Couloir Songe d'un après midi d'hiver[libre]

Depuis quand la vie à Poudlard était elle si monotone? L'avait-elle toujours été? Ou peut être était-ce seulement l'hiver et ses paysages dénudés qui assombrissaient ainsi son humeur?
Niamh expire un discret soupir alors qu'elle se laisse entraîner par un flot d'élèves soutenu d'une salle de classe vers une autre salle de classe, ne prêtant même plus attention à la direction que prennent ses pieds, tant son corps connaît maintenant par cœur le trajet qu'il doit accomplir depuis l'heure du réveil jusqu'au moment ou elle posera à nouveau la tête sur l'oreiller.
Elle laisse son regard se perdre sur les bribes de décor extérieur que lui laisse entrevoir les fenêtres couvertes de givre tout en tiraillant nerveusement sur la cravate au couleur de sa maison qui enserre son cou.
Cette prison de tissu l’agace aujourd'hui.
Tout l'agace aujourd'hui.
Surement le résultat de trop de mauvaises nuits successives.
Elle avait bien tenté de parler à l'infirmière de ces étranges rêves qui la réveillaient en sursaut de plus en plus régulièrement, mais elle s'était entendue répondre, le tout accompagné d'un sourire charmant, qu'il lui suffirait probablement de manger plus léger le soir et que tout rentrerait dans l'ordre.
Mais les rêves étaient revenus.

Il y avait la forêt, immense, tellement haute qu'elle masquait le soleil. Il y avait la chaleur, et l'humidité. Il y avait la vie qui grouillait partout autour d'elle et qui lui donnait l'impression de faire battre son cœur plus vite, qui semblait appeler quelques chose en elle.
A chaque fois elle courait droit devant elle, comme si sa vie en dépendait. Et à chaque fois il finissait par la ratrapper. Alistair, le propriétaire de ce café non loin de Pré au Lard ou les élèves étaient parfois autorisés à aller boire un thé sous l'étroite surveillance d'un professeur et à qui elle n'avait surement jamais adressé plus de trois mots consécutifs.

Ça ce sont tes hormones qui te travaillent ma vieille...

Et la suite était encore plus risible. Elle voulait absolument quitter la forêt pour rentrer ici à Poudlard, lui voulait l'en empêcher, la suppliait de rester avec lui, à l’abri. Il lui répétait qu'il n'y avait plus rien pour elle en Angleterre.

A l'abri de quoi, mystère...probablement d'un cours d'histoire de la magie je suppose...

Mais elle insistait toujours pour qu'il la laisse partir, et elle recommençait à courir. La suite elle ne s'en souvenait jamais bien, un mélange flou de visage et de lieu comme sont souvent les rêves. Mais le résultat était toujours le même, elle se réveillait brutalement en pleine nuit, paniquée sans savoir pourquoi.
Elle était parfaitement en sécurité ici. Il n'y avait pas endroit plus sur que Poudlard dans tout le monde sorcier, c'était bien connu. Le monde sorcier qui vivait lui même en pleine age d'or depuis des années.
Mais pourquoi alors n'arrivait elle pas à se défaire de cette sensation de malaise permanent qui l'habitait ces derniers temps, la faisant étouffer dans son uniforme impeccable?

Heureusement un choc brutal dans son dos, la fait revenir à la réalité en précipitant par terre les livres et parchemin qu'elle tenait dans ses bras. Elle s'était arrêté en plein milieu du couloir sans même s'en rendre compte.

Il y a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond chez moi.

Le rouge envahissant ses joues pâles à l'idée de s'être laissée aller à de stupides rêveries en pleine de journée de cours, elle s'empresse de ramasser les documents éparses...

Ce midi, dans la grande salle, un hibou s’était dirigé vers Axel , avec dans ses pattes une lettre officielle du ministère. Axel l’avait rangée, et vite oubliée, dans la frénésie de cette journée d’hiver qui marquait pour lui un changement radical dans ses attributions. C’est en se rendant à sa salle qu’il se souvint d’elle, et la sortie de son manteau pour la lire sur le trajet.

