L'amour est mort, l'amitié résiste... (Pv Aléatha)

Cerise descendit rapidement les marches qui menaient au chemin pierreux du parc, sans un regard pour les groupes d'élèves assis là, elle traversa l'étendu d'herbe qui la séparait du petit bois, de là elle accéda facilement à la colline qui faisait face a Poudlard.
Elle marche un long moment les yeux baissés, sans jeter un regard sur ce qui l'entoure, ses longs cheveux détachés lui cachant le visage, chose extremement rare.
Enfin elle arriva au point de rendez-vous serrant dans la main la lettre qu'Aléatha avait envoyé à la jeune fille.

Citation :: Cerise,
J'ai remarqué que tu avais raté plusieurs cours ce qui est loin d'être dans tes habitudes, je me fais du soucis de ne pas te revoir dans les couloirs et j'aimerais avoir de tes nouvelles, alors si tu pouvais me rejoindre sur les montagnes de poudlard près du vieux chêne et du vieux banc.
J'espère que ça va.

Aléatha.

Cerise alla s'asseoir sur le banc, elle essaya de ne pas trop penser à la dernière fois oû elle était venue ici, trop douloureux souvenirs d'un bonheur passé.

Pourquoi ici? bon sang pourquoi?

Elle secoua la tête, depuis qu'elle était rentrée elle n'avait plus versée une larme mais, elle était pâle et cernée, preuve des terribles nuits de desespoir qu'elle vivait en ce moment. La mort de Thorus avait été comme un coup de poignard, avec lui elle avait perdu pour toujours une partie d'elle-même.
Ses yeux la piquèrent et elle les frotta, les rougissant un peu plus qu'ils ne l'étaient déjà.
Elle leva enfin les yeux et regarda Poudlard, un triste et mélancolique regard qui ne fut perturbé que par les bruits de pas qui venait du sous-bois.

Une semaine ... Une semaine sans voir Cerise aux cours ... Sans voir Maïa aussi, étrangement, Maïa qui aurait pu au moins dire à Aléatha si Cerise se trouvait dans sa maison de Serdaigle ...

Ah, maudit Choipeau, pour cette fois je regrette qu'il ne m'ait pas envoyé à Serdaigle ! Au moins j'aurais pu m'assurer qu'elle était là, grippée au lit ou que sais-je ? Et ce Julian qui est toujours occupé à gauche à droite et qui n'a rien pu me dire non plus ... Bon, j'espère qu'elle a bien reçu mon hibou, j'ai eu assez de peine pour entrer dans la volière et en envoyer un ...

Tout en maugréant, Aléatha arrive enfin en vue de la colline où elle a donné rendez-vous à son amie. Au loin, elle voit sa silhouette assise sur le banc : de dos puisqu'elle vient par le sous-bois où elle savait trouver quelques framboises sauvages qu'elle ramène dans un petit bol. Elle soupire de soulagement. Avant de faire le tour du banc et de voir la mine abominable de Cerise, les cernes sous ses yeux, la détresse dans son regard, la rougeur de ses paupières.

Il est arrivé quelque chose ! Lapin ! Si tu l'as fait souffrir, tu t'en repentiras !

Se méprenant sur la nature de la peine de Cerise, Aléatha enjambe les quelques mètres qui la séparent du banc, dépose son bol et s'assied à côté de la jeune préfète. D'une voix où perce une colère pour le moins prématurée et ... injuste ...

Que t-a-t'il fait ? Que s'est-il passé ?

Cerise fut surprise par le visage de colère d'Aléatha et comprit bien vite le malentendu, elle baissa les yeux, voulut sourire mais n'y parvint pas, enfin dans un murmure elle lacha la phrase fatidique:

Thorus est mort....

Elle respira un grand coup en fermant les yeux puis releva son regard si triste sur son amie. Pâle, les cheveux soulevés par le vent, elle ne ressemblait plus du tout à la jeune fille respirant la joie de vivre qui souriait chaleureusement il y a quelques jours encore.
D'une voix morte elle reprit, le regard vide:

Il a été assassiné a Londres, je.. je suis allée a son enterrement il y a 4 jours...

Elle porta machinalement sa main a son cou, là oû pendait encore la petite clé d'or, elle avait mit en vente l'appartement, jamais elle ne pourrait y habiter seule sans thorus.

Qu … Quoi ?

