive, l'a toujours aimé et l'appellera toujours maman. Mais est-ce de la trahison que de ressentir cet amour pour celle qui l'a mise au monde ? D'aimer une mère divisée en deux femmes, non, trois femmes à la fois ?
Elle Lui en veut de ne pas s'être montrée plus tôt, de ne pas lui avoir appris plus tôt qui elle était. Elle Lui en veut de tout simplement lui avoir dit, elle blâme le messager pour la douleur du message... Elle a tué, avant de naitre. Et maintenant elle Lui en veut de ne pas répondre à ses appels, de l'abandonner à ces mystères, de la laisser les gérer seule... Mais peut-être inconsciemment est-ce elle qui lui interdit l'accès à son coeur ?

Pourquoi est-ce si facile d'aimer Iridal comme une mère, de tout son coeur d'enfant, alors qu'elles n'étaient que des étrangères l'une pour l'autre il y a si peu de temps ?
Et pourquoi est-il si difficile de donner le nom de mère à celle qui lui a donné le jour, et qui vit au plus profond de son âme depuis sa naissance, la guidant dans ses pas chaque jour de sa vie ?

Les paroles d'Eloïse ne l'étonnent pas plus que ça. Elle ne s'attendait d'ailleurs pas vraiment à ce que son dialogue intérieur s'établisse vraiment aussi vite. A en croire ce qu'elle a perçu, quelque chose à précipité la révélation et il faudra longtemps pour que la "cohabitation" soit acceptée par la petite fille. Ses questions étaient plus pour lui permettre d'aborder le sujet si elle le souhaitait. Son arrivée à l'infirmerie reste tout de même un mystère pour la directrice, ainsi que la présence de la jeune Gryffondor. Mais Iridal se refuse à la forcer à parler. Avec le temps, Eloïse n'aura plus de secret pour elle et il est inutile de la brusquer, les réponses viendront toutes seules.

Il faudra cependant que l'enfant parvienne à faire la paix avec son propre esprit. Et ça, elle seule pourra y arriver. Iridal lui lance un regard énigmatique, se demandant si elle doit intervenir et essayer de l'aider ou si elle doit la laisser se débrouiller seule ?

Un petit coup de pouce ... Ce ne serait pas le faire à sa place, simplement lui montrer une voie qui s'offre à elle pour y arriver. Elle a d'ailleurs commencé à l'emprunter mais la méditation ne porte pas tous ses fruits en même temps et de la même façon, ici l'introspection devra être profonde. Je lui proposerai plus tard.

Eloïse ... Tu auras tes réponses. Je sais que tu es capable d'ouvrir ta perception. Tu devras juste être très patiente. Je sais que ton enthousiasme et ta jeunesse te pousseront encore souvent à être impatiente, mais tu apprendras à gérer ce trop plein d'énergie d'autres façons.

Veux-tu me dire autre chose ou souhaites-tu attendre la fin de notre première leçon pour le faire ?

Patiente... C'est justement ça qui est dur !

Elle le sait, que son problème est qu'elle veut des réponses maintenant... A la fois elle presse son corps pas encore habitué à la méditation, et elle presse son esprit, encore à peine remis de son voyage périlleux... Mais allez dire à une petite fille que les réponses ne viendront pas maintenant, et qu'il lui faut apprendre la patience... Et autant à 14 ans certains sont déjà presque adultes, autant Éloïse, elle, tant pas son caractère inné que par la présence de Liam en elle, est encore et restera pour longtemps une petite fille.

Continuer à parler ? Cela pourrait remplir une conversation de plusieurs heures, ce qu'elles n'ont pas le temps de tenir, et malgré toute son envie de continuer à lui parler de ces présences en elle, de ce don de médicomagie qu'elle doit développer, mais qui lui fait peur maintenant qu'il ne vient pas d'elle et qu'elle a failli se perdre totalement en l'utilisant, et de Sabrina dont elle n'a aucune nouvelle et dont le petit mot laissé lui fait peur, elle sait que parler sans finir serait une frustration de plus, qui l'empêcherait de se concentrer pour son initiation... Elle refuse poliment, mais veut être sure que l'invitation durera :

Je crois que j'ai tellement de choses à dire et à demander que commencer maintenant serait une erreur... Cette nuit est celle de la magie sylvaine, que je veux vraiment découvrir.
...
Mais si vous voulez bien m'écouter une autre fois... J'ai tellement besoin de vous !

