Encore un quartier mal famé... (PV Ivy)

Un nouveau quartier mal famé ce soir... Londres, encore. Des "racailles" un peu partout, qui ne se soucient pas d'elle, ou si peu... Les rues sentent la misère et la peur, mais Roxanne ne tremble pas.
La jeune femme s'habitue. On s'habitue à tout. A la douleur, aux cauchemars, à la fatigue des nuits sans dormir, à la culpabilité d'une mère incapable d'en être une, à la misère qu'on contemple tous les jours sans rien n'y faire, à la puanteurs des quartiers les plus pourris de Londres, à la peur au ventre les soirs de mauvaises rencontres, à la douleur qui suit une bagarre, à être transparente...
Roxanne la tendre romantique est devenu une femme endurcie. Et aujourd'hui plus encore. Aujourd'hui elle avance, sans savoir ce qu'elle va trouver. Mais armée d'un nouveau courage et d'une nouvelle détermination en ce soir de Noël, la jeune femme aux cheveux rouges feu s'est promit de trouver quelque chose...

Un indice, un moyen, une toute petite piste... Ou bien Elle, directement, pour en finir et redevenir la mère qu'elle doit être...

HJ : Le post précédent est ici

Noël... Ce mot n'avait jamais eu beaucoup de sens pour Eléa... Et maintenant qu'Eléa n'était plus et que ne subsistait plus qu'Ivy, le mot "Noël" avait définitivement perdu toute signification...
Ce soir était un jour comme les autres pour elle. Ce soir, la faucheuse avait décidé de faucher.

Après les douloureuses retrouvailles qu'Ivy avait vécu avec Sati, elle avait soudain senti le besoin de revenir à la seule chose qui comptait encore pour elle : apporter la paix aux âme qu'elle fauchait. Car dans sa folie, c'était ainsi qu'Ivy voyait ses meurtres atroces !

Emmitouflée dans sa cape, son capuchon rabattu sur son visage défiguré, elle marchait dans les sombres ténèbres de la nuit à la recherche de sa nouvelle proie.
Ses lèvres semblaient murmurer des mots incompréhensibles, comme une quelconque incantation qui n'avait pourtant aucune propriété magique, et, surtout, qui n'avait de sens que pour son esprit torturé.

Elle n'aurait su dire pourquoi elle était revenue sur les traces de l'un de ses derniers crimes, ni à quoi ressemblait la jeune fille dont les mèches rousses ornaient maintenant la tresse qu'elle serrait entre ses doigts pâles.
Si elle avait imaginé que son choix, ce soir, risquait de la mener à sa perte, peut-être en aurait-il été autrement.
Mais la faucheuse était trop déconnectée de la réalité pour réfléchir à ce genre de choses.
Tapie dans l'ombre, elle attendait...

Et ce qu'elle attendait apparut bientôt au coin de la rue : une silhouette svelte et de beaux cheveux flamboyants...
Un sourire se dessina sur le visage marqué de cicatrice.

Viens à moi, petite chatte... C'est le vent qui t'amène... Bientôt tout ne sera qu'un vilain souvenir...

Et elle sortit des ténèbres dans lesquelles elle était cachée.

Il fait sombre ce soir, petite chatte. Pourquoi marcher toute seule dans ce froid ? demanda-t-elle d'une voix sourde et presque enfantine.

Elle se l'est imaginé plusieurs fois, le film de ce qui pourrait ce passer ce soir, dans son idéal. Le miracle de la nuit de Noël lui apportera ce qu'elle cherche : au détour d'un chemin, elle rencontrera le visage de celle qui lui a volé sa vie. Elles se battront, la meurtrière utilisera sa magie pour lui lancer des sorts douloureux qu'elle supportera, par la force de ceux qui n'ont plus rien à perdre, et Roxanne finira par avoir le dessus, et prendre sa vie. La meurtrière quittera le monde des vivants, et Roxanne retrouvera son petit garçon, et la sérénité de ceux qui ont retrouvé la paix.

