Partout et hors du temps L'aile transmet la plume (PV)

Spoiler:

Kurun chiffonna encore une feuille. La posant avec les autres boules, elle soupira. Même fredonné, cet air là ne l'inspirai plus. Pour une fois que ses révisions ne lui prenaient pas tout son temps...
La jeune femme appuya sa tête contre le muret en pierre froide dans son dos et ferma les yeux, laissant le vent caresser son visage et le temps filer à son allure. Ce n'est pas le cliquetis de sa montre qui la tira du demi-sommeil dans lequel elle venait de se plonger, mais un battement d'aile qui devenait familier.
Ouvrant un oeil, elle observa le bel oiseau se poser, et dans un sourire, lui offrit son avant bras nu.

Tu tombe bien Anrev. Je sèche mon ami.

L'oiseau fixa la jeune Gryffondor puis le tas de paroles gribouillées et chiffonnées à son côté. Il émit alors un petit cri, comme si cette situation l'amusait, et, sans cesser de fixer la poubelle improvisée, profita quelques instants des caresses de sa maîtresse.

Dis moi ce que tu penses de ça...
''Du sang qui coule sur ta chemise
Des roses si belles dans le matin
Ma lame qui dans le vent, la bise
Laisse à la lune larmes de chagrin...''
C'est mauvais non ?

Le faucon, dans un seul mouvement, saisi de son bec le papier et, s'envolant, emprisonna de ses serres une boule blanche trainant au sol.
Kurun n'eut pas même le temps de se relever que déjà Anrev était haut dans le ciel. Ce voleur aux ailes brunes se détachait, si beau sur le fond nuageux... Elle le rappela tout de même, plusieurs fois, avant de le voir disparaitre avec quelques uns des mots si difficilement crachés.

De toute façon tu ne peux rien en faire... Tu ne sais pas chanter ! Tu reviendras...

Corwin alla s'isoler dans les hauts couloirs de l'école et s'appuya au bord d'une fenêtre. Il en avait besoin.
Les évènements récents l'avaient profondément marqués, et son coeur continuait de pleurer. Il se sentait seul. Désespérement seul. Il observait les nuages au loin, allant se cacher derrière la cime des arbres, pour ne jamais réapparaître. Il écoutait le vent chanter, se laissant bercer par une mélodie mélancolique qu'il était le seul à pouvoir entendre.
Perdu dans ses pensées il n'entendit pas l'oiseau se poser sur le rebord, à peine à quelques centimètres de son coude.
Corwin ouvrit les yeux et vit de grandes pupilles noires le fixer. Le faucon semblait attendre une réaction de sa part. Un peu perdu, Corwin tendit néanmoins son bras, sur lequel le rapace grimpa et se laissa caresser.

- Que fais-tu ici mon grand? Tu devrais être en train de voler en compagnie des tiens, je ne suis qu'un oisillon incapable de s'élever...

Le faucon resta là, pressant sa tête contre la paume du Serdaigle.

- Tu es câlin hein...

Corwin l'observa, et remarqua qu'il tenait quelque chose entre ses serres.

- Qu'est-ce que tu tiens là?

Il dessera ses ergots sans la moindre protestation et des boules de papier arrivèrent dans la main tendue. Corwin les déplia, et y trouva quelques mots qu'il lut attentivement. La personne, une fille sans aucun doute, qui avait écrit ces mots semblait troublée. Ce que, tout du moins, Corwin crut comprendre. C'était de la poésie, et elle veniat de le toucher: une légèreté émanait de l'écriture, emprunte d'une douceur infinie.

Qui peux-tu être...?

- Que dirais ta maîtresse si je lui répondais? demanda-t-il au faucon.

Ce dernier émit un cri aigu et attendit.

- Mouais je suis d'accord avec toi.

Sur ce, Corwin sortit son carnet à dessins et en déchira une page. Il réfléchit un instant, puis s'essaya à retranscrire ce à quoi il pensait. Il chiffonna la première feuille, une autre, et se décida enfin pour ces quelques lignes.

" Aube, caresse de tes rayons
La peau nue sous les haillons
Mène ta chaleur au loin
Réchauffe ce coeur qui est mien "

Il prit encore quelques minutes de plus et ajouta en bas de la strophe un dessin du faucon. Il plia alors le papier et l'accrocha à la patte de l'oiseau, qu'il ramena sur son bras.

- Voles et transmets cela pour moi.

L'oiseau s'envola, et disparut en quelques battements d'ailes.

J'espère qu'il s'agit bien d'une fille, j'aurais l'air d'un nigaud dans le cas contraire...

La soirée avait été rude, et, perturbée par cette journée, elle n'avait qu'une envie : se coucher. Qu'elle ne fut pas sa surprise de voir sagement installé, près de son lit, Messire Anrev, une feuille toute propre entre ses pattes...

