Une traversée qui se veut discrète [PV Aléatha]

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Il fait nuit. Le ciel de ce mois de juin est entièrement dégagé et la lune est entièrement visible. Ceux qui s'y connaissent en astrologie remarquent qu'elle était pleine 2 jours auparavant, elle est très brillante. Sa lumière bleutée permet de distinguer le parc : les pelouses, les arbres, le lac, un élève... ! Un élève ? Il n'a pas le droit d'être là ! Oh, il le sait bien mais il y est malgré tout...
Bon, sortir du dortoir c'était facile. Traverser les couloirs aussi. Bien. Il ne reste plus que le parc.

Adossé aux murs du collège et respirant un grand coup, Jebofu, observa attentivement la distance qu'il avait encore à parcourir avant d'arriver à la forêt. Une fois qu'il y serait, il serait en "sécurité". Disons qu'il ne craindrait plus de rencontrer de professeurs ou Peeves. Bien sûr il y avait des choses dans la forêt qui la rendaient dangereuse, mais il était jeune. L'assurance de la jeunesse faisait qu'il pensait savoir mieux que les adultes ce qui est dangereux. Et puis ses recherches devaient commencer. Il doit en trouver. Ou des traces, cela irait pour ce soir. Mais il devait déjà traverser le parc...
Il s'élança sur les pelouses. Il courait dans la direction de la forêt tout en suivant une trajectoire qui passait par les zones plus sombres projetées par les arbres. Sa course n'a pas l'air ralentie par sa cape, il est clair qu'il a appris à courir avec depuis des années, mais il veut courir sans faire trop de bruit, et cela le ralentit.
Encore 500m.. 200... 3 arbres...
Attend ! Qu'est-ce que c'était que ça ?

Il s'arrêta en arrivant à un arbre à mi-chemin, il avait vu une forme qui aurait pu être humaine dans la direction de Poudlard.
Un professeur ? Un élève ?
Bouge un peu, que je te vois...

Un de ces interminables repas de famille où le paraître prime sur le plaisir de se retrouver tous ensemble. Il fait un temps magnifique et les portes-fenêtres de la somptueuse salle à manger du manoir Quindiniar sont grande ouvertes sur le jardin baigné de soleil. Aléatha et Naget sont assis l'un à côté de l'autre, le Professeur rendant poliment raison à Calandra qui le noie littéralement de ses propos futiles. Elle, elle n'en peut plus et au bout d'un moment, se lève en feignant un malaise. Bien entendu, ses pensées l'ont devancée et il rentre immédiatement dans son jeu, se précipite pour lui proposer son bras en appui et ils se sauvent dans le jardin : "la pauvre Aléatha a besoin d'air, il fait suffoquant". Une fois dehors et à l'abri des oreilles de la soeur vertueuse, le couple éclate de rire et part en courant vers la roseraie. Elle s'allonge à même le sol, le tenant fermement par la main et il ne lui faut pas deux minutes pour s'endormir, les narines emplies du parfum entêtant des roses.

Mais quelque chose cloche. Oui ! Mais quoi ? Depuis quand les roses sentent-elles la violette ? Dans son sommeil, Aléatha fronce les sourcils.

Théa ?

Une voix masculine l'enjoint à reprendre pied dans la réalité. Elle s'y oppose farouchement mais la voix et l'odeur sont plus fortes.

Théa, je pense que tu t'es endormie dehors. Je dis ça, je ne dis rien, mais le couvre feu est largement dépassé ...

Hein ?

D'un mouvement brusque, elle s'assied. Il fait noir et ... elle est effectivement dehors. Sa clairière aux violettes, son havre de paix dans lequel elle vient faire la sieste plus souvent qu'à son tour, à la frontière de la Forêt Interdite.

Par l'Ancêtre ! Pourquoi ne m'a-t'il pas réveillée plus tôt ?

Elle bondit sur ses pieds, attrape la bandoulière de son sac et, sans trop réfléchir, file en courant vers le parc du château. Une légère ombre devant elle, sur la gauche, la fait stopper net.

Oh bon sang non ! Avec ma chance, je parie que c'est Diustong !

Préférant jouer le tout pour le tout, elle lisse sa jupe et ses cheveux, espérant par là faire tomber les éventuelles herbes et feuilles qui ont dû s'y accrocher durant sa sieste. Et elle reprend son chemin, d'une démarche assurée.

Bonsoir !

Invité

Alea jacta est...

Bonsoir !