La dernière phrase est sortie toute seule, et déjà Éloïse la regrette. Bien sûr, ce n'est que le fond de sa pensée, la vérité pure et dure... Mais la directrice de Poudlard a bien d'autres choses à s'occuper que des états d'âme d'une fillette, et elle ne veut pas en demander trop à celle qui déjà accepte de la guider dans sa découverte d'une nouvelle magie, ni confondre protection et maternisme...

Puis elle relève la tête, ses joues perdant de la couleur rouge vif qu'elle ont pris rapidement à ses derniers mots, inspire une profonde bouffée d'air, et sourit. Elle est prête...

Iridal sourit en entendant les dernières paroles de la jeune fille.

Je ne sais pas si tu as vraiment besoin de moi ou si tu as juste besoin de mettre tes idées à plat, bien au clair dans ton esprit. Alors tu as surtout besoin de quelqu'un qui soit capable d'écouter ce que tu diras. Ma porte t'est ouverte jour et nuit, tu ne devras jamais hésiter à la pousser pour quoi que ce soit. Et je ne parle pas de façon imagée : ce qui lie un maître à son disciple dépasse tout le reste, leur relation doit être basée sur la confiance et le respect mutuel.

Du bout des doigts, elle replace une mèche de cheveux d'Eloïse derrière son oreille et l'invite à franchir les derniers pas qui les séparent de la table.

Je vais maintenant accéder à tes souhaits et nous allons commencer. Tu as pu t'en rendre compte, la magie de cet endroit est pure. Elle est présente dans chaque atome d'air, chaque feuille, chaque perle de rosée dans l'herbe. Lorsque tu es arrivée tout à l'heure, plus que le bruit de tes pas, ce sont les arbres qui m'ont prévenue de ta présence : dans ce bosquet, tu verras les arbres les plus majestueux qu'il t'ait jamais été donné de contempler, la vie qui les habite est palpable. Tu auras sans doute aussi remarqué que cette clairière est un cercle parfait. Tout comme le cercle de pierre en son centre.

Le cercle, le cycle : celui de la vie, celui des saisons, celui de ton sang qui parcourt tes veines, celui de la lune, celui de l'eau … Le cercle est infini et tout revient à la terre dont tout nait.

Délicatement et avec beaucoup de tendresse elle soulève un des deux bols d'argile et le tend à Eloïse.

Tiens, celui-ci est pour toi. Je l'ai créé avec mon Maître, Eduenos. J'espère que tu le rencontreras un jour : c'est un homme d'une grande sagesse. Tu as déjà vu le mien et tu avais déjà perçu à l'époque qu'il en émanait une aura particulière. Tant que ta volonté à utiliser ta magie restera pure, il restera intact, presqu'indestructible. Régulièrement, tu devras reprononcer ce vœux de pureté en revenant ici ou dans un autre bosquet et recréer le cercle. C'est ce que nous allons faire ce soir : la première fois pour toi mais tu ne dois avoir aucune crainte, je veux que tu vives ce moment pleinement car il sera unique dans ta vie.

Tout en parlant, Iridal a séparé les ingrédients en deux parts égales et la douceur de son visage ne fait que s'accentuer avec la sérénité qui l'emplit.

Tu répèteras mes mouvements et mes paroles. Ne t'inquiète pas quant à la prononciation ou quant aux mots que tu perdrais en route. Saches que notre tradition est essentiellement orale, accessibles aux seuls initiés, et qu'il n'existe pas une incantation précise pour ce que nous allons faire. Le plus important est ton ressenti plus que l'exactitude des paroles.

Es-tu prête, Eloïse Mona Cross ?

Iridal la regardait avec indulgence, mais ses mots trahissaient le fait qu'elle ne comprenait sans doute pas... Pour n'importe quelle petite fille ayant été si perturbée qu'elle en si peu de temps, elle avait raison... Mais Éloïse était encore plus petite qu'une petite fille... Depuis toujours elle avait été dépendante de sa mère et de son père... Elle aimait la compagnie des plus vieux, qui la protégeaient et l'instruisaient... Elle n'avait jamais quitté sa famille, et par manque d'argent ils vivaient le plus souvent les uns sur les autres, dans de petites maisons... Elle se retrouvait seule, sans sa famille, pour une année entière, dans un vieux château...
Non seulement elle avait besoin d'Iridal en tant que conseillère et support, en tant qu'instructrice et maître mage sylvaine... Mais elle avait besoin surtout d'une présence adulte à ses côtés... Elle avait besoin de sa mère, qu'elle n'avait pas !