Où est mon brouillon Lapous Fall ?

En murmurant ces mots plein de colère, elle s'approcha de l'oiseau qui dans un sursaut s'écarta, laissant sa maîtresse saisir le billet.

Le contact du papier frai sur ses doigts l'apaisa un instant. Elle n'osa tout d'abord pas l'ouvrir, regardant son noble ami d'un air pensif.
C'est en s'asseyant, caressant finalement la tête de l'oiseau, qu'elle plongea à travers les quelques lignes d'encre noire. La précision du geste, la retenue avec laquelle la plume avait dû se poser, les courbes délicates des voyelles enchantées jusqu'à l'odeur même du papier servait le contenu du message : quelques rimes empruntes d'une sensibilité toute particulière et une esquisse parfaite du beau faucon trônant là.

Elle doit avoir beaucoup de talent pour proposer ce genre de choses...

Aussi, sans perdre de temps, Kurun sortit de son sac un parchemin vierge et sa plume neuve pour griffoner un mot qu'elle glissa à son messager. Il partirait au petit matin.

Spoiler:

Un soleil pâle trônait dans le ciel, berçant les hauts murs de ses rayons tièdes. Il n'était pas encore midi. Corwin venait de passer une heure à réviser dans la bibliothèque, tentant de vider son esprit des évènements récents. Son bras fonctionnait comme si de rien n'était, mais il gardait les stigmates de cette nuit avec James: sa lèvre fendue trahissait l'affrontement, et les coupures sur son torse étaient toujours présentes.
Il déambula à travers les cours pavées et rejoignit le parc pour aller s’y reposer. Il espérait secrètement y croiser l'un ou l'autre des deux éphèbes aux cheveux bruns. En sortant de l’infirmerie, Corwin s’était rendu à la salle des bains. La porte était grande ouverte, et hormis ses propres traces de sang, Jimy ne s’y trouvait plus. Il n’avait aucune idée de l’endroit où il se trouvait, ni avec qui. En voyant la fenêtre ouverte à l’intérieur, il se souvint de sa baguette, et il courut la récupérer dans les buissons en contrebas, indemne.
Maintenant, il arrivait près des arbres touffus, de l’herbe encore couverte de rosée. Quelques élèves flânaient ci et là Il s’assit au même endroit que la dernière fois et s’allongea, mains derrière la tête. Les rayons traversaient les branches, et venaient caresser les courbes de ses joues, y déposer un voile de douceur. L’air chargé de parfums venait embaumer ses pensées et l’apaiser profondément.
Une ombre passa alors, et il sentit une légère pression sur son torse. Pile poil sur l'une de ses plaies.

- Aïe put… !

Le faucon sautilla en piaillant, surpris par cette réaction.

- Oh ! Tiens donc tu es de retour ! Viens ici tu me fais un peu mal là.

Il tendit son bras. L’oiseau s’empressa de s’y poser et se laissa cajoler un moment. Corwin vit un nouveau papier attaché à sa patte, cette fois bien soigneusement plié.

- Hmmm…tu m’apportes quelque chose on dirait bien.

Il détacha le parchemin et l’ouvrit soigneusement. Il lut fébrilement les lignes ajoutées à son propre jet. Sa respiration devint saccadée, ses joues s’empourprèrent. Il vérifia qu’aucun ne le regardait en cet instant, et parcourra à nouveau ces tendres mots.

- Il n’y pas de doute mon beau, tu sers bien une Dame !

Une telle légèreté émanait de sa plume, une certaine…sensualité. Un frisson parcourut l’échine du garçon. Ses épaules s’agitèrent et il secoua la tête sous les palpitations. Ces mots le touchaient. Une telle quintessence lui donnait le tournis.

- Et si tu lui transmettais à nouveau une réponse de ma part mon ami ?

Il sortit une mine de sa poche et une nouvelle feuille de son calepin, presque vide.

Heureusement que j’ai toujours un crayon !

Il regarda l’oiseau, à présent posé sur son genou, puis répondit à la suite des douces lignes.
Il plia le nouveau parchemin et le fixa à la patte du faucon.

- Eh bien, peut-être te reverrais-sous peu bel oiseau ! En attendant, vole !

Il caressa une dernière fois les plumes duveteuses, et lança le faucon qui prit son envol.

Reviens vite !

Spoiler:

Anrev était de retour...

Je suis désolée de t'avoir insulté hier mais j'étais en colère mon beau... Tu me donnerai le message que tu portes ?

Kurun souriait à son faucon en lui murmurant ces mots. Comme toujours, elle lui avait offert son bras nu, profitant des serres ancrées dans sa peau. Cela ne lui faisait presque plus mal et les quelques marques de son bras lui rappelaient le lien au rapace, à son frère, et à la forêt où il l'attendait.