Puisqu'il ne peut plus faire semblant qu'il n'est pas là, Jebofu se redresse et assume sa position, sortant de l'ombre d'un arbre. Il n'est visiblement pas tranquille. On voit qu'il sait qu'il ne devrait pas être là mais il est indécis, ignorant à quelle sauce il va être mangé... Heureusement pour lui, très vite, son habitude de parler reprend le dessus :
A en juger par ta taille et tes vêtements tu n'es pas professeur. Tu es donc élève ici. Mais la façon dont tu m'as apostrophé laisse entendre que tu n'es pas préfète non plus... J'en conclus que tu n'es pas là pour me punir. En poursuivant le raisonnement, je déduis que tu es aussi en tort que moi. La question qui me vient aussitôt à l'esprit c'est : qu'est-ce que tu fais là ?

Tout en parlant, sa nervosité diminue. Il est plus posé et le rythme de ses paroles (pressées par le stress au début de sa tirade) revient à une vitesse normale. Il ne cesse toutefois de lancer des regards vers le château. Et finalement, il ne laisse même pas à son interlocutrice le temps de répondre :
Non, j'imagine que tu ne veux pas répondre. Après tout, pourquoi me faire confiance, n'est-ce pas ? On ne se connaît pas, tu dois te dire que je vais te balancer. Raconter que je t'ai vu et que j'ai voulu te ramener dans le château ce qui explique que je suis sorti. Ca pourrait marcher... mais je n'y tiens pas. D'abord parce que je ne suis pas une balance et ensuite parce que ça attirerait l'attention sur moi, et je préfèrerais l'éviter.
Non, je pense qu'avant de te demander de répondre, je dois te mettre en confiance.... Je vais donc commencer moi-même à parler.
Comme si c'était pas déjà fait...
Je me présente, je suis Jebofu, je suis en cinquième année à Poufsouffle.

A ce stade quelqu'un d'autre s'arrêterait sûrement de parler pour voir l'effet que ces paroles ont. Peut-être même que certains auraient menti pour avoir toutes les cartes dans leurs mains. Mais Jebofu se laisse emporter par ses propres paroles. Cela trompe sa peur d'avoir fait la plus grosse erreur de sa vie et ça occupe sa tête qui ne pense plus aux conséquences.
Voilà, tu as l'avantage. Tu peux aller me dénoncer ou venir avec moi. Tu peux même aller seule de ton côté, je ne te dérangerais pas.
Alors ? Tu veux me dire ton nom ?

L'Ancêtre était avec elle : ce n'était pas Diustong. Ni aucun autre professeur. Ni qui que ce soit qu'elle connaisse d'ailleurs. Il faut dire qu'en passant sa vie chez Naget, dans la clairière au violettes au Ministère ou à la Bibliothèque, ça laissait peu de temps pour les rencontres. Pas que cela la dérange, loin de là ! En fait, ce n'était au final pas plus mal ! Quoi qu'avec la carrière à laquelle elle se destinait chez Numenor, il serait de bon ton qu'elle commence à se montrer un minimum sociable tout de même ... Soit, ce n'était pas tellement le moment de se questionner sur la façon dont elle devrait gérer ses relations. Ou non. Déjà l'individu non identifié la harcèle de paroles, oubliant au passage de reprendre sa respiration.

Ma taille ? Quoi ma taille ?

L'approche de Jebofu n'est pas subtile et Aléatha apprécie moyennement l'allussion à sa petite taille. Ses sourcils froncés en disent d'ailleurs long mais de là à ce que son interlocuteur le remarque ... Elle laisse échapper un profond soupir mais n'a pas le temps de réagir qu'il continue sa harrangue.

Quel brillant esprit de déduction, ô génie ! Effectivement, je ne suis pas professeur, je ne suis pas préfete et je ne rends de compte à personne. Et ...

Mais il repart dans un nouvel élan.

Parce que tu crois que quelqu'un te prendrait au sérieux avec une argumentation aussi bancale ? Mon pauvre ... Jebofu ... as-tu dis ? Face à moi en plus ? Par l'Ancêtre Quindiniar, voilà qui est insensé !

D'un geste empli de dédain, elle repousse ses boucles blondes derrière son épaule. Geste qu'elle suspend, quelque peu étonnée par la verve du Poufsouffle. Et émet un léger rire, cristallin.

Te dénoncer ? Soyons sérieux ... Je suis Aléatha. Aléatha Quindiniar. Et puisque nous sommes sensés nous étiqueter avec une maison, je suis de celle de Serpentard.

