L'heure des explications [PV Léocadie]

Après la réunion de l'AD, Jinx était encore marqué par les propos de certains membres de l'AD, en particulier ceux de Léocadie dont la bouche n'avait eut de cesse que de le ridiculiser devant l'assemblé. Cette fille avait un caractère encore plus trempé que celui de Jinx et tous deux dans une pièce ne pouvaient aboutir qu'à un conflit.
Le lendemain, il avait donc décider de s'expliquer avec elle et d'arriver à un arrangement pour éviter que leurs antipathies respective ne mette pas l'AD en péril avec un simple désaccord interne.
Il parla avec quelques élèves de Serdaigles qui lui dirent en secret qu'il la trouverait dans la forêt interdite pour quelque chose, mais les filles ne lui donnèrent pas plus d'explications, et cela n'était pas bon présage.

Il allât aussitôt après le repas dans la forêt dans l'espoir de la trouver. Il marcha sur la route principale puis négligemment la trouvât non loin du chemin, dans une petite clairière ensoleillé entrain de s'étirer. Les arbres n'étaient pas encore trop nombreux puisqu'ils n'étaient pas loin de la lisière et ainsi il pût admirer le joli corps souple et musclé de la jeune femme. Il s'approcha d'elle puis vînt à sa rencontre.

On m'as dit que je te trouverais ici, il est interdit de fréquenter la forêt mais l'aillant fait de nombreuses fois, je ne t'en tiendrais pas rigueur. Jinx s'assit sur une souche non loin de là et continua. Par contre, je voulais te parler de ce qui s'est passé quelques jours plus tôt à l'AD. Ta réaction m'as vraiment surpris et même si tu était en réelle désaccord, tu aurais du rester au lieu de partir sans même attendre la fin et t'entraîner comme tout le monde.
Jinx avait trouvé il y a peu de temps une petite plante dont les effets étaient semblable à ceux du tabac, ainsi sa dépendance était atténué et il mâchait l'herbe facile à trouver dans les serres du château, comme un chewing-gum.
Donc j'aimerais savoir simplement si tu as problème avec moi, et si oui lequel ? Parce que si on s'engueule tout le temps, on n'arriveras jamais à rien dans l'AD.

Jinx la regardait intensément, l'adolescente ne semblait pas très bien comprendre la venue de Jinx, ou trop bien peut-être ...

*Souvenir *

- Je savais que tu allais prendre ce chemin. Avoue que j’aurais été stupide de te chercher alors que je pouvais simplement attendre.

Je décoche un coup d’œil autour de moi, en quête d’une aide hypothétique. On se trouve à l’écart de la grande route et l’heure était bien trop matinale pour que des travailleurs propres sur eux passent à proximité. Je ne peux compter que sur moi-même pour me tirer d’affaire. Voyant mon malaise, il éclate de rire.

- Le moment est venu de tout régler. Dans les moindres détails. Tu vas commencer par me raconter gentiment ce que Loup sait de mes … activités puis je te tuerai. Vite, sans souffrance inutile. En revanche …

- Tu te répètes. Je t’ai déjà dit que je ne pouvais rien te dire.

- Et pourquoi ?
- Je n’arrive pas à parler quand j’ai la nausée et tu me donnes vraiment envie de vomir. Épargne moi donc tes discours inconséquents …

Je lui offre un sourire provoquant. Il blêmit.

- Tu es stupide.

Non. Je ne le suis pas. Je n’ai juste pas le choix.

- Venant d’un spécialiste de la question, le compliment me touche.

Avec un grognement de rage, il tire son coutelas et s’élance. Il est toutefois trop avisé pour que la provocation lui fasse perdre ses moyens et je ne discerne aucune faille dans sa garde. Très vite, je me retrouve débordée. Rompu au corps à corps, il est plus rapide, plus puissant, plus précis.

Dans les dix premières secondes, j’évite dix fois de justesse d’être égorgée et ne réussit pas à placer le moindre coup. Comparés à ceux de mon adversaire, mes gestes sont lourds et maladroits, j’enchaîne bourde sur bourde et, alors que je me retrouve acculée contre le mur, je comprends que c’est la fin. Seule la chance m’a permis de m’en sortir jusqu’à présent. La chance et le désir évident qu’il éprouve de lire la peur dans mon regard. L’envie de me voir m’effondrer. Le supplier du regard. Pleurer. M’abjurer. Je serre les mâchoires. Je ne lui offrirais pas ce plaisir.