Saisissant le mot, elle ne perdit pas de temps pour écrire une nouvelle chanson, et la glissa, avec le poème, dans le bec de son ami.

Spoiler:

Tu lui dira de continuer son poème, sa plume est plus habile que la mienne. Je me demande qui elle est...

Donnant de l'élan à l'oiseau, elle le regarda s'éloigner par la fenêtre, attendant maintenant son retour.

Corwin peignait depuis un moment maintenant. Il s’était contenté de quelques tubes pour l’accompagner et tâchait de reproduire les montagnes brumeuses s’élevant au loin, la cime des arbres en contrebas, le ciel offrant un fond opaque et lourd. Posté contre un arbre du parc, sa main gauche allait et venait sur sa petite toile. Encore une note de couleur ci et là.

- Pfiou enfin fini !

Tendant le bras il observa le résultat.

- Hmmm…pas trop mal. Tu as déjà fait mieux.

La nuit commençait à tomber et l’humidité à se faire sentir. Il remballa rapidement ses affaires, et se mit en route pour son dortoir. En traversant le parc presque désert, il entendit un piaillement et vit deux grandes ailes le survoler. Le faucon alla se poser à quelques mètres, et attendit que le Serdaigle arrive à lui.

- Hey mon beau ! Je ne t’attendais pas à cette heure !

Il pressa tendrement la tête du rapace.

- Viens, suis-moi !

Il se mit à courir, vérifiant de temps à autre que le faucon suivait bien son sillage. Il s’arrêta, le prit sur son bras couvert et l’emmena jusqu’à sa chambre. Arrivés, il le déposa avec ses affaires.

- Alors mon ami, m’apportes-tu une réponse ce soir ?

Un claquement de bec lui répondit. Corwin détacha le papier attaché à la patte de l’oiseau et entreprit sa lecture.

- Eh bien, ta maîtresse est très mystérieuse tu sais ?

Il parcourut plusieurs fois la feuille. Il resta cette fois un peu interdit. Ce message différait beaucoup des précédents.

- Je pense que je vais changer mon genre de missive ce soir, qu’est-ce que tu en dis ?

Les larges pupilles noires le fixaient sans bouger.

- Je vois que tu es d’accord !

Corwin sortit de son calepin la peinture qu’il avait réalisée et écrivit quelques lignes à son dos, puis roula la feuille soigneusement. Il s’approcha de ce compagnon de passage.

- Ne t’en fais pas ce n’est pas lourd.

Ayant attaché sa réponse, il prit le faucon dans ses bras et ouvrit la fenêtre.

- J’espère te revoir sous peu mon ami, murmura-t-il.

L’oiseau claqua du bec et s’envola dans le crépuscule.

Spoiler:

"Dame étrangère à mes yeux
Eclairez encore un peu mes cieux
Je ne demande qu'à découvrir
Qui se cache derrière ces voeux"

Finalement, le correspondant secret était peut-être bien un homme, et non une femme comme elle l'avait cru...
S'allongeant sur le canapé de la salle commune vide, elle pressa la peinture et le billet sur son coeur. Le feu crépitait bien moins vite que le coeur de la douce en cet instant. Elle avait été touchée, depuis le début, par des mots, et maintenant elle ne savais se défaire de cette excitation incontrôlée provoquée par 4 vers à l'encre noire.

Se redressant, elle saisi sa plume, une feuille trainant dans son sac et écrivit.

Spoiler:

Pourquoi n'avait-elle pas signé de ses initiales ? Elle ne voulais pas le savoir. Seule la réponse future l'importait.
Les lettres en bas de sa missive n'avais d'intérêt que l'assurance derrière laquelle elle se cachait. Ouvrant la fenêtre à son ami, elle respira la nuit avant de se rallonger sur le canapé. Elle allait bien.

Il faisait déjà nuit. La fenêtre ouverte de sa chambre amenait une douce brise. Allongé torse nu dans son lit, Corwin la laisser le caresser et placer un baume apaisant sur ses coupures. Il se demandait quand le messager volant reviendrait. Ce jeu poétique avec cette inconnue lui faisait du bien, et lui permettait d’exprimer sa passion envers une âme réceptive. Somnolant, il entendit alors au-dehors le cri aigu devenu familier. Ouvrant les yeux, il vit le faucon passer la fenêtre et atterrir sur le sol. L’oiseau remarqua le garçon et sautilla jusqu’à se pauser sur sa jambe. Corwin se redressa un sourire aux lèvres, heureux de le voir à nouveau.

- Je t’attendais mon grand.

