Siège de la Fondation Lancaster

Londres, Whitehall Avenue, Siège de la Fondation Lancaster, 17h15.

Le soleil radieux mêlé aux légères averses de la matinée, avaient poussé le Ministre à quitter bien plus tôt qu’à son habitude ses bureaux ministériels pour rejoindre le siège de la Fondation Familiale. Fondation dont l’immeuble principal se trouvait dans la prestigieuse Whitehall avenue, l’avenue des Ministères, cette même avenue qui menait au Parlement et qui été coupait l’impasse du Downing Street…

Aux yeux des moldus, l’immeuble ressemblait à n’importe quel autre ministère à la façade victorienne, et dont le fronton sobre indiquait FONDATION LANCASTER. Aux yeux de quiconque avait du sang magique dans la veine, les choses apparaissaient de façon sensiblement différentes : une immense affiche illustrait au dessous du fronton : un Ministre bien plus jeune entouré d’enfants de toutes les origines (photo prise durant l’année sabbatique de promotion de la fondation que s’était octroyée le Duc au sortir de ses études). Dans le majestueux hall d’un marbre blanc cassé, écru, était dressée une magnifique statue de France Lancaster et deux petits sorciers représentée de façon à leur apporter éducation et protection.

Un peu avant 17h, le Duc de Norfolk quitta donc le Ministère de la Magie pour se rendre à ses bureaux de la Whitehall avenue, un épais dossier pourpre sous le bras et un attaché case en cuir noir dans la main, William Lancaster se rendit à pied de la cabine téléphonique à l’avenue des Ministères. Cette petite marche permit au Ministre de s’oxygéner (le Ministère qui se trouvait en sous-sol avait quelque chose d’asphyxiant) et apaisa ses nobles traits. Une fois entrée dans le vaste hall d’entrée, le sorcier arbora un sourire des plus libérales et s’adressa à l’une des réceptionnistes.

- "Mademoiselle veuillez prévenir Madame la Directrice Heatherheighs, que je me ferais une joie de partager avec elle le thé dans un peu moins d’un quart d’heure."

- "Bien Monsieur le Président."

- "Vous êtes adorable, je vous remercie."

Le Ministre Lancaster, dont la mère avait fondé près de 25 ans plus tôt la fondation, s’était félicité de trouver en la personne de Gaia Heatherheighs assez déterminée et efficace pour assurer de manière de réellement satisfaisante la direction exécutive de cette vaste Institution.

En effet bien qu’absolument résolue à atteindre les objectifs qu’elle s’est fixée, Gaia Heatherheighs est une sorcière douce et pleine de vie, dont la compagnie est toujours des plus agréables. Et dont la force de persuasion n’a d’égale que la droiture de ses intentions.

Depuis qu’il avait été élu Ministre de la Magie, William s’était évertué à modifier les statuts au sein de la Fondation, dans la mesure où il ne pouvait guère lui consacrer autant de temps. Ainsi bien qu’il restât Président de la Fondation, il confia la direction exécutive de la fondation à sa directrice générale : Gaia Heatherheighs. C'est-à-dire que si William continuait d’insuffler les grandes orientations de la Fondation et de décider en dernier recours, il laissait à Gaia le soin d’administrer plus globalement la Fondation.

Lorsque l’heure du thé sonna, un elfe de maison apporta le service à thé pour deux personnes et fut peu de temps après suivi par Gaia, qui avait apparemment reçu le message de la part de la réceptionniste.

A peine la jeune femme fut elle entrée dans le vaste bureau présidentielle, que le Duc se leva pour la saluer personnellement.

Bien le bonjour à toi Gaia, comment vas-tu ? Je ne te dérange pas trop j’espère…

Chose exceptionnelle, le William se permettait même de faire la bise à la jeune femme.

Je sais je suis impardonnable, je ne préviens jamais de mes visites et je dois à chaque bouleverser ton emploie du temps. Je n’ai à ma décharge que le fait que mon emploie du temps ministériel doit être encore plus intenable que le tien, mais cela ne saurait constituer une excuse sérieuse. Pardonne moi, encore…

L’homme invita la directrice à prendre place autour d’une élégante table basse en cristal, tandis que lui-même s’assit dans un confortable fauteuil edwardien.

J'avais le nez perdu dans la paperasse, débordée, comme à mon habitude. Les hiboux llant venant dans mon bureau, le transformant alors en une assourdissante volière. La Fondation Lancaster, oeuvre d'une grande dame, me prenait aujourd'hui tout mon temps. tant de temps qu'il m'était devenu impossible de rendre visite à mon propre orphelinat, à mon grand dam.

