*Un parc, juste à l'est de Paris* Joyeux Anniversaire Cassie

Peut-être à cause de l'ambiance sonore, le monde, les couleurs environnantes, Diduu ne se rendit pas compte que la jeune demoiselle était sur la défensive, un peu méfiante du grand dadais qui se présentait devant elle. En même temps, il n'avait jamais fait preuve de psychologie, alors celle pour des enfants... Surtout que celle-ci était spéciale, tant par son histoire que par ses capacités.
Bien sûr, il n'en savait rien.

Enchanté de te rencontrer enfin, Cassie, moi c'est Diduu.

Il commença à s'accroupir pour se mettre à la hauteur de la fille, puis décida finalement de s'assoir par-terre en tailleur. Les passants le regardaient faire, amusés, pensant qu'il était un membre du personnel essayant de la distraire. Et il continuait, tout souriant, à s'adresser à elle. Il lui tendit une de ses larges mains pour prendre délicatement celle qui ne tenait pas l'ours en peluche. Sa poigne était flasque, comme toujours.

Je suis si heureux, j'ai eu une de ces chances ! Je ne pensais pas te trouver de suite, tu es si petite. Sans vouloir te vexer, fit-il rapidement pour se rattraper. Je vais essayer de te faire passer une bonne journée, il parait qu'elle est très spéciale, ajouta-t-il avec un clin d'oeil.

Tiens, au fait, elle est petite, justement... Elle est pas sensée être accompagnée ou quelque chose comme ça ? Enfin je ne connais pas trop les enfants mais il y a du monde tout autour, et puis le monde est dangereux, on peut toujours faire une mauvaise rencontre.

Après sa rapide réflexion sur l'enfance où il avait prit un air perplexe, il redevint accueillant et fit en sorte de l'accompagner dans le parc.

Dis moi, ça te tente de faire un tour avec moi ? J'ai vu tellement de choses pendant que je te cherchais, comme des sortes de bonbons que mangent les moldus, des jeux bizarres dans lesquels ils vont, il y en a même des humides.
Et tant qu'on y est, si ça te dis, tu peux monter sur mes épaules.

Il avait vraiment envie qu'elle monte, ou au moins qu'elle accepte d'être tenue par la main, de façon qu'il n'y ait aucun moyen de la perdre. Même assis il restait un peu plus grand qu'elle, mais elle pouvait si elle le souhaitait s'aider en grimpant d'abord sur ses genoux.

Contrairement à la plupart des enfants de 4 ans, Cassie n'apprécie que très peu la compagnie des adultes (ce qui explique sans doute pourquoi elle met toujours tant d'ardeur à leur fausser compagnie). Alors de savoir que cet homme qu'elle ne connaît ni d'Adam, ni d'Eve (comme disait elle ne sait plus qui quand elle en était à peine en âge d'apprendre à parler) va lui tenir compagnie, ça ne l'enchante pas plus que ça. C'était bien plus drôle de faire tout toute seule !
Mais au moins Cassie réalise qu'elle va pouvoir utiliser l'adulte pour monter dans les manèges sans se faire remarquer et finalement, elle accepte sa présence sans plus de réflexion.
Ses grands yeux verts fixés sur cet homme dont elle ignore encore le nom, elle ne répond même pas à sa proposition de monter sur ses épaules. Cassie aime être indépendante, et grimper sur les épaules d'une grande personne ne fait pas partie de la conception de l'indépendance que peut avoir une fillette de 4 ans tout juste !

Il faut qu'on aille là-bas.

Elle tend sa petite main et définit un endroit avec son index.

Il y a une belle dame qui va arriver.