Invité

La nuit est toujours calme autour des deux élèves, aucuns bruits ne vient les déranger. Ou plutôt, aucuns bruits inhabituels car les hululements des hiboux et chouettes résonnent doucement, de même que le froissement de quelques feuilles non loin, les occasionnels poissons qui troublent la surface du lac ou les bruits venant de la Forêt Interdite.

Etonnament, la réaction d'Aléatha rassure Jebofu par sa franchise, elle ne cache pas qu'il l'énerve. Son rire toutefois le désarme un instant, il ne sait si elle se moque de lui ou quoi. Mais réagissant à ce qu'elle vient de dire, il parvient à retomber ses pieds. Son hésitation n'aura toutefois pas échappé à son interlocutrice. En souriant, il répond :

Et bien, Aléatha je suis enchanté de faire ta connaissance. Appelle moi Jeb, je te prie, je préfère. Quant à la référence à ma maison, si elle t'ennuie, je m'en excuse, oublie-la à ta guise.

Quelque part au fond de lui-même, Jebofu sait qu'il ne devrait pas la provoquer ainsi mais, tout ce qu'il y a au-dessus de ce fond trouve cela assez amusant et est en plutôt fier. Après tout, c'est aussi sa faute à elle. Si elle voulait l'éviter, elle chercherait à cacher qu'elle s'énerve facilement. N'est-ce pas ? Absolument. Heureusement que la mauvaise foi existe, sinon qu'est-ce que je me sentirais coupable...

En tout cas, c'est très gentil à toi de ne pas vouloir me dénoncer. Ou en tout cas de le dire, c'est déjà ça... J'aime autant ne pas attirer l'attention sur moi, cela nuirait à ce que je cherche à faire et, comme tu t'en doutes au vu du fait que je sorte la nuit pour le faire, c'est assez important. Pour moi, tout du moins. J'imagine que tu connais la valeur du secret et de la discrétion.

S'arrêtant de parler (enfin !), il regarde à nouveau vers le château et, plus surprenant, vers le lac. Il s'y attarde en même temps que sa main droite vient tirer sur les cheveux de sa queue de cheval. L'espace d'un instant ses yeux semblent se concentrer sur un point de la surface. Puis, comme s'il ne s'était rien passé, il reprend naturellement :

Cela dit, il y a quelque chose qui me chiffonne dans ce que tu dis.

Nouveau froncement de sourcils. Maudits oiseaux ! En même temps, à cette heure, la probabilité qu'elle reçoive du courrier est suffisemment faible pour ne pas hurler sa haine viscérale et faire fuir le moindre volatile à 300 mètres à la ronde ... Les craquements en provenance de la forêt interdite ne la rassure pas beaucoup plus et elle n'estime pas utile de rester plus longtemps que nécéssaire à la lisière de cet endroit.

C'était bien malin aussi de m'endormir là bas ... Qu'est ce qu'il dit lui ? Qu'il est enchanté de faire ma connaissance ? Et bien autant pour sa perspicacité, il ne le sera pas longtemps s'il ne respire pas un peu plus entre ses tirades. Je serai partie avant la fin de la suivante. Ah tiens non, il se démonte un tout petit peu ... Trop beau pour être vrai, le voilà qui redémarre ...

Très bien, je t'appelerai Jebofu alors ... Cette référence à ma maison ne m'ennuye pas, tout cela m'indiffére plutôt : je trouve juste que le vert est une couleur particulièrement laide, sans plus. Les créateurs de cette école avait beau être de grands sorciers, ça ne les obligeait nullement à avoir bon goût.

Bon, trève de bavardage : ainsi tu me trouves ... gentille ... de ne pas vouloir te dénoncer. Je vais te dire : échange de bons procédés. Je ne me préoccupe pas le moins du monde de ce que tu fais, ce que je fais est mon affaire. Cela n'a rien à voir avec une quelconque valeur du secret ou je ne sais quoi. Je suis vraiment navrée si tu souhaitais par contre éveiller ma curiosité ...

Elle s'apprête à reprendre sa route vers le château lorsqu'une idée lui traverse l'esprit. Dans son futur boulot, toute information ne serait-elle pas bonne à prendre ?

Mais puisque je suis là, je peux écouter ce que visiblement tu meurs d'envie de me dire ... Veux-tu faire quelques pas avec moi ? Et tu pourras en profiter pour me dire ce qui te chiffone dans ce que j'ai dit ...

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