Il passa sa main sur la tête duveteuse pendant un instant. Il appréciait cet oiseau magnifique. Il baissa les yeux, et son sourire s’élargit en voyant le mot accroché à la patte. Il le défit, caressant toujours l’animal, et entama sa lecture. Son cœur battait la chamade. Une nouvelle fois, les quelques lignes le touchèrent profondément et lui donnèrent des frissons tout le long du corps.
Ne pouvant retenir plus longtemps ses pensées, il attrapa un nouveau calepin et entreprit de les coucher sur le papier.

Spoiler:

Il enroula la feuille délicatement et la plaça à l’endroit rituel. Il couvrit son bras d’une écharpe et y fit grimper le doux Anrev, le caressant une dernière fois.

- Je ne sais pas ce que I.A. signifie, mais j’espère que ta Dame se présentera un jour à moi.

Sur ces mots, l’oiseau claqua du bec, et s’envola. Son ombre passa un instant dans le croissant de lune, puis disparut dans le noir profond.
Corwin sentait monter l’envie de découvrir cette fille plus encore, et même si son souhait était de ne pas se dévoiler, l’idée de continuer ces échanges l’enchantait plus que tout.

Le rapace semblait contrarié, perdant par la même un peu de sa fierté.
Il délivra son message, sans chercher attention auprès de Kurun, s'installant sur un arbre un peu plus loin. La jeune fille était dans le parc, et, l'esprit occupé, elle ouvrit la missive.

Le papier tiède se froissa sous ses doigts. Pas de poèmes, pas de dessins, pas de chansons... une simple lettre, qui certes, avait pour qualité une plume agréable, mais qui la laissait sur sa fin. Qu'importe, le correspondant posait là des sentiments, et, tout en les respectant, elle n'y répondrait pas directement. La seule chose qu'elle consenti à faire fût de lui répondre avec ces quelques vers bien connus, qui, elle l'espérait, le ferai réagir...

''Les hommes vont à pied sous leurs armes luisantes
Le long des chariots où les leurs sont blottis,
Promenant sur le ciel des yeux appesantis
Par le morne regret des chimères absentes.

Du fond de son réduit sablonneux, le grillon,
Les regardant passer, redouble sa chanson ;
Cybèle, qui les aime, augmente ses verdures,

Fait couler le rocher et fleurit le désert
Devant ces voyageurs, pour lesquels est ouvert
L'empire familier des ténèbres futures.''

S'il voyait là le sens qu'elle donnait à ces mots...
La paix qu'il évoquait se dégageait ici, dans les rimes funèbrement mêlées. Si l'harmonie des éléments du monde ne lui faisait pas peur, il lirait entre les lignes les remords posthumes de l'Ankou égaré, et, sous un autre regard, les larmes d'une femme... Ses larmes. Celles qu'elle avait savamment cachées.

Anrev, dépose ceci à ton nouvel ami, mais ne le laisse pas loisir de répondre tout de suite. Attends le milieu de la nuit pour lui offrir tes services. Rappelle lui que s'il est aigle, tu es faucon.

Disant cela, elle embrassa la tête de l'animal enfin revenu. Nul besoin d'attacher le billet cette fois, l'oiseau s'en saisi, offrant son bec jaune d'or et gris à la sorcière.
Elle repris le cours de ses pensées, profitant encore un peu de la présence de l'orage sous ce soleil éclatant.

Son abdomen couvert d’hématomes se reflétait dans le miroir. Le simple fait de se plier rappelait à son bon souvenir l’assaut ravageur des forces de la LOI. Il espérait ne plus avoir à en souffrir très longtemps. Corwin reboutonna sa chemise. Il ne quittait plus la bague. Elle l’accompagnait constamment. Se dirigeant vers son bureau, il se mit à feuilleter ses cours. Il n’avait pas beaucoup travaillé ces derniers temps, et une petite dose ce soir ne lui ferait pas de mal.
Un tapotement sec, presque inaudible, lui parvint. Il se retourna, et vit le bel Anrev à sa fenêtre fermée, un papier dans sa bouche. Corwin sourit. Après les évènements au Wizzard Coliseum, il en avait presque oublié ces échanges. Mais cela le ravit, il adorait lire ces lignes finement écrites, et cette Dame mystérieuse.
Il ouvrit le carreau.

- Salut t…

Le faucon se pressa de rentrer, lui envoyant presque l’aile dans la figure, et déposa ce qu’il tenait sur le lit, se postant à côté.

- Eh bien, quelle rapidité !

Il avança sa main, mais l’oiseau esquiva le geste, le garnissant d’un claquement de bec.

- Bah ! Enfin qu’est-ce qui te prend ?

Il réitéra son approche mais fut accueilli de la même manière, et l’oiseau alla se percher sur l’étagère, hors de sa portée.

Bizarre, pourquoi réagis-t-il comme ça ?