Aléatha porte sa main à sa bouche, espérant en quelques sortes ravaler les paroles horriblement indélicates qu'elle vient de prononcer. Elle reste un moment sans rien dire avant d'enlacer doucement Cerise, carressant ses cheveux que le vent s'obstine à faire voler comme pour leur rappeler qu'elles sont toujours à la merci des éléments qui les entourent. Pauvres adolescentes perdues, que les décisions et les actions de monstres peuvent faire basculer en un instant dans la tristesse et la solitude les plus sombres. Il n'y a plus qu'elles deux, sur ce banc de pierre, chevelures brune et blonde mélangées, visages pâles où trop de larmes ont déjà coulé, deux âmes bien trop jeunes pour avoir déjà connu de tels tourments.

Pourquoi ne m'as-tu rien dit, j'aurais pu venir avec toi, tu ne devais pas y aller seule ! Voilà la première pensée qui lui vient à l'esprit. Pensée qu'elle ne formule pas plus avant : à quoi bon ? Pour l'instant, ce n'est certainement pas ce que Cerise veut entendre. Au lieu de ça, Aléatha continue à lisser les cheveux de son amie du bout des doigts et chuchote à son oreille.

Je suis là, ma belle. Parle si tu as envie de parler, pleure si tu as envie de pleurer…

Mais qu'ajouter de plus ? Que ça va passer, qu'elle s'en remettra ? Des mots creux qui ne veulent abslument rien dire. Incapable de retenir plus longtemps les projections, Aléatha cherche la présence de Naget, quelque part dans son esprit.

Et si c'était toi ? Je sais que ça ne peut pas arriver, mais je n'y survivrais pas, c'est certain …

Cerise posa la tête sur l'épaule d'Aléatha, cela la calma, elle ferma ses yeux qui ne se remouilleront pas de larmes avant longtemps. Elle laissa son amie la bercer doucement et ce fut bien plus réparateur que tous les mots de compassion qu'on assenait lors de ce genre de situation.
Elle ne dit rien tout d'abord, laissant le silence installer une tristesse presque palpable puis murmurant elle se vida de toute sa douleur:

C'est si dur, mon dieu, je n'y arriverais jamais, comment se faire a l'idée de ne jamais le retrouver, de ne plus le toucher l'embrasser ni sentir sa présence...jamais je ne partagerais notre appartement avec lui, jamais plus je ne le verrais sourire, jamais plus il ne dancera avec moi...

Cerise eut un tremblement de désespoir et elle referma ses mains sur la robe d'Aléatha en serrant très fort, elle eut soudain envie d'hurler mais elle n'émit qu'un hoquet rauque.
Elle essaya de parler mais plus un son ne voulait sortir de sa gorge serrée, elle resta donc ainsi tendu dans un cri silencieux de pure douleur.

Aléatha garde sa main sur la chevelure de Cerise, ses yeux se mouillant petit à petit devant la détresse palpable de son amie. Qu'elle est loin la jeune Serpentarde hautaine et égocentrique ... En quelques mois, elle a ouvert son coeur à l'amour et à l'amitié, un monde en dehors d'elle-même existe et elle est capable de ressentir la douleur de ceux qui ont trouvé le chemin de son cercle intime ... Même si c'est nouveau, les paroles de Cerise trouvent écho dans son coeur : ne plus sentir la présence de la moitié de son âme, idée terrifiante qu'elle rejette le plus loin possible dans son subconscient.

Elle sent la main de Cerise se refermer sur sa robe et entend ce qui ressemble à un ultime cri de détresse. Aléatha est incapable de retenir la larme qui perlait au coin de son oeil. Pourtant, elle doit être forte pour elles deux. Elle arrive à dire dans un murmure :

Je suis là, ma douce ... Je ne le remplacerai jamais, mais je suis là ...

Sa présence, son sourire ... Je ne le pourrais pas non plus.

Cerise ferma les yeux, la tristesse l'étouffait comme jamais et elle commençait a prendre une respiration d'athmatique néanmoins tout ça lui faisait du bien, c'est d'ailleurs pour ça qu'elle avait répondu au rendez-vous d'Aléatha, car elle savait que la présence de son amie serait la seule chose qui la soulagerait.

Calme-toi, Aléatha est avec toi....il faut juste que tu acceptes...juste que tu acceptes...

