Tour d'astronomie entretien haut perché [PV Jimy]

L'horloge allait sonner 19h. Et peu avant 19h, en plein mois de décembre, il faisait nuit. Une belle nuit bien sur : claire, étoilée, fraiche...
La jeune fille avait fini les cours depuis déjà deux bonnes heures, et, avait décidé, en accord avec elle-même, d'avoir exactement 2 minutes de retard. Elle avait donc pris le temps de se changer, quittant sa robe de sorcière pour un jean simple et un top en dentelle noire, par dessus lequel une veste en tweed noir lui laissait libre choix de ses mouvements.
Elle avait également profité de son temps libre pour réfléchir à ce qui allait se passer : aucun doute, le préfet aurai du retard, un tout petit peu, pour la faire attendre. Et il afficherai un brin d'arrogance... pas de doutes là-dessus. Mais ce soupçon de prétention lui allait si bien... n'était-ce pas en partie ce qui l'avait touchée l'autre soir ?

L'horloge sonna 19h. Et à 19h, en plein mois de décembre, il faisait nuit. Une belle nuit bien sur : claire, étoilée, fraiche, et marquée par un battement d'aile.
En bas des escaliers, alors qu'elle s'apprêtait à rejoindre son camarade, elle vit le hibou de son frère s'approcher. Réceptionnant la lettre à toute vitesse, elle ne pris ni le temps de l'ouvrir ni le temps de la ranger. Soufflant à l'animal de l'attendre dans son dortoir, elle commença son ascension.

Marche à marche et pas à pas
Que va-t-il se passer là
Marche à marche et pas à pas
Le retard te le dira

Un oiseau sur ton chemin
Tu y répondra demain
Et un préfet qui t'attends
Dépêche toi car il est temps

Marche à marche et pas à pas
Que va-t-il se passer là
Marche à marche et pas à pas
Attendra ou attendra pas...

Chantonna-t-elle mentalement, escaladant les marches de pierre de la tour. Vide. Étonnamment vide. Mais rien ne l'inquiéta.
Elle arriva enfin au sommet de la tour, plus proche du ciel qu'elle ne l'aurai cru au premier abord. Sa montre affichait 19h02... Kurun fut amusée de voir qu'elle avait relevé son pari : arriver avec deux minutes de retard. Jamais elle n'avais gravi ces escaliers aussi vite. Un peu essoufflée par son ascension, elle regarda autour d'elle, elle n'aperçut ni trace du jeune sorcier qu'elle attendait ni de quelque autre individu que ce soit. Un brin de fierté la parcouru en se disant qu'elle avait raison : il était volontairement en retard...

Elle sourie au vide de la pièce et se tourna alors vers la fenêtre, s'asseyant même sur le rebord pour y observer la lune pâle. Sa lettre toujours en main, elle ne bougea pas. Attentive aux sons des alentours. Le vent, quelques volatiles nocturnes, son souffle, mais pas de bruits de pas. Il ne viendrait peut-être pas après tout. Son souffle s'était calmé. De toute façon elle avait le temps... Se saisissant de sa baguette, elle alluma les bougies de la pièce, toujours sans quitter son promontoire. La salle froide paraissait ainsi plus accueillante, mettant en valeur les quelques livres trainant sur une table dans un coin.

- Dois-je m'attendre à une absence ou à une mise en scène, Raven ?

Souffla-t-elle dans l'air, impatiente de revoir celui qui l'avait si lâchement intriguée. Un regard vers le vide sous ses jambes l'amusa. Qu'allait-il penser encore ?
Mystérieusement attirée par celui qu'il était, la jeune fille savait qu'elle trouverai dans ce camarade un soutient précieux. A condition qu'elle comprenne ce qui se passait dans sa tête. Elle apprendrai beaucoup de lui.

-En fait, vous êtes en retard.

Il sortit tout simplement de l'invisibilité en retirant cette cape qu'il avait récupéré par hasard. Un objet précieux dont il ne mesurait absolument pas la valeur, bien sûr. Si le destin de Raven n'avait pas été fixé par les dieux, ce serait sûrement le diable qui en avait inventé les grandes lignes.

