La fin des rêves

Alors que, plus loin dans les montagnes, l'enterrement de la meilleure amie d'Alexander devait avoir lieu, Maïa fouinait dans la partie des montagnes la plus proche de Poudlard, à la recherche des ingrédients pour son prochain cours de potion. Elle avait relevé avec précaution la liste donnée par le professeur Yggdrasil, et, comme elle n'aimait toujours pas passer du temps dans les magasins du chemin de traverse, elle s'était motivée à rechercher elle-même ce qu'il allait lui falloir !
Maïa regarda à nouveau la petite feuille qu'elle tenait dans ses doigts gelés par le froid qui commençait à s'installer.

Citation :: Foie de rat
Un grand champignon comestible (de préférence fungorum princeps ou boletus badius)
Racines de pâquerette
Une chymaubeurre (à défaut, une autre bièreaubeurre)
Figue sèche
Deux chenilles mortes de sphynx de la vigne
Un oeuf de fou de Bassan frais
Trois pétales de Rosa Marienburgensis

Elle avait déjà la bierreaubeurre et la figue vu que l'ancienne amie de se parents lui avait envoyé quelques fioles du breuvage ainsi que tout un plateau de fruits séchés lors de sa dernière lettre, qui commençait à dater un peu d'ailleurs. Pour le reste... La plupart allait être facile à trouver... Sauf l'oeuf de fou de bassan !!!! Ces oiseaux là ne devaient pas vivre par ici... Maïa pensait se souvenir qu'il s'agissait de volatiles marins !
Se consolant en se disant qu'elle aurait déjà au moins le reste, elle cueillit les champignons, arracha les racines de pâquerettes, effeuilla les pétales de Rosa Marienburgensis et ramassa enfin plusieurs chenilles de sphynx sur le pan de vigne qui grimpait le long d'une drôle de ruine.
Elle rangea chaque ingrédient dans un petit gobelet et enferma les chenilles dans une boite hermétique, sachant qu'elles se retrouveraient bien vite privées d'air et forcées à mourir.

La tâche la plus difficile arrivait alors... et Maïa se demanda ce qui serait le plus ardu : trouver un rat, ou lui extorquer le foie ?
Elle avait transporté avec un elle un minuscule canif de poche assez discret pour ne pas paraître étrange si elle croisait quelqu'un.
Maïa marcha un long moment sans ne rien croiser d'autre que quelques lapins de garenne. A tel point qu'elle faillit se rabattre sur ces animaux en pensant que peut-être les propriétés de leurs foies seraient semblables à celles du rat... Mais finalement, alors qu'elle s'apprêtait à renoncer, un rat passa juste devant elle et elle entreprit de le poursuivre sur une bonne partie du chemin qui la ramenait au château. Le rat, se sentant en danger, accéléra sa course et esquiva le geste que Maïa avait fait pour l'attraper. La jeune Serdaigle s'écrasa sur le chemin de terre qui salit son uniforme tout propre.
Sans mot dire, elle se releva et repartit à sa chasse. Le rat ne résista pas bien longtemps et, une dizaine de minutes plus tard, il se trémoussait dans tous les sens, la queue maintenue fermement par les doigts de Maïa.
La jeune rouquine déposa le rat sur une pierre, n'oubliant pas de continuer à l'empêcher de se sauver et caressa doucement son pelage. Puis, sans un instant d'hésitation, elle empoigna le canif et trancha la tête du rat. Pas un cri, à peine un bruit, ne vint accompagner l'acte horrible que la si douce Maïa venait d'accomplir. S'essuyant les mains sur son uniforme, elle ouvrit l'énorme sac qu'elle transportait avec elle et sortit un livre sur l'anatomie animale, livre écrit en Tchèque que l'amie de ses parents lui avait envoyé en même temps que la bierreaubeurre et tout le reste et dont Maïa découvrait seulement maintenant l'utilité. D'une main sans le moindre tremblement, Maïa ouvrit le corps du rat et, avec une habilité chirurgicale, lui ôta le foie qu'elle plaça immédiatement dans un petit bocal rempli d'un liquide conservateur.
Enfin, elle leva sa baguette au dessus du rat et pensa :

Evanesco !

L'objet de son délit disparut aussitôt. Et c'était une bonne chose, car elle entendit des bruit de pas un peu plus haut : l'enterrement devait être fini et Alexander n'allait pas tarder à la rejoindre !
S'apercevrait-il de l'état misérable dans lequel se trouvait son uniforme ? Maïa essaya à plusieurs reprises de le nettoyer, mais sans succès, et dû se résoudre à imaginer qu'Alexander serait bien trop heureux de la voir pour le remarquer !

Invité

Alexander s'avançait d'un pas long vers le point de rendez-vous qu'il avait fixé avec Maïa. Il trainait un peu les pieds, les yeux encore gonflés de larmes ayant disparu.

Pourquoi... Pourquoi maintenant!?

Il aurait voulu crier, pleurer, courir... Mourir...

Il vit à peine Maïa quand il arriva devant elle. Il s'assit sur une pierre.

Salut,fut le seul mot qu'il arriva à prononcer.