Oui mais voila, accepter la mort de l'être aimé était la chose la plus difficile qui soit et l'enterrement qu'elle avait affrontée seule était encore trop frais dans son esprit. Cerise eu un petit hoquet puis elle desserra son étreinte et recula quelque peu en baissant la tête. Elle avait à nouveau le controle d'elle-même mais elle était terriblement pâle.

merci... merci Aléatha d'être là pour moi, si tu n'avait pas été là...je je...

Sa gorge se serra et elle leva un regard désespéré faisant comprendre par le regard ce qu'elle n'arrivait pas a dire avec des mots.

A un moment, Cerise se défait de l'étreinte et recule, la tête baissée, le désespoir transparaissant sur tout son doux visage. Aléatha tend la main vers sa joue si pâle et la caresse doucement du bout des doigts.

Cerise, il est tout à fait naturel que je sois là. Toi-même, dans pareilles circonstances, tu serais à mes côtés. Tu sais que je ne suis pas très délicate et peut être que je ne fais pas toujours ce qu'une amie attendrait de moi. Alors je voudrais que, surtout, tu n'hésites pas à me guider et à me dire ce que je peux faire pour alléger ta peine mis à part le fait d'être assise sur ce banc avec toi.

Se souvenant du petit bol qu'elle a déposé sur le sol, elle se penche et ramène le récipient dans lequel elle a mis les framboises sauvages.

Tiens, prends-en ... Et si tu veux, nous pouvons aller en cueillir d'autres.

Sans rien dire, Cerise attrape une petite framboise dans le bol, elle l'avale sans vraiment la sentir, c'est comme si elle avait perdu le gout des choses.
Elle regarde Aléatha et lui lance un regard reconnaissant, elle se dit intérieurement qu'elle n'était surement pas une aussi bonne amie qu'Aléatha l'était our elle:

Tu es la meilleure amie que je puisse avoir....tu es là et c'est suffisant....

Elle se tut et regarda vers le chateau, le ciel était lourd de nuage, aussi gris que l'esprit de la jeune fille, il faudrait du temps, du temps pour qu'elle reprenne une vie normale et pour qu'elle reprenne gout àa la vie.

D'accord, si c'est ce que ma princesse veut, c'est ce que je ferai : être là tout simplement.

Aléatha prend à son tour une framboise et suit le regard de Cerise, vers le ciel plombé. Un orage couve et il ne sera pas long à éclater. Mais peu importe, si elles sont toujours dehors, au pire elles seront mouillées : est ce vraiment important ?

Tu veux me dire ce qu'il s'est passé ? Enfin, si tu le sais, bien entendu ...

Parler, parler, encore parler ... Que peut-elle faire d'autre ? Se refermer sur elle-même comme je l'ai fait quand Maman est morte ? Non, je ne peux pas la laisser faire une chose pareille, pas elle ! Il lui faudra du temps, mais elle doit retrouver sa joie de vivre !

Loin d'elle, Naget entend ses pensées, et ressent sa compassion pour Cerise. Après avoir mis toutes les informations dans l'ordre, il comprend à peu près ce qui s'est passé, et s'adresse à Aléatha.

En effet, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne chose de se couper du monde... Mais ce qui lui arrive est affreux, elle aura besoin de ton aide : hélas, tu connais sa souffrance mieux que beaucoup de monde...

Cerise baissa les yeux qui ne semblait refléter que sa tristesse. Elle reprit une framboise puis soupira enfin elle releva les yeux vers le chateau et parla d'une voix sans timbre:

J'ai reçu une lettre il y a une semaine, j'était à l'ordre, c'était une lettre des parents de ...de Thorus, ils m'annonçaient son décès, on l'a retrouvé a Londres assassiné, ses parents ont préféré m'épargner les détails et je leur en suit reconnaissante. Je suis aller a l'enterrement le lendemain...c'était...très éprouvant.

Elle porta la main a son cou là oû la petite clé pendait toujours, dernier souvenir de celui qu'elle avait tant aimé, elle continuait de fixer le chateau.

Aléatha je suis désolée j'aurais dû te prévenir plus tot....

Une simple caresse, un effleurement dans son esprit lui indique que Naget est là. Lors de son voyage en Amérique du Sud, il est parvenu à trouver le moyen de couper quand il le souhaite le contact mental qui les unis en tout lieu, à toute heure, chose qu'elle est bien incapable de faire.

Oh, mon petit Professeur, tu es là ... Tu as bien deviné de qui il s'agit n'est-ce pas ? Moi je veux pouvoir l'aider, mais je ne sais pas comment on aide les gens qu'on aime, je n'ai jamais appris et ça ne se trouve pas dans les livres ...