Et sans attendre davantage, elle tire la main de Diduu qui a déjà agripper la sienne et l'entraîne dans la foule.
Elle se place à un endroit stratégique, juste en dessous d'un arbre aux belles fleurs roses et attend. Rien ne semble annoncer la venue de qui que ce soit. Pourtant, moins de deux minutes plus tard, une femme, vêtue d'une grande robe jaune or, les cheveux bruns remontés en un chignon d'où s'échappent quelques anglaises marche jusqu'à l'endroit précis où Cassie est plantée debout. La femme en costume est suivie d'un employé du parc et d'un autre personnage qui, lui, a revêtu un costume de bête effrayante.
Mais Cassie n'a d'yeux que pour la femme.

Elle est beeeeeeeeeelle ! Hein Pook' ?!

Et Cassie ne peut pas mieux tomber en utilisant le mot "belle" pour la dame qui se trouve maintenant devant elle, puisque c'est également le prénom du personnage qu'elle incarne !
Après avoir reçu un sourire et un baiser sur le front de la part de cette jolie femme, Cassie traîne de nouveau son accompagnateur infortuné dans un autre endroit. Cette fois, ça ressemble à un restaurant où, à l'intérieur, musiques bavaroises, sculptures et peintures sur le thème de Pinocchio se rencontrent. Dehors, l'enseigne annonçait : "chalet de la marionnette".

Pookie a faim. fait remarquer la blondinette en levant son ourson au dessus de sa tête pour le montrer à son accompagnateur.

Aux comptoirs sont annoncés les menus : choucroute, appfelstrudels, hot dogs bavarois et chocolats viennois sont les plats principaux. Mais comme Cassie ne sait pas lire, elle risque d'avoir beaucoup de mal à commander quoi que ce soit, sans parler du fait que l'argent moldu lui est totalement inconnu (et qu'elle ne possède pas non plus d'argent sorcier à vrai dire ! )

Cassie décide, une fois de plus, de fausser compagnie à son accompagnateur. Décidément, elle a du mal à rester en place trop longtemps et, pour ne rie arranger, l'homme qui l'a rejoint ne semble rien comprendre aux sautes d'humeur de Pookie !
La fillette, laissant derrière elle l'infortuné médicomage, sort du restaurant où elle vient d'entrer avec lui, traînant Pookie à ses côtés.
Elle se faufile au milieu des passants, se place à un endroit stratégique où elle peut voir les gens quitter le restaurant sans être vue elle-même et attend patiemment que Diduu parte à sa recherche.
Il ne lui faut pas plus de quelques minutes avant d'apercevoir son accompagnateur, le visage inquiet, quitter les lieux et, le regard hagard, s'engouffrer dans la foule, les yeux perdus à la hauteur d'une enfant de 4 ans.

C'est bon, on peut y retourner Pookie., chuchote-t-elle.

Et Cassie refait le même chemin en sens inverse. Elle rentre à nouveau dans le bâtiment et contemple avec envie les illustrations des plats servis. Même seule, elle trouvera bien comment commander. Si elle se contente de montrer les mets du bout du doigt, elle devrait logiquement arriver à se faire comprendre !

Cassie s'engage dans la file d'attente qui se rallonge à chaque minute aux caisses et attend son tour tandis que son ventre et celui de Pookie gargouillent bruyamment.
C'est alors qu'une dame qu'elle ne connaît pas du tout l'accoste.
Cassie se tourne vers elle, les sourcils froncés.

J'ai pas de parents, répond-t-elle de sa petite voix fluette. Grand-papa il est mort, et mon papa aussi...je crois...

Cassie se souvient encore de la manière dont la vilaine dame au ministère lui a expliqué ce que signifie le mot "mort".

Il a été écrabouillé, comme un cafard ! reprend-t-elle avec un grand sourire qui semblait signifier : vous voyez, moi aussi je sais ce que ça veut dire, et j'en suis très fière !

Il a été écrabouillé, comme un cafard !

