Salle d'expériences n°5 : la salle des prophéties

Pour Eilane, directrice du département des mystères, la salle des prophéties était la pièce la plus importante, et la plus passionnante du département. Cela s'expliquait sans doute par le fait qu'elle-même avait eu affaire autrefois à une prophétie la concernant !

Elle aimait à se promener dans cet endroit poussiéreux, rempli d'immenses étagères, toutes encombrés de globes renfermant les prophéties.
Parfois, elle en ouvrait un et écoutait son contenu, essayant de le déchiffrer.

Cet endroit servait avant tout de débarra car les prophéties n'avaient pas toujours besoin d'être étudiées. Mais certaines d'entre elles, toutefois, retenaient toutes l'attention des "langues-de-plomb" qui ne cessaient de les écouter encore et encore, tentant de les décortiquer et d'en comprendre la moindre subtilité, jusqu'à les savoir par coeur !

Eilane était entrée dans la salle des prophéties sans vraiment savoir ce qu'elle y cherchait. Son intuition lui avait dit d'aller à cet endroit là, comme si elle pensait pouvoir y trouver un quelconque trésor.

Elle marchait tranquillement dans les allées, regardant machinalement à droite et à gauche, déchiffrant les noms étranges qui étaient assignés aux différents globes.

Elle avait espéré en arrivant au département des mystères, que cette salle lui apporterait certaines réponses à ses questions... entre autre la raison pour laquelle Voldemort tenait tant à s'en prendre à la famille Howlermann... Mais elle avait du se rendre à l'évidence : aucune prophétie n'avait été faite sur cette famille !

Soudain, elle s'arrêta, perplexe, devant une étagère. Un globe, à peu près à hauteur des yeux, portait l'inscription suivante :

A.P.A à E.D.S.
Véronica Echolls et "les mangemorts"

Par Morgane... E.D.S ? Eilane Dierna Snake ! Comment ai-je pu oublier cela ?

Elle se souvenait à présent de cette mystérieuse femme qu'elle avait rencontré un soir aux Trois Balais et qui lui avait fait cette si étrange prémonition... A l'époque, Eilane ne savait rien de Véronica Echolls. Mais la prophétie était très claire : la jeune femme, une mangemort, allait se retourner contre ce clan et donner le nom des mangemorts qu'elle avait côtoyé aux autorités. C'était cela, plus que le changement d'avis lui-même, qui avait fait entré Voldemort dans une rage folle.

C'est pour cette raison qu'elle est morte, à cause de cette prophétie... Alors Enora n'a pas tout à fait tort, j'en suis en partie responsable ! se murmura-t-elle à voix basse.

C'était à Eilane à qui on avait fait la prophétie, et c'était elle qui en avait rapporté les paroles à Voldemort lui-même.

Elle se remémora ensuite sa seule et unique rencontre avec Véronica. Elles ne s'étaient jamais vues auparavant mais Eilane l'avait croisée à Pré-Au-Lard juste avant qu'elle ne se rende à la cabane hurlante.

Juste avant qu'elle ne se fasse attaquer !

Cela n'expliquait pourtant pas le dernier souvenir d'Enora, celui contenant le tatouage d'Eilane... Quelqu'un avait, semble-t-il, essayé de piéger la semi Vélane en inculquant ce souvenir dans la mémoire de la jeune femme.

Jamais je n'aurais montré cette marque aussi imprudemment à une femme que je ne connaissais même pas et en qui je voyais une future traîtresse ! continua-t-elle en chuchotant.

Il faut que je parle de cette prophétie à Enora... Elle a le droit de savoir !

Elle s'était mise à faire les cents pas, comme à chaque fois qu'elle réfléchissait.

Mais je ne peux même pas l'approcher pour le moment... Maudit soit ce satané William !

Après avoir écouté le contenue de la prophétie, elle sortit finalement de la salle, sans savoir exactement encore ce qu'elle allait faire.

Gabriel arrive dans la salle numéro 5, la salle des prophéties.
De tous les départements du ministère, celui des mystère est celui qu'il aime le moins.
Il a déja eu l'occasion de s'y rendre, quelque fois, à chaque fois accompagné de divers langue-de-plomb, mais aujourd'hui il est seul.