Alors que je venais de mettre la main sur le dossier que je cherchais en vain, un petit hibou interne à la fondation fit irruption dans mon bureau et me fixa de ses yeux ronds, tout en me tendant sa patte gauche. Un petit parchemin y était accroché d'un ruban rouge, signe que mon "patron" me l'envoyait.

Je décachetai le morceau de papier pour y lire qu'il m'attendait à son bureau dans le quart d'heure.

Branle-bas de combat!

Le quart d'heure? Non mais il est pas bien, lui! Dans un quart d'heure... Vas-y, claque des doigts aussi!
-Gaïa, tu exagères, tu sais pertinemment que ça te fait plaisir, qu'il t'invite...
-Ayé, vlà que je deviens schizo. Manquait plus que ça...

Je me regardai dans le grand miroir qui ornait mon mur et je me vis rougir. Vision d'horreur. Mon égo a raison. Bien sûr que ça me fait plaisir qu'il m'invite à prendre le thé! Je ne l'ai pas vu depuis le bal (où je n'ai fait que l'entrevoir finalement) et sa présence, sa prestance me manquent. C'est qu'il fait son effet, mon boss! Non mais vlà que mon visage se prend pour un coquelicot! Pfiou...

*keep cool, Gaïa. C'est seulement ton chef...
-Ouais. Eh bien allons-y.

Je quittai mon reflet des yeux pour me diriger vers la porte de mon bureau, légèrement nerveuse. Je poussai sa porte et j'entrai à la suite d'un elfe de maison lourdement chargé. Il était là, le sourire "émail diamant", la posture noble et avenante.

Gros soupir.

Bonjour William. Je suis ravie de vous voir. Ca me permet de prendre l'air et d'échapper aux montagnes de parchemins qui jonchent ce qu'on ose appeler un... bureau, je crois.

Et il me fait la bise... Non mais il veut m'achever ou quoi?

Sachez que vous ne me dérangez jamais, William...

Ma Foi, Gaia si ma venue permet de t’« oxygéner » j’en suis bien aise. Mais surtout ne vas pas te surmener, je te sais combative. Cela n’est néanmoins pas une raison pour te détruire à l’œuvre.

Le sorcier adressa à la jeune femme un sourire des plus charmeurs…

Installe toi, veux tu bien ? Je nous ai fait venir quelques délices de chez Pierre Hermé pour accompagner ce Russian Earl Grey aux 12 agrumes.

Le Magistrat Suprême fit alors lui-même le service : versa le thé et présenta à la jeune femme un assortiment de succulents macarons…

Alors si ma mémoire ne me trompe pas : nous avons ici quelques Ispahans (macaron à la rose, crème de litchi et framboises), des Arabesques, Caramel à la Fleur de Sel et enfin mes préférés Chocolat au lait Fruits de la Passion…

Le Ministre avait un air délicieusement enjoué, il ne pouvait d’ailleurs pas s’empêcher de prendre la mine malicieusement irrésistible d’un enfant lorsqu’il portait à ses lèvres la tasse de porcelaine.

Ma chère Gaia, comment vas-tu ? dis moi tout….

J’espère que ces nouvelles fonctions ne sont pas trop pesantes, je m’en voudrais de te savoir surpasser par les événements même si je sais cette hypothèse fort improbable.

Un autre sourire de connivence…

Pour être parfaitement honnête avec toi Gaia, je suis soulagé que tu aies accepté la direction exécutive de la Fondation. J’ai bien peur qu’à part toi très peu de personnes eut été capable de prendre la suite de France…

L’évocation de sa mère donna au Ministre un petit sourire triste qu’il essaya de maquiller par une légère grimace…

A l'annonce des merveilleuses gourmandises qu'il avait fait venir pour nous (pour moi), je rougis, encore. Arriverai-je un jour à me maitriser faceà lui ?

Vous me gâtez, William. C'est trop. Et pensez à l'embompoint qui me guette! ajoutai-je dans un léger rire.

Comment je vais? La routine... Rien de bien nouveau depuis votre somptueux bal.

Slent...

J'évitai soigneusement de montrer ma gène quant à la présence insoutenable de cette garce. Et je répondai à sa question.

La Fondation de votre chère mère me donne non pas du fil à retordre mais pas mal de travail et je dois avouer que je me sens parfois un peu dépassée par les événements, comme vous le soulignez si justement. Mais ne vous en faites pas, je m'en sors.

Je portai ma tasse de thé à mes lèvres, ennivrée par les effluves acidulées de la bergamote. Un régal.