Meredith sursaute à l'annonce de cette si violente expérience. Pourtant, elle a l'air de savoir de quoi elle parle. Comment une petite fille de cet âge peut avoir vécu une pareille atrocité? Meredith sait pourtant ce que c'est que d'être orphelin. N'en a-t-elle pas élevé des dizaines ? Meredith s'accroupit alors, effort qui fait douloureusement craquer ses articulations. Elle se retient de passer sa main sur la joue de la petite demoiselle, de peur de l'effayer.

Et ta Maman? Tu n'as pas de Maman?

Meredith retient cette phrase malheureuse et sourit doucemnt à la fillette.

Tu as faim, peut-être? Je peux t'offrir quelque chose?

Notre concierge jette un rapide coup d'oeil au compagnon de la petite fille. Il a l'air en piteux état. Un de ses yeux parait sur le point de fausser compagnie à l'autre, un des bras semble vouloir se faire la malle également.

Et ton ourson? Il s'apelle comment ? Tu crois qu'il a faim?

La petite fille donne l'air de ne pas faire confiance à n'importe qui. La "Petite maman", comme elle était appelée à l'orphelinat tend la main à la fillette et lui dit d'un air encourageant.

Je m'appelle Meredith. Mais tu peux m'appeler autremnt si c'est trop compliqué à prononcer. Je te laisse le loisir de décider de mon nouveau surnom.

Meredith se relève difficilement, tout en tendant la main à la petite fille.

Tu viens?

C'est pas moi, c'est Pook' qui a faim, déclare la petite blonde aux grands yeux verts tout en brandissant devant elle le vieil ours pas loin d'être sur le point de tomber en ruine.

Et justement, la dame en vient à demander le prénom du compagnon à poil de la fillette. Fronçant les sourcils dans un air sévère qui, un instant, aurait pu faire penser à une figure importante de la vie politique des sorciers, Cassie répète, un peu plus fort cette fois, de sa voix toujours aussi fluette :

Son nom c'est Pookie ! Et il veut manger un gâteau, comme ça là-bas ! explique-t-elle en désignant un vieil homme qui quitte tout juste la caisse, avec, sur son plateau marron, une assiette remplie d'apfelstrudel et de crème anglaise.

Pendant un instant, Cassie observe la main qui lui est alors tendue, le regard à la fois suspicieux et intrigué, comme si elle cherche à juger sa toute récente accompagnatrice. Puis soudain son visage s'éclaire, comme si elle sait à présent qu'elle n'a rien à craindre et elle pose son petit poignet dans la grande main de la femme.

Médith... essaie-t-elle de répéter avec un grand sourire destiné à Meredith. On va manger du gâteau, hein ?

Déjà Cassie frétille sur place. Elle aurait bien carrément sauté et frappé dans ses mains comme à son habitude lorsqu'elle est contente, mais une de ses mains n'étant plus libre, elle se contente pour une fois de jubiler.

Elle est vraiment craquante. Mais elle a l'air de savoir ce qu'elle veut. Il va falloir être patiente si je ne veux pas qu'elle me fausse compagnie.

Bien sûr qu'on va manger du gâteau ! Medith? Oui, c'est très bien. C'est très joli. Et toi? Comment t'apelles-tu?

Meredith l'entraine dans le restaurant et s'approche du comptoir. Le vendeur lui demande alors si elle est la grand mère d'une si charmante enfant. Meredith sourit et secoue la tête en signe de négation.

Mais qu'est-ce que je vais dire, si je ne suis pas sa grand-mère?

Je suis sa nounou. Ses parents sont en voyage d'affaires et m'ont demandé de l'accompagner ici. Mais il ne faut pas le lui dire, cela pourrait la faire pleurer. souffle-t-telle, un doigt sur la bouche.

Meredith. Qu'es-tu en train de faire ? Tu es en train de mentir.
*C'est pour la bonne cause. T'as vu sa bouille?
*Fait attention, Meredith.

Elle désigne un apfelstrudel du doigt et en demande deux.

