Apparence trompeuse ! (Pv Aisling)

Je retenais, le professeur Kalyll fut bien avisé de m’avertir, que ma formation à Poudlard était compromise au fait qu’elle ne me correspondait pas et que l’école était en danger. Lui comme moi ne savait pas vraiment quel danger planait sur l’école mais il était de très loin factice. Ne sachant pas à quoi nous avions à faire, je décidais d’agir à la normale, pour paraître inaperçu. Pour ce que ça vaut.
Entrainement à gogo et méditation dans les coins de nature ou autour du feu de ma salle commune, j’essayais de ne pas attirer le regard sur moi et cela avait l’air de marcher. Avait l’air … Je ne souhaite pas devenir parano avec toute cette histoire.
Après le repas de midi, je pris la direction du troisième étage vers le portrait de la vieille Damara Dodderidge. Je voulais un endroit complètement isolé où personne ne me dérangerait.

- Le mot de passe jeune homme ?

Pour une première fois, j’avais espéré moins professionnel comme approche mais bon, si la situation l’exigeait.

- Côte de porc ?

- Vous trouvez ça drôle ?

- Désolé, je voulais dire : « étoile filante ! »

- … C’est bon pour une fois !

Je ne pris même pas la peine de répondre que je m’engouffrais sur le chemin pour aller à la tour de l’horloge. L’endroit était désert à mon grand soulagement. Je me mis derrière les vitres de l’horloge pour observer les élèves, le paysage. Mon pays me manque, tout cela me semble si lointain …
Je pris mon pendentif dans la paume de ma main gauche, ma famille me manquait terriblement. Quand soudain, le bruit d’une planche céda.

Déambuler, marcher, se promener, errer. On peut appeler ça comme on veut, mais Aisling en avait marre. L'euphorie du début était maintenant passée. Quand l'annonce de l'arrêt des cours avait été faite, elle avait cru à une blague tout d'abord puis à un miracle ensuite. Ne pas être obligée de rester vissée sur une chaise toute la journée et pouvoir explorer chaque recoin du château, du parc, des environs, un véritable rêve. Et puis finalement toutes les bonnes choses ont une fin, on se lasse. Aisling en était arrivée là. Depuis qu'elle s'était levée, elle avait squatté pendant deux bonnes heures la grande salle, s'empiffrant plus que de raison au petit-déjeuner, puis elle s'était dirigée vers le parc histoire de prendre un peu d'air. Elle avait ensuite enfourché son balai et s'était envolée pour une longue balade revigorante. La sang et or s'était finalement pris la pluie cinq minutes après être montée sur son balais. Trempée et rageuse, la Gryffondor s'était finalement réfugiée dans le château, tordant cheveux et vêtements pour ôter le surplus d'eau.

* C'est pas possible, le monde est contre moi aujourd'hui ! Je commence à en avoir ras-le-bol de ces sorciers à la manque. J'étais censée apprendre à devenir une vraie sorcière, connaître les sorts, potions et autre machins magiques plutôt chouette. Au lieu de ça je me transforme en serpillère ! *

Ses pas rageurs l'emmenaient peu à peu dans les étages supérieurs et elle dû s'arrêter un instant pour reconnaître l'endroit où elle se trouvait.

* Troisième étage, ma foi, pourquoi pas *

Elle connaissait chaque recoin de chaque salle, de chaque couloir mais elle ne s'était attaqué au troisième étage que récemment. Il lui semblait que sur sa gauche se trouvait l'horloge. Personne si ce n'est les rats ou les fantômes ne viendrait la déranger ici, exactement ce qui lui fallait mais encore fallait-il qu'elle trouve le chemin.

* Après le troisième banc en bois, sur la gauche, puis la statue bizarre. Deuxième porte, oui je coirs que c'est ça, je ne dois pas être ...*

- Mais qu'est-ce que … @#!*%µ¤ !!!

Trop occupée à chercher l'horloge, la Gryffondor n'avait pas fait attention à l'endroit où elle mettait les pieds et une planche avait cédé. Elle se retrouvait maintenant bloquée jusqu'à la cuisse, sa jambe ayant carrément traversé le sol. Maudissant sa maladresse légendaire, l'Irlandaise fit quelques tentatives pour se dégager mais en vain. Arrêtant de gigoter en tout sens, elle se rendit compte que ce coin n'était pas du tout fréquenté donc peu de chance de trouver de l'aide.

- Et ben ma vieille, il va falloir que tu te débrouilles maintenant.. Foutu planche pourrie, c'est pas possible ça !

Je songeais encore à ce monde partant en vrille. Lorsque je vis la demoiselle coincé dans le plancher qui lui-même menaçait de céder, j’avais envie de la laisser là où elle était. Ce n’était pas une envie profonde de la voir mourir que j’éprouvais, juste l’expression la plus sincère de l’indifférence, à l’égard de ce monde et de ses habitants, que j’éprouvais. Aussi, mon faciès n’exprima aucune surprise quelconque lorsque sa venue intrépide venait bousculée mon moment de solitude.
Je me levais de la fenêtre où je m’étais installé.