La lame se promena sur ma main, dessinant une ligne rouge. Au même instant, son pied frappa mon genou avec violence. Je tombe sur le dos, veut rouler … mais son poids m’en empêche. Il m’assène une gifle violente, puis une deuxième qui fait danser des étoiles devant mes yeux. La lame est posée sur ma gorge. Aussi affuté qu’un rasoir.

*Fin du souvenir *

Sarouel de tissu noir. Tunique de coton blanc. Chignon de tresses entremêlées. Je fléchis la jambe gauche, tend la droite loin derrière moi puis écarte les bras, paumes tournées vers le sol. Je baisse la tête. Je n’éprouve plus aucune crainte. Les hommes sont ils capables de voler ? Je n’ai pas peur. Je me sens en harmonie avec moi-même. En harmonie avec la lumière automnale de cette fin de matinée. En harmonie avec Loup et sa confiance. En harmonie avec la terre. Lorsque je perçus l’infime craquement de brindilles précédant l’arrivée de Rowel, je m’empare de son rythme, entre dans son temps.

L’automne est arrivé. Tandis que le soleil raccourci chaque jour sa course, que les nuits s’offrent un moment de fraîcheur, la forêt se teinte d’or et de sang. Des rayons de soleil et une douce chaleur d’été indien trouble l’air en myriades de points scintillants. Alex avait raison de voir des fées là où je ne discerne que des grains de poussières et des insectes. Je me redresse. Je n’écoute que d’une oreille distraite ce que le préfet a à me dire, les yeux fixés sur l’écorce gris- bleu d’un saule papillon. Je fronce les sourcils puis déclare :

Ce n’est parce qu’on y croit que certaines choses finissent par exister.

Devant son air effaré, je me tourne vers lui avec un sourire éclatant puis, farfouillant le sol à la recherche d’un bâton de bois dur, je poursuis sur le même ton :

Je ne t’aime pas, Rowel. D’abord parce que je ne te fais pas confiance, quid d’un préfet qui fume, qui boit, qui courts les filles et qui passe son temps dans la forêt interdite peut se prétendre être un exemple pour sa maison, ensuite parce que tu fais preuve d’une intolérable prétention. Une prétention que je déteste viscéralement.

Et ce n’est pas tout. Je n’aime pas le regard condescendant que tu portes sur les plus jeunes recrues de l’AD. Ni celui, avide et fou, que tu as quand tu parles de l’affrontement avec l’ADT. Je n’aime pas non plus la façon ostentatoire que tu as de te déplacer, comme si tu voulais étaler à la face du monde ton statut d’anti héros et d’homme de main de Jimy et la supériorité que cela te confère.

Je trouve enfin ce que je cherche. Une longue tige de bois plutôt épaisse et poli. Je m’en saisis.

Non. Décidément, je ne t’aime pas. Et je ne parviens pas à maîtriser l’antipathie que tu m’inspires. L’entente cordiale brodée de banalités que tu espères n’existera jamais.

Un oiseau au plumage coloré déboule sur la piste, détournant notre attention et offrant un dérivatif à la tension qui palpite entre nous. Il resta un instant à nous contempler stupidement avant de faire volte face et s’enfuit de toute la vitesse que peut lui donner ses longues pattes. Jinx Rowel avait pâli au fil de mon discours comme si celui-ci alourdissait un fardeau déjà écrasant. Je me plaque au sol, plantant le bâton à la verticale dans la tourbe ocre. Je plonge en arrière, effectue une volte face aérienne, pivote sur mes hanches et frappe. Mon talon fait exploser la branche. Je retombe, accroupis. Et fixant mon regard dans celui du Gryffon :

Et surtout, Rowel, ne t’avise plus jamais de me donner un ordre.

*Souvenir *

J’ai la gorge nouée. Incapable de faire le moindre geste. Je me raidis et le sang quitte mon visage. Je ne veux pas mourir. Ma main descend rapidement le long de ma cuisse, je saisis sa main et, dans un immense effort de volonté, je plante la lame acérée dans son flanc. Il pousse un cri de douleur très convaincant en lâchant son coutelas. Je me relève avec souplesse.