Il baissa la tête puis la releva, remarquant la couleur de l'uniforme de la jeune fille. Il ne dit rien... De toute façon, peu importait.

Finalement, il se releva et sans un mot s'approcha d'elle, la prit dans ses bras, presque en sanglotant.

Tu es tombé bien bas, mon pauvre Alex, lui disait une petite voix, celle du Serpentard...

Maïa regarda Alexander arriver, une certaine pitié s'emparant d'elle. De la pitié ? C'était ça qu'on ressentait pour quelqu'un qu'on aimait ? Il avait l'air si fragile, si triste. Maïa se demanda si la fille qu'il venait d'enterrer était seulement une simple amie ou si, en réalité, elle n'avait pas été bien plus. Cela n'avait plus guère d'importance, à présent, et, quand Alexander s'effondra dans ses bras, la première réaction de la jeune fille fut de se sentir soulagée qu'il n'ait fait aucune remarque sur l'état déplorable et assez douteux de son uniforme.
Elle le laissa pleurer ainsi de longues minutes durant. Puis, fermement, elle le força à se redresser et plongea son regard d'azur dans celui de son petit ami.

Ca va aller ? Tu veux parler ? Ou marcher ?

Maïa se doutait qu'Alexander, qui commençait tout de même à bien la connaître, réaliserait que quelque chose dans sa voix avait changé... Une élocution plus fluide, plus de bégaiements... Mais ça n'aurait sûrement pas plus d'importance que les tâches de sang sur sa veste ou sa chemise pour le serpentard !
Serpentard... Maïa n'était presque devenue amie qu'avec des gens de cette maison là. A part Cerise, les autres Serdaigles semblaient à peine la remarquer... A vrai dire, peu de monde la remarquait et ce n'était pas plus mal... Pour la première fois depuis longtemps, elle commençait à se sentir satisfaite de ce statut de "fantôme transparent" !

Invité

Alexander vit bien que le ton de Maïa avait changé mais il ne le releva pas. Il était bien trop... triste. Mais il entendit très bien les pensées de Maïa. Est-ce qu'il aimait Enora? ... Non!

Non! s'excala-t-il en même temps qu'il le pensait. Ce n'était pas elle que j'aimais...! Maïa... Y a que toi... murmura-t-il en se penchant à son oreille.

Il appuya son front contre celui de la jeune fille et plongea ses yeux gris dans ceux de la jeune fille.

Je te le jure, dit-il comme il aurait fait un serment sur sa vie. Il n'y aura que toi...

Il s'empara de ses douces lèvres dans un soupir. Cela faisait tellement longtemps qu'ils ne s'étaient pas vus... Et c'était de sa faute.
Alex s'en voulait mais maintenant, ils étaient là, ensemble.

Il lui envoya une très courte onde mentale, pour lui faire comprendre comment il avait su ce qu'elle pensait.

Je t'aime...

Maïa eut un brusque mouvement de recul en entendant la voix d'Alexander dans sa tête. Elle avait déjà réagit de la sorte quand le professeur de magie des anciens avait utilisé ce moyen de lui parler. Non seulement elle n'appréciait guère que quelqu'un scrute ses pensées, mais, surtout, cela faisait remonter d'étranges souvenirs.

Qui a déjà fait ça ? Pourquoi ? Comment ?

Maïa savait qu'elle avait déjà croisé un legilimens qui ne s'était pas gêné pour s'introduire dans son esprit et pour s'adresser à elle ainsi. Un legilimens aux attitudes trop peu louables... Quelqu'un qui essayait de la mettre en confiance... de l'attirer...

Mais qui ?

Comme durant le cours de magie des Anciens, Maïa porta ses mains à sa tête et se boucha les oreilles, imaginant que cela suffirait à faire partir la voix mentale de son compagnon. Des larmes montèrent à ses yeux qui fixaient Alexander d'un air abominé.
Dans cette position, le sang et la terre tâchant toujours son uniforme, elle semblait vraiment plus qu'étrange ! La colère prenant bientôt le dessus sur la frayeur, Maïa se redressa et laissa retomber ses mains le long de son corps.

Comment tu as fait ça ? Pourquoi ? je veux pas qu'on entre dans ma tête ! jamais !

JAMAIS, tu comprends !

Invité

Alexander ouvrit de grands yeux. Quel était le sentiment qui émanait de Maïa? De la haine? Du dégoût? De la colère? Ou peut-être les trois en même temps...
Il s'approcha d'elle, ne voulant pas qu'elle se fache, ce qui semblait assez mal parti...

Je... OK! Excuse moi... dit-il calmement, un soupçon d'énervement envers lui-même dans la voix. Je...

Il ne savait plus quoi dire, et tendit sa main à la jeune fille. Ils avaient besoin de parler, c'était évident, mais Alexander ne savait par où commencer.
Il espérait seulement qu'elle lui pardonne sa maladresse et qu'elle le suivrait dans les montagnes. Juste pour être seul avec elle, juste pour recommencer à l'aimer comme il le faisait avant. Avant que tous ses sentiments se cachent...