Le monde est vraiment pourri …

Je songeais à tout ce que j’avais perdu et gagner en venant ici. Privé d’une mère que j’adulais contre l’aversion la plus maladive envers moi et le monde magique auquel je faisais partie par mon père.
Je marchais en direction de la fille ne prêtant pas attention au plancher menaçant de céder sous mon poids et de laisser basculer cette fille dans le vide.
Plus le temps passait dans ce château plus mon passé me revenait. C’était le fait que le professeur Kalyll plusse mes soupçons que mon regard sur la situation actuelle changeait peu à peu. Puis, en voyant ce que devenait Dakeyras, des brides de mon passé me revenait. Avait-il un jour été aussi sombre ?
Je n’entendais rien, ni le plancher sous mes pas, ni les avertissements de la fille. Mes pensées m’obnubilaient l’intégralité de mon attention et mes traits devaient être d’une dureté implacable. Pourtant, prenant appui sur une rambarde en bois où je bloquais l’un de mes pieds, j’étendis mon corps dans le vide qui se créait pour attraper la main de cette fille, devais-je perdre toute foi dans l’avenir ?

- Je vais te faire tirer de là.

De la main gauche, je sortis ma baguette pour lancer un : « Wingardium Leviossa » sur cette personne au trait délicat que je tenais fermement. Lâchant lentement ma main, je la levais pour la déposer soigneusement près de la fenêtre où j’étais installé plutôt. Je la rejoins en quelque mouvement pour me rassoir devant la fenêtre. Je me replongeais aussitôt dans mes pensées. Dakeyras ne cessait de me blâmer sur le fait que je reste neutre. Pourtant là est ma place dans ce monde de dingue. Et si jamais, en ces derniers temps, il avait raison ? Me laisserais-je aveugler par mon égo et toute cette colère en moi ?
Je n’avais pas envie d’une conversation, loin de là, mes pensées prenaient ces temps-ci une place considérable dans mon emploi du temps. Tout en regardant par la fenêtre les élèves qui allaient et venaient en tous sens, je pris néanmoins la courtoisie de me présenter.

- Je suis Blake Woods.

Et s’il avait raison …

Cette seule pensée ne quittait pas mon esprit. Peut-être qu’exceptionnellement je ne devrais pas rester neutre. Le seul problème se posant à moi était : Contre qui dois-je me battre ?

Aisling tentait encore de s'extirper tant bien que mal du trou dans le plancher qui s'était ouvert sous elle.

* Il serait peut-être temps de limiter les chocogrenouilles en fait * pensa la jeune fille avec un sourire amusée.

Un mouvement un peu plus loin attira son attention. Un Poufsouffle sortit alors de l'ombre. Une lueur d'espoir s'alluma dans les yeux de la jeune fille, finalement, elle n'allait peut-être pas passé tout l'après midi coincée entre le troisième et le second étage. Pas plus mal. Alors que son camarade s'avançait vers elle, elle commença à paniquer.

- Fais gaffe le plancher n'est vraiment pas solide. Enfin comme tu peux le voir, ajouta-t-elle avec un geste de dépit vers le trou dans le sol. Il doit être fragilisé tout autour donc pas de geste brusque par pitié, j'aimerais assez rester à cet étage si possible.

Le garçon sortit alors sa baguette et d'un coup de sort de lévitation, elle était tirée de son pétrin. Se maudissant intérieurement de ne pas avoir pensé à utiliser la magie pour se sortir de ce faux pas, elle remis un peu d'ordre dans ses vêtements, balayant ça et là des échardes et de la poussière accrochées à sa robe de sorcière, plus pour se donner une contenance que par réel soucis de sa tenue. La jeune fille avait toujours autant de mal à se faire à l'usage perpétuel de la magie par ses camardes. En tant que née-moldue, il était rare que son premier réflexe soit de tirer sa baguette pour lancer un quelconque sort. Elle avait pourtant accumulé une grande connaissance des sortilèges au fil des années, passionnée qu'elle l'était pour cette matière.

L'Irlandaise jeta un œil à la dérobée à son sauveur du moment. Depuis le temps qu'elle errait sans but dans les couloirs, elle mémorisait machinalement les visages des élèves de l'école de sorcellerie, plus par habitude que par réel intérêt. Le visage du jeune homme lui était pourtant parfaitement inconnu ce qui la perturba légèrement. Elle pensait avoir déjà vu tous les sorciers de l'établissement, visiblement, ce n'était pas le cas. Aisling le détailla alors légèrement, faisant preuve pour une fois d'un minimum de discrétion. Le jaune et noir semblait ailleurs, perdu dans ses pensées. La Gryffondor n'avait pas encore eut le temps de le remercier qu'il se présenta, semble-t-il à contrecoeur.

* Roh ça va, je ne t'oblige à rien … *

- Ais … Aisling Donnelly, enchantée ! Merci pour euh … pour ça, dit-elle en désignant le trou béant dans lequel elle se trouvait encore quelques instant plus tôt. Je pense bien que j'y aurai passé un bon moment si tu n'avais pas été là.

Blake fixait encore et toujours la fenêtre, observant d'un œil distrait le ballet incessant des élèves en contrebas. Aisling, mal à l'aise, ne savait que trop faire. Elle décida alors de se planter à ses côtés et de scruter elle aussi à travers la vitre.

- Qu'est-ce qu'il y a de si intéressant ? demanda-t-elle après cinq bonnes minutes d'un silence plutôt pesant.

La Gryffondor avait plus ou moins conscience qu'elle pouvait déranger son camarade en pleine réflexion/méditation, peu importe, mais sa sociabilité naturelle prenait le dessus. De plus, elle était encore gênée de la situation peu flatteuse qu'elle venait de vivre et tenait absolument à effacer ce qu'il venait de se passer.

» De profundis... *Lac* ( Aisling Donnelly)