Puis elles avancèrent toutes deux de quelques pas, et enfin, tout commença... Je sais bien, je l'ai déjà dit tellement de fois... Éloïse avait eu ce sentiment à de nombreuses reprises... Lorsqu'elle avait appris, quasiment par hasard qu'Iridal était mage sylvaine, lorsqu'elle s'était présentée à son bureau, juste avant de frapper, lorsqu'elle avait eu l'acceptation de la directrice et était sortie du bureau avec un rendez-vous pour Imbolc, lorsqu'Imbolc était arrivée et qu'elle avait reçu le message d'Iridal, lorsqu'elle était arrivée dans la forêt... Mais maintenant, ça commençait. Vraiment !

Quelques explications sur la tradition orale des mages sylvains...

Ah ! C'est pour ça que même grand-père, qui sait tout, a pas pu me dire tant que ça sur la magie sylvaine, et que je trouvais rien dans les livres !!!

Comme les druides avant eux, les mages sylvains ne révélaient leurs secrets qu'entre eux, et à leurs apprentis...

"De bouche de druide à oreille de druide", disait Panoramix...

Que personne ne croit que cette pensée exprime un quelconque manque de concentration de la part de la fillette ! Au contraire. Même en cours, où elle est généralement réputée pour être une élève attentive, elle n'a jamais prêté tant d'attentions aux paroles d'un professeur. Mais les enfants, pour absorber des idées abstraites, ont besoin de références concrètes...

Quand Iridal lui demanda si elle était prête, alors que ce sentiment de commencement d'un nouveau monde se faisait de plus en plus fort en elle, Éloïse répondit d'à peine un murmure... non par manque de confiance en elle, par appréhension ou quoi que ce soit, mais parce qu'elle sentait que la nature se réveillait pour ce moment, et elle ne voulait pas la déranger...

Oui, je suis prête.

Une nouvelle brise vient caresser leur visage et soulever leurs cheveux, apportant à Iridal le murmure d’Eloïse. Petit à petit, elles n’entendent plus, ne voient plus, leurs mains ne touchent rien, leurs narines ne leur offrent plus les senteurs de la forêt. Ce ne sont pas ces sens là qui fonctionnent, ici et maintenant, même si leurs doigts plongent dans la terre pour préparer la première offrande.

Le bol est sur la table de pierre, la main gauche d’Iridal juste à côté. Sa main droite est posée sur la terre que le bol contient. Ses yeux sont fermés et qui la verrait l’imaginerait comme transportée dans un autre monde. La vérité n’est d’ailleurs pas bien loin, simplement dans l’autre sens : elle n’est pas dans ce monde, ce monde est en elle. Son essence coule dans ses veines, partant de sa paume ouverte sur la terre et remontant dans tout son corps, le parcourant jusque dans ses moindres atomes pour revenir à la table, qui luit maintenant doucement de la lumière de la lune.

De la terre émanera la source, de la source émanera la vie par l’eau charriée !

Les doigts saisissent les bouquets et les déposent là où la terre a maintenant disparu. La paume recouvre à nouveau le bol et le bruissement des feuilles emplit la clairière, allant crescendo pour accompagner une symphonie de senteurs florales et un tourbillon de couleurs.

De la terre et de l’eau émanera la flore, de la flore émanera l’élixir !

Les doigts se referment à présent sur un ensemble de poils aux textures diverses qui prennent leur place à leur tour dans le bol, sous la paume ouverte. Des craquements secs, des yeux translucides qui apparaissent, de faibles gémissements et des grognements sourds, une odeur musquée.

De la terre et de l’eau émanera la faune, de la faune émanera la chaleur !

Les doigts soulèvent la dernière offrande, une simple plume perdue (perdue, vraiment ?) par un des représentants de l’air. Un chant mélodieux s’élève : celui de mille voix d’oiseaux.

De la terre et de l’eau émanera l’oiseau, de l’oiseau émanera le vent !