En ouvrant et lisant le mot, il comprit pourquoi le faucon était si distant. Apparemment, sa précédente missive n’avait pas convaincu la douce inconnue, et il en fut vraiment peiné.

- Je n’ai vraiment pas assuré sur ce coup hein ? dit-il en s’adressant à l’étagère. Un claquement lui répondit.

Je dois me racheter…

Il se posta à son bureau, et prit un parchemin.

Spoiler:

Il plia avec tendresse et inquiétude le parchemin, et s’approcha de l’étagère.

- Anrev…viens s’il-te-plaît. Je suis désolé.

Le faucon le regarda un instant, puis se décida à redescendre, atterrissant sur l’épaule de l’oisillon.

- J’espère que ta Dame me pardonnera…Et que toi aussi tu voudras bien m’excuser mon bel ami. Sincèrement…

La paix qui l’habitait avait disparu, et s’était faufilée l’angoisse que la maîtresse du faucon ne soit à nouveau déçue. Il priait pour que ce ne soit pas le cas. Il prit Anrev dans ses bras, et déposa un baiser sur sa tête.

- Maintenant vole mon grand…reviens-moi vite…

L’oiseau le regarda, saisit le message dans son bec, et s’envola dans la nuit.

C. E. ...ce devait être ses initiales. A moins qu'il n'use d'une même stratégie incompréhensible...

Il était affecté par le fait de ne pas l'avoir touchée... quelle sensibilité et... humanité ? Même si le but n'était pas celui de le heurté, c'est ce qu'apparamment elle avait fait.
S'empressant de s'excuser, elle profita de la chaleur d'Anrev, lover à ses côtés, pour puiser inspiration.
Lune, larmes, mots...

Spoiler:

Elle n'avait pas su retranscrire là ce qu'elle voulait, déçue par la médiocrité de ses vers. Au moins, il comprendrait qu'elle ne lui en voulait pas et qu'elle avait également ses moments de faiblesse.
Elle ne chercha pas alors à améliorer ses mots, gardant la mélodie secrètement enfouie au fond de son esprit. L'oiseau avait besoin de repos. Et, elle lui accorda le droit de dormir dans le dortoir, non loin d'elle, mais hors d'une cage qui le rendrait prisonnier.
Prisonnier, c'était peut-être là la question de cette non inspiration. Ou trop libre peut-être. Sans cadre, sans lignes de base... seule une intention subsistait.

Anrev partirai au matin, car, nul oiseau à la volière ne saurai transmettre son message au bon destinataire. Elle y monta cependant observer les étoiles de plus prêt. Ces Dames là, étaient-elles libres ou enchaînées à des idées et des concepts de leur monde ?

Sa voix s'éleva, douce et mélodieuse, allant se glisser entre les feuilles mordorées Appuyé contre l’écorce brune, sa litanie se coulant dans le vent. Quelques élèves au visage souriant se tournaient vers lui, l’écoutant en travaillant ou se reposant. Il ne chantait pas pour impressionner, mais seulement pour son propre plaisir, même si sentir ces regards ne lui déplaisait pas. Une feuille passa devant ses yeux, lui chatouillant le nez, coupant instantanément son chant. Il leva la tête et aperçut le faucon Anrev perché dans l’arbre.

- Eh ! Serais-tu en train de m’espionner toi ? dit-il en souriant.

Dépliant la manche de sa chemise pour couvrir son bras, il le tendit en sa direction. L’oiseau piailla et vînt se poser dessus. Corwin le câlina un instant et saisit le mot qu’il tenait dans son bec. Il avait attendu impatiemment une nouvelle missive de la Dame, espérant plus que tout ne plus avoir à connaître la peine par sa faute. Le faucon se posa sur sa jambe, le laissant lire le mot tranquillement.L’oisillon sourit au rapace.

- Il semblerait que vous ne m’en vouliez plus ami.

Corwin réfléchit un instant. Il eut l’idée de faire cette fois quelque chose de différent. Il se tût, fixant les larges pupilles noires, pressant ses lèvres sous la méditation. Il finit par sortir sa mine, un bout de papier, et écrivit contre la jambe inoccupée.

Spoiler:

Il se dépêcha de plier le bout de papier, que l’oiseau eut vite fait de prendre, pour s’envoler vers sa destinataire.

Corwin avait du pain sur la planche.

Il avait fait vite. A peine parti que déjà il revenait...

Son plumage brillait, son oeil vif la fixait. Sa main le voulait.
Elle pris le message à l'oiseau et attendit avant de l'ouvir. Elle n'avait pas cours mais elle n'arrivait pas à réviser pour autant.
Elle venait d'écrire une lettre à son frère, qu'Anrev transmettrait bientôt.