L'interrompant dans ce dialogue intérieur, Cerise reprend la parole.

Mais tu ne dois pas t'excuser ! Tu as fait ce que tu ressentais être bien pour toi : si tu souhaitais te passer de ma présence, soit, je n'avais pas à être là. J'aurais pu t'accompagner, pour toi, mais aussi pour lui. Mais si tu voulais être seule, je respecte ton choix. Du moment que tu saches que maintenant je suis là ...

Après avoir entendu ces paroles, grâce au lien, Naget répond encore une fois.

Eh bien, continues comme maintenant. Sois là, parle-lui. Essaie peut être de lui changer les idées aussi. Change de sujet quand ce sera possible, ce n'est pas bon de se morfondre. Si tu arrives à la faire sourire, tu auras réussi.

Cerise ne dit rien et continua de contempler la vue tout en grignotant du bout des lèvres les fruits, puis, malgré elle son regard se reporta sur le banc ou elles étaient assises, elle caressa le vieux bois, suivant du bout des doigts les rainures creusées par les intempéries.
Il y a quelques mois elle s'était trouvée a cette même place en compagnie de Thorus et ils s'étaient promis d'aller vivre a Londres dans le petit appartement tous les deux. Comme cela semblait loin a présent.

L'émotion l'étouffa une nouvelle fois et c'est très pale qu'elle dit:

On devrait...on devrait aller ailleurs si ça ne te dérange pas...

Elle regarda son amie d'un oeil significatif, elle se sentait de plus en plus mal et lorsqu'elle se leva elle chancela un peu mais elle se raffermit sur ses jambes et commença a partir en direction du chateau, elle respira un grand coup.

Ohh, tu crois que je suis sur la bonne voie ? J'aimerais la faire sourire, oui, bien entendu. Je déteste la voir dans cet état, elle me fait trop de peine ! Mais je ne sais pas comment faire, tu sais aussi bien que moi que je n'ai aucun tact. Mais je vais essayer. Déjà nous devrions partir d'ici, je sens que ce lieu est emplis de souvenirs. Hé, je pense que j'ai même une idée d'où l'emmener ! Merci Naget.

Elle est sur le point de lui proposer de partir lorsque Cerise se lève et émet son désir de partir.

J'allais te le proposer, ma belle. En plus, il y a quelque chose que je voudrais te montrer : nous avons encore un peu le temps avant que l'orage n'éclate.

Sans attendre son assentiment, Aléatha glisse la main de son amie dans la sienne et l'emmène vers le Parc. A un moment donné, elle quitte le chemin principal et s'enfonce dans les arbres, sans aucune hésitation, sachant exactement où elle veut se rendre. Un délicat parfum vient caresser les narines des deux jeunes filles et Aléatha affiche à présent un petit sourire satisfait.

Voilà, regarde, n'est-ce pas magnifique ?

Devant elles s'étend un splendide tapis de violettes dont s'échappe une senteur enivrante et douce. Elle l'attire plus avant, marchant délicatement sur une espèce de petit sentier qui serpente parmi les fleurs, tout en prenant garde de ne pas les écraser.

HJ Désolée si je me trompe sur le moment de l'année où éclosent les violettes mais c'est la fleur préférée d'Aléatha, je ne pouvais pas faire autrement ... HJ

Cerise est un peu étonnée du geste d'Aléatha, son amie est connue pour ne pas aimer énormément les contacts physiques excepté peut-être avec Naget.
Elle la laisse faire la chaleur de sa main la réconforte et elle se laisse doucement guider ne souhaitant penser à rien de douloureux.

Lorsqu'Aléatha lui demande comment elle trouve le champ de violette Cerise est comme réveillée, elle n'avait pas fait attention à ce qui l'entourait et les violettes étaient passées inaperçues dans son esprit, elle ne peut s'empecher de faire un petit:

wow!

Elle met sa main devant sa bouche et son visage reprend n peu de sa luminosité mais pas un sourire ne vient illuminer ses yeux, il est trop tot même si Aléatha a enfin réussi a la sortir de sa torpeur maladive.

Cerise s'avance lentement parmi les fleurs, humant l'ai empli d'effluves sucrées et douces. Elle finit par s'asseoir au milieu de ce parterre coloré et continu d'observer les magnfiques petites violettes.