-En temps normal, je serais parti et vous vous seriez retrouvée seule, comme un idiote. N'allez pas croire qu'il me fait plaisir de former personnellement les gens. En temps normal, je laisse ça aux sous fifres qui ont du temps à perdre.

Et à ces mots, Jimy pensa que c'était là la mission qu'il avait en parti confié à Jinx. Bah ! Le petit se rendrait compte bien assez tôt qu'il s'était fait avoir.

-Mais vous, vous avez quelque chose de spécial qui mérite que j'y porte mon attention. Il y a une lumière dans vos yeux, petite.

Puis fixant la jeune femme, il jeta la cape sur le côté et saisit son menton du bout des doigts pour lui relever le visage, saisissant de façon presque insultante et inquisitrice ses prunelles scintillantes. Il voyait le feu en elle. Son élément, si doux, si chaud, si profond. Se rapprochant alors tout près, il fixa son visage à quelques millimètres du sien, tout près de l'embrasser tendrement et il reprit son discours avec un léger rictus.

-Vous êtes consciente que j'aime une femme plus que ma propre vie, et qu'elle n'apprécierait sûrement pas que vous soyez dans mes pattes, que si elle l'apprend, elle serait bien capable de vous pourrir la vie ?

Puis il se recula, aussi sèchement qu'il avait pris le contrôle de la situation, comme à son habitude. Si elle n'avait pas été si douée pour cacher ses vraies émotions sous cette témérité et ce courage tenace, il aurait juré que ses jambes toutes entières étaient en train de trembler sous le poids de son assaut.

Kurun étouffa le soupçon d'amusement qui s'emparait d'elle. Elle fourra rapidement la lettre dans son sac tout en descendant de la fenêtre, regarda le sol un quart de seconde avant de fixer le visage du Préfet. Il était visiblement satisfait de son entrée.

-Très bien... on va donc commencer sur de bonnes bases.

Murmura-t-elle à son interlocuteur. Sa main se leva alors doucement et fendit l'air d'un geste bref et précis, accompagnant la joue du sorcier sur quelques centimètres. Jamais elle ne se serai crue capable de le gifler de la sorte, ni d'enchaîner aussi vite...

Ne m'appelles plus petite, d'accord ? Et sache que tant que tu sera arrogant, je serai insolemment orgueilleuse... Je fais ça très bien, j'ai été à bonne école !
Sinon, les femmes ne font pas partie des créatures dont j'ai peur. J'ai hâte de savoir ce que j'ai de si exceptionnel pour que ce ne soit pas tes fameux sous fifres qui me forment, et surtout, surtout, savoir ce que tu veux bien m'apprendre...

Elle laissa un temps respirant enfin. Et choisi un air plus humble pour ajouter :

Je ne suis pas mauvaise tu sais. Je demande juste un peu de respect. Même les roses les plus piquantes sont des fleurs délicates...

La jeune fille regarda ses mains et inspira lentement. Elle savait, en partie, ce dont il était capable, et il l'avait bien compris. Ce n'est pas par ses mot ni par sa mise en scène qu'elle avait été impressionnée, mais par son charisme et le feu qu'il évoquait... Ne rien montrer. C'était le plus important, et, comme d'habitude, elle avait réussi.
Son bras trembla. Seule trace des émotions la traversant. Culpabilité ou plutôt peur de sa réaction. Une gifle... une belle gifle, une de celles qui claque et résonne. S'apprêtant à esquiver le moindre geste de la part du garçon face à elle, prête à l'empêcher de sortir, elle chuchota, le regardant de nouveau :

Ça ne veut pas dire que je refuse ce que tu peux m'apporter. Je te demande juste de ne pas sous-estimer ce que j'ai également à donner.

Expiration douce. Attente délicate. Posture grâcieuse. Silence palpitant.