Personne n’est un simple quelque chose. Loup encore moins que les autres. C’est un homme d’honneur, fin et juste. Beau et bon. Tu n’es qu’un cafard insignifiant. Tu es un monstre. Ta route est jonchée de morts et de trahisons. La mort est inévitable mais elle n’est jamais juste. Mais tu dois mourir. Tu dois mourir pour que plus jamais personne ne connaisse cette souffrance de ta main. J’attrape son téléphone portable et le jette contre le mur, regardant avec répugnance son tient devenir crayeux. Un long trait noir jaillit du néant et coupe le silence froid du matin en sifflant. Rapide comme la mort. Trois autres le suivirent. Chacun avait trouvé sa cible. A l’endroit précis que j’avais choisis. Pourquoi donc ne cessais je pas de pleurer ?

* Fin du souvenir *

Que cette gamine peut-être blessante. Elle qui ne connaissait rien de son passé, ni de son présent. Elle qui avait l'air de tout connaitre, alors qu'elle n'était qu'une enfant. Il était probable qu'elle ai vécue des choses, peut-être pire que ce que pensait Jinx, mais tous deux avaient un problème contre l'autre.
Son air hautain et son sarcasme pouvait entrainer le préfet dans un semi-coma meurtrier, c'était d'ailleurs à cause de Léocadie que Jinx se sentait de plus en plus mal à l'aise, ses périodes noires où toute envie était remplacée par un désir énorme de tuer émanait d'elle ... Jinx le sentait, il ne faisait absolument pas confiance à cette fille.

Ouais, il est possible que j'ai un léger problème d'addiction au drogue, je le reconnais, et cela ne t'inspire en rien confiance, je peut tout à fait le concevoir, mais de par mes gestes grossier d'un homme qui ne veut que du bien, j'ai l'impression de répandre le mal autours de moi. Jinx baissa la tête et fixa ses pieds tout en continuant, l'heure de faire des aveux avait sonné. Je ne souhaite que la paix, et même si je m'en rend compte, je dérive ...

Je ne peut pas m'en empêcher, c'est plus fort que moi, j'ai besoin d'être au commande, tout serait tellement plus simple. Et je porte pas un putain de regard condescendant, je veux juste protéger les plus jeunes, si ils leurs arrivaient quelque chose, comment expliquer à leurs parents ceux en quoi ils croyaient, comment garder sur la conscience la mort de jeunes enfants ? C'est une épreuve trop difficile pour moi, et garder un tel fardeau sur mes épaules est impossible, je suis faible à l'intérieur, voilà pourquoi j'essaye en vain de conduire un semblant d'armée d'une main de fer, pour enfin être soulagé et de me dire que peut-être, un jour, ces jeunes seront préparé à ce qui arrivera vraiment.

Jinx releva les yeux vers Léocadie, il ne savait pas si son discours avait le moins du monde affecté l'adolescente, mais il espérait que maintenant, la Serdaigle le comprendrait un peu plus ...

Je me fiche que tu ai de l'empathie pour moi, mais force toi à me regarder sous un autre angle, tous ce que je fait, je ne le fait pas pour moi, crois moi, je le fais en espérant agir pour le bien de tous, si je m'y prend mal, je suis tout à fait disposer à t'écouter et à entendre tes conseilles, mais pour l'amour de dieu, Léocadie, il faut que nous restions soudés !

Je me redresse. Époussette trois grains de poussières. Remets une mèche près de mon oreille puis m’adosse à un chêne liège.

A nos pieds, l’immense bassin qu’est le lac pare l’air de reflets ondoyants et joue avec les ombres que la pinède tente en vain de lui imposer. Je l’écoute. Mon cœur ne tressailli pas quand le masque de JInx se fissure. Ne tressailli pas plus quand je le vois s’abîmer à nouveau dans sa détresse comme lors de la réunion de l’AD. Sans origine. Sans avenir. Le présent n’a guère d’importance.

Un changement dans la teneur du silence, à moins que ce ne fût un avertissement chuchoté par le vent, m’indique qu’il se passe quelques choses dans la tête du préfet. Je penche la tête sur le côté et le scrute longuement. Il a peur.