Il parcoure cette sale qui lui fait froid dans le dos, elle est pareille à une bibliothèque isolée, ne renfermant que des paroles du passé.
Les nombreuses rangées se succèdent, Gabriel marche lentement.
Tout ministre qu'il est, il n'est pas rassuré.

De temps en temps, il entend quelques bruissements d'étoffe, indiquant la présence de quelques lange-de-plomb mais cela ne l'empêche pas de ressentir un profond sentiment de solitude.

Il cherche la rangée qui l'intèresse. Une fois qu'il l'a trouvée, il parcoure la rangée et s'arrête enfin devant un petit globe en verre, entouré de fioritures en or.
Il connaît ce globe, il se rappelle.

Tout lui revient en mémoire peu à peu. Ses yeux se mouillent.

Sur le globe il est inscrit : La malédiction de l'homme loup.

Eilane était revenue, quelques jours après sa terrible découverte à propos de Véronica Echolls, dans la salle des prophéties au département des mystères.
Tout comme la dernière fois, elle ne cherchait, à première vue, rien de bien particulier, mais lorsqu'elle aperçut le ministre lui-même, dans une rangée, en train d'observer l'un des globes de verre, elle réprima une exclamation de surprise et s'avança dans sa direction.

Je me demande ce qu'il peut bien faire ici, lui qui a, jusqu'alors, si peu gratifié de sa présence ce département.

Mr le ministre ? Puis-je vous êtres d'une quelconque utilité ?

Sa voix chantante résonna dans la vaste salle, faisant relever la tête des langues-de-plomb qui travaillaient non loin.
Elle afficha un sourire amical en s'approchant de Gabriel.

Gabriel sursauta lorsque la voix d'Eilane résonna soudain dans la salle des prophéties.
Lorsqu'il la vit arriver, il essaya tant bien que mal d'essuyer la larme qui roulait sur sa joue.

Il s'en voulut d'avoir sursauté pour si peu.

Lorsqu'elle fut proche de lui, il remit la prophétie à sa place sur l'étagère.
Mais comme ses yeux brillaient encore de quelques larmes, il préféra continuer de regarder l'étgère quelques instants.

Bonjour Eilane, non, je ne crois pas que vous puissiez m'aider, malheureusement.

Se retourne vers elle, les yeux encore humides,

Mais je crois que je vais devoir m'en aller...

Même si Gabriel ne pleurait plus lorsqu'Eilane arriva à sa hauteur, son regard insaisissable trahissait une profonde mélancolie qui réveilla la curiosité de la semi Vélane.

Vous pouvez rester si vous le souhaitez !

Sa voix était calme et amicale et son sourire sincère. Son regard se posa sur la prophétie que Gabriel venait de reposer sur l'étagère.

"La malédiction de l'homme loup", lut-elle à voix haute, comme si elle se parlait à elle même.

Elle fixa à nouveau le ministre d'un air intrigué.

De quoi traite cette prophétie ? Je n'ai pas encore eu le temps de toutes les répertorier, il y en a tellement, et je ne me souviens pas en avoir déjà entendu parler !

Gabriel, qui s'était déja retourné pour partir, sarrête dans son mouvement lorsque Eilane continue à lui parler.
Là aussi, il ne se retourne pas directement, ces bras sont le long se son corps, ses poings serrés.

Il parle en tournant légèrement la tête

Cette prophétie est assez méconnue Eilane, elle traite de choses sombres et oubliées. Je ne sais pas si le fait de les ressasser est une bonne chose...

Il se tourne et regarde Eilane d'un air sincère lui aussi. Il veut lui faire comprendre qu'il n'a absolument rien contre elle mais que ce petit globe fragile recèle bien plus qu'une prophétie.

La prophétie de l'homme loup doit être oubliée...
Ces sombres paroles doivent demeurer dans les noirceurs de ma mémoire seule...

Dois-je comprendre que cette prophétie vous a été faite à vous même, Mr le ministre ?

Eilane se mordit les lèvres en sachant très bien que si sa curiosité se faisait trop remarquer, Gabriel risquait de mal le prendre. Elle ajouta tout de même :

Pardonnez moi d'insister, mais cette prophétie s'est elle accomplie ou est-elle encore d'actualité ?