Maïa observa la main d'Alexander avec un mélange de peur, de désolation, de colère... Elle ne voulait pas s'emporter de la sorte, mais que quelqu'un rentre comme ça dans son esprit lui était insupportable... de plus en plus insupportable ! D'autant que ça faisait remonter d'étranges souvenirs en elle, de quelque chose qui s'était produit autrefois... Ou peut-être plus proche d'elle que ce qu'elle pensait... Maïa était incapable de se souvenir... Pourtant il le fallait, sinon, cette impression horrifiante resterait en elle. L'impression de ne plus savoir qui elle était, ce qu'elle était. Maïa était fermement persuadée que tout cela était lié et que si elle apprenait la vérité sur celui ou celle qui avait pénétré son esprit et qui lui avait parlé mentalement, elle se comprendrait mieux elle-même !
Mais pour le moment, tout ce qu'elle pouvait faire était de rester avec Alexander. Si elle le voulait encore ?
Maïa continuait de regarder sa main sans savoir si c'était l'envie de la prendre qui primait sur le reste.
Se décidant finalement, elle s'en empara et suivit Alexander.

C'est moi qui devrait m'excuser. Quelqu'un a déjà fait ça et je sais pas qui... Mais quand j'entends parler dans ma tête, ce souvenir revient et c'est atroce !

Elle observa le visage de son petit ami, cherchant à savoir ce qu'il penserait de tout ça. Mais elle ne le pouvait pas. Elle aurait tout donné, à cet instant, pour pouvoir aussi lire les pensées des gens !

Et puis, toi tu peux savoir tout ce que je pense... et moi, je sais juste ce que tu me dis. C'est angoissant !

Invité

Alexander écouta calmement Maïa. Il avait parfaitement compris ce qu'elle voullait dire mais son esprit semblait ne pas l'accepter.
Il attendit quelques secondes, le temps de remettre ses idées en place, avant de lui répondre.

Tu sais... Moi je n'entends pas tout ce que tu penses. Juste ce qu'il y a en surface. Mais si tu veux, je peux trouver... Avec du temps et de la concentration... La personne qui l'a fait auparavant.

En disant ces derniers mots, il se rendit compte de l'absurdité de sa situation. Alors qu'elle lui disait d'arrêter, lui, lui proposait de recommencer...

Quel idiot! pensa-t-il alors.

Il l'emmena vers l'endroit où ils s'étaient rencontrés. Il n'avait pas envie de parler, juste de la serrer dans ses bras... La serrer...
Il s'arrêta et fit ce que lui dictait son esprit. Respirant les cheveux de la jeune fille.
Elle sentait bon...

Mais si tu veux, j'arrêterais... Pour toi... J'arrêterais...

Et il commença à se concentrer, la jeune fille toujours dans ses bras, pour créer un mur dans son esprit. Il entendait de moins en moins les pensées de la jeune fille. Ce n'était plus qu'unj chuchottement.

Maïa se laissa docilement guider par Alexander, quoiqu'elle se sentit un peu tendue en arrivant à l'endroit où ils s'étaient rencontré, non loin de celui où les centaures avaient eu la fâcheuse envie de s'en prendre à Alexander.
Elle ne savait quoi dire au jeune homme. Il lui semblait que cela faisait des mois qu'ils s'étaient vu pour la première fois et ça n'arrangeait en rien son impression que les choses ne tournaient plus rond autour d'elle. La présence de son petit ami, au lieu de lui sembler réconfortante, lui paraissait agaçante, presque à la limite du supportable.

Est-ce que ça fait ça quand on aime quelqu'un ?

Maïa réalisa bien trop tard qu'Alexander allait sûrement avoir entendu sa pensée. Il allait comprendre qu'elle doutait !
Elle ferma les yeux et essaya de profiter des bras du garçon qui tenait tant à elle. mais au fond d'elle-même, les souvenirs affluaient, remontaient à la surface par vagues. Plusieurs investigations dans son esprit ces derniers jours avaient suffit à ramener à elle ce qui avait été enfouit au plus profond de son esprit.
Les images apparurent devant ses yeux qui se rouvrirent aussitôt, brouillant le visage d'Alexander qu'elle fixait sans le voir, avec une telle intensité que n'importe quel legilimens, même ayant l'intention de fermer son esprit le plus hermétiquement possible, aurait assisté à ses souvenirs :
Elle n'était qu'une enfant de 6 ou 7 ans à l'époque. Elle jouait dans le jardin devant sa maison à Svitavy. C'était un beau matin de mai, les fleurs commençaient à fleurir et le froid à disparaître. Pourtant, l'air était devenu tout à coup glacial alors qu'une silhouette encapuchonnée avait emprunté l'allée en cul-de-sac qui aboutissait sur la demeure des llcik. Il était resté là un instant, à quelques mètres de la barrière, observant Maïa qui, à son tour, l'observait également. Les yeux bleus pâles avaient croisés un regard d'un couleur bien étrange... une couleur de rubis...
Puis une voix, froide, glaciale, s'était insinuée dans l'esprit de la jeune fille...

Noooon !