Je serre les dents.

La mort d’Alex hante mes cauchemars et le souvenir des souffrances endurées ne me laisse aucun répit. Je brûle de me venger. Malheur à Dryden et à tous les partisans du Seigneur des ténèbres le jour où ils tomberont en mon pouvoir. J’ai très bien conscience qu’avec cette bande de cafards encore en vie, je ne retrouverais jamais mon véritable équilibre. Pourtant, je crains que leur disparition, et surtout celle de Dryden, ne suffise pas à me rendre ce que j’avais perdu. Jinx a peur. J’ai peur aussi. Peur de cette zone d’ombre en moi qui rêve de représailles et de mort.

Je me laisse glisser contre le tronc, gagnée par une lassitude écrasante. Une tempête fait rage sous mon crâne. Je sais que j’ai raison de bout en bout sur Rowel et mes paroles vraies… si juste et si injuste à la fois. Fondées et pourtant si maladroites.

Je ne bronche pas, le regard rivé sur le tapis d’aiguille de pin. Puis une perle naquit au coin de mon œil, s’accroche à mes cils, captant la lumière tenue du jour, jusqu’à ce que, trop lourde de douleur refoulée, elle roule sur ma joue et s’écrase sur un coussin de mousse verdoyant. Quand ma voix s’élève ce n’est qu’un murmure, aussi vacillant que la flamme d’une bougie prise dans un courant d’air :

Je ne suis qu’une chose entre ses mains. Un simple jouet qu’un homme à entrepris de démonter en me prenant la chose la plus chère au monde. La personne sans laquelle tu penses que ta vie ne vaut même plus la peine d’être vécue. Il a brisé toutes mes résistances, piétinée mon âme, arraché mon cœur. Suis-je responsable si, en remontant le jouet, on s’aperçoit qu’il manque des pièces ? Si certaines sont désormais abîmées ?

J’inspire profondément, tentant de contrôler la palpitation sourde qui se réveille au creux de mon ventre.

J’ai peur, Rowel. Une peur affreuse qui me mord le ventre et ronge ma volonté. J’ai peur qu’il joue encore avec moi, qu’il me détruise. Entièrement, cette fois. Je voudrais fuir le plus loin possible. Mais c’est impossible. Je suis incomplète. Et les pièces qui me manquent se trouvent dans la main de cet homme. Dans la baguette et l’esprit tordu qui ont tué, assassiné l’homme que j’aime. Je n’ai pas d’autres solutions que de braver cette peur terrible pour me reconstruire. La braver seule. Et maintenant.

Je me tais, fermant les yeux, épuisée par cet effort surhumain. L’image de Dakeyras me traverse l’esprit et une chaleur solaire se dépose sur mes plaies comme un baume. J’attrape la main de Jinx dans la mienne et passe doucement mon doigt sur sa cicatrice en pinçant les lèvres :

Quand le cœur et l’espoir se brisent, il faut se battre de toutes ses forces et s'accrocher à la vie, parce qu'elle continue, quoi qu'il arrive. Et cette douleur qui nous déchire, elle fait partie de la vie aussi, tout comme la peur et le mal-être, et toutes ces sensations qui sont là pour nous rappeler que les choses s'arrangeront et que ça vaut le coup de continuer à se battre.

S’enfuir en tournant le dos, l’ombre de la peur accrocher à nos talons, ou bien faire volte face et traquer ce qui nous traque.

Les gens ont des cicatrices dans toutes sortes d'endroits inattendus. Comme des sentiers secrets de leur histoire personnelle, les plans de toutes leurs vieilles blessures...La plupart de nos vieilles blessures guérissent, ne laissant qu'une cicatrice mais certaines ne cicatrisent pas. Certaines blessures restent en nous, et bien qu'elles soient refermées depuis longtemps, la douleur persiste.

Qui a t-il de pire ? Les nouvelles blessures qui font horriblement souffrir ou les vieilles blessures qui n'ont toujours pas guéries depuis des années ? Peut-être que nos blessures nous apprennent des choses. Elles nous rappellent d'où on vient, et ce qu'on a surmonté. Elles nous apprennent ce qu'on doit éviter à l'avenir. C'est ce qu'on aime penser. Mais ça ne se passe pas comme ça, il y a certaine chose qu'on doit apprendre et réapprendre, encore.