La symphonie est à son paroxysme, il n’a jamais rien existé de si beau, il n’existera jamais rien de si beau, depuis la nuit des temps, jusqu’à la fin des temps.

Iridal commence à faire des gestes d'offrande, à toucher, ou plutôt à caresser la terre... éloïse la suit. C'est une sensation incroyable. Elle sait ce qu'il faut dire ou faire sans en avoir été informée, et ne s'en étonne même pas... Les mots et les gestes viennent à son esprit seuls, et son esprit y répond comme s'il n'y avait rien de plus normal...

En même temps, ses sens sont particulièrement en éveil... Elle sent le vent, elle sent l'odeur de la forêt humide de nuit, elle entend le bruissement des arbre et la respiration des animaux autour d'elle... Elle fait partie de la forêt, mais en même temps elle est seule avec Iridal dans un monde coupé de tout... L'impression est étrange, incroyablement calme et agréable, situation sereine... Elle est en harmonie avec la nature... La vraie harmonie. Celle dont on ne parle pas. Celle qu'un mot peut briser mais qui est aussi si solide qu'elle restera gravée en elle à jamais... Elle est entrée dans le cercle de la forêt, celui des mages sylvains, et déjà elle sait qu'elle va changer sa vie...

Les mots sont superflus, et pourraient briser l'instant présent. Ainsi ceux qui lui viennent à l'esprit n'en sortent pas. Elle se contente de penser, comme doit le faire Iridal à côté d'elle... Répétant les gestes que celle-ci fait, sans pratiquement les voirs, en n'écoutant que ce que l'instinct lui dit de faire, elle psalmodie par la pensée les paroles rituelles...

De la terre émanera la source, de la source émanera la vie par l’eau charriée !

De la terre et de l’eau émanera la flore, de la flore émanera l’élixir !

De la terre et de l’eau émanera la faune, de la faune émanera la chaleur !

De la terre et de l’eau émanera l’oiseau, de l’oiseau émanera le vent !

La femme et l'enfant restent un long moment les yeux fermés debout devant la table d'offrande. Un murmure tout d'abord quasi inaudible émane de l'espace autour d'elles. A moins que ça ne soit dans leur esprit ? Leurs paupières se soulèvent lentement et elles ne sont plus seules humanoïdes autour de la table. Des dizaines et des dizaines de sorciers sont à leurs côtés : des femmes, des hommes, des créatures, de tous âge et, à leurs vêtements, de toutes époques. Une femme, en particulier, attire l'attention d'Iridal : elles se reconnaissent et se sourient. Ici, il n'y a plus la barrière de la langue et elles se comprennent.

Vivalys ... Je savais que je vous avais vue ailleurs que dans ce tableau de l'infirmerie ... Inutile de vous présenter mon apprentie, vous étiez avec moi ce jour là. Et vous êtes là aussi, Pellias ... Ainsi Poudlard a déjà eu un mage sylvain à sa tête ... Pellias Lyme ... Vous revoir ici tous les deux, par delà les frontières du temps m'emplit de joie.

Son regard glisse alors sur une toute jeune fille à la longue chevelure d'écorce et à la silhouette évoquant aussitôt pour elle une liane. Elle n'était pas là la dernière fois. Elle a l'air un peu perdue, en même temps elle sait que c'est sa place. Une dryade s'approche d'elle et l'enlace pour la mener à la table sous les regards émerveillés d'apprentis un peu plus âgés qu'Eloïse.

Le Château aurait-il une dryade en son sein, sans que nous ne nous en soyons rendu compte ? Elle vient de s'éveiller à sa condition, dirait-on.

Non loin de là où les deux dryades se trouvent, une place libre. On dirait que c'est un puits qui absorbe la lumière et les occupants de la clairière prennent bien soin d'en rester le plus loin possible. Iridal fronce les sourcils. Là se tenait autrefois celui dont son maître lui a parlé, celui qui a tourné le dos aux voeux qu'il a prononcé, l'homme à la longue chevelure blanche et au charisme indéniable.

Petit à petit, les voix s'estompent et les silhouettes ne sont plus que l'ombre d'elles mêmes. Bientôt, il ne reste plus qu'une femme et une enfant sur ce plan temporel.

Comment te sens-tu Eloïse ?