Ce n'était pas un hasard si Eilane avait demandé cela. Elle ne connaissait pas des centaines d'hommes capables de se transformer en loups et elle savait Ethan poursuivit par les foudres de Voldemort, ce qui en faisait presque un être maudit ! Elle pria intérieurement pour que cette prophétie n'ait rien à voir avec le jeune auror et attendit la réponse du ministre.

Non, Eilane, cette prophétie ne porte pas sur moi.

Gabriel hésite quelque peu mais finis par dire

Elle ne porte pas sur Ethan non plus.

Cette prophétie a été faite il y a longtemps, très longtemps, je n'étais moi même pas encore né.
Elle s'est réalisée à présent.

Gabriel contracte ses poings et serre les dents

Et personne ne peut plus rien faire pour inverser le cours des choses.

A présent, oubliez tout ce que je viens de vous dire.
Tout çela appartient au passé, et çela doit y rester.
Je n'aurais pas du venir ici...

Aurevoir Eilane...

Eilane faillit s'effondrer lorsque Gabriel lui avait annoncé que la prophétie ne le concernait pas. Mais il avait ajouté presque aussitôt qu'elle ne portait pas sur Ethan non plus et le coeur d'Eilane avait repris son calme.

Alors l'issu de ce combat n'est pas écrit... tout peut encore changer !

Alors qu'elle pensait cela, elle remarqua à quel point le ministre semblait désarmé et triste. Elle ne savait comment elle se devait de réagir. Cet homme était son supérieur mais elle le connaissait à peine et ignorait s'il avait confiance en elle ou pas.

Mr le ministre, loin de moi l'idée de vous faire remémorer encore des souvenirs qui semblent douloureux, mais je maintiens que si vous avez besoin de parler ou besoin d'aide, vous ne devriez pas hésiter à venir me voir !

Gabriel s'arrête, se retourne. Il sourit péniblement à Eilane et lui dit

Je crains malheureusement que personne ne puisse m'aider Eilane.
Quant à votre proposition de parler, je saurai m'en souvenir.

Merci...

Il repart, il a besoin d'être seul, il a besoin de réfléchir.

Invité

Ania entra dans une pièce un peu sombre. C'était la première vers laquelle elle s'était dirigée après être sortie du bureau de sa toute nouvelle directrice.
De longues allées d'étagères s'étendaient dans la pièce et elle s'approcha de la première qui lui faisait face. De petits globes renfermant une étrange fumée. Elle caressa l'un d'eux. De la poussière s'accrocha à ses doigts.

Voilà donc à quoi ressemblent des prophéthies... pensa-t-elle, un peu déconcertée. Elle avait imaginé quelque chose de beaucoup plus impressionnant...

Elle rit intérieurement tout en avançant à travers les longs rayonnages. Elle s'arrêta près de certains, lorsque les noms écrits dessus lui venaient à l'esprit. Alors, une envie folle lui prenait de briser les globes. Une envie qu'elle avait grand mal à contrôler...
Mais bientôt, une des petites boule qui trônait dans la pièce attira son attention par son scintillement plus fort que les autres...
Quelques initiales y étaient inscrite, des initiales qu'elle ne comprenait pas. Mais le plus troublant était qu'elle était apparemment liée à celle-ci... Car le "titre" de la prophétie était : La famille Hileston et le serpent. Un titre qui la laissait perplexe. Un serpent? Quel serpent...
Elle saisit le globe, le porta au dessus de sa tête, à bout de bras, mais ne put la lâcher.

En ais-je le droit? se demandait-elle.

Elle reposa le globe à sa place et s'en éloigna. Elle sortit de la pièce. Elle devait voir Miss Snake, car elle avait trouvé son premier sujet de travail...

Invité

Ania était revenue dans la salle des prophéties quelques heures avant la réunion qu'avait prévu sa directrice, Eilane Snake.
Elle ne savait pas encore à quoi s'attendre, mais ayant une petite idée derrière la tête tout de même, elle s'enferma dans la pièce.