Il n’y eu plus d’autre bruit sous les arbres que le souffle léger du vent et les murmures des oiseaux.

Cesse de te conduire comme si ce n’était qu’une affaire strictement personnelle. C’est une affaire personnelle pour chacun de nous. Je dis ce que je pense mais je t’accompagne. Tu sais qu’il faudrait que je sois morte pour ne pas vous suivre. Et même morte, ça ne suffirait sans doute pas. Je t’accompagne donc.

Lorsque Léocadie effleure sa cicatrice du bout des doigts, Jinx ressentît un frisson traverser tout son corps, le même frisson que lorsque Erell touche sa peau. Mais les sentiments de Jinx envers Erell et Léocadie étaient en tous points différents. Il y avait l'amour pour l'une, et l'incompréhension pour l'autre. Toutes les deux étaient identiques mais Jinx les percevaient différemment ...
Lorsqu'elle lui souffla dans l'oreille ces dernier mots, Jinx fût soulagé, il savait qu'il venait de rallier une nouvelle personne à sa cause, à leur cause enfaite ! Il avait pensé que la personnalité de Léocadie l'empêcherait de lui prêter main forte, mais l'adolescente avait apparemment plus de jugeote que ce que Jinx avait pensé.

Pour une raison inconnue, Jinx fût pris d'un élan de compassion pour cette gamine qui lui avait ouvert son cœur contre toute attente, il passa ses bras autour de son cou et l'enlaça quelques secondes. Son histoire était aussi désolante que la sienne, il pouvait à présent comprendre pourquoi cette petite Serdaigle jouait autant sur les mots, d'où elle tirait cette espèce de mélancolie systématique, son grand amour n'était plus, cela devait être une terrible épreuve ...
Mais sentir le souffle de la petite sur son corps, le battement de son cœur contre le siens reposa Jinx au plus haut point. Le temps autours d'eux s'était arrêté, Jinx était sûr que si l'étreinte durait trop longtemps, ses bijoux de famille ne serait plus. Mais autre chose mis fin à leur étreinte. Il la jeta violemment à terre avant de sortir sa baguette, tout en plongeant lui aussi de l'autre côté. A peine une seconde plus tard, une cockatrice vola au-dessus d'eux. heureusement qu ces réflexes étaient aussi bon, car un seul contact avec cette chose et s'en était fini.

Surtout reste sur tes gardes ! je ne sais pas si vous avez étudié cette saloperie mais c'est un des pires trucs à rencontrer, elle te touche tu te transforme en pierre, alors gaffe à toi !!!

Mais déjà l'oiseau fonçait sur Léocadie ...

Stupéfix ! Mais le sort passa à côté de l'animal en mouvement. Plus rien ne séparait le gamine et la cockatrice.

Je me sens en confiance. Détendue. Heureuse. Non. Apaisée. J’ai même oublié pourquoi je suis agenouillée sur ce tapis d’aiguilles dorées, dans les bras d’un garçon que je ne pouvais pas voir ne serais ce qu’en peinture, une heure avant. La solitude n’est qu’un moyen pratique de fuir la foule et ses leurres. Ce n’est pas la solitude que je recherche mais de vrais compagnons. Loup. Alex. Dakeyras. Des personnes avec qui je peux partager un rire, une pensée, un silence.

Quand les battements du cœur de Jinx, trouvèrent enfin écho aux miens, je savais pourquoi je m’en étais pris à lui. Ne jamais dépendre de personne et ne laisser personne dépendre de moi. Une maxime qui a guidé mes pas depuis toujours. Une maxime qui me satisfait totalement. Une maxime que je ne respecte pas en intégrant l’AD. Ni en me confiant à Jinx. Et encore moins en tombant amoureuse de Dakeyras et en le savant membre de l’organisation.

Soudain, un bourdonnement terrifiant dans mon dos me coupe dans mes pensées. Sans avoir eu le temps de respirer, je me retrouve le nez dans la terre, Jinx se répandant en invective et ordre en tout genre. Je me relève d’un geste leste et saisi ma baguette, tachant d’avoir l’adversaire en visuel. L’oiseau se remet en mouvement, zigzaguant lourdement pour éviter le sort de protection. Je ne bouge pas. Tenter de le surprendre en bondissant au dessus de lui puis jeter un sort.
Frapper la tête ou le cou, là où s’entremêlent les points névralgiques que tout bon combattant se doit de connaître.