Qu’est-ce qu’il me veut encore…

Axel n’avait pas eu de très bons contacts avec le ministère dernièrement. Spécialement depuis qu’ils avaient essayé de l’emprisonner en faisant surveiller sa maison. La disparition de la Loi avait eu de bon de faire cesser cette mascarade. Mais Axel commençait à se méfier sérieusement de toute intervention du ministère. Et il avait raison. Quelques coups de baguettes, une incantation inventée par ses soins murmurée, et la lettre se mit à parler.

Citation :: Cher monsieur Kalyll,

Suite à la demande du directeur, Elmound Silver, nous avons le plaisir de vous informer que le renouvellement de votre nomination au poste de professeur de sortilèges et enchantement a été accepté. Nous vous informons de ce fait des changements du programme dans vos matières, à côté de ce jour et à effet immédiat. Une nouvelle déontologie de l’enseignement a été mise en place. Elle précise votre fonction dans l’encadrement des élèves et dans la conduite de vos cours.

Il est primordial qu’en dehors de vos heures de cours, vous vous appliquiez à faire respecter le couvre-feu imposé aux élèves ainsi que la formelle interdiction d’user de la magie en dehors des heures et des salles prévues à cet effet. Il vous a été fourni avec cette lettre la liste intégrale des actions interdites à réprimer vigoureusement.

L’enseignement des sortilèges et enchantements est strictement théorique dans tout ce qui excède les besoins quotidiens d’un sorcier. Vous trouverez ci-joint le détail des enseignements permis. L’enseignant est autorisé à faire une démonstration de sortilèges pour souligner la partie théorique de son cours, à condition que les dits sortilèges ne soient ni offensifs, ni ayant pour but d’altérer la forme, la santé, ou les conditions d’un être magique ou non magique, ni en rapport avec la pratique du duel et du combat de créatures. La pratique des sortilèges qui ne sont pas dans la liste jointe est interdite aux élèves, que ce soit en classe ou en dehors.

Tous les sortilèges sont interdits, en somme…

Citation :: Vous noterez également l’interdiction d’enseigner, même théoriquement, la pratique de l’ensorcèlement et des enchantements, dont l’apprentissage ne sera toléré qu’à mesure de leur pertinence historique, en tant qu’exemples.

Mon métier devient subitement bien moins intéressant. Blablabla... J'aurais dû créer un sort avec modulateur de vitesse de diction.

Citation :: Les sortilèges de métamorphose visant le vivant, ou ce qui y est assimilable, comme l’animation d’objets, sont également interdits à la pratique. Le programme de vos deux matières s’articule en trois axes, à savoir l’explication théorique des mécanismes de la magie, la magie quotidienne et…

VLAN ! Un choc frontal faillit lui faire perdre son équilibre. Encore tout étonné, et légèrement étourdi par le choc, il leva les yeux à la recherche de ce qui avait bien pu le surprendre. Le fracas d'une pile de livre dégringolant des bras de leur porteur mit Axel sur la voie. C'était miss Galloway. Il se précipita pour l’aider à ramasser.

Et bien, miss Galloway, je vois que je ne suis pas le seul à rêvasser. Toutes mes excuses, j’espère ne pas vous avoir fait mal.

Tous deux se relevèrent les bras encombrés, et Axel poursuivit.

Je ne savais pas que vous étiez restées à Poudlard. Quel cours avez-vous ?

Quand Niamh se rendit compte qu'en plus d'avoir été surprise à rêver alors qu'elle aurait déjà du se trouver sagement assise dans sa salle cours, elle avait trouvé le moyen de se mettre en travers de la route de l'un de ses enseignants, sa pile de livre lui échappa une nouvelle fois, et c'est plus rouge que jamais qu'elle se jeta pratiquement par terre pour faire disparaître toute trace de son égarement.
La déconfiture devint totale quand en plus il devient évident que l'enseignant qu'elle venait de percuter lamentablement se sentait obligé de l'aider. Elle aurait souhaité disparaître dans les pierres du mur tout proche.