Sourire, rire.
Il hésita entre l'un et l'autre, puis il finit par se dire que ce serait les deux. C'était stupide. Se faire gifler pour avoir énoncé des vérités, voilà un fait parfaitement risible. Mais c'était une réaction comme une autre. Il ne plaça même pas sa main sur sa joue, retenant son souffle un court instant, il la fixa au rabais, lui donnant l'insignifiance la plus palpable du monde. Puis il sourit, encore, avant de répondre simplement :

-C'est bon ? Tu as fini ton numéro.

Les bras ballants, il s'avança vers une fenêtre et regarda au loin, esquissant un maigre rictus sans aucune signification plus prononcée que son soudain dédain pour l'ineptie parfaite que représentait de telles paroles, totalement mises hors contexte et débitées sans la moindre pause, résultat donc d'une affriolante et non contestable vitesse. Elle ne réfléchissait pas avant de parler.

-Et je ne suis pas impressionné.

Il avança alors vers sa cape d'invisibilité, se doutant bien qu'elle voudrait l'empêcher de sortir. Mais comment retenir ce qu'on ne peut pas voir ? La fixant du regard d'abord, il commença sa course vers elle, sans prendre garde à la petite stature de la jeune femme, pourtant dotée d'épaules bien assez large pour le ralentir. Quant à ses chevilles ... Et c'est en lui qu'elle voyait une once de prétention ou d'égo mal placé ? Et s'il ne faisait en fait que refléter ce qu'il voyait en elle, comment le prendrait-elle ?

-Leçon numéro 1. La confiance. Si tu me gifles, c'est que tu te défies de moi. Ne cherche pas à m'égaler, ne cherche pas à me ressembler, ne cherche même pas à me comparer. Accepte moi comme je suis et fais moi confiance. Pour te faciliter la tâche, je vais disparaître et tu ne me reverras que lorsque tu auras compris ton erreur.

Avec un léger pincement, quand même.

-Je t'ai touchée pour voir si tu écarterais ma main, je t'ai parlé ainsi pour voir si tu prendrais mes mots au pied de la lettre, je te suis rentré dedans de la sorte pour voir si tu acceptais qu'on t'épaule. Tu n'a réussi qu'une seule de ces épreuves et ce n'était pas la plus utile.

Carpe Diem, comme elle aurait dit. Commençant à mettre sa cape sur ses épaule, il n'en laissa plus dépasser que sa tête. Bientôt il disparaîtrait dans le vide et quitterait la pièce sans demander son reste.

La jeune fille ne souriait plus. Certes, ce qu'il disait était vrai : elle en avait fait trop, mais, quoi qu'il en dise, quoi qu'il en pense, la tester en permanence montrait que lui non plus n'avait pas confiance.

Comment veux-tu que je t'accorde confiance si toi même tu n'en a pas à mon égard ?

Elle laissa un silence s'installer, elle savait qu'à tout moment il pouvait disparaitre pour de bon et s'échapper, fuir.

Si tu me teste de la sorte, c'est que tu n'as pas confiance non plus. Et au vue du peu d'estime que tu as pour moi je ne comprends pas pourquoi je t'intéresse.

Elle s'écarta de la porte, abandonnant tout espoir de le retenir. S'il voulait s'en aller, il s'en irai de toutes manières. Il avait bien plus de volonté et de pouvoir qu'elle ne l'admettrait jamais. Qu'en était-il de sa volonté à elle ?
Regardant tout de même la seule part de son corps émergeant du vide, elle se posa des centaines de questions en quelques secondes.

Sa pensée fut interrompue par un battement d'aile dans... l'escalier ? Elle se retourna et vit le hibou de son frère entrer dans la pièce. Il avait été étrangement dressé... passer par la porte...
L'oiseau se posa d'abord sur l'épaule du Préfet, puis, sous le regard de la jeune sorcière, vint se poser sur son avant-bras. Les yeux jaunes, presque verts du bel animal se plantèrent dans ceux de la jeune fille. Elle pris un air réprobateur posant son doigt sur le bec du petit duc.