L’oiseau feint une attaque au ventre, change de direction au dernier moment. Je me plaque vivement au sol. Je me détends. Disparait. Une fraction de seconde. La cockatrice a perdue. Elle git maintenant, allongée sur le flanc, sa fourrure drue et grisâtre répandant dans la clairière une odeur de mousse et de foin mouillé. Je l’observe un instant. D’un point de vue aérodynamique, cet animal ne devrait pas savoir voler. Mais il ne le sait pas. Et il le fait quand même. Comme quoi. Je range ma baguette dans ma poche. Admirant au passage les nervures rosâtres et beige qui la parcourent. Me forçant à ignorer le pouls chaud et malsain que je sens maintenant battre dans ma gorge et dans mon ventre.

Le visage de Jinx à retrouver un semblant de couleur mais toute cette scène commence à me paraître lointaine, comme futile. J’ai besoin de m’asseoir, de m’allonger, dormir, quelque chose. Je croise les bras sur ma poitrine pour cacher le tremblement de mes mains. Je sens mes pommettes, soudain brûlantes, me tirailler. Une drôle de petite tension nerveuse contracte mon estomac et mon front me fait mal. Je porte mon doigt à mon nez : une petite trace rouge y apparait. La douleur devient intolérable.

Qu’est ce qui cloche chez moi ?

Et sans avertissement, mes jambes se sont dérobées sous moi, répandant l’odeur de la terre dans mes narines et des brindilles dans mes cheveux, de la terre sur ma peau pâle. Je me retourne sur le dos et je pose ma main sur mon ventre pour voir si je peux sentir la houle qui agite mes boyaux. J’ai chaud à nouveau, si chaud, comme à l’enterrement des parents de Dakeyras, et ma tête flotte étrangement, comme déconnectée du reste de mon corps. Un goût de cuivre s’attarde au fond de ma bouche. J’avale ma salive sans parvenir à m’en débarrasser.

Je sens mon déni s’effriter. Cette douleur que je ressens, cette douleur était mon avenir. Changement qui échappe à mon contrôle. Mon corps aurait toujours le dernier mot. Je voulais être avec lui, être dans la maison de l’ange blond, de retour dans le lit de mon ami, sous les étoiles accrochées au plafond. J’ai ravalée la douleur, je l’ai repoussée jusqu’aux tréfonds de mon être.

La mort est une nuit sauvage et une nouvelle voie.

M*RDE !

A ce moment précis, voilà le mot qui récapitulait le mieux la situation. Le cœur de Jinx sauta un battement tout en voyant au ralenti la scène. Léocadie tombait lentement au sol, et malgré le fait qu'il soit présent, le préfet ne pourrait rien faire, le toucher d'une cockatrice était au-dessus de ses moyens.
S'approchant en courant, il se remémorait les mots dur de cette petite femme à ses pieds, des mots dures et pourtant il aurait tellement aimé être à la hauteur. C'est à ce moment là que Jinx compris, qu'il compris que malgré ses talents, il serait toujours inutile dans le feu de l'action ... Il se revoyait louper son sortilège de quelques centimètres, lui qui était si précis d'habitude. Et si cela se réitérais encore une fois contre l'ADT ? Si tout ses talents se volatilisaient lorsque Jinx était dans le feu de l'action, servirait-il encore à quelque chose ? Probablement que non.

Il s'agenouilla aux côtés de Léocadie. Il toucha ses muscles qui n'étaient en aucun cas rigide. La jeune femme avait de toute évidence éviter le contact de l'oiseau. Mais le problème qui se présentait était sûrement plus grave qui si Léocadie se changeait en pierre. Sa salive moussait aux commissures de ses lèvres, en une espèce de pâte blanche. Ses yeux à demi-révulsé ne laissait voir que la partie inférieure de ses iris. De légères convulsion agitaient ses jambes et Jinx, mettant sa main sur le front pâle et dégoulinant de sueur de la jeune fille, constatât qu'elle était brulante de fièvre.
Aucun doute possible, Léocadie faisait une crise de manque !

