La lune saigne chaque soir sur la terre... [PV]

C'étaient les premières vacances scolaires depuis la rentrée. Mon père était partis je ne savais trop où, et je me retrouvais seule dans mon manoir londonnien en présence de mon elfe de maison. Il s'était produit un nouveau bouleversement pour celui qui me servait de géniteur. Un bouleversement dont l'origine m'était tou à fait inconnue. Comment aurais-je pu un jour comprendre cet être que l'on disait mon père? Cette entité auquelle je ressemblais tant, à ce qu'on disait aussi bien physiquement que mentalement. Cela m'avait toujours révulsé d'entendre cela. Etre associée à Edric Lebrec, roi de Bretagne et homme raté à mon avis, me plongeait dans une colère froide et noire. Et toutes ces années que j'avais passé à vouloir me détacher de lui et le rendre désespéré avait peut-être porté ses fruits. Oui, peut-être était-ce moi l'origine de son bouleversement. Ou peut-être était-ce la mort de sa tendre mère. Ou peut-être était-ce tout autre chose. Je n'en savais rien. L'unique certitude qui perdurait était que j'étais bel et bien la source de son malheur, et ce depuis que j'avais endossé mon rôle d'Héritière.

Pour la première fois, une pensée me venait à l'esprit, claire et douloureuse.

Peut-être avais-je tord...

Oui, peut-être avais-je tord de m'être conduite ainsi. De l'avoir jugé aussi durement. Le train m'avait donc ramené à Londres. Je ne pouvais pas encore revenir en Bretagne, je ne m'en sentais pas la force. Je ne voulais pas y aller sans Glenn. Sans mon parrain, je savais que je ne pourrais pas encore affronter mon passé. Alors en ce début de soirée, le soleil se couchait bien tôt. Juste derrière mon manoir, se profilait un beau jardin imppeccable, et derrière celui-ci un petit chemin en hauteur qui permettait de profiter d'une magnifique vue à l'ouest. J'étais assise là, seule, ayant prévenue mon elfe de maison. A peine franchie le seuil de mon manoir que j'avais juste eu envie de rester dehors et attendre. Attendre quoi? Rien, que le temps passe. Qu'il passe, incolore et inodore. Imperturbable et inexorable. J'avais besoin de réfléchir.

On dirait bien que je ne suis pas la seule à changer. Mais dans un cas comme dans l'autre, je crois que nous ne savons absolument pas vers quoi nous nous dirigeons...

Dans le silence que seul troublait le vent, je fixais comme hypnotisée ce soleil rouge sang si bas dans ma vision. Il me semblait que je n'arriverais pas à ôter mon regard de cette sphère ensanglantée si un élément perturbateur à ma solitude ne se présentait pas, pour m'arracher à mes pensées, ou bien pour me libérer de ma mélancolie.

Un soir de repos, Gabriel en prenait peu depuis qu'il avait accedé à son poste de sous directeur de département au ministère. De la paperasse plus que de l'action encore, à croire que ses prédecesseurs s'y trouvaient plus facilement dans leur désordre, enfin dans le meilleur des cas, vu les couleuvres qui se tenaient ça et là au milieu du fatras, Il y avait plutôt lieu de penser que l'admninistration au département des Aurors était un sujet de spéléologie, un soir de repos vraiment mérité donc.

Gabriel avait quitté les quartier les plus actifs de Londres et errait un peu au hasard, le nez dans un ouvrage épais il allait du pas hésitant de celui qui ne sait où il met le pied qu'au moment au il le pose, et sa lecture visiblement valait la peine d'y garder la tête plongée. il allait donc ses vetements noirs mettaient en valeur ce jeune homme au cheveu long, ses yeux gris bleus ne quittaient pas l'oeuvre qu'il tenait devant lui, un "recueil de témoignages", de la main gauche, l'autre main revenait régulièrement chasser une mèche égarée en la passant par dessus l'oreille.

Il était ainsi arrivé à l'improviste devant le somptueux manoir, marchant de son pas distrait quand le pas levé se fige en plein mouvement, gabriel chancèle légèrement, en évitant maladroitement de percuter cet arbre qu'il n'avait vu qu'au dernier moment il avait posé le pied sur une racine, et tandis qu'il titube etouffant un juron, son déséquilibre le mène presque à tomber sur Djaniah, laissant choir par la même le livre derrière et suspendant son mouvement.

Oh... je...euh... excusez moi, bafouille t il avec son leger accent français avant de reprendre contenance et de réaliser qu'il est bien loin de son chemin.
les livres auront ma peau vraiment... si ce n'est pas elle qui me tue, je dois être dans sa propriété?

Si ce n'était que des pas, je savais que je n'y aurais pas porté plus d'attention qu'à un bruit d'oiseau. Pourtant, des bruits de pas ici auraient dû me faire réagir, non? Puiqu'étant seule, avec une elfe de maison aussi silencieuse dans ses déplacements qu'invisible, le seul être pouvant faire du bruit était un étranger. Et de tout étranger, la norme voulait qu'on se méfie.

"Méfiance est mère de sûreté".

Mais j'avais cette confiance en la vie pour ne pas m'inquiéter souvent face à des inconnus. J'avais passé trop d'heures à errer dans les coins sombres de Londres pour avoir peur d'une rencontre étonnante. Alors, si cet inconnu avait continué son chemin tranquillement, l'attrait de mon regard pour le soleil mourrant, m'aurait fait ne même pas le voir ou lui parler. Il aurait pu continuer sa progression sans ébranler quoi que ce soit de mon monde.

Ce ne fut pas le cas. Mes yeux se détournèrent de l'astre de feu alors que j'entendais un jeune homme trébucher et manquer de me tomber dessus, avec toute la délicatesse d'etouffer à moitié un juron. Un peu déconcertée par la surprise, je mis quelques secondes avant de retrouver ma voix. ET c'est dans un éclat de rire que j'accueillais l'inconnu.

Dîtes donc, lire est une noble occupation monsieur, mais il faut parfois savoir lever les yeux de la théorie des mots pour regarder la réalité du monde! Le chemin est un peu escarpé et ette racine n'hésitera pas à vous envoyer lestement au sol avec quelques écorchures... Mais ne vous excusez pas, il n'y a pas de mal!

Je souriais en entendant ses excuses. Je me doutais bien que s'il n'avait pas pu voir la racine au sol, il n'avait sans doute pas fait attention en pénétrant dans ma propriété. En même temps, je le comprenais bien, en parfaite serdaigle, j'adorais me plonger dans les livres. Mais j'eu un froncement de sourcil en l'entendant parler. Cet accent...

Vous êtes français monsieur?

Demandais-je en cette langue. Si je ne me trompais pas, j'étais bien heureuse d'entendre à nouveau ma langue maternelle. J'avais refusée de la parler depuis que je ne retournais plus en Bretagne.

Je suis bretonne.

Je réfléchis un peu. Je ne m'étais même pas présentée, ce qui n'était pas très poli. Je repris donc rapidemment.

Au fait, je m'appelle Djaniah Lebrec et j'étudie en 6ème année à Poudlard.

Mais je suppose que tu dois sans doute connaître mon nom...

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