Quand elle ouvre à nouveau les yeux, qu'elle avait fermé pour mieux ressentir le calme qui l'entourait, elle est entourée d'une foule de sorciers, et de jeunes enfants de son âge ou légèrement plus vieux...

Une femme sourit à Iridal qui lui rend son sourire. Elle sent que les deux femmes se connaissent, elle sent qu'elles se parlent, à travers leurs esprits.
A côté, une femme dont la physionomie étrange rappelle celle des arbres qui les entoure, rapelle à éloïse les livres qu'elle a tant dévoré. Une dryade ! Emmerveillée, éloïse ne peut quitter du regard cette reine du royaume sylvestre, magestée des végétaux, de la forêt, de la nature entière...

Puis lentement, et un par un, ils s'en vont, devenant transparents puis quittant leur vision. Iridal et la petite fille reviennent dans le monde réel, dans le temps présent. Et éloïse comprend que quelques instants auparavent, autour de la table, se trouvaient tous les membres du règne sylvestre. Tous ceux qui un jour ou l'autre ont ressenti le fort lien avec la nature, en ce même lieu...

Un murmure lui parvient aux oreilles, et la ramène à la réalité. La voix d'Iridal. éloïse prend une grande inspiration pour répondre, et sa voix habituellement impatiente, rapide, curieuse, s'est teinté du même calme chaud que celle de sa protectrice...

Je crois... Je crois qu'en réalité je ne me suis jamais sentie aussi bien...

Elle n'a pas besoin d'en dire plus, cette sensation ne peut mieux s'expliquer. Et elle sait qu'il y a longtemps, Iridal également a ressenti cette même sensation. Un renouveau...

S’il te fallait encore une preuve, cette voie est faite pour toi : on ne la choisit pas, c’est elle qui nous choisit. Tout au plus avons-nous le choix de l’accepter. Tu as vu la même chose que moi n’est-ce pas ? Je vais t’en dire plus bien que je pense que tu as compris l’essentiel. Il y a tout de même quelque chose de totalement exceptionnel qui a eu lieu, quelque chose de rare : nous avons eu une vision d’un futur plus ou moins proche. Vu son âge, je dirais assez proche …

Iridal reste pensive un moment, songeant à ce que signifie cette vision pour le petit monde de Poudlard, se demandant un moment si elle doit en dire plus à son apprentie.

Ici tu as vu nombres d’hommes et de femmes que tu peux considérer comme des « élus de la nature ». Comme toi et moi. Ils se sont tous trouvés ici, autour de cette table, à un moment donné, dans un passé plus ou moins lointain selon les cas. Deux visages ont pu te paraître familiers : ceux de Vivalys et de Pellias Lyme. C’est d’ailleurs un peu grâce à eux si tu es ici aujourd’hui. Sans eux, je ne serais pas parvenue à te ramener de ton introspection l’autre jour à l’infirmerie. Pellias a été directeur de Poudlard voilà plusieurs siècle et Vivalys son apprentie. Bien qu’elle ait rapidement dépassé son maître. Tu remarqueras que malgré son imposante puissance, elle est toujours restée humble.

Ce n’est pas le cas de tous les sorciers que compte notre cercle. Tu as vu probablement cet espace d’où émanait un mal certain … Il arrive que certains d’entre nous se laissent corrompre par la sensation de pouvoir que nous apporte notre magie. Ils l’utilisent à des fins maléfiques et ne rendent plus hommage à la terre pour ce qu’elle nous offre chaque jour. Tels sont les nécromants et je souhaite que jamais tu n’en rencontres. Ils ne sont pas tous mages sylvains à la base bien entendu. Mais ceux-là n’appartiennent plus à notre communauté, ils lui ont tourné le dos et nous ne les reconnaissons plus comme faisant partie des nôtres. Un de ces mages se reccueillait dans ce bosquet, voici quelques centaines d’années. Aujourd’hui encore, il défie la vie et la plus élémentaire de nos lois en étant toujours vivant et en disséminant une forme pervertie de non mort à des êtres qu’il ramène à un simulacre d’existence. Je ne veux pas te faire peur, je veux juste que tu saches que nous ne sommes pas parfaits et que certains tombent en se laissant tenter par les sirènes de la puissance.