Euh non non, je vais bien...je...je...c'est moi qui suit désolée professeur...

Esquissant le geste nerveux de passer une main dans ses cheveux histoire de se donner une contenance, Niamh ne rencontra bien sûr que le vide puisque ses longues mèches rebelles étaient soigneusement serrées dans la natte réglementaire exigée par l'école.
C'est donc avec la sensation d'être complètement ridicule qu'elle osa enfin lever les yeux pour rencontrer ceux de l'enseignant bienveillant qui supportait patiemment sa maladresse depuis cinq bonnes minutes.

...professeur Kalyll.

Et avant qu'elle n'ai pu finir de s'excuser, une foules de pseudo souvenirs surement encore issus de ses rêves d'adolescente dérangée envahirent son esprit. Un autre café, une histoire de pépin, une course poursuite dans Pré au Lard, d'autres visages aussi et des prénoms...

Djaniah...Jimy...

Heureusement la voix d'Axel Kallyl la tire ses rêveries de plus en plus niaises...pour la plonger dans la perplexité.

Restée à Poudlard? Oh peut être qu'il parle des dernières vacances?

Quelque chose dans un coin de son cerveau essaie de lui faire croire qu'elle sait parfaitement de quoi veut parler le professeur, et que ce n'est absolument pas des dernières vacances, mais elle secoue la tête vigoureusement, comme si cela avait le pouvoir de chasser ces drôles d'images.

Hum j'ai...ah j'ai sortilèges et enchantements.

Nouvelle attaque de rougissement incontrôlable.

Je...je suis vraiment désolée professeur, je crois que je vous ai mis en retard...je ne sais pas ce qu'il m'a prit...je suis désolée de vous avoir dérangé...

Dakeyras pressa le pas. Hors des rangs, il se sentait observé mais ne comptait pas se laisser ennuyer. Tenant fermant Fire dans la main droite et son éclair de feu dans la main gauche, il déambulait dans les couloirs du château vers la sortie. Les troupes d’élèves marchant presque sur un rythme militaire se dirigeait vers une salle de classe. Il passât au milieu de la foule, brisant ainsi l’ordre établi. Mais personne ne râlât, pas même ceux qui avaient pris un coup de balais au passage.
Le jeune gryffon se dépêcha encore un peu plus, de peur que les élèves le dénoncent et qu’on le poursuive pour le forcer à se rendre en cours avec les autres. Il marchait sur un rythme athlétique, à la limite de la course.
Ce qui le surprenait le plus lorsqu’il croisait ces hordes d’élèves bien sagement, trop sagement obéissant, c’était l’aura qu’ils dégageaient. Dakeyras se demandait d’où elle pouvait bien venir. Mais peut importe, il avait autre chose en tête ces derniers temps. Il découvrirait tout cela plus tard.

Il tourna à gauche, encore deux couloirs et il serait devant l’entrée. Un petit vol à l’extérieur lui ferait le plus grand bien. Il jubilait déjà à l’idée de pouvoir sentir le souffle du vent caressait ses cheveux et son visage, la liberté que procure le vol, la sensation de pouvoir aller partout et d’être enfin débarrasser de toutes obligations ou règles en tout genre. Le plaisir aussi de pouvoir parfois tenir compagnie à d’autres créatures volantes, pouvoir vivre avec eux, et partager le ciel.

Il tourna de nouveau, mais à droite cette fois. Et il se ravisa lorsqu’il aperçu un adulte de dos, avec une élève qu’il ne connaissait pas. Elle était plus vieille que lui, et l’adulte était surement un professeur qui voudrait surement l’empêcher de sortir. Laissant planer son balais à ses côtés un bref instant, il s’encapuchonna avec sa cape de façon à cacher son visage, ganta ses mains à l’aide de gants de quidditch en cuir noir et s’engagea de façon déterminé dans le couloir qui le mènerait à l’extérieur.