Maïa secoua la tête de toute ses forces. Elle ne voulait plus voir, elle ne voulait pas en savoir d'avantage et surtout, surtout, elle ne voulait pas connaître les propos qu'elle avait du entendre ce jour là...

Invité

Alexander étaient presque arrivé au terme de la construction de son "mur" mental, et les doutes de Maïa n'étaient pour lui que de discrets chuchottements quasiment initelligibles. Seulement, comme On aurait pu s'en doûter, il entendit, vit même, ce qui s'était passé, quelques années auparavant.
Horrifié par les yeux rouges de l'intru, il lâcha Maïa, alors qu'elle même hurlait. Elle semblait tellement peureuse de la situation qu'Alexander lui même redoutait ce qui se passait dans l'esprit de la jeune fille.
Il aurait voulu la reprendre dans ses bras mais rien qu'en y pensant, son coeur eut un moment de faiblesse. Rien que de penser à ces yeux rouges... Il tremblait presque...

Tu... commença-t-il, sans finir.

Comment s'exprimer? Que pouvait-il dire... Alors qu'ils faisaient tous deux partie de l'Ordre... Dans cette situation gênante, son éloquence serpentarde ne lui était d'aucune utilité. Et son sens de la dérision non plus. C'était un problème bien trop sérieux pour en parler, seulement, s'il ne disait rien, s'il n'essayait pas de l'aider, est-ce qu'il ne la perdrait pas...?

Il s'accroupi, les mains sur la tête, et commença, dans une secousse effréné, il essaya de réfléchir.

Tu sais qui c'est? demanda-t-il inconsciemment à Maïa. Tu aurais dû t'en rappeler... Plus tôt... Ca pourrait nous aider, enfin, l'Ordre...

Mais là, il ne l'aidait certainement pas...
Il se releva, bien décidé à arrêter, ça. Cette attitude qui ne lui ressemblait pas, pas du tout... Il se rapprocha d'elle, et stoppant sa tête, il la reprit dans ses bras.

Excuse-moi, dit-il, un petit sourire gêné au coin de la bouche. Je... Je ne devrais pas te dire ça... C'est loin, bien loin de l'aide dont tu as besoin...

Et si tu voulais me quitter... Tu n'aurais qu'un mot à dire...

A l'instant même où il lui posa la fatidique question, Maïa eut l'horrible envie de planter son canniffe dans son coeur, d'enfoncer lentement la lame dans la chaire pour le faire cesser de parler. Elle ne voulait pas entendre ses sermons, elle ne voulait pas discuter de ça... Mais voila, en bon petit samaritain, lui le désirait ! Elle resta dans ses bras, furieuse, contrite, essayant de calmer ce qu'elle savait un pur instinct de démence

Je suis en train de devenir folle !

Terrifiée à cette idée, oubliant même qu'Alexander l'avait peut-être entendue, elle se raidit et essaya de reprendre le dessus sur ce soudain accès de violence. Quand elle lui répondit, elle réalisa toutefois qui si elle avait réussi à chasser la violence de son corps, elle restait profondément ancrée dans le ton qu'elle utilisait.

Oui je sais qui sait... C'est pas parce que je viens d'un pays loin de tout que je sais pas, Alex ! C'est...

Tu-sais-qui ? Celui-dont-on-doit-pas-prononcer-le-nom ? Le seigneur des ténèbres ? le "maître" comme dirait ma mère ? Voldemort ?

Maïa ne savait même pas quel nom lui donner, mais à chacun de ceux auxquels elle pensait, un frisson d'effroi la faisait trembler comme une feuille.

Et j'en ai rien à faire de l'Ordre ! Tu comprends ?

Elle s'était retenue à grand peine de hurler. Ébruiter son appartenance à l'Ordre du Phénix n'aurait vraiment pas été très judicieux !

Bordel, ma vie est un enfer...

A présent des larmes luisantes maculaient ses joues. Elle ne jurait jamais d'habitude. Que lui arrivait-il ? Cela allait-il continuer ainsi jusqu'à ce qu'elle perde vraiment pieds ? Comme une douce descente en enfer ?

... et tout ce qui compte c'est que j'aille en parler à l'Ordre ?

Alexander s'était excusé après tout, elle devait le prendre en compte. Elle ravala sa hargne avec difficulté. Elle comprenait qu'il ait agit ainsi. N'importe qui de censé l'aurait fait. Etait-elle si peu censée alors ?

Tu sais pas tout Alex... Tu es très très loin de savoir...

Elle sanglota doucement, posant sa tête sur ses épaules.

Invité

S'il n'avait pas aimé Maïa au point auquel où il était rendu, il l'aurait sûrement frappé. Le fait était là. Bien sûr, il n'avait pas à lui dire ça, et elle n'avait aucune raison de l'écouter. Et il était blessé.
Il n'en dit rien. Comme elle l'avait dit, il avait "l'avantage" de savoir ce qu'elle pensait et de cacher ce qui tournait dans sa tête. Et pour une fois, cela lui parut comme le paradis.
Il garda la jeune fille dans ses bras et la laissa pleurer.