Délicieux. Vraiment.

J’ai bien peur qu’à part toi très peu de personnes eut été capable de prendre la suite de France…

Oh! Il croit vraiment ce qu'il dit? Non! Impossible!

Vous exagérez. Je n'arrive pas à la cheville de votre défunte mère. Elle était une femme extraordinaire et je suis bien loin d'avoir sa force. J'ai beaucoup d'admiration pour elle.

Et pour vous...

J'espère simplement me montrer digne de la confiance que vous avez mise en moi, William.

Voyons ma chère Gaia, ne versons pas dans le mélodramatique s’il vous plait. Si je vous ai nommé à ce poste c’est que vous en avez les capacités. Quoiqu’il en soit je dois admettre que cette place n’est pas de tout repos et si malheureusement un jour vous sentez que la charge qui pèse sur vos épaules se fait trop lourde, n’hésitez surtout pas à me le communiquer. Je me ferai un devoir et une joie que de vous apporter mon aide et mon soutien…

Le Ministre prit alors un visage plus sérieux, se voulant plus professionnel bien que toujours très séduisant… Il fit venir à lieu un dossier feutré de bleu et de blanc, qu’il ouvrit. D’une voix collégiale, il poursuivit.

J’ai bien pris connaissance de l’etat des Finances de la Fondation de même que ceux de l’Hôpital Sainte Mangouste et je constate avec joie que notre dotation vient à nouveau d’atteindre un nouveau recours, c’est une excellente nouvelle, nouvelle qu’il nous faut par ailleurs communiqué. Cela démontre l’intérêt porté à notre action par un nombre de plus en plus grand d’individus et nous donne une légitimité forte sur le plan national. Nous devenons petit à petit l’association caritative de référence... c’est une très bonne chose et je ne peux que vous féliciter pour cela ma chère Gaia.

Sur ces mots, le Duc prit une généreuse bouchée d’un macaron au Jasmin puis s’essuya délicatement le coin des lèvres avec son mouchoir brodées des armoiries de la famille Lancaster / Blanchemaison…

Voulez vous bien excusez ma maladresse Miss Heatherheighs, je suis un vrai polisson lorsqu’il s’agit d’aussi bons macarons…

Le Ministre laissa à nouveau s’échapper un rire communicatif…

En ce qui concerne les dépenses, le Conseil d’Administration, nous conseille la plus grande des sagesses en nous suggérant une politique d’austérité budgétaire… Vous savez comment ces gens peuvent être « économes » pour ne pas dire autre chose, pour ma part je vous laisse seul juge. Je ne saurais que trop vous recommandez la prudence, pour autant n’hésitez pas à faire des coups d’éclat ce sont après tout les seules choses que retiennent les médias et le peuple…

Gaïa écoute attentivement le discours du Ministre et prend note de chaque point qu’il évoque. La Communication, le budget… Rien de bien très humain en somme ! Gaïa, pour qui le bien être de l’Humanité est un fardeau constant, lève malgré elle les yeux au ciel lorsque William lui parle de « coups d’éclat ». Elle qui aime choquer les gens, elle a carte blanche ! Mais non, elle sait qu’elle ne peut tout décider sans l’aval de ce fameux conseil d’administration.

Ne vous inquiétez pas, tout se passera pour le mieux. Dès qu’une idée germera, je vous en ferai part, évidemment. Je ne sais pas vraiment dans quelle direction aller pour le moment. Je dois admettre que je suis un peu perdue. Mais je suis convaincue que vous saurez guider de main de maître toute l’équipe qui vous entoure. Cependant, j’aurai souhaité que nous ayons des rapports plus forts avec Poudlard. L’éducation de notre jeunesse me tient particulièrement à cœur et j’estime que la Fondation Lancaster peut y être convenablement liée. Peut-être en réalisant des interventions auprès des élèves qui cherchent une voie, je ne sais pas…

La directrice marque une pause et porte sa tasse au bord de ses lèvres. Les yeux clos, elle se laisse une fois encore envahir du bien être que lui apportent les effluves du thé. Puis une fois avoir bu une gorgée, elle la repose sur la table d’un air déterminé. Croisant les jambes, elle fixe son patron, et dans un petit sourire lui demande :

Et si nous ne parlions pas « boulot » ? Parlez-moi de vos écuries, de la musique que vous écoutez en ce moment, de votre prochaine destination pour les vacances. Ou autre chose, ou alors inventez. Je vous sais doté d’une grande imagination, William… Voyez-vous, j’ai grand besoin de voir mon esprit vagabonder hors des murs de ce bureau...