Spoiler:

Elle n'avait pas signé, de peur que son correspondant mystère ne saisisse la lettre malgré son gardien. Elle espérait cependant, qu'en attachant la missive solidement à la patte de l'oiseau, l'Autre ne l'ouvrirai pas. Il saurait se montrer agressif envers quiquonque poserait la main sur ce papier là.Elle saisi alors un cahier, arrachant négligemment un morceau de la page quadrillée. Elle griffonna alors quelques mots qu'elle confia au bec jaune du faucon.

Spoiler:

Elle était fatiguée maintenant. Une petite sieste avant le cours de divination, dans deux heures, s'imposait. Elle remonta dans son dortoir, ôta son pull et son pantalon, s'enfonçant dans ses draps frais.

(Musique)

Il courut à travers les couloirs. Il était presque minuit. Il devait atteindre la tour rapidement, car il ne pouvait se permettre d’un quelconque retard.
Il grimpa les escaliers trois par trois et arriva finalement au sommet de la tour d’astronomie. L’endroit pouvait être vu de tous les dortoirs, et il espérait être à la hauteur. Il avait passé toute l’après-midi à s’entrainer.

Espérons que le résultat sera là…

Il attendit, patientant jusqu’à entendre les douze coups qui sonneraient le début de l’œuvre. Il eut le temps de revoir le schéma qu’il allait appliquer pour réaliser l’orage qu’il avait promis, répétant inlassablement les mouvements dans sa tête.

L’heure s’annonça. Il était temps.

Retroussant ses manches, il se concentra fortement, faisant le vide dans son esprit, laissant couler le rêve en lui. Entrouvrant les paupières, il était enivré par son dessein. Il se lança.

- Flambios !

Ses mains se couvrirent de flammes ondoyantes. Concentrant au maximum son énergie, il envoya de fins jets, suspendus en l’air, à quelques mètres de lui. Le rougeoiement se verrait nettement.
Il entreprit alors une gestuelle calculée, répétée maintes et maintes fois durant les dernières heures. Ses mains allaient et venaient, traçant, enroulant les flamboiements, réalisant son œuvre de feu. Il devait faire vite, le sort consommant rapidement sa force. Il jeta ses mains une dernière fois, apportant une touche finale, et le feu à ses mains disparut.
Le front couvert de sueur et les jambes flageolantes, il s’assit et étudia le résultat.

En face de lui se dressait un faucon de flammes, d’étincelles irradiantes, dévorant la nuit aux alentours. L’image d’Anrev apparaissait comme un rapace majestueux, nimbé de lave, illuminant les yeux de l’oisillon, et baignant son corps d’une chaleur bienvenue face à la fraicheur tenant place. Il sourit.

- Espérons ma Dame que vous aurez pu apercevoir ma marque.

Il était assez content du résultat. Il avait réussi à faire transparaître sa passion pour leurs échanges à travers la beauté du faucon. Il se faisait bercer par de doux chants. Il ferma les yeux et écouta.

Citation :: Inconnu de cet instant,

La flamme de vos mots, qui pour une fois n'ont su s'écrire, m'ont touché.
Si le bel ami à qui vous vous êtes adressé avait pu observer cette passion embrasée, nul doute qu'il vous aurait remercié. Comment, ceci est une question d'un tout autre temps.
En parlant de temps, je m'excuse de celui éloignant nos deux messages : l'aimable compagnon nous offrant transmission était en voyage pour me rendre service.

Je me permettrai, pour saluer la lumière posée dans la nuit, de vous conter une histoire. Ou plutôt, de vous bercé de mes mots, notes après notes. Pour que vous compreniez.

Connaissez vous l'histoire, de ces deux tendres là
Quand la lune s'ra levée, je vous la contera
Car je suis lavandière
Lavandière dans la nuit
Les étoiles me bercent
l'Ankou est mon ami.

Si elle était succube, il était un grand Roi,
Et avec ses enfants, sur son coeur il régna
Oui je suis lavandière
Lavandière dans la nuit
Leurs sourires me bercent
l'Ankou est mon ami.

Une lumière étrange, dans le logis brilla,
Mais nulle de nous, sauvages, ne su entrer là-bas
Je n'suis que lavandière
Lavandière dans la nuit
Et leur bonté me berce
l'Ankou est mon ami.

Ô humains...
Ecoutez mon chant...
Je vous prie...
L'Ankou n'est pas méchant...
Il n'a d'autre choix...
Que d'les mener là-bas...
Mais pour ces deux anges...
J'vous jure l'Ankou pleura...