En effet, je suis loin de tout savoir, je crois... murmura-t-il calmement, tout en commençant à penser que sa petite-amie ne lui faisait pas vraiment confiance. Un autre sentiment naissait dans son coeur. Une sorte de jalousie déplacée envers la jeune fille, qui elle savait tout. S'il avait sût, il aurait pu l'aider. Sans doute...

Mais tu peux me parler...

Ce n'était pas une obligation, mais il attendait de connaître sa réponse. Pour décider de "leur avenir"... Il l'aiamit mais ne supporterait pas longtemps de la voir dans un tel état. De plus, la mort d'Enora avait remis toute sa philosophie en jeu. Est-ce que leur amitié devait les mener ici...? Serait-ce son refus de lui-même qui apportait le malheur à ses amis...?

Maïa se recula légèrement, secouant la tête frénétiquement tout en continuant à observer son petit ami. Comment aurait-il pu comprendre le choix qu'elle était en train de prendre en ce moment ? Pourtant elle savait que c'était la seule solution, qu'elle n'avait plus d'autre option. A présent elle savait, elle savait que sa mère essayerait toujours de l'attirer dans son camp, que jamais Voldemort ne lui laisserait de répit tant qu'elle ne l'aurait pas rejoint, qu'il n'hésiterait pas à s'en prendre à ceux qu'elle aimait pour le simple plaisir de pouvoir la faire chanter et l'entraîner plus profondément dans ses ténèbres.

Non, je peux pas Alex. Si je le faisais, je te mettrais en danger, et je veux pas ça !

Elle s'écarta encore un peu de l'étreinte de son petit ami, les yeux brillants, le souffle court.

Pardonne-moi...

Elle savait qu'il entendrait peut-être cette pensée, mais elle ressentait le besoin de s'excuser, même si ça risquait de faire comprendre à Alexander que ce qu'elle allait faire à présent n'était pas réellement ce qu'elle désirait.

On peut pas continuer comme ça ! Je le sais ! Et tu le sais aussi ?

Son regard n'avait jamais été aussi déterminé. Il fallait qu'elle le lui dise, au risque de briser son coeur, elle devait l'éloigner d'elle.

Je t'ai menti dans ma lettre. Je t'ai écrit ce que tu avais besoin de lire parce que tu allais mal, mais... j'ai essayé, autant que je pouvais, sans réussir à t'aimer comme j'ai aimé Jiri avant.

Plus une larme, plus un souffle. Le monde continuait de s'écrouler. Et sous ses décombres, elle finirait, seule, enfermée dans un isolement qu'elle avait délibérément choisi.

Je voulais pas te dire ça maintenant. Je sais que ta journée a été dure, mais j'ai pas envie de te laisser espérer encore Alex, de te garder prisonnier d'un amour qui est pas réciproque.

Pardon !

Invité

Alex n'endendit pas le reproche que se faisait Maïa. Il ne comprit même pas ses derniers mots. La seule chose qu'il savait, c'est qu'elle était en train de rompre et qu'il ne le supportait pas.
Mais bizarrement, il ne trouvait rien à répondre. La jeune fille avait raison au fond... Mais... Mais...

Tu... Est-ce... Tu rigoles?

Il avait envie de lui dire qu'il ne voulait pas. Mais il se trouvait trop égoïste. Peut-être qu'il devait accepter pour son bien-être, peut-être qu'elle ne le supportait plus... Mais... Mais...

Je... Prouve-moi que tu ne m'aimes pas... bafouilla-t-il au bord des larmes. Si jamais tu y arrives, je disparaitrais de ta vie...

Il aurait beaucoup de mal, mais si c'était ce qu'elle voulait... Il l'aimait, lui, et se savait capable de n'importe quoi pour elle, même de mourir...

Maïa secoua la tête, essayant à grand peine de garder les idées claires. Son émoi était si profondément ancrée à l'intérieur de son coeur qu'elle avait presque l'impression de ne plus rien ressentir en surface.

Je rigole pas Alex. Je suis loin de rigoler.

Elle durcit encore un peu la carapace la protégeant et l'empêchant d'éclater en sanglots face à ce sombre destin qui ne lui laissait que peu d'alternatives.

Tu veux une preuve ?

Maïa faisait fonctionner son cerveau aussi vite que possible, comme s'il s'agissait de l'un des TP de Défense contre les Forces du Mal et qu'elle devait combattre un nouvel affreux démon. Le démon en l'occurrence, s'appelait l'amour. Maïa tenait à Alex, elle ignorait sil elle l'aimait profondément ou non Il était vrai que jamais rien ne pourrait être comparé à l'amour qu'elle avait éprouvé pour Jiri. Mais cela n'empêchait pas qu'elle ressentait une très profonde affection pour Alex...
Oui, ce devait être une sorte d'amour.
Et elle devait combattre cette sensation, faire croire à celui qui ne tarderait pas à devenir son ex petit ami qu'au plus profond d'elle-même, il n'y avait rien, pas un seul sentiment à son encontre.
Finalement, elle le fixa dans les yeux, le bleu de son regard devenu froid comme de la glace, dur comme de la roche. Elle savait que s'il le voulait, il lirait en elle, mais elle espérait qu'il ne le ferait pas... C'était sa seule chance !