C'est bien ça que tu veux, ma puce ? Viens, on va aller s'asseoir, et on va venir nous servir.

Puis se trounant une dernière fois vers le serveur, elle ajoute : mettez-en un aussi pour Pook', pour l'ourson. Il est mort de faim.

Meredith installe la fillette sur une banquette et s'assied en face d'elle.

Alors ma chérie. Qu'est-ce que tu fais là toute seule? Tu es bien venue avec quelqu'un quand même, non?

La question mérite réflexion. Doit-elle lui dire la vérité ? Cette femme qu'elle vient tout juste de rencontrer est-elle digne de confiance ? Cassie ne s'interroge peut-être pas dans ses termes là, mais les raisons de son hésitation sont bien les mêmes.
La fillette a pour habitude de donner sa confiance aux gens si elle sent qu'ils le méritent... Pour les autres, ils peuvent toujours repasser... Cassie sait quand quelqu'un est mauvais... Et elle ne cherche guère plus loin... Sa vision du monde enfantine l'a pourtant déjà induite en erreur lorsqu'elle s'est retrouvée dans ce grand sac, enlevée par un vilain monsieur qui l'a emmenée loin de grand papa !
La blondinette ne veut pas refaire deux fois la même erreur, mais elle l'a déjà senti, cette femme, "Medith", est quelqu'un d'honnête !

Mon nom c'est Cassie. Mais en vrai, c'est Cassand'a..., rajoute-t-elle en fronçant à nouveau les sourcils... Ce nom ne signifie après tout presque rien pour elle.

Elle ressert ensuite son ours en peluche contre elle, comme s'il contenait le plus important de tout les trésors... Et c'est bien ce qu'il contient dans sa poche en effet... Mais la fillette n'a maintenant plus personne pour lui lire le parchemin qui y a autrefois été glissé...

Puis la petite blondinette entend "Medith", à la caisse, expliquer à la serveuse qu'elle est sa nounou... Bien sur Cassie sait que c'est faux, mais elle se contente de hausser les épaules, ça n'a pas d'importance, de savoir qui elle est... Elle n'est pas sa mère, c'est tout ce que Cassie peut dire... Sa mère, c'est un ange !

C'est mon anniversaire. J'ai 3 ans, annonce-t-elle fièrement alors qu'elle s'est assise sur la banquette que "Medith" lui a désigné. Et Pline et son cotcot m'ont emmené ici. Mais le cotcot voulait pas faire le manège qui tourne là-bas, avec les éphélants...

Cassie s'arrête. Son récit se terminant ainsi sans plus de détail, comme si cela expliquait de manière évidente pourquoi, tout à coup, elle se retrouvait toute seule...
Mais cet arrêt est également du au fait que le serveur apporte enfin les parts de gâteaux commandées, faisant applaudir la fillette dont l'estomac, au même instant émet un gros cri de famine.

Non, je suis pas une grande fille encore... Dans longtemps, je serai grande et je me marierai avec un beau monsieur... et vite après je rejoindrai grand-papa !

Ces mots, qui semblent étonnement ardus pour une fillette de 3 ans, sont comme toujours le genre de chose que Cassie raconte d'un air totalement détaché et qui la rendent si bizarre aux yeux des personnes "normales".
Mais la blondinette ne s'en formalise pas et plante sa cuillère dans son gâteau dont elle avale goulûment une première bouchée alors que Meredith commence juste à attacher un bavoir improvisé autour du cou de Pookie.

C'est bien, admets Cassie la bouche pleine. Pook' en met toujours partout. Vilain Pook' !

Une autre bouchée après, puis une autre, puis encore une autre, Cassie se décide à répondre enfin à Meredith.

Pline c'est un petit garçon qui est grand...

Difficile d'expliquer mieux que ça la personnalité de son protecteur.

Il est gentil, il me montre des pipillons avec sa fumée ! Et puis j'ai vu un ange aussi... Mais pas avec Pline.