Tu aimes alors ? Moi je viens très souvent ici ! Ca fait quelques jours que je sens qu'elle vont éclore et j'espèrais vraiment qu'elles soient enfin là. Nous avons choisi le meilleur moment pour venir ! Tu sais que c'est ma fleur préférée ? Maman en avait laissé des parterres entiers dans le jardin : si elle tenait à contrôler tout ce qui était rosiers et arbustes, elle aimait l'idée des violettes sauvages, elle disait que ça lui rappelait mes yeux ...

Un sourire aux lèvres en voyant que son amie a sincèrement l'air d'apprécier cet endroit, Aléatha la suit et vient se coucher à ses côtés.

Pour tout te dire, c'est l'endroit où je viens pour faire la sieste ... Tu sais que je m'adonne régulièrement à ce passe-temps : ici au moins je suis tranquille, trop proche de la forêt interdite pour que les "gentils" viennent, pas assez profond dans la forêt interdite pour que les "méchants" perdent leur temps à y venir. Bref, un paradis !

Elle ferme les yeux et prend de profondes inspirations, profitant pleinement de ce moment d'accalmie et des senteurs surnaturelles des petites fleurs. Au bout de longutes minutes, elle se décide à réouvrir les yeux et à s'asseoir, les premières gouttes de pluies s'écrasant sur les feuilles des arbres au dessus de leur tête.

Cerise, si nous ne voulons pas être complètement trempées, je pense que nous devrions rentrer : nous ne serons pas longtemps à l'abris sous les arbres.

Cerise ne fit pas attention à ce que lui dit Aléatha, elle s'allongea et laissa les grosses gouttes de pluie s'acraser sur son visage, mouillant ainsi ses joues fraiches de larmes déiques, elle ferma les yeux laissant le froid envehir son corps en même temps que la pluie trempait ses vêtements.
Son visage pâle encadré de mèches noires était d'une étrange beauté en cet instant, une beauté effrayante de mortelle.

Le froid, le vide, est-ce ainsi lorsque l'on meurt?

Cette question lui vint à l'esprit mais elle ne la prononça pas, sachant inconsciement que cela inquiéterait son amie. Le parfum des violettes exploca aux narines de la jeune fille accentué par la pluie écrasante et lourde. Cerise eut une phrase terriblement triste prononcée par une voix pleine de sensibilité:

Quand je mourrais je voudrais que l'on plante des violettes sur ma tombe...

Elle rouvrit ensuite lentement les yeux fixant les cieux d'où se déversait cette eau divine.

Aléatha réalise parfaitement qu'elle parle dans le vide et que ses mots passent à des centaines de lieues au dessus de la tête de Cerise. Si en d'autres temps elle se serait sentie offusquée, elle sait qu'en ce moment, ce n'est pas important. Et lorsque les gouttes de pluies s'écrasent sur leurs visages pâles, commençant à les tremper pour de bon, elle réprime l'envie de se lever brusquement et de la secouer pour rentrer. Au lieu de cela, elle reste stoïque assise sous la pluie. Par contre, elle reçoit comme une gifle les quelques mots que Cerise prononce.

Cerise ! Je t'en prie, ne dis pas des choses pareilles ! Je ne veux pas que tu me quittes ! Tu m'entends ? Et je ne veux pas devoir planter des violettes sur ta tombe ! Je viendrai t'en cueillir ici tous les jours si tu veux, même si ce n'est pas la saison, mais je veux que tu restes avec moi !

Sans vraiment s'en rendre compte, elle s'est levée et la regarde, horrifiée, presqu'en train de crier, troublant le calme irréel de la clairière.

Devant la colère de son amie , Cerise se reève d'un seul coup et la regarde étrangement, un murmure sort enfin d'entre ses lèvres après un instant de silence:

Aléatha...

Les yeux de jeune fille brillent et une larme unique et étincelante roule sur sa joue et se noie dans la pluie qui immacule déjà son visage. Cerise se leva et d'un seul coup serre Aléatha dans ses bras en fermant les yeux.
Elle la serre fort. Deux jeunes filles trempées au milieu d'un parterre de violettes. Un second murmure:

Merci...ALéatha merci....

.... Ne t'inquiète pas j'ai encore des gens a protéger...

Cerise relache alors son étreinte et regarde son amie dans les yeux, doucement un petit sourire rassurant apparait sur son visage et, même si il disparait bien vite, sa chaleur reste encore un moment dans les traits de la serdaigle.
Elle prend alors la main de son amie et elles s'en vont en direction du chateau.

» la vie, la mort....l'amour.