Collaporta! s'exclama-t-elle intérieurement, avant de se diriger vers le rayon où elle avait vu pour la première fois la prophétie. Elle chercha quelques secondes avant d'appercevoir le globe qu'elle observa plus longuement que la dernière fois.
La sphère était brumeuse mais lumineuse dans la pénombre de la pièce. Les beaux yeux d'Ania s'y reflétaient et elle observa de grandes cernes sous ceux-ci.
Elle souleva le globe et le laissa tomber au sol. La petite sphère éclata en morceaux et une forme vaporeuse s'éleva du point d'impact.

"Ceux qui se sont jadis trompés, disait le "spectre",
Apprendront bientôt la vérité.
Les liens sacrés seront brisés,
Et la véritable cible dévoilée.
Le serpent de nous savons qui
Tuera ou sera tué à Minuit."

La jeune femme écarquilla de grands yeux. Cette prophétie avait été faite quelques semaine. Et elle lui donnait ce qu'elle cherchait depuis tant d'années...
Elle se laissa glisser à terre et essya quelques instants de reprendre ses esprits et ses yeux se posèrent sur sa montre.

Bientôt l'heure!

Elle se releva et nettoya les morceaux de verre sur le sol. Elle sortit de la pièce et se dirigea silencieusement vers la salle de réunion, s'empressant d'y rentrer en appercevant David.

Pour la seconde fois depuis son retour en Angleterre, Eilane pénétra dans la salle des prophéties. Il y faisait sombre et un silence de mort y régnait. Ania avait déjà déserté le département des Mystères. Quant à Eric, s'il se promenait dans la salle, ce devait être très loin de là où Eilane se trouvait car elle ne sentait aucune présence humaine et rassurante autour d'elle.
La gorge serrée, elle se remémora sa dernière visite en ce lieu. Ethan vivait encore alors et son coeur s'était allégé lorsqu'elle avait eu la certitude qu'aucune prophétie ne le concernant n'avait été faite...
Mais il était mort pourtant. Elle l'avait perdu parce que le destin en avait décidé ainsi, prophétie ou pas...

Je ne devrais pas penser à ça !

La semi-Vélane avança dans les allées poussiéreuses. Le manque de lumière lui permettait à peine de lire le titre des différentes prophéties. Elle savait qu'elle devait en premier lieu chercher des renseignements sur celle concernant Ania, mais autre chose occupait son esprit.
Un bruit de verre brisé craqua sous ses pas. Elle sortit sa baguette et la pointa à ses pieds.

Lumos

Un globe avait été brisé, relâchant à jamais ce qu'il contenait...

Ania...

Eilane ramassa les débris, hors d'elle à l'idée que l'une de ses employés avait sans scrupules détruit un objet de recherche.
Brusquement, la semi-Vélane releva la tête. Il faisait toujours sombre, mais elle aurait juré qu'une lumière vive avait, pendant un instant, illuminé l'étagère de la rangée suivante. Elle contempla le verre écrasé au sol.

Qu'elle aille au diable !

Un second flash la fit lever la tête si vite que son cou fut parcourut par une fulgurante douleur. Elle attendit que son mal passe, puis se redressa et s'approcha de l'endroit d'où était provenu la lumière.
Le faisceau fluorescent de sa baguette balaya l'étagère. De nombreux globes y étaient entreposés mais un seul attira son attention et elle crut un instant que son coeur allait s'arrêter de battre.
Aucun initial ne figurait sur son étiquette et seul un titre indiquait son contenue : "Prophétie des Anciens"

Par Morgane...

Eilane tendit une main tremblante vers le petit globe mais ne s'en empara nullement. Son bras était secoué d'affreux tremblements. Jusque là, elle avait toujours imaginé que cette prophétie avait disparu après son accomplissement... Mais la voir ici... Si jamais quelqu'un réalisait qui elle désignait ?

Non c'est impossible, bien sur. Personne ne pourrait savoir !

Les paroles de la prophétie lui revenaient doucement à la mémoire tandis qu'elle essayait, avec une conviction faiblissante, de les évincer de son esprit :

"Celle par qui le sang du Seigneur des Ombres coulera,
Sur son trône de Ténèbres, le nouveau Lord elle accompagnera.
Qu’ils soient tous deux victimes ou meurtriers
Dans le sang ils sont liés à la même lignée."

