Ferbarbeléros

Bon, où en étais-je ? Beaubâtons n'est ce pas ? Mon entrée là bas ... Je n'aimais pas du tout cette école, dès que j'y ai mis le pied, j'ai senti que j'allais détester. Tout le monde était mielleux avec moi : beaucoup avaient connu ma mère et cherchaient à me comparer à elle, s'étonnant que je ne lui ressemble pas. En plus, s'attirer les bonne grâce des Quindiniar en s'entendant avec moi, c'était cousu de fil blanc.

La colère l'envahit à ce souvenir.

Je n'ai jamais pu y faire confiance à qui que ce soit, j'ai toujours été très solitaire. Mon meilleur moyen de défense ? Etre désagréable. Comme ça on me laissait tranquille. C'est un trait de caractère que j'ai gardé je pense. Encore aujourd'hui, je reste seule la plupart du temps : comme ça on ne peut pas me blesser au moins.

L'année passée, il y a eu toute une histoire avec une fille, au cours de potions. Ca s'est plutôt mal terminé pour elle et j'ai été convoquée chez le Directeur.

Un petit sourire cynique se devine à présent sur ses lèvres.

On ne peut pas dire que l'entretien se soit très bien déroulé et nous sommes arrivés à la conclusion que je devrais sans doute essayer de trouver ma voie dans une autre école. Inutile de te dire que Calandra était hors d'elle !

Et je suis arrivée ici. Et je t'ai rencontré.

La révélation d'Aléatha surprend Naget.

Je ne savais pas que tu avais été... dirigée vers une autre école. Je me demande ce que cette fille a bien pu te faire pour te pousser à bout. Tu veux me raconter cette histoire ? Pour que je ne commette pas la même erreur.

A ce moment, sa curiosité égale son bonheur.

Ses joues rosissent à nouveau à l'évocation de ce souvenir, mais elle en sourit néanmoins.

Oh, je suis certaine que tu vas trouver cela ridicule. Sans compter que ce n'est pas très ... flatteur pour moi comme situation. Mais vu que tu es curieux ... Il y avait ce jeune professeur de potions : il était plutôt mignon je dois bien le reconnaître, mais n'excellait pas vraiment dans son cours. Et moi je suis passionée par les potions ... Oui, ça je ne te l'ai jamais dit mais c'est vraiment ma matière de prédilection, j'adore ce moment critique ou tu regardes le contenu de ton chaud ...

Excuse-moi, je me laisse emporter ...

Donc, ce cours de potions était un véritable supplice pour moi tellement c'était ridicule et je me suis amusée à pousser le Professeur un peu à bout. Il a tout compris de travers et ... hé bien ... enfin, un jour il m'a envoyé un message pour que je le retrouve dans le parc. J'y suis allée comme une idiote, en pensant que ça pouvait être drôle et je l'ai un peu éconduit. Soit ... Mais une des filles du cours de potions m'a vue avec lui et a trouvé très drôle de faire courir des bruits sur un rendez-vous très galant. A force de me le rappeler, un jour j'en ai eu un peu assez et elle a reçu le contenu de mon chaudron sur la tête. Ce n'était pas moins que la fille du directeur qui n'a vraiment pas apprécié.

Maintenant, Aléatha est vraiment hilare.

Son rire est communicatif. Après quelques instants, leurs rires cessent et Naget reprend la parole.

Que dirait cette fille si elle nous voyait maintenant ? D'ailleurs, je devrais la remercier : sans elle je ne te connaîtrais peut être pas. Sinon, la potion n'a eu aucun effet sur elle ? Parce que si tu avais attendu de l'avoir terminée, elle n'aurait sûrement pas pu en parler à son père le Directeur...

Oh non, la potion n'a eu aucun autre effet que de la rendre cramoisie de rage : j'avais à peine mis chauffer l'eau et placé dedans la pâte de boue putride et de viscères de rats.

Maintenant ce qu'elle penserait en me voyant dans tes bras ? Bah, elle dirait probablement "bon débarras" ... Tu sais, le Professeur n'a pas été particulièrement tendre avec moi lorsqu'il a été convoqué chez le directeur pour confirmer les dires de sa fille. Il a même été jusqu'à dire que c'est moi qui l'ai poursuivi de mes assiduités ! Non mais vraiment, tu te rends compte ? C'est insensé !

J'ai entendu dire qu'ils sont ensembles à présent et que le petit maître des potions et également devenu directeur de sa maison. N'importe quoi, vraiment !

Naget se met à rire.

Il a dit ça ? Et il est maintenant avec la fille ?

En voyant le ciel qui commence à pâlir, il s'aperçoit qu'il est tard.

Mais si tu veux avoir une chance de retrouver ta boucle d'oreille et de dormir ensuite, nous ferions mieux de rentrer maintenant. De plus, il commence à faire frais, et nous serons aussi bien à l'intérieur. Tu me suis ?

Un masque dramatique s'affiche sur son visage et d'une voix tragique :

Oui, ô déception de ma vie : toutes mes chances de l'épouser sont réduites à néant à présent !

Elle recommence à rire, ces moments sont délicieux et tellement rares qu'elle ressent le besoin d'en boire chaque seconde comme si ils étaient les derniers. Reprenant son sérieux petit à petit.

Tu as raison, j'ai froid et je ne m'en étais même pas rendu compte. Rentrons, si je retrouve cette boucle tant mieux. Sinon, notre soirée la valait largement.

Elle glisse la main dans la sienne et ils reprennent le chemin du château.

Pendant le chemin, Naget continue la discussion, sur un ton rieur :

C'est vraiment triste. Tu vas devoir te contenter de faire ton chemin au côté de ma pauvre personne : comme je te plains ! Pour te consoler, j'essaierai de rendre ta vie moins pénible...

En même temps, il sert la main d'Aléatha un peu plus fort.