Soit naturel, fait comme si tout était normal…

Il pouvait sentir l’angoisse faire pulser son cœur contre sa poitrine. Il avançait, pas trop lentement pour ne pas trainer, mais pas trop vite non plus pour ne pas attirer l’attention. Il passa à côté d’eux et se faisant le plus naturel possible pour ne pas avoir l’air étrange, son pied heurta un livre qui trainait sur le sol.

Et merde…

Le livre glissa sur le sol en pierre er parcouru quelques mètres. Dakeyras s’arrêta, regardant le livre et attendant qu’on lui fasse surement une remarque. Mais tout de même pressé par le temps.
Sans attendre qu’on lui parle du livre, il tendit la main vers celui-ci et le fit venir vers lui, et sans le saisir, il le déplaça pour le placer entre l’adulte et l’élève, se doutant qu’il appartenait surement à la jeune fille, sans en être sur pourtant. Puis il attendit simplement qu’elle le saisisse, sans prononcer le moindre mot, déjà prêt à repartir vers le parc.

Le flot d’élève qui continuait à avancer finit par disparaître. Il ne restait que miss Galloway, Axel… et un élève qui venait d’apparaître et attendait derrière lui, comme la présence du professeur avait compromis quelques plans. Il avait l’attitude type de l’élève s’apprêtant à enfreindre le règlement. Axel se concentra un instant, focalisant son attention sur lui, sans bouger.

Dakeyras Bremer…

Un élève qui n’avait pas encore daigné assister à son cours ces derniers temps. Nombre d’élèves n’étaient plus à Poudlard, mais Axel avait plusieurs fois croisé monsieur Bremer dans la grande salle. Il disparaissait le reste du temps. C’était incompréhensible. Le croiser ici était une aubaine : c’était le moment ou jamais de fixer cela au clair.

Et bien il ne nous reste plus qu’à faire le trajet ensemble. Ne vous inquiétez pas pour moi. Mon retard n’est pas important. Le vôtre non plus, puisque vous êtes avec moi. Et ce n’est pas un crime de rêvasser dans un couloir. Cela vous arrive-t-il souvent ? Il ne faudrait pas que ça ne vous empêche pas d’étudier sérieusement. Vous vous sentez bien ? Vous avez l’air fatiguée.

Monsieur Bremer commença à avancer vers eux. Sans bouger, Axel attendait qu’il passe près de lui. Il voulait comprendre ce qu’il avait en tête. Ce fut rapidement le cas lorsqu’il reconnut l’empreinte magique caractéristique des balais de vol. Quand son élève s’arrêta, le jeune professeur s’adressa à lui sans daigner tourner la tête.

Monsieur Bremer, il me semble que la salle de classe est dans l’autre direction. Et je doute que votre accessoire fasse parti de ceux demandés en cours. Je vous rappelle qu’utiliser la magie dans les couloirs n’est pas autorisé. Venez avec moi. Miss Galloway, si vous êtes remise de vos émotions, je pense qu’il est temps de se diriger vers ma salle.

Axel commença à avancer, en faisant signe aux deux élèves de le suivre. Il attendit un moment avant de s’adresser à l’élève fautif, laissant un silence lourd et gênant s’installer.

Auriez-vous l’obligeance de m’expliquer ce que vous faisiez dans ce couloir, en direction du parc, votre balai à la main, et les raisons de vos absences à mon cours ?

Axel avait le visage dur. Il comprenait tout à fait que le nouvel ordre dans Poudlard déboussole les élèves et change le comportement de certains. Il comprenait également que les règles excessives poussent à leur paroxysme l’attitude subversive des élèves. Mais il ne pouvait accepter que cela les conduise à agir n’importe comment, comme bon leur semblait, et encore moins quand l’élève en question brillait auparavant pour son sérieux et son talent.

Comment expliquer à son professeur qu'elle était sans arrêt envahie par des rêves étrange qui semblaient parfois tellement réels qu'ils paraissaient parfois plus crédibles que les souvenirs éparses de ses dernières semaines de cours. Il la prendrait surement pour une folle.
Et la situation était déjà assez humiliante, sans oublier les regards de tout ses camarades qui ne manqueraient pas de la détailler quand elle arriverait longtemps après tout le monde en cours, escortée par l'enseignant lui même.