Il faut que je parte d'ici... immédiatement ! se dit-elle à elle-même sans réussir pour autant à quitter l'endroit.

Le tremblement avait à présent affecté tout son corps, les souvenirs de ce jour-là affluaient, puissants, graves.
Eilane grimaça lorsqu'une terrible douleur lui tenaya le ventre.

Oh non !

Elle s'écroula par terre à côté de l'étagère, les bras serré contre elle, le ventre comme pris dans un étau.

Par Morgane, je vous en pris, laissez vivre mon enfant !

La douleur passa un peu. Juste assez pour qu'Eilane arrive à se calmer. Sa respiration redevint lente, les battements de son coeur arrêtèrent leurs saccades. C'était fini.
Les prophéties avaient orchestré sa vie : celle à propos de son père, celle qui avait poussé Voldemort à tuer l'Elu, celle sur la soeur d'Enora... et même celle qu'elle avait entendu après la mort de Kaliya... Pas étonnant qu'elle ait fini par travailler au département des mystères !

La mort de Kaliya...

Ses sourcils se froncèrent. Elle n'avait pas vu le globe contenant cette prophétie sur les nombreuses étagères, mais il y était, indubitablement. Que disait cette mélopée déjà ? Et à qui s'adressait-elle ?
En un éclair, Eilane comprit. Elle ne se souvenait pas clairement des propos, mais elle savait qui cela concernait.
Caressant son ventre de sa main droite, le regard ambré devenu maternel, elle pria tout doucement. Elle pria pour que cette prophétie soit un don du ciel et non pas un nouvel obstacle envoyé par les ténèbres. Elle pria pour que quelque chose d'aussi bénéfique que possible protège à jamais son enfant... Par delà l'espace et le temps...

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HJ/ PV David Neilson /HJ

La salle des prophéties.
Cela faisait un temps fou qu'Eilane n'y avait plus mis les pieds. A dire vrai, cela faisait un temps fou qu'Eilane négligeait un peu trop son travail.
Il fallait qu'elle se reprenne !

Il était un peu moins de 6 heures de l'après-midi quand elle s'était finalement décidée à aller fureter dans les salles d'expériences pour mettre à jour les archives du département des Mystères.

Un calepin sous le bras, elle marchait d'étagères en étagères, cherchant les dernières prophéties à avoir été entreposées là et celles, plus anciennes, que personne n'avait encore pris la peine de répertorier ; notant au fur et à mesure leur nom et ce dont elles traitaient.
Parfois, elle s'arrêtait carrément, actionnait l'un des petits globes et écoutait la prophétie qu'il contenait pour la retranscrire dans son entière exactitude.

Les langues-de-plomb semblaient se faire rares, si bien qu'elle crut, pendant un long moment, être seule dans la salle, jusqu'à ce qu'elle réalise qu'une seconde personne bougeait un peu plus loin, dans une allée adjacente à celle qu'elle arpentait elle-même.

Marchant un peu plus vite, elle se dirigea vers l'endroit d'où provenaient les bruits de pas. Un sourire s'afficha sur son visage lorsqu'elle comprit quel était l'employé en face d'elle.

Bonsoir, Mr Neilson.

Invité

Il n'avait rien à faire là. David avait deux salles à étudier, et la salle des prophéties n'en faisait pas partie. Mais il l'avait aperçue sortir de cette salle, un jour. Et depuis, il passait plus de temps ici que dans ses salles d'expérience. Il ne travaillait plus. Il n'en avait plus le courage, plus la force, et travailler lui paraissait long, fatiguant, impossible.

Il était donc là, dans la salle des prophéties, en train d'arpenter les étagères, et c'était ainsi depuis trois heures déjà. Et pourtant, il ne prêtait aucune attention aux globes sur les étagères. Il les voyait sans les voir. Il avançait dans le noir. Il pensait, oui, il pensait. C'était peut-être la seule chose de correcte qu'il arrivait à faire, d'ailleurs.