Jimy, je te présente Furentez qui devait m'attendre au dortoir...

Sans lâcher l'oiseau, elle sortit de son sac un carnet et sa plume, et s'asseyant à la table, griffonna quelques mots.

Leçon numéro 1 (par Jimy) : La confiance. Ne pas essayé de l'égaler, ne pas chercher à lui ressembler, ne même pas chercher à le comparer. Acceptes le comme il est et fait lui confiance.
Leçon numéro 1 (par Kurun) : Dibaot hent kaer na vez meinek ha gwenodenn na vez dreinek...

murmura-t-elle en se relisant. Le frouement du hibou redonna à Kurun une once de sourire, et, caressant l'animal, regarda son interlocuteur premier.

J'espère que tu as encore des choses à m'apprendre...
Leçon numéro 2 ou mise en pratique ?

-C'est amusant comme les gens ont vite le sentiment que je les prends de haut sans que je n'ai rien fait qui en atteste que c'est le cas.

Esquissant un maigre sourire, il fit retomber la cape sur le sol.

-Tu vois que tu écoutes, quand tu veux.

Puis reprenant toute sa contenance, il s'assit devant Kurun, prenant l'air le plus inquiétant qui soit et il laissa ses lèvres s'étirer en un large sourire. Posant ses coudes sur ses cuisses, il avança ses avants bras vers Kurun et prit les mains de la jeune femmes entre ses doigts. Sur le ton qu'il employa alors, n'importe qui aurait pu croire qu'il la prenait pour la pire des débiles profondes.

-Tu sais, c'est justement parce que tu n'as absolument rien de spécial que tu me plais. Je n'ai jamais vu aussi ordinairement désordinaire que toi. Tu arrives même à essayer de faire croire que tu as quelque chose alors que tu n'as absolument rien du tout. C'est fantastique, non je t'assure !

Et le garçon laissa échapper un grand rire, replaçant une de ses mains sur les joues de Kurun. Peut être allait elle encore le gifler, mais l'idée lui plaisait assez. Après tout, si elle était resté normale dans un premier temps, Jimy n'aurait jamais su ce qui l'énervait à ce point chez lui, et il aurait eu deux fois moins de raisons de venir appuyer là où ça fait mal jusqu'à ce qu'elle se mette à hurler pour qu'il arrête.

-Leçon numéro 2 ? Baisse ta garde et sois une gentille fille. J'ai pas besoin d'avoir confiance en toi, ni toi en moi. La confiance c'est pour les idiots. Par contre, on peut avoir foi l'un en l'autre. Si je sautais du haut d'un pont et que je ne remontais pas à la surface, malgré toutes les fois où je vais te pourrir la vie (Notez que ce n'est pas un conditionnel) tu sauterais quand même pour me sauver ?

Puis lui mettant une petit tape amicale sur l'épaule, il se redressa et commença à faire les cent pas en déblatérant des choses toutes plus incompréhensibles les unes que les autres. La vérité, c'est que Jimy expliquait alors des choses extrêmement importante à Kurun, mais son obsession pour les déductions foireuses et les tentatives de surprendre ou d'impressionner, ne serait-ce que de vouloir uniquement comprendre l'aveuglait totalement.

-Tu vois, c'est précisément pour cette raison que je n'ai pas d'amis, et que je n'en veux aucun. Pourquoi tu luttes alors que mon comportement envers toi te séduit au plus haut point ?

La tape du sorcier avait déstabilisé l'oiseau encore accroché à son bras. Il poussa un petit cri menaçant vite étouffé sous la voix de la jeune fille.

Si tu arrêtais de parler aux gens comme à des enfants, peut-être qu'ils ne penseraient pas que tu les prends de haut ! Non ?

Kurun se leva alors, laissant son carnet et sa plume en évidence sur la table, et, se dirigea vers la fenêtre, portant toujours le duc avec grande aisance, prête à lui rendre liberté.