Je t'aime pas Alex ! dit-elle fermement, avec assurance. Je t'ai jamais aimé, et je t'aimerai jamais.

Invité

Alex n’arrivait pas à croire Maïa. Bien sûr, il aurait pu lire dans son esprit, mais il ne voulait pas. Il ne pouvait pas. Mais là, elle ne prouvait rien. Alex, depuis très longtemps, avait appris que les mots ne signifiait rien. Les mots… n’étaient que des mots. Bien sûr, les mots faisaient mal à l’extérieur, mais seuls les actes blessaient le cœur. Même ses yeux ne voulaient rien dire.

Maïa… Je…

Non!

Il ne savait pas quoi dire ! Encore une fois, cette fille lui faisait perdre toute son éloquence Serpentarde, tous ses mots, tout…!
C’est pour ça, qu’aussi vite qu’il le put, plus vite qu’il n’aurait jamais pu dans une autre situation, il s’approcha d’elle et la repris dans ses bras, l’étreignant comme jamais. Avec tant de passion, tant d’amour, tant de désespoir aussi. Il respira son parfum, caressa ses cheveux en quelques secondes.
Mais elle avait du sentir glisser tout leurs long de grosses perles irisées. Ces morceaux d’âme qui dégoulinaient le long de ses yeux sans s’arrêter, sans laisser au jeune homme le temps de se remettre de quoi que ce soit.

Je peux pas, Maïa… pensait-il, troublé, horrifié, appeuré…

Je peux pas…

C'était trop dur, si elle restait dans ses bras encore quelques minutes de plus, elle finirait par craquer et par changer d'avis. Ca ne résoudrait rien, ça ne ferait qu'empirer les choses parce qu'elle demanderait à Alexander de risquer sa vie pour elle. Elle ne voulait pas être égoïste à ce point. Il valait mieux qu'il prenne une autre voie, même si ça la faisait souffrir. Il rencontrerait sans doute quelqu'un d'autre, quelqu'un de moins compliqué, de moins dangereux pour lui. Il finirait par l'oublier et elle l'oublierait aussi.
Avec une effort de volonté dont elle ne se savait pas capable, Maïa s'extirpa des bras de son petit ami et secoua la tête.

J'ai pas le choix.

Elle planta son regard bleu dans celui du jeune homme et posa sur ses lèvres un délicat baiser qui, malgré ce qu'elle aurait voulu, avait du mal à paraître dénué de sentiments.

Adieu, Alex.

Maïa tourna les talons avant qu'il ne puisse à nouveau la prendre dans ses bras et la retenir. Elle dévala le chemin aussi rapidement que possible, de grosses larmes perlant de ses cils et inondant son visage et ses vêtements. Elle ignorait si Alexander essayerait de la suivre ou pas. Intérieurement, elle aurait aimé qu'il le fasse, qu'il n'abandonne pas trop vite, mais elle savait aussi qu'il serait encore plus dur alors de le repousser.
Si seulement les choses avaient été différentes. Si seulement elle n'était pas un danger pour lui. Tout ce qu'elle lui avait dit dans sa lettre était vrai. Même si son coeur s'était endurci, même si elle doutait parfois de ses sentiments, elle tenait à lui. Et c'était pourquoi elle avait pris cette décision... la plus difficile de toute.

Invité

Alexander regarda Maïa s'éloigner de lui le regard interdit. Il s'écroula sur le sol, laissant libre cours à sa peine. Cette journée était trop dûre pour qu'il ait envie qu'elle continue.
Mais il ne croyait pas Maïa, ou plutot il n'avait pas envie de la croire. Il n'avait pas envie de croire qu'elle ait pû lui dire qu'elle l'aimait, si ce n'était pas le cas. Elle attachait trop d'importance à ce sentiment pour l'utiliser aussi légèrement.

Alex se releva. Il ne pouvait pas la laisser partir loin de lui. Car plus les secondes passaient, plus son coeur se serrait et plus il semblait près à éclater.
A son tour, il dévala la pente et chercha Maïa du regard. Il ne la voyait pas. Comment la trouver...?
Il continua à courir en l'appelant.

Maïa! Maïa!

Il avait l'impression que s'il abandonnait, sa vie n'aurait plus de sens. Après avoir perdu sa meilleure amie, il ne pouvait se résoudre à perdre celle qu'il aimait.