Penser... A son père, à sa soeur, à sa mère, à elle. Cette année n'avait pas été de tout repos. Il avait perdu sa soeur. Ensuite son père. Et, il y a quelques mois, il avait perdu Ania. Il avait supporté la mort de sa soeur, même si c'était la personne la plus importante pour lui - après Ania. Il avait supporté la mort de sa soeur, même si ça l'avait brisé. Il l'avait supportée, grâce à Ania, entre autre. Ensuite son père... Il ne s'attarda pas sur cette pensée-là, son père l'avait déçu et... Non, il n'était décidément pas prêt à affronter ses pensées pour son père. Ania avait été le coup en trop. La mort qui n'aurait jamais dû arriver. La fin.

Depuis l’autre réunion (il ne se souvenait d’ailleurs pas vraiment comment elle s’était terminée, il n’avait plus été qu’un fantôme, sûrement. Un fantôme perdu dans le bruit, un fantôme perdu dans la vie), il se contentait de survivre. Se lever, ne manger qu’un minimum, boire parce que c’était nécessaire. Se laver, se raser quand il le fallait vraiment (heureusement pour lui, ce matin il l’avait vraiment fallu), aller au travail mais ne pas travailler. Il n’était pas devenu alcoolique… Il n’était pas devenu drogué… Il n’était absolument rien.

Les larmes ont coulé… Les premiers mois. Maintenant, il était vide. Peut-être qu’il n’était pas si détruit que ça : après tout, il trouvait bien le courage d’aller au travail, non ? Vous vous trompez. Il était plus que détruit. Son appartement n’était pas plein de souvenirs d’elle. Mais le ministère en était plein. L’Atrium… Le dernier tête-à-tête, il avait été dans cet Atrium. Dès qu’il entrait dans le département des mystères, il s’apprêtait à la voir. Ne serait-ce que la voir… La première fois qu’il était entré dans la salle des prophéties, il avait eu l’impression de sentir son parfum…

Il n’y arrivait pas. Il n’arrivait pas à oublier, il n’arrivait pas à tourner la page, il ne pouvait se reconstruire après avoir tout perdu… Il lui restait son grand frère. Grand frère qui n’avait pas le temps d’être toujours présent. Lui qui finalement avait toujours tout eu – sauf peut-être sa mère, lui qui avait toujours tout eu, a fini par tout perdre en quelques semaines. Il avait fait certaines choses qu’il ne comprenait pas. Son père… Il ne comprenait pas. Certaines choses étaient arrivées sans qu’il n’ai pu les expliquer, sans même qu’il n’ait essayé… Ania…

Il était faible. Ses yeux ne brillaient plus. Le terme de fantôme était peut-être mal choisi. « Faible » était un mot trop faible. Il n’était absolument rien.

Un bruit… Une voix… Il ne s’était même pas rendu compte qu’il n’était pas seul. Il leva les yeux vers sa directrice. Essaya d’esquisser un sourire ; mais tout ce qu’il réussi à faire ressemblait plus à une grimace qu’à un sourire. Alors il abandonna.

Bonsoir, Mlle Snake

Il sursauta. Sa voix, rauque... Sonnait bizarre. Il n'avait plus parlé depuis tellement longtemps. Il ne doutait cependant pas du fait que c’était bien sa propre voix : Il était seul avec sa directrice, et personne n’aurait répondu à sa place.

Je n'ai rien à faire ici, j'en suis conscient mais...

Sa voix se brisa.

Il n'avait franchement pas l'air dans son assiette, le jeune Neilson. Eilane le contempla, intriguée d'abord, inquiète ensuite.
A la réflexion, elle ne l'avait plus revu depuis longtemps, depuis...

L'annonce de la mort d'Ania...
La naissance de Cassandra.

Sa gorge se serra. Pourquoi fallait-il qu'après tout ce temps, elle ressente toujours un tel chagrin en pensant à cette journée qui aurait pu, dans d'autres circonstances, être la plus belle de sa vie ?