Tu vois cet oiseau ? Je le traite bien mieux que tu ne me traites et me traiteras. Pourtant, que vaut-il réellement ? ...
Pour répondre à ta question, oui je plongerai te chercher, te sauver même, mais pas si tu me cries de venir et que tu changes d'avis : ne me dis pas que j'ai 'quelque chose de spécial qui mérite que tu y portes mon attention' si deux minutes plus tard tu me répond que je suis 'ordinairement désordinaire'. Ne me dis pas que la leçon numéro 1 est d'avoir confiance si la leçon numéro 2 dis que la confiance est pour les idiots.

La jeune fille se retourna vers son interlocuteur, s'attendant à se retrouver face au vide. Surprise qu'il ne soit pas parti, elle se rassit à sa place et inscrit la leçon numéro deux sur son carnet, sans le regarder, continuant toutefois son explication.

Ne me demande pas d'être une gentille fille comme on demande à un chien de faire le beau. Pour appliquer le 'soit belle et tait toi', il faut commencer par être belle tu comprends ? Silence... Biensur que tu comprends !
Je monologue là...

Kurun tais toi !

Elle releva le visage vers le garçon, plantant ses yeux dans les siens et se retint d'avancer vers lui. Il disait ne pas vouloir d'amis... Mais c'est pourtant un brin d'amitié qu'ils tissaient là ! Elle inspira, et en quelques secondes, vida son esprit de presque tout ce qui c'était dit au part avant pour ne retenir qu'une question. Qu'une seule question. Une de celle qui dérange car on y trouve pas de réponse.... "Pourquoi tu luttes alors que mon comportement envers toi te séduit au plus haut point ? " Séduite, elle l'était sûrement oui, ou manipulée, la frontière est mince... Mais, elle ne luttait pas. Pourquoi n'avait-elle pas à lutter ? Là se trouvait le plus gros du problème.

Parce qu'il n'as pas gagné...

Elle avait lâché cette pensée, sans se rendre compte de ce qu'elle faisait. C'est le malaise qu'elle ressenti qui la fit chanter. Tournant son visage vers la nuit étoilée, sa plume toujours en main en suspend au dessus de son carnet griffonné, elle chantait cette même gwerz que celle qui les avait retenue près du feu l'autre soir...

Si je te pose une question t'en iras-tu Jimy ?

Elle ne ferma pas les yeux, mais ne les fixa pas non plus. Attendant la fin de la mélodie avec impatience, naviguant d'étoile en nuage, de nuage en étoile. Qu'est-ce qu'il lui prenait là ? A coup sûr, il n'attendrait pas...

-Là c'est clair, tu m'ennuies pour de bon.

Inutile de faire un rapport sur la justesse de ses pensées à son égard, toutes aussi courtes que les pends de sa tunique taillée sur mesure d'une gosse beaucoup trop large d'épaule pour avoir l'air aussi serrée dans un émail rigide qui ne faisait que refléter son puérile état d'esprit.

-Et si maintenant je te disais que la leçon numéro 3 c'est de ne jamais avoir une foi aveugle en un fou comme moi, tu rétorqueras que c'est débile parce que si tu ne dois ni avoir confiance, ni foi en moi, quel est l'intérêt à présent de te méfier ?

Et à ces mots Jimy se mit à tituber jusqu'à la fenêtre ou il balança d'une pichenette un oiseau en repos. Inutile de dire qu'à cet instant il comptait bien faire une expérience qui allait sûrement beaucoup le faire rire, elle ... Un peu moins.

-Mais parce que j'ai besoin pour raisonner que tu t'opposes à moi, petite sotte ! Si tu passes ta vie à m'acquiescer en ne faisant que miroiter tout ce que je te raconte, sans ne jamais prendre de risque tu ne seras jamais encline à apprendre quoi que ce soit ! Ta tête est aussi vide qu'une cruche à 14 heures une fois que tout son contenu s'est évaporé parce que le soleil lui a donné trop chaud. Je suis le soleil et toi t'es liquéfiée à chaque fois que je t'en colle une.