Les appels d'Alexander résonnaient aux oreilles de Maïa comme des coups de poignards qui se plantaient profondément dans coeur. Elle ne pouvait faire demi tour, choisir de lui faire courir inutilement des risques pour elle. Non, elle ne pouvait lui demander cela. C'était pour lui qu'elle agissait ainsi, elle devait le préserver.
Depuis ce qui s'était passé avec Sedomina quelques jours plus tôt, Maïa était terrifiée par ce qu'elle était capable de faire, par ce qu'elle pouvait si facilement devenir... Elle avait faillit tuer son amie... Que se passerait-il si Alexander la contrariait Ce n'était pas juste contre les mangemorts qu'elle le protégeait en fuyant, mais contre elle-même également.
La solitude serait sa plus grande force. Elle devait régler ses problèmes avant d'ouvrir à nouveau son coeur, s'endurcir autant que possible en attendant que la mort frappe ceux qui lui voulaient du mal... Les mangemorts... Jamais elle ne les avait autant haïs !
Elle continuait de courir, le froid battant ses pieds, sa robe déjà suintante de sang recouverte maintenant par la boue et les morceaux d'herbes qu'elle emportait sur son passage.
Les cris d'Alexander ne faiblissaient pas, il ne se trouvait pas très loin d'elle et elle n'arrivait pas à mettre de la distance entre eux.
Les larmes cette fois coulaient et brouillaient son regard.

Ne pas faiblir, ne pas renoncer...

Elle courait encore et toujours, mais la détermination faiblissait.

Ne pas abandonner, c'est pour notre bien, à tous les deux...

Elle ne vit pas le tronc noueux devant elle, ne s'aperçut de sa présence que quand elle se prit les pieds dedans et trébucha tête la première dans la boue qui s'étalait autour de lui. Sonnée, épuisée, elle tarda à se relever.. Peut-être juste assez pour qu'Alexander la rattrape ? Qui sait...

Invité

En effet, ça avait été suffisant pour qu'Alex rattrape Maïa. Il attrapa son poignet et le tint fermement. Cependant, son regard était doux. Comme si il n'avait pas été blessé, comme si les perles irisées le long de ses joues n'avaient rien signifié.
Il sourit malgré sa douleur, malgré l'envie de vomir qu'il se donnait pour n'avoir pas pû la retenir avant qu'elle parte. Il n'avait pas envie de pleurer, de la laisser voir combien il était faible, mais il n'arrivait à contrôler la neige qui fondait sur son coeur brûlant. Il n'avait pas envie de la tenir ainsi, de la forcer à rester, parce qu'il l'aimait trop, mais il ne pouvait, ne pourrais jamais se résoudre à la perdre.
Il essaya de parler, mais rien de plus qu'un gémissement, pareil au souffle du vent des jours de pluie, ne sortit de sa gorge, serrée par les sanglots.
Il perdit l'équilibre et tomba par terre comme quelques secondes auparavant. A une différence près : il entraina Maïa dans sa chute. Il se fit mal aux main, mais ne lacha pas celle de Maïa.

Tu peux pas me laisser comme ça! dit-il en ayant finalement retrouvé ses mots. Tu le veux autant que moi! J'en suis sûr!

Il faut que je sois forte.

A terre après avoir été entraînée par Alexander dans sa chute, Maïa cherchait quoi répondre aux supplications de son futur ex petit ami.
La vérité ? Et s'il la refusait ? S'il rejetait en bloc ces affirmations sur les dangers qu'il encourait ? Pire, s'il acceptait de les affronter à ses côtés ? Maïa ne pouvait le permettre, elle se mettrait en danger également en admettant sa faiblesse amoureuse à l'encontre d'Alexander. Voldemort n'attendait peut-être que ça...
Mais quoi lui dire alors ?
Un autre mensonge éhonté ? Rien de plus ne lui venait à l'esprit de ce côté là. Pourtant elle ne pouvait continuer de rester muette.

Alex...

Sa voix s'évapora en un nuage de sentiments confus. Elle tenta de se redonner consistance puis recommença à parler.

... Je peux pas...Non... Je veux pas plutôt... Je veux pas m'engager dans une nouvelle histoire... J'ai trop souffert d'avoir perdu Jiri... C'est comme ça, tu dois l'accepter.

Prominte (pardon)

Laisse-moi partir maintenant. Nashledanou Alex. (Adieu Alex)

Maïa s'était bien gardée de croiser le regard d'Alexander. Elle ne voulait pas lui montrer sa peine, sa détresse et encore moins son hésitation qui persistait à présent.

Invité

Malgré la demande de Maïa, Alexander ne lacha pas sa main. Il força la jeune fille à tourner la tête et planta ses yeux gris dans les siens. Il y lisait tout ce que la jeune fille refoullait. Même si elle ne voulait pas qu'il lise ses pensées, ses yeux la trahissaient encore plus que si elle avait parlé.
Il hésita quelques secondes avant d'ouvrir la bouche.

Tu sais Maïa... Tu sais que tu peux tout me dire. Je ferais nimportequoi, alors parle moi. Dis moi la vérité...! Qu'est-ce qui se passe?!

Ses mots étaient presque violents mais il espérait la faire réagir. Il n'avait pas peur. C'était pour ça qu'il n'était pas un serpentard comme les autres...

Non, je peux pas... Je peux pas...

Des larmes coulaient le long des joues de Maïa et son regard en était tellement rempli qu'elle ne voyait presque plus rien. Alex se trompait, elle ne pouvait pas lui dire, si elle lui disait, elle le mettait en danger, car ça ne faisait aucun doute, il voudrait la protéger. Et elle ne voulait pas le voir se faire tuer, et encore moins souffrir de sa mort.
En le protégeant elle se protégeait, ainsi allait ce qu'elle avait choisi.