Jinx n'était pas médecin, mais il savait pertinemment ce que causait l'alcool lorsque l'organisme prenait l'habitude d'en recevoir des quantités régulière. Qui mieux que lui, le poivrot noyant son chagrin un mois durant dans le whisky, ne connaitrait pas le mot "dépendance". Qui mieux que lui savait ce qu'était d'atroces bouffés de chaleur, des pertes de connaissances, et pour finir une nausée quasi constante.
Oui, Jinx connaissait tout cela.

Je ne suis finalement pas le seul abonné aux addictions, ici !

Avec la plus grande délicatesse, Jinx chargea le petit bout de femme dans ses bras, serrant fort le petit corps frêle et pâle de la jeune femme contre son torse. Allez ma belle, ne lâche rien, tu vas y arriver. Puis au pas de course, rejoignit le château et n'eut de cesse de la porter que lorsqu'il arrivât, le corps endolorie et les muscles meurtries, dans l'infirmerie, posant aussi délicatement qu'il le pût la petite Dichenin dans un lit, regardant Pommefresh s'agiter dans tout les sens au maudissant les méfaits de drogues et autres bêtises de la jeunesse, et recouvrant Léocadie de gants de toilettes humides et froids ...

Quelque chose va vraiment mal chez moi.

Une chose incapable à guérir. Ce corps est le mien mais quelque soit la force avec laquelle je me bas contre cette chose en moi qui geigne, brûle et supplie qu’on la délivre, je n’y peux rien. Jinx me prend dans ses bras et juste sous ma peau quelque chose s’est tendu. Mon corps semble le champ de bataille d’une guerre invisible. Je m’applique à sentir chacune des cellules de mon corps en essayant de sentir ce qui s’y trame.

Je capte du regard une feuille accrochée à la cravate de Rowel. Il me faut ré-intégrer le monde réel même s’il l’est moins que ce que je voudrais.

Il était une fois, une fille nommée Léocadie. Elle n’avait rien de spécial, sinon qu’elle était douée et très douée pour mentir, et qu’elle s’était établie dans les livres. Elle aimait l’aventure et un peu moins les humains, sauf un en particulier, plus encore que les autres. Et lui aussi l’aimait au point même ce qui chez elle n’avait rien de spécial le devenait : sa façon de remettre une mèche de cheveux derrière son oreille, sa façon de regarder le monde avec ce côté mi figue mi raisin.

Sa mémoire à elle se composait d’instantanés : se sentir trainée dans la neige par une meute de loup, un premier baiser au gout d’orange, un adieu derrière une portée fracassée. Une vie de promesses de ce qui serait peut être : liasses de formulaires pour travailler au ministère, un frisson de plaisir à l’idée de passer la nuit sous un toit nouveau, et un avenir étincelant reflété dans le sourire de l’ange.
Une vie que je ne veux pas abandonner. Que je ne veux pas oublier. Je n’en n’ai pas encore fini, il reste tant à dire.

La mort est une nuit sauvage et une nouvelle voie.

Les mots tournent dans ma tête comme les paroles d’une chanson. Tout ce que je voulais comprendre c’est ce qui n’allait pas, combien de temps cela allé durer et quelles seraient les conséquences pour moi au bout du compte.

Mon estomac se convulse et ma bouche prend se goût douce amer. Chape de plomb qui s’abat sur mon esprit.

Et même morte cela ne suffirait peut être pas …

Lorsque l'on voit quelqu'un mourir, il y a deux solutions. La première est très simple, mais demande un minimum de connaissance, c'est bien sûr celle d'aidé la personne perdant la vie. La seconde, peut-être celle des lâche, ou bien de ceux qui n'ont pas le cœur à voir une personne succomber aujourd'hui est de fermer les yeux et de se détourner de ce visage amicale, ou tout simplement de cette connaissance, tout en martelant son esprit de la phrase "J'ai tout essayé !" ...
Mais Jinx n'était ni lâche, ni médicomage, alors que faire. Se torturer l'esprit de doutes et finir par s'écrouler en larmes en frappant le corps inerte d'une amie ? non !
Alors que faire ?