Je suis lavandière
Lavandière dans la nuit
Votre chagrin me touche
l'Ankou est mon ami
Oiseaux de malheurs
Nous n'sommes pas sans coeur
Et malgré cette noire heure
Nous croyons au bonheur

Connaissez vous l'histoire, de ces deux enfants là
Quand l'soleil sera v'nu, je vous la contera
Car je suis douce fée fière
Douce fée fière de la vie
Leurs larmes me blessent
Innoncence mon amie.

Car je suis douce fée fière
Douce fée fière de la vie
Leurs larmes me blessent
Innoncence mon amie.

En ces mots, comprenez vou à quel point le feu est dangereux ? Il est beau, si beau... fascinant... mais, croyez moi quand je vous dit que le feu et ses représentants sont de mauvaises choses pour qui les admire de trop...
Prenez ces paroles comme un conseil amical. Je ne vous connais de toute façon pas, et, ici ou de vis-à-vis, je ne me permettrais jamais de vous juger.

Excusez encore une fois ce retard, il n'était pas dans mon intention de faire patienter votre coeur plus longtemps.

A vous.

I. A.

Anrev était revenu. Seul. Sans mot pour la belle sur son lit d'herbe. Et elle attendit quelques jours, envoyant de temps à autre l'oiseau dans un vol véritable, ballet de poésie offerte aux rayons naissants.
Mais, rien ne venait.
Erreur, horreur, qu'avait-elle fait ou écrit, qu'avait-elle chamboulé pour qu'il refuse ainsi de lui répondre, laissant languir les jours dans leur plus pur état de solitude ? Le creux des arbres l'inspirait, le flot du lac brillant également, mais, plus que tout, le ciel embrumé de la nuit et ceux qui y habitaient était de bien meilleures muses pour qui voulait se recueillir.
Alors elle écrivit. Laissant les mots couler de son pot d'encre. Diluant de ses larmes la teinte noire sur le papier. Cela s'appelait l'émotion.

Spoiler:

Elle renvoya l'oiseau, espérant une réponse qui ne viendrait peut-être pas. Puis, devant ses fleurs fânées, elle s'endormi. N'attendant de présence que cette du vide de ses draps.

Ecroulé sur son lit, il somnolait légèrement en ce début de soirée. Le dortoir était vide, et il avait profité d’être seul pour se poser un peu. Il avait l’impression que sa vie avait viré du tout au tout depuis quelques semaines, et la fatigue le rattrapait. Les insomnies le gagnaient de nouveau, et il n’avait presque pas dormi depuis trois jours. Coïncidence avec la Lune pleine trônant dans le ciel ?
La veille, James avait passé la nuit avec lui, l’entourant de ses bras fins jusqu’à l’aube. Mais même en sentant le souffle frais dans son dos, la joue de son aimé contre lui, il n’avait pu fermer l’œil.

Mais l’oiseau était depuis peu tracassé par un pressentiment. L’illusion de Djaniah lui avait montré une image de James et Jimy, ce-dernier nimbé de sang. Cependant, bien qu’il ne soit pas touché par ce pourpre profond, cette scène de son phénix l’avait interloqué, et depuis, il ne pouvait se détacher d’une impression morbide, le mettant à fleur de peau. Et il désirait pourtant penser à un futur plus plaisant.

Il faut que je me bouge…

Baillant à s’en décrocher la mâchoire, il s’étira longuement, puis alla ouvrir la fenêtre. Il se baissa juste à temps. Le rapace passa en lui caressant la tête du bout des serres, pour aller se poser sur son lit.

- Anrev ! Ca fait longtemps que je ne t’ai pas vu !

L’oiseau le fixa de ses larges pupilles. Il n’était pas comme d’habitude. Corwin vit le papier accroché à la patte, et détachant ce-dernier, Anrev claqua sèchement du bec à son encontre. Tressautant sous la surprise, le serdaigle observa l’oiseau, étonné de cette réaction, puis déplia le message.

Oups…

Ayant lu les lignes peinées de la Dame, il s’était remémoré le mot précédent qu’elle lui avait fait transmettre. Trop perturbé alors par les évènements s’amoncelant, il avait laissé de côté leurs échanges. La dernière fois, il avait dessiné dans les airs, un portrait de feu du faucon. Leur correspondance avait perdu une part de sa quintessence, mais il se devait d’envoyer une réponse à la dame inconnue. Bien qu’il ne soit quelque peu réfréné par son allusion dans sa dernière lettre. Il n’avait pas apprécié sa mise en garde contre le feu auquel il se liait.

Ca doit être pour ça que je n’ai pas répondu plus tôt…

S’asseyant à son bureau, morose, il saisit un parchemin, puis se décida à écrire. Le message différerait des précédents, sans aucun doute.

Spoiler:

La morosité l’emplissait à présent totalement. Sa gorge se noua, et son menton se leva sous l’afflux de la tristesse.
Il roula le parchemin et l’oiseau sauta sur le bureau.