Revenons-en à quelque chose de beaucoup plus gai veux-tu ? Les choses que nous voyons lors des rituels sont généralement des choses passées. Il arrive cependant que nous soyons amenés à voir une chose qui a toutes les probabilités d’avoir lieu. Une jeune fille de cette école était présente. Tu la connais probablement, c’est la préfète de Serdaigle, Cerise Owlspell. Il est vraisemblable qu’elle ne savait rien de sa nature et qu’elle vient de le réaliser. Ce que tu as vu, c’est ce qu’il se passera à Beltane ou peut être à Lughnasadh. Samain me paraît trop lointain … Tu as vu une dryade, Eloïse. Elles ne sont pas rares, mais restent le plus souvent cachées dans leurs bois. Celles qui en sortent sont généralement confondues avec des humaines. Il y a de fortes chances qu’elle te reconnaisse pour ce que tu es, une élue toi aussi. L’avenir nous dira quelle sera votre rencontre.

Iridal est parcourue d’un frisson. Elles sont dans la clairière depuis de très longues heures et un froid piquant commence à se faire sentir. Elle pense également aux peu d’heures de sommeil qu’il leur reste avant l’aurore.

Notre première rencontre touche à sa fin même si je sais que tu aurais voulu en apprendre beaucoup plus encore. D’ici à la prochaine, je voudrais que tu réfléchisses à la notion de cercle et que tu parcoures le parc et les montagnes autour de Poudlard à la recherche de ses représentations. Tu peux revenir ici autant qu’il te plaira bien entendu, pour autant que tu gardes avec toi le parchemin que je t’ai envoyé et qui t’en donne le droit vis-à-vis des autres professeurs. Cependant, prends bien garde de suivre exactement le chemin que tu as pris pour venir ce soir. Ici tu ne risques rien et sur ce chemin non plus, mais les créatures de la Forêt Interdite ne te connaissent pas encore.

A présent les offrandes sont terminées, la séance est levée, et l'heure de parler de ce qui a été vu est venu... Eloïse a un bon nombre de questions, mais Iridal, ayant sans doute eu les mêmes questions avant elle, ou se souvenant de son enfance et des mystères qu'elle fait naitre dans les esprits, répond à la plupart d'entre elles, avant qu'elles ne soient formulées...

Alors sa vision était réelle, elles ont partagé le même instant avec les mages sylvains de cette forêt, et du passé... La femme qui paraissait si proche d'Iridal, avec qui elle a échangé un long regard, et paraissait communiquer, est celle qui l'a sauvé... Non. Cette femme elle ne la connait pas. Si elle a aidé, c'est bien, mais c'est Iridal qui l'a sortie de son gouffre. Elle ne doit la vie à personne d'autre.

Les explications qui suivent sont sombres... Eloïse, élevée parmi une famille attachée et attachante, protectrice de ses enfants, a toujours vécu loin de la guerre. Si elle était loin, tant mieux. Si la guerre était proche, comme finalement c'était souvent le cas, suivant son père dans les relations et conflits internationaux, alors on l'éloignait en n'en parlant pas. Pour elle, celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom n'est qu'un personnage presque fictif qui n'intéresse que les journaux, l'actualité, la politique. Toutes ces choses dont elle a été écartée depuis toujours... Eloïse n'a jamais connu la guerre. Elle est d'autant plus épargnée de ce fléau que sa naïveté naturelle l'empêche de penser à mal. Pour elle comme pour les autres. Ainsi le petit discours d'Iridal qui impressionnerait n'importe quelle enfant a bien plus d'effet sur Eloïse, qui se met à frissonner, le froid et la fatigue de cette heure tardive venant s'ajouter à l'inquiétude causée par ce sombre monologue...

Puis enfin, Iridal lui explique ce que faisait ici cette dryade, qu'elle a reconnu grâce à ses lectures assidues du monde sylvestre. Une élève qui se transforme... Une élève, dryade !

Alors elle va à l'école ? Avec moi ? Je connais une dryade ?

Eloïse brille de son émerveillement d'enfant. Les dryades... Ces créatures mythiques qui font rêver tous les sorciers... Et elle en cotoye une tous les jours, dans son école... Elle se jure de la rechercher, de lui parler, si elle le peut, si elle n'est pas trop intimidée... Iridal lui aurait appris qu'elle connaissait une déesse ou une véritable vélane que son excitement aurait été bien moindre... Une dryade ! Ca c'est la classe !