En y réfléchissant, elle se rappelait à présent que David avait paru anormalement troublé, lors de la réunion, quand elle avait dû dévoiler à ses employés qu'Ania Hileston était décédée.
Qu'y avait-il vraiment eu entre ces deux employés ? Eilane était alors trop perdue dans ses propres problèmes pour s'en inquiéter. Les choses avaient-elles changées aujourd'hui ?
Pas vraiment... Pas du tout même...
Ce n'étaient plus les même soucis, mais elle avait tout simplement réussi à s'en créer d'autres... A croire qu'elle ne pouvait avoir une vie normale, calme et joyeuse... C'était sans doute le lot de quiconque était capable d'aimer un monstre !

Les langues-de-plomb peuvent aller de salles d'expériences en salles d'expériences et peu importe qu'à la base ce ne soient pas celles auxquelles ils ont été assignés...
J'aurais tendance à penser que c'est la curiosité qui vous a mené ici... Et la curiosité est un élément utile pour un chercheur...

Et un élément dangereux, à bien des égards, également.

Vous semblez fatigué, Mr Neilson.

Fatigué n'était pas forcément le mot juste, mais Eilane n'en trouvait pas d'autre convenable en cet instant.

Je ne voudrais pas me montrer indiscrète, mais... Est-ce que tout va bien ?
Je comptais mettre à jour le registre des prophéties. Accepteriez-vous, puisque vous êtes ici, de m'aider à le faire ?

Invité

La curiosité ? Pas vraiment. C'était sûrement le fait que cette salle était souvent vide... C'était le souvenir d'Ania, qui était constant dans cette salle. Mais laisser Eilane croire que c'était la curiosité lui convenait. La contredire serait inutile, donc. Alors il acquiesça. Il semblait fatigué ? Il l’était. Il était fatigué, d’avoir trop pleuré d’abord, et de ne plus savoir pleurer ensuite.

Je le suis.

Trois petits mots. Prononcés d’une voix vide. C’en était presque inquiétant, d’ailleurs. A l’entendre parler, à le voir, même, on aurait une seule envie : Lui foutre des dizaines de baffes pour le réveiller. Le monde tournait encore, il était encore en vie, il était jeune, beau, il avait toute la vie devant lui. De quoi s’amuser, faire la fête, sortir et faire des conneries. Mais il était là, au ministère, le ministère était presque devenu sa maison, d’ailleurs. Il était donc là, au ministère, à broyer du noir, à ne parler que d’une voix vide, avec des yeux éteints.

Si tout va bien ? Non, ça ne va pas. En fait, rien ne va. Hier soir, je me suis rendu compte… Qu’à la mort de ma petite sœur, je m’étais promis de changer quelque chose…

Eilane, qui est la ‘femme’ de Voldemort, n'est pas vraiment la personne à qui se confier. Mais, il le faisait, car de 1, il ne savait pas que c’était une Mangemort, et de 2, elle lui avait posé la question, et, même si au départ, il avait eu l’intention de lui sortir un sourire forcé, et répondre « Tout va bien », les mots étaient sortis tout seul. Ces mots qu’il gardait en lui depuis tellement longtemps. Ces mots qu’il devait dire, un jour ou l’autre, parce qu’ils le détruisaient de l’intérieur.

... De devenir membre de l’Ordre du Phénix, pourquoi pas. Tant que je pouvais lutter contre le mal. Ca sonnait idiot, ‘lutter contre le mal’, ça sonnait plein d’espoirs, illusionné. Mais pourtant c’est ce que je m’étais promis. Je m’étais promis de ne pas regarder les gens se battre, en restant sans rien faire. De regarder des innocents mourir sans réagir. Ensuite, j’ai appris que mon… père était celui qui… Avait tué ma petite sœur. Ce qui s’est passé ensuite…

Les mots se bloquèrent dans sa gorge. Que dire ? « J’ai tué mon père sous le coup de la colère » ? A sa directrice ? Alors qu’on est juste en dessous des bureaux des aurors ? Non. Pour la deuxième fois de la soirée, sa voix se brisa. Il se reprit bien vite :

... Je ne me souviens plus très bien. Tout est flou, jusqu’à l’annonce de la mort d’Ania. Je me rends compte… Je ne sais même plus comment elle est morte. Mais le fait est qu’à son âge, on ne meurt pas comme ça. On ne peut pas mourir du jour au lendemain. On ne peut pas se faire tuer par un quelconque monstre, pour rien. Elle n’avait rien fait, c’était l’innocence même… Et pourtant on l’a tuée.