Non non professeur, j'ai juste...j'ai juste du travailler trop tard cette nuit. Une bonne nuit de sommeil et il n'y paraîtra plus. Hum.

L'arrivée d'un autre élève est presque un soulagement. Surtout que pour une fois ce visage-là ne lui rappelle aucune virée suspecte à Pré au Lard ou Merlin sait ou encore. Et puis le nouveau venu semble décidé à battre son propre record en matière de comportement inapproprié. Elle fixe le livre qui plane devant elle comme s'il était vaguement contagieux avant de finir par l'atrapper. Oser utiliser la magie en pleine journée, devant un professeur en plus, ce garçon ne manquait pas de culot.
Comme si les règles ne s'appliquaient pas à lui. C'était bien la première fois qu'elle voyait ça.
Niamh aimerait mépriser le rebelle comme le ferait surement tous ces camarades et afficher une mine aussi désapprobatrice que le professeur Kallyl mais au fond elle comprend un peu l'inconnu.
Elle aussi aimait ben s’éclipser dans le parc de temps à autre histoire de pr...

Une minute...quoi? Je n'ai jamais fait ça...manquer des cours et puis quoi encore...

La jeune femme se frotte discrètement la tempe comme pour tenter de chasser une nouvelle fois toute image importune...pour réaliser qu'elle doit être en train de fixer le nouveau venu avec beaucoup trop d'insistance.

Super, comme ça ils seront deux à me prendre pour une folle.

Elle serre un peu plus fort sa pile de livre contre sa poitrine et décide que ses pieds sont un spectacle probablement beaucoup plus intéressant que ce garçon étrange qui visiblement ne saisit pas la chance qu'il a de faire partie des élèves de Poudlard.

Il aurait du se douter qu'il ne serait pas aussi facile de passer devant la vigilance d'un adulte. Surtout que cet adulte s'était avéré être le professeur Kalyll. Il avait tout de suite reconnu le jeune gryffon pourtant bien camouflé par sa cape. Et il l'avait bien sur repris au sujet de son projet de virée en balai.
L'autre élève avait l'air toute timide, et très gênée, mais Dakeyras ne faisait pas beaucoup attention à elle. Il ne faisait de toute façon pas beaucoup attention à qui que ce soit, même pas à lui.
Sans dire mot, le jeune garçon emboita le pas au professeur et à l'autre élève. Le professeur Kalyll était surement celui dont il avait le moins envie de contester l'autorité. Pas par crainte, mais pas respect, parce qu'il était surement le professeur qui l'inspirait le plus, bien qu'il avait parfois tendance à le perdre un peu durant ses anciens cours d'histoire de la magie. Mais il le suivit aussi simplement parce qu'il avait raison.
Dakeyras s'attendait à un discours moralisateur, digne d'un professeur, mais à la place de ça il n'eu d'abord le droit qu'à un silence, évocateur. Le nouveau règlement énonçait clairement des punitions aux choix des professeurs, et comme il n'avait pas encore participé aux cours, le gryffondor ne savait pas à quoi s'attendre.

Le balai toujours à la main et la capuche sur la tête, il avançait donc à sa suite. Il se mit à rêvasser un instant, mais fut vite ramené à la réalité par la question du professeur. Question qui demandait en fait plusieurs réponses. Dakeyras cogita avant de répondre, peut être ne devrait il pas parler de tout devant sa camarade et son professeur.
Après tout, que risquait il ? Se ridiculiser, être jugé ? Et puis peut être le professeur était il le mieux placé pour l'aider... Il ne savait pas quoi faire et tout tournait très vite dans son esprit. Il serra Fire entre ses doigts, sans la sortir de sa cape, pour ne pas enfreindre une fois de plus les règles si chers au cœur des adultes.
Et il trouva enfin le courage de prendre la parole pour s'expliquer.