Puis il adressant un bref petit salut, Jimy ouvrit la fenêtre la plus proche et se jeta en arrière directement dans le vide. Bien entendu, si Kurun eut d'abord le sentiment que le garçon était en train d'essayer de se tuer, Jimy lui n'avait eu aucun doute quant au fait que son dragon le rattraperait. Et d'ailleurs Sharko arriva dans un grondement sourd, pile à l'heure, pile au bon endroit. Grimpant dessus, Jimy se laissa partir au large, laissant la jeune femme sur cette impression désagréable. Il partit, loin, très loin au dessus de la forêt interdite quand enfin il se décida à se poser dans une petite clairière.

-"Tu as été dur avec elle, je présume".

Jimy s'avança alors vers la petite voix qui s'était élevée par delà les hautes herbes. Sur un petit rocher au coeur même de la clairière, un gobelin était assis là, les jambes croisée et les coudes appuyés contre les genoux. Les yeux fermés, il les ouvrit finalement pour adresser un regard au jeune homme.

-Je sais ce que je fais mon ami. Si elle a l'étoffe pour être mon bras droit, je le verrai bien assez tôt. Cette fille est dépourvue d'ambition, elle n'est pas capable de prendre de vrais risques ou d'imaginer qu'elle a la moindre chance contre moi, comment pourrait-elle me sauver si un jour je montrais une faille alors qu'elle attend tout de moi ?

Le Gobelin, portait un masque sur la moitié du visage, un masque qui témoignait d'un évènement passé pour le moins douloureux dans le passé de Jimy, cet évènement même qui l'avait conduit jusqu'à Mademoiselle Aven. Ricanant quelque peu, le vieux Gobelin ne put s'empêcher de faire une cabriole avant de sauter directement sur le dos du dragon, visiblement exaspéré par la présence du Gobelin. Si bien que l'animal tenta de lui refourguer un coup de queue.

-"Se pourrait-il que tu aies peur qu'elle découvre que tu ne fais que répondre à ses attentes, imitant inlassablement le premier modèle de conduite que tu croises ? Est-ce que tu penses être un imposteur, Raven ?

Puis continuant de glousser, le Gobelin disparut dans un claquement de doigts. Jimy quant à lui s'installa confortablement sur le petit rocher, la tête tombant vers le sol et les paumes de mains collées à ses tempes. Réfléchissant longuement, il finit par soupirer.

-Il y a bien longtemps que je n'en sais plus rien.

Elle retint son souffle pendant quelques secondes. Il ne pouvait sauter ainsi s'il n'avait pas l'assurance de se rattraper...
Effectivement, un battement sourd fendit le vide obscur.

Un dragon ? …C'est pour le moins original comme sortie. S'amusa-t-elle.

Déçue de la tournure qu'avait pris la discussion, elle respira quelques temps l'air de la nuit naissante. Il la testait, l'évaluait, la jugeait. Elle relèverai ce défi ; elle lui montrerait qu'elle a plus de valeur que ce qu'il pouvait croire.
Se retournant, elle ramassa ses affaires sur la table. Les rangeant calmement dans son sac, elle avisa cependant un tas de tissu sur le sol.
Son sac sur l'épaule, elle s'en approcha. Il s'agissait en fait de la cape d'invisibilité dont le préfet avait usé pour son entrée théâtrale.

Tu veux de l'opposition Raven ? Je crois que je vais jouer un peu dans ce cas... Disons que tu es le chat. Moi je ferai la petite souris.

Le sourire aux lèvres, elle descendit calmement les escaliers, la cape tapie dans le fond de son sac. Son carnet contenait les quelques leçons données ce soir, son sac renfermait une arme pour le moins plaisante, et Furentez l'attendait au dortoir. Qu'est-ce qui pourrait l'empêcher de dormir en paix ce soir ? Peut-être la certitude que rien ne serai pareil demain...

***FIN***

*Tour d'astronomie* entretien haut perché [PV Jimy]

Tour d'astronomie entretien haut perché [PV Jimy]