C’est ce qu’il se répétait depuis des jours, des semaines, des mois.

Et pourtant je ne fais rien. Je ne me bats pas. Je ne change rien. Je ne me suis jamais battu, je n’ai jamais rien changé, et pourtant j’aurais dû être là pour elle… J’aurais dû la protéger. Et me dire qu’un innocent est en train de mourir, quelque part, alors que moi je me lamente… Ca me désole.

Il se reprit lorsqu’il se rendit compte de ce qu’il venait de dire. La question qu’Eilane avait posé après son « Est-ce que ça va ? » lui revint soudainement en tête, aussi. Il s’éclaircit la voix, avant de répondre précipitamment :

Ce serait avec plaisir. Même si je ne l’ai jamais fait auparavant.

Il n'avait pas franchement le choix, en plus. Il pouvait difficilement dire non à sa patronne.

A présent, l'inquiétude se lisait clairement sur le visage de la semi-Vélane. Une inquiétude réelle, sincère et non une de ces inquiétudes polies que la plupart des patrons affichaient en voyant l'un de leurs employés toucher le fond.

La source de cette inquiétude, par contre, était sans doute différente de ce qu'elle pouvait laisser croire.
David devait s'imaginer qu'elle se souciait de lui, de son état, de sa santé...
Ce n'était pas si simple...
Comme il avait déjà été dit, rien ne serait jamais simple pour Eilane.

Certes, elle n'était pas sans coeur, et la mort d'Ania l'avait bouleversée, elle aussi, même si elle avait dû en être à l'origine. Aussi comprenait-elle la réaction de David, en tenant compte du fait que lui et Ania étaient certainement plus proches qu'elle ne le croyait.
Mais c'était surtout du fait d'entendre parler de l'ordre, de la lutte contre le mal et de toutes ces choses là qui avait fait naître l'inquiétude dans le regard et sur le visage de la semi-Vélane.

Que pouvait-elle répondre à cela ? Je suis désolée ? Elle l'était, sincèrement, malgré tout ce qui la séparait des gens comme David. Mais ça ne changerait rien à la souffrance du jeune homme.
Elle était responsable. Combien de vies avait-elle pris au cours des années ? Combien de personnes avait-elle rendu malheureuses en leur ôtant un proche ?

Soudain nauséeuse, elle avait l'horrible sensation, l'effroyable impression, de se détester de tout son être.
Elle voulait voir les choses changer, mais le pouvaient-elles encore sans que tout tourne à la catastrophe ?
Elle n'était pas prête à payer le prix ultime, à voir Voldemort mourir pour que la guerre s'arrête.
Il devait y avoir une autre solution... Il y en avait forcément une autre.
Sans qu'elle y prenne garde, sa main se posa sur son ventre, tandis qu'elle sentait justement l'enfant bouger.

Deimos. Ta naissance puisse-t-elle apporter ce changement...

Vous n'auriez sans doute rien pu faire, Mr Neilson, affirma-t-elle la gorge serrée, alors qu'elle reprenait ses esprits. J'ignore comment Ania est morte, mais il me semble évident que si vous aviez été là, vous auriez certainement subi le même sort qu'elle... Et cela ne lui aurait pas été utile !
Vivez. Profitez de chaque instant comme si c'était le dernier. C'est ce qu'elle aurait voulu. J'en suis certaine.

Eilane essaya d'esquisser un vague sourire. Mais elle avait la douloureuse impression qu'il sonnait faux.

J'apprécie que vous acceptiez. Et vous verrez, ce n'est pas une tâche très fastidieuse. Cela devrait vous changer les esprits et je ne crois pas que cela puisse vous paraître très difficile.
Venez, nous allons commencer par l'allée adjacente.

Elle l'entraîna dans le méandre des étagères jusqu'à un endroit où les globes semblaient plus poussiéreux, ce qui devait sûrement signifier soit qu'ils étaient très vieux, soit, tout simplement, que personne, encore, ne les avait manipulé depuis leur arrivée dans les Mystères.

» Salle circulaire
» Salle de discussion.