Enfin de comte, "que faire" est la question d'une vie. Pourquoi suis-né comme cela ? Pourquoi suis-je sorcier et non moldu ? Et pourquoi me poser ces questions philosophies à la c*n alors que Léocadie est entrain de crever devant moi !
Et vous voulez savoir le plus drôle dans tout cela, c'est qu'il n'y a pas de réponde, ou bien une infinité, rien n'est prévu, il n'y a pas de connaissances, on ne sait rien et on ne contrôle rien !

Vous pensez qu'elle va s'en sortir ? Jinx se serrait convulsivement les mains l'une dans l'autre, serrant si fort que ses phalanges en devenait pâles comme la neige.
-Ce n'est qu'une crise de manque, Jinx. Ce qui m'inquiète, c'est que son organisme ne semble pas ... "prêt" à se désintoxiquer. Soit cette fille buvait trois litres de whisky par jour, soit quelque chose cloche et dans ce cas là je ne peux rien faire ! Le mieux reste d'attendre, malheureusement je ne peux rien faire pour elle, on ne peut que prier que son état se stabilise d'ici quelques heures.

Ah ! Jinx l'avait sentie venir : "prier" ! Et puis quoi encore, s'adresser à une divinité supérieur factice dans le but d'absoudre le mal qui rongeait le corps quasiment sans vie de l'adolescente.
Le préfet poussa un soupir d'indignation puis se résolu à la seconde solution, quitter les lieux, et attendre avec un peu de chance que la tempête faisant rage dans le corps de la Serdaigle se calme progressivement.

Jinx poussa la porte avec fureur puis descendit les marches avec fureur, en poussant quiconque se trouvait sur son chemin. Il était assez drôle de s'inquiéter à ce point pour une fille à qui il n'aurait même pas voulu adresser la parole quelques heures plus tôt.

Qu'est-ce-que je ne donnerais pas pour une put**n de clope !

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Les jambes croisé en un angle droit, la cravate relâchée et le regard dans le vide, Jinx se trouvait encore une fois dans l'infirmerie. D'habitude, c'est lui que l'on venait voir dans un des lits chaud et confortable, à qui on apportait des chocolats et racontait les derniers potins croustillants.
Madame Pommefresh l'avait fait appelé au chevet de la petite femme. Son état s'était, par chance, stabilisé au bout de trois heures, mais les convulsions dont elle avait été prise l'avait sûrement fragilisée.
Le jeune homme attendait, impassible , le réveil de la petite qui ne devrait sûrement pas tardé.

Finalement les gens ne sont pas aussi irremplaçables qu'on le pense. Finalement les sourires deviennent plus flous. On s'habitue à marcher seul. On s'habitue. On s'habitue à tout, même à l'absence, qui au début nous pèse puis finalement devient juste comme une ombre familière.

Finalement on apprend à se résigner et on comprend que vouloir garder les gens pour toujours auprès de sois est complètement irraisonné et dérisoire. On apprend à accepter le fait que tout le monde s'éloigne ou s'en va un jour. On cesse de s'agripper comme des forcenés tout ce que nos doigts peuvent attraper pour les retenir. On laisse le temps faire à sa guise, puisque de toute façon on ne peut rien contre lui.

Non. Je ne manque nulle part, je ne laisse pas de vide. Les trains sont bondés,
les restaurants comblés, les têtes bourrées à craquer de petits soucis.

J'ai glissé hors du monde et il est resté plein. Comme un œuf. Il faut croire
que je n'étais pas indispensable. J'aurais voulu être indispensable.
A quelque chose ou à quelqu'un. A propos, je l'aimais. Je te le dis à présent parce que ça n'a plus d'importance.

J'ouvre les yeux et Rowel était assis, là. Près de moi. Le dos courbé et l'échine lasse. Les cheveux en batailles et les mains fatiguées.

Je murmure d'une voix pâteuse - pire que si j'avais un oursin trempée dans de la harissa collé à la luette - en lui saisissant la main :

Tu as quitté le rivage sur un bateau blanc, tu es tombé comme la feuille dans le vent, maintenant les étoiles se lamentent et les sombres nuages se rassemblent, les routes sont noyées dans l'ombre, les ténèbres s'étendent et la brume couvre mon coeur pour toujours. Adieu, Jinx. Quand le clairon sonnera, nous nous retrouverons dans le gris crépuscule.

** Fin du RP **

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