C'est perdue dans ce rêve qui ne lui apporte pourtant aucune lueur, aucun souffle d'espoir, que Roxanne parcourt les rues de ce quartier dont la réputation n'est plus à faire, et où le mal peut survenir au coin de chaque tournant.

Et c'est de ce rêve, ou de cette lubie, qu'une femme défigurée la tire.

Elle n'est pourtant pas brutale, son entrée. La femme marche lentement, elle sourit, et parle d'une voix enfantine et amusée... Une femme qui, après ses épreuves, ne devrait évoquer aucune véritable crainte à la nouvelle Roxanne vengeresse...

Et pourtant, c'est une terreur sans nom qui s'empare de la jeune mère. Roxanne, à la vue du visage innommable de son ennemie (car il ne fait aucun doute qu'il s'agit d'une ennemie), voit la nouvelle face de son rêve. Devant ses yeux passent des flashs, de nouvelles images, terrifiantes, de son avenir.

Elle se voit en combat avec cette inconnue, elle entend son rire cristallin lorsque celle-ci la torture, elle entend ses propres cris, sent la douleur insupportable.
Elle se voit mourir, elle se sent mourir.
Elle se voit rentrer à Poudlard, morte, un esprit invisible aux yeux des hommes quels qu'ils soient, incapable d'interagir. Elle voit son enfant, orphelin.
Elle le voit grandir dans le malheur, elle le voit pleurer, elle le voit souffrir, elle le voit traqué par ceux qui ont tué son père et celle qui a tué sa mère, par ceux qui refusent l'alliance des sorciers et des sans-pouvoirs.
Le flash s'arrête avant de le voir mourir, et la détermination de la mère, au-delà de tout instinct de vengeance, est de sauvegarder et protéger son bébé.

Alors oui, par courage pour son fils, la mère devient lâche et s'enfuit en courant plus vite qu'elle ne se serait crue capable, non sans avoir lancé sur son ennemie une potion volée à Poudlard dont elle ignore l'effet. Sans se retourner, sans une pensée pour savoir si elle est suivie, ou pour connaître l'effet de cette potion sans nom, Roxanne court comme si sa vie en dépendait (et de fait, c'est probablement le cas) vers le point qu'elle vient de quitter. Poudlard, qui la protégera dans l'immédiat. Poudlard et son enfant...

Une petite fiole éclata aux pieds de la faucheuse. Cette dernière fronça les sourcils, rendant ainsi son visage encore plus déformé qu'il ne l'était à l'origine. De la petite fiole s'évada un liquide rougeâtre et fluorescent. La faucheuse resta un instant interdite, observant le liquide comme si c'était la plus belle chose qu'elle avait jamais vu.

Dans une autre vie, il y avait de cela bien longtemps, elle avait été passionnée par la confection de potions... Une réminiscence de cette vie fit soudain chavirer son coeur. De longues boucles rousses, de grands yeux bleus trop clairs...
Quelques battements ratés plus tard, Ivy, les yeux - bleus trop clairs eux aussi - remplis de larme, releva la tête en hurlant.

Maïaaaaaaa...

Sa proie avait disparu sans qu'elle ne s'en aperçoive, sans même que cela lui importe...

Le chaton est parti. D'autres petites chattes rousses le remplaceront...

Une version bien à elle de l'expression "une de perdue, dix de retrouvées", probablement...
Mais quelque chose en elle s'était brisé, consumé, tandis que l'image de sa fille avait réussi à passer la barrière de sa folie et à s'imposer - même juste un instant - dans son esprit.

Maïa, répéta-t-elle, déjà plus très sure, à présent, de savoir ce que ce mot signifiait réellement...

Au loin, des bruits de pas retentissaient. Quelqu'un approchait. Mais la faucheuse, hagarde, ne bougeait pas.

Maïa, pauvre petite chatte, ne cessait-elle de répéter.

Quand enfin les pas résonnèrent à seulement quelques mètres d'elle, elle se leva et, emmitouflée dans le manteau sombre de la nuit, s'enfuit à toutes jambes, courant vers elle ne savait plus quoi... elle ne savait plus où...

» *Librairie de quartier* Une moldue, des livres et... ? (libre)