Puis Iridal met fin à leur première "leçon" en lui donnant des devoirs... Des balades, des reflexions sur la nature... Ces devoirs seront un plaisir... s'ils ne sont pas interrompus par des élèves apportant avec eux un lot d'aventures, comme sa première séance de méditation...

Tournant son regard, qui avait été capté par tant de choses autour d'elle, vers Iridal, elle lui répondit :

Comptez sur moi. Je veux apprendre, comprendre, et je ferai ce que vous dites... J'aurai toujours le papier sur moi... Mais... Ca veut dire qu'in jour les créatures qui vivent ici me connaitront ? Et que je pourrais me promener dans la forêt ?

Cette dernière question n'était peut-être pas propice... Elle avait oublié qu'elle se trouvait en présence de la directrice de Poudlard, et qu'il s'agissait de la forêt appelée interdite...

C'est pas que je veuille désobéir, hein ? C'est juste que... Il doit y avoir tellement de choses merveilleuses, comme cet endroit, dans la forêt... Non ?

Oui, Eloïse, elle est à Poudlard et je pense que tu la reconnaîtras sans difficultés. Elle devrait vraisemblablement ressentir quelque chose à ton égard d'ailleurs ...

Iridal rassemble les quelques éléments épars qu'elle replace dans le panier et dépose délicatement la main sur l'épaule de son apprentie, qu'elle pousse doucement vers la sortie du bosquet.

Je sais que tu veux apprendre, Eloïse, la soif de savoir s'inscrit sur chacun de tes traits. Tu as tellement de choses à voir que cette soif n'est pas prête de s'éteindre, crois-moi.

Les paroles qui viennent ensuite lui donnent envie de sourire mais il lui faut se rappeler de son rôle. Secondaire dans sa relation avec la fillette, mais son rôle tout de même.

Mon enfant, il y a effectivement des choses merveilleuses dans cette forêt mais beaucoup sont dangereuses. Même pour moi. Il y a ce sentier et ce bosquet qui sont vraiment très particuliers et où tu es assurée de ne courir aucun danger. Nous nous y rendrons toutes les deux un jour, mais ce n'est pas pour tout de suite.

Viens, il nous faut regagner le Château à présent.

D'une légère poussée dans le dos, elle fait avancer Eloïse devant elle sur le chemin du retour. Imbolc est terminée.

Théodore venait de finir son voyage intemporel à travers l’Ether quand il se dirigea vers la lisière de la forêt. Il faisait toujours attention de ne pas attirer l’attention des étudiants et de ses collègues de Poudlard. A part Nox, nul ne connaissait sa véritable origine. Il aimait ce moment d’évasion, le seul moment qui permettait de se libérer physiquement et psychiquement de ses obligations matérielles.
Il se dirigea calmement vers le dernier arbre de la forêt interdite quand le murmure du vent, le parfum de la forêt et l’écho de l’exaltation le submergèrent.
Il tourna, se retourna, essayant de trouver, de découvrir la source, l’origine de cette béatitude.
Il allait s’en aller quand il aperçut enfin une forme, une créature, un être humain.
Il lança son esprit à la rencontre de la personne qui venait à sa rencontre.
Il pénétra facilement la surface et trop aisément en profondeur.
Un enfant. Et pas n’importe lequel, miss Cross.
Il était étonné qu’un tel état de plénitude se dégage d’elle. Il se cacha précautionneusement derrière un chêne centenaire, et légèrement il imposa son absence à la jeune fille. Elle passa à moins de deux mètres de lui sans le remarquer. Il aurait pu être devant elle, elle ne l’aurait pas remarqué, mais avec une telle atmosphère, il ne fallait pas tenter le diable.
Il connaissait une ou deux raisons pour que naisse une ambiance sylvienne. Mais il fut étonné que l’étudiante en soit l’origine. Le maître ne devait pas être trop loin.
Il sourit à l’évocation de cette remarque, son premier devoir aurait été de découvrir la vérité et de le dire au SMS, mais pas ce soir.
Ce soir, il laisserait la magie des lieux faire son œuvre, il respira à plein poumon cette joie de vivre, ce bonheur partagé. Il laissa l’étudiante prendre de l’avance et disparu à son tour vers Poudlard.
Mais se promit de suivre l’évolution de ce futur maître.

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