- Ta maîtresse…a l’air de…connaître mon ombre. Mais elle devra comprendre…que rien ne pourra m’en séparer. Rien…

La voix rocailleuse, il prit le faucon, et l’amena à la fenêtre, de laquelle il s’envola, disparaissant rapidement.
Un dernier rayon de soleil passa à travers une larme. L’obscurité prit place, laissant alors l’oiseau nager dans une mélancolie sombre.

Dame des Nuits... Voilà un titre bien flatteur pour une simple fille de la lune et de la terre. Mais ses mots lui parlaient. Qu'importe de qui il parlait, il devait être très amoureux... Loyauté, fidélité, conviction ? Qu'en était-il ?

Citation :: Vous parlez d'ombres. Mais laissez moi vous conter à mon tour une histoire. Une histoire de l'origine, quand les hommes se transformaient en animaux et les animaux en êtres humains. Quand tout le monde parlait la même langue, quand l'esprit possédait des pouvoirs mystérieux et que le printemps était éternel... Et vous verrez que des chants si anciens, qu'importe le language dans lequel je vous le conte, sauront faire émerger en vous images et émotions.

Selaouit tud yaouank hag ar re gozh ivez
C'hwi a glevay ur sonenn a nevez gompozet
Sonenn daou amourouz, ar maro o deus galvet.

Ecoutez jeunes gens et aussi les anciens
Vous entendrez une chanson nouvellement composée
La chanson des deux amoureux qui ont appelé la mort.

D'ar mare-se e oa bepred an nevez-hañv
Peurbadel ar vuhez, a-viskoazh er sioulder
Mes dre fazi un den oe deut an dizañspoer.

A cette époque régnait un éternel printemps
La vie était éternité dans un monde de quiétude
Mais par l'erreur d'un homme, le désespoir apparu.

Dre gwall un den yaouank, ken entanet e oa
Evit karantez ur plac'h en doa cherret ur boked
Unan ag ar c'haerañ a vez kavet war ar bed.

Par la faute d'un jeune homme, si enflammé qu'il était
Pour l'amour d'une jeune fille, il avait cueilli une fleur
Une parmi les plus belles qu'on eût pu trouver en ce monde.

Izdaja.
Seen from up above I was in there.
On me je izdao.
Trahison.
Vu d'en haut j'étais à l'intérieur.
Il m'a trahi.
Izdaja.
On me je izdao.

Get kroc'henn ur vezvenn en deus savet ur voestig
D'ober un donezon doc'h e vestrez chalmant.
Ne ouie ket en doa graet lid un interamant...

Il avait confectionné une petite boîte avec l'écorce d'un bouleau
Afin d'honorer sa bien-aimée d'un présent.
Il ignorait qu'il accomplissait en fait un rite funèbre...

Petra 'zo ma dousig ganeoc'h o oueliñ stank ?
Ar boked 'p eus troc'het 'zo bremañ breinadur,
Kouviet'd eus ho follezh ar maro dinatur.

Mon aimée qu'as tu donc à pleurer ainsi ?
La fleur que tu as coupée n'est plus que pourrissement,
Par ta folie, tu as laissé entrer la mort cruelle.

Razh an dud, razh an traoù a sante red an amzer.
Yen ha du, tarzh ha fank : glav hag avelioù kañv
A gemenne 'oa arru ar c'hentañ dilost-hañv...

Tous les êtres, toutes les choses ressentaient le temps se mettre en route.
Froideur et noirceur, éclatement de fange : une pluie et de funestes vents
Annonçaient l'avènement du premier automne...

Izdaja.
Seen from up above I was in there.
On me je izdao.

J'arrête là mon histoire. Ou plutôt notre histoire. Je l'ai apprise et chantée dans le livre des origines de ma famille, livre ancien, héritage de mes ancêtres et de leur sagesse. A chacun d'y lire le message qu'il souhaite, ce que je souhaite faire passer est, je pense, assez clair : c'est par amour surtout que nous faisons des erreurs. Faites attention, habile plume, la loyauté que vous semblez avoir pour la personne que vous aimez, qui qu'elle soit, peut la détruire et vous détruire.
Je cesse ici les larmes de ma voix, dans l'attente de quelques notes de votre part.

I. A.

Et l'oiseau s'envola, emportant la voix des temps reculés avec lui. Il reviendrait au point du jour, portant comme à son habitude dans son bec d'or le message d'un galant au coeur bien lourd.

HJ les traductions en violet n'apparaissent pas sur la lettre mais laissent place au chant et aux images qui vont avec HJ

» Des retrouvailles hors du commun. {PV}
» De l'emploi des temps...

*Partout et hors du temps* L'aile transmet la plume (PV)

Partout et hors du temps L'aile transmet la plume (PV)