Lâche-moi Alex, je veux partir. Si tu m'aimes comme tu le dis, laisse-moi partir. Tu peux pas m'aider, personne le peux. Laisse-moi m'en aller.

Sa voix gorgée de pleurs se faisait suppliante.

Lâche-moi.

Laisse-moi, si tu m'aimes, laisse-moi. Prosim. Me force pas à faire quelque chose que je veux pas.

Maïa ne se doutait que trop bien de ce qui se passerait si Alex continuait de la maintenir auprès de lui. Elle s'énerverait, elle s'emporterait et alors...

Non... Il faut pas... Je veux pas que ça arrive...

Invité

Alexander regarda Maïa qui commençait à pleurer… Elle était tellement belle… Cependant, ce qu’elle disait était vrai… S’il l’aimait vraiment… Il devait lui laisser le choix. Il ne devait pas intervenir et seulement l’observer, de loin.. En priant qu’elle ne passe pas du mauvais côté et qu’il n’ait rien à faire de fâcheux. Rien qui ne puisse les blesser tous les deux.
Mais en la laissant partir… Il se blessait déjà… Mais… Mais…
Il lâcha la main de la jeune fille. Il préférait la laisser partir avant qu’elle ne lui donne tous les noms d’oiseaux du monde, avant qu’elle ne le blesse encore plus, avant qu’elle perde le contrôle et qu’elle n’utilise sa baguette…
Seulement, avant qu’elle ne parte, il devait détruire ce mur qu’il avait créé. Parce qu’il devait savoir…
Il y arriva sans problème. Mais ce qu’il entendit… C’était aussi dur pour lui que s’il avait subi un sortilège Endoloris. Seulement… Il ne se doutait pas qu’elle faisait ça pour leur bien à tous les deux. Il n’avait pas entendu ses réflexions précédentes.

Je… Maïa… Tout ce que je voulais… C’était la vérité.

Il la regarda, doucement. Il ne voulait plus pleurer aujourd’hui… ! C’était une journée bien trop dure. Il ne voulait plus se sentir aussi mal…
Alors, contre toute attente, il tourna les talons, sans un regard vers Maïa. En contenant ses larmes.
Et il partit dans la forêt. Dans des endroits que seul lui connaissait. Enfin, seul lui pensait connaître.
Après un certain temps d’errance, il s’assit sur un rocher. Il avait un peu la forme d’une tombe en fait. Au bout, il y avait une petite fleur qui poussait, solitaire…
Il revit le visage de Maïa. C’était trop dur. Mais que pouvait-il faire d’autre… ?

Si ! Je sais !

Il prit sa tête entre ses mains et revit tous les moments qu’il avait passé avec elle. Tous, de leur rencontre, à ce jour. Il revit tout, les larmes aux yeux.
Et il enferma tout. Au lieu de créer une barrière pour ne pas entendre ses pensées, il en créait une pour l’oublier. Pour ne plus se souvenir de ce sentiment…

Maïa eut à peine le temps de plonger une dernière fois son regard bleu acier dans celui d'Alexander. Il partait, l'abandonnant à son sort. Et, alors qu'il s'agissait ce qu'elle lui avait demandé, qu'il s'agissait ce qu'elle souhaitait avec tant de force et de rage, jamais elle ne s'était sentie aussi seule, aussi démunie.
Cette fois c'était bien vrai, la solitude la plus totale l'emmitouflait jusqu'à tenter de la faire étouffer aussi sûrement que les mains de fumée avaient essayé d'étrangler Sedomina.

La vérité, Alexander la connaissait à présent, Maïa s'en sentait persuadée. Il l'avait lue, et, envers toute opinion, il l'avait acceptée !

De chaudes larmes dégringolèrent les joues de Maïa et vinrent mouiller son uniforme sale.
Elle n'avait même pas pu lui dire adieu. Comme une idiote, comme une enfant qui aurait appris, après l'avoir demandée à ses parents, la vérité sur l'existence du père Noël tout en ne voulant pas réellement connaître la réponse, Maïa s'en voulait à présent d'avoir éloigné la dernière personne qui la maintenait encore par dessus cette couche de folie dans laquelle son corps se sentait entraîné tandis qu'elle jouait des pieds et des mains pour ne pas sombrer.

Maintenant qu'Alexander l'avait quittée, plus rien ne la retenait, et, avec un plaisir coupable, elle pouvait se laisser couler, tout au fond, au plus profond des profondeurs, explorant les entrailles de ses terrifiants instincts.

Elle oublierait Alexander, comme elle oublierait Mina et quiconque d'autre essayerait de se mettre en travers de son chemin.

La solitude serait sa force, son pouvoir encore incompris serait son arme. Et c'est ainsi armée qu'elle défierait le plus puissant sorcier de tous les temps. Et s'il lui fallait tuer pour ça, s'il lui fallait devenir aussi cruelle et aussi mauvaise que les sujets de Voldemort eux-même, ça lui serait bien égal !