Je me rendais dans le parc pour profiter du bon temps en effectuant un petit tour en balai. Quant à vos cours, ne croyait pas que c'est contre vous, mais je n'y ai pas ma place. Je ne sais même pas comment je suis arrivé ici, mais je ne devrais pas me trouver à Poudlard. Je ne le mérite pas. J'ai échoué. Elle est morte, et il est en vie. J'avais fait une promesse que je n'ai pas tenue.
J'ai l'impression d'être dans un cauchemar dont je ne me réveille pas... Poudlard n'a même pas l'air réelle de toute façon.

En colère, il avait vidé son sac, ne sachant pas comment allait réagir Axel. Il serra un peu plus sa poigne sur le manche de son balai. Il regarda la jeune fille qui marchait à côté de lui. Elle était surement occupé à le juger. Tout le monde voyait surement avec quelle pitoyable volonté il avait échoué à la sauver. Le silence qui s'ensuivit fur encore plus gênant que le précédent.
Le jeune gryffon avait juste hâte d'arriver à la salle de cours, pour qu'il puisse se fondre au milieux des autres élèves en faisant semblant de suivre et en projetant de s'éclipser de nouveau, une fois que le professeur aurait relâché sa surveillance.

Mmh…

Ce fut la seule réponse audible à laquelle les deux élèves eurent droit. Axel n’ajouta pas un mot jusqu’à la salle de cours, laissant la gêne de ses élèves grandir. A vrai dire, cette fois, ce n’était pas fait exprès. Il était pensif. Il n’était pas besoin d’être legilimens pour voir que miss Galloway cachait quelque chose. Ni pour déceler l’honnêteté de monsieur Bremer, plus perdu qu'autre chose. Ces deux faits concordant étaient des plus troublant, et ils coïncidaient bien avec tout ce qu’Axel avait perçu ces derniers jours.

Lors de leur rencontre, à Londres, Niamh avait été très différente, sûre d’elle, capable de croquer la vie à pleine dent quand l’occasion s’y prêtait. Certes, la position d’Axel comme professeur à Poudlard avait depuis quelque peu modifié leur attitude réciproque, mais jamais rien de tel. C’est pourquoi il avait le sentiment que ses deux élèves ne devaient pas ressentir quelque chose de si différent que ça. Pour chacun, pour lui aussi, Poudlard ne devait pas sembler bien réelle.

Une fois devant la salle, il rompit enfin le silence.

Attendez-moi ici, je reviens.

Axel entra en trombe, laissant sur place les deux élèves.

Bonjour à tous, excusez-moi pour ce retard. Interrogation surprise aujourd’hui. Rangez vos plumes, livres et parchemins.

Un sort de lévitation et les parchemins et plumes du professeur, dits anti-triche – ils refusaient d’écrire tout ce qui était issu d’un regard insistant sur la copie du voisin ou dès qu’un élève ouvrait la bouche – se posèrent en couple devant chaque élève. Un nouveau coup de baguette, et les élèves pouvaient lire sur le mur les questions, de la plus simple à la plus difficile, qui apparaissaient sur le bureau. Heureusement pour le professeur, il avait toujours des interrogations en réserve.

Vous avez jusqu’à la fin de l’heure. Je suis en rendez-vous juste à côté. Inutile de tricher, comme d’habitude. Des questions ?

A vrai dire, Axel était content de ne pas faire cours pour une fois. Le nouveau programme était d’un ennui mortel, même pour lui. Il avait donc le sourire aux lèvres quand il sortit de la salle, cinq minutes après y être entré.

Bien, tous les deux. J’ai à vous parler. Dakeyras, j’apprécie votre honnêteté. Néanmoins, vous êtes à Poudlard, que ce soit votre place ou non. Ressaisissez-vous bon sang ! Vous avez de bonnes raisons, soit. Mais agir comme un enfant ne changera rien. Vous faire remarquer n’arrangera rien.

Le reste, on en reparlera plus tard, pensa Axel, avec en tête une punition parfaite pour le jeune homme et pour lui. Il ne comprenait même pas de quoi il parlait. Bien sûr, il brûlait d’en savoir plus, chaque indice lui permettant de comprendre ce qu’il pouvait bien se passer ici, mais incommoder son élève devant sa camarade ne lui semblait pas la meilleure des solutions. Il attendrait qu’ils se voient en tête à tête. Ce qui allait arriver sous peu.

Miss Gallaway, je ne suis pas Dumbledore, et je sens bien que quelque chose vous tracasse et que vous ne voulez pas m’en parler. C’est particulièrement visible, donc ! Vous ne devriez pas garder cela pour vous. S’il se passe quelque chose d’étrange autour de vous, dites le moi, s’il-vous-plaît. Je n’aime pas les mystères irrésolus. Et il commence à y en avoir trop.

Avez vous déjà tenté d'enfiler l'une des armures qui ornent chaque recoin de l'école et de vous déplacer avec le plus naturellement du monde? Ou de respirer avec une collection complète de l'encyclopédie de la magie nonchalamment empilée sur votre ventre? Non? Et bien c'est dommage car cela vous aurait donné une idée assez réaliste de ce que ressentait Niamh alors qu'elle suivait, contrainte et forcée, son professeur et le dénommé Bremer à travers une nouvelle enfilade de couloirs.
Cette journée semblait vouloir s'enfoncer dans les profondeurs de l'horreur un peu plus à chaque minute supplémentaire.
D’apercevoir enfin la porte de la salle de cours avait donc tout du miracle, et jamais Niamh n'avait été aussi heureuse à l'idée de passer la prochaine heure à remplir du parchemin à propos d’assommants sortilèges. C'est donc presque en courant qu'elle s'apprêtait à franchir le seuil...et donc avec une certaine violence qu'elle faillit une nouvelle fois entrer en collision avec le professeur Kallyl, alors qu'il leur enjoignait de ne pas bouger d'un poil et de l'attendre.
Il allait surement vouloir les punir pour leur comportement si léger et insouciant.

Et je suppose qu'on l'a bien mérité...

Trainant des pieds et la mine basse la jeune femme se laisse tomber avec fort peu de grâce sur une chaise devant le bureau du professeur, ses livres toujours étroitement serrés contre sa poitrine en guise de bouclier.
Elle se creuse les méninges avec acharnement pour essayer de mettre sur pied un alibi parfaitement crédible pour excuser son égarement. Mais son esprit pourtant si prolifique en matière de mensonges et de rêveries quelques minutes auparavant est d'un seul coup d'un calme absolut.

Et bien à vrai dire...

Une impulsion soudaine lui fait relever le nez pour planter son regard dans celui d'Axel Kallyl.

Alea jacta est.

Vous allez surement me prendre pour une folle professeur, mais je fais des rêves, des rêves un peu...étranges, même en pleine journée parfois. Je rêve d'évènements, de choses qui ne se sont jamais produites. Par exemple...

Ses joues rosissent légèrement mais elle ne détourne pas le regard.

J'ai rêvé que la première fois que nous nous étions rencontrés vous et moi, c'était à Londres. On avait même bu un café tout ça. Et puis je n'arrête pas de rêver que je n'étais pas ici ces derniers mois, que j'étais partie me cacher très loin, avec Alistair le gérant du Pastel's. Je rêve d'une espèce de guerre, et de gens qui ne sont pas ici et...Et puis le plus étrange c'est que tout ça semble vraiment vraiment réel comme si c'était ces rêves la réalité. Ce qui n'a pas de sens, je veux dire, le monde sorcier est en paix depuis des mois voir des années non? Et moi ces derniers mois j'étais en cours ici...n'est ce pas?

Et aussi soudainement qu'il lui était venu, le courage l'abandonne, la laissant sans voix devant ses deux interlocuteurs qui doivent surement définitivement la prendre pour une folle maintenant.
Elle baisse les yeux et décide d'admirer avec attention le parquet du bureau.

Enfin voilà. Hum. Je comprendrai que vous